I see you now [ Loïs & Jesus ]

 

I see you now

Loïs & Jesus

Credit - Beylin

Pas une heure de la journée du jeune employé du Ministère de la Magie n'était gaspillée, pas une. Quand il n'était pas en train de préparer des conférences, traduire des papiers, ou accueillir des hauts dignitaires en tant qu'assistant, il dansait, jouait la comédie, buvait, dansait à nouveau sur d'autres planches ou dans ses draps (ou ceux des autres). Parfois, il dormait aussi, mais ça n'était pas plus du gaspillage que le reste. Que voulez vous, Loïs n'aimait pas s'ennuyer. Il visait la lune, parce que même s'il ne l'atteignait pas il ne tombait jamais mal. Dans ses études, dans son travail, dans ses relations il voulait tirer le meilleur parti. Il ne s'agissait pas forcément d'une idéologie, mais plus... Il était sur Terre pour ça ? S'il était en train de crever d'ennui quelque part, à quoi bon.

C'était ce qui l'avait mené à suivre un homme, dans la rue, alors qu'il avait sans doute un rendez vous important qu'il était en train d'oublier. Cet homme il ne connaissait pas vraiment son nom, même s'il avait une vague idée... Il se souvenait parfaitement, la semaine précédente, de la gêne insistante de l'autre concernant le mot qu'il avait crié s'abandonnant au plaisir. Ce n'était rien de plus qu'un soupçon, mais c'était déjà ça. Et là, il avait entendu ce nom prononcé, désignant un homme qui ressemblait étrangement à celui qui s'était endormit dans son lit. Il était tombé, lui aussi, après l'effort et les discussions futiles qu'ils avaient partagé. "Vas pas prendre la grosse tête" l'autre lui avait dit. N'empêche que ce type lui avait couru après, sous plusieurs formes, et en redemandaient toujours. Peut être que la seule chose qui ne lassait pas Loïs, c'était qu'il subsitait toujours le mystère... Et là, il était sur le point de le résoudre.

" Moi ça ne m'intéresserait pas qu'on me saute si je n'avais pas ma tronche... J'aime savoir que c'est pour moi que les gens prennent leur pied, tu vois. "

Mais c'était sans doute peine perdue. Il ne savait pas quel complexe empêhait son amant de se dévoiler, il espérait que ce n'était pas un horrible secret de famille, déjà. Mais lorsqu'à la lumière de la lune il avait vu petit à petit regagner sa propre apparence, au moins, il avait compris que ce n'était pas à cause de sa mocheté. Il était vraiment, vraiment pas mal, cet inconnu. Alors Loïs s'était rendormi contre lui, ravi, attendant une confrontation qui n'était jamais venue.

Déçu ? Oui. Sinon pourquoi est-ce qu'il collerait au train de ce type, en pleine soirée dans le Londres sorcier ? Il avait rêvé où il avait entendu l'un de ses camarades, qui repartaient déjà du bar où ils s'étaient posés, l'appeler Jesus ? Il le savait !! Dans un coin plus sombre, il avait bu une pinte en attendant le meilleur moment pour l'aborder. Et puis quand il fut certain que personne ne les dérangerait, il se lança. D'un pas léger, il arriva derrière lui et lui saisit la fesse, murmurant d'une voix plus grave que d'habitude.

« Vous ici ? Je savais que j'avais reconnu ce beau petit cul quelque part... »

Il avait fait attention à ce qu'on ne les regarde pas, il avait cru comprendre que se faire griller, ça n'était pas ce que l'autre souhaitait mais ils avaient assez joué au chat et à la souris. Et il avait gagné ! Loïs préparait son sourire le plus beau et le plus satisfait en attendant que l'autre ne se retourne.

Une sortie pour boire un verre entre collègues de boulot. Tu parles d'une idée à la con. Ce n'était pas faute d'avoir essayé de refuser, avec tous les prétextes bidons du monde. Mais ses collègues lui avaient bien forcé la main. Et le voilà dehors, à les écouter parler de concombres, de courgettes et d'aubergines, avec tous les sous entendus que l'on peut deviner de quelques jeunes dans la fleur de l'âge.

Il s'ennuyait un peu. Pas qu'il apprécie pas ses collègues, c'était pas les pires mecs du monde, ils savaient éplucher des carottes et le remplacer quand il n'était pas en état de bosser, à l'occasion. Mais... l'amitié s'arrêtait à peu près là. Déjà, la moitié avaient deux fois son âge et ne parlaient que de trucs chiants. Et l'autre.. si elle n'en avait pas la moitié, était un peu plus jeune, dans les premières années d'études. Lui aussi. Mais lui, les premières années, il les cumulait. Ce qui lui avait valu quelques vannes, ce soir-là aussi. Fidèle à lui-même, Jesus ne s'était pas laissé marcher sur les pieds, répondant de quelques insultes dont lui seul avait le secret. La soirée avait failli mal tourner d'ailleurs, lorsque l'un d'entre eux avait fini par mal prendre ses réprobations. Un autre avait dû intervenir. La moitié du groupe s'était barrée, sur de belles engueulades. Et il était resté là avec deux autres types, l'un de cinquante balais et l'autre d'à peine plus, à siroter la fin de sa bière. La soirée était déjà bien avancée, sûrement trop pour faire autre chose de plus productif. Comme... ce à quoi il était devenu accro, les nuits sous polynectar, pour ne pas les citer. Et puis de toute façon, il était agacé. Alors quand les deux autres types sortirent pour fumer et se trouver un endroit plus branché, il décida de rester là, en tête à tête avec son fond de bière, à ruminer sa soirée. Ce soir, il se coucherait moins tard, peut-être. Ca ne lui ferait pas de mal, ni à lui, ni aux cernes qui grandissaient sous ses yeux à mesure que ses soirées s'enchaînaient.

Sa bière terminée, il se releva, traînant un peu des pieds, sans grande motivation pour retrouver sa piaule sur le campus. Et... q... il sursauta, interdit, lorsque ce qu'il identifia comme une main inconnue atterrit sur ses fesses. Le mouvement bien trop précis pour être involontaire. Nom d'un boursouf mal coiffé, c'était quoi ça ? Il se crispa en entendant une voix masculine chuchoter. Non mais...

"Hé, casse toi d'là, sale [insulte homophobe] avant que j'te pète la gueule."

Lâcha-t-il en se retournant. Dans le noir, il ne distingua pas tout de suite. Il chopa la main de l'autre, celle qui avait osé se poser sur ses fesses -non mais franchement, c'était quoi cette soirée de merde- et la lança violemment vers le bas, pour le déséquilibrer, espérant le faire chuter à terre. Non mais il avait cru quoi, ce gros dégueulasse, là ? Est-ce qu'il avait une tête de [insulte homophobe, again], sans déconner ? Il avait sorti le poing, prêt à riposter et cogner si l'autre persistait.
Ce n'est qu'une fois l'autre à terre qu'il le dévisagea, le visage fermé et froid. Et ... oh. Mais... Comment...
Il se figea, sentant jusqu'à sa respiration s'arrêter.
Ce n'était qu'une coïncidence, n'est-ce pas ?
Juste une énorme coïncidence...
Ca ne pouvait être que ça.
Loïs ne pouvait pas savoir. Il ne pouvait pas... Il ne devait...surtout pas.

On ne pouvait pas rejeter son comportement idiot et inconsidéré sur le compte de l'alcool, Loïs n'avait pas encore ingurgité une goutte. Non, au lieu de passer une soirée fun, il avait décidé de suite un inconnu comme un gros pervers. Enfin, inconnu, ils en étaient quand même a leur troisième nuit de coucherie... On appelait plutôt ça un plan cul régulier. A cela prêt que généralement on connaissait -plus ou moins- le visage de ceux et celles ci. Là... Il l'avait découvert au milieu de la nuit, éclairé par la lune, et il était tout sauf certain que celui ci allait être ravi d'être découvert vu comment il avait débarrassé le plancher. Mais le jeu était là. Il en valait la chandelle, pas vrai ? Quitte à se faire engueuler...

Seulement, Loïs s'attendait a un accueil colérique, peut être, mais pas de ce niveau là. Il écarquilla les yeux, incapable de comprendre la violence soudaine des mots employés a son égard. Et ça n'était pas parce qu'il n'en avait jamais entendu d'aussi fleuris. Ou qu'il n'avait pas insulté avec autant de hardiesse d'autres personnes dans sa vie mais... Il n'avait sans doute pas mérité ça ? Et encore moins, se faire attraper et tordre le bras et mettre a terre a cause de la douleur. Il s'était peut être mépris sur la personne et était tombé sur le pire des connards homophobes du bar ? Mais non, le visage était le même -quoi que qu'est-ce que ça voulait dire de nos jours- et il voyait dans ses yeux que l'autre le reconnaissait petit à petit.

« Merlin's COCK tu fais quoi là ?! »

Il avait récupéré son poignet meurtri, trop meurtri pour tenir sa baguette pour le moment. Loïs le toisait d'un regard outré, et en colère.

« Tu veux me péter MA petite gueule de [ insulte homophobe ] ? C'est ça ?! »

Il s'était redressé de toute sa hauteur et son ton était plus froid encore, la nuit avait perdu quelques degrés.

« Pardonne moi, je croyais que te faire xxx et xxx et jouir alors que tu xxx et que je xxx faisait de toi, aussi, un [ insulte homophobe ]. Je comprends mieux pourquoi tu me saute* avec les tronches d'autres types. You coward. »

Il s'était approché de lui, sans la moindre peur dans ses yeux, rien d'autre que la colère d'avoir entendu ce type qu'il s'était tapé utiliser ces mots avec autant de haine dans sa voix. C'était donc ça, hein ? La solution a son mystérieux inconnu. C'était un connard doublé d'un homophobe qui n'assumait pas aimer prendre des xxx. Quelle déception. Quelle putain de déception.


***
Gros lâche (en français du coup pour Loïs xD)

Ce qu'il foutait ? Ce qu'IL foutait ? Non mais il se fichait de sa tronche ? C'était qui qui avait chopé les fesses de qui, là ? C'était quoi ces familiarités soudaines, en pleine rue ? Et d'où... d'où est-ce qu'il le reconnaissait, soudainement ? Jesus avait le regard froncé, presque méchant. Il regarda un peu autour d'eux. La plupart étaient trop occupés à boire et à être bourrés pour vraiment leur porter attention. Mais il remarqua deux gars qui les surveillaient un peu. Rha punaise. Jamais la paix, par ici...
Non, il ne voulait pas lui péter la gueule. Enfin... il n'en savait rien. Oui, peut-être, un peu... Non mais qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Qu'est-ce qu'il avait cru ? Et surtout comment l'avait-il reconnu ? Parce qu'il s'agissait bien de ça, hein ? Il n'était pas né de la dernière pluie de grenouilles, quand même, il voyait bien que Loïs l'avait reconnu. Est-ce qu'il l'avait suivi ? Pourquoi est-ce qu'il aurait fait ça ? Il n'avait pas mieux à faire ? Franchement ... ?

"Non, j'vais pas te péter la gueule !"

Lâcha-t-il en gueulant, l'air de dire totalement l'inverse. C'était pas ses poings serrés et son corps tout crispé qui lui donneraient raison, non plus. Ses yeux s'ouvrirent en grand alors que le brun commença à balancer des insanités. Il avança sa main, prêt à la coller sur la bouche de l'autre pour le faire taire. Non mais on disait pas des choses pareilles dans la rue, c'était totalement indécent !! Il sentit ses joues se mettre à rougir. Hé ! C'était depuis quand ça ? Les joues du rouquin lui avaient fait ça mais les siennes.. C'était presque une première ! Non mais ce garçon était taré !

"Doit y avoir erreur sur la personne, j'aurais jamais fait ça, c'est contre nature ! Et dégueu !"

Il fit exprès de monter le ton à son tour, pour qu'autour on entende et qu'on ne se méprenne pas. Non mais lui, se prendre une **** dans le cul ? Ca va pas non ?
Jesus en avait presque les mains tremblantes, de colère. Il ne savait pas ce qui le retenait de coller son poing dans la tronche de Loïs, qui le mériterait amplement ! Peut-être un reste de ... ouais, non. C'était que des conneries ça. Il regarda autour d'eux. D'autres gens commençaient à s'attrouper. Putain, quel crétin, ce brun ! Sans prévenir, Jesus le chopa par le poignet et les fit tous deux transplaner. Direction ? Chez Loïs.

Ah. Oui.
Il aurait peut-être dû réfléchir.
S'il n'était pas celui qui prétendait être... Comment aurait-il pu connaître cette adresse ?
La pensée ne lui traversa l'esprit que lorsqu'ils atterrirent tous les deux dans l'appartement du brun.
Un. Peu. Trop. Tard. Oups.
Il le regarda, gêné, comprenant petit à petit qu'il venait de se griller. Putain, un jour, faudrait vraiment qu'il apprenne à réfléchir AVANT d'agir. Ca commençait à lui jouer des sales tours, de faire l'inverse.

"Qu'est-ce que tu fous ? A quoi tu joues ? C'est quoi ce cirque là, ça va pas non ?"

Continua-t-il tout de même, sans trop se démonter. Gueuler, ça permettait au moins de camoufler à quel point il était mal à l'aise... Enfin... Il supposait ?

Ça lui faisait mal, franchement. Pas de se taper un scandale devant les clients éméchés d'un pub sorcier bas de gamme, pas de se faire tordre le bras ou insulter par un gros homophobe de base. Non. La déception faisait mal. Descendre de son petit nuage d'aventures rigolotes. Ça aurait pu être bien pire. Ça aurait pu être un serial killer, un loup garou, ou Merlin savait combien d'autres combinaisons douteuses. Mais un connard de cette envergure, homophobe dans son placard ? Il avait ajouté un nombre d'insulte entre ses dents avant que l'autre ne le saisisse à nouveau pour le faire transplaner. Quelle merde. Quelle sous merde lâche et... Ils étaient chez lui, là ? Il était encore plus colère que jusque là. Récupérant sa main douloureuse, Loïs fulminait et frottait son poignet en le toisant.

Et puis il saisi sa baguette, et dans un geste expert lança un "Expelliarmus" d'une telle force qu'il envoya la baguette de l'autre et son porteur a plusieurs mettre dans la pièce, renversant chaises et bibelots sur leur passage. Loïs avançait, menaçant.

« Contre nature, hein ? Contre nature ? Tu veux savoir ce qui est contre nature ? ».

Il s'était avancé vers lui, bien plus blanc qu'il n'aurait dû pour quelqu'un en colère, les lèvres d'habitude recourbées en un sourire cette fois pincées en une ligne fine.

« Ton attitude de connard. Tu vois, je croyais que tu volais le visage des autres parce que tu étais connu ou simplement laid, mais non, en fait. Tu es juste immonde de l'intérieur. »

Il cracha

« Tu crois quoi, que parce que c'est pas la même bite que tu trempes t'es moins un gros pédé comme moi ? C'est quoi, tu te salis pas les mains quand tu baises sous polynectar, ça compte pas ?! »

Il fit un geste de baguette pour lui faire comprendre qu'il n'avait pas intérêt à essayer d'attraper la sienne. Loïs Valentine avait rarement paru aussi menaçant et sérieux devant les yeux de son interlocuteur. Le chat joueur et taquin avait disparu, là.

« Oui, j'ai deviné ton manège d'ado prépubère qui n'assume pas et tu sais quoi ? Tu le dégoûte. News flash, t'es aussi pédé que moi et tu me fais presque pitié. Donne moi juste une seule bonne raison de ne pas te faire payer t'être foutu de moi, "Jésus" »

Il sentait réellement la nausée le prendre. Même lui, il avait des principes. Il y avait des choses qu'il considérait contre nature, des choses qui depassaient son entendement. Mais est ce que parce qu'il prônait une certaine supériorité de la pureté du sang sorcier, il allait sucer des vampires pour leur cracher a la gueule ensuite ? Qu'est ce que ça voulait dire, qu'il trouvait ça dégueu, alors qu'il réitérait encore et encore ça avec lui, hein ? Le jeune Valentine était certain d'une chose, son mode de vie lui convenait parfaitement, et quiconque avait a y redire pouvait se faire mettre. Mais la, c'était le pom-pom. Pour être sûr qu'il avait l'ascendant, il charma la baguette de l'autre vers lui.

« Quand tu auras finis tu pourras dégager et ne plus jamais remettre les pieds chez moi. »

La baguette de Jesus vola dans un éclair, sans qu'il ne l'ait vu venir. Et il atterrit sur le cul, vexé comme un pou. Il le dévisagea, en colère.
Se redressa sur ses genoux, sans quitter Loïs du regard, avant de se relever.
Le voilà désarmé et vulnérable, en plus du reste. Pas qu'il ait vraiment eu l'intention de s'en servir. Il n'avait même pas cogné le brun quand il en avait eu l'occasion. Mais visiblement, ce dernier avait décidé de se la jouer gros connard, jusqu'au bout. Oui, c'était lui qui pensait ça.

Sans rien dans ses mains pour se donner une stature, Jesus les croisa sur son torse, regardant Loïs, le visage bas, les yeux vers le haut. En colère et... honteux. Clairement honteux d'avoir été grillé de la sorte.

"Mais ... mais va t'faire foutre ! "

Il se retint de cracher plus que des mots.. même si l'envie ne manquait pas. Il était un peu à court d'arguments. Il était peut-être immonde de l'intérieur mais... mais ... mais...
Mais merde, c'était comme ça ! Il y pouvait rien ! Il luttait déjà assez dur pour pas laisser ce genre de pulsions s'exprimer, hein ... Il faisait ce qu'il pouvait !

Sa tentative de pas en avant s'avorta d'elle-même en voyant la baguette se pointer vers lui. Il défit ses poings serrés et croisa les bras à nouveau.

"Non mais j'en ai rien à foutre que t'aies envie d'assumer de faire des trucs dégueus ! Moi pas, ok ? J'te demande pas de te cacher à la vue de tous, tu fais ce que tu veux ! Alors me demande pas d'assumer d'avoir fait des... des..."

Merde, il trouvait plus les mots. Sa réplique qui se voulait cinglante tomba à plat. Parce que... bon. Comment justifier de manière cohérente ce qu'il avait fait ? C'était même pas pour se payer de sa tête, putain ! Il avait vraiment aimé, quel débile il faisait. Rien que d'y penser, ça le dégoûtait encore plus, de lui-même... Comment pouvait-il lui-même vouloir faire des trucs pareils ? Et avec un mec aussi... Putain. Il le haïssait. Il SE haïssait. Il pouvait pas juste ... ne pas...

"Et pourquoi t'es venu aussi ? C'est quoi ton problème ? Tu m'as suivi ? Et comment tu m'as retrouvé ? T'es un putain de stalker en fait, c'est ça ? C'est toi qui fais pitié là !"

L'art de retourner la situation, de la manière la plus pathétique qu'il soit. Non mais c'était vrai, quoi, il n'avait pas tous les torts, là, quand même ! Il ne lui avait rien demandé, à Loïs. C'était très bien, quand il savait pas qui il était ! Il le dévisageait toujours, en colère, sou cou crispé ayant presque doublé de volume. Ce n'était pas l'envie de le cogner qui manquait. Un petit gabarit comme Loïs, il aurait l'avantage sans mal. Mais.. non.
Malgré toute sa haine, il y avait un truc qui le retenait encore.
Et ça continuait de bouillir en dedans. Habituellement, il évacuait en cognant. C'était pas bon, de se contenir..

"T'en fais pas, j'compte pas les remettre hein ! C'est bon, j'ai donné ! Et... j'ai aucune raison à te donner ! J'me suis pas foutu de ta gueule ! J't'ai jamais demandé de me retrouver et de tout gâcher. Tu fais chier..."

Non mais qu'est-ce qu'il avait eu besoin de venir le revoir, aussi ? Ils auraient pu continuer comme ils le faisaient, c'était très bien, qu'est-ce qu'il avait besoin de tout gâcher, aussi ?

Les deux baguettes en main, Loïs avait plutôt l'ascendant sur l'autre. Et sa colère froide comparé aux explications et défenses maladroites de Jesus tendaient dans cette direction aussi. Il n'y avait aucun doute, dans les yeux de Loïs. Pas une trace de la trahison qu'il ressentait non plus. Montrer qu'on souffre, c'est la meilleure arme à tendre à l'ennemi, pas vrai ? C'était marrant, il n'aurait jamais considérer cet amant là comme un ennemi. Pas alors qu'il l'avait enlacé presque tendrement parfois. Mais cette enflure ne s'était pas contenté d'une fois. Il était revenu, il l'avait intrigué, il lui avait fait croire qu'il était suffisamment intéressant pour que le jeune Valentine ait envie de le revoir encore. Là, c'était juste un connard qui avait joué avec le feu et qui s'était brûlé, sans doute. Mais il l'avait éclaboussé dans l'explosion de bullshit qu'il avait sorti.

« D'avoir fait des quoi ? Qu'on se soit *** tous les deux ? Que je t'ai attaché, et vice versa, pour qu'on se *** l'un de l'autre ? Quoi tu as du mal avec les termes, tu as besoin d'aide ? Parce que je tu avais l'air d'aimer ça, autant que tu saches comment ça s'appelle. »

Il eut un petit rire dérisoire et moqueur, tellement tout ça était idiot pour lui. Il reconnaissait un démenti quand il en voyait un, mais ça n'était juste comme s'il lui disait qu'il était gay sans le connaître. Et ça n'était pas comme si ce Jesus était en train de dire que ce qu'ils avaient fait, à répétition, ce que Loïs était et faisait de ses nuits était contre nature. Qui dit ça à quelqu'un avec qui on a couché plus de fois qu'on pouvait le compter ? Il avait avancé, encore, histoire de ne pas laisser d'échappatoire dans la discussion autant que dans son appartement.

« Je n'ai aucun problème, moi, je t'ai reconnu et j'avais envie de te faire une surprise, espèce de gros connard. J'étais à dix lieues de deviner que t'étais un lâche doublé d'un homophobe. Admets le, merde. Tu es gay. C'est pas la fin du monde ! »

Lâche, il aurait pu avoir un indice, s'il avait vraiment fait attention. Faire autant de chichis pour qu'on ne le reconnaisse pas pendant qu'il s'adonnait à des actes répudiés par certains... Mais merde,on était en 2019 ou en 1800 ?

« Si pour toi, découvrir que je connais ta véritable identité c'est tout gâcher, c'est que tu as une vraiment basse estime de toi. Sois un mec et assume que t'as aimé te taper un mec et respire un coup. Tu crois que t'es le seul à être passé par là ? »

S'il ne voulait pas crier sur tous les toits qu'il était gay, ça n'était pas à Loïs de le juger. Mais là c'était tout autre chose, merde. Il n'allait pas se laisser insulter comme ça. Il l'avait poussé au niveau du torse, sur ces derniers mots, sachant pertinemment qu'il n'était pas le pro du combat au corps à corps, même s'il était souple comme un félin. Il était juste hors de lui.

« Je t'ai bien fait confiance moi ! Je t'ai invité chez moi alors que t'agis comme un putain de prédateur, c'est hyper fucked up ce que tu fais, et je t'ai laissé faire même quand je savais alors viens pas me dire que tu te fous pas de ma gueule quand t'assume même pas qui t'es ! »

Ils étaient face à face, assez proches pour s'embrasser ou se mettre un coup de boule, Lois les doigts serrés autour des baguettes, le regard provoquant. Il n'avait pas peur de lui, il le provoquait.

Jesus commençait à se sentir mal, poussé dans ses derniers retranchements. Agacé, énervé mais aussi nerveux comme rarement. Il en avait presque la gerbe. A moins que ça ne soit les mots de Loïs qui lui fassent cet effet là..? Qu'est-ce qu'il avait, à les dire et redire, là ? Il voyait pas qu'il était dérangé ? Que ça lui posait un putain de problème ? Que c'était pas des choses à dire ? Il ne faisait exprès, Jesus n'en doutait pas, évidemment. Il secoua la tête. Il préféra ne pas répondre. Est-ce qu'il avait aimé ça ? Il n'en savait rien. Sur le moment, oui, bien sûr. Et.. il ne pourrait pas dire qu'il n'y avait pas repensé, les nuits suivantes, seul dans son lit. Mais.. c'était mal ! Au moins, il en était conscient, lui !

"Non mais fin du monde ou pas, ça change rien, j'suis pas gay, fous toi ça dans le crâne !"

Mais c'était quoi, leur problème, à la fin, à tous ? Parce qu'il avait pas apprécié de coucher avec Leen, d'abord, maintenant parce qu'il avait couch.. bon. Les arguments de Loïs avaient plus de poids, peut-être. Mais.. non ! Ca ne faisait pas de lui un gay ! Il refusait ! Il ne se donnait pas tout ce mal avec les fausses identités, le polynectar, juste pour se faire traiter de gay comme ça !

"Et j'en ai rien à foutre de pas être le seul à être passé par là. Les autres font bien c'qu'ils veulent. Je m'en tape."

C'était pas son problème, si les autres acceptaient d'être des contre-nature. Lui, il refusait. Il ne répondit rien, sur l'estime de lui. Il ne fit qu'encaisser, un peu plus douloureusement que les autres accusations. Parce que ça, contrairement à tout le reste, il avait déjà commencé à s'en rendre compte,
Et... c'était déjà difficile, à admettre. Ouais, il se détestait, d'être comme ça. De ne pas pouvoir juste se contenter d'être avec une fille, n'importe laquelle. D'avoir ressenti le besoin d'emprunter des apparences, de se taper des mecs en cachette. Il s'était persuadé que ça exorciserait le truc, tout en prenant petit à petit conscience que... pas tellement.
Loïs avait tapé juste. Ça faisait mal. Et il ne riposta même pas, lorsque ce dernier le poussa, se contentant de se rattraper par quelques pas en arrière. Tout juste protesta-t-il un peu par quelques jurons. Il le toisa, regardant alternativement le brun puis la paire de baguettes.
Est-ce qu'il était un prédateur ? Il n'en savait rien. Il n'en avait pas l'impression...

"Et alors ? C'est mon problème, si j'assume pas, c'est pas le tien !"

Est-ce qu'il était en train d'avouer qu'il n'assumait pas ? Il n'en avait pas grand chose à cirer, en fait, là.. De toute façon, il était un peu bloqué, dans son déni. Quelle que soit la direction qu'il prenait... il se retrouvait face à une autre embrouille.

"Fallait l'dire, si y'avait un putain de contrat ! A ce que je sache, t'étais pas mécontent, les autres nuits, toi non plus. J't'ai rien fait de mal, j'crois plutôt le contraire. Mais j'ai pas signé pour le reste ! J'vois pas c'qu'il y a d'autre à assumer ! C'est du passé, on est pas mariés, merde ! J'te dois rien !"

Non mais depuis quand il y avait des comptes à rendre à un plan cul ? Ils avaient fait leur petite affaire, c'était suffisant non ? C'était quoi cette idée de surprise de merde, aussi ? Il continua à le dévisager. Loïs était bien trop près. La dernière fois qu'il avait été aussi près c'était.. pas la même ambiance. Putain.

"Maintenant, rends-moi ma baguette. J'ai pas envie de te frapper pour la récupérer. Même si tu m'prends pour un connard."

Il tourna sa main, paume vers le ciel, espérant que Loïs la lui déposerait, sans trop y croire. Ça le faisait tellement chier que ça finisse comme ça. Il en avait les yeux humides. De colère, hein, bien sûr, allez pas croire... Le monde réel, c'était vraiment de la merde. Est-ce qu'on s'étonnait vraiment qu'il préfère se doper au polynectar ? Au moins, on venait pas l'emmerder avec ce genre de conneries. Enfin.. Sauf Isleen. Mais c'était encore un autre problème.

Pas gay. Mais dans quel monde de taré vivait Jesus pour imaginer qu'après toutes les cochonneries qu'ils avaient fait il n'était pas si ce n'était pas gay au moins très très bi ? Il en fallait du pouvoir de négation et d'auto persuasion pour en être à ce point là. C'était définitif, il avait pitié de lui maintenant. Même s'il s'était fait sévèrement réprimander et se prenait encore des volées aujourd'hui, jamais Loïs n'aurait répudié cette partie de lui. C'était trop beau. Trop bon, aussi. A quoi bon se culpabiliser pour quelque chose comme ça ? C'était comme culpabiliser après avoir engouffré trois crêpes banane Nutella, a quoi ça avançait ?

« T'as pas tort, c'est ton problème. Mais préviens les gens que t'es un gros lâche avant de coucher avec la prochaine fois, ça évite les déceptions. »

C'était ce qu'il était, au fond. Déçu. Et en même temps qu'est ce qu'il avait espéré de lui ? Plus que des autres qu'il voyait deux trois fois avant de passer aux suivant.e.s ?

« Tu veux vraiment qu'on en reparle, des nuits précédentes ? Parce que c'était pas exceptionnel non plus, hein. J'ose pas imaginer, ça veut dire qu'avec ta véritable apparence t'arrives pas a bander ou c'est juste pour protéger ton ego ? »

Au jeu du mean talk, Lois était ceinture noire. Et encore, là il se retenait. Ça aurait été tellement facile de le briser, lui et son histoire intégrée. S'il le voulait, il pouvait lui dire a quel point il était un coup minable sans ses directives, et qu'il avait du simuler un max pour ne pas s'ennuyer. Ho, si Jesus voulait, il pouvait sortir les griffes. Il était bien plus du genre a vous assassiner bassement et sans le moindre remord, mais où était le challenge, là. Il lui remis sa baguette, toujours a cinq centimètres de son nez.

« Je parie que c'est parce que t'arrives pas a la lever si tu te vois dans le miroir. »

Qu'il essaie. Il doutait qu'il soit meilleur en duel qu'au pieu, cet abruti. Dire qu'il avait eu de la compassion pour lui. Dire qu'il avait été curieux, charmé presque. C'était vraiment du gâchis.

Non mais Loïs délirait complet.. Depuis quand fallait balancer son cv avant de coucher avec un mec ? C'était pourtant clair que c'était sans lendemain. La Licorne Lubrique, c'était pas un putain de site moldu de rencontre où les gens devaient se présenter, jurer fidélité et tout. Qu'est-ce que ça pouvait lui foutre, vraiment, le reste ? Est-ce qu'il lui avait reproché, lui, ses remarques sur ceux qui n'avaient pas le sang pur ?

"Quand tu préviendras que t'es un connard, j'y songerai ouais !"

Non mais c'était lui qui parlait de déceptions ? Il pensait que lui-même n'était pas déçu, de cet espèce de traquenard alors qu'il n'avait rien demandé ? Il encaissa les remarques toujours plus basses et pas moins blessantes, le regardant avec haine. Ce n'était pas tout à fait vrai, ce qu'il lui avait dit. Il commençait à avoir vraiment envie de le cogner. Ca avait toujours été sa façon de régler les problèmes. Et depuis des années, on lui faisait la morale, comme quoi ça ne réglait rien. Il ne comptait plus les heures de retenue, les punitions en tout genre... Il faisait de son mieux pour ne pas reproduire ce genre de comportement. Même si, de son avis, il n'y avait rien de tel pour faire passer la colère. Là, elle était juste en train de bouillir. Il essaya d'expirer et d'inspirer profondément plusieurs fois, comme on lui avait appris. Tout en constatant une fois encore que c'était des grosses conneries, ces trucs là. Sa colère ne partait pas du tout avec son souffle, là.

"Mais qu'est-ce que ça peut te foutre, à la fin ? J'te demande pas de la baiser, ma véritable apparence hein ! J'en ai rien à foutre qu'elle te fasse pas bander et que tu préfères les petits blancs mignons !"

Lui, déformer les propos de Loïs pour retourner la situation bon gré mal gré pour arriver à une fin ? Pas son genre...
Ça l'aidait pas beaucoup à se dépêtrer de ce dans quoi il s'était enfoncé, ceci dit. D'un coup un peu vif, il attrapa la baguette que Loïs lui tendait, la lui arrachant presque de la main. Sans remerciement, bien sûr, il n'allait pas non plus lui chanter des louanges pour lui rendre ce qu'il venait de lui voler, c'était pas marqué charité chrétienne sur sa gueule hein -juste Jesus-.

"J'suis pas comme toi... j'm'aime pas au point de me regarder dans le miroir pour la lever, ouais. J'crois que c'est toi qui as un sacré problème, mec. Si tu t'astiques en regardant ta gueule, pose toi des questions..."

Vexé ? Oui. Il le camouflait sous des tonnes de colère, bien sûr, comme tout bon gamin pris sur le fait accompli qui se respecte. Mais merde, il avait beau savoir que ce qu'il faisait était mal, qu'il avait beaucoup trop apprécié des choses qu'il répudiait, il ne pouvait pas approuver Loïs.

"Et si tu veux tout savoir, j'en ai rien à foutre que ça soit pas exceptionnel. J'me fais pas passer dessus par vingt mecs par semaine, moi. Y'a pas de quoi s'vanter de s'être tapé la moitié du pays !"

Il serrait sa baguette entre ses doigts. Prêt à se barrer. Il ne savait pas bien ce qui le retenait ici, sinon l'envie de riposter et de ne pas juste tout se prendre en plein dans la face. Mais c'était plus fort que lui. Sa répartie avait beau ne même pas raser les pâquerettes, il ne pouvait pas juste fermer sa gueule.

Son regard aurait rarement pu paraître plus hautain, moins concerné par la bataille intérieure que son partenaire avait l'air de mener. Le pire, c'est que dans d'autres circonstances, d'une façon différente, il aurait été plus que ravi de lui faire la leçon de façon plus douce et mesurée. Mais face à tellement de concentré de foutage de gueule ? C'était trop. De toute façon ça n'était pas comme si l'autre l'écoutait. Etre obtus et aveugle à ce point sur sa propre sexualité c'était... Triste. Et Loïs, aussi volontaire qu'il ait été à lui apprendre les choses de la vie jusqu'à un certain point, c'était pas mère Thérésa non plus. Il laissa donc Jesus reprendre sa baguette sans l'en empêcher. Il aurait pu être tellement plus vilain, et il aurait eu tous les droits, vu la réception.

« Ah donc on s'en prend à l'activité sexuelle maintenant, cool cool cool... »

Il leva un sourcil, manifestement pas impressionné.

« Écoutes, je préfère encore être une catin et sûr de m'éclater que de passer ma vie à baiser sous d'autres apparences parce que j'assume pas. »

C'était ça, hein. Il avait mis le doigt dessus, mais le dire à voix haute ne lui donnait finalement pas satisfaction. Il trouvait ça tellement... con. Il ne connaissait pas l'histoire de l'autre et à vrai dire à ce n'était plus son problème. Il s'éloigna du visage de l'autre, lui laissant suffisemment de place pour Apparaitre.

« Si t'as fini, tu peux partir ? J'aimerais faire autre chose de ma soirée. Ho et, qu'on soit bien clairs. Je t'aurais autant sauté sous cette forme. »

Il désigna l'apparence plus que pas dégueu de l'autre garçon.

« Que celle de Beaumarchais. Voire plus. Rappelle moi quand tu auras fini de gâcher "tout ça". Ou pas, en fait, j'ai assez perdu mon temps comme ça. »

Et il attendit qu'il se taille. Ce soir il se ferait couler un bon bain, avec de la musique et un verre d'alcool quel qu'il soit et il oublierait cet abruti. Il avait d'autres chats à fouetter. Ou plutôt, il avait d'autre endroit où il aimerait se rendre, en chat, et pas pour etre fouetté. Au moins, même si l'homme n'avait aucune idée de qui il était, chez Ash Nightingal on prenait soin de lui et on le chouchoutait. Peut être que la "plaisanterie" avait assez duré et plus il attendait pire ce serait -un peu comme à l'instant, en fait. Pourquoi est-ce qu'il se prenait autant la tête en ce moment ? Les êtres humains étaient décidément épuisants. Et la vie n'allait pas aller en se simplifiant, il ne pouvait pas juste se taper qui il voulait en paix ?