Mauvaise foi [Yaya & Jesou]

Pour la première fois dans sa vie depuis bien longtemps, Jesus essayait d'être sérieux dans ses révisons d'examens. Allait-il enfin passer le cap fatidique de la première année, qu'il repiquait en boucle depuis des années en se promenant au gré des spécialités ? On n'en était pas encore là. Mais au moins, il y travaillait. D'une, parce que pour une fois, ce cursus l'intéressait, bien plus que les précédents; Et qu'il y voyait un avenir potentiel. Ce n'était encore que de petites tâches qu'il exerçait dans la pâtisserie de Nate mais ça lui donnait vraiment envie d'approfondir le métier. Sans savoir exactement quelle forme ça prendrait, s'il se dirigerait vers la pâtisserie ou bien la cuisine. Mais avant de se rêver chef d'un restaurant étoilé, il faudrait encore quelques années. De deux, parce que ça lui permettait de se changer les idées. Et croyez-moi, on revenait de loin pour envisager de se changer les idées par des révisions. Rien qui ne ressemble moins à Jesus Perales.

Oui mais voilà, sa dernière entrevue avec Loïs lui avait fait un peu plus mal qu'il ne l'aurait imaginé. Ou plutôt, elle avait ravivé tout le reste. Et ça le rendait un peu triste et mélancolique. Et aussi super énervé envers lui-même d'y avoir cru, hein. Et tout un tas d'autres choses. Une bonne grosse boule d'émotions négatives qui lui pourrissaient ses journées. Alors réviser, penser aux différents modes de cuisson et même à la comptabilité, ça le changeait un peu.

Tout comme sortir de sa chambre, ce qu'il se forçait à faire pour ne pas y rester à broyer du noir. Bon, il serait faux de clamer qu'il ne l'avait pas fait quelques jours. Mais c'était derrière lui, hein. Comme ce connard de Loïs, qu'il espérait oublier vite fait bien fait et laisser derrière à tout jamais. Mais depuis deux jours, il essayait de se motiver à faire autre chose. Déjà, du sport, ça faisait un moment qu'il n'était pas allé dans la salle de gym de la MUL et il en avait profité ce matin-là, puisque aujourd'hui il était de repos. Il s'était ensuite réchauffé des restes des repas de la veille -on ne cuisinait pas sur ses jours de repos, pas des trucs aussi ennuyeux que des déjeuners, en tout cas-. Et était ensuite allé se poser dans la cafétéria. A cette heure-ci, il n'y avait pas grand monde. Quelques étudiants qui venaient s'y poser entre deux heures de cours, le temps de se servir un café. Il aurait tout aussi bien pu se rendre à la bibliothèque pour réviser. Mais c'était trop calme. Et trop rempli de bouquins, prêts à lui sauter dessus. Il préférait de loin le bordel ambiant et familier de la cafétéria, même si ça n'aidait pas à la concentration.

Et ce qui aidait encore moins, c'était le petit couple venu se poser à deux tables de lui. Il les ignora d'abord. Après s'être dit que l'un des deux lui rappelait Loïs -il suffisait d'un rien, on était encore loin d'avoir totalement tourné la page-. Et puis il repensa à ce crétin. Pile ce qu'il s'était juré de ne plus faire. Et l'instant d'après, il sentit ses yeux picoter. Non mais c'était pas possible ça. Merde ! Merde, merde, merde. Depuis quand il était devenu aussi sensible, c'était quoi son problème ? Il les essuya, se moucha bruyamment. Et tenta de se replonger dans ses lectures, d'ignorer les deux, là, qui le narguaient. Ils avaient l'air tellement plus jeunes que lui et tellements sûrs d'eux, prêts à s'assumer au grand jour. Rha. Il chercha sa baguette dans sa poche. Prêt à leur lancer un sort pour les faire déguerpir. Mais au moment où il releva la tête, il tomba nez à nez avec un visage familier. Sursaut.

"Hyacinthe ? Qu'est-ce que..."

Merde. Ses yeux encore tout mouillés là. Il se hâta d'essuyer ses yeux, sa baguette qu'il avait voulu sortir de sa poche tomba au sol au même moment. Rha bordel de nouille...

"Désolé... j'ai... faut pas se frotter les yeux quand on a coupé des oignons... j'oublie tout le temps."

Peut-on. Trouver. Pire. Comme. Excuse. Je vous le demande.

Les jours se suivaient et se ressemblaient plutôt. Hyacinthe n’avait pas beaucoup de temps pour lui, entre les cours, les examens, les stages, son job à la bibliothèque du campus. Un emploi du temps très chargé en somme. Cette matinée qu’il avait de libre, le blondinet était décidé à la passer à ne rien faire. Pour une fois, il voulait juste se balader dans le parc, aller voir les animaux de l’université, ou juste s’allonger dans l’herbe s’il faisait assez beau. Il avait besoin de souffler, de ne plus penser aux potions, aux formules, aux pathologies magiques. Il avait besoin de prendre du temps un peu pour lui, égoïstement. Il avait hésité à passer la matinée avec Nate, mais vraiment, il avait besoin d’un peu de solitude. C’était sans doute bizarre, mais il se ressourçait comme ça. Seul, à laisser son esprit rêvasser. Il était juste passé par la cafétéria pour se ravitailler en sucrerie et en cappuccino. Parce qu’il avait bien mérité de manger pas du tout équilibré. Il avait repris les cours avec Murphy, même si c’était pas toujours émotionnellement simple de revoir l’homme qui lui avait mis son premier râteau frontal… Oui, parce qu’avec Finn, au final, ça n’avait jamais été vraiment évoqué donc… Bref. Il avait droit à sa double dose de sucre ! Aux cookies et au cappuccino sucré en double doses ! Il traversa donc la grande salle encore assez vide, et c’est alors qu’il allait partir en prenant ses victuailles qu’il vit Jesus. Il n’avait pas l’air très bien… Il pleurait ? Mince. Hyacinthe l’avait déjà vu pleurer, mais ça lui faisait quand même bizarre. Parce qu’il aimait beaucoup Jesus, et qu’il n’aimait pas le voir triste, et puis parce que le métis n’était pas le genre qu’on voyait pleurer. Il eut une hésitation. Peut-être que Jesus préférait être seul ? Et puis… Sa matinée à lézarder au soleil… Non mais, tu t’entends penser là Hyacinthe ? Mais n’importe quoi ! Tu peux pas le laisser tout seul ! T’es vraiment naze quand tu t’y mets Hyacinthe !

Il prit un café, et un éclair au chocolat, s’il avait bonne mémoire, c’était ce que le métis aimait manger quand il y avait des invendus à la pâtisserie. Il s’approcha de sa table, et s’assit en face de lui, silencieusement, le sourire aux lèvres. Il ne voulait pas spécialement surprendre Jesus, mais il ne voulait pas qu’il lui refuse de s’asseoir avec lui alors, il préférait ne pas poser la question.

“Oui… Hy...Hyacinthe, c’est… C’est mon prénom…” plaisanta-t-il en posant devant Jesus le café et l’éclair.

Il n’en perdit pas son sourire et acquiesça à son excuse.

