Histoire
T’es né à Darvel, un village écossais en plein après-midi, un seize août. T’avais déjà deux frères plus âgés, Wallace et Darren. Vous habitiez dans une maison pas spécialement grande, pour une famille de cinq, mais en plus d’un jardin, vous habitiez à la lisière d’une forêt. Un des endroits où t’as passé la plus grande partie de ton temps, en compagnie de tes deux aînés. En même temps, elle vous offrait des possibilités presque infinies. Même totalement. Et surtout, ça ne coûtait absolument rien. Un très bon point, étant donné que vous étiez loin de rouler sur l’ord aussi. Chose qui ne t’avait jamais vraiment posé problème non plus. Un rien t’occupait et tu ne voyais pas non plus en quoi porter les anciens habits de tes frères pouvait poser un problème. Tu le prenais même plutôt comme un honneur, en fait. Tout simplement parce qu’ils étaient clairement des modèles à suivre, pour toi. T’en venais parfois à regretter d’être le dernier de la famille, de les voir revenir, raconter ce qu’ils avaient pu faire ou vivre, que ce soit à l’école ou autre, et que pour en arriver au même point, tu doives tout simplement attendre. Prendre ton mal en patience. Ce que tu ne savais déjà que très mal faire à l’époque.
Mais t’as quand même fini par y aller aussi, à l’époque. Une des plus grandes désillusions de ta vie d’ailleurs. Ils t’avaient conté, vanté pas mal de choses positives mais tu n’y avais pas vraiment trouvé grand-chose d’amusant, en fait. Autant lorsqu’il s’agissait d’activités manuelles, tu n’avais aucun mal, tu savais plutôt bien t’appliquer, lorsque t’en vint à la lecture, encore pire l’écriture, c’était tout autre chose. T’avais beau essayer, y mettre toute la bonne volonté du monde, tu n’arrêtais pas de confondre des lettres ou d’en oublier. T’avais été assez vite décrété aussi être dégoûté de la lecture, alors qu’au fond, t’en avais surtout peur, peur de devoir te confronter à ces textes, à buter à chaque phrase, voir chaque mot, et tout simplement peur des moqueries aussi qui pouvaient en découler. Même si au début, il n’y en avait pas tant que ça, t’étais pas le seul à patauger un peu. Vous étiez deux ou trois à galérer, mais au fil des mois, ils étaient arrivés à s’en sortir totalement, presque brillamment.
Ça s’est un peu plus compliqué en grandissant, t’avais toujours autant de mal, alors que t’essayais de faire des efforts de ton côté, même une fois rentré. Et même avec l’aide de tes frères, tu n’y arrivais pas plus que ça. Tu perdais de plus en plus vite patience, et eux aussi, d’ailleurs. Alors t’avais préféré un peu abandonner dès que tu rentrais chez toi et plutôt te concentrer sur les quelques loisirs que t’avais. Et suivre tes aînés dans les activités qu’ils pouvaient avoir. D’ailleurs, vos parents avaient économisé pour pouvoir vous lancer dans les mouvements de jeunesse. Histoire que vous puissiez continuer de vous dépenser comme vous aviez l’habitude de faire, mais sous une certaine surveillance, et pour vous permettre aussi de rencontrer un peu d’autres personnes. Que vous sortiez de votre zone de confort.
Pour ta part, ça a plutôt bien fonctionné. Même très. T’étais nettement plus motivé à mettre ton énergie dans le scoutisme que tes études, alors que t’étais encore assez jeune. Mais t’avais pas envie de t’acharner pour pas grand-chose. T’étais nettement plus motivé à faire de ton mieux pour passer les épreuves de ta promesse, tes étoiles, et d’avoir le plus de badges possibles, aussi. T’y es même très bien arrivé. Lors de ta dernière année chez les louveteaux, on t’avait proposé d’être sizenier. Ce qui n’était pas grand-chose, en soi, mais c’était bien la première fois qu’on te faisait autant confiance, et qu’on te laissait prendre une certaine forme de responsabilité.
