After a hurricane comes a rainbow [Sisi & Octave]

Depuis qu'ils étaient arrivés chez lui, quelque chose lui échappait, vraiment. Pourtant, c'était son appartement, il aurait dû s'y sentir plus à son aise que dans le restaurant avec les voisins envahissants. Mais Silène avait l'air mal à l'aise et ça l'embêtait. D'autant qu'il ne comprenait pas bien la métamorphose soudaine et le changement d'avis. Le poufsouffle avait semblé si enthousiaste, au début de la soirée.

Une soirée qui s'achevait là dessus, c'était la grosse déception et une bien mauvaise augure pour l'année à venir. Enfin, c'était aussi une conclusion assez légitime concernant sa vie sentimentale en 2019, que cette soirée résumait finalement assez bien. Un beau bordel mal achevé, en somme. Et Octave fut le premier surpris que Silène change d'avis... Par ses quelques mots ?

Il le dévisagea, encore plus dérouté. Et s'efforça de lui sourire à son tour. Est-ce que l'anxiété était en train de changer de camp ? En tout cas, Octave ne se sentit qu'à moitié soulagé. Il restait l'arrière pensée que Silène n'avait changé d'avis que pour lui faire plaisir ou ne pas le décevoir. Et c'était fort peu agréable, comme idée.

"Je vais prendre "type correct" pour un compliment, si tu permets..."

Il n'était pas sûr que ça en était vraiment un. Si ? Peut-être ? Bon. Avait-il laissé à Silène croire l'inverse en le ramenant chez lui ? Pourtant, il avait été bien plus correct tout au long de la soirée que lors de leur précédente rencontre, il lui semblait.

Mais est-ce que tout ça avait une importance, encore ? Il ne s'agissait que d'un mal entendu, n'est-ce pas ? Qu'ils allaient laisser derrière eux maintenant qu'il était dissipé, il l'espérait. Et comme s'ils se retrouvaient enfin sur une longueur d'onde commune, il embrassa Silène, avec un peu plus de retenue et de timidité -oui oui- que tout à l'heure mais soulagé néanmoins.

"Je te laisse me guider alors..."

Il murmura à son tour, laissant Silène l'emmener par la main jusqu'à sa chambre. C'était mignon et plaisant. Une fois la porte de la chambre refermée -oui, ils étaient seuls chez lui mais les portes, ça se ferme, quel espèce de bordélique laisse les portes ouvertes hein ?- il ôta ses chaussures et celles de son invité -merci la magie- avant de le pousser sur le lit. Et de s'étendre sur le lit, Silène à ses côtés. Il le rapprocha de lui, glissant la main sur ses hanches et l'embrassa à nouveau. Avec un peu plus de conviction. Mais il finit par s'écarter. Un peu embêté.

"Hm.. Il est tard et on a pas mal bu tous les deux... "

Il laissa tomber sa tête en arrière, un peu plus bas qu'il ne s'y attendait. L'oreiller n'était pas là où il l'imaginait. Aie. Sa nuque craqua un peu alors que l'arrière de sa tête s'enfonçait dans le matelas. Il ferma les yeux un instant et les rouvrit pour faire face à l'apprenti vétérinaire. Et se pencha à nouveau vers lui, pour caresser ses bouclettes puis sa joue.

"Ça me fait vraiment plaisir que tu restes mais je ne veux pas que tu te forces Silène, je n'ai pas envie de ça. On ferait probablement mieux de dormir, tu veux bien ?"

Le plus jeune lui avait affirmé l'inverse mais sa crise d'angoisse un peu plus tôt l'inquiétait malgré tout. Et il ne voulait pas que Silène se force juste pour se donner une contenance ou combattre cette anxiété. Après tout ce qu'il avait perçu ce soir, il serait difficile de le persuader de l'inverse. Le jeune homme s'était clairement montré mal à l'aise depuis qu'ils étaient arrivés. Il semblerait qu'il se soit trompé quelque part...

Bien sûr que c’était un compliment ! Franchement, il avait pas idée de comment on avait pu le traiter par le passé. Et en fait, c’était mieux qu’il en sache rien. Silène sourit juste en acquiesçant. C’était vraiment un compliment. Il appréciait vraiment bien Octave. Même s’il était un peu dérouté par leurs différences. Au fond, c’était pas si grave qu’il ait échappé à Britney Spears, non ? Et puis, ils n’allaient pas se marier non plus. Il s’en faisait trop pour rien. C’était ce dont il essayait de se persuader plus ou moins. C’était toujours assez compliqué de chasser ces petites voix qui essayaient de le persuader qu’il n’avait aucune valeur et qu’il faisait toujours honte aux autres.