“Hm… On… On sous-estime l’armée des oignons… Ils sont terribles…”

Il se doutait bien que c’était une excuse, et qu’autre chose turlupinait le métis, mais il savait aussi que les questions frontales seraient probablement vouées à l’échec. Il avait bien vu comme ça c’était fini à Noël… Il n’avait pas envie de se retrouver avec l’huître Jesus en face de lui.

“Tu… Tu révisais ? Je… Je me suis dis que le café et le sucre, ça t’aiderait…. Et puis… Si tu veux… J’ai ma matinée alors… Je peux… peut-être t’aider ? Ou te changer les idées… Comme tu veux !”

Il but une gorgée de sa propre boisson, ça faisait un bien fou ce mélange de lait, de sucre et de caféine.

Son excuse ne duperait personne, il s'en douta au moment où il la formula. Hyacinthe était bien gentil de jouer le jeu. Ou de le prendre pour un con au point de lui faire croire qu'il y avait cru. Mais il ne pouvait pas lui reprocher ça, hein ? Ni l'envoyer paître. C'était le petit frère de Nate, rien que pour ça, il se devait d'être gentil avec lui. Il se baissa sous la table pour ramasser sa baguette tombée au sol et la rangea dans sa poche, non sans avoir jeté un dernier regard noir au couple qui s'embrassait encore. Mais qu'ils prennent une chambre, c'était une cafétéria, pas un baisodrome !

Il se résigna toutefois à leur balancer un sort. Devant Hyacinthe, ça ferait mauvais genre. Et il ne maîtrisait pas suffisamment bien les informulés pour que ça passe inaperçu.

"Je... j'essayais ouais mais.."

Il releva les yeux et regarda le plateau, un peu surpris.

"C'est pour moi tout ça ?"

Hyacinthe était vraiment beaucoup trop gentil et attentionné. Ce qui n'avait rien de surprenant quand on voyait celui qui l'avait éduqué. Mais lui, ça le désarçonnait toujours un peu. C'était quand même bien plus facile de gueuler sur le monde entier que de dire merci ! Il sécha les dernières larmes de ses yeux. Heureusement, ce n'était pas les gros sanglots aujourd'hui. On progressait. Pas aussi vite qu'il ne l'aurait souhaité mais chaque chose en son temps.

"C'est de la comptabilité. C'est ultra chiant. Personne n'y comprend rien. Et puis c'est pas comme si ça allait un jour servir à quelque chose, hein. J'en ai rien à foutre de savoir comment faire un bilan, c'est pas ça qui va m'aider à améliorer le levain..."

Oui, pour la vision à long terme, on repassera. Mais il lui faudrait des années encore pour réellement voir l'intérêt d'enseignements à première vue plutôt rébarbatifs. C'est qu'il était loin d'envisager d'ouvrir un jour son propre commerce, lui ! Il attrapa le café, y plongea un sucre et le remua énergiquement.

"Merci, c'est vraiment gentil mais fallait pas ! T'es pas en pleines révisions toi ?"

Ils l'étaient tous, en cette période. Mais la plupart n'avaient rien contre une pause. Lui le premier. Même s'il avait chaque fois du mal à se mettre à bosser, il ne pouvait décliner n'importe quelle proposition de faire quelque chose de plus intéressant que de relire les cours qu'un mec de sa promo lui avait filés.

"T'avais raison au fait. J'ai revu Loïs. Et bah..." Long soupir. "C'est un sacré con."

Et c'était encore gentil, vu tout le mal qu'il pensait de lui. Même si ça lui serrait le coeur, hein. Il aurait vraiment préféré ne jamais le revoir et le rayer de sa mémoire de manière définitive.

Ouais mais… ça voulait bien dire qu’il y avait autre chose que l’attaque ninja des oignons. Jesus finirait peut-être par lui parler, mais pour l’heure, c’était le temps des éclairs au chocolat et du café pour lui remonter le moral.

“C’est… C’est juste un café et un éclair… Me… Me semblait que t’aimais bien ça… ça… ça me fait plaisir de manger avec toi ! Le reste c’est pour moi… Faut si tu préfères le roulé à la cannelle ?”

Hyacinthe aurait été prêt à faire l’échange, mais vraiment, il avait jamais vu Jesus manger de roulés à la cannelle. Il avait une bonne mémoire de ces détails-là. Des détails futiles pour beaucoup, mais pour lui, ça voulait dire beaucoup tous ces petits éléments permettent de connaître quelqu’un, de lui faire plaisir plus tard, de lui redonner un sourire avec une attention juste.

“Oh. Oui… Oui, c’est…. C’est pas simple mais… Enfin… J’ai déjà regardé celle de Nate… Et puis… J’ai lu quelques trucs… Pour essayer de l’aider… Mais… Enfin, c’est pas ma spécialité… Mais à deux, on arrivera peut-être à comprendre un peu… Et… Arrête, je suis sûr qu’un jour, quand tu seras un chef étoilé, avec… avec un super restaurant, ça… ça évitera que ton comptable t’arnaques !”

Il sourit à Jesus. Il était content d’être avec lui. Il avait oublié comme la présence de Jesus le mettait dans un drôle d’état. Il se sentait bien et en même temps se sentait idiot à chaque fois qu’il ouvrait la bouche. Il devait paraître nigaud à Jesus. Peut-être qu’il était juste relou et le métis n’osait pas lui dire à cause de Nate ? Hyacinthe se mordit la lèvre à cette pensée.

“Hein ? Oh… Euh… Non… Pas… Pas là… J’ai… J’ai un peu d’avance dans mes révisions… Alors… Je voulais souffler un peu… J’avais… J’avais pas envie de m’avancer sur les pathologies magiques…” répondit-il en revenant dans la conversation après son égarement mental.

Il but une gorgée de cappuccino. Et se dit que maintenant, il allait passer pour un premier de la classe. Il était certain que les premiers de la classe agaçaient Jesus. Il mangea un petit bout de son roulé pour noyer son désespoir mental. Il ne faisait que gaffe sur gaffe en fait. C’était toujours comme ça. Il releva le nez quand le métis parla de… sa vision. Oh. Mince. Il eut immédiatement un air désolé, sincère.

“Dé...désolé… Mes... Mes visions… Elles se produisent toujours mais… mais… Enfin… J’avais juste vu… vu que vous alliez vous parler… Je savais pas que… que ça se passerait pas bien… Désolé… Enfin je suis d’accord que… que c’est un con… Mais… Pour toi… Enfin… Je suis désolé que ça tombe sur toi… Enfin… C’est… C’est jamais plaisant de… Enfin… de se méprendre sur quelqu’un et… Et d’en être déçu…” bafouilla-t-il un peu gêné, et pas très à l’aise sur le sujet. “Tu… Tu peux m’en parler… Si tu veux… ça… ça restera entre nous… Si… Si t’as besoin de dire ce que t’as sur le coeur… Je… Je me doute que c’est Loïs… Le connard d’oignon… On sous estime ces putains d’oignons… Ils font pleurer longtemps des fois… C’est… C’est chiant…”

Ouais… Hyacinthe pensait plus trop aux oignons. Il était pas tombé sur des cons mais… Il avait eu des oignons pour le faire pleurer déjà. Il pouvait comprendre.

“On… on devrait arrêter les oignons tous les deux… ça nous réussit pas trop…” plaisanta-t-il pour rendre l’atmosphère un peu moins pesante.

