Histoire
Deuxième partie
Eté 2005
Le téléphone vibre furieusement.
Et Arthur ne s'en préoccupe absolument pas. C'est qu'il n'est pas tout seul, ce matin, voyez-vous. Et qu'il s'applique longuement à plaire à la dame qu'il a ramenée chez lui. Appuyé sur un de ses avant-bras, il l'embrasse avec langueur, indifférent au petit bruit que l'on entend sur la table de chevet.
Un appel en absence.
Deux appels en absence.
Trois appels en absence.
Quand, un long moment plus tard et alors que sa copine s'est glissée sous la douche, il vérifie le petit téléphone, c'est pour se rendre compte qu'il a une dizaine d'appels en absence.
Et le voici qui râle tout seul à voix haute contre toutes ces personnes qui l'empêchent de profiter de la vie et de moments d'intimités.
Préoccupé par le fait que tous ces appels viennent de la maison familiale de Tintagel, il profite que sa gente demoiselle soit sous la douche pour appeler à son tour. On ne tarde pas à décrocher. Et sans doute a-t-on reconnu son numéro de téléphone, car ce n'est pas du tout par un bonjour qu'on lui répond.
“
I'VE JUST GOT A LETTER FROM HOGWARTS !” hurle-t-on dans le combiné.
J'ai reçu une lettre de Poudlard !Arthur hausse les sourcils, et la longue liste de ronchonneries qu'il voulait adresser à sa soeur disparaît d'un coup. Il la laisse continuer sa litanie et accuse le coup.
Surpris ? Pas tellement.
Mais infiniment heureux.
Sans surprise, la jeune demoiselle ira dans la même maison que son aîné, à Gryffondor.
Pour la plus grande fierté de ce dernier, bien qu'il voit dans le regard d'Ygerne une haine tenace s'installer.
Elle vient d'être mise au courant du monde sorcier par l'admission de Viviane à Poudlard. Elle n'a pas vraiment l'air d'aimer ça… Ni de l'accepter.
Mars 2006
Morgane court en tous sens dans les couloirs de l'hôpital. Arthur l'attrape par le col et la soulève du sol sans cérémonie, avant de la caler solidement sur son bras. La petite fille tente un caprice, mais se tait quand il la darde d'un regard noir et sévère, le tout couplé par un long grognement.
Il n'en faut pas plus pour la calmer. Elle enfonce alors son pouce dans la bouche, pose sa petite tête bouclée sur l'épaule de son grand frère. Galaad, quant à lui, est assis dans la salle d'attente, étonnamment silencieux, lui qui d'ordinaire est plutôt bavard.
Évidemment, Viviane ne peut pas être là. Elle sait que sa belle-mère a un ventre si énorme qu'on dirait qu'elle est sur le point d'exploser – Arthur a mis un point d'honneur à le préciser dans sa dernière lettre. Il a aussi prévenu son père que Galaad parlait déjà de venir passer quelques semaines chez lui très bientôt. Gauvain ne fut pas content de l'apprendre, mais apprécie l'honnêteté de son aîné, qui accueillera sans hésiter l'adolescent en fugue.
Le jeune homme a fini par s'installer au fond d'un fauteuil. Galaad somnole, la bouche ouverte ; Morgane s'est endormie dans les bras de son grand frère, tout en suçant furieusement son petit pouce. Quand Gauvain entre dans la salle d'attente, il n'y a plus guère qu'Arthur qui est toujours éveillé, bien qu'il semble sur le point de s'abandonner à la fatigue.
Le père de tout ce beau monde se laisse tomber à côté de lui, et lui annonce que les jumeaux, Tristan et Uter, sont en parfaite santé. Le jeune homme se contente alors de hocher la tête, sans un mot.
On remarquera qu'il ne s'intéresse pas au sort de sa marâtre.
Fin Avril 2006
“
Hey, Art', you listening ? It's your turn buddy !”
Hey, Art', tu écoutes ? C'est ton tour mon pote !Arthur cille. Il relève la tête, jusqu'ici appuyée sur son poing, et jette un regard un peu ahuri au plateau de jeu. Morgane, sur les genoux de leur père, clame à qui veut l'entendre que c'est la reine du monde, face à ses quelques propriétés et billets. Galaad est en train de gagner la partie de Monopoly, et a rangé avec attention tous les faux billets de banque devant lui. Viviane a encore quelques billets et propriétés, mais on voit bien sur son visage le mécontentement qui pulse dans ses veines, comme si elle savait déjà qu'elle n'arriverait pas à se refaire. Arthur, lui, est en bien mauvaise posture, avec son pauvre billet de mille livres et sa petite gare, mais, contrairement à l'habitude, il ne râle pas. On dirait même qu'il avait l'esprit ailleurs et ne s'inquiètait pas tellement de sa défaite prochaine.
Une première, dans cette famille de mauvais perdants.
Il lance les dés d'un air un peu absent, constate au résultat que c'est perdu d'avance. Il vient de tomber sur un hotel de Galaad, et fait banqueroute.
