Wet and cute at my door, what was I supposed to do [ Yaya & Loïs ]

La vie d'un Valentine n'est pas de tout repos. Ajouté à celà le fait que son boss ait été viré manu military et qu'il se retrouvait avec le triple de travail sur son bureau, qu'il avait à gérer les crises existencielles d'un cuistot apprenti pâtissier, et la crise de la quarentaine ou presque d'un auror avec un peu trop de stamina... Plus une amie maniaco dépressive ? Ca demandait de l'énergie, tout ça. Et ce soir, Loïs avait décidé de se prendre sa soirée rien que pour lui. Il avait pris un bain, passé un peignoire, s'était servi un verre de vin et attendait les sushis de HIBOUVEROO. Une soirée parfaite, en perspective.

Et puis, on avait sonné à sa porte.

De toutes les personnes que Loïs s'attendait à trouver sur le pas de sa porte, certainement, le -plus si- petit Hyacinthe McDougall était le dernier auquel il s'attendait ! En l’occurrence, là, il attendait surtout des sushis. Mais c'était un peu tôt. Mais qui sait. Donc la tête qu'il tira, fut entre la surprise et le... miam. Parce que trempé, le T shirt collant un corps qu'il n'aurait jamais imaginé au blondinet, les boucles qui gouttaient sur le sol... Non, bien sûr qu'il n'allait pas le laisser là voyons ! C'était un sang pur qui avait le sens de l'hospitalité et un peu d'éducation.

« Come here darling, what are you doing here at this hour of the night ? »

Il posa une main sur son épaule et l'invita à rester dans l'entrée, le temps qu'il lui lance un sort de souffle chaud, pour qu'il ne trempe pas non plus le plancher de son appartement. Et puis il fit venir à lui un peignoire blanc tout doux pour son invité.

« Maybe you would like to take a shower ? Diner is about to arrive, but I can call them to order more. Do you like sushi ? »

Loïs, aussi gentil, sans raison ? Certainement oui. Aussi parce que le garçon avait été adorablement coincé et malgré tout câlin, et qu'il ne fallait pas beaucoup plus à Loïs en ce moment. A part qu'on lui fasse le dîner. Est-ce que Hyacinthe était en train d'essayer de lui dire quelque chose ? Peut être, mais le garçon beggayait et il ne s'agissait pas d'une question de vie ou de mort, si ?

***

Viens ici mon chéri, que fais-tu ici à cette heure de la nuit?
Tu veux peut-être prendre une douche? Le dîner est sur le point d'arriver, mais je peux les appeler pour commander davantage. Est ce que tu aimes les sushis ?

Reprendre sa vie en main, c’était ce que Hyacinthe faisait. En s’ouvrant un peu plus aux autres, mais aussi en apprenant à s’accepter lui-même. En faisant la paix avec lui même. Et pour cela, il devait apprivoiser ce don qui lui avait gâché la vie tant d’années. Il ne voulait plus le subir. Il voulait le contrôler. Il ne voulait pas que le destin lui montre des choses, il voulait voir au travers lui. C’était différent. Fini d’attendre et de pleurer impuissant. Il avait beaucoup lu sur la divination, sur les porteurs de troisième oeil, sur les techniques pour se mettre en transe -et non, il n’allait pas utiliser des plantes pour ça, non, non-. Il s’avérait qu’avec beaucoup d’assiduité et de concentration, il arrivait par la méditation à ouvrir son regard sur le futur. Bien sûr c’était plus éprouvant et moins net que lorsque son don l’étreignait la nuit, mais c’était un début. Il persévérait.

Et à force de persévérance, il avait vu nettement une silhouette. Oh non. Pas encore lui ! Quoi, il allait le voir où cette fois ? Dans une cave ? Dans un grenier ? Dans le coffre d’une voiture ? Franchement, depuis ce qu’il avait vu dans l’ascenseur… Mais non. C’était une pièce sombre, et curieusement, Loïs était tout habillé -tout arrive-. Il y avait aussi un homme d’un âge mûr. Les silhouettes bougent, fumeuses. Il sent la vision le fuir. Il résiste. Il sent que ce n’est pas comme toutes les fois où il a vu Loïs. La brume se tord. Le regard de peur de Loïs. Le sang. Les cris à peine compréhensible. C’est son père ? La douleur prend Hyacinthe au coeur. La vision s’embrume. Le lien se coupe. Le retour a la réalité est douloureux. Le voyant se sent comme vidé de son énergie. A trop vouloir tordre le fil du destin on en paie le prix. Il avait à peine eut le temps de courir au sanitaire qu’il renvoyait tout le contenu de son estomac. Vaseux. Il se sentait comme coincé entre deux états. Il avait lu des choses sur cet état, mais c’était vraiment désagréable. Les visions conscientes ne sont clairement pas de tout repos. Mais… Il avait réussi. Il aurait aimé voir autre chose, quelque chose de plus réjouissant…

Il avait hésité. Face au miroir, le visage trempé pour essayer de se sortir de sa torpeur. Il hésitait. Devait-il prévenir Loïs ? Il ne lui semblait pas sans défense mais… Dans sa vision. Rien que d’y penser il en avait des frissons. Il devait y aller. Personne ne mérite de vivre ça. Personne. Aussi imbus de lui-même et nymphomane soit-il, il ne mérite pas de souffrir comme ça. Hyacinthe repassa par sa chambre seulement pour prendre son sac, et mettre des chaussures. Il ne prit même pas de quoi se prémunir d’une potentielle averse d’été. Il était bien trop chamboulé, déconnecté et vaseux pour ça.

Et forcément, il s’était mis à pleuvoir à mi-chemin alors qu’il peinait à se souvenir le chemin qu’ils avaient pris la première fois. Il aurait peut-être juste du se transplané dans son salon… Mais bon… Il se dépêcha, courant sous la pluie battante. Jusqu’à reconnaître une porte. Il sonna. Il avait froid. Immobile, il réalisait qu’il était trempé jusqu’à l’os et que le vent n’aidait vraiment pas à se réchauffer.

“Bon… Bon… Bonsoir… Je… J’ai…”

Allons bon, il claquait des dents maintenant ? Rah. Il entra, grelotant. Le sort de souffle-chaud fut une bénédiction. Et le peignoir… C’était troublant de voir Loïs si attentionné et bienveillant. Il n’allait pas s’en plaindre. Mais il devait lui parler de sa vision. Le mettre en garde… Et… Hein ?

“Oui… J’aime les… Les sushis… Mais… Non… Je suis pas… Je suis pas là pour ça… C’est que… J’ai vu… Je t’ai vu… Encore… Et… Enfin…. On… On peut s’asseoir ?... J’ai… J’ai la tête qui tourne… Je crois…”

Il se sentait fiévreux. Pas impossible que ce soit le contre-coup de son exploit divinatoire.

Ce pauvre petit bouchon ! Echoué comme ça, sur le bas de sa porte, trempé. Il ne savait pas faire un impervius ? Ou peut être qu'il avait trop bu. Non, Loïs ne profitait pas des petits blonds qui avaient trop bu, c'était mal. Mais il était si mignon ! Il le guida jusqu'au canapé, déjà, pour commencer. Heureusement que ses peignoirs étaient bien épais et bien larges, parce que... C'était quoi, ces épaules ? Il avait des potions pour le mal de crâne. Touchant le front du jeune homme, non sans se rapprocher ostensiblement, il comprit que ça ne serait pas de refus. Il n'avait pas tout à fait enregistré -ni écouté- ce qu'on lui avait dit, et c'est seulement en revenant avec sa potion s'asseoir à côté de lui qu'il se rappela leur première entrevue. Quoi, il s'était surtout concentré sur son physique et moins sur ses dons particuliers. Même aux meilleurs, ça arrivait souvent !