Hyacinthe était vraiment adorable. Au point de retenir ce qu'il préférait manger à la pâtisserie. C'était soit très attentionné, soit flippant. Mais il partirait sur la première option, hein.

"Pfff n'importe quoi ! J'aurai jamais d'restaurant t'sais. Déjà, si j'arrive à passer la première année, c'est bien hein !"

Parce que réussir des examens, ça ne lui était pas arrivé depuis... pfiouh. Il préférait ne pas compter. Certes, il n'avait fait que peu d'efforts jusqu'à présent. Il avait tenté, sa première année d'inscription à la MUL. Mais le manque d'intérêt pour le cursus qu'il avait choisi et ses notes désastreuses aux partiels avaient eu raison de sa motivation. Pour de nombreuses années.

Et la compta, c'était le pire du pire ! Il essayait, parce que le reste du cursus et les matières plus pratiques le poussaient à vouloir continuer tout de même. Mais il n'avait aucune envie d'essayer de décortiquer ça avec Hyacinthe. De toute manière, il n'aurait pas la concentration pour. Les deux autres tourtereaux l'avaient piétinée. Et puis si le blondinet voulait souffler un peu, il n'allait pas lui imposer des trucs encore plus chiants que ses pathologies magiques, hein...

"Nan mais t'as bien compris que j'parlais pas d'oignons hein, laisse tomber la métaphore."

Pour d'autres -la joueuse, par exemple- ça aurait pu être très mignon. Mais pour Jesus le susceptible, ça sonnait presque comme du foutage de gueule, que Hyacinthe insiste sur les oignons. Ca le ramenait à ses mauvaises excuses qui ne savaient convaincre personne. Et sa manière de craquer au bout de deux secondes pour un connard qui, vraiment, ne méritait pas qu'il pense encore à lui depuis tout ce temps.

"C'est pas ta faute t'sais. T'es pas obligé de t'excuser quinze fois. T'y es pour rien s'il se comporte comme un gros con. Et si on s'est revus."

Il haussa les épaules et mordit avec un peu trop de véhémence dans son éclair au chocolat. Il essayait d'être modéré. Ca ne se voit peut-être pas mais il essayait. Sauf que le sujet était sensible. Et que ça le mettait sur les nerfs. Et un Jesus sur les nerfs, ça s'énervait. Sur tout, y compris sur ceux qui étaient juste là pour l'aider. Mais il ne gueulait pas et ne haussait pas la voix. Ca peut paraître peu mais c'était déjà un gros effort de sa part.

"J'sais même pas si y'a quoi que ça soit à ajouter sur lui. C'est juste un connard. Genre QUI va te reprocher de t'attacher trop à lui, comme si tu pouvais contrôler ça hein... Et t'envoie chier après mais non sans t'avoir embrassé, juste pour... quoi... t'foutre encore plus les nerfs ?"

Eh bah. On pouvait dire que pour une fois, il avait besoin de décharger la mule. Le pauvre Hyacinthe allait tout se prendre dans la tronche alors qu'il était juste venu gentiment lui apporter à manger...

"C'est clair que j'arrête ouais. Plus jamais. Sans façons. Les mecs, c'est que des nids à emmerdes hein..."

Non parce que son date de la Saint-Valentin qui ne lui avait pas lâché la grappe pendant des semaines n'était pas mieux. Et Swann... Il ne comptait pas comme un date mais il le faisait chier quand même. Sérieux, même les meufs ça avait l'air moins relou... Il avala son café d'une traite et jeta un dernier regard noir au couple qui avait arrêté de s'embrasser pour se tourner vers eux. C'est qu'il n'était pas spécialement discret, quand il s'énervait...

"T'veux pas qu'on s'casse ailleurs ?"

Où ça ? Il n'en avait pas la moindre idée. N'importe où, tant qu'il ne voyait plus leurs gueules de niaiseux là.

Hyacinthe n’arrivait pas à comprendre pourquoi Jesus était toujours aussi négatif. Vraiment, quoi qu’on lui dise, il trouvait toujours un moyen de râler, ou de se dévaloriser pour invalider le fait évoqué. Là c’était pour son futur restaurant, mais ça pouvait marcher pour tellement de choses. Hyacinthe avait remarqué ça, mais là, c’était frappant. Finalement sous ses airs de bouledogue, Jesus devait vraiment manquer de confiance en ses capacités pour se cacher derrière autant de négativité et d'agressivité. Le blondinet se sentait un peu secoué par cette façon de le rabrouer quoi qu’il dise. C’était comme si quoi qu’il dise c’était une connerie. ça donnait pas trop envie de parler… Ou c’était qu’avec lui, et donc ça prouvait que Jesus l’appréciait vraiment pas ?

“Moi ça… ça me choquerait pas… Enfin… Vu… Vu comment t’es doué en cuisine…” bafouilla-t-il d’une voix à peine audible.

Et bim, encore une remarque. Bon. Les métaphores filées, c’était pas le truc de Jesus non plus. Hyacinthe avait vraiment l’impression qu’ils parlaient pas le même langage. A chaque fois qu’il essayait d’être gentil, il avait l’impression de vexer un peu plus le métis. C’était vraiment comme marcher sur un tapis de clous rouillés là… Vraiment. Il comprenait pas pourquoi… Il était si nul que ça pour réconforter les gens ?

“Pa...Pardon… C’était…. Juste… Enfin… Non… C’était nul… Pardon…”

Hyacinthe se retint de s’excuser à nouveau. Sinon, Jesus allait finir par lui mettre une baffe. Il se mordit la lèvre. Bon au moins, il était plus le seul à trouver que Loïs était un gros con qui se comporte comme un salopard. C’était la seule pensée qui semblait leur être commune. C’était dommage, c’était pas super positif comme point commun. Il écouta Jesus et ne put s’empêcher d’écarquiller un peu les yeux. Ah oui. C’était vraiment un gros con. Définitivement, c’était pas très classe comme comportement. En même temps… Loïs était pas très classe dans l’esprit de Hyacinthe. La distinction des sangs purs, mon cul, oui.

“Pro… Probablement… Ou… Pour se faire… Mousser ? C’est… C’est pas si étonnant venant de lui… Mais… Enfin… Il a l’air d’avoir voulu tout faire… Pour…. Pour t’énerver ?... ça… ça l’amuse peut-être ?”

Ouais, ça, ça aurait pas étonné Hyacinthe. Il ne put pas vraiment répondre à la suite. Peut-être ? Enfin pour Hyacinthe, ça avait plus l’air d’être les sentiments non réciproques leur soucis à tous les deux.

“Peu… Peut-être… Enfin… ça a… ça a pas l’air plus simple avec les filles… Je… C’est...C’est pas… plus les sentiments le soucis ? Quand… Quand ils sont pas réciproques…”

Il eut un regard pour les deux garçons qui les regardait depuis que Jesus avait monté le ton. Il leur fit un sourire un peu désolé et un petit signe de main. Mouais. Vraiment, Jesus était une sacrée énigme pour lui. Et quand il proposa de partir, enfin, ça sonnait plus comme un ordre détourné, Hyacinthe finit son cappuccino pour le suivre, embarquant son roulé à la cannelle à peine entamé. Il marchèrent, et Hyacinthe proposa d’aller dans le parc.

