Histoire
Je suis née il y a dix huit années de cela, dans l'East End, un quartier populaire de Londres. C'était un quinze novembre et la neige tombée doucement sur le monde, comme pour l'adoucir et me préparer un cocon de douceur immaculée. C'était une façon pour le monde de me souhaiter la bienvenue et je le prenais, petite chose rose emmaillotée que j'étais. Il paraît que mon père a pleuré lorsque je suis née, j'ai du mal à l'imaginer, quant à ma mère, elle a toujours ce même sourire emplie de douceur qu'elle posait sur moi. Une façon de me couver et de me protéger d'un regard.
Il fut décidé que je me prénommerais Rose. Un hommage à la grand-mère de ma mère. Puis Ann, un prénom qu'ils appréciaient tous les deux. Il faut avant tout que vous sachiez d'où je viens.
Je suis la fille d'une famille juive non-pratiquante, comme vous l'aura peut être fait deviner mon nom de famille. Mon arrière grand mère, Rose, a vécue l'enfer de le Shoah, perdant la totalité de sa famille dans les camps, ne parvenant à fuir que par l'humanité d'un soldat Allemand, qui, trouvant ressemblance entre elle et sa jeune sœur, la laissa filée. C'est après de dures épreuves qu'elle parvint à rejoindre Londres et y construisit sa vie tant bien que mal, gardant toujours en elle cette douleur, cette épreuve. Elle se maria quelques années plus tard et la suite, vous devez la deviner. Ma grand-mère, puis ma mère et maintenant moi. Alors ce prénom est important pour moi qui n'ai pas vécu ces choses, mais qui suis la descendante d'une survivante.
Forte de ces expériences, j'ai grandi dans un foyer unie, aimant. Ma grand-mère venait souvent à la maison pour me garder, me donnant toute sorte de petits surnoms affectueux. Je me souviens des tables de fêtes, des festin gargantuesques qu'elle préparait et de sa façon de poser un linge sur son crâne pour chanter les prières. C'était le seul moment où l'on me demandait de respecter les traditions juives. Ma grand-mère y était très attachée, quant à ma mère, elle ne voulait pas lui faire de peine, même si elle ne pratiquait pas vraiment ces gestes lorsque celle ci n'était pas là.
Mon enfance fut en soit assez normale. La maison, les copines, l'école et son uniforme. J'avais la vie d'une fille parmi tant d'autre avec mes cheveux roux et mes taches de rousseur qui me démarquaient pourtant quelque peu de mes amies et camarade. Mais la vie ce n'est pas si simple n'est ce pas ?
Mon père nous a quittées lorsque j'avais six ans. Accident de la route. Banal, commun. Une mort parmi d'autres en soit. Mais comprendre qu'il ne rentrerait jamais à la maison sans que j'aie pu lui dire réellement au revoir fut un crève-cœur. Et pour ma mère plus encore. Elle qui ne travaillée pas vraiment à l'époque se retrouvait pilier d'une famille, mère célibataire d'une enfant qui ne cessait de pleurer la perte de son père et il fallut faire avec. On déménagea d'abord chez grand-mère, un soutien de taille pour ma mère et pour moi. Elle l'aida à se remettre sur pied, la consola, lui permit de reprendre des études pour travailler tout en s'occupant de moi et m'aidant pour devenir la jeune fille que je suis. Elle m'aida à prendre conscience que la perte n'est pas personnelle. Que la douleur n'est pas unique et que d'autres que moi avaient la même. C'est comme ça que j'ai commencé à devenir responsable, à aider ma mère dans les taches ménagère, à travailler plus dur à l'école, à faire en sorte de ne pas être un poids pour elle qui travaillée déjà si dur.
Puis grand-mère nous quitta. J'avais huit et la douleur ne fut pas moins grande que pour mon père. Mais j'avais appris à la gérer. Elle nous laissait une maison, de l'argent et des millions de souvenirs. J'avais même appris les prières juives du Sabbat pour les réciter à sa place, façon d'honorer sa mémoire.
Grâce aux études que ma mère avait reprises, elle pu obtenir une place de gouvernante, un emploi prestigieux qui grâce à quelques amies de ma grand-mère, la plaça au palais de Buckingham. Rien de plus, rien de moins. Certes, elle n'était pas vraiment gouvernante pour la reine, mais elle y travaillait, gérer une petite équipe, s'arrangeait pour que tout soit toujours très propre car certaines pièces étaient parfois ouvertes aux visites. Et moi, j'étais on ne peu plus fière de ma mère qui travaillée parfois tard pour nous ramener de l'argent et faire en sorte que la monarchie de ce pays qui avait accueillie notre famille il y a des années de cela soit belle.
La vie reprit ainsi un cours plus ou moins normal. L'école, la maison, le palais parfois, les rires qui reviennent, l'amour entre ma mère et moi, chacune étant le pilier de l'autre. Une jeunesse comme d'autre au final si ce n'est la perte de mon père. J'étais peut être un peu plus mature que je n'aurais dû l'être à mon âge avec mon obstination à être la meilleure en classe et tenir la maison quand ma mère travaillée, mais qui m'en voudra.