En temps normal, il aurait ronchonné tout son saoûl, aurait râlé, et, pour un peu qu'il soit de mauvaise humeur, aurait retourné le plateau avant d'aller se coucher.
Ah, les soirées jeux chez les Thorn…
“
I'm sure you have that girl in mind…” taquine alors le cadet avec un large sourire aux lèvres.
Je suis sûr que tu penses à cette fille…Galaad n'est revenu à la maison qu'aujourd'hui, après une fugue de plusieurs semaines chez son aîné. Le retour de Viviane pour les vacances l'a convaincu qu'il pourrait survivre à sa belle-mère. Mais, au cours des dernières semaines, il avait vu son frère se faire plus rêveur que d'ordinaire. Il l'avait même surpris à parler de cette jolie brune, alors qu'il venait le retrouver dans le centre de la capitale.
Il l'avait croisée sur le campus de la MUL, deux semaines plus tôt, et n'arrivait pas à se la sortir de la tête. Il en oubliait de manger et même, parfois, de râler.
“
Stop talking nonsense and pay attention to your game. Viviane's going to get you skinned !”
Arrête de dire n'importe quoi et fais attention au jeu. Viviane est en train de te plumer !Il taquine son frère, mais le coeur n'y est pas.
Galaad a très bien compris. Arthur a les pensées tournées vers cette jolie jeune fille dont il fait à peine connaissance. Ce n'est pas la première fille qui lui plaît, mais c'est la première fois que l'une d'elle lui fait un tel effet.
Et il en perd tous ses moyens.
“
What's her name, Arthur ?” finit par trancher le patriarche, un sourire tendre aux lèvres.
Comment s'appelle-t-elle ? Et Arthur d'enfin grogner, les joues s'empourprant tellement qu'on pourrait le confondre avec un écusson de Gryffondor.
“
Constance Llewelyn.”
Février 2007
Tap, tap, tap, tap.Assis dans la bibliothèque, Arthur guette un groupe de jeunes filles en plein travail, les doigts pianotant sur un coin de la table. Parmi elles, une chevelure brune attire son attention plus que les autres.
Voici presque un an qu'il tente d'approcher la jolie Constance. Ils ont commencé par parler simplement de leurs études, et du lien entre elles. Constance étudiait en effet le droit magique, et se destinait à une carrière en tant que juriste. Arthur, quant à lui, voyait arriver, petit à petit, la fin de sa formation d'auror, qu'il espérait réussir avec les honneurs.
Et puis, tout doucement, ils s'étaient rapprochés. Ils s'étaient parfois vus juste pour le plaisir, pour boire une bièraubeurre ou prendre des nouvelles.
Rien de concret, toutefois. Et lui en mourrait d'envie. Il rêvait d'elle régulièrement, attendait impatiemment de la voir, crevait de désir pour elle.
L'importance de la chose le rendait timide. Il n'avait jamais été très doué pour les relations sociales : un cercle d'amis restreint, un nombre de petites amies très réduit – il avait dû en avoir deux, en comptant celle qu'il s'était contenté d'embrasser dans un coin du couloir du sixième étage quand il était en cinquième année. Il n'y avait jamais qu'avec sa fratrie que les choses semblaient aller de soi, où il parvenait à être complètement lui-même.
Du coup, non seulement il devait faire face à sa timidité, mais en plus il devait s'efforcer de ne pas tout gâcher en faisant n'importe quoi.
Comment était-il possible qu'il soit toujours aussi sentimentalement empoté à son âge ?
Réunissant tout son courage – et il n'en manque pas – il finit par ranger toutes ses affaires d'un coup de baguette, reste indifférent au bordel qu'il en résulte au fond de son sac à dos, et s'avance vers la table où les jeunes filles papotent à voir basse.
Il essaie de paraître aussi cool et détendu que possible, ce qui résulte en une attitude un peu ridicule. Heureusement pour lui, la principale intéressée ne relève pas.
“
Hem, err… Constance… Are you… Hem… Busy, to-tonight ?” s'embrouille-t-il, les joues se colorant lentement pour prendre une teinte de plus en plus soutenue.
Hem, euh… Constance… Est-ce que tu… Euh… Fais quelque chose ce-ce soir ?Un gloussement se fait entendre, mais il ne s'en rend pas compte. Ne compte que le sourire de la jeune fille quand elle lui répond qu'elle est disponible ce soir, et qu'elle serait en effet ravie de passer la Saint Valentin en sa compagnie.
Et Arthur de repartir, le coeur léger, mais l'angoisse toujours au ventre. Tellement de choses pouvaient mal se passer ce soir ! Il avait réservé – depuis deux semaines déjà – une table dans un restaurant moldu, et ne savait pas si la Sang-Mêlée dont il s'était entiché apprécierait l'initiative. Il pouvait encore renverser le vin – se tromper en le choisissant, déjà – commettre diverses maladresses, et aussi se faire friendzoner à la fin de la soirée.
Il ne se souvenait pas avoir déjà été autant angoissé.
Pourtant, quand elle s'avance vers lui avec dix minutes de retard, il ne regrette rien.