Il hésita une seconde et finit par rouvrir la bouche.

“J… Jesus… C’est… C’est juste moi qui t’énerves comme ça… Ou… Enfin… Si je t’embête… C’est pas parce que je suis le frère de Nate que… que tu dois de te forcer à me supporter… Je… Enfin je comprendrai si tu m’apprécies pas… En fait… Je sais… je sais que… Je… Je suis pas toujours très doué… Ni très intéressant comme personne alors… Je t’en voudrai pas, hein… Je veux pas… Je veux pas t’embêter…”

Il n’osa pas regarder Jesus. Il allait encore plus l’énerver ? Il se mordit la lèvre, et tenta un léger regard vers le métis. Vraiment, il n’était pas très à l’aise quand Jesus s’énervait sans raison. C’était incompréhensible pour Hyacinthe.

Est-ce que Loïs avait fait ça par sadisme ? Parce que ça l'amusait de le voir en chier avec ses sentiments ? Franchement, il n'était plus sûr de rien. Il ne lui avait pas semblé que Loïs était si pervers mais il avait bien conscience qu'il s'était trompé sur son jugement. Au fond, qu'est-ce que ça changeait ? Cette entrevue l'avait juste convaincu qu'il ne voulait plus jamais le voir. Ni entendre parler de lui. Et qu'était-il en train de faire ? Ah oui, de parler de lui.

"Ouais, oublie, de toute façon il vaut même pas la peine qu'on parle de lui. A part pour lui filer des putain d'acouphènes p'tet."

Mais Hyacinthe avait raison. Les filles, ce n'était pas plus simple. Enfin lui, il n'avait eu que peu d'expériences avec. La plus longue, c'était Isleen. Autant dire que niveau exemple et simplicité, on n'était pas au top. D'ailleurs, ça l'avait vacciné, hein. Puisque depuis, il s'était pris en main et avait accepté qu'il s'intéressait d'avantage aux hommes. On en revenait au même point. Une conclusion qu'il avait déjà eue et formulée plus d'une fois.

"Ouais, c'est les sentiments. C'est de la merde ce truc là."

Un dernier regard pour le pauvre couple qui n'y était pour rien dans tout son malheur et les voilà sortis de la cafétéria. Il venait de terminer l'éclair au chocolat mais embarqua le café, encore un peu chaud, avec lui. Les sentiments c'était de la merde, donc. Et pour autant, il ne s'était pas encore résolu à résoudre ce problème, à retourner dans ce bar où il avait rencontré Loïs ou dans un autre et à accepter les bras et les cuisses du premier connard venu. Franchement ? Il n'en avait même pas envie. Ils se posèrent tous les deux, sous un arbre qui commençait à peine à bourgeonner. Et le poufsouffle regarda, perplexe, Hyacinthe. De ... quoi ?

"Mais... ça a rien à voir... je... j'suis pas énervé."

Et là, vraiment, il ne l'était pas. Il était surtout surpris et décontenancé. Qu'est-ce qu'il avait fait pour faire croire ça à Hyacinthe, franchement ? Lui dire que la métaphore des oignons n'était pas nécessaire ? Il était susceptible à ce point - oui, l'hôpital, la charité...-

"Ca n'a rien à voir avec Nate, j'sais pas ce que j'ai dit pour t'faire penser ça..."

Bon, en réalité, ça avait un peu à voir, c'est vrai. Il avait fait des efforts pour être gentil avec lui, pour ne pas décevoir Nate. Mais justement, il essayait d'être GENTIL. Et on lui reprochait d'être énervé ? Il haussa les épaules. Il forçait son ton à être calme et posé, pour ne pas sembler, justement, plus énervé qu'il ne l'était.

"Tu m'énerves pas. Et j'ai jamais dit que t'étais pas très intéressant. Qui c'est qui t'as dit ça ? Personne n'a le droit de te l'dire, t'sais ça ? Qu'ils aillent se faire foutre, ceux qui le pensent franchement !"

Hyacinthe commencerait peut-être à percevoir le problème. Jesus n'était pas énervé contre lui, spécifiquement. Il en voulait au monde entier. Et surtout aux autres. Tous les autres.

"C'est contre Loïs que j'suis énervé. Mais ça n'a rien à voir contre toi. Désolé si j't'ai vexé, j'voulais pas... j'sais que j'ai tendance à m'énerver desfois mais ... c'pas contre toi, t'vois ?"

Vraiment. Pourquoi se serait-il énervé contre Hyacinthe alors qu'il lui apportait gentiment de la bouffe ? Il n'était pas un monstre, non plus ! D'ailleurs, il termina son café, qui avait eu le temps de refroidir. Et qu'il avait eu la bonne idée de poser au sol, lorsqu'ils s'étaient assis. Évitant ainsi de le renverser lorsqu'il parlait, accompagnant toujours ses paroles de grands gestes.

Assis sous l’arbre, Hyacinthe se demandait s’il ne devait pas juste partir et laisser Jesus profiter de sa matinée comme il l’entendait. C’était terrible cette sensation de se sentir juste indésirable. Il ne savait même pas trop pourquoi. Et là, quand il voyait le regard de Jesus, il se sentait encore plus débile, et naze. Il comprenait tellement rien aux autres -et plus encore visiblement en Jesus-. Il baissa la tête, gêné en entendant l’autre dire qu’il était pas énervé. Ah. Mince. Hyacinthe avait pourtant eu l’impression de lui taper sur les nerfs. C’était lui qui devait être trop sensible. Ou juste pas habitué à fréquenter d’autres personnes que les quelques dont il connaissait bien les réactions. Jesus, finalement, il ne le connaissait pas bien, il n’avait pas observé toutes ses habitudes, ses réactions alors… C’était compliqué. Et il voulait pas vexer Jesus en plus. Il avait l’impression de tout faire de travers.

“Non.. Non… t’as… T’as rien fait… C’est idiot… Pardon…” bafouilla le blondinet d’une voix étranglée.

Qu’il était nul. Archi nul. Pas fichu de comprendre quoi que ce soit. Pas étonnant que les gens finissent par l’éviter. Il releva un regard timide vers Jesus. Personne lui avait dit ça. Enfin pas sur le fait qu’il embêtait Jesus. C’était juste l’impression qu’il avait. Et puis, on lui avait dit tellement de fois qu’il était inintéressant. Que personne voudrait jamais traîner avec un bègue sang de bourbe. Ces mots s’étaient ancrées en lui. Comme une marque indélébile.

“Per… Personne… Enfin… Personne récemment… Mais… Je… Enfin…”

Il ne savait pas trop quoi dire. En fait, ce que disait Jesus, ça lui faisait du bien. Et en même temps, il se sentait idiot d’avoir douté du métis. Jesus prenait sa défense avec tellement de conviction. Personne ne l’avait vraiment défendu alors… Il aurait aimé connaître Jesus plus jeune, ça l’aurait peut-être aidé à se sentir mieux dans sa peau. Ou peut-être pas. De toutes façons, ça s’était pas fait alors, pas la peine d’imaginer mille choses. Mais Hyacinthe sourit doucement à Jesus.

“Merci…” souffla-t-il d’une voix à peine audible.