L’étudiant eut un léger rire en entendant que le géant se laissait guider. Heureusement qu’il n’avait pas une trop mauvaise mémoire. Ils auraient eu l’air de quoi en atterrissant dans la baignoire ? Franchement ? Mais il ne se trompa pas de trajet, retrouvant la chambre qu’il avait déjà visité une première fois. Et les souliers ôtés, c’est sur le lit qu’il se retrouva. Damn, son lit était autrement plus confortable que celui de sa chambre étudiante. Silène ne se fit pas prier pour un nouveau baiser, ses mains se promenant sur la chemise d’Octave, bien décidées à passer en dessous… Jusqu’à ce qu’il se décale. Ah… Mince… Il avait fait un truc de mal ? Il regarda Octave un peu étonné, mais le laissa se reculer. Hm… Oui, ils avaient bu, et oui, il était tard, jusque là, pas de grande nouvelle. En même temps, la fois d’avant, ils n’étaient pas arrivés plus tôt ici, et dans un état bien moins honorable alors… Silène fronça un peu les sourcils. Il laissa sa tête tomber sur le coussin qui était bien placé pour le plus grand plaisir de son auguste nuque.

Le regard bleuté du plus jeune ne perdait rien des expressions d’Octave et il était quelque peu… surpris ? Perdu ? C’était vraiment, le type le plus correct qu’il ait pu croiser dans un lit. Vraiment. Il sourit doucement. C’était vraiment trop adorable. Et quelque part, ça touchait un peu plus Silène que ce qu’il voulait bien avouer.

“Je veux bien… Mais je te préviens, on est pas assez ivre pour que je sois pas chiant en dormant… Si je me mets à te parler cette nuit, je décline toute responsabilité…” plaisanta-t-il à voix basse, avec un sourire touché.

En fait… C’était probablement mieux qu’ils n’aillent pas plus loin tout de suite. Après tout, Silène n’aurait pas aimé qu’Octave croie qu’il se forçait pour lui, ou quoi que ce soit de ce genre. Il embrassa Octave, assez chastement. Il était reconnaissant de son attitude. C’était vraiment… Un chic type. Il se redressa un peu pour retirer sa chemise, et son pantalon. Parce que dormir en costume, hors de question. Il les envoya sur une chaise un peu plus loin dans la chambre et se rallongea.

“T’es vraiment le type le plus correct que j’ai croisé…” murmura-t-il à Octave quand ils furent rallongés côte à côte. “Et oui, c’est un compliment…”

Il eut un petit rire, et se rapprocha un peu d’Octave. Se calant contre lui.

“Je suis un pot de colle aussi quand je dors avec quelqu’un… Tu pourras le supporter ?”

Pour se faire pardonner il déposa quelques bisous dans le cou du grand brun. Posant sa tête sur son épaule, se nichant contre lui. Il se sentait en sécurité tout contre lui. Il était bien là. Et c’était peut-être la meilleure façon de commencer l’année, cette douceur. Peut-être que cette année ne serait pas sous le signe des abandons répétés ?

Silène ne tarda pas à s’endormir. Et contre toute attente, il ne fit aucun cauchemar, ne parla pas pendant son sommeil. Il fut juste un peu collant, mais il avait prévenu pour ça, non ? Ses bras étaient restés collés à Octave, sa tête se posant là où elle pouvait sur lui, snobant ce coussin pourtant si confortable, quelle honte.

Et puis, il se réveilla, ouvrant péniblement les yeux. Il n’avait même pas la gueule de bois. Il était quand même un peu surpris d’ouvrir les yeux la tête sur une épaule. Avant de refaire le fil de la soirée de la veille. Et… Il ne put s’empêcher de sourire. C’était vraiment le plus charmant des hommes. Il resta immobile, à écouter le souffle et le coeur d’Octave sous son oreille. Il ne leva la tête que lorsqu’Octave commença à bouger, lui offrant un sourire radieux.

“Salut toi…” murmura l’étudiant. “J’espère que je t’ai pas trop embêté… J’ai le droit de me faire pardonner ?”