Elle est superbe.
Il lui sourit timidement et en oublie même de ronchonner qu'ils allaient peut-être perdre leur table. Incapable de lui faire un reproche, il lui tend maladroitement le bas et l'entraîne dans le froid Londonnien pour aller les installer dans un petit restaurant de quartier.
Tout aurait pu aller mal.
Et tout se déroula à merveille. L'esprit mutin de la jeune femme emplit l'univers tout entier du jeune homme. Elle rit à ses ronchonneries, il prend plaisir à l'entendre rire.
Il faut avouer que la soirée s'acheva de la plus magnifique façon qui soit quand, alors qu'il est près de minuit, Constance propose, au pied de l'immeuble d'Arthur, de prolonger la soirée chez lui, autour d'un café.
Point de café il n'y aura, pourtant.
Et jamais, ô grand jamais, il n'oubliera la saveur de leur premier baiser… Ou de leur première nuitée.
Juillet 2008
“
Champagne !”
Le bouchon saute. La famille au grand complet s'est entassée dans la petite maison de Tintagel. Arthur est même venu accompagné de Constance, et la couve d'un regard tendre. Quand Galaad lui fait remarquer qu'il va finir par se baver dessus, à la contempler ainsi, on retrouve le jeune homme habituel : un garçon ronchon et qui grogne aucun qu'un animal sauvage.
Ça fait bien rire tout le monde, à l'exception d'Ygerne, qui reste un peu à l'écart des célébrations.
Et quelle célébration ! Arthur est désormais diplômé de la MUL et, dès le mois prochain, commencera officiellement sa carrière d'auror. Alors aujourd'hui, c'est la fête dans la petite maison. On taquine Galaad sur ses amours, on apprend que Morgane a embrassé un garçon, un jour, même que c'était sur la bouche et que c'était beurk beurk beurk. Les deux jumeaux courent en tous sens, se cognent, se font attraper par le père et l'un de ses aînés pour les maintenir en place.
Dans un moment de calme, Arthur passe un bras autour des épaules de sa copine et annonce, la voix rauque d'émotion, qu'ils sont actuellement à la recherche d'un appartement, dans le Londres sorcier et qu'ils comptent s'installer ensemble dès que possible.
À ce moment-là, tout va pour le mieux.
Rien ne pourrait aller mieux.
Juillet 2009
Quand Constance pousse la porte de chez elle, elle ne s'attend pas à ce qu'Arthur ait préparé quelque chose pour elle.
Elle est diplômée depuis une semaine, et n'a pas vu son compagnon depuis une dizaine de jours. Il était parti en mission, et savait qu'elle avait un entretien d'embauche au ministère aujourd'hui.
Derrière la porte, l'auror se tient au milieu de la pièce, occupé à allumer des bougies un peu partout dans la pièce de vie. Quand il la voit, il s'interdit…
Et grogne.
Il pensait avoir encore un peu de temps, avant de la voir arriver. Il n'est lui-même rentré que depuis peu de temps, et a à peine pris le temps d'enlever sa cape de voyage. Il n'a pas pris de douche, ne s'est pas changé, ni rien du tout.
La jeune femme n'a pas l'air de s'en offusquer. Spontanée, elle saute directement dans ses bras et l'embrasse passionnément, ravie de le voir.
Et de lui apprendre qu'elle a obtenu un poste de juriste au Département de la Justice Magique.
Mai 2010
L'air sombre, Arthur resserrre sa cape sur les épaules, valise à la main.
Aujourd'hui, il intégrait une mission plus spéciale que celles sur lesquelles il avait jusqu'ici affecté. On ne lui avait pas donné le temps de durée de la mission, et ce n'était pas bon signe. Ça allait sans doute se compter en semaines, peut-être en mois, avait-il prévenu sa compagne.
On envoyait tout son détachement à l'étranger. Loin. Un conflit moldu, apparemment, mais un groupe de sorciers mal intentionnés avait infiltré des bataillons, et ces derniers s'amusaient à envenimer les choses.
Le jeune homme restera sur place quatre longs mois, dans l'incapacité de communiquer avec ses proches. Ni courrier, ni téléphonie, ni rien. Il verra des choses dont il refusera, à son retour, de parler. Il restera vague sur les détails de la mission et des actes commis.
Une chose qui ne dépaysera toutefois personne : il semble plus ronchon que jamais une fois qu'il est revenu.
Octobre 2012
D'un sursaut, Arthur se réveille. Il est couvert de sueur, mais ne s'en inquiète pas. Sa respiration, rapide, a du mal à retrouver un rythme habituel.
C'est en écoutant celle, plus profonde, de la créature endormie à ses côtés qu'il parvient à se calmer. Il passe une main sur la silhouette de Constance, caresse tendrement son épaule en silence. Elle a toujours eu le sommeil lourd, songe-t-il. La bienheureuse.
Il l'embrasse sur le front avant d'écarter les couvertures et de sortir du lit, torse nu. Il fait encore nuit, il doit être tôt. Les lueurs de l'aube mettront encore de longues heures à se montrer. Il passe une main dans ses cheveux, observe les rues passantes du Londres sorcier par la fenêtre.
