I need a favor [Loïs & Octave]

La tentative d'assassinat avait laissé plus de marques qu'Octave ne l'aurait soupçonné. Chez Talulah, et c'était bien normal. Mais chez lui, aussi. Plus d'une fois, il avait sursauté, dans son appartement, lorsque le parquet s'était mis à grincer ou qu'un craquement s'était fait entendre. Il en avait mal dormi pendant deux nuits, aux aguets, baguette sous l'oreiller. Ce qu'il craignait ? Que le mari de Talulah découvre la vérité et qu'il le fasse assassiner à son tour. Les sortilèges de protection qu'il avait lancés sur son appartement ne tiendraient qu'un temps. Il se doutait que si James Schwartz le décidait, il trouverait un autre moyen. Au théâtre, par exemple. Il était bien obligé d'y baisser sa garde, sous peine d'affoler tous les spectateurs. S'il avait toujours sa baguette sur lui, il ne pouvait pas la garder à la main.

Plus les heures passaient et plus il songeait qu'il avait fait une bêtise. Il n'aurait pas dû interrompre la mission de Jinx. Rien ni personne n'aurait pu remonter jusqu'à lui. Il la savait intraçable et efficace. Sa culpabilité et son empathie auraient sa peau. Ça faisait déjà deux représentations qu'il passaient à scruter la salle, anxieux d'y reconnaître le visage vaguement familier de James Schwartz. L'idée de se retrouver face à face avec lui devenait petit à petit son pire cauchemar. Il fallait faire quelque chose. Il commençait à entrevoir plusieurs solutions, qui pourraient partiellement résoudre son problème. Et qui cette fois ne comportaient pas d'assassinat. Normalement -même si la joueuse a bien suggéré l'idée pour James, en vain-. Cette nuit, après la fermeture du théâtre, il avait rendez vous dans une arrière boutique de l'allée des embrumes pour mettre certaines choses au point.

Ce qu'il n'attendait pas, en scrutant la salle, c'était de voir un autre visage familier. Loïs Valentine. Accompagné de Valma, bien évidemment. Il ne pensait pas le revoir par ici un jour. Ça faisait depuis l’inauguration qu'il ne l'avait pas vu. Octave avait bien pensé à lui quelques fois. Il n'aurait pas été contre un peu  de compagnie, ces derniers temps. Mais maintenant qu'il était fiancé, c'était impensable de lui envoyer un petit mot...

Alors comprenez son étonnement, lorsqu'à la sortie de la pièce, au moment de saluer les spectateurs, Loïs profita d'une poignée de main pour lui glisser un petit mot. C'était une pratique habituelle, lorsqu'il s'agissait de graisser des pattes, de glisser une note ou quelques billets. Loïs était habile à la manœuvre et les deux n'en laissèrent rien paraître. Mais Octave n'en était pas moins surpris. Il termina les mondanités, le mot glissé dans sa manche  jusqu'à ce que la salle se vide. Et profita d'un petit tour dans son bureau pour lire la petite note. C'était sobre. Mais il comprit qu'il aurait de la visite tout à l'heure, chez lui. Bien. Ça n'était pas tellement au programme. Mais ça ne se refusait pas. Et quand bien même, il n'avait pas droit de réponse, il semblerait. Octave salua la troupe et ses collaborateurs et passa dans la réserve attraper une bouteille de vin avant de transplaner chez lui.

Il eût le temps de prendre une bonne douche, de remettre de l'ordre dans ses affaires et de mettre la bouteille au frais avant qu'on ne frappe à la porte. Baguette à la main -on n'est jamais trop prudent-, Octave jeta un œil au judas avant d'ouvrir.

"Entre, je t'en prie."

Il avait pris la peine de se rhabiller, un pantalon et une simple chemise, un peu plus sobre que ce qu'il portait au théâtre. Il n'allait pas accueillir Loïs en serviette quand même, un peu de décence -quoi que la joueuse y avait songé-
Octave lui fit signe d'entrer et referma la porte derrière eux. Avant de se tourner vers son invité, avec un sourire.

"Qu'est-ce qui t'amène ? Je te sers quelque chose ?"