Il se releva un peu, se penchant sur l’homme, l’embrassant avec envie. Ils avaient pris la décision de ne pas faire ça hier, tard, et sous l’effet de l’alcool. Mais là… Silène était tout à fait sûr de vouloir profiter de ce matin aux côtés d’Octave…

Dormir, c'était pour le mieux, même s'il aurait bien fini la soirée autrement. Dans ces conditions, il ne se voyait pas prendre son pied avec Silène, après l'avoir vu dans un état pareil. Et de toute façon, il n'en aurait même pas vraiment eu envie. Ils n'allaient quand même pas se forcer tous les deux pour faire plaisir aux conventions sociales, hein...

"Je n'aurai pas de scrupule à te réveiller pour te faire taire dans ce cas !"

Il lui fit un clin d'oeil et se leva, fit un aller express dans la salle de bain pour ôter ses vêtements et se brosser les dents -l'hygiène buccale, c'est important même le premier de l'an, nonmaisho-. Et revint s'allonger, lui aussi en sous-vêtement, aux côtés de Silène. Il eût un petit rire à sa remarque. C'était bien la première fois qu'on lui faisait ce compliment là.

"Je pense pouvoir supporter ça."

Il attrapa le visage du poufsouffle pour l'embrasser doucement et cala sa tête sur l'oreiller, laissant Silène s'installer comme il le souhaitait. Ce n'était pas très habituel d'avoir quelqu'un dans son lit, encore moins d'aussi rapproché mais ça lui faisait du bien, à lui aussi. Il appréciait et ne fit rien pour repousser le plus jeune, calant même sa tête contre la sienne. C'est dans ces moments-là qu'il se rendait compte que la solitude lui pesait, plus qu'il ne voulait l'admettre. Mais il ne finirait pas sur des idées sombres. Et sur des réflexions bien inappropriés pour un début d'année. Chassons ces idées là. Et bien vite, il trouva le sommeil lui aussi.

Un peu dans la brume, il s'éveilla en sentant un mouvement à ses côtés. Et mit une petite seconde à se souvenir qu'il n'était pas seul et à recoller les évènements de la soirée. Octave ouvrit les yeux et sourit à son invité, à l'air bien plus éveillé que lui. Il s'étira de tout son long en baillant.

"Bonjour Silène. Bien dormi ?"

Il leva un sourcil, surpris de tant d'entrain de bon matin mais partagea le baiser bien volontiers.

"Tu ne m'as pas embêté mais si tu penses avoir quelque chose à te faire pardonner..."

Il étira son bras à nouveau puis le ramena pour le glisser dans les bouclettes du poufsouffle. Et il se redressa un peu pour s'emparer de ses lèvres à nouveau et les mordiller. Avant de réaliser que Silène n'était pas loin de lui grimper dessus. Quoi, c'était ça dont il parlait ? Là maintenant ? Tout de suite ?

Oui mais... c'était tentant mais...
Octave repoussa le poufsouffle avec délicatesse. Autant, la veille, un peu alcoolisé et dans la continuité des évènements, c'était envisageable. Mais là ? Non, sûrement pas comme ça. Il n'avait pas été élevé chez les cochons. Avant toute chose, il fallait...

"Je crois qu'il me faut une douche d'abord. Tu veux m'y accompagner ?"

Parce qu'il ne pouvait pas envisager autre chose tant qu'il n'avait pas l'impression d'être propre. Mais ce n'était pas une raison pour ne pas en faire un moment agréable pour tous les deux... Il glissa ses pieds hors de la couette puis du lit et se leva, avant de tendre la main à Silène pour l'inviter à le suivre. La salle de bain donnait directement sur la chambre. Bien pratique pour passer de l'un à l'autre et inversement. Octave se débarrassa de son boxer et laissa Silène faire de même avec ses sous-vêtements avant d'allumer la douche. Voilà. Avec de l'eau chaude et du savon, tout de suite, c'était mieux. Il se savonna rapidement puis s'occupa de Silène, profitant du prétexte de l'aider à le laver pour le caresser sur l'omoplate, dans le dos, dans la nuque, déposant des baisers ici et là. Et lorsqu'ils furent tous les deux propres et bien en forme, ils sortirent de la douche, Octave attrapa sa baguette et les sécha tous les deux avant qu'ils ne retournent dans le lit -parce que mouillé c'est pas agréable-. Cette fois, plus d'obstacles et ils roulèrent tous les deux sur et sous la couette, rattrapant le bon temps qu'ils n'avaient pas pris avant de dormir. Le matin, c'était tout aussi bien. Quelle meilleure manière de commencer une journée et une année ?