Il entend encore les bruits des armes automatiques que les Moldus utilisent. C'était sa connaissance du monde moldu qui avait fait qu'on l'avait choisi pour cette mission. Il avait dû apprendre à se servir de ces armes, alors qu'il n'en avait aucune envie.
Il trouvait ça barbare.
Le jeune homme passe une main sur son bras gauche, où on voit encore la cicatrice toute ronde de la balle qui était passé au travers. Il en sent encore la brûlure.
Un long frisson le parcourt alors qu'il scrute, enfin, la noirceur de la nuit.
Il est rentré. Il est en sécurité, ici. Ils sont en paix, et il n'y a rien à craindre.
Une main fraîche se pose sur son épaule, et Arthur sursaute. Constance s'est réveillée et l'a rejoint devant la fenêtre. Sa voix douce lui demande s'il va bien, mais ne lui demande pas la raison de son insomnie. Elle a compris, dorénavant, qu'il ne tenait pas à en parler et qu'il ne servait à rien d'insister – à moins de vouloir l'entendre ronchonner encore davantage que d'ordinaire.
Et puis, toujours de cette voix douce, caressante, elle lui annonce qu'elle voudrait un enfant de lui.
Comme ça, de façon un peu brusque. Il baisse un regard un peu surpris sur elle, pris au dépourvu ; il ne lui faut toutefois pas longtemps pour comprendre qu'elle est on ne peut plus sérieuse.
Il n'avait jamais pris le temps de se poser la question. Mais, maintenant qu'il y songeait, il en avait toujours voulu. Avoir grandi dans une famille nombreuse n'avait en rien émoussé ce désir.
Alors, dans un sourire éloquent, il attrape sa compagne par la taille et l'attire contre lui.
Il lui fera tous les enfants qu'elle veut.Janvier 2014
“
You look awful, Dad.”
Tu as un air épouvantable, Papa.A peine a-t-il dit bonjour qu'Arthur ronchonne déjà, murmure Galaad à sa benjamine. Pourtant, il sait très bien que leur aîné a raison. Leur père est dans un état épouvantable. Il a considérablement maigri, et les cernes s'étalent sous les yeux. Et il ne leur fera pas croire que c'est d'élever une adolescente, deux jumeaux casse-cou et de supporter une mégère enceinte qui en est la cause.
Certes, ça ne doit pas aider. Mais il a l'air
physiquement malade.
Gauvain balaie les préoccupations de son fils d'un geste de la main et préfère s'enquérir de la santé de sa belle-fille. Elle est radieuse, ces derniers temps, n'aurait-elle rien à leur annoncer ?
La question achève de rebrunir l'auror, qui grogne maintenant qu'ils les informeront rapidement si un jour ils ont un heureux évènement à leur relater.
Voilà qui a mis Arthur de mauvaise humeur. Et il le confirme en aboyant sur les deux jumeaux, occupés à se courir après en criant. Ces derniers s'immobilisent aussi sec, le dévisagent, et filent vers l'étage pour aller poursuivre leurs jeux.
Gauvain ne tarde pas à partir à son tour, abandonnant la maison à ses enfants, pour aller chercher son épouse à l'hôpital. Cette dernière a accouché il y a quelques jours, d'un petit garçon.
Le dernier des Thorn : Bohort.
Lorsqu'ils reviennent, un plateau de Monopoly traverse le salon, sous les yeux éberlués de Constance. Galaad, dépouillé par Viviane, n'a pas retenu sa colère. Ygerne, tenant le nourrisson dans ses bras, constate les dégâts avec un mépris non dissimulé.
Seul l'aîné semble s'en rendre compte alors que tous les autres se précipitent vers elle pour admirer le bébé. Resté en retrait, il soutient le regard de sa belle-mère, plus méfiant que jamais.
Et si elle était la responsible de l'état maladif de son père ?
Mai 2014
Deux hommes, attablés au Chaudron Baveur. Ils bavardent tranquillement, en buvant une pinte de bièraubeurre. Ils sont bientôt rejoints par une jeune femme dont les traits ne sont pas sans rappeler le plus âgé des deux aurors.
“
Ha, Viviane… Come and sit with us. Have you ever met my friend Elijah ?”
Ah, Viviane… Viens t'asseoir avec nous. Tu as déjà rencontré mon ami Elijah ?Arthur tire la chaise à côté de lui pour laisser sa soeur s'installer à ses côtés.
Se doutait-il, ce jour-là, de ce qu'il faisait ?
Qu'il venait de réunir deux âmes qui ne demandaient qu'à se rencontrer ?
Sans doute pas. Sinon, il se serait abstenu.
Juin 2014
La tête entre les mains, Arthur tente d'y voir clair. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu autant de mal à faire le tri dans ses pensées. Il se sent assailli de toute part, submergé par ses propres pensées.
Constance est en larmes, juste à ses côtés, et il aimerait pouvoir la consoler avec quelque parole tendre, une étreinte réconfortante. Il doit, avant tout, réussi à faire la tri dans son esprit.