T’allais sur tes onze ans, c’était ton dernier camp avant de pouvoir rejoindre tes frères chez les scouts. T’avais décidé d’absolument tout donner, pour que ta sizaine soit la première dans toutes les épreuves organisées, ce qui foira pas mal, entre autres parce que t’étais bien incapable de lire une carte correctement. Que l’épreuve d’orientation, vous l’aviez plus réussie de justesse grâce aux autres membres que toi, mais bon le principal avait été que vous ne soyez pas les derniers. Le reste s’était plus ou moins bien passé, si on oubliait le fait que t’avais commencé à te prendre la tête lors d’une veillée avec un garçon que tu ne supportais absolument pas, et que la seule chose qui vous avait tous calmés, avait été le feu de camp qui avait subitement pris de l’ampleur pile quand t’avais essayé de lui mettre ton poing dans sa figure. Heureusement tout s’était bien terminé, vous aviez tout de suite arrêté et strictement personne n’avait été blessé.
Le camp s’était vraiment bien fini, vous aviez même réussi à décrocher la deuxième place avec ta sizaine, ce qui n’était pas rien non plus, même si vous n’étiez que quatre, mais soit. Ca restait toujours une victoire, qui t’avait même un peu motivé à redonner du tiens pour entre autre la lecture. En revenant, t’avais passé un peu plus de temps à t’acharner sur des livres censés être simples, sauf le jour de ton anniversaire, où t’avais décidé de faire une pause, tu pouvais au moins en prendre une quand même. Sauf que pas de bol, ce jour là quelqu’un était venu chez vous, quelqu’un que même tes parents ne connaissaient pas. Quelqu’un qui avait une putain de lettre à ton nom. T’avais juste fait mine de ne pas arriver à l’ouvrir correctement pour que ton père ne la prenne et ne la lise à ta place, oui.
Heureusement qu’il s’en était occupé, parce que t’avais absolument rien compris de ce qu’elle disait. Ou plutôt, ça n’avait pas franchement de sens. Ça parlait d’une école spéciale, une école de magie même. La personne avait tâché de vous expliquer calmement ce dont il s’agissait, comme quoi tu étais un sorcier, et que là-bas, t’allais pouvoir apprendre à maîtriser tes pouvoirs, apprendre plein de nouvelles choses aussi. Tu t’étais même dit que ta difficulté à lire, et même parfois à parler venait peut-être de là. Bien que ça expliquait mieux certaines choses qui avaient pu se passer près de toi, à quelques reprises.
Tes parents avaient eu du mal à accuser le coup, on avait d’ailleurs fini par te demander d’aller jouer plus loin, avec Darren et Wallace, le temps qu’ils puissent parler entre eux. Vous vous étiez juste à moitié battus près de la porte pour essayer d’entendre le plus de choses possibles, ce qui n’avait vraiment pas servi à grand-chose. Au final, ils avaient rouvert la porte, pour t’annoncer que vous alliez un peu changer le programme de la journée, et que t’allais pouvoir aller à Londres avec ta mère et cette inconnue qui t’impressionnait un peu trop. En tout cas, encore aujourd’hui, tu t’en souviens de ce jour. Ce jour où t’as découvert un tout nouveau monde, tu n’avais même plus su où regarder, tellement il y avait de choses à gauche et à droite. Puis ça faisait quand même pas mal d’informations pour toi aussi. Tu avais eu un peu de mal à percuter, jusqu’à ce que vous n’alliez chercher ta baguette magique. Un grand moment aussi, où t’avais bien cru que le magasin allait y passer jusqu’à ce que l’une d’elle ne retienne ton attention. Et vice-versa, apparemment. Le vendeur t’avait même assuré que tu ne risquerais pas de t’embêter avec une baguette comme celle-là.
Si tu savais.