Ah oui, un bon petit déjeuner. Octave laissa tout de même traîner le moment, s'allongeant aux côtés de Silène une fois tous deux comblés. Rien ne pressait, c'était ferié aujourd'hui, ils avaient bien le droit de traîner un peu. Ce n'est que lorsque son estomac se mit à grogner qu'il se décida à capituler et se lever. Cul nu, il alla chercher un boxer propre dans la salle de bain et en profita pour enfiler un pantalon, avant de sortir de la chambre.

"Des œufs brouillés, ça te va ? Tu bois quoi ?"

Il n'était pas le meilleur cuisinier mais pour les choses simples, il se débrouillait très bien. Et en un rien de temps, une jolie table était dressée, le pain installé sur la table, tranché et grillé, les pots de confiture, miel et autres sucreries étaient disposées autour, prêts à être dévorés. Tout pour que son invité apprécie ce moment.

S’il avait bien dormi ? Comme un bébé. Et c’était assez rare pour être notable. Sans doute que ça le rassurait de pouvoir de coller à quelqu’un ? Cela chassait les cauchemars ? Franchement, si c’était le cas, il allait demander à dormir toutes les nuits ici !

“Rudement bien, oui ! Je penserai à revenir après quelques insomnies !” plaisanta-t-il amusé.

Et aussi quand il serait en manque de tendresse, parce que vraiment, Octave était vraiment un amant des plus agréable et attentionné. Vraiment, c’était bizarre qu’il soit encore seul en étant un si bon parti. C’était vraiment étonnant. Enfin, ça arrangeait plutôt Silène ! ça lui donnait l’opportunité de passer le meilleur début d’année depuis longtemps… Sous l’augure des baisers et plus si affinités.

Ah ? Non ? Silène haussa un sourcil. Octave lui en voulait encore pour son coup de mou de la veille ? Hm ? Oh. Une douche. La tension qui était monté d’un coup en Silène s’évapora. Il eut un petit rire. Il n’était pas contre la douche. C’était même une bonne idée !

“Ce serait impoli de ma part de ne pas accepter un coup de propre !”

Et puis, c’était inattendu… Il aurait plutôt tendance à prendre sa douche après les galipettes, mais après tout, rien n’empêchait de prendre deux douches dans la journée. Le petit brun -oui, sous les colorant, il est brun- prit la main tendue en riant. C’était amusant vraiment. Il se laissa frotter le dos et ne put s’empêcher d’apprécier ce moment de complicité, ne manquant pas de rendre la pareil à son hôte, lui massant un peu le dos en lui faisant mousser le savon. Il était trop grand pour qu’il puisse lui faire les bisous dans la nuque… Damn. Beaucoup trop grand. Mais ça lui donnait aussi du charme. ça et sa prévenance. Il avait vraiment rarement eu amant si attentionné. Est-ce que ça voulait dire que ses amants avaient été de vrais connards ? Ouais, probablement une majorité.

Ils s’étaient retrouvés dans le lit, et même s’il n’avait rien à se faire pardonner, Silène avait tout donné à son amant. En même temps, c’était dans sa nature d’être toujours très passionné. Il avait plus qu’apprécier cette ouverture de matinée en tous cas. Et quand ils s’étaient retrouvés tous les deux allongés et comblés, il avait continué d’embrasser doucement Octave. Le câlin était aussi des plus appréciable. Il laissa néanmoins Octave se lever quand son ventre criait à l’aide.

“Hm, du café ? Ou un jus d’orange ? Et oui, c’est parfait ! T’en fais pas, je mange pas beaucoup !”

Il se leva ensuite, repassant furtivement par la salle de bain… Il attrapa sa baguette pour donner un coup de propre à ses vêtements aussi avant de les remettre. Enfin, le boxer et le pantalon, parce qu’il avait la flemme de s’engoncer dans sa chemise. Il arriva dans la salle à manger, s’étirant un peu avant de s’asseoir à la table qui lui arracha un sifflet d’admiration.

“Eh bha… Je vais me prendre pour un roi après ça !”