Elle n'est toujours pas enceinte, après deux ans de tentatives, et ça lui pèse. Elle se pose des questions, bien sûr, et lui aussi. Y arriveront-ils un jour ? Leur couple pourrait-il survivre à cette épreuve ?
Il cille et pose enfin les yeux sur la femme qui partageait sa vie. Celle qu'il aimait plus que tout. Il lève la main et vient tendrement essuyer les larmes sur la joue d'albâtre. Et la prend enfin contre lui, silencieux.
Quand elle lui propose, d'une voix faible, de se tourner vers les méthodes moldues, il ne peut qu'acquiescer. Il n'a jamais entendu parler d'aide à la procréation chez les sorciers.
Alors s'ils doivent passer par la fécondation in vitro ou toute autre invention moldue, ils le feront.
Lui ne veut que son bonheur.
Août 2015
C'est un sacré froid qui a été jeté sur la table.
Elijah s'est-il un jour senti aussi mal à l'aise ? Il y a peu de chance. Plusieurs paires d'yeux le dardent d'un regard noir, quasi-haineux, des jumeaux de neuf ans à l'aîné de trente-et-un ans. Il déglutit, jette un regard en coin à Viviane, qui vient d'annoncer et leur relation, et sa grossesse.
La nouvelle n'a pas l'air de passer.
Il faut que Gauvain s'éclaircisse la gorge et relance la conversation pour que, lentement, le malaise se dissipe. Et ce soir là, Arthur se surpasse dans l'art de la ronchonnerie et des grognements. Même les regards incendiaires de Constance n'y changent rien. Il ne parle plus, et se contente de faire sa mauvaise tête.
Son ami. Son propre ami. Et sa soeur.
Brr, c'était malsain.
Elijah prend congé l'espace d'une seconde, Arthur attend une minute avant de s'excuser et de se lever de table à son tour. Le couloir menant aux toilettes est désert.
Parfait.Quand Elijah en sort, Arthur l'attrape par le col et le fait entrer à nouveau, de force.
Il le plaque contre un mur carrelé, le maintient par l'épaule d'une main ferme, l'autre tenant sa baguette qu'il enfonce dans la gorge de celui qu'il appelait son ami.
“
Listen to me carefully,” murmure-t-il d'une voix parfaitement claire, loin de ses grognements habituels. “
If you break her heart, or if you don't take care of her, or if… If I see the silghtest tear flowing from her eyes, I swear I'll tear your balls apart and give them to eat to Ygerne,” siffle-t-il entre les dents.
Ecoute moi bien… Si tu lui brises le coeur, ou si tu ne t'occupes pas bien d'elle, ou si… Si je vois la moindre petite larme couler sur sa joue, je te jure que je t'arrache les couilles et je les donne à manger à Ygerne.Il enfonce un peu plus la pointe de sa baguette.
“
And then I'll make sure you die on a mission. Am I clear ?”
Et ensuite, je m'assurerais que tu meurs en mission. Clair ?Elijah a perdu quelques couleurs en revenant à table. À voir Arthur revenir peu après lui, il ne fait aucun doute que Mr Grognon est à l'origine de tout cela.
Mais personne n'en dit rien ; on ne voudrait pas prendre le risque de le voir devenir encore plus ronchon qu'il ne l'est déjà. Il faut dire qu'on s'attend déjà à ce qu'il soit renfrogné pendant plusieurs jours après ça, alors bon… Inutile de jeter de l'huile sur le feu.
Décembre 2015
Ils l'avaient venus venir. Ils avaient bien vu qu'il s'affaiblissait.
L'annonce de la mort de Gauvain Thorn n'en est pas moins un choc pour l'ensemble de ses enfants. L'enterrement est une épreuve pour chacun d'eux. Arthur s'efforce de consoler Morgane, secouée par les sanglots, tout en gardant un oeil sur Constance, elle-même profondément touchée par la perte. Après tout, n'avait-elle pas été acceptée parmi eux comme un membre à part entière de leur famille ?
On sent bien, par contre, une certaine tension contre la veuve éplorée qui en fait beaucoup trop. Elle hurle de douleur, doit être retenue par un homme qui se comporte avec elle de façon bien trop intime pour n'être qu'un ami.
C'en est trop pour Viviane. Arthur la voit lever la main et n'a pas la temps de la retenir que déjà la gifle a claqué.
Il a, en revanche, le temps de l'attraper pour éviter qu'elle se mette en danger, elle et l'enfant à venir. Il est aidé par Elijah – à qui il jette tout de même un regard noir, pour le principe – et la traîne jusqu'à l'extérieur, pour la faire revenir au calme, pour le faire respirer.
Même si elle avait fait ce que chacun d'entre eux aurait rêvé de faire, lui en tête de file.
Et c'est ainsi qu'orphelin, Arthur devint le chef de famille. Qu'importe qu'Ygerne ait arnaqué l'assurance et se soit emparé de l'héritage. Il était celui qui prendrait soin de sa fratrie, quoi qu'elle en dise.