Vous aviez poursuivi pour compléter une liste, et finir par un animal. Vous aviez déjà une tortue que t’avais ramené avec tes frères, mais ce n’était pas permis dans l’enceinte de l’école. Et t’étais ressorti de l’animalerie avec une petite nyctale, une chouette qui était directement venue vers toi, que t’avais pour une raison obscure nommée Tempête. Et au final, ça avait été un de tes meilleurs anniversaires, de ta vie. T’avais été beaucoup trop excité, et même intenable jusqu’à la fin de l’été. T’avais juste été assez triste sur un point. Celui que t’allais être en pension toute l’année, sauf lors des vacances, et que t’allais sans doute devoir abandonner le scoutisme. Sauf que ta mère avait été parler aux organisateurs, leur expliquant simplement que tu allais être dans un internat, et ils avaient assez bien pris la chose, te permettant de venir aux quelques réunions pendant les vacances, et bien évidemment, le camp.
C’était donc presque totalement serein que t’étais parti là-bas. Même si c’était la première fois que t’allais faire quelque chose sans tes frères, et que tes parents avaient l’air extrêmement stressés. Ils avaient peur de ce qui pouvait t’arriver, et un peu peur aussi de ce que t’allais devenir sans doute. Mais déjà le trajet en train s’était assez bien passé, t’avais rencontré d’autres nouveaux qui avaient tout autant hâte que toi. Vous aviez même commencé à tisser quelques liens durant le trajet.
Vint la cérémonie de Répartition. On t’avait vaguement parlé des Maisons, mais t’avais pas spécialement retenu, t’étais juste fasciné par le tout, et tu te disais que où que t’irais, t’y serais bien. Même si c’était un chapeau extrêmement laid qui déciderait de ton sort. Et il t’avait envoyé chez les Rouge et Or, ce que t’avais quand même apprécié assez fort, déjà parce que les lions, ça imposait, puis tout simplement que c’était des belles couleurs, en fait. Puis les gens y avaient l’air sympa aussi. T’avais pu y retrouver un de tes compagnon de voyage, et vous vous étiez même installé l’un à côté de l’autre dans le dortoir.
Pendant plusieurs semaines, chaque pas, chaque porte que tu pouvais faire et franchir étaient comme une nouveauté. Tu passais ton temps à te perdre dans le château, jusqu’à ce que t’optes pour la technique de suivre tout simplement les personnes de ton année. Bien plus simple, oui. Ceci dit, même si la magie te fascinait au début, tu avais été assez vite désillusionné. T’avais déjà du mal à parler correctement anglais, à le lire aussi, alors le latin. Et pour couronner le tout, ta baguette semblait avoir son propre caractère, ses propres humeurs et un peu trop malicieuse aussi. T’arrivais clairement pas à la manier, et que tu t’énerves ou non, le résultat restait le même. Si tu galérais en primaire lors de tes cours, c’était encore pire ici.
Sauf que t’as pas abandonné aussi facilement que lorsque t’étais encore avec ta famille. Tu ne comptais même plus le nombre d’heures que tu passais derrière tes livres et simplement à t’entraîner, tout ça pour n’avoir que des résultats assez médiocres, voir même catastrophiques. Autant dire que ta première année, tu l’avais passée de justesse. On t’avait dit de t’accrocher, que tu ferais mieux la prochaine fois, qu’on comptait sur toi pour mettre les bouchées double. Ce que t’avais fait pendant tout le mois d’août d’ailleurs. En tout cas pour la théorie. Tu t’étais entraîné à essayer de lire et relire ce que vous alliez pouvoir apprendre, et une nouvelle fois, t’avais pu repartir sur quelques bonnes bases après ton camp de juillet, où t’avais été plus qu’heureux de pouvoir repasser du temps avec tes aînés. Chose qui te manquait le plus en étant à Poudlard d’ailleurs. Surtout que tu sentais bien que l’ambiance était un peu plus différente. Ils continuaient de vivre de leur côté, toute l’année, et Darren t’avait clairement dit que de toute manière t’étais trop différent d’eux.
T’avais essayé de ne pas trop y porter d’attention, et de profiter du temps que tu pouvais avoir avec ta famille, avant de repartir. Pour une deuxième année, qui avait nettement mieux commencé que la première. T’avais pas passé un mois entier à essayer d’étudier pour rien, apparemment. Bon, après, tu n’avais réussi qu’à retenir les quelques premières semaines. Le restant était sorti extrêmement vite de ta tête et t’avais de nouveau un peu galéré, mais t’y étais arrivé, avec une moyenne peu glorieuse, mais tu t’en sortais. Mais t’y avais pas trop pensé, tu retenais juste que tu passais. Surtout que cet été allait être un peu spécial, c’était celui de ta totémisation. T’avais hâte de pouvoir la passer, et de pouvoir en parler avec tes frères, qui ne te lâchaient absolument rien sur le sujet. Ce qui était un peu frustrant. Même très.