« Calm down blondie... »

Il lui sourit, d'un sourire moins carnassier qu'on aurait pu lui attribuer. Oh, il n'était pas tellement -inquiet- non plus, pour un presque inconnu, mais il ne lui voulait pas du mal. Plutôt l'inverse. Il lui laissa la fiole entre les doigts, qu'il en fasse ce qu'il veut. Et puis il recontacta -merci la magie- HIBOUVEROO pour corriger sa commande, et revint s'installer à côté de lui.

« So tell me. »


Il lança, à nouveau disponible pour lui.

«What was it that couldn't wait so much that you came straight to my flat instead of sending an owl like any other human being ? »

Il se doutait bien que la réponse allait être longue. Et fastidieuse, pour le petit lapin effrayé. Alors il leur servit deux verres d'eau, depuis une carafe, et les vit léviter jusqu'à eux. Il se demandait si le garçon faisait un sport en particulier. Ou est-ce que c'était une histoire de gêne de pâtissier ? Non parce que les deux, là, avaient une carrure impressionnante...


***

Calme-toi blondinet...
Alors dis-moi.
Qu'est-ce qui ne pouvait pas tellement attendre que tu viennes directement chez moi au lieu d'envoyer un hibou comme tout autre être humain?

Le blondinet se laissa asseoir sur le canapé. Il était complètement dans le brouillard. C’était absolument désagréable. Il avait l’impression d’être à moitié coincé dans un autre plan de l’existence, comme s’il était coincé dans un gros courant d’air. C’était vraiment pas cool comme sensation. Du coup, il peinait à suivre les mouvements de Loïs. Il allait beaucoup trop vite. Ou alors c’était lui qui était bien trop ralenti. Il attrapa la potion que Loïs lui donnait. Mais il n’était pas certain que cela l’aide. Alors, il ne la but pas de suite. Histoire de ne pas empirer son état par mégarde.

“Je...Je… Je suis calme… C’est…”

Ha… Mais pourquoi il bougeait trop comme ça… Hyacinthe n’arrivait pas à fixer ses pensées si Loïs continuait de bouger. Et la vision le hantait. Le visage de souffrance se transposant à celui souriant du brun. C’était vraiment perturbant. Il posa la potion. Vraiment ce n’était pas ce qu’il lui fallait. Il devait juste… Focaliser son esprit. Et… Il devait parler. Il fixa le brun quand il évoqua justement ce qu’il était venu lui dire. Et pourquoi il n’avait pas utilisé un hibou. Oh. Il n’y avait pas pensé. Il eut un air encore plus perdu et désolé.

“P… Pardon… Je… Je n’y ai pas… Pas pensé… Au… Au hibou…”

Il devait paraître si bête. Loïs n’allait pas le prendre au sérieux après cette entrée. Il essaya de reprendre le cours de sa pensée, mais… Son regard virait de droite à gauche. Il était si confus. Il ne voulait pas l’embêter. Mais c’était si compliqué d’écrire une vision. C’était déjà si compliqué à vivre.

“Loïs… Je… J’ai… Je… J’apprends… A… A utiliser… Mon don… Tu… Tu sais ?... Les visions… Et… Je… Je t’ai vu… Encore… Mais… Mais pas… Enfin pas cette fois… D’ailleurs… Les ascenseurs… Vraiment ?”

Hyacinthe fit une mine outrée. Mais il n’était pas là pour ça. C’était bien plus grave que ce qu’il avait vu dans cet ascenseur et qu’il aurait d’ailleurs préféré ne jamais voir, mais passons.

“Mais...Mais on s’en fiche de… De l’ascenseur…”

Il secoua la tête. Il devait se focaliser sur ce pour quoi il était là. Le vrai danger.

“C’est… Je… Je t’ai vu… Avec… Avec ton père… Je crois… Et… Il va te faire… Beaucoup de mal… Beaucoup… Beaucoup… Il ne faut… Il ne faut pas que tu le revois… Je… Tu avais… Tu avais si mal… Et… Loïs… Je… N’y vas pas…”


Les larmes étaient arrivées à ses yeux et roulaient sur ses joues. Il ne voulait pas que cela arrive. Si il pouvait juste une fois empêcher une telle douleur.

“Loïs… Je… Crois-moi… S’il te plaît…”

S'il y avait des moments où Loïs avait l'impression d'être un gros chat, c'était quand on lui mettait un lapin mignon comme ça entre les pattes. Qui avait encore plus l'air d'un lapin avec son peignoire blanc moelleux, et le regard perdu. Qu'est-ce qui pouvait l'avoir mis dans cet état là, pour ne pas penser au Hibou en plus, et surtout le faire venir chez lui parmi toutes les personnes au Monde qu'il devait connaître ? Personne ne vient chez Loïs pour du réconfort. A part peut être Isleen, mais elle est un peu tarée. Doucement, il avait arrêté de bouger et avait passé une main sur le bras du blond pour le câliner un peu, comme sa mère faisait, étant jeune. Et puis Hyacinthe se lança.

Il fallu du temps, entre les beggaiements, et la nouvelle que ses courts ébats (mais intenses ébats) dans l'ascenseur avec un certain Thorn n'étaient pas tombés dans les visions d'un aveugle. Wow. Ca avait valu un air surpris à Loïs, qui avait, soyons honnête, totalement oublié le don du blond concernant le stalkage de ses parties de jambes en l'air.

« Hey, he started this one ! »

Il protesta, plus pour la forme. Parce qu'il l'avait bien cherché quand même, en lui ronronnant autour et en choisissant les mots qu'il fallait et le ton qu'il fallait pour provoquer l'Auror. Mais s'il avait l'air un peu coquin et provoque une minute, son air changea du tout au tout en voyant le blond évoquer son père.

C'était un regard bien moins amical qu'il avait là. De base, parce qu'il n'aimait pas l'idée que Hyacinthe ait pu s'immiscer dans sa famille. Et ses secrets. Ses caresses s'étaient arrêtées, du coup, malgré les larmes de crocodile qui coulaient sur les joues du blond. Tout de suite, on reconnaissait drôlement Valentine Senior sur ses traits.

« Don't talk about what you don't know, cutie. You don't know me or my family. »

C'était un peu sans appel. On n'en était pas aux menaces, mais c'était assez ferme pour indiquer à l'autre qu'il n'avait pas du tout apprécié cette intrusion, et qu'il se fichait bien de son sentimentalisme sur le sujet. Qui n'était pas un sujet. C'était juste un fait, c'étaient des choses qui arrivaient, quand on avait un père exigeant et sévère, et qu'une éducation millénaire -et arriérée- sévissait. Oh, quelque part au fond, Valentine aimait son fils, il ne l'avait jamais montré comme tel. C'était une forme d'affection que les corrections qu'il avait pu appliquer, parfois. Ca n'avait plus le même effet qu'avant sur le fils, pour sûr. Mais il avait fait la paix avec les raisons derrière la dureté.

« Now, stop crying, or the delivery owl will think I hurt you and will peck at my face. And I quite like my face. »

Il dit, avec un semblant de retour à la normale.