Il acquiesça aux explications sur son énervement. Il comprenait un peu mieux. En fait, c’était contre la terre entière que Jesus semblait énervé. Mais pas lui. Au fond, il avait droit à un sacré traitement de faveur sous un certain angle. Il sourit un peu plus à Jesus. Un vrai beau sourire sincère.

“Dé… Dé...solé… J’ai tendance… à souvent croire que c’est ma faute… Alors que non… Je… Je suis pas vexé… Je… En fait… J’ai juste… Pas trop l’habitude des… des relations amicales je crois… Enfin…”

Il eut un soupir. Il savait pas trop quoi dire sans passer pour ce qu’il était, un handicapé des relations sociales.

“En fait… A… A...A...A…Avec mon bégaiement…. Et puis… Mes origines… ça… ça a toujours été un peu compliqué… Pour… Pour aller vers les autres…. Et avoir des amis… Alors… J’ai… J’ai souvent l’impression… Que je dérange… Ou… Ou que je suis pas valable comme ami… Et… Enfin… On me l’a beaucoup dit… Et… J’avais personne pour… pour dire ce que t’as dit… Alors… J’ai fini par les croire… un peu…”

Il eut un petit rire.

“On… On lit pas autant de livres que moi… quand… quand on a des amis…”

Il essayait de plaisanter, mais… c’était un peu vrai. En fait, sa réussite, elle était un peu du à son rejet. Même s’il avait jamais voulu inquiéter Nate avec ça. Il avait toujours essayé de faire bonne figure. Il avait même été jusqu’à s’inventer des amis pour que son frère sache pas combien il était seul à Poudlard.

Vraiment, il avait l'air de se prendre sacrément la tête pour pas grand chose, ce Serdaigle. Et ça, c'était la réflexion venant de quelqu'un qui parfois se posait déjà bien trop de questions. Mais ces derniers temps, il avait opéré un certain lâcher prise vis à vis de ce que les autres pourraient penser de lui. Sur certaines questions, c'était déjà établi depuis longtemps. Sur sa sexualité, ses préférences, sa personne, ça commençait à venir. Même s'il n'assumait pas encore tout, il commençait à avoir envie d'envoyer paître les autres sur ces questions là aussi. Sa façon à lui de s'assumer.

"T'inquiète. T'as pas à être désolé."

Ça faisait combien de fois qu'il lui disait ça ? Mais c'était vrai. Y'avait aucune raison de s'excuser sur tout. Il avait le droit de s'exprimer, comme tout le monde. Tout comme on avait le droit de lui faire des remarques et de l'envoyer paître, n'est-ce pas Jesus ? Mais il n'avait absolument pas ça en tête, là. Il essayait juste de comprendre pourquoi Hyacinthe s'était foutu dans un pareil état d'un coup.

"Franchement, ceux qui t'ont dit ça, c'pas des amis. Et vaut mieux pas en avoir et lire des bouquins que d'entendre ces conneries. Même des bouquins chiants. "

Et c'était dire, quand on connaissait l'amour de Jesus pour la littérature. Il était peut-être un peu à côté de la plaque, il avait du mal à se rendre compte de la situation et à la comprendre mais il était au moins sincère. Lui, c'était différent. Il avait peu d'amis de longue date, ses relations étaient souvent compliquées et mises sur le dos de son caractère explosif. Mais il n'allait pas changer pour les autres non plus, hein. De toute façon, il avait essayé. Et ça n'avait pas tenu trois jours.

"Faut t'sortir ça de la tête, franchement. Tu déranges pas. Et puis au pire, si tu déranges, quoi ? On t'le dit et c'est fini, fin d'l'histoire."

Il haussa les épaules. Se sortir ça de la tête. T'en as d'autres des comme ça Jesus ? On en parle de ta façon de te sortir Loïs de la tête ? Mais c'était toujours plus simple quand c'était pour les autres de toute façon. Lui, évidemment, c'était différent.

"Tu voulais faire quoi de ta matinée de libre ? On peut l'faire ensemble si tu veux... Si ça consiste pas à se taper des bouquins, hein."

Il ne considérait pas le jeune McDougall comme un ami, loin de là. Ils ne se connaissaient pas très bien. Mais il pouvait quand même faire un effort. Et essayer ? De toute façon, il n'avait aucune envie de se replonger dans la compta. Toute excuse était bonne à prendre...

A force d’entendre Jesus lui dire qu’il devait pas s’excuser, Hyacinthe se disait que s’il s’excusait encore, il allait finir par se faire engueuler. Alors, autant essayer de plus trop s’excuser, il voulait pas agacer encore plus le métis. C’était pas le but. Et puis, il s’énervait déjà facilement, pas la peine d’en rajouter ! Hyacinthe acquieça avec un petit sourire. En fait, même s’il était un peu brutal dans sa façon d’être, Jesus était bienveillant avec lui, et… ça faisait du bien. Oh, bien sûr, ce n’était pas le seul, il y avait de plus en plus de personnes avec qui Hyacinthe arrivait à tisser des liens. Mais avec Jesus, ça lui faisait un drôle d’effet. C’était idiot. Peut-être que l’amortentia c’était trompé… Ou qu’il aimait juste l’odeur de la pâtisserie mais… Il aimait bien Jesus. Peut-être parce qu’il aurait aimé être un peu plus comme lui.

“C’...C’est… C’est sûr… En fait… J’a… j’avais pas vraiment d’amis… A Poudlard… Donc… J’en ai lu beaucoup… des livres… Mais pas que des chiants… J’te jure !” dit-il en souriant.

Au moins, avec Jesus, tout était direct. Les conseils étaient simples, directs, efficaces. Mais bon, c’était aussi un peu abrupt. Heureusement que Hyacinthe savait que ce n’était pas qu’à lui qu’il parlait comme ça. En fait… Quand on arrivait à traduire, c’était vraiment gentil ce qu’il disait.

“Je...Je com...compte sur toi alors pour me le dire ! En atten...attendant… J’vais profiter de ta compagnie !”

Il était joyeux en disant ça. Il croqua avec un appétit retrouvé dans son roulé cannelle, et se détendit un peu, ses épaules se faisant un peu moins raides. Oh, bien sûr il continuait de pianoter nerveusement de sa main gauche sur sa cuisse, mais enfin, il était presque apaisé. Il rigola à la question de Jesus et à son évocation amère des bouquins.

“Non… Non… T’inquiète pas… Je… Je voulais profiter… Du beau temps… Je… Je savais pas encore trop ce que j’allais faire… Peu… Peut-être aller voir les… les animaux de la forêt ? J’aime bien… Puis… En général, ils aiment bien voir un peu de monde…”

Il acheva son roulé en quelques bouchées, et se releva, motivé et joyeux. Alors, oui, il boitillait toujours un peu, mais pour lui, il flottait dans un océan de bonheur. La compagnie de Jesus lui faisait vraiment un drôle d’effet, ce n’était vraiment pas déplaisant. Loin de là.

“Tu… Tu as une créature magique… Que tu préfères aller voir ? Ou… Tu t’en fiche ?”

En fait, il ne savait même pas si Jesus était à l’aise avec les créatures. Quoique… ça le calmait peut-être les animaux ? On dit souvent ça, que le contact avec les animaux révèle la vraie nature des gens. Il était sûr que Jesus était doux comme un agneau dès qu’on lui mettait un Boursouf dans les bras !