T’avais jamais été aussi crevé de ta vie qu’à la fin des épreuves, mais t’avais jamais été aussi heureux en même temps. T’étais plus Bartholomew pour eux, mais Guanaco, et ça aussi, ça sonnait bien. Même si c’était une espèce de lama assez violente qu’on n’a jamais réussi à domestiquer, ça t’allait à la perfection. Dommage que la plupart des sorciers n’avaient pas l’air d’en saisir le concept. T’aurais pu passer des journées à parler de ce que vous pouviez faire et autre, mais ils n’étaient pas franchement réceptifs. Alors t’avais juste fermé ta gueule sur le sujet, et t’avais essayé de te concentrer sur tes cours, en fait.
Sauf que c’est lors de ta troisième année que t’as percuté, et un peu accepté le fait que l’échec faisait entièrement partie de ta vie. Qu’il te suivrait sans doute sur un bon nombre d’années aussi. Et cette fois-ci tes efforts n’avaient absolument pas suffis. Ton année, tu l’avais lamentablement ratée. Le verdict avait été clair, fallait que tu la repasses, en espérant que tu fasses mieux. Ca t’avait pas mal miné le moral et t’avais surtout eu peur que d’une chose : de rater de nouveau. Qu’est-ce que tu ferais même dans un cas pareil. Ils n’allaient pas te laisser tripler sans doute, et quand bien même, ils ne te laisseraient pas quadrupler, et tu te voyais mal recommencer des études dans le monde des moldus à cet âge-là.
T’y étais retourné un peu en traînant des pieds. En plus t’avais perdu les quelques repères que t’avais. T’avais une nouvelle classe, un nouveau dortoir aussi, ce qui ne t’arrangeait pas spécialement. Mais t’avais pas pour autant perdu de vue ton pote. Vous étiez dans la même Maison et une seule année vous séparait. Ce n’était pas vraiment la mort. Et tu t’étais rendu compte aussi que la matière avait été un peu plus facile à ingérer pour toi, étant donné que tu l’avais déjà vue. T’étais toujours assez médiocre dès qu’il s’agissait de passer à la pratique, mais t’essayais quand même. T’étais presque tout le temps sur les nerfs, alors que l’année ne faisait que commencer, jusqu’à ce que ton ami ne te dise de tenter ta chance dans l’équipe de Quidditch. Ils cherchaient une place pour un batteur et un gardien. T’y avais été un peu à l’improviste, t’avais tenté de ne pas trop te faire d’espoir, et au final, t’avais réussi à décrocher le poste de batteur. Et t’avais découvert que le Quidditch te permettait de pas mal te défouler. Que c’était peut-être tout ce dont t’avais besoin. Parce qu’au final, cette troisième année d’un point de vue scolaire en tout cas fut la meilleure que t’eus. Rien de grandiose, mais t’étais arrivé à sortir un minimum de ta moyenne habituelle.
Et même si ce n’était pas grand-chose, ça t’avait motivé à continuer sur cette lancée. Ça et le fait que t’aies aussi pu avoir ton Quali pendant ton camp. Une épreuve qui avait été nettement plus difficile pour toi que la totémisation étant donné que t’avais dû écrire un texte et le lire. Sans doute que t’avais été celui qui avait mis le plus de temps, mais strictement personne n’avait fait de remarques. Et t’étais devenu Guanaco Haute-Mer, un nom en soi que tu ne pourrais plus porter extrêmement longtemps étant donné que t’arrivais bientôt à la fin de tes années de scoutisme. Que t’aurais pas vraiment l’occasion de devenir un des chefs non plus vu ta non-présence. Ou alors tu devrais attendre de finir tes études.