Il était vraiment touché, et un peu dérouté par toutes ces attentions. Il avait clairement envie de s’habituer à ça… Oh non, te mets pas à penser ça, Silène, et arrête de le regarder comme ça. Oh, non, par tous les dragons, non. Regarde cette tranche de pain de mie. Ouais, c’est ça, et le miel. Allez.

“C’est parfait, vraiment…” avoua-t-il en souriant à Octave.

Il se mordit la lèvre. Il avait une question qui lui brûlait les lèvres. Oh et puis zut.

“J’ai un traitement de faveur, ou tous tes invités sont traités comme ça ?” demanda-t-il d’un ton un peu taquin.

En vrai, il se demandait juste si c’était le moment de demander quand ils remettaient ça… Ou s’il allait se faire envoyer paître… Il appréciait un peu trop le géant mélomane… Valait sans doute mieux qu’ils se revoient pas, ou il allait vraiment s’attacher… Et… Raaah.

Un bon petit déjeuner, c'était on ne peut plus normal pour débuter une nouvelle année ! Rien de fou à ça, il le faisait d'ailleurs autant pour lui-même que pour Silène. Pour une fois qu'il avait un invité, c'était l'occasion de prendre son temps et faire un peu mieux que les toasts habituels qu'il se faisait en quatrième vitesse, pressé par le temps.

Octave sourit, amusé de l'admiration du plus jeune. Ca n'était rien d'extraordinaire non plus à ses yeux. C'était juste un peu mieux préparé et avec un peu plus de temps et d'ingrédients.

"Oh, ce n'est pas le si grand luxe. Je n'ai pas de caviar à te proposer. Ni même de saumon fumé ou de charcuterie..."

C'est qu'il n'avait pas vraiment prévu qu'il finirait la soirée chez lui avec un invité et encore moins que ce dernier resterait dormir. L'homme qu'il était supposé rencontrer ce soir-là... il n'avait pas fait de plans sur la comète à propos de ce repas arrangé. Et c'était pour le mieux. Mais s'il avait su... Le petit déjeuner aurait eu une toute autre allure et la table aurait été bien plus garnie. Finalement, ce n'était pas plus mal qu'Octave n'ait rien vu venir...

Il apporta à table le café une fois ce dernier moulu et passé et deux grands verres de jus d'orange vinrent se poser à table sitôt les oranges pressées.

"Merci. Et bon appétit !"

Lui, il ne se fit pas prier pour s'installer à table, attraper un toast et le tartiner avant de l'entamer avec envie. C'est que ce début de matinée lui avait ouvert l'appétit. Et qu'il était d'excellente humeur. Après une bonne nuit de sommeil, une bonne douche et tout le reste, comment ne pas l'être ? Ainsi, c'est avec un sourire espiègle qu'il accueillit la question du jeune homme.

"Seulement ceux qui viennent passer la nuit du 31 ici et me demandent de jouer du piano !"

Il ne plaisantait qu'à moitié, finalement. Même s'il appréciait la présence du jeune homme, il n'en était pas à le cibler particulièrement lui plutôt qu'un autre. Ils ne se connaissaient pratiquement pas, finalement et même si la soirée de la veille lui avait permis d'entrevoir certaines choses -des fêlures intéressantes derrière l'image qu'il se donnait, notamment, ils restaient à ses yeux pratiquement des inconnus, l'un pour l'autre.

"Pour être honnête avec toi, c'est rare que j'aie des... invités."

Ou des plans cul. Appelez ça comme vous voudrez. Le dernier en date était Loïs, quelques mois auparavant. Mais l'animagus n'était pas resté dormir. Alors la dernière fois qu'il avait préparé le petit déjeuner pour deux ? Ça datait peut-être de ses années à Paris... Il soupira. Ne pensons pas au fiasco de sa vie sentimentale des dernières années. Ca n'était pas une bonne idée.

"Tu me chanteras quelque chose, avant de partir ? Autre chose que mes vieilles chansons françaises..."

Il lui demanda, autant pour changer radicalement de sujet que parce qu'il était curieux. C'est que la veille, il était un peu préoccupé par l'état de Silène et n'avait pas pu apprécier son talent. Et puis il n'avait pas dû choisir la meilleure des chansons pour lui...