Il avait déjà sorti les verres et la bouteille, prêt à servir tout ça. Et assez curieux de savoir ce qui lui valait l'honneur de cette visite. Est-ce que Loïs Valentine s'ennuyait et cherchait de la compagnie ? Ou il y avait-il autre chose ?

Plus le temps passait en sa compagnie, moins Loïs comprenait sa future fiancée. Il l'avait vue capable d'être passablement moins glaciale, pourtant ! On ne pouvait pas vraiment dire agréable, mais en compagnie de certains (certaines, dira la joueuse) elle avait été polie et capable de parole, merde. Alors pourquoi, alors qu'il se trouait le cul à trouver des activités qu'elle pouvait apprécier, et de qualité aussi, n'arrivait-il à rien avec elle ? Ca n'avait pas de sens. Loïs Valentine était passé maître dans la séduction. De TOUT le monde. Ca n'était pas une vague Sylvanet qui allait être le début de la fin pour lui, quand même. Mais force était de constater qu'une pièce de théâtre en sa compagnie n'allait pas aider en sa faveur. Ni parler de littérature, et pourtant il s'était renseigné sur ses goûts pour avoir des points en plus. Ni lui ramener sa boisson préférée. Damn. Il allait finir par vraiment se déclarer vaincu.

Au moins, la pièce était intéressante. Ca manquait de danse à son goût, mais elle alliait la modernité au classique qui était joué et Loïs put reporter son attention dessus et non sur l'échec cuisant de son couple imposé. Le temps de la représentation en tout cas. Et puis, la frustration revint. Il savait qu'il allait encore passer la soirée énervé, et il ne pouvait pas faire QUE finir les bouteilles de sa cave avec du caviar ou des fraises, ou se taper l'Auror au sang Impur du coin ! Heureusement, une excellente alternative se présenta à lui en la personne d'Octave. Il n'aurait pas pensé le voir ce soir. Pour la simple et bonne raison qu'il n'avait pas du tout caché sa présence, et qu'il avait l'impression que ce dernier n'avait pas vraiment envie de faire coucou à sa cousine. Encore moins depuis qu'ils étaient fiancés -et qu'il se tapait le fiancé, bon, sans doute aussi un peu. L'idée germa bien vite. Peut être qu'elle avait un côté déjà vu, mais on n'allait pas se plaindre tant que ça marchait, hein.

« C'était un vrai régal, Octave. A bientôt j'espère. »

Il avait dit en serrant sa main entre les siennes, glissant ce petit papier comme il l'avait fait un nombre incalculable de voit (et avec les galions c'est moins faciles, ok ?). Puis il rejoint Valma pour des au-revoir aussi froids que d'habitude, et repassa par chez lui pour se changer.


Il était apparu sur le plancher d'Octave et avait dévêtu sa cape d'invisibilité qu'il venait tout juste de se procurer au marché noir. On esquive les emmerdeurs comme on peut, hein. Il se tenait, ces derniers temps, mais la vie d'un homme rangé ne lui réussissait pas. Il allait devenir barge si on ne le laissait pas s'amuser un minimum, surtout si en plus on le surveillait sans cesse. Ca, ou il trouverait des façons de déroger à la règle jusqu'à ce que ça lui coûte quelque chose. Octave lui avait ouvert, et il sentait déjà bon. Loïs n'avait jamais tellement saisi ce qu'il avait avec les règles d'hygiène, celui là. Il collectionnait un bon paquet de TOCs et il était tellement coincé quand il ne s'agissait pas de se grimper dessus. Parce que dans ces moments là, c'était un tout autre homme. Et c'était celui là que Loïs voulait voir ce soir. A peine la porte fermée derrière lui, il avait réduit les distances entre eux et était venu ronronner contre sa clavicule.

« Peut être plus tard. »

Et il attaqua ses lèvres en se réchauffant à une vitesse alarmante. Ils laissaient les tanins du vin s'exprimer, comme ça, tandis qu'il lui sautait au cou les cuisses autour de sa taille pour qu'il l'emmène quelque part de plus practicable pour ce début de soirée.