***
Hey, il a commencé celle-ci!
Ne parle pas de ce que tu ne connais pas, mon mignon. Tu ne me connais pas ni moi ni ma famille.
Maintenant, arrête de pleurer, ou le hibou livreur pensera que je t'ai blessé et me picorera le visage. Et j'aime bien mon visage.

Le changement d’expression sur le visage du brun avait été brutal. Imprévisible. Et son ton comme une douche glacée. Quoi ? Hyacinthe resta interdit et silencieux une seconde, avant qu’un hoquet mêlé de sanglot ne le fasse retourner à la réalité. Etait-il sérieux à lui dire ça ? Il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas ce qu’il avait vu. Ce n’était pas une petite dispute, une petite réprimande. Il y avait du sang. Beaucoup trop de sang pour qu’on en sorte avec le sourire et sans rancune. Hyacinthe resta figé. Quelques secondes. Il ne comprenait pas. Comment pouvait-il se comporter ainsi ? Et avoir ce ton de reproche envers lui ?

“Si tu aimes ton visage, alors c’est de ton père que tu devrais avoir peur, pas d’un hibou.”

Aucune hésitation. Aucun bégaiement. La limpidité de la colère. Des mots en parfait accord avec ses pensées. Un hoquet fit sauter ses épaules, mais son regard était bien plus dur et assuré. Quelque chose en lui s’était enflammé. Une sourde colère. Non. Il ne le connait pas. Il a fait l’erreur de le prendre pour quelqu’un de sensé. Il s’est trompé. Il ne s’inquiétera pas de lui à l’avenir. Quelle idiotie de s’inquiéter pour un Sang-Pur. C’est vrai. Qu’est-ce qu’il pouvait savoir de leur éducation et de leurs codes ? C’est absolument normal de saigner son enfant après tout. C’est les moldus qui sont beaucoup trop sensibles à prendre soin de leur progéniture. Franchement.

Il se leva, retirant le peignoir que l’autre lui avait prêté, le posant sur le canapé.

“Je crois que j’ai pas envie de connaître ni toi, ni ta famille si c’est normal de se faire saigner parce qu’on a une relation avec un impur. Je pensais… Je pensais que tu avais besoin d’aide. Mais… Si t’acceptes ça, je crois que je me contenterai de mettre des fleurs sur ta tombe.”

Il essuya ses joues. Sa tête tournait encore. Mais clairement. Il n’avait pas envie de rester ici. Il avait envie de vomir. Loïs le décevait. Il avait envie de vomir en comprenant qu’il cautionne autant ce système raciste. Il tituba vers la porte. Foutu don de merde. Il aurait pas pu voir quelqu’un qui vaille le coup. Il n’aurait pas pu penser à envoyer un hibou. Plutôt que se retrouver là, incapable de transplaner avec sa confusion, et à côté d’un véritable connard. Franchement, il était vraiment trop stupide à croire en la bonté de tous. Certains ne mérite vraiment pas qu’on se soucie d’eux. Et bon sang, il détestait que ses jambes soient en coton comme ça, chaque pas était une épreuve. Il devait ressembler à un astronaute, sauf qu’il était aucunement sur la Lune.

Un lapin mignon, donc, mais sacrément têtu. Il n'avait compris que la conversation était terminée ? Loïs ne voulait pas entendre ce qu'il avait a dire, parce que son avis sur la question ne l'intéressait pas. Que sa vision soit vraie ou fausse d'ailleurs. Ça ne le regardait pas, c'était si difficile a comprendre ? Le sourire revenu disparu aussitôt. Quelle mouche l'avait piquée, celui là ? Et surtout, vraiment, pourquoi il lui faisait là leçon sur quelque chose qu'il ne comprenait pas ? Loïs n'avait pas défendu son père, de quelque façon que ce soit. Il avait juste défendu sa vie privée d'un voyant trop curieux.

Il ne comprit pas tout de suite le reste de l'autre garçon, mais il savait que ça ne lui plaisait pas du tout. Un impur ? De quoi il parlait encore.

« Mais qui a parlé d'accepter, tu écoutes ce qu'on te dit ? »

Lois était toujours assis, et le regardait d'un air qui, quand on le connaît bien, veut dire "viens pas me chercher". Le lapin mignon avait tout de suite l'air moins mignon. Il était venu ici pour quoi, pour l'insulter parce qu'il n'avait pas la réponse qu'il voulait ?

« C'est quoi, là, le problème. Parce que tu as un don, que tu ne maîtrises pas, tu te prends pour un héros et tu te vexe quand ça ne va pas dans ton tens ? »

Loïs se leva, à son tour, aussi fermé que l'autre garçon l'était. Il avait remarqué sa reprise de confiance et l'arrêt de son bégaiement, mais pour Loïs on aurait surtout dit quelqu'un qui se faisait passer pour un petit animal sans défense et qui cachait un lion finalement.

« Tu veux m'aider ou tu veux que je te remercie de m'insulter. Tu n'as pas l'air sûr... Mais ne t'en fais pas tu peux repartir, blondie. Je n'ai pas besoin de gens qui se prennent pour ce qu'ils ne sont pas. »

Et il lui montra la porte. Peut être qu'il avait vu juste, sur son père. Ca ne serait pas la première fois, et Loïs ne pouvait même pas compter sur les doigts de ses deux mains le nombre de choses qu'il avait du faire récemment pour le décevoir. De là à le faire saigner... Valentine senior avait toujours trouvé de bons moyens de le "punir" sans laisser de trace, non. Et quand bien même ce serait vrai, Loïs n'acceptait pas qu'on vienne le traiter de connard alors que -pour une fois !- il n'avait rien fait d'autre que vouloir changer de sujet.

C’était la fatigue qui le rendait si irritable. Ou juste d’être encore… De ne pas être pris au sérieux une fois de plus. Ce n’était pas juste une possibilité qu’il avait vu. Ça allait se produire. Et… Et Loïs jouait sur les mots. Il lui avait dit de se taire. C’était une façon d’accepter ce qui allait arriver que de ne pas vouloir l’écouter. Il en avait assez de ces gens qui l’infantilisaient.

“J’é...J’é...j’écoute plus que toi !” s’énerva-t-il un peu plus. “Je...Je voulais juste pas que tu crèves ! C’est si dur que ça à com...Comprendre !”

Non. Non ! Il ne s’était jamais pris pour un héros. Jamais ! Au contraire. Il se détestait de ne pas arriver à sauver ces gens. De ne pas réussir à empêcher les drames. Il ne savait rien. Il ne comprenait rien ! C’était… C’était tellement plus compliqué que ce qu’il disait ! Bon sang… C’était si idiot de s’en faire pour lui ? De ne pas vouloir qu’il souffre ?

“Je… Je… Je… Tu comprends r… Rien ! Je...Je te connais pas… Je… Je connais pas ta famille… D’accord… Mais… Personne n’a la droit… De faire… ça… De te faire ça… Et tu… Tu me dis que je connais rien… J’en… J’en ai marre ! Pour.. pourquoi vous écoutez jamais ?!”

Il s’appuya contre le mur pour ne pas chanceler. Il était blessé. D’être encore vu comme un imposteur, ou un emmerdeur. Sans doute les deux. Les larmes revenaient. Pas pour lui. Ces larmes-ci, elles étaient égoïstes. Il était frustré. Triste de sa propre débandade. De ses échecs. De ne jamais réussir à se faire entendre.