Hyacinthe n'avait pas eu l'air d'avoir eu une vie facile. Lui-même avait enduré des trucs, Poudlard avait été un passage difficile, surtout les premières années après son arrivée. Et lorsqu'il s'était fait virer de chez sa tante et qu'il s'était retrouvé pupille de Poudlard, aussi. Ouais, c'était une période à chier pour beaucoup de monde. Mais au moins, il avait eu quelques amis sur qui compter. Il avait perdu la plupart de vue, depuis. Pour diverses raisons. Évidemment, à présent il considérait la plupart comme des gros cons. En attendiez-vous moins de Jesus ? Mais sur le coup, ils avaient été un appui précieux.

"Ça devait être chiant, de pas avoir d'amis à Poudlard."

Pour le tact, on repasserait. Mais c'est qu'il faisait la constatation à voix haute en même temps. Ça avait dû être long, de passer sa scolarité seul et sans amis. On pourrait opposer qu'au moins, il avait eu le soutien d'une famille, lui. Même s'il s'agissait de son grand-frère.

Au moins, il semblait qu'il avait désamorcé le conflit. Pas que ça soit tellement dans ses habitudes de faire ça, d'ailleurs. Il avait plutôt pour habitude de foncer tête la première dedans. Mais là, il s'était senti déstabilisé. Et il était content d'avoir rétabli la vérité et que Hyacinthe ne reste pas avec l'idée qu'il lui en voulait ou qu'il était énervé contre lui en tête. Bien sûr, ça ne l'empêcherait pas de s'énerver à nouveau pour une broutille dès que l'occasion se présenterait. C'était presque dans ses gènes, ça. Mais au moins, Hyacinthe saurait à quoi s'en tenir.

"Hm... j'sais pas. J'connais super mal les créatures magiques. Enfin celles qui sont vivantes... "

Oui, parce qu'en créatures magiques mortes, il était une encyclopédie hein... Non, évidemment. Maladresse de formulation. Disons qu'il était particulièrement calé en ingrédients de potions. Et qu'un certain nombre de ceux-ci comprenaient des poils, écailles, crachats, excrements -pire que l'homéopathie, les potions- ou autres viscères de créatures en tout genre. L'art des potions n'était pas toujours spécialement délicat avec les créatures, même si la majorité des prélèvements n'impliquaient pas la mort de la source, heureusement.

"J'crois que j'ai jamais été depuis les cours à Poudlard... t'y vas souvent ? J'suis curieux, j'te suis !"

Et ils se mirent en route tous les deux. Il n'avait rien contre les animaux pourtant, il aimait bien, même. Son studio était trop petit et bien trop bordélique pour envisager d'en adopter malheureusement. Et il ne savait pas toujours bien s'y prendre avec eux... La preuve, avec un certain chat noir ! Mais il adorait le doggamy de Nate. Comme quoi, tout espoir n'était pas perdu...

Le tact n’était clairement pas le talent premier de Jesus. Hyacinthe aurait pu se sentir blessé par la remarque de Jesus, mais, non. Il savait que c’était un simple constat. Il eut une petite moue, et acquiesça à demi. ça n’avait pas toujours été simple. Il s’y était habitué. Il n’avait jamais eu beaucoup d’amis tout court en fait. Même avant Poudlard. En fait… Avec l’accident de ses parents, il s’était lui même coupé du monde pendant plusieurs mois. Et reprendre contact après avait été plus difficile que prévu.

“C’est… C’est sûr… Mais… C’est pas vraiment… Vraiment un choix ?”

Il n’avait pas forcément envie de s’étendre plus. Il haussa les épaules. C’était le passé. Maintenant, ça allait mieux, il apprenait à s’ouvrir aux autres, à s’affirmer un peu plus aussi. C’était effectivement mieux, mais parfois, il avait toujours du mal. Parfois, ça lui paraissait plus simple d’être seul. Au moins, maintenant, il choisit s’il préfère être seul ou entouré. C’est bien d’avoir le choix.

“Celles… Vivantes ?” s’interrogea à voix haute le blondinet avec un haussement de sourcil un peu suspicieux.

Il ne pensait pas aux potions. Il imaginait d’un coup, Jesus en train de cuisiner du dragon ou de la fée… C’était un peu dérangeant à imaginer ! Il préféra chasser ces images là de son esprit, parce que c’était vraiment très dégoûtant.

“A...Assez souvent, oui… J’aime bien passer du temps là-bas… J’ai… J’ai mes chouchous…” avoua-t-il avec un sourire. “J”hé… J’hésite à rejoindre le club de défense des créatures… Mais… J’ai pas beaucoup de temps… Je préfère… Y aller plus librement…”

Ils marchèrent un peu, et le blond fit signe à Jesus de le suivre dans un petit renfoncement à côté d’un bâtiment. C’était souvent là que quelques fléreurs prenaient le soleil. Ils étaient mignons ! Et ils aimaient presque tous les gratouilles derrière les oreilles ! Hyacinthe s’approcha d’un fléreur blanc tacheté de roux et débuta une séance de câlins.

“Ils sont tous adorables… Mais vas-y doucement, vu qu’il… Qu’il te connaissent pas encore !”

Un jour, Hyacinthe adoptera un fléreur, ils sont si adorables. Et puis, ce sont des animaux indépendants aussi malgré leur gentillesse. Il ne souffrirait pas de le voir souvent enchaîner les gardes à l’hôpital. Oui… Son esprit vagabondait et se projette assez loin… C’était rare.

“Tu… Tu as déjà eu des animaux ?” questionna-t-il curieux, le sourire aux lèvres alors qu’il jouait un peu avec le fléreur.

Il aurait peut être dû réfléchir un peu mieux à sa formulation. Jesus leva un sourcil à son tour. Quoi, c'était bizarre ? Il était bien loin de s'imaginer que Hyacinthe le voyait déjà en train de découper du carpaccio de licorne.

"Bah... j'connais mieux leurs... parties qui sont utilisés pour les potions, t'vois."

On était pas passé loin de la catastrophe, niveau double sens. Heureusement, il avait à peu près sauvé les meubles. Et dans la foulée, changea de sujet pour s'intéresser un peu plus à ce qui plaisait à Hyacinthe,  là dedans. C'était mignon. Lui ne trouverait sans doute pas autant d'intérêt à les voir régulièrement. C'est comme les plantes, c'était joli cinq minutes mais après, c'était vite chiant -il s'était fait virer des serres de la MUL pour moins que ça, d'ailleurs-
Jesus suivit Hyacinthe à travers les sentiers, pour arriver dans un petit recoin. Et il se figea en regardant les fléreurs. Ah. Ce n'était pas tout à fait ce qu'il imaginait, quand Hyacinthe avait évoqué les créatures magiques. Il grimaça, restant en retrait pendant que le blondinet s'en donnait à cœur joie à grattouiller ces gros chats magiques.

"Heu... J'aime pas trop les... félins, t'sais. C'est fourbe et traitre."