Après quelques nuits sans dormir, le directeur de théâtre n'était pas au meilleur de sa forme. Yeux cernés, traits tirés, il n'en accueillit pas moins la présence de l'animagus avec plaisir. Finalement, peut-être aurait-il pu le recevoir en serviette. Voir sans serviette. Octave ne s'attendait pas à le trouver si ... prompt à faire fi de toutes les conventions, pour dire ça poliment. A peine la porte refermée, il s'était retrouvé pris d'assaut par l'animagus. Et un baiser torride plus tard, Loïs lui avait déjà grimpé au cou. Octave s'était calé contre le mur de l'entrée, un peu surpris d'autant d'entrain et de hâte. Bon. Le vin attendrait.

Octave repoussa un instant le visage de Loïs, le temps de le scruter et de s'assurer que tout avait l'air d'aller à peu près bien pour lui. Un grognement plus tard et il laissait leurs lèvres se joindre à nouveau. Il passa ses mains sous les cuisses de Loïs pour le soutenir et l'emmena jusqu'au piano (oups) pour l'y déposer. L'avantage de sa grande taille, c'est que ça mettait Loïs pile à la bonne hauteur pour l'effeuiller un petit peu plus, réchauffer leurs deux corps. Il ne faudra pas si longtemps avant qu'il ne l'incite à redescendre de là haut pour le retourner, le plaquer contre l'imposant instrument et sortir le sien (amis de la poésie bonsoir). Un petit accio fit venir de sa table de nuit tout le nécessaire. Le reste, je vous laisse deviner. On avait connu plus confortable mais que voulez-vous, le chemin jusqu'à la chambre avait semblé trop long à parcourir.

Ils étaient encore à moitié habillés et quelque peu trempés de sueur lorsqu'Octave vint prendre appui à son tour contre le piano, à bout de souffle. Il laissa sa tête partir en arrière et attrapa Loïs pour le serrer contre lui un peu plus longtemps. Rha. Sa baguette était tombée du piano sous les à-coups et avait roulé un peu plus loin. Le sol autour d'eux était jonché de partitions qui avaient volé les unes après les autres dans l'indifférence la plus totale. Il s'en préoccuperait plus tard. Un long soupir plus loin, Octave repoussa Loïs non sans avoir déposé un petit baiser sous ses cheveux humides. Et il remonta boxer et pantalon avant d'enjamber les partitions pour aller récupérer sa baguette. Quelques sorts de propreté plus tard et il se sentait déjà un peu mieux. Il retourna auprès de Loïs, attrapa l'une de ses mains puis s'empara de ses lèvres, un peu plus doucement.

"Et maintenant ?"

Maintenant, ils pouvaient s'en aller près du canapé, ils ne risquaient plus de renverser les verres... pour l'instant en tout cas ? Octave récupéra sa chemise, tombée au combat, et l'enfila sans prendre la peine de la fermer cette fois. Et il se dirigea vers le canapé pour enfin servir leurs deux verres. Il en tendit un à Loïs en l'invitant à s'asseoir si ça n'était pas déjà fait et prit place à ses côtés.

"Tu as aimé la pièce ? Ça me fait plaisir de te voir au théâtre !"

C'était bien la première fois depuis l'inauguration, il lui semblait. Ça lui faisait un peu moins plaisir de voir Valma. Et cette dernière ne s'était pas montrée plus enthousiaste à l'idée de voir son cousin que l'inverse. Mais au moins, elle ne semblait pas l'empêcher de continuer à pouvoir aller à droite à gauche en douce...

Octave, toujours aussi sérieux. Loïs n'allait pas laisser sa conscience (oui, il semblerait qu'Octave ait une conscience) tout gâcher ! Non, il n'allait pas bien. C'était justement la raison pour laquelle on se faisait plaisir en s'envoyant en l'air avec un bon coup de temps en temps, non ? Heureusement, l'autre homme n'hésita pas trop longtemps, et les fesses de Loïs retrouvèrent un certain piano (oups). Et il allait faire plus ample connaissance avec ce dernier, vu comme Octave était enjaillé par ses plaintes. Est-ce que c'était confortable ? Pas le moins du monde. Mais est-ce que son hôte le comblait au sens propre et figuré de toutes ses meilleurs attentions ? Oh que oui. A en faire des vocalises que le pauvre instrument n'avait pas encore connues jusqu'ici, jusqu'à l'accord final. Oui, moi aussi je sais faire de la poésie.