Franchement, c’était déjà parfait comme ça. Il y aurait eu du caviar, ça aurait fait trop ! Il faut savoir se contenter des petits plaisirs. Et puis, il n’aurait pas su faire honneur à de la charcuterie ou du saumon, là. Il avait encore le repas d’hier en mémoire, et pour quelqu’un qui mange peu -euphémisme-, faire deux énormes repas, c’était impossible.

“Oula, caviar au petit déjeuner ? Heureusement que t’as fait simple…” rigola-t-il. “Franchement, j’aurai pas réussi à faire honneur à plus ! J’ai déjà mangé comme dix hier… Si je continue comme ça, je peux dire adieu à mon corps d’Appolon…”

Il avait pris une pose théâtrale sur sa chaise, montrant sa taille de guêpe. Mais ça ne l’empêcha pas de prendre un toast de pain, et de le couvrir de miel. Il avait tendance à préférer le sucré au petit déjeuner. Souvenir des tartines pleine de confiture chez sa grand-mère. Assis à la table, il ne savait déjà plus où donner de la tête devant tout ce qu’il y avait. Il se concentra sur sa tartine, et sur le café.

“Bon appétit !” lança-t-il en français avant de croquer dans sa tartine.

Il était assez impressionné par l’appétit de son amant. Et en même temps, hier, au restaurant, il avait bien mangé double retion de dessert sans trop de mal après un plat copieux. Définitivement, ils n’avaient pas le même rythme alimentaire ! Et probablement pas le même rythme tout court… Silène tirait peut-être des conclusions hâtives, mais à l’entendre, ce n’était pas souvent qu’il avait des “invités” dans son genre. Quelque part… Silène en était un peu content. Son sourire s’agrandit un peu, alors qu’il s’empressait de boire un peu de café, histoire que son contentement ne soit pas trop ostentatoire. Et puis, il fallait pas qu’il se fasse d’illusions non plus, il n’était que de passage ici. Même s’il ne faisait pas honte au grand brun selon ses dires, ils ne fonderaient pas une famille ou quoi. Fallait pas se faire des plans sur la comète.

“Alors j’ai de la chance d’avoir été invité !” se permit quand même le plus jeune.

Parce qu’il n’allait pas cacher qu’il appréciait de passer du temps avec lui ? Au fond, c’était pas un drame qu’il aime bien le pianiste, si ? Il finit de manger son toast et son café, s’arrêtant à ça pour la nourriture, préférant boire avec lenteur le jus d’orange. Et il eut un sourire à la proposition d’Octave. Chanter pour lui ? Oh s’il n’y avait que ça pour lui faire plaisir !

“Oh avec plaisir ! Mais seulement si tu me rejoues du piano !”

Quoi ? Autant négocier pour passer un peu plus de temps avec lui… Il était bien là, maintenant que ses doutes s’étaient un peu dissipés, autant en profiter. Il termina son verre de jus d’orange, et se leva pour aller à son manteau, et fouiller dans sa poche pour trouver son téléphone portable

“Je vais regarder si j’ai pas une version instrumentale sur youtube pour pas chanter a capella !” lança-t-il au grand brun, puis se stoppa pour le regarder avec un sourire amusé. “Tu sais quand même ce que c’est youtube ? Rassure-moi… Sinon, je vais devoir te faire toute ta culture en technologie moldue… Vraiment, le monde sorcier a beaucoup de choses à apprendre niveau communication !”

Il alla s’asseoir à côté du géant, lui montrant son téléphone, lui expliquant comment ça fonctionnait -sommairement, Silène n’avait pas une connaissance approfondie en informatique ou en téléphonie-. Hey, il allait même pouvoir lui montrer des clips de musique moldue s’il voyait qu’Octave n’était pas trop récalcitrant… Enfin, d’abord, il allait lui chanter quelque chose… Britney Spears, oui, mais il allait commencer par une adaptation, histoire de ne pas trop secouer les références du sorcier à côté de lui. La version de Yael Naim serait mieux… Il ne tarda pas à trouver une version instrumentale, et posa le téléphone sur la table, s’échauffant un peu la voix avant de lancer la musique.

C’était une version lente, assez sensuelle. Il ne l’avait pas choisie au hasard. Et son regard pour Octave collait tout à fait aux paroles… Et le naturel théâtral de Silène joint à son interprétation un langage corporelle évocateur, ses mains glissant sur le bras d’Octave avant qu’il ne se lève pour chanter aux oreilles du beau brun son addiction à ses lèvres… Oui, clairement, c’était une invitation à pecher à nouveau avec lui… Mais hey, c’était Octave qui voulait l’entendre chanter, non… Il termina sa chanson par quelques baisers dans le coup de son hôte.