Et infidèle. Et même pas mignon. Et...
Jesus. Parlais-tu encore de ces mignons petits fléreurs, là, ou bien d'un certain chat noir ? Hyacinthe ne devait pas savoir à quel point de toutes les créatures magiques, celles-ci étaient une mauvaise pioche. Et comme si ça ne suffisait pas, il fallut que l'un d'entre eux, au pelage rayé tirant bien trop vers le noir à son goût vienne renifler ses chaussures. On disait que ces trucs là sentaient l'animosité, il lui semblait.

"Non, jamais, en studio c'est galère et..."

Il s'interrompit lorsque le fléreur se mit à feuler puis à lui cracher dessus. Il ne s'était pas trompé, c'était vraiment des saloperies ces trucs là ! Jesus le regarda, les sourcils froncés, prêt à feuler à son tour. Il n'allait pas se laisser marcher dessus par un chat -une deuxième fois- non plus !

"Tu veux pas aller voir... un autre truc ?"

Jolie tentative d'equive, n'est-ce pas ? Il jeta un coup d'oeil à Hyacinthe, qui était encore à jouer avec une saloperie de fléreur qui faisait son mignon, comme si de rien n'était. Non mais avait-on vu plus fourbe que ces bêtes-là ? Il se baissa pour écarter celui qui continuait à lui feuler dessus. Et ce qui devait arriver arriva, l'animal se jeta sur sa main pour la mordre. Pas très fort mais suffisamment pour que ça soit douloureux et qu'il lâche un cri de surprise. Hé ! Il reprit sa main, fit voler le gros chat plus loin, en lâchant quelques insultes. Vraiment, les félins, plus jamais !

Ah ! Oh. C’était plus clair dit comme ça. Jesus aimait les potions oui… Ce n’était pas tout le monde qui savait faire un felix felicis… Il ne l’avait d’ailleurs toujours pas utilisé. Il le gardait précieusement. Il n’avait pas jeté l’amortentia non plus. Il ne l’avait pas senti à nouveau. Il ne voulait pas le jeter, c’était quand même un cadeau.

“Oh ! ça...ç...ça… t’inté… t’inté...resse des mou...Moustaches de fléreurs ? Ou des cr...cr...crins de sombrals ?” demanda-t-il naturellement.

S’il pouvait lui éviter de dépenser des fortunes, il en avait mis un peu de côté au fil des visites, et même d’autres choses. Rien de très rare, mais c’était déjà un beau geste.

Oh ? Il n’aimait pas les chats ? C’était étonnant. Il aurait cru. Comme quoi, Hyacinthe avait bien des choses à apprendre sur Jesus. Mais cela ne l’empêcherait pas de faire quelques câlins à ses chouchous. Après tout, ils attendaient des caresses de sa part, tant pis si le métis n’en offrait pas !

“ça… ça… ça dépend des… des félins quand… quand même…”

Lui, quand il voyait son chat… Il avait pas vraiment l’air fourbe ou ingrat. Il était toujours là pour le consoler. Et puis, il n’avait jamais fait de mal à une mouche tellement il était pantouflard.

“Oh… o...oui… C’...c’est compliqué...dans… dans un… un petit appa..rt…”

Il fronça les sourcils en voyant le Fléreur devenir si agressif envers Jesus. Il avait du sentir que le beau brun n’était pas friand de son espèce… Les animaux sentent ce genre de chose.

“Si...Si… On va…”

Oh non ! Au moment où le fléreur attaqua Jesus, Hyacinthe se saisit de sa baguette. pas assez vite pour empêcher la morsure, mais assez vite pour amortir la chute de l’animal. Wow. Il n’avait pas pensé en amenant Jesus ici que les choses dégénèrent comme ça. Il se hâta s’aller voir Jesus, baguette toujours à la main, surveillant les fléreurs. Il ne manquerait plus que tous les animaux les attaques.

“V...Viens !”

Il attrapa le bras de Jesus et l’entraîna, surveillant d’un oeil les animaux, l'emmenant plus loin dans la forêt. Là où les fléreurs laissent place à des animaux plus imposants. Il s’arrêta, attrapant la main de Jesus pour regarder la morsure. Il ne l’avait pas râté. Et sans lui demander son avis, Hyacinthe lança un sort de soin. Silencieusement. Sa maîtrise des sorts informulés étaient assez impressionnante pour qui n’était pas habitué à le côtoyer.

“Dé… Désolé… D’ha...D’habitude… Ils sont.. Sont pas agressifs comme ça…”

Sinon, il aurait choisi un autre enclos. Il était vraiment désolé que ça se passe comme ça. Il avait promis une matinée sympathique à Jesus… La suite serait peut-être mieux ? D’ailleurs, il se retourna en entendant un léger bruit de pas.

Oh, ce n’était que son chouchou toute catégorie, Eugene.

“Oh… Re...Regarde qui vient nous voir !” lança-t-il en retrouvant le sourire.

Il délaissa le bras guéri de Jesus pour aller caresser la tête du Sombral qui l’avait probablement senti.

“Dé...Dé...so...lé… J’ai… j’ai oublié… Les fri...Friandises, Eu… Eugene…”

La scène devait être assez surréaliste pour qui ne voyait pas le cheval ailé squelettique devant Hyacinthe. Et le blond était tellement habitué à le voir, qu’il ne songea pas une seconde que ce n’était pas le cas de Jesus. Il flatta l’encolure du cheval, le serrant dans ses bras, collant sa tête contre lui. Qu’est-ce qu’il l’aimait ce Eugene… Et c’était visiblement réciproque.

Évidemment, tout ce qui était ingrédients de potions l'intéressait. Jesus avait répondu avec enthousiasme. Ce n'était pas les ingrédients principaux de ses potions phares mais il trouverait toujours quelque chose à en faire. Et puis si ça n'était pas pour lui, il trouverait toujours un acheteur pour les revendre à un prix intéressant. Et qui sait, peut-être même qu'il partagerait les bénéfices avec Hyacinthe, il n'était pas comme ça hein !

Mais en attendant, il était surtout en train de faire face à un chat sauvage qui avait l'air de lui en vouloir personnellement. Ou était-ce l'inverse et le félin sentait-il sa réticence à l'approcher ? Allez savoir. Toujours est-il que ça se termina par une une morsure de cette saloperie d'animal. Quand il disait qu'il n'aimait pas les félins... Vraiment, il y avait un truc. Même si les morsures de Loïs étaient plus agréables que celle-là. Jesus serra les dents -il n'allait pas non plus montrer que ça faisait mal, hein !-, attrapa le dos de sa main avec la deuxième pour la serrer et atténuer la douleur. Et il se laissa entraîner loin de ces bestioles de l'enfer. Ce n'était peut-être pas une très bonne idée, cette promenade vers les créatures fantastiques... En tout cas, ils n'en avaient pas la même vision !

"Ils devaient sentir que j'aime pas les félins... T'vois pourquoi maintenant !"

Parce que bien sûr, c'était à cause de la morsure qui venait d'arriver qu'il ne les aimait pas. Et pas du tout à cause d'un certain chat noir... Que décidément, il ne se sortirait jamais du crâne hein... Mais faut dire que si on l'emmenait voir des félins hargneux pour se changer les idées, ça allait être compliqué d'avancer.

"Merci !"

Il attrapa sa main, désormais guérie. Ce n'était même plus rouge et ça ne faisait plus mal. Mais il en voudrait aux fléreurs plus longtemps que ça. Ces sales bêtes... Jesus fronça les sourcils lorsque Hyacinthe s'intéressa à ... du vent, de toute évidence. Il le regarda du coin de l'oeil, essayant de guetter cet Eugene, en vain. Alors soit c'était un fantôme très bien caché, soit...

Non, Hyacinthe n'oserait quand même pas se payer sa tête ? Au point de prétendre s'excuser devant .. rien ?

"Euh... au risque de m'faire mordre encore..."

Non parce que ça pourrait peut-être le vexer, le Eugène, si par le plus grand des improbables hasards il existait. Ce dont Jesus doutait un peu. Même s'il lui semblait voir quelques brindilles bouger. Il avait pourtant dû entendre parler des Sombrals, un jour. A moins qu'il ait oublié d'aller en cours cette semaine là... mais là, il n'y pensait absolument pas.

"Il est où, cet "Eugene" ?"

Et puis qui appelait une bestiole Eugene, déjà ? D'accord, il s'appelait Jesus, il était mal placé pour juger. Mais pensez vous vraiment que ça l'en empêchait ?

Oui, visiblement, les fléreurs avaient bien senti qu’il ne les aimait pas… C’était quand même surprenant toute cette agressivité. Ils n’avaient jamais été comme ça avec lui. Et ce n’était pas comme ça qu’ils allaient se réconciler, les félins et Jesus. Hyacinthe en était désolé. Il n’avait aucunement voulu que cela se passe ainsi. Sinon, il aurait fait un détour pour éviter les félins. Vraiment, pour le moment, ça n’avait rien d’une charmante promenade. C’était pourtant ce qu’il avait promis à Jesus en quelques sortes.

“Oui… Oui… J’comprends mieux…”

Et il en était tellement désolé. Heureusement qu’il avait pu facilement le soigner. Franchement, ça aurait été vraiment une sale matinée pour le métis… Mais ça allait bien se passer avec Eugene ! Le sombral était tellement gentil, franchement, ça ne pouvait pas mal se passer ! Ou alors, Hyacinthe allait définitivement arrêter de proposer des trucs à Jesus.

Il caressait doucement la tête du Sombral, s’attendant à ce que Jesus s’avance au moins vers le cheval ailé mais au lieu de ça… Jesus le regardait comme on regarde un alien. Quoi ? Il ne le voyait pas ? Ah… Bon, vu sa question, il ne le voyait vraiment pas. Hyacinthe les voyait depuis si longtemps, il oubliait parfois que d’autres ne les voyaient jamais de leur vie. C’était sans doute une chance pour eux… Jesus avait la chance de n’avoir jamais croisé de trop près la mort.

“Oh... Tu...Tu… Tu vois pas… Les...les Sombrals ?”

C’était plutôt une question rhétorique, la situation lui prouvait que oui. Il s’approcha de Jesus, et lui prit la main pour lui indiquer où avancer, le plaçant devant le cheval squelettique. Il lui fit poser la paume de sa main sur le front du cheval.

“Tu...Tu sens sa tête… sous… Sous tes doigts ?” murmura-t-il au brun. “Il… Il te fera… Pas..pas de mal… Il est...a...A..Adorable…”

Le contact avec la peau des sombrals devait être assez étrange quand on ne la voyait pas, et leur corps squelettique.

“Eu… Eugene… Jesus… Ra...Ravi que… Que vous vous rencontriez !”

Le sourire de Hyacinthe était revenu. Il était content de voir Eugene qui donnait des petits coups dans la main de Jesus pour avoir un peu plus de caresses, le reniflant de ses naseaux. Il était bien plus gentil que les fléreurs pour sûr ! Et heureusement, parce qu’il était aussi autrement plus gros qu’eux.

“Sou… Souvent je… Je lui amène des… des fri...Friandises au… au whisky… Il… Il adore ça..”

Aaaah, c'était donc ça. Un sombral et non pas un fantôme qu'il n'était pas autorisé à voir pour une raison qu'il n'avait pas eu le temps de trouver. Ses sourcils restèrent froncés tandis qu'il dévisageait Hyacinthe puis le vide à côté de lui, supposé contenir un Sombral.

"Faut croire que non."

Effectivement, il n'avait pas connu la mort de si près. Son père était mort bien après son départ et ils n'étaient pas vraiment proches. Quant à ceux de sa famille qu'il aurait préféré savoir six pieds sous terre, ils étaient encore tous bien vivants. Alors il n'avait qu'une vague idée de l'apparence que pouvait avoir une pareille bestiole. Et de sa taille. Il se souvenait d'une illustration un peu lugubre d'un de ses livres de cours, représentant le cheval squelettique. Jesus eût un petit mouvement de recul lorsque Hyacinthe attrapa sa main et la déposa sur une surface invisible mais bien mobile et vivante. Il grimaça. Ce n'était pas particulièrement agréable. C'était froid et ça ressemblait à de la pierre. Ou des os.

"Je sens un truc ouais... T'es sûr qu'il va pas mordre ?"

C'est qu'il n'était pas spécialement rassuré de sentir un truc invisible qui bougeait. Et il lui semblait que les animaux n'aimaient pas ressentir la peur. Ceux qu'il connaissait, en tout cas. Mais ceux-là, il n'y connaissait rien, au final. Il tenta de se détendre un peu, de faire confiance à Hyacinthe. Ce qui n'était pas une mince affaire, vu qu'il l'avait mené dans la gueule du tig.. des fléreurs tout à l'heure.

"Ça doit être bizarre de voir quelque chose que presque personne ne voit..."

Pourquoi est-ce que l'idée que Hyacinthe l'avait vu en vision avec Loïs lui revenait juste à ce moment là ? Allez savoir. Il rougit un peu et tenta de chasser cette pensée de sa tête. Arrête de penser à ce crétin là. Pense au Sombral Jesus. Et comme pour l'aider, il sentit un souffle, tiède, contre sa main. Et des petits coups. Hyacinthe avait peut-être raison, au fond. Il semblait bien moins coriace que ces saloperies de félins. Jesus tenta de le caresser, un peu maladroitement, à tâtons. On ne pouvait pas dire qu'il trouvait le contact particulièrement agréable. Mais c'était... surprenant et un peu amusant, au moins.

"C'est pour ça qu'il a l'air de renifler partout ? Si j'reviens dans le coin, j'penserai à balancer des friandises au whisky dans l'air !"

Il sentit l'animal s'éloigner un peu et à la réaction de Hyacinthe, comprit qu'il s'était rapproché de son ami. Ils restèrent un petit moment avec la bestiole invisible avant de reprendre le chemin de la MUL, en discutant créatures fantastiques et recettes de cuisine -pas ensemble, hein, je vous vois, de toute façon y'a rien à manger sur un sombral-.

Ca lui avait fait du bien, cette petite sortie, ce qu'il ne se retint pas d'avouer à Hyacinthe. Maintenant, il allait falloir se remettre au travail et c'était bien moins réjouissant ça par contre... Les partiels ne se feraient malheureusement pas tout seuls. Jesus remercia le serdaigle et le salua avant de repartir de son côté, ses affaires sous le bras. Autant vous dire qu'il avait une flemme monumentale de rouvrir ses manuels...