“Je… Je sais pas ce que je veux ! Parce que… Je… Je t’aimais bien… C’est tout ! Je… C’est… C’est si improbable… De… De vouloir te protéger ? D’un… D’un putain de malade ?”

Il en tremblait. De rage, de frustration, de fièvre. Il en avait marre d’être coincé dans ce rôle de Cassandre.

“Se...Sectum… Sempra… C’est… C’est le sort qu’il… Qu’il va utiliser… Pré… Prévois tou...toujours de l’essence de dictame… S’il te plaît… Ne… Ne meurs pas stupidement… Je… Désolé… du… Du dérangement…”

Il se traînait lentement jusqu’à la porte. Il préféra ne pas regarder Loïs. Il savait qu’il serait déçu. Il était juste tellement déçu. C’était toujours la même rengaine. On ne le prenait jamais au sérieux. Ça le rongeait. Ça le brûlait en dedans toute cette impuissance. Cette incapacité à protéger qui que ce soit du Destin. C’était une malédiction que d’avoir cette fenêtre ouverte sur un futur impossible à changer.

C'était lui, ou ce gamin n'avait pas plus de répartie qu'il ne comprenait ce qu'on lui disait. Et pourtant, c'était pas lui, le bègue (HAN LOIS !). Non mais... Il avait fait quoi à Merlin pour qu'on lui envoie les preux chevaliers qui se sentaient investis d'une mission. Il n'avait rien demandé, lui. Il l'aimait bien ? Après l'avoir vu une seule fois, passer la soirée à essayer de se glisser dans son pantalon ? Et beh, il lui en fallait peu à celui là.

Loïs soupira. Il n'était pas moins mécontent, mais il n'en était plus au point de vouloir l'étrangler (avec les mains, hein, ça laisse moins de traces) non plus. Par contre, il ne se sentait pas la responsabilité de ce garçon comme ce dernier avait l'air de se sentir responsable de lui. Il le suivit des yeux, se trainer comme un malheureux jusqu'à la porte. Il avait un coeur oui... Mais c'était pas mère Hufflepuff non plus.

« Tu ne veux pas arrêter ton cinéma et revenir t'allonger, plutôt. Si je te dis que je te crois, tu te calmes et tu arrêtes ? »

En fait, il n'était pas tellement question de est-ce qu'il le croyait ou non. Après tout, le blond voyait ses parties de jambes en l'air, ça ne paraissait pas impossible. Son père qui utilisait un sort aussi vicieux sur lui... Ne paraissait pas impossible, bien qu'improbable. Il fallait vraiment qu'il ait fait une faute grave, se surprit à penser Loïs. Mais il n'avait pas envie d'y penser.

« Ou laisse moi au moins appeler le Magicobus, au moins. S'il y en a un qui risque de mourir stupidement ici c'est toi. »

Pas que ça soit sa responsabilité, non. Mais qu'on ne dise pas qu'il n'avait pas un grand coeur après. Et en même temps, le blondinet lui fait un peu pitié...

Hyacinthe s’arrêta. Il disait juste ça pour l’empêcher de sortir dans cet état là ? Il lui jeta un regard. Méfiant. Il n’était pas en état de partir sans aide. Il avait probablement besoin de soins aussi. Il ne pouvait pas aller voir son frère. Il était trop émotionné pour affronter en plus le jugement de son frère. Non. Il ne pouvait pas. Il fit demi-tour et s’assit dans le canapé. Mais ne décolèra pas vraiment.

“A...A...Appelle juste le Magicobus, s’il… te plaît…” concèda-t-il.

Il ne voulait pas plus de sa pitié, et il n’y croyait pas à son “finalement je te crois”. C’était juste un moyen de le faire se calmer, rien de plus. C’était nul. Et c’était trop tard. Hyacinthe aurait voulu qu’il prête attention à ce qu’il disait depuis le début. Surtout qu’il était venu le voir pour son bien, bon sang. Pas juste pour l’emmerder ! C’était toujours pareil de toutes façons. Il attendit silencieusement. Il n’avait pas envie d’entendre plus de chose de la part de Loïs. Il était juste… Blessé, et vexé. En colère. Furieusement en colère. C’était incroyable ce que Loïs avait réussi à faire. C’était sans doute la première fois qu’il était dans cet état là.

Il ne décrocha pas un mot jusqu’à ce que le Magicobus soit là.

“Au… Au… Au revoir…” lâcha-t-il juste en partant.

On ne peut pas complètement faire l’impasse sur la politesse quand même. Il monta dans le Magicobus avec peine, et la seule adresse qu’il sut donner fut celle de Finn. Comment avait-il fait pour s’en souvenir ? Il n’en savait trop rien. Il avait du la voir dans son dossier à l’hôpital… Et c’était plus ou moins son seul ami… Depuis que Rufus était parti.

Il se retrouva donc à sonner à la porte d’un pavillon inconnu, à une heure clairement indue, à nouveau trempé par la pluie. Soirée de merde. Il fulminait encore de colère mais tenait à peine debout… Finn finit par ouvrir la porte.

“Dé… Désolé… J’ai… J’ai besoin d’aide et… T’es probablement la seule personne qui va pas paniquer en me voyant dans cet état… J’ai… J’ai rien de grave… C’est… C’est juste une fièvre… A cause de mon don… Je… Je peux juste rentrer, s’il… S’il te plaît… Finn ?”

Il était à deux doigts de basculer sur Finn tellement sa tête tournait encore. C’était vraiment la pire des soirées. Il aurait bien aimé tomber dans les bras de Finn, mais vraiment pas dans ce contexte là !

Le premier mois de l'été n'avait pas été de tout repos, pour le jeune Parker, et pourtant les moindres minutes qu'il passait loin du bureau des Aurors ou de la salle de sport du sous sol au même endroit lui paraissaient interminablement longues. Et vide de sens. C'était expliqué facilement par les bouleversements dans sa vie, mais ça ne rendait pas la chose plus facile. Et ça n'aidait vraiment pas que ce qu'il essayait de faire ces jours ci était d'apprendre des matières que seul Ariel avait réussi à lui faire passer. Et qu'il ne pouvait pas lui parler sans avoir la boule au ventre, même un mois plus tard.

Ce soir, il essayait désespérément de comprendre ce chapitre sur les Sorts non verbaux. Ca avait été l'une des raisons pour lesquelles il n'avait eu qu'un Acceptable à son examen final, et s'il ne voulait pas se faire virer du bureau d'Arthur Thorn à coups de pieds dans le... Non. Il ne voulait pas. Certains charmes et enchantements qu'ils voyaient à l'université n'étaient que des dérivés de ce qu'il avait déjà vus lors de sa scolarité à Poudlard, simplement plus avancés. Mais on leur demandait aussi, à présent, de l'inventivité. De l'imagination. C'était bien beau mais comment on apprenait ça, hein ? Et en plus, sans le prononcer. Finn était capable de beaucoup de choses, surtout en Défense contre les Forces du Mal (et en attaque, bien sûr) mais son esprit restait malgré tout assez terre à terre. Sauf quand il s'agissait de voler. Bref. Il se prenait la tête là dessus quand il entendit frapper à la porte.