Il gratifia Octave de mots délicieux, alors qu'ils redescendaient tous les deux, profitant de l'excuse de ce moment pour se retrouver enserré dans ses bras et couvert d'attention (sisi). Puis il se rhabilla, récupérant sa propre baguette pour effacer les traces de leurs ébats contre ce pauvre piano, et repassant jusqu'à sa chemise. Qu'Octave garde la sienne ouverte, c'était plutôt une bonne idée.

« Je ne dirais pas non à un verre de vin... Qu'est-ce que tu nous as sorti ? »

Il demanda, soupirant d'aise en s'installant tel un pacha dans le canapé. Il ramena ses genoux plus pres de lui pour laisser de la place à son hôte, et finit par se remettre à la romaine.

« Plutôt oui, je ne m'attendais pas à tant de modernisme venant de ta part. »

Il taquina gentiment, portant le vin à ses lèvres. Il avait bon goût, ce con. Ca ne valait pas la cave de ses parents mais il n'y avait pas de quoi rougir. Il demanda s'il avait quelque chose à manger avec tout ça parce que l'exercice, ça creuse *wink wink* et il comptait bien se faire servir ce soir. Surtout qu'il était venu avec autre chose en tête que simplement s'envoyer en l'air. Mais quand même, ça aussi. Il s'agissait de se prouver qu'il n'était pas monogame, ni sage, on rappelle ! Loïs observe son hôte et amant en jouant avec le liquide dans son verre ballon, pondérant sur ce qu'il avait à lui annoncer.

« Pas que j'aie envie de gâcher cette délicieuse soirée en ta compagnie, mais je ne suis pas venu que pour tes talents corporels. »

Il trempe ses lèvres à nouveau, pour le suspens, puis pose le verre sur la table basse pour reprendre.

« J'ai parfois les oreilles qui traînent, tu t'en doutes, à force d’arpenter les couloirs du ministère, Caesar oublie parfois qu'il n'a pas graissé la patte de tout le monde et il a tendance à parler un peu fort quand il a un coup de Whisky pur Feu ou deux derrière lui. »

Il faisait mine de ne rien lui apprendre de si spécial, attendant sa réaction, et d'avoir toute son attention avant de continuer. Caesar n'en avait apparemment pas assez d'avoir récupéré la fiancée et le poste d'Octave, il en avait à présent après son théâtre et sa réputation. Et autant, la dernière, Loïs s'en carrait pas mal, autant le théâtre... c'était sacré ! Ou peut être bien qu'il se liait d'amitié avec l'homme grâce aux souvenirs de jeunesse partagéé et aux nouveaux souvenirs aussi, qui sait. Quoi qu'il en soit, plutôt qu'un arriviste aux dents longues, il préférait se ranger du côté de celui qui pouvait lui devoir une faveur plus tard. Et on sait tous qu'Octave aime devoir des faveurs aux gens, pas vrai.

« J'ai pensé que tu aimerais être au courant. »

Il conclut, glissant ses pieds sous les cuisses de l'autre pour les réchauffer.

Que Loïs se rassure, le vin qu'Octave avait ramené ne venait pas du supermarché moldu du coin. Il s'agissait de l'une des nombreuses bouteilles qu'on leur avait offert au théâtre, un excellent bordeaux. Il trinqua avec l'animagus avant d'entamer son verre, à la hauteur de ses espérances.

"Ravi de voir que je peux encore te surprendre."

Il préférait prendre la petite pique du bon côté. C'était assez légitime, il n'avait pas fait preuve de beaucoup de modernité au ministère. On ne lui en avait pas tellement laissé l'occasion. Pourtant, il aimait bien ça, dans l'art en tout cas, dans le théâtre encore plus. Pour la musique, il restait moins convaincu par les oeuvres contemporaines et vouait un amour fidèle aux morceaux classiques, tant moldus que sorciers. Mais qui sait, peut-être ouvrirait-il son esprit un peu plus là dessus aussi.
Il s'installa plus confortablement, prenant appui contre l'accoudoir pour faire face à Loïs. Et les sourcils d'Octave se froncèrent en voyant son invité prendre un air plus sérieux. Il s'attendait presque au pire, en apprenant qu'il n'était pas venu juste pour qu'on le plaque sauvagement contre le piano -quoi, il pouvait y avoir une meilleure raison ? diantre !-
Un instant, il repensa à ce qui le tenait éveillé depuis des jours. Loïs aurait-il pu être au courant ? Comment ? Avait-il totalement perdu le contrôle sur la situation.