Puis, vint le collège, un moment important pour moi qui entrais dans un des meilleurs collèges de Londres. Un de ceux où les enfants des employés de la monarchie allaient. C'était strict et les élèves ne se prenaient pas pour de la merde, mais j'aimais cet endroit. Je le trouvais magnifique et j'avais l'impression de sortir chaque jour un peu plus intelligente. Une année s'y déroula dans la joie et la bonne humeur avant qu'on ne vienne me dire que j'étais une sorcière. Ce qui me fit beaucoup rire par ailleurs.
Mais les démonstrations de magie faite par ces personnes venue du ministère de la magie, les questions posées sur mes capacités et certains événements mis en lumière de mon enfance, ma mère et moi avons finis par les croire. Il fallut inventer une histoire pour que je quitte le collège. Un internat en écosse enseignant des matières en rapport avec un choix de carrière que j'aurai fait, fut le mensonge idéal. Puis, il y eu les achats de fourniture, la découverte du monde sorcier. Mon dieu que nous étions stupéfaites ma mère et moi ! Tant de choses qui nous étaient caché ! Et savoir que le Premier ministre était au courant ! Quelle histoire !
Je garde pourtant de merveilleux souvenir de cette journée au chemin de traverse. Le choix de mes robes de sorcières, l'achat des livres, la découverte d'ingrédients de potions tous plus étranges les un que les autres, le choix de ma baguette, qui, selon le vendeur était très rare au vue de son cœur, ce qui m'emplit d'une certaine fierté, comme si j'avais été une élue ou quelque chose du genre.
Au premier septembre, je rejoignais ainsi le Poudlard express, partant vers une aventure merveilleuse, découvrant Poudlard par un sublime voyage en barque auprès d'un autre élève qui, ayant le mal de mer vomis dans la barque, rendant cela inoubliable. Puis la répartition ! J'avais un peu étudié cette histoire de maison et je me demandais ou j'irais, sans aucune appréhension, sans préférence, juste par curiosité. Lorsque le choixpeau se posa sur mon front, il me parla à l'oreille. Du courage, de la loyauté, une envie de faire mes preuves, une rigueur de travail...L'hésitation se fit entre Gryffondor et Poufsouffle et finalement, ce fut la maison du blaireau qui me fut attribuée.
Fier membre de la maison jaune et noir, je fis ainsi ma première année avec beaucoup d'enthousiasme, travaillant dur, faisant mon possible pour être bonne élève, rendre fière ma mère, lui écrivant plusieurs fois par semaine pour lui dire tout ce qui se pouvait se passer dans ce château magique. J'étais enthousiaste au possible, sans même me douter de ce qui se tramait à la maison.
Alors que je vivais ma vie de jeune sorcière, ma mère fut diagnostiquée avec un cancer du pancréas. Une chose qu'elle se garda bien de me dire et qu'elle soigna dans son coin. Il fallut attendre la fin de ma deuxième année à l'école de sorcellerie pour que je la découvre amaigrie, affaibli, un foulard sur le crâne pour cacher la chute de ses cheveux et mon monde semblât s’effondrer. Je passais l'été à chercher des solutions magiques, envoyant des hiboux à qui je pouvait voulant faire admettre ma mère à Sainte Mangouste, mais ce n'était pas possible. Son état ne pouvait être soigné par la magie et il fallait s'en remettre aux médecin moldu. Je vécu ma troisième année dans la peur absolue de recevoir le hibou qui m'annoncerait que je suis orpheline. Mais il ne vint jamais. Du moins pas cette année-là. Ce fut lorsque de ma quatrième année, alors que ma mère se battait depuis plus de trois ans contre le cancer qu'un professeur vint me chercher en classe. Convoquée chez le directeur. Je me demandais ce qui se passait, le ventre noué, priant pour que ce soit une punition ou une mention que j'avais gagné, mais non. Un portoloin m'attendait et je fus autorisé à quitter l'enceinte de l'école, accompagnée d'un professeur pour aller au chevet de ma mère. Je lui tins la main quand elle mourut, son sourire bienveillant aux lèvres, ses yeux remplis d'amour, en me disant qu'elle était fière de moi.
Le reste de l'année me sembla flou. J'ai cru comprendre que de tristesse, j'ai fait pleuvoir dans la chambre d’hôpital de ma mère sans même le vouloir et que sans le professeur m'ayant accompagné, j'aurai pu avoir des soucis. Je me souviens de l'enterrement, vaguement et du fait que, sans famille, je rentre maintenant chaque été dans une sorte d'orphelinat pour sorciers, attendant la majorité pour être mise dehors et vivre ainsi ma vie...
Pourtant, je n'ai pas vraiment changé. Je reste moi, je travaille dur, je garde mes rêves au fond de mon cœur, sachant pertinemment que ma mère m'aime et qu'elle est fière de moi. Qu'importe l'endroit où elle est...