Se redressant depuis le canapé où il était, il dit aux trois molosses de ne pas bouger tandis qu'il sortait sa baguette. Toujours sur soi. Il avait bien retenu la leçon. Et puis c'était curieux... Il n'attendait personne, et son Oncle était au travail jusqu'à pas d'heures. Qui ça pouvait être ? Il ouvrit la porte, plus qu'au taquet.

« A... Hyacinthe ? »

Air ahuri du soir. Une seconde, il se méfia, se demandant s'il s'agissait -vraiment- du blondinet bégayant et timide et non un imposteur ! Mais très vite, voyant qu'il était sur le point de s'effondrer limite, il lui ouvrit le passage, près à le porter. Il n'hésita pas à lui proposer son bras ou son épaule, l'aidant à atteindre le canapé. C'était plus qu'il n'en fallait aux trois toutous pour se lever et désobéir à leur jeune maitre et s'enhardir de la présence d'un nouvel invité !

« Attends, je crois que j'ai un truc pour la fièvre ! T'es trempé ? T'étais sous la pluie en plus ? »

Qui ne voulait pas d'un Finn aux petits soins, hein ? Il faut dire que le blond faisait peur à voir. Il s'affaira, tandis que les chiens participaient à leur façon aux soins en léchant la main du garçon, et ils revint avec une mixture qu'ils achetaient d'avance au cas où, à faire fondre dans l'eau (et ça fait des bulles comme le doliprane !) et un linge mouillé pour le front. Il ne faut pas croire, il n'est absolument pas doué pour ça d'habitude. Mais il sait au moins ce qu'on donne aux gens qui ont mal au crâne, parce qu'il sait ce que son oncle lui donne quand il est comme ça. Il s'assoit, oubliant qu'il fallait aussi être calme à côté, et vérifie son front avant de lui mettre le linge sur la tête.

« Je panique pas hein... Mais il est super tard, tu sais ? »

Hey, surprise ! En meilleure état, peut-être qu’il aurait tenté cette réplique mais là… Il était pas en état de faire une blague. Déjà, il fut bien content que Finn l’aide à marcher. Il avait vraiment du mal à mettre un pied devant l’autre. Il fut vraiment très content d’atterir dans le canapé. Même si Finn parlait fort et bougeait trop vite pour lui, là. Il avait bien vu les trois chiens, et sourit. Ils étaient beaux. Ça ne l’étonnait même pas que Finn ait des chiens chez lui. Tellement une personne à chiens plus qu’à chats. Il caressa les trois molosses, de sa main tremblante.

“Un… Un peu… Mais… enfin… C’est mon don… J’ai… J’ai merdé… En essayant de le maîtriser…” expliqua-t-il péniblement.


Il prit le verre que Finn lui tendait. Tant pis. Au pire, ça ne ferait rien. Ça ne pouvait pas lui faire du mal, si ? Il but le verre d’une traite. Et c’était pas très bon. Le côté effervescent lui mit les larmes aux yeux. Pouah. Il rendit le verre à Finn. Qui était beaucoup trop mignon à s’occuper comme ça de lui. Et un peu trop paniqué aussi. Bon. Raté pour le raisonnement, les Gryffondors paniquent pas, ils sont courageux en toutes circonstances.

“Dé...Désolé… Il… Il est quelle heure en fait ? J’ai… J’ai pas vu… Tu… Tu dormais ? Ou… J’ai réveillé quelqu’un ?” demanda-t-il inquiet.

Il pencha la tête en arrière que son ami puisse poser le linge froid sur son front. Il était vraiment désolé de le déranger comme ça.

“Je… Je pourrai te prendre des vêtements secs ? En fait… J’ai passé une sale soirée… A parler avec un abruti… Et… J’étais même pas en état de lui coller mon poing dans la tronche… La prochaine fois, je lui pète le nez… J’te jure…”

Il eut un petit rire, ce qui devait sembler un peu délirant. Mais en vrai, il se trouvait vraiment idiot de s’être mis dans un tel état pour… Pour ce crétin. Fallait qu’il arrête de s’attacher au premier type qui lui donnait un brin d’attention. Vraiment.

“Finn… T’en fais vraiment pas… J’vais pas mourir sur ton canapé, promis… Sauf si tu m’assassines… T’as… T’as prévu de me tuer ?” plaisanta-t-il d’une voix un peu amusée, mais faiblarde. “Par contre… Je veux bien dormir ici… Si ça dérange pas… J’ai… J’ai pas envie de faire flipper mon frère… Et j’aimerai mieux avoir quelqu’un pour surveiller que je crève pas à moitié… Tu...Tu vois ? Et… Et… T’es à peu près la seule personne… Sur… Sur qui je peux compter…”

Ça sonne un peu triste. Rolala.

“Oui… Je sais… J… Je manque d’amis…”

Finn Parker n'avait peut être pas l'âme d'un Médicomage (non, clairement pas) il n'en laissait pas moins un pauvre garçon sans défense dans un état pareil. Il lança un petit sort d'humidité et puis de fraîcheur sur le gant. Heureusement maintenant il les maîtrisait parce que un mois plus tôt il lui aurait surgelé les bouclettes. Il se posa sur le canapé a côté donc, et caressant Mozart pour le rassurer, il l'écouta.

« Ah non t'inquiètes pas, je suis tout seul ce soir mon oncle travaille. »

Il lui assura. Et puis quand bien même, l'oncle Kane n'aurait pas été en colère Finn en était sur. C'était quelqu'un de bien si on ommettait qu'il était cachottier. Il acquiesça rapidement, bien sûr qu'il pouvait lui prêter des fringues, il fallait juste que l'autre garçon arrête de parler deux secondes pour qu'il aille les chercher. Est-ce qu'il avait vraiment parlé de péter le nez de quelqu'un là ?! Qui êtes vous et qu'avez vous fait de Hyacinthe ? Finn avait beau ne pas connaître le garçon en profondeur (Wink wink) ça c'était assez put of character.

Il allait trouver quelque chose a répondre mais le garçon enchaîna. Le jeune Gryffondor et futur Auror ne savait pas quoi répondre a ça. Il avait l'air bien paumé, le plus jeune, et surtout un peu perché. Plus que d'habitude en fait. Attendez il parlait de crever ?!

« Non mais... T'inquiète, tu peux rester là ! Viens on va te trouver des fringues déjà et... Euh tu veux prendre une douche peut être d'abord ? Tu saurais faire ça ? Faudrait pas que tu t'évanouisse ou quoi ! »

Il aurait l'air malin. Aucune idée de comment s'occuper des gens, pas vrai ? Pourtant en baby sitter Finn était au taquet. Il aida le blond a se relever a la force de ses bras, et ensemble ils parvinrent à grimper les escaliers. Il l'assied sur le rebord de la baignoire et lui confie une serviette et un gant pour qu'il se débrouille. Et puis il revient un peu plus tard avec un pyjama Chudley's Canons -son équipe prefetee- pour qu'il se change. Il alla dans sa chambre ensuite pour... Déblayer. Il n'y avait pas d'autre mot pour sa façon de ranger les affaires qui traînaient partout. Personne n'était venu dans sa chambre depuis Ariel... Pourquoi est-ce qu'il aurait fait un effort, franchement ? Et puis il retourna chercher le blond pour lui proposer son lit. Pas doué, oui, mais bien élevé !

« Tu te sens comment ? Faut pas t'en faire hein, je vais m'assurer que tu... Euh... Passe pas la baguette à gauche. »

Il sourit. Il tenait cette vieille expression de son oncle. Il ne l'a comprenait pas mais ça le faisait rire alors...