Ce que t’allais peut-être bientôt pouvoir faire. A ton plus grand étonnement, ta quatrième s’était plus ou moins bien passée. Peut-être que t’avais réussi à trouver un juste milieu, ou alors simplement était-ce grâce à ton professeur de Défense contre les forces du mal qui avait été plus patient, plus sympa aussi que les derniers avec toi. Malheureusement, il n’était resté qu’une année. Mais t’avais essayé d’être positif. Sauf que c’était l’année de tes Buses. Et dès le départ, la plupart de tes professeurs t’avais mis la pression. Ce que tu ne supportais pas vraiment bien. Pas du tout, même. T’avais mal commencé l’année et certains avaient simplement décrétés que t’allais pas y arriver. A force, t’as fini par les croire. Tu t’étais mis en tête que t’étais trop con que pour pouvoir les réussir. Et plus tu le pensais, plus tu t’en convainquais. T’aurais voulu t’en sortir encore plus mal que t’aurais sans doute pas réussi.
Sauf que doubler une autre année n’avait pas été la seule mesure qu’ils avaient prise. Ils s’étaient concertés, et avaient préféré libérer ta place dans l’équipe de Quidditch, pour que tu puisses passer plus de temps à te concentrer sur tes cours. Une nouvelle que t’avais encore plus mal digérée que le fait de devoir recommencer ta cinquième, en fait. Parce que clairement, ça avait été ta seule échappatoire au long de l’année. Quelque chose qui te manqua cruellement en retournant une septième fois à Poudlard. T’étais toujours aussi persuadé d’être con, que c’était la seule explication face à ton incapacité à faire certains sorts plus que simples, ou autre. Sauf que t’avais quand même réussi à arracher quelques acceptables dans quelques matières. Et ça t’avait permis de continuer. Tant bien que mal. D’ailleurs, tes Aspics, tu les as réussis clairement à un poil de cul. Tu t’es toujours dit qu’ils en avaient peut-être enfin marre de ta gueule, ou qu’ils avaient eu pitié pour te laisser enfin partir.
Un autre problème se posait désormais à toi. A moins de trouver miraculeusement un travail qui accepterait quelqu’un avec des notes pareilles, fallait que tu fasses des études supérieures. Et le seul truc qui te bottait, c’était les créatures magiques. T’as tenté, avant d’abandonner après un an et demi. Si tout se passait bien avec les animaux en question, ce n’était pas vraiment la même chose avec le reste des personnes. Et ils se tuaient toujours à donner d’une manière ou d’une autre des syllabi à chaque fois plus gros. Que t’arrivais pas à ingérer. Alors t’avais préféré baisser les bras. Et trouver autre chose.
T’avais réussi à trouver un travail dans un bar. Bon. C’était la Tête de Sanglier, ça payait pas de mine, mais au moins on ne te faisait pas trop chier. T’avais bien eu l’intention de rester là toute ta vie. Sauf qu’après cinq ans de loyaux et presque bons services, t’avais encore réussi à te battre avec un des clients et ça avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Et tu pouvais difficilement trouver de nouveau un travail dans un autre bar à cause de ça. Même un peu partout, en fait. T’avais attendu que l’affaire se tasse un peu. Quelques années, en fait, où t’avais juste été aider dans le magasin de ton père. Puis t’avais eu vent d’une nouvelle, qu’ils cherchaient un nouveau concierge à Poudlard. C’était pas vraiment ton lieu de prédilection, mais tu savais aussi que si tu continuais à voir autant ton père, presque vingt-quatre heure sur vingt-quatre, ça finirait par empirer votre relation.
T’avais aussi tenté ta chance, et t’avais même eu le poste. De nouveau, rien de très glorieux, mais t’étais pas forcé d’utiliser la magie déjà, et puis c’était une toute autre ambiance que le bar, c’était certain. T’aimais même plutôt bien. Tu foutais le minimum syndical, étant donné que tu passais plus de temps à parler avec les gens que tu croisais. T’avais même essayé de rassurer à plusieurs reprises ceux qui arrivaient à te rappeler ta propre personne, bien que t’étais pas franchement un bon exemple de vie. Que tu te doutais qu’ils avaient sans doute plus d’idées dans la vie que de finir par être concierge, mais bon.