Février 2016
Parrain.
Tenant la toute petite chose dans ses bras, Arthur répète, un peu ébété, le titre qu'on vient de lui décerner. Il est non seulement l'oncle de la petite Enid, mais également son parrain, comme le lui a demandé sa jeune soeur. Il est plus ému qu'il ne saurait le dire, mais tout le monde l'a bien compris.
Il est facile de s'en rendre compte : il a cessé de ronchonner et c'est à présent un sourire émerveillé qui a pris place sur son visage.
La nouvelle génération est en route. On aurait certes pensé qu'il aurait été le premier à avoir un enfant, mais le destin en avait décidé autrement.
Il glisse l'index dans la minuscule petite main, et jette un regard vers Constance, qui lui rend un sourire tout aussi émerveillé que le sien. Il embrasse alors la jeune femme sur le front et rend le nourrisson à sa mère.
“
Congratulations,” souffle-t-il alors d'une voix chargée d'émotion.
Juin 2016
“
Endoloris !”
Il n'a pas conscience de crier à s'en briser la voix. Chaque particule de son corps hurle la douleur qui se diffuse dans tout son être. Son corps s'arque, en proie à des supplices à peine imaginables.
Voilà deux mois, déjà, qu'ils sont partis en mission, son mentor, lui, et leurs quelques collègues. Et plusieurs jours qu'ils ont été capturés par l'ennemi, qui veut absolument leur faire cracher tout ce qu'ils savent.
Ils ont commencé par un des jeunes, venu avec eux. Il ne savait rien, mais ce n'était pas important. Ce qui importait, c'était de le faire sous les yeux du plus vieux de la bande, pour le forcer à parler.
Ça n'avait pas fonctionné. Ils avaient donc tué le jeune auror, avant de s'en prendre au plus vieux. Ils l'avaient torturé des jours durant.
Et puis, lui aussi, il l'avait tué.
Et maintenant, c'était le tour d'Arthur.
On lève le sortilège et la première chose que l'homme fait est de tenter de reprendre sa respiration. Il s'accroche à des souvenirs de moments heureux, pour tenir le coup.
Constance. Pourquoi ne l'avait-il jamais épousée ? Obnubilés par la difficulté d'avoir un enfant, ils avaient sans doute oublié, tout simplement, de se marier.
Galaad. Viviane. Morgane. Tristan. Uter. Bohort. Seule Viviane, jusqu'ici, avait montré les mêmes dons que lui. Et c'était bientôt le tour d'un des jumeaux ? Il leur faudrait quelqu'un sur qui s'appuyer, Ygerne ne leur serait d'aucune aide. Et Viviane avait désormais sa propre famille…
“
Endoloris !”
La douleur reprend.
Ce qui la fera cesser et sortira tout ce beau monde de là ? Personne, en dehors des principaux concernés, ne le sait. C'est amaigri, le visage marqué et le corps couvert de nouvelles cicatrices qu'Arthur reviendra de mission, encore de longues semaines plus tard.
Jamais il n'acceptera de dire le moindre mot sur ce qu'il s'est passé là-bas, à part peut-être le fait que son mentor y avait été assassiné.
Depuis lors, il ne sera plus totalement le même. Bien plus méfiant, sa baguette constamment à portée de main, vérifiant scrupuleusement chaque nouvel environnement où il mettait les pieds.
Ce qui surprit tout le monde, Constance la première, ce fut l'une des premières choses qu'il lui dit en revenant auprès d'elle. Lui prenant les deux mains, il la regarda droit dans les yeux, parlant de cette voix hésitante qu'il avait toujours quand il s'agissait d'ouvrir son coeur.
“
I love you. I want to marry you.”
Je t'aime. Épouse-moi.Par amour. Pour la mettre à l'abri.
Pour ne pas regretter.
Novembre 2016
Décidément, cette année n'est pas la sienne.
Arthur a toujours cet air maladif, depuis son retour de mission, mais il a repris du poids, et retrouvé son air ronchon. Il a une nette tendance à sursauter au moindre bruit, mais le calme de son appartement et le soutien de son entourage l'aide à reprendre du poil de la bête.
Mais là, il ne voyait pas comment il allait s'en remettre.
Ils venaient de recevoir les résultats des analyses passées chez un laboratoire moldu. Et ils ont enfin la réponse à la question qu'ils se posent tous les deux.
S'ils ne peuvent pas avoir d'enfants, la raison est très simple : c'est parce qu'Arthur est stérile.
Juin 2017
“
GO AWAY ! LEAVE ME THE FUCK ALONE !”
Allez vous en ! Foutez moi la paix !La porte claque.
Un enchantement est lancé.
Il n'y a plus moyen d'ouvrir la porte.
Arthur, enfin seul, fait les cents pas dans la petite pièce dans laquelle il s'est enfermé. Il a l'air fin, tiens, dans son costume de marié, maintenant !