Au moins, il n’avait pas réveillé toute une maisonnée, c’était une bonne chose. Et Finn était si souvent seul ? C’était un peu triste ? Il n’avait jamais trop posé de questions à Finn sur sa famille. Il savait qu’il vivait avec son oncle, mais rien de plus… En fait, il connaissait assez peu Finn. C’est sans doute dommage. Il aurait peut-être dû reparler à Finn… Plus tôt. Ne pas faire cas de ce qu’il n’y avait pas eu entre eux pour consolider ce qu’il avait. Il était sûrement pas en état de réfléchir à tout ça, et pourtant, ça lui passait en tourbillon dans la tête.

“Merci Finn…” souffla-t-il déjà. “La… La douche, je devrai pouvoir…”

Il s’appuya sur lui pour se lever. Ils allaient y arriver. Il ne savait pas si c’était juste sa colère qui diminuait ou si c’était sa mixture, mais il avait un peu moins de mal à tenir sur ses pattes déjà. C’était sans doute aussi que son don se calmait. Enfin on allait vers du mieux, c’était positif. Il remercia Finn pour tout quand il l’installa dans la baignoire. Il allait quand même réussir à prendre une douche… Il se botterait les fesses en ce sens. L’auto-persuasion, ça peut bien marcher.

Il arriva en galérant à moitié, à se déshabiller, se doucher -enfin se mouiller et se frotter un peu en étant assis comme un caca dans le fond de la baignoire-, et se sécha presque bien. Il récupéra le pyjama avec un sourire. Ca n’étonnait pas le blond que Finn ait des pyjamas de supporter. C’était un peu drôle. Et mignon. Une fois habillé, il avait suivi Finn dans sa chambre, et c’était littéralement écroulé dans son lit.

“Ça… ça va… T’en fais pas… J’ai… J’ai jamais été comme ça… Mais… Il paraît qu’on en meurt pas… C’est juste… Comme si… si j’étais coincé entre le futur et maintenant… Tu vois ? C’est… Pas agréable… C’était… C’était marqué que ça arrivait… Des fois… Mais… Comme avant j’avais jamais… Jamais essayé vraiment de forcer mon don…”

Il eut un soupir, et ferma un peu les yeux. Les images sanglantes l’assaillant, il rouvrit fissa les yeux. Ok. Non, il avait pas envie de s’endormir finalement. Il chercha Finn du regard, un peu paniqué peut-être, pas serein en tous cas.

“Désolé… De ruiner ta soirée… Je… Je suis pas un très bon ami je crois… Plus… Un boulet… T’as besoin de muscler tes jambes, rassure-moi…”

Il eut un petit rire. Il était encore assez pâlot mais ses joues avaient repris un peu de couleur. Il avait juste ce regard un peu fiévreux et ces tremblements de mains qui le faisaient passer pour un dément.

“Finn… Je… Je pourrai juste… Tenir ta main ? Je… Je suis… En fait… Je crois que je suis mort de trouille… Quand… Quand je vois ce que mon don me fait voir…”

« Je vois... Je crois ? C'est pas facile, j'me souviens plus trop de ce que j'ai appris dessus tu sais. »

Il avait avoué. Et puis Hyacinthe était peut être trop vidé de son énergie pour se rendre compte que Finn n'était pas vraiment dans son état Finnesque habituel, mais ce dernier mettait un certain temps à enregistrer les informations qu'on lui balançait. Et plus en forme, peut être qu'il aurait remarqué les moments où le garçon beggayait moins qu'avant. Et osait plus. Il n'avait jamais été aussi peu timide en sa présence. Mais non, son cerveau était trop alourdit par le chagrin pour penser à plus d'une chose à la fois (déjà que d'habitude, hein, bon) et il essayait de vérifier qu'il n'oubliait rien. Par exemple, il pensait sortir le matelas et dormir dessus pour laisser son lit à son... ami ? Squatteur ?

« Mais ça a rien à voir... tu sais j'ai pas été un super ami moi non plus ces temps ci. »

Il répondit. Ce dernier lui demandait de rester à côté pour le surveiller, il avait vraiment pas l'air bien. C'était ce que les amis faisaient non, on pouvait compter sur eux. Finn se rappelait de ce qu'Ariel avait dit... Il n'avait pas été un super pote avec Karim ces derniers temps... Ni Aven, ni Isleen ni Silène ni... Personne. Il retira ses fringues du jour sans trop de considération pour la pudeur, gardant un boxer et enfilant un T shirt plus confortable pour la nuit. Encore une équipe de Quidditch dessus, bien évidemment.

« Euh... Oui je peux, bien sûr. »

Il dit, s'asseyant à côté de lui par terre. Il était vraiment tout sauf doué, mais il voulait le rassurer bien sûr. C'était juste... Il ne comprenait pas pourquoi Hyacinthe était encore là à chercher son amitié. Il n'avait pas franchement été un gars exemplaire avec lui, loin de là. Il avait tout donné pour Ariel. Mais les autres avaient disparu dans la foulée. Si tant est, aussi triste que ça puisse être, que Hyacinthe ait existé à ses yeux. Il ne pouvait pas ne pas le voir là. Aussi mal en point, malgré sa force d'esprit. accoudé sur le lit, le cul par terre, il lui tenait la main dans les siennes et considérait son air souffrant.

« Ca l'air... Assez horrible quand même ton don. T'as déjà essayé quelque chose comme l'Occlumencie pour bloquer les visions comme ça ? »

Ca n'était bien sûr pas un hasard qu'il prononce ces mots. La discussion avec son oncle était bien trop fraîche pour que l'idée ne lui saute pas au visage de suite. Il avait commencé, de son côté, à travailler dessus. Et pour quelqu'un qui certes, n'avait pas grand chose de fou en tête mais des pensées continuellement... Son naturel luttait contre cette idée, mais c'était important. Pour son futur autant que pour son oncle.

Hyacinthe ne savait pas bien pourquoi il parlait de tout ça à Finn. Il devait l’embêter… Il avait l’impression de l’embêter. C’était sans doute le cas. Il ne pouvait pas partir, et Finn était trop poli sans doute pour le mettre dehors. Mais… Il sentait en dépit de son état que Finn n’était pas à leur conversation. Il devait réellement l’ennuyer. Peut-être qu’il n’aurait pas dû venir. Finn avait sans doute mieux à faire. Il allait regretter d’être venu. Cela lui avait paru si limpide quelques minutes plus tôt. Et là, il se sentait idiot à l’embêter avec tout ça. Il fallait qu’il arrête de s’accrocher à Finn comme ça… Ou c’était son état qui le faisait autant se déprécier ? Il ne savait plus trop. Il était tellement fatigué. Et énervé. Et vidé. Et perdu.

“Finn… Dis pas ça… Je suis sûr… que c’est pas le cas… T’es une bonne personne… Tu peux pas être un mauvais ami…”

Il le pensait. Il ne savait pas tout de sa vie. Et peut-être qu’il se trompait. Mais il ne l’imaginait pas mauvais ami. Ce n’était pas une mauvaise personne. Il n’aurait jamais blessé qui que ce soit à dessein. Alors… C’était bizarre, de voir Finn si peu sûr de lui. Il paraissait… éteint. Ce n’était que maintenant qu’il s’en rendait compte. Il n’était peut-être pas le seul à avoir besoin d’aide. C’était… Juste qu’il n’était pas en état d’aider qui que ce soit. C’était frustrant. De se dire qu’on ne peut pas aider quelqu’un qu’on aime autant. Peut-être trop.