“Alors ?” murmura-t-il à son oreille.

Il laissa ses mains glisser, et passa ses bras de part et d’autres de son cou, se collant contre le dossier de sa chaise, nichant sa tête au creux de son cou. Il aimait vraiment l’odeur d’Octave… Il se faisait la réflexion, là, le nez dans son cou...

La musique:

Les jours de congés avaient été rares ces dernières semaines et le seraient encore dans les temps à venir. Alors autant profiter de cette matinée au maximum. Surtout en bonne compagnie. Octave sourit, ravi que son invité accepte de chanter pour lui. Ca n'était pas dit qu'il connaisse ni apprécie la référence, vu leurs conversations de la veille à ce sujet. Mais il restait curieux d'entendre sa voix. Tout enthousiaste qu'il était, Octave se refroidit un peu lorsque Silène évoqua une technologie moldue. Son sourire s'envola, laissant place à un air presque neutre, se retenant de ne pas grimacer.

Urh. Il détestait ces technologies moldues. Ce qu'on devait bien vite comprendre en voyant son appartement. Nulle trace d'un ordinateur, d'une télévision ou de tout autre objet un tant soit peu technologique. Seule exception, un vieux poste de radio, qui prenait la poussière dans un coin. Le reste, il y était plus réfractaire qu'une grand-mère moldue. Et pratiquement pour les mêmes raisons, d'ailleurs. Octave avait besoin d'avoir le contrôle sur ce qui l'entourait et de ne pas se sentir largué. Et ces technologies là, elles le dépassaient totalement. Il n'aimait pas ce qu'il ne maîtrisait pas.

"Je ne suis pas tellement friand de ce genre de technologies."

Et c'était dit avec pas mal de diplomatie. Mais on n'allait pas ruiner une si belle matinée pour ça, n'est-ce pas ? Alors il écouta, avec un semblant d'attention, quand Silène lui montra son petit bijou de technologie. Il tenta de camoufler en partie sa réticence. Il avait bien compris que c'était un sujet sensible chez Silène. Et il ne le changerait pas ce matin-là. Ni aucun autre d'ailleurs, il n'en avait pas l'intention.

Heureusement, il se montra un peu plus enthousiaste quand Silène commença à chanter, après avoir fait jouer une instrumentale en fond. Il aurait préféré l'accompagner lui-même. La musique enregistrée manquait vraiment d'authenticité et de charme à ses oreilles. Mais il ne dirait rien. Et puis bien vite, il fut happé par l'interprétation de Silène. Sa voix était douce, agréable. Mais c'est surtout la chorégraphie qui l'accompagnait qui le cloua sur sa chaise. Il frissonna alors que le plus jeune lui fredonnait les mots à l'oreille. Ca n'était plus une performance, c'était carrément une invitation à la luxure, là... Ce n'était pas tout à fait ce qu'il avait en tête. Mais ça le laissait bien plus enthousiaste que les technologies moldues, sans l'ombre d'un doute. Il le laissa faire, soupirant d'aise lorsqu'il vint déposer des baisers dans son cou.

Alors ? Il tourna la tête, voulant se rapprocher du bouclé. Mais le dossier de la chaise l'en empêchait. Il grogna et se releva. Pour attraper le bras de Silène et l'embrasser, longuement. Il venait de se faire allumer pendant quelques minutes, ça demandait réparation !

"Je ne me savais pas toxique !"

Finit-il par murmurer en lâchant ses lèvres. Il ne s'attendait surtout pas à quelque chose de si rempli de sous-entendus et si sensuel. Rappelons que la veille, ils avaient chanté du Charles Aznavour. Pas tout à fait le même registre.

"Tu as une jolie voix. Et un talent pour l'interprétation !"

Ne parlons pas de talent d'acteur, pour Octave, c'était sacré et on n'allait pas relancer de l'huile sur le feu. Enfin.. ça dépendait quelle huile et quel feu. Parce qu'il y en avait un qui était bien allumé, là. Et qui ne comptait pas lâcher Silène d'un centimètre. Ce serait d'autant plus difficile de résister à la tentation qu'ils n'avaient que peu de vêtements sur eux. Un pantalon était si vite enlevé. Et une main si vite glissée sous la ceinture, sur les hanches...