T’es resté un bon nombre d’années là-bas d’ailleurs. Sept ans pour être exact. T’aurais pu faire plus, si il n’y avait pas eu ces putains de rumeurs. Depuis quelques temps certes, tu t’étais rapproché d’un élève qui avait l’air particulièrement mal dans sa peau. T’avais essayé d’être le plus présent pour lui que possible et tu ne sais ni comment, ni qui exactement avait commencé à lancer la rumeur qu’il y avait quelque chose entre vous, que vous étiez même ensemble. Pour une fois, t’as vu les problèmes arriver, à une vitesse fulgurante d’ailleurs, et même si t’avais essayé de démontrer que c’était parfaitement faux, t’avais préféré abandonner avant que ça ne s’empire et pour toi, autant que pour l’élève en question.
Et t’étais retourné à la case départ. A celle de devoir trouver un emploi, alors que t’avais quasiment aucun bagage. T’avais hésité à juste abdiquer, à essayer de juste aller vivre dans la nature, loin de tout et de tout le monde, mais tu ne t’y es jamais résolu. Tu sentais que tu pouvais trouver quelque chose pour toi. En plus, t’avais jamais perdu contact avec ton pote de Gryffondor. Et il avait eu vent d’un poste à pourvoir à la Gazette du Sorcier. Pas grand-chose non plus, et t’avais un peu peur avec ta dyslexie aussi, mais ton impulsivité avait décidé avant ta réflexion d’essayer.
Tu ne savais pas si Merlin était derrière toi, ou quoique ce soit, mais t’as réussi à avoir le poste aussi. Et tu t’étais promis de tout faire pour le garder, celui-là. T’avais même pu rencontrer quelqu’un de vachement cool, Pandora. Elle t’avait d’ailleurs un peu aidé à t’intégrer au reste. Mais bon. On ne peut pas plaire à tout le monde et on ne peut certainement pas s’entendre avec tout le monde non plus. Pendant plusieurs mois t’avais pris sur toi, pour éviter ou ignorer une espèce de con qui se croyait meilleur que tout le monde. Et ce qui devait arriver arriva bien un jour. Il s’était mystérieusement pris un mur. Drôle de rencontre, quand même. Peut-être que c’était parce que ta main sur sa tête l’y avait gentiment dirigé que t’avais une nouvelle fois pu te retrouver à la porte. Sans aucun doute même. Peut-être qu’au fond, t’étais juste destiné à devenir boxeur, où tu pourrais taper autant de personnes que tu voudrais, mais t’avais pas vraiment la forme nécessaire, et t’avais pas le moins du monde le courage de l’avoir non plus.
Tu ne sais même pas comment t’as pu avoir le courage de rebondir, de tenter encore une fois de te faire une place. Parce que tu ne supporterais pas de ne rien faire, sans doute. Mais t’as continué de chercher. Et t’as comme eu une révélation, en tentant d’abord un stage de quelques semaines à la poste magique. Certes, t’étais en contact avec des gens, mais surtout, y avait pas mal de chouettes et d’hiboux. Et t’étais plutôt doué pour t’en occuper. Même pour les comprendre. En plus, hormis pour nettoyer plus rapidement les lieux, t’as pas franchement besoin de trop utiliser la magie, et ça te convient parfaitement. T’as même envie d’aller travailler, d’aller les voir et pouvoir t’en occuper. Même si elles ne t’appartiennent pas spécialement, tu connais exactement chacun de leur nom, leurs préférences, et leurs caractères aussi généralement. C’est plus simple quand même pour conseiller au client la chouette la plus optimale pour la livraison, en soi.
Et lors de ton temps libre, t’aimes bien un peu traîner dans Londres, que ce soit du côté sorcier ou moldu, peu t’importe, tu trouves bien quelque chose à faire, pour t’occuper. Tu préfères de toute manière être dehors qu’enfermé chez toi, même quand il vente ou neige. Tout le temps en fait, sauf quand t’as vraiment pas le choix. En même temps, t’as réussi à y foutre un bordel monstre en un rien de temps, et t’as beaucoup trop la flemme d’essayer de le ranger.