Il ne l'a pas vu venir. Oui, il avait bien compris la tristesse de Constance, mais il avait pensé, naïvement, qu'ils surmonteraient l'épreuve. N'étaient-ils pas un couple solide ? Ils auraient pu adopter, une fois le choc passé. Côté moldu ou côté sorcier, il y avait toujours des enfants qui avaient besoin de parents. N'en avaient-ils pas parlé ?
Alors pourquoi, si ce n'est pour cela ? Après toutes ses années, il ne l'imaginait pas l'abandonner au pied de l'autel par crainte de l'engagement ; ce n'était pas le genre de la maison.
Dans un hurlement de rage, semblable à celui d'une bête blessée, Arthur s'en prend au mobilier. Il retourne une table, fait exploser une petite commode. Cette fois, ses ronchonneries ne l'aideront pas à calmer la blessure qui s'est ouverte, béante, dans sa poitrine.
Comment avait-elle pu… Comment avait-elle pu !
Pourquoi attendre ce moment là ? Pourquoi ne lui avait-elle pas confié ses craintes et ses doutes ?
Au bout d'un moment, l'homme se laisse tomber à terre, dos au mur, se prend la tête dans les mains. Incapable de contrôler ses émotions plus longtemps – comme s'il avait jamais su les contrôler – il se met à pleurer son chagrin à chaudes larmes.
Avait-elle voulu le préserver, en ne se confiant pas à lui ? Avait-elle eu peur de sa réaction, lui qui avait passé les derniers mois à se reconstruire, à essayer de se relever, pour mieux faire son bonheur.
Comment avait-elle pu lui faire ça ?
Juillet 2017
Le téléphone sonne. Il est loin le temps où le petit Nokia vibrait sur sa table de chevet. Arthur n'a pas pour autant cédé à l'engoûment pour les smartphones et a remplacé son premier portable par un modèle proche et tout aussi incapable, si ce n'est qu'il est plus récent.
Il pousse la pile de vêtements sale qui s'est fait une place sur le bout de son lit, retrouve le petit appareil qui vibre tout son soûl. Il fronce les sourcils en voyant
Maison Tintagel s'afficher sur l'écran lui indiquant que l'appel venait de la maison familiale.
Il n'avait pas vu ce numéro s'afficher depuis la mort de son père. Ygerne avait pris grand soin de ne plus avoir de contact avec les trois enfants d'Elaine, d'autant plus que deux d'entre eux étaient, selon ses propres mots, des anormaux congénitaux. Galaad, Viviane et lui avaient réussi à garder le contact avec leurs cadets, non sans effort.
De là à ce que la Belle-Mère les laisse appeler leurs aînés…
C'est non sans grogner qu'Arthur s'empare du téléphone et décroche, prêt à râler. Mais il est coupé dans son élan.
“
Art' ? Come, please, come home, quickly !” entend-il à l'autre bout du fil.
Art' ? Viens, s'il te plait, viens à la maison, vite !“
Morgane ?” répond-il, surpris. Le ton de la voix de la jeune fille n'augure rien de bon. Il croit déceler, derrière elle, une violente dispute, entend des bruits de vaisselle brisée.
Il n'en faut pas plus pour se décider.
“
I'll be here in a minute.”
J'arrive.Il raccroche, prend le temps d'attraper un pantalon, enfile un tee-shirt, veille à prendre sa baguette.
Et puis, sans attendre plus longtemps, transplane au milieu de la maison familiale.
Son arrivée, dans ce bruit éclatant typique du transplanage, déclenche un concert de cri. Il n'évite le vase lancé par Ygerne que grâce à ses réflexes, en le faisant exploser d'un coup vif de sa baguette.
Cette dernière pousse un cri de rage et s'en prend à nouveau à lui en hurlant tout un tas d'horreurs. Arthur ne l'écoute pas et, tout en évitant les divers projectiles, essaie de comprendre la situation dans laquelle il a mis les pieds.
Morgane s'est réfugiée dans le salon, près du téléphone, qu'elle tient encore à la main. Elle tient Bohort contre elle de son bras libre, lequel pleure à chaudes larmes.
Derrière lui – il est vraiment arrivé au beau milieu de la cuisine – les deux jumeaux, Tristan et Uter. Difficile de savoir lequel des deux s'est attiré les foudres de la vieille mégère.
Mais Arthur, qui n'a jamais brillé par sa patience, n'a pas très envie de démêler ça tout en continuant à éviter les jets d'assiette.
Un tour de baguette.
L'assiette explose.
Un autre.
Un éclair rouge s'échappe de l'extémité de la baguette, et frappe Ygerne en pleine poitrine. Cette dernière s'effondre d'un coup.
Stupéfixée.
Le calme retombe d'un coup dans la cuisine. Autour d'eux, c'est un véritable champ de bataille. Il y a des débris de céramique un peu partout, du verre aussi. Arthur esquisse encore quelques mouvements avec sa baguette, et un patronus en sort. Un sanglier, qui immédiatement file prévenir Viviane de la situation.
Puis, en s'efforçant de ne pas céder à ses émotions, l'homme traverse la cuisine, vient prendre Bohort dans ses bras. Il ôte le combiné des mains de Morgane, raccroche à sa place.
“
Sit down,” souffle-t-il d'une voix douce, qui se veut apaisante.
Assieds-toi.Il la pousse gentiment sur le canapé, et, bébé toujours dans les bras, Il va chercher les jumeaux, eux-mêmes un peu sous le choc, et les incite à aller s'installer à leur tour dans le canapé.
Lorsque Viviane arrive, il a préparé le thé et en sert une tasse à chacun de ses frères et soeurs. Il n'a pas touché au désastre de la cuisine, pas plus qu'il a vérifié qu'Ygerne aille bien.
“
Alright, now… Tell us. What happened ?”
Okay, maintenant… Dites nous. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?Les trois jeunes gens se mettent à parler en même temps, jusqu'à ce que l'aîné tonne d'une voix forte qu'il veut les entendre un par un. Alors seulement Uter lui tend une boule de papier qu'il tenait jusqu'ici dans la main.
Occupé avec Bohort sur les genoux, Arthur laisse le soin à Viviane de lisser le papier, avant de se rendre compte qu'il s'agit non pas d'une feuille, mais d'un morceau de parchemin.
Il a compris ce dont il s'agit avant que sa soeur ne lise la lettre à voix haute.
Uter a reçu une lettre d'admission à Poudlard. C'est donc ça qui a mis leur marâtre dans tous ses états. Et les trois adolescents de leur expliquer, tour à tour, qu'elle était entrée dans une rage folle et qu'elle s'était mise à vouloir chasser Uter de la maison. Elle ne voulait pas d'un de ces anormaux sous son toit, avait-elle dit.
Les sourcils froncés, l'aîné écoute le récit, échange parfois un regard préoccupé avec Viviane.
“
Okay… Alright. Uter, go and pack your stuff. You're coming with me. We'll see how we can get things sorted.”
Lorsqu'il tranche ça et embarque son jeune frère chez lui, Arthur imagine qu'Ygerne, si insupportable lui est-elle, va finir par reprendre ses esprits, et accepter la différence de son fils.
Il n'en sera rien. Elle refusera de le revoir, et de l'accueillir, forçant l'aîné de la fratrie à prendre son frère sous son aile et devenant ainsi, par la force des choses, son tuteur légal.
[Mars 2018
L'ambiance est tendue. Les deux hommes se dévisagent avec froideur, chacun essayant de voir clair dans le jeu de l'autre.
Arthur n'est pas en confiance. Il est jeune, pour qu'on lui propose un tel poste. Talentueux, sans doute, mais de là à se voir confier la responsabilité du bureau des aurors… Ne serait-ce pas plutôt l'ambition d'une personne désirant, à terme, devenir Ministre de la Magie ? Ce n'est pas la sienne. Le travail de bureau, très peu pour lui. Ne s'est-il d'ailleurs pas porté volontaire pour toutes les missions longue durée, dernièrement ? Depuis le désastre de son mariage avorté, il se dit qu'il n'a plus rien qui le force à rester en Angleterre. Certes, il a sa fratrie, mais il ne s'inquiète pas pour eux.
Galaad et Viviane sont tout à fait en mesure de prendre la relève. Et puis, Uter était le seul à avoir vraiment besoin de lui. Mais il était à Poudlard, et encore une fois, au besoin, ses cadets pourraient s'occuper de lui.
Ne manquait-on pas de volontaires pour ces missions ?
Alors pourquoi diable lui proposer une telle promotion dont il ne voulait pas ?
“
It isn't the kind of offer you can turn down, you know, Mr Thorn.”
Ce n'est pas le genre d'offre qui se refuse, Mr Thorn.Oh, il savait bien. Il le savait très bien.
“
Before I accept your offer…” dit-il lentement, en détachant chaque syllabes. “
Will you tell me exactly why I'm being put aside ?”
Avant que j'accepte votre offre, me direz-vous précisément pourquoi vous me mettez au placard ?Juillet 2018
“
How are you feeling ?”
Comment tu te sens ?Elle est magnifique, dans sa robe de mariée. Évidemment, ce n'est pas sans lui rappeler de mauvais souvenirs. Mais il n'en est pas moins heureux pour Viviane.
Finalement, Elijah a tenu parole, et s'astreint au bonheur de sa soeur. Il a plutôt intérêt à ne pas la planter devant l'autel, sans quoi il se ferait un plaisir de l'éviscérer.
Arthur tend une main pour aider sa jeune soeur à se relever. Il s'est mis sur son trente-et-un, évidemment. Ce n'est pas tous les jours qu'on célèbre un mariage, d'autant plus d'une personne proche.
Quelques minutes plus tard, il accompagne Viviane le long de l'allée, jusqu'à l'autel où l'attend l'homme qui fera son bonheur.
Avant de la laisser à cet homme, il s'arrête une seconde, lui adresse un regard pénétrant, ému. Il l'embrasse alors sur le front, et laisse s'échapper quelques mots, avant d'aller s'asseoir et rejoindre le reste de l'assemblée.
“
Be happy.Sois heureuse.