Il ne fallut pas longtemps pour qu'ils retrouvent le chemin de la chambre. Alors oui, si on parlait d'une matinée improductive, c'en était bien une. Mais on ne pourrait pas dire qu'il n'aurait pas profité de sa matinée. Et apprécié son invité comme il se devait. Il profita du calme un instant, une fois tous deux rassasiés une fois de plus et les quelques sorts de nettoyage lancés. Peut-être s'était-il assoupi un instant à nouveau. Les cloches le tirèrent de ses songes alors qu'il somnolait, Silène dans ses bras. Déjà midi ? Il soupira longuement et s'étira avant de se lever. Bien. La matinée, c'était une chose mais ils n'allaient quand même pas passer la journée au lit !

"Ok. Tu voulais un dernier morceau de piano pour la route, c'est ça ?"

Proposa-t-il en se relevant et en enfilant ses sous-vêtements. Puis son pantalon et même une chemise. Pour ne pas se laisser tenter à nouveau de tout enlever, peut-être...

Visiblement, Octave n’était vraiment pas féru de technologie moldue… Il ne savait vraiment pas ce qu’il ratait ! Et Silène n’avait pas envie d’insister. Pas maintenant du moins. Ils passaient un trop bon moment pour relancer un débat où personne ne convaincra l’autre et où tout le monde finirait contrarié. Silène n’était pas dupe, ils avaient des oppositions probablement trop ancrées en eux pour que quoi que ce soit ne change dans leurs opinions. C’était bien mieux de chanter… Et d’attiser leurs atomes crochues. A quoi bon s’attarder sur leurs désaccords ? Il y avait un domaine où vraiment, ils n’avaient aucun mal à s’entendre… Sang-Pur ou non. Et ça, Octave l’avait bien compris lui aussi.

Silène ne bougea pas, protégé par le dossier de la chaise. Oui, c’était amusant de sentir la frustration du grand brun. Pour mieux la balayer ensuite… Il se laissa quérir et s’offrit en ce baiser. Diable que ces baisers étaient grisants et électrisants. Il aurait pu l’embrasser à longueur de temps. Il eut un petit rire quand l’autre commenta les paroles de son chant de luxure.

“C’est une licence poétique… Disons qu’addictif serait plus le mot…” souffla-t-il avec un sourire charmeur. “Merci, c’est ce que dit le public aussi…”

Il enroula ses bras autour du cou d’Octave, appréciant leur rapprochement. Il se laissa entraîner vers la chambre, sans rechigner. Après tout, il fallait bien éliminer les calories de ce copieux déjeuner, non ? Et puis, Silène savait qu’il n’aurait pas droit tous les jours à pareil traitement, autant en profiter au maximum. La nuit prochaine serait bien moins agréable, et bien plus solitaire…

Il resta lové contre le géant, même après leurs ébats. En fait, c’était peut-être le plus agréable. De retrouver ces sensations douces, cette sensation de sécurité. Cela lui manquait. Cela faisait déjà plusieurs mois que Rufus était parti mais… Il ne s’était que rarement autorisé de rester après s’être encanaillé. De peur de trop apprécier ce moment. Il n’avait pas tort de se méfier de lui-même. Il n’y avait qu’à voir comme il se sentait bien à cet instant. Et comme ce serait dur de partir… Il se leva à regret quand Octave le fit.

“Oh oui ! Celui que tu veux ! Un très long !”

Comme ça je reste un peu plus longtemps avec toi… Il se rhabilla, et alla s’installer à côté du pianiste, s’amenant une chaise pour laisser plus d’espace à Octave. Il apprécie la musique. C’était vraiment terriblement agréable de l’écouter jouer. D’observer ses mains sur le piano et son air concentré. Mais toute bonne chose a une fin non ? Et puis, Octave avait peut-être d’autres obligations… Il ne voulait pas l’envahir de sa présence. Il était temps pour lui de partir. C’était le deal. Un morceau de piano, et il partait.

Il enfila son manteau, mais avant de partir, il se permit d’embrasser le géant une dernière fois.

“Si jamais tu veux un concert privé, tu peux me dire… Je te dirai bien de m’envoyer un sms, mais le hibou, c’est bien aussi… Bonne année Octave, à bientôt…” lui souffla-t-il taquin avant de transplaner.