Ainsi fut-il à la fois soulagé mais aussitôt inquiet à nouveau que son frère arrive dans cette conversation. Ca, il ne s'y attendait pas, du moins pas de cette façon. Et il s'attendait encore moins à ce que Loïs juge intéressant de le prévenir et choisisse son camp. A moins que ça ne soit qu'une ruse de plus ? Les détails qu'il en tira lui semblaient sincères. Et quelque part, il était touché de l'attention de l'animagus, autant qu'étonné. Il le questionna sur l'affaire, tout en réfléchissant à la meilleure manière de désamorcer ça.

"Je t'en remercie. Il est vraiment prêt à tout..."

Il secoua la tête et eût un petit sourire en sentant les pieds de Loïs se glisser sous ses jambes. Il allait falloir qu'il s'occupe de ça et ça ne le réjouissait pas du tout. Surtout qu'il avait une autre urgence sur le feu. A moins que...

Octave se redressa pour venir embrasser Loïs, le remerciant de cette information sans doute vitale pour le théâtre et sa propre réputation. Il en profita pour attraper Loïs et le prendre dans ses bras, en s'adossant à nouveau contre l'accoudoir. Il resta ainsi un petit moment, caressant distraitement le bras de l'animagus, plongé dans ses réflexions. Il était définitivement plein de surprises, celui là... Et plus digne de confiance qu'il ne l'aurait pensé.

"Loïs?"

Il finit par briser ce silence et ce petit moment de calme et de douces attentions, son bras cessant ses caresses pour rester posé sur l'épaule de Loïs et le tourner un peu vers lui, de manière à capter son regard.

"Je sais que je peux te faire confiance sur ta présence ce soir et nos petites entrevues.. Et bien évidemment, tu peux me faire confiance également pour garder le silence."

C'était une évidence. Est ce que ça valait le coup d'être prononcé ? Ils le savaient l'un comme l'autre. Et ça n'avait rien d'une menace. C'était une simple constatation et une réflexion faite à voix haute pour amener le reste.

"Puis je te faire confiance sur un tout autre sujet ?"

A Loïs, vraiment ? Était-ce tomber bas ? Ou juste constater que le jeune homme était un peu plus important à ses yeux qu'un simple plan cul. Ça, ou la confirmation qu'il manquait vraiment de personnes de confiance dans son entourage proche. En tout cas pour ce genre de situation. Loïs était malin et habile, il le savait. Et c'était à double tranchant.
Peut être qu'avec un peu moins d'endorphine dans les veines, il se rendrait compte que l'idée n'était pas la plus judicieuse. Mais il s'agissait 'd'une urgence. Pour lui.

"J'aurais besoin de tes services. Pour effacer des souvenirs."

Il soupira. Il s'était vraiment fourré dans de sacrés draps... Littéralement.

"Les miens."

Est-ce que c'était la proximité de l'animagus qui lui faisait perdre la tête ? Non, la décision était prise depuis quelques jours. Il ne pensait juste pas s'en remettre à Loïs. Pouvait-il réellement lui faire confiance ? L'avenir le lui dirait... Une chose était certaine, il savait le diplomate doué pour ce genre de manipulations, auxquelles il avait déjà eu recours quelques fois, avec ou sans son accord. Mais sur lui-même, c'était une première.

Est-ce que Loïs aime le fait que sa vie est sans cesse en danger, et qu'il doit jongler et marcher sur un fil toutes les heures où il est éveillé ? Peut être pas à ce point là, mais les secrets, et les ramifications inter ministérielles, ça le connait. Peut être même que c'est un jeu auquel il s'adonne, ça et la haute côté sang pur, pour noyer l'ennui profond qu'il ressent la plupart du temps. Un talent qu'il a mis à profit pour s'amuser, en somme. Et quand il s'agit de la famille Sylvanet, il faut avouer qu'il a les deux pieds dedans. Voire les trois, en étant fiancé à l'une, employé par un autre et dans le lit du dernier. Enfin, le canapé plus précisément, et il joue avec ses nerfs autant avec ce qu'il lui annonce qu'avec les pieds qu'il utilise pour le caresser négligemment, ce sale chat joueur.

