Karma come over (Vasily & Silène)

Oh ! Un chat ! Dès qu’on parlait d’animaux, le regard de Silène s’illuminait. Il aimait vraiment s’occuper de toutes les petites bêtes qu’on pouvait trouver dans le monde sorcier. Bon, par contre, lui parlait pas trop de dragon, ou de nundu, ça, il pouvait pas vraiment se dire que c’était une bonne idée de s’en occuper. Il était pas forcément très courageux, ou comme il aimait à le dire, il tenait à garder tous ses membres encore un moment.

“Il s’appelle comment ton chat ?” demanda-t-il curieux.

L’endroit est vraiment standard. Mais après tout, on doit pouvoir s’y faire. Il sourit en laissant son regard traîner un peu partout. Il déposa sa propre veste sur la chaise et suivit son hôte. Il trouve Vasily extrêmement vif. Par certains aspects, il lui fait un peu pensé à Finn. Ils ont une espèce de pattern un peu commun les Gryffondors selon lui. Un petit truc à cheval entre la fougue et l’impulsivité. Il avait pas encore croisé de lions qui soient l’incarnation du calme et de la réflexion. C’était assez drôle.

“Va pour le gâteau au miel ! Chez ma grand-mère, on avait un truc pire, elle est bretonne, et la spécialité là-bas, c’est un truc à base de sucre et de beurre… Mais c’est délicieux ! Je te ferai goûter si j’en trouve ici… Hm, tu dois avoir raison, je dois juste être distrait alors…”

C’était mieux que de dire qu’on avait un sérieux problème avec le fait de s’alimenter. C’était plus politiquement correct. Il repart vers le salon, et opta pour le canapé. Se laissant tomber dedans, et s’asseyant en tailleur. Tortillant ses mains en attendant que l’autre garçon ne revienne. Incapable de rester immobile. Comme si l’immobilité, c’était la mort. Il n’arrête jamais vraiment de bouger Silène.

“Merci ! Haha… T’es pas lourd franchement… Comparé à d’autres…”

Il allait pas déballer toutes les sales anecdotes à propos des mecs relous, mais clairement, il rentrait pas du tout dans le game avec son comportement. Non. Il était plutôt carrément craquant et attentionné. C’était mignon. Pas lourd du tout. Sisi entama son gâteau. Pas avec autant de rapidité que son hôte. Il mangeait toujours par petite bouchée. En buvant presque une gorgée d’eau entre chaque cuillerée. Une main pour cacher sa bouche quand il mastique. Il ne supportait pas vraiment qu’on le voit manger. Mais bon… On apprend à faire avec. Il ne voulait pas tourner de l’oeil en présence de ce beau jeune homme, fallait faire un peu le plein de sucre.

“C’est super bon…” dit-il avec un sourire en faisant une pause. “Je vais en garder un peu de côté, là… Je crois que j’ai plus vraiment faim de gâteau…”

Il lui jeta un regard en disant cela. Un regard mutin. Il posa son assiette à côté de celle de Vasily sur la table basse. Et se tourna vers lui, posant une main sous son menton pour lui faire tourner la tête. Et puis, il alla capturer ses lèvres. Doucement. Tendrement. Puis avec un peu plus de fougue. C’était graduel. Jusqu’à un baiser des plus passionnés. Il finit quand même par détacher ses lèvres.

“Alors ? Je dois me brosser les dents ou ça va ?” demanda-t-il amusé, sans vraiment reculer son visage.

Sa main avait glissé sur sa joue, et son pouce la caressait avec délicatesse. Il le dévorait du regard le visage de Vasily. Il était si beau. Il avait tellement de chance d’intéresser un garçon pareil ne serait-ce que le temps d’une soirée.

“T’as… T’as envie de plus qu’un baiser ?” murmura-t-il mal assuré. “Je… Je veux pas te forcer ou quoi… C’est juste… Que t’es tellement beau… et charmant… Et… Et moi… Je crois que j’aurai bien envie de plus…”

C’était vraiment trop mignon cette façon que Vasily avait de se soucier autant de lui. Vraiment il avait oublié ce que ça faisait depuis… RAH. Non. Tu dégages Rufus. Vraiment. Tire toi de mon esprit. T’es parti, t’es parti, point barre, alors Vasily a le droit d’être apprécié pour autre chose que les ressemblances qu’il partage avec toi ? Ok ? Donc tu sors de ma tête ! Il fronça les sourcils un court instant avant de sourire à nouveau à Vasily.

“Non… Non t’en fais pas, y’a ce qu’il faut sur le campus quand j’oublie pas… Je voudrai pas piller ton frigo !”

Au moins, quand il l’embrasse, il ne pense qu’à leurs lèvres. Et c’est vraiment de lui qu’il a envie.C’est sa main à lui qui te fait frissoner quand elle se pose sur la tienne. C’est lui qui te fait oublier tout ce qui t’entoure avec ce baiser. Juste lui. C’est ce que tu arrives à te dire, comme pour t’en convaincre. T’as pas envie d’être un salopard qui pense à quelqu’un d’autre. Et t’as encore moins envie de réduire Vasily à un plan cul comme un autre. Au fond, Silène sent bien qu’il y a un truc avec ce garçon. Un tout petