Les histoire d'amour finissent mal... En général. (Yaya et Drew)

18 décembre 2019, MUL University.

Hyacinthe aurait peut-être dû écouter les bougonnements de Jésus à propos de l’amour. Il aurait peut-être du s’en tenir à ses livres et continuer de ne rien tenter. Franchement, ça aurait sans doute été mieux pour lui. Cela lui aurait évité le malaise d’être débouté. En même temps, il aurait pu s’en douter. Murphy était bien plus âgé que lui, et nul doute qu’il devait avoir un tas de mecs plus beaux que lui à ses pieds. Stupide Hyacinthe. Il se sentait vraiment idiot. Idiot et triste. Parce que quand même, il avait cru que peut-être il avait une chance de plaire à Murphy autant que lui, lui plaisait. Enfin… C’était plus que lui plaire. Il l’aimait. Peut-être pas autant que la folie amoureuse qu’il avait eu pour Finn mais… Ouais… Bon… Cela fonctionnera peut-être une autre fois. Avec quelqu’un d’autre… Hm… Soupir. Il se sentait idiot et affreusement seul.

Peut-être parce qu’il était tout seul sur un des bancs du parc de l’université. Il s’était arrêté acheter une bouteille de cidre. Oui, thug life. Et en même temps, rien que ça, ça suffirait sûrement à mettre son cerveau en veille. Il but une gorgée de cidre. Il se sentait encore plus pathétique en faisant ça. Merde. C’était naze l’amour. Il s’essuya les yeux. Bon sang ! Et là, il pleurait. C’était lamentable. Il se sentait vraiment minable. Il aurait peut-être du appeler un ami. Pour ne pas pleurer tout seul sur un banc mais… La liste de ses amis étaient si courtes… Finn, c’était malvenu de l’appeler pour parler de ses peines de cœur. Jesus, il allait sûrement se foutre de sa gueule. Ulysse… Il était bien trop vieux pour ces conneries et en plus il vivait chez son frère actuellement. Donc… C’était mort. Jacob était parti pour la France. Ouais, ouais, on part sur une bonne grosse solitude. Alors, ça fait quoi Hyacinthe ? En plus de t’être pris un râteau, t’as pas d’amis pour te consoler. Génial.

Il but encore une nouvelle gorgée de cidre. C’était vraiment une journée absolument pourrie. Enfin, c’était la soirée de la veille qui avait sonné le début de la fin mais bon…. Il soupira. En plus, il faisait froid. Ou c’était le fait d’avoir tout le visage humide qui rendait le froid plus mordant. Et en plus, il avait l’impression que quelqu’un venait vers lui. Quel spectacle pathétique il allait offrir. Cela déclencha un nouveau sanglot chez lui. Journée moisie, amour pourri.

Effectivement, il y avait bien quelqu’un qui s’approchait de lui et de lui en particulier, cette personne n’allait pas juste dans sa direction en se fichant de lui. C’était gênant d’être vu comme ça. En pleurs et une bouteille à la main. Quelle image il donnait. Il se faisait honte à être aussi… pathétique. La question du garçon plutôt que de le rassurer le culpabilisa. Il faisait trop de cinéma, ça avait attiré l’attention de quelqu’un de gentil. Voilà qu’on venait l’aider. Il méritait vraiment pas qu’on perde du temps pour ça. Il acquiesça quand même. Il pouvait pas en plus être incorrect et lui dire de sa casser à l’autre bout du campus. Et puis… Le mouchoir était bienvenu pour lui rendre un peu de dignité. Il s’essuya le nez et se moucha. Il n’avait pas trop à se forcer pour remplir le bout de papier. C’était peu ragoûtant à dire vrai. Heureusement qu’il y avait une poubelle à côté du banc. Il se rassit sur le banc. N’osant pas vraiment regarder l’autre garçon. Il s’essuyait nerveusement les joues, mais ses yeux continuaient de pleurer, ces traîtres.

“Je… Je sais pas… Tu… Tu es pas obligé… Je… Enfin… Je suis… Qu’on doit t’attendre…”

C’est ce qui arrive aux gens de son âge. Ils sont attendus. par des amis. Par des amants. Ils ont toujours quelqu’un qui les attend. Il le voit bien quand il travaille à la bibliothèque. Ils sont rares les étudiants aussi solitaires que lui. Alors… Vraiment, il se sent mal qu’on s’arrête pour lui. Pour lui dans cet état. Autant qu’on s’arrête pour sa conversation. Pour son sourire. Pour n’importe quoi, mais… Cette vision de lui, larmoyant, la morve au nez, et la bouteille à la main… On s’arrêtait vraiment pour ça ? C’était pas vraiment pour ça qu’il voulait qu’on vienne le voir. Vraiment.

Il ne s’attendait pas plus à ce que le garçon lui passe son écharpe autour du cou. Mais…

“Mais… Je… N… N… No… Non… G...G….G..G..Ga...Ga….Garde la…” protesta-t-il en galérant sur chaque mot tant la situation était gênante.

Mais… Il n’allait pas enlever l’écharpe maintenant que l’autre la lui avait noué autour du cou ? C’était encore plus vexant ? Rah. Pourquoi on le confrontait à un être humain quand il était dans cet état ? Il voulait juste disparaître…

“M...M...M...M...M...Mer...Merci…”

Il essuya ses joues. Il voulait pas salir l’écharpe. Il savait pas… Il savait pas ce qu’il devait faire maintenant. Le silence était gênant. Il devait sans doute dire un truc. Expliquer pourquoi il pleurait comme ça. Et… Il se sentait si idiot à pleurer comme ça.

“C’est…. C’est…. C’est… Ju...juste… Une… Une bête… peine de… de coeur… C’est… I… Idiot… Je… Je… je sais pas… Pou… pourquoi je pleure comme ça…” finit-il par dire, péniblement, son bégaiement revenant au galop après des mois de progrès. “ça… ça… ça arrive… A tout le monde… Tout… Tout le temps… A..A...Alors pourquoi… Pourquoi je pleure co...co..Comme ça ?”

Le blond était vraiment étonné d’apprendre que personne ne l’attendait. Il disait ça pour lui faire plaisir ? Pour le rassurer un peu et qu’il se sente moins seul et illégitime à bénéficier de sa présence ? Il l’écouta, le regard timidement porté sur lui, faisant de furtif aller et venues du visage du garçon à ses mains tenant la bouteille de cidre, et inversement. Il ne comprenait vraiment pas bien ce qui se passait là. Il ne savait pas bien s’il trouvait normal qu’on s’arrête pour lui. Sa question mettait Hyacinthe face à ses propres contradictions. Après tout, à la place de ce garçon, il se serait probablement aussi arrêté. Il aurait fait de son mieux pour aider. Mais… Quand c’était lui qu’il fallait aider, il avait plus de mal à voir cela comme nécessaire, ou normal.

“Pro… Probablement… Mais… Je… Je veux pas… Je veux pas t’em… T’embêter…”

Il avait vraiment pas envie de monopoliser l’attention d’un inconnu. C’est vrai, il devait toujours avoir mieux à faire que ça. Et puis… Il fallait avouer que pour l’instant, cela faisait juste paniquer le blond qu’on s’occupe de lui comme ça. Mais… L’autre avait vraiment l’air de tenir à… à le consoler ? Alors il accepta le cadeau. C’était bizarre d’avoir un cadeau comme ça. Il avait l’impression d’être un enfant qu’on essayait de consoler à renfort de bonbons. Nate avait fait ça quelques fois quand il était encore petit. Ce n’était pas forcément très efficace, mais c’était gentil. Il ne pouvait pas le nier. Hyacinthe prit le paquet de mouchoirs aussi. Parce que son nez n’avait de cesse de couler. Le froid n’aidait pas beaucoup. Et puis, il se sentait toujours submergé par la tristesse. Par les espoirs déçus. C’était plus ça. Il s’était fait tellement d’idées. Il avait tellement espéré de chaque sourire. De chaque mot gentil. Il avait espéré trop.

Il riva ses yeux humides vers l’autre garçon. Il était si compréhensif. C’était assez étrange. Habituellement, on pousse les garçons à retenir leurs larmes, à être inaccessible, insensible. La masculinité dans toutes sa splendeur. Et même si Hyacinthe savait qu’il n’était pas ce qu’on attendait d’un vrai bonhomme, il ne s’attendait pas en cet instant à tomber sur quelqu’un qui partage visiblement cette sensibilité. Il renifla un peu. Essayant de calmer tant bien que mal sa respiration.

“J’ai… J’ai… J’ai pas honte… De… De l’avoir aimé… Je… Je… Je m’en… Je m’en veux… de… De lui avoir… de lui avoir prêté les même… Les même sen...Sentiments à … à;.. à… à…. mon é...é...égard…” murmura-t-il difficilement. “J’au… J’aurai du… Comprendre… Que… Qu’il… Qu’il ne voudrait pas… Pas de quelqu’un comme moi… C’est… C’est… Normal… Je… Je… Je suis… juste… trop jeune… Et… tro...trop… bègue.”

Au fond, il savait. Il savait que Murphy ne pensait pas ça de lui. C’était son propre désamour qu’il portait sur lui-même. C’était ses craintes qu’il attribuait à Murphy. La réalité, c’était seulement que Murphy était bien plus âgé que lui. Qu’ils vivaient dans des mondes différents. Qu’il le voyait sans doute comme un frère. Mais… Hyacinthe se haïssait tellement. C’était plus facile de s’en vouloir à soi que d’admettre que parfois, le destin ne vous fait pas tomber amoureux de la bonne personne. Il serra les poings. Si fort. Jusqu’à enfoncer ses ongles dans sa peau. Il se détestait. Personne ne pourrait jamais l’aimer. Pas lui. Pas le bègue qui porte malheur. Qui voit les malheurs mais jamais ne les empêche.

Il s’était trop laissé porté par ses espoirs. Par chaque mot gentil, par chaque tape un peu trop longue sur son épaule. Il se sentait idiot. Et en même temps, il y avait eu quelque chose de beau dans ces moments-là. Dans ces frissons de bien être quand il était avec Murphy. C’était ça le pire. Il avait aimé ces moments. Il n’était plus très sûr de pouvoir rester studieux et calme en reprenant les cours avec lui. Il aurait sans doute besoin d’une petite pause. Le temps de faire le deuil de toutes ces espérances. De toutes ces sensations menteuses. Hyacinthe passa une nouvelle fois sa main sous ses yeux. Il n’aurait jamais cru avoir tant de larmes pour une stupide histoire d’amour.

Hyacinthe baissa les yeux. Non. Bien sûr que non. Murphy ne lui avait pas dit cela. Leur différence d’âge était rentré en ligne de compte, mais il n’avait pas pointé son âge à lui comme une excuse pour le repousser. C’était lui qui préférait se détester un peu plus. Se blâmer de quelque chose dont personne n’était responsable.

“Non… Non… Il… Il n’a pas dit ça… C’est… C’est moi qui… C’est moi qui pense ça…” murmura-t-il avec culpabilité. “Il… Il a juste… Juste dit qu’il ne m’appréciait pas comme ça… Et qu’il… Qu’il s’excusait s’il… S’il l’avait laissé sous entendre… Et… Et… C’est moi… C’est moi qui… qui préfère dire que c’est ma faute…”

Il ramena ses jambes contre son torse, posant ses bras sur ses genoux, se recroquevillant, ne laissant presque plus rien de son visage visible. Il préférait se cacher comme ça. Il continuait de pleurer, peut-être un peu plus silencieusement. Mais les larmes n’arrêtaient pas. Il n’avait pas de solution à part les laisser couler. Au bout d’un moment, elles allaient bien s’arrêter.

“Tu… Tu… dois avoir raison… C’est juste… la faute… de personne…” concéda-t-il.

Mais avoir personne contre qui être en colère, c’était encore pire.

“Je… Je crois que je préfère au moins… au moins pouvoir m’énerver contre moi…” souffla-t-il désemparé.

Ne pas avoir de responsable pour sa tristesse, ça la rendait encore plus insatiable. Au moins, la colère le poussait à bouger un peu. Même si c’était pas forcément dans la bonne direction. Mouais. Il attrapa la bouteille de cidre et en but quelques gorgées. Il eut un petit hoquet. Preuve qu’il n’était pas habitué aux boissons gazeuses.

“Tu… tu en veux ?” demanda-t-il en tendant la bouteille vers l’autre garçon. “C’est… C’est du cidre… Je… Je savais qu’un alcool plus fort… Je l’aurai vraiment pas tenu… Mê...même quand je bois je suis raisonnable… C’est… C’est un peu triste… Ou… ou drôle…”

Il esquissa un demi-sourire. En fait, il se trouvait un peu ridicule. Qui boit du cidre pour une déception ? Tout le monde se saoule au moins à la bière, voire au whisky. Un truc qui en jette un peu. Pas avec l’alcool le moins fort du marché… Quoique, il aurait pu prendre du panaché.

“Au moins… C’est bon !” ajouta-t-il avec un vrai sourire pour l’autre garçon.

L’autre garçon avait sans doute raison. Ce n’était pas bien malin de vouloir s’insulter pour justifier la douleur. C’était même clairement idiot. Mais… C’était donner une explication à pourquoi ça n’avait pas marché. parce qu’au fond, c’était pire encore de se dire que y’avait aucune raison à l’échec. Hyacinthe n’aimait probablement pas ça les échecs. pas si étonnant pour un premier de la classe. Il ne pouvait qu’acquiescer sans vraiment être convaincu. Et se voir comme les gens qu’il appréciait le voyait ? Il n’était pas très sûr de savoir comment on le voyait justement. Son frère le voyait sans doute encore comme un enfant. Et les autres… Il ne savait pas. Il avait l’impression qu’on le voyait juste pas. Même ses amis. Alors la description qu’il fit de lui, lui fit écarquiller un peu les yeux, il avait l’air gentil ? C’était sans doute un compliment. Il rougit un peu, baissant la tête, un peu gêné.

“D’a… D’accord… Je suis pas sûr de bien tout comprendre, mais… Mais ok…” bafouilla-t-il pour ne pas être impoli.

Il essaierait de se pardonner. Peut-être un jour. Il n’avait pas envie de vexer l’autre homme, mais, il ne voyait pas bien où il voulait en venir. Il s’en voudrait toujours de ne pas réussir à vaincre sa pathologie, parce qu’il savait que tout était dans sa tête. Les médecins le lui avaient déjà dit. Tout s’était déclenché après la mort de ses parents. Après sa première vision. Et depuis, il avait jamais réussi à reprendre le fil de ses pensées, de ses paroles. Et il s’en voulait. Il s’en voudrait. Il y a des poids dont on ne peut se débarrasser.

“T’as… t’as sans… sans doute raison… Au moins… J’arriverai à suivre mes cours…” souffla-t-il avec un demi-sourire.

Hyacinthe posa la bouteille entre eux deux. Il se sentait un peu moins… amorphe et triste. L’autre garçon avait réussi à rendre sa journée un peu moins merdique. C’était déjà un sacré coup de force qu’il réalisait là.

“Oui...Oui… C’est sûr que j’ai… J’ai pas trop envie de savoir ce que ça fait comme effet… C’est mieux quand ça creuse le béton plutôt… Plutôt que… que… que mon cerveau !”

Il rigola avec l’autre garçon. Drew. Il l’avait déjà vu dans l’université, il était toujours entouré de plein de monde. Il avait l’air de tellement bien s’entendre avec tout le monde. C’était improbable que ce garçon soit celui qui vienne lui parler maintenant. C’était un drôle de coup du destin en tous cas.

“Hya… Hyacinthe. Je… Je suis en Médicomagie… J’aimerai… être médicomage… Si… Enfin si j’y arrive… Si je suis assez doué pour ça…” répondit-il avec un sourire.

Il doutait toujours de tout. Il doutait même quand il était premier de la classe depuis ses onze ans. Le doute, c’était une seconde nature chez lui. Un jour, il arriverait peut-être à le chasser. Mais ce n’était pas encore gagné.

“On… On a déjà eu des cours ensemble… Mais… Enfin… T’as toujours plein de gens autour de toi… Et… Enfin je pensais pas qu’on… qu’on parlerait ensemble… Un jour… Enfin… Désolé… Je… Je suis pas très doué… Pour… pour la conversation…”

C’était fou comme tout le monde semblait croire en ses capacités à part lui. Même le fait d’être dans les meilleurs élèves de sa promotion ne l’aidait pas à se rassurer. Il avait la peur de l’échec imprégné au fond de ses tripes. Sans doute parce que plus jeune, en tant que né-moldu, on lui avait répété qu’il ne serait jamais aussi bon qu’un vrai sorcier. Aux heures les plus sombres de sa scolarité à Poudlard.Peut-être aussi parce que son bégaiement avait souvent été ri et pointé du doigt comme un handicap incompatible avec la magie. Bha alors, tu vas faire comment pour jeter un sort le bègue ? Les sorts informulés avaient heureusement un peu changé la donne pour lui. Et cloué le bec de certains de ses harceleurs de l’époque. Au sens propre comme figuré.

“Me...Merci… Je… Je vais faire tous les efforts possible en tous cas…” confirma-t-il avec une lueur de détermination dans le regard.

Pour prouver qu’il était aussi doué qu’un sorcier au sang pur. Pour son frère. Peut-être même qu’un jour, il trouverait comment rendre sa magie à Nate. C’était son souhait le plus cher. Que leur vie redevienne comme avant. Que Nathanaël retrouve son vrai sourire, et pas celui qu’il leur faisait depuis l’attentat du bal. Oui, ça c’était un bel objectif de vie. Mais là, l’échec était presque garanti. Si aucun médicomage n’avait réussi jusque là, pourquoi lui y arriverait ?

Et pourquoi ça le surprenait qu’ils parlent ? Oh ben… Parce qu’on lui parlait pas en général ? Encore moins les gens populaires. Il n’eut pas le temps de répondre et eut un petit froncement de sourcils. ça semblait pas très logique à Hyacinthe. Les gens resteraient pas avec lui s’ils le trouvaient pas intéressant. Franchement, c’était bizarre de voir que même un garçon comme Drew doutait de lui. Hyacinthe tombait un peu des nues. Il avait toujours cru que la vie était plus simple pour les gars comme lui. Qu’ils étaient toujours sûrs d’eux et heureux d’être entourés. Il fallait peut-être qu’il arrête de raisonner par clichés…. Sans doute.

“Je… Je sais pas… Parce que… Qu’en général… On me parle pas trop… Et puis… Enfin… Quand on te regarde, et qu’on… qu’on voit les gens autour… Ils t’apprécient… ça… ça se voit… Je…. J’en doute pas moi… Et… Enfin, j’observe beaucoup les gens… Tu sais… ça… ça se voit qu’on t’aime beaucoup… Et puis… Ils… Ils ont raison, t’es… T’es quelqu’un de vraiment gentil… Et puis... char... Charmant et tout...”

Et quand Drew l’invita à venir lui parler, il ne put s’empêcher de sourire. C’était vraiment gentil comme proposition. Mais en même temps, il n’était pas certain de savoir s’intégrer à un groupe, ou juste se poser au milieu d’un groupe. Il avait ses propres difficultés. Et il ne voulait pas spécialement affronter les regards interrogateurs et les jugements s’il s’approchait de Drew. Au fond, sa solitude avait une tranquillité quelque peu rassurante.

“C’est… C’est gentil… Mais… Enfin…. Je suis pas très à l’aise pour tout ça… parler au milieu d’autres gens… Et puis… Je… Je suis sûr qu’on se demanderait pourquoi… Pourquoi on se met à parler… Et… Je suis pas sûr d’avoir envie de toutes ces complications…”

Oui. Pour lui, interactions sociales de groupe, c’était un synonyme de complications. Il eut un petit rire gêné.

“Mais… Je… Je me doute que tu mords pas… T’as pas trop une tête de loup garou ou de vampire… Encore moins de Murlap !” plaisanta-t-il en rigolant un peu, se détendant un peu.

La surprise sur le visage de Drew était inattendu. Quoi ? Il ne savait pas qu’il était plein de charme ? Franchement, Hyacinthe avait du mal à le croire. Franchement, il irradiait la joie et la douceur. C’était normal qu’il attire plein de gens. Et en plus, il était plutôt beau garçon. Enfin… C’était l’avis du blond, il n’était pas expert en beauté, mais, il lui semblait bien que Drew était clairement dans le haut du panier. Hyacinthe sourit en retour. Il n’avait pas besoin de le remercier, c’était la vérité. Pour les compliments, Hyacinthe ne manquait pas de franchise. Pour dire les choses qui blessent, il était un peu moins direct. Voire pas direct du tout.

Et en plus Drew était compréhensif. C’était vraiment un type bien. Pas étonnant que tout ce monde gravite autour de lui. Franchement, c’était de plus en plus évident pour Hyacinthe : il méritait toute l’attention qu’on lui donnait et toute l’affection de son entourage. A se préoccuper de lui, et promettre de venir le voir. Franchement, le blondinet ne comprenait toujours pas ce qui lui valait ce privilège, mais il n’allait pas s’en plaindre. C’était toujours mieux de se faire des connaissances amicales que des ennemis !

“Tu… Tu peux venir me voir quand… quand je bosse à la bibliothèque… C’est sou… Souvent assez calme, ça serait pas de refus d’avoir un peu de compagnie des fois… Surtout quand je suis du soir…”

Est-ce que c’était une invitation ? Probablement… Parce que des fois, il s’ennuyait ferme quand il était de fermeture. Les élèves sérieux, ce ne sont pas les gens les plus disposés à papoter… Un frisson secoua Hyacinthe. Fichtre, cela faisait vraiment un moment qu’il était là immobile, il commençait à être un peu frigorifié, et ce malgré la douce attention de Drew et son don d’écharpe. Il avait pas assez bu de cidre pour être réchauffé !

“Je l’in...in...insinue oui !” rigola le grand blond, en se frottant les mains pour s’éviter de geler.

Un chanteur ? Hyacinthe haussa un sourcil. Il ne savait pas que Drew était un artiste. Enfin, ça lui allait bien, sans aucun doute, mais il ne savait juste pas. Il était toujours assez admiratif des artistes. Lui… Il chantonnait un peu. On lui avait forcé la main sur le chant à des fins thérapeutiques… Tant et si bien, qu’il n’appréciait plus vraiment de chanter. Parce que chanter, ça lui rappelait qu’il arrivait à ne pas bégayer, que le blocage était dans sa tête pas dans son corps.

“Tu… Tu… Chantes ? Wow ! C’est… C’est classe ! Je serai curieux...de...De t’entendre !”

Mais là, il faisait trop froid pour pousser la chansonnette. En fait, il était tant de se mettre à l’abri. Hyacinthe avait pourtant envie de continuer de parler avec Drew. Le dilemme était bien présent, mais ses dents qui se mirent à jouer des claquettes dans sa bouche était le signe de trop.

“On… On de...devrait peut-être… rentrer… Je… Je commence… à… avoir vraiment froid…”

Il se leva, se frottant les bras au travers de son manteau. Il attrapa la bouteille presque vide de cidre et la mit dans sa poche de manteau, elle y tenait à peu près. L’avantage des grandes poches !

“On… On peut continuer… de discuter… Dedans ? Tu… tu sais où on pourrait aller… Ma… ma colocataire doit dormir à cette heure… Donc… pas ma chambre mais…”

Il l’interrogeait du regard. Il avait peut-être une idée.

Brad ? Ce prénom ne lui disait rien. Pas plus que la déscription qui en était faite. Cela avait l’air d’être quelqu’un de plutôt charismatique, peut-être l’avait-il juste croisé dans les couloirs ? C’était bien possible, mais le connaître, c’était une autre pair de manche. Par contre, il ne cacha pas sa joie en apprenant qu’ils allaient avoir un concert. Oh, c’était trop chouette ! Il espérait pouvoir acheter une place alors ! Il serait ravi de voir Drew sur scène. Il aimait bien la musique en plus. Franchement, il allait se renseigner ! Bon, il n’était pas le genre à se mettre au premier rang, mais il pourrait quand même apprécier le concert, tranquillement au fond de la salle, dans un coin.

“T...T...Tu me diras… Quand et où, il sera ? Ce...Ce concert ?”

Et puis il espère que Drew a une solution pour eux. Parce qu’il doit bien avouer que ça le rendrait triste de quitter Drew maintenant. Il a envie de discuter encore avec lui. Apprendre à le connaître. Parce que c’est quelqu’un de magnétique. Oui, c’est ça. Et solaire aussi un peu. Il sait réchauffer les coeurs avec ses sourires et ses paroles. Il sourit à la réponse de Drew, hochant positivement de la tête. Il veut bien oui. Oh, et un chocolat chaud, ce serait vraiment trop gentil. Il suit le brun sans se faire prier. En espérant que cela ne lui attire pas de problèmes avec son colocataire.

Il le suivit timidement dans son appartement. Ôtant ses chaussures en premier lieu. Il s’en voudrait de salir chez quelqu’un. La chaleur lui faisait du bien. Mais le choc était un peu brutal. Ses joues étaient rouges d’être trop longtemps resté dehors, comme le bout de son nez. Il retira son manteau qu’il garda sous le bras, et tendit à Drew son écharpe.

“M...M...merci… De...De me l’avoir prêté !”

Et pour la boisson…

“Un… Un ch...Ch… chocolat chaud ? S’il...te plait…” demanda-t-il avec un sourire, poliement.

Manger… Il n’avait pas vraiment faim. Peut-être un peu ? Il ne savait pas trop. Il mangerait avec Drew si lui se décidait à manger quelque chose.

“C...Comme toi !”

Il avance un peu dans l’appartement, posant son manteau sur le dossier d’une chaise, suivant Drew. Il se sentait un peu pataud de débarquer chez lui, là, à cette heure. Vraiment, ce n’était pas habituel pour lui. Il souriait, un peu désorienté.

“Je… Je peux t’aider ?” proposa-t-il.

Il serait mieux s’il avait les mains occupés. Ça l’aiderait à ne pas penser qu’il était venu chez Drew alors qu’ils se connaissaient finalement à peine. C’était une sacrée aventure pour un timide comme lui.

"E...E...Et... Je veux bien... Q...que tu me joues... Un morceau ou deux...ça...ça me plairait même... "

Le 11 janvier, pour sûr, il réserverait sa soirée pour aller les voir ! Ce n’était pas comme s’il avait beaucoup de choses prévues sur ses soirées… En général, à part ses heures à la bibliothèque, il ne passait pas des soirées très occupées. Sauf pour étudier, lire, et faire ses propres recherches. Mais rien qui ne puisse pas être un peu repoussé pour Drew.

Le blond déposa ses affaires où il fallait, reprenant la veste qu’il avait posé sur une chaise pour la ranger comme il fallait. Il ne voulait pas faire les choses de travers. Il ne voulait pas donner une mauvaise image à son nouvel ami. Il voulait donner une bonne image. Être respectueux, poli, comme son grand-frère lui avait appris. C’était des valeurs importantes dans leur famille. Il regarda Drew s’affairer avec un sourire. Il avait l’air tellement vivant, et plein d’énergie. En permanence. C’était comme ça que le blond le voyait. Et il nota aussi qu’ils avaient sans doute les même origines. Le brun n’essayait pas de faire tout avec la magie, alors, il devait aussi être né dans une famille où ce n’était pas la norme. C’était un peu rassurant. Au moins, Drew ne le jugerait pas là-dessus. Oh ? Des chamallows ? Et de la chantilly ? Les deux ? Oh, ça sonnait comme un excès mais… Le côté enfantin et gourmand de Hyacinthe le poussait à dire oui, et il hocha joyeusement de la tête, son sourire s’agrandissant. Il regardait assez effaré la quantité de sucrerie que le musicien mettait dans sa propre tasse. Ouah, Nate ferait une attaque en le voyant manger autant de sucre d’un coup… Le chocolat par contre, il fit signe à Drew de lui en mettre aussi un peu sur sa chantilly. Et il prit sa tasse tendue.

“M...Merci !” souffla-t-il en ne tardant pas à manger la chantilly.

Il prit une petite cuillère pour manger proprement. Il n’aimait pas spécialement se salir le nez. Et puis, il avait eu tellement peur des moqueries plus jeune qu’il avait pris cette habitude. De manger toujours proprement pour ne laisser aucune brèche dans sa défense, ne donner aucune raison aux autres de se moquer. Aucune raison de plus, du moins.

“J… J… J’aime tout ça…”

Oui, il aimait tout ce qui était sucré. Les crumbles, les glaces, les pancakes… Par contre, pour ce qui est de cuisiner… Nate s’était arraché les cheveux face à son incapacité… Ce qui était étrange, il se débrouille bien en potion, mais la cuisine… Il n’arrivait pas à avoir la même rigueur, il se laissait déconcentrer. Il n’arrivait qu’à faire des choses très simples. Souvent, il avait appris à les faire pour faire des surprises à Nate. Alors… Il pouvait faire des pancakes ? Oui, ça, il savait faire…

“J...Je...Je peux… F..F...Faire des pancakes, oui !”

Il remarqua la chantilly sur le nez de Drew et eut un petit rire. Pas moqueur, juste enfantin. Il tendit la main vers lui, et nettoya son nez d’un petit coup d’index.

“Tu… Tu me montres où… Où sont les ingrédients ? A...Avant de jouer ?”

Il marqua une petite pause.

“Je...Je… Je sais… jou… jouer un peu de… de guitare…”

Lys lui avait appris quelques morceaux. Et il avait aussi appris un peu tout seul. Peut-être que Drew voudra bien qu’il joue un peu avec lui. Ils verraient bien. En attendant, il avait promis des pancakes, il allait les faire au mieux !

Hyacinthe savoura son chocolat, tellement sucré et tellement réconfortant ! Il aimait vraiment bien ce chocolat trop calorique. Après, c’était appréciable parce qu’il avait la chance de le boire avec quelqu’un d’autre. Avec Drew, c’était meilleur. C’était mieux que les chocolats chauds qu’il buvait en solitaire à la cafet. Et puis, maintenant, il savait comment Drew aimait ses boissons… Croulant sous les sucreries ! Il pourrait lui en offrir une de temps en temps ! Pour lui faire plaisir ! Avec quelques gourmandises tout aussi sucrées.

Il regarda les ingrédients que Drew lui sortait, il se souvenait à peu près des dosages de chaque. Il n’était pas doué en cuisine, mais il avait une bonne mémoire. Du coup, c’était pas si dur de se souvenir des proportions. Seulement, ça ne faisait pas tout en cuisine ! C’était souvent sur les cuissons qu’il ratait tout, ne surveillant pas assez ses préparations une fois dans la poêle ou dans le four. Combien de fois avait-il manqué de mettre le feu dans la cuisine en essayant de délester Nate de la tâche culinaire ? Trop souvent !

“ça… ça de...devrait aller !” dit-il avec un sourire.

Il allait faire attention. Il ne voulait surtout pas mettre le feu chez quelqu’un d’autre. Vraiment, il allait être des plus consciencieux là ! Il jeta un œil à la recette que Drew avait sorti. Il ne s’était pas trop gouré sur les proportions dans sa tête. Il était assez content de se dire qu’il se souvenait au moins de ça. Nate serait fier de lui ! Il hocha la tête, pour confirmer qu’il savait un peu jouer de la guitare. Il n’était sans doute pas aussi doué que Drew, mais il savait un peu. Et puis, il aimait bien en jouer ! ça le détendait. Même s’il faisait quelques fausses notes.

Il commença à doser ses ingrédients et à les mélanger dans un saladier. Il utilisait quand même un peu de magie pour s’aider. Comme pour monter les blancs en neige plus vite. C’était trop galère de le faire à la main ! Il sourit à Drew, lui faisant signe que tout était sous contrôle ! Il lui tardait de l’entendre jouer. Il préférait l’écouter lui, il devait être bien plus doué que lui. Et Hyacinthe ne tarda pas à s’en rendre compte. Il en finit même par s’arrêter de mélanger sa pâte, pour entendre mieux sa voix. Il chantait bien en plus d’être talentueux avec un instrument. Waw. Hyacinthe était carrément admiratif. Le blond ne se rendit compte qu’il avait littéralement scotché sur le musicien que lorsque la musique s’arrêta. La fin du morceau. Il posa le saladier pour applaudir, admiratif, le sourire aux lèvres. C’était vraiment beau !

Et il se remit à cuisiner, finissant la pâte, commençant à faire cuir les pancakes, qui sentait bon la vanille. Oui, c’était le petit secret des McDougall, un peu de vanille dans la pâte pour la parfumer délicatement. Il surveilla de prêt les cuissons, écoutant un peu moins attentivement la musique. Il préférait éviter un drame ! Mais il s’activait pour finir au plus vite et pouvoir ainsi mieux profiter du musicien et de ses mélodies ! Et une fois que tout fut cuit, il lança un sort de nettoyage. Hors de question de laisser de la vaisselle sale à son ami ! Il faisait bien les choses !

“C’est...C’est prêt !” dit-il doucement quand Drew fit une pause dans les mélodies.

Il tendit une assiette bien garnie à Drew et prit la sienne, allant s'asseoir un peu plus près de lui et sa guitare.