« C'est tout naturel. Tu aurais fait la même chose, je n'en doute pas ! »

Oh si, il en doutait. Parce qu'il savait qu'Octave ne le portait pas tout à fait dans son coeur. Ca n'empêchait pas le grand brun de le prendre sauvagement contre un piano ou sur un canapé en cuir, loin de là. Mais depuis quand sexe et affection était lié, hein ? Pas de ça chez nous (la joueuse tousse un peu). Mais il faut savoir placer ses pions où il faut, se faire les bons alliés et... Octave est du genre loyal, si on se le met dans la poche non ? Et puis il est aussi attachant, et un crush d'enfance. Et... qu'est-ce qu'il fait, là ? Loïs se voit embrassé puis attiré contre l'autre homme comme s'ils étaient... quoi, un couple ? D'abord surpris, il ne rechigna finalement pas à l'idée. Parce que c'était confortable, déjà, et parce que si Octave ne laissait pas sa main ballante comme un idiot -l'animagus s'en assurerait en la metant là où il avait envie et en lui faisant comprendre qu'il voulait des caresses- y'avait moyen de se faire câliner. Hm... Oui, on était bien, là.

Alors pourquoi diable Octave cessait ses attentions pour l'interpeller ? D'abord vexé, le jeune homme laissa sa chance, se disant que la graine de l'information qu'il avait planté avait germé beaucoup, beaucoup plus vite que prévu. Il sourit tout d'abord, félin. Non effectivement, il n'avait aucun doute sur le fait qu'Octave tiendrait sa langue. C'était bien un de ceux dont il était le plus sûr sur ce sujet là -d'où l'intérêt de garder cet amant là d'ailleurs. Il acquiesça et déposa un baiser sur les lèvres de ce dernier.

« Evidemment. »

Il était prêt à se réinstaller mais quelque chose lui disait que ça n'était pas le fond du problème, et on avait évoqué Caesar... alors il resta attentif. Il ne s'attendait pas à la suite, mais alors pas du tout. Déjà, confiance... Octave, tu es un gars droit et honnête, mais tu sais quand même que tout ne monde n'est pas comme ça, pas vrai ? Et qu'un Valentine est de confiance jusqu'à ce qu'il trouve son intérêt ailleurs (comme les chats, bon, on va arrêter la métaphore ici on a compris). Mais Loïs ne va pas le contredire. Il acquiesce et l'encourage à continuer. Et heureusement qu'il était attentif, parce que la suite valait le détour.

« Les tiens. Moi, modifier tes souvenirs à toi. Fouiller dans ta tête, y découvrir un bon paquet de choses que tu dois cacher à tout le monde y compris toi même, pour mettre en oeuvre un sort des plus complexes, alors que je ne suis qu'un vague ami d'enfance et un amant extrêmement addictif ? »

Oui, il fallait qu'il précise tout ça. Pour voir si Octave avait toute sa tête. S'il ne s'agissait pas d'un traquenard, aussi. Loïs n'était pas le meilleur légilimens mais à force de bosser avec des truands, de vivre avec des vipères, on devine assez facilement quand on nous ment. Mais Octave avait l'air serieux. Et demandeur. Et c'était assez destabilisant, venant de lui. Le brun s'assit sur ses genoux un instant, semblant réfléchir à la situation. Ses propres capacités ? Il se savait bien assez bon en magie, sans besoin de se jeter des fleurs, pour en être capable. Et un tel service ne se refusait pas. Pas par pure générosité, quoi qu'il avait presque envie d'accepter juste pour son air aux aguets. Mais parce qu'il y aurait dette à la clef.

« Soit. Mais tu vas devoir m'en dire un peu plus sur le pourquoi, pourqu'on arrive à se débrouiller sur le comment. »

Il dit, souriant presque gentiment.

Etait-il sur le point de commettre une grossière erreur en se fiant de la sorte à Loïs ? N'allez pas croire que ça ne lui traversait pas l'esprit. Mais le choix était restreint. Il avait pensé se tourner vers un inconnu. Un simple mercenaire, comme celle qui aurait dû le débarrasser de Talulah. Etait-ce une meilleure solution ? Pas sûr. Il n'avait pas vraiment envie d'avoir un autre cadavre sur la conscience. Et qui savait quelles conséquences désastreuses ça pourrait avoir.

Loïs ne fit qu'accentuer ses doutes et mettre le doigt sur tout ce qui pourrait mal se passer. Le laissant silencieux. Il posa son menton sur l'épaule de l'animagus, le tenant toujours dans ses bras. Peut-être pour se donner du courage. Et pour oublier que ça lui faisait peur. Vraiment peur. Quoi de plus effrayant que de livrer des souvenirs de choses compromettantes, de risquer de laisser échapper au passage d'autres informations qu'il gardait secrètes depuis des années ? Ah oui, l'idée de perdre ces mêmes souvenirs. Et de ne rien contrôler. Il inspira, les cheveux de Loïs lui chatouillant les narines.

"Ne te sous-estime pas, ça ne te va pas bien au teint."

Parce qu'il était évident que Loïs était un peu plus qu'un vague ami d'enfance. Quoi ? Il n'aurait su définir exactement. Mais il avait beaucoup d'estime pour le diplomate et il l'appréciait, bien plus que lorsqu'ils avaient commencé à travailler ensemble -Comme quoi, être renvoyé du ministère avait vraiment été l'une des meilleures choses de sa vie - Au point qu'il l'envisage lui, plutôt que n'importe qui d'autre, pour ce qui allait suivre. Octave commença à se redresser pour se relever et se ravisa, déposant un baiser dans la nuque de Loïs au passage. Et il se pencha, pour récupérer sa baguette magique.

La vitrine de son salon, remplie d'objets magiques qu'il n'utilisait que trop rarement, s'ouvrit, laissant passer une pensine qui lévita jusqu'à eux. Elle se déposa sur la table basse, à côté d'Octave. Le meilleur moyen de tout expliquer à Loïs serait encore d'extraire le souvenir pour pouvoir le lui montrer. Et pour ça, il allait avoir besoin d'un peu d'espace. A contrecœur, il repoussa doucement l'animagus pour se redresser et se pencher au dessus de la pensine, avant de fouiller dans ses souvenirs pour en extraire le nécessaire.

"Je sais que tu auras des questions et je tâcherai d'y répondre, tant que ça ne risquera pas de nous mettre l'un ou l'autre en danger."

Il lui précisa, une fois le long filament extrait et avant de lui tendre la pensine.

"Sache que si j'en suis arrivé à ce que tu vas voir, c'est que je n'avais pas d'autre alternative. C'était une erreur que j'ai par la suite rectifiée. Mais il me faut m'assurer que ça ne pourra pas être découvert. J'aimerais... je... il ne m'est pas possible de te demander que ça ne change rien à ce que tu peux penser de moi. Mais j'aimerais que ça soit le cas. Et sache aussi que je suis désolé de te mêler à ça."

Le souvenir contenait sa première rencontre avec l'assassin, des années plus tôt, ainsi que le parchemin qu'il lui avait envoyé plus récemment pour planifier l'assassinat. Il avait également extrait de sa mémoire la nuit où il avait "sauvé Talulah". Celle-ci, il ne voulait pas l'oublier, bien sûr. Mais pour que Loïs puisse faire le nécessaire, il lui fallait tous les éléments, il en avait conscience. Ca l'aiderait à cibler ses souvenirs par la suite et à ne rien effacer d'autre. Et peut-être à ne pas accéder à d'autres informations confidentielles. Quoi qu'il en soit, le plus compromettant pour Octave n'était pas le sauvetage mais bel et bien la commande. Et c'était cela dont il lui fallait se débarrasser.

"Jinx est maintenant morte et c'était la seule au courant de cette demande. A part moi-même. Si je ne me souviens pas d'avoir fait appel à ses services, plus rien ne pourra m'accuser."

Finit-il d'expliquer, après que Loïs se soit plongé dans ses souvenirs. C'était beaucoup d'informations, qu'il livrait à son ancien collaborateur. Peut-être autant de balles pour l'abattre par la suite, il n'en savait rien. Pour l'instant, il essayait de rester factuel, pour laisser ses émotions et sa peur en dehors de tout ça. De toute manière, c'était trop tard pour faire marche arrière. Autant sauter à pieds joints.