Et voir que Finn essayait de lui trouver des solutions. C’était… touchant. Même s’il se gourait complètement. Il fit non de la tête.

“Hm… L’occlumencie, ça empêche quelqu’un d’autre de rentrer dans ta tête… Moi… J’ai tendance à dire que c’est le Destin qui me laisse des indices, on peut pas vraiment l’en empêcher tu vois… Même si c’est difficile à supporter… On peut qu’apprendre à vivre avec… Ou apprendre quand on veut recevoir ces visions… Mais… Je suis pas très doué pour apprendre ça… C’est… C’est vachement plus simple d’apprendre des sortilèges… Ou n’importe quoi d’autres en fait… Là… C’est tellement de “si” et de “peut-être”... Pardon… Je parle trop… T’as sans doute pas envie de parler de ça… Surtout… Tu as pas l’air… Très en forme, non ?”

Il riva son regard dans celui de Finn. Comme pour essayer de comprendre ce qui n’allait pas. C’était toujours sa rupture ? Sans doute… Il n’avait peut-être pas envie de lui en parler. Mais en même temps, cela lui faisait mal de voir Finn aussi… Aussi peu lui-même.

“Si tu veux en parler…” ajouta-t-il doucement.

Tu ne peux pas être un mauvais ami. Il avait l'impression de l'inverse, pourtant. Il en avait discuté avec son oncle, mais récemment, Finn se posait d'avantage de questions. Peut être parce qu'il avait perdu le seul qu'il considérait vraiment comme tel ? Comme tout à la fois, en fait ? Tout le monde le voyait avec de nombreux amis, constamment entouré, adulé presque, et c'était vrai en partie mais... il était tout de même seul le reste du temps. Plus seul que le petit blond avec la tête dans les livres dont il serrait la main en ce moment, surement. Il lui avait sourit, mais effectivement, on voyait bien que le coeur n'y était pas. Il n'y était plus très souvent en ce moment. Et c'était terrible à vivre, pour quelqu'un qui n'avait jamais connu ça.

Assis par terre, il ne lâchait pas la main -parce qu'il lui avait demandé de la tenir- et s'était accoudé pour écouter les explications de son cadet. Il comprenait. A peu près. Finn se souvenait avoir été vexé, et en colère la première fois que Hyacinthe était venu le prévenir de ce que ses visions lui avaient appris sur lui. Il n'avait alors pas imaginé tout ce que ça impliquait. Il faut dire, ça allait à l'encontre de tout ce qu'il était. Un être spontané, qui ne réfléchit pas outre mesure et qui vit la vie au présent. Il ne voulait pas passer son temps à faire attention, ou à sur réfléchir à tout. Avec ces explications cependant, il comprenait que l'autre était comme ça, et pas seulement pas choix. Il acquiesçait en écoutant, posant son menton sur son bras libre.

« Hm... C'est plus les conseils d'une personne comme toi que tu devrais chercher, surtout. Moi... je ne servirais pas à grand chose, c'est sûr. »

Il fut surpris (si si) que Hyacinthe lui retourne un peu la situation. Oui, bon, il avait bien vu ce matin la tronche qu'il avait, mal rasé et les cheveux en désordre, les yeux toujours un peu gonflés de fatigue. Et puis en T shirt, on devait voir les marques de ses entrainements avec le coach cool mais sadique de la salle de sport des aurors. Du moins, c'était à ça que FInn pensait quand il entendait le blond. Pas au fait que s'il ne dormait pas, s'il mangeait mal, c'était surtout à cause de son chagrin d'amour.

« J'suis juste fatigué t'en fais pas ! »

Il dit, en se redressant avec un regain de son lui habituel, même si palot en comparaison avec l'original. Il s'installa sur son coude à nouveau, regardant par la fenêtre, puis revenant à son interlocuteur.

« Je vais être pris chez les aurors, tu sais ? Enfin, il faut que je m'améliore en Charmes et en Potions d'abord, parce que mon futur tuteur est... enfin il est très exigeant. Et je fais tous les jours m'entraîner, aussi, alors forcément... »

Il ne cachait pas vraiment volontairement la véritable raison de son état, même s'il se doutait qu'elle devait se lire encore sur son visage. Finn se sentait aussi terriblement à nu, en se rappelant que Hyacinthe l'avait vu pleurer -ah, la fragilité masculine. La vérité, c'était qu'il avait envie d'en parler. Souvent. Mais qu'il n'y arrivait pas. Et ça devait se lire sur son visage encore maintenant alors que son sourire disparaissait à nouveau, sans qu'il n'y fasse vraiment attention.

« Et toi... tu m'as pas vraiment dit grand chose au final, tu sais ? »

Ca ne lui ressemblait pas de s'intéresser à Hyacinthe, d'une part, et de détourner la conversation comme ça. Mais... il essayait ?

Rencontrer d’autres gens comme lui. C’était plus facile à dire qu’à faire. Les voyants n’avaient pas un troisième oeil littéralement tatoué sur le front. Ceux qui faisaient ça, eux, c’était souvent les escrocs. Alors à part lire des témoignages dans les livres… Il n’avait encore jamais rencontré quelqu’un qui lui soit semblable. C’était visiblement assez rare, donc… Mais il acquiesça. Un jour, peut-être qu’il tomberait sur quelqu’un qui puisse l’aider. Lui apprendre “les ficelles” et tout deviendra simple comme par magie. Oui, c’était une vraie utopie.

Hyacinthe n’était pas idiot, Finn ne lui disait pas la vérité. Il n’était pas juste fatigué. Mais il ferait semblant de le croire. Il n’allait pas le forcer à parler. Déjà qu’il l’avait un peu forcé à se confier à l’hôpital. Il n’allait pas abuser. Si Finn ne voulait pas lui parler, il n’était personne pour l’y obliger. Il avait sans doute une tonne d’amis plus compétents pour recevoir ses confidences. Vraiment. Il savait bien qu’il n’était pas grand chose pour Finn. Un ami éloigné, au mieux.

“C’est… C’est génial ! Tu vois, fallait pas t’inquiéter ! Tu… Tu as l’étoffe pour être auror, j’en suis sûr !” Il marqua une pause. “En… En charme et potions ? Tu… Tu voudrais que je t’aide ? Je… Je suis pas dans la même formation que toi, mais… On en étudie pas mal aussi… Je crois que je me débrouille pas si mal dans ces matières-là… Alors je peux peut-être t’aider ? Si… Si tu veux, bien sûr… Tu… Tu connais sans doute plus compétent que moi…”

Il détourna le regard. Parce qu’il se sentait nul de proposer son aide alors qu’il était probablement pas assez compétent pour l’aider. Il regrettait déjà de s’être proposer. Finn était bien entouré, c’était pas lui qui allait être la meilleure option. Et il s’en voudrait de pas être à la hauteur pour l’aider. Ok, il avait eu les félicitations de ses professeurs cette année, mais Finn était en Protection Magique, ça n’avait sans doute rien à voir…

Et… Lui ? Il n’y avait rien de bien intéressant à savoir sur lui. Vraiment. Il regarda Finn un peu étonné. Qu’est-ce qu’il voulait qu’il lui dise ? Franchement…

“Euh… Ben… M...Moi ? Je… Je continue en Médicomagie… Et… Et j’ai décroché un job d’assistant bibliothécaire… Pour… Pour avoir un peu plus d’indépendance… Et… Et puis… Les professeurs pensent… Que… Que je devrai suivre un autre cursus… En plus… Parce que selon eux… J’ai un fort potentiel mais… Mais je sais pas si j’en suis vraiment si capable que ça… Je crois que mon professeur de sortilèges aimerait bien me voir tireur d’élite à baguette… Ils doivent… Franchement pas me connaître…”

Il eut un petit rire. Il ne s’imaginait tellement pas dans la police. Même si au fond de lui, il aurait été plus que ravi de mettre au tapis ceux qui avaient osé faire du mal à son frère. Seulement, il avait pas l’étoffe ce travail là. Pas comme Finn aurait pu l’être.

“Je… Je sais pas vraiment quoi dire d’autre en fait… Tu sais… J’ai essayé de remonter sur un balai…”

Bon, il était resté au ras du sol mais… Il l’avait fait. Seul. Comme un grand.

“J’ai réussi… Je suis pas allé bien haut… Mais… J’étais content d’y arriver… Tu… Tu continues ?”

L'enthousiasme du garçon, malgré son état, surprenait toujours un peu Finn. Ça lui rappelait quand lui, ou d'autres personnes d'ailleurs, arrivaient toujours a l'ensencer a l'école. Ah ça, su soutien inconditionnel, il en avait toujours eu. Il avait l'habitude, et ça le rendait heureux, le laissait dans cette euphorie que rien ne semblait pouvoir éteindre. Il n'avait jamais connu la dépression ce garçon. Et maintenant, quand on lui parlait comme avant, il y avait un décalage qu'il ne comprenait pas. Une lourdeur dans son état qui l'empêchait de croire ou d'entendre tout le positif qu'on lui disait... Comme maintenant.

« Je sais pas trop... C'est plus dur que je pensais, je sais pas si je serai a la hauteur, tu vois..? »

Si ses amis pouvaient l'entendre, là, ils se demanderaient si ce n'était pas quelqu'un d'autre sous Polyjuice.

« Mais j'vais faire de mon mieux. Ça serait super si tu pouvais... Si t'as le temps ! Je peux plus trop demander à... »

Ariel. Son ex prof particulier en plus du reste. Il lui devait tellement, que des fois Finn se demandait s'il était capable de quoi que ce soit sans lui. Dépression, donc. Il écouta le reste de ce que Hyacinthe lui disait. Pour lui c'était clair comme de la Potion de Chance qu'il était fait pour la Médicomagie. Et c'est ce qu'il lui dit, d'ailleurs, sans filtre.

« Bien sur que t'en est capable ! La question c'est plus qu'est-ce que tu veux faire toi ! Moi... Je trouve que t'es fait pour la Médicomagie. T'es tellement... »

Gentil c'était pas vraiment un compliment, alors Finn chercha autre chose.

« Enfin tu prends soin des gens tout le temps. Tu te souviens quand tu as voulu m'éviter un bras cassé avec une vision une fois ? Bon j'ai pas voulu écouter mais... »

Meilleur pour consoler les gens le Finnou. Il avait lâché la main, pour faire des gestes en parlant, et s'en rendit compte et finit par la reprendre. Hyacinthe avait demandé et il avait pas l'air bien... Il n'avait pas besoin d'être Médicomage pour au moins faire ça. Il ne voyait pas le garçon au ministère dans un métier aussi dangereux et violent mais ... Oui, il croyait ce qu'il disait quand il le disait intelligent. Il rit un peu en l'entendant dire qu'il avait presque réussit a remonter sur un balais. Rhalala c'était pourtant pas si compliqué.

« J'ai pas tellement eu le temps... Si tu vas mieux demain, tu veux te essayer ? »

Il proposa, pour une fois avec sincérité. Il avait peur être envie de se rattraper un peux pour ne pas avoir été a la hauteur avec Hyacinthe. Ils n'étaient pas amis a proprement parler mais... Ça ne voulait 0as dire qu'il ne pouvait pas faire des efforts. Par contre, il n'avait pas bien compris sa question, quand Finn pensait lui demander ce qu'il avait vu de si atroce et que l'autre avait plutôt parlé de sa vie... Mais il n'allait pas le forver.

Il sourit à Finn. Il se sous-estimait sans doute. Si on lui laissait la chance d’entrer au Ministère, c’était qu’on croyait en lui. Enfin Hyacinthe voyait les choses comme ça. Il idéalisait peut-être un peu Finn aussi. Mais il le voyait comme quelqu’un à qui tout réussissait toujours. C’était comme marqué sur son visage que la vie lui souriait et que tout allait toujours bien se finir pour lui. Non ?

“On… On trouvera le temps… Tu me passeras ton programme ? Que… Que je puisse regarder vos objectifs, et vos critères de sélection ?” répondit-il rassurant et déjà investi.

C’était sans doute ça son problème. Cette manie de se plier en quatre pour rendre service. D’oublier ses propres envies pour les sacrifier aux besoins des autres. Un mal très McDougallien. Enfin. On ne se refait sans doute pas. Surtout face à un garçon qui vous rend un peu trop heureux. Alors même que l’on est dans un état physique toujours lamentable. Seulement, il avait ce sourire qui commençait à revenir sur ses lèvres à force de voir Finn.

Il sourit au compliment de Finn. Il le pensait vraiment capable ? Lui, il se voyait pas trop en état d’agir dans l’action… Même si finalement… Il avait bien aimé son premier cours avec Murphy… Mais bon, il n’avait pas l’étoffe de ce genre de personne, de guerrier. La suite figea son sourire, et le lui fit un peu perdre. Oui. Il se souvenait… Un autre échec dans sa longue lignée de tentatives pour déjouer le destin. Ce n’était pas forcément quelque chose dont il voulait se souvenir.

“Oui… Oui… Mais… Je suis pas forcément très doué pour prendre soin des gens… Peut-être que les protéger plus directement, ce serait plus efficace… On m’écouterait peut-être plus si j’arrêtais d’être aussi gentil…” répondit-il un peu amer.

Il en voulait sans doute un peu à Finn pour ce qu’il lui avait dit ce jour-là. Et ce que Loïs lui avait dit ce soir rendait tout cela beaucoup trop frais comme blessure. Avoir la sensation de n’être jamais écouté par personne, ce n’est pas une chose plaisante. Surtout quand on sait que les mauvaises choses qu’on annonce se produiront. Il eut un soupir, et serra doucement la main de Finn entre ses doigts.

“Pardon… C’est pas contre toi… C’est… C’est que ce soir, il s’est passé la même chose… Personne ne me croit jamais… C’est… Fatiguant de se tuer à dire les choses pour qu’on me rit au nez…”

Il ne demandait qu’une chose : que les visions s’arrêtent. Pour ne plus rien savoir. Pour ne plus vivre dans la peur de voir un proche mourir dans celles-ci. Il tourna la tête, regardant le plafond pour éviter de pleurer, ou quoi. Il se concentrait sur sa respiration, et la proposition que fit Finn lui arracha un petit rire.

“C’est… C’est gentil… Mais demain… J’aurai sans doute pas le temps… Et puis… Je crois que ça me met la pression que tu sois là… On en refera ensemble… Quand je gèrerai un peu mieux… His… Histoire que j’ai pas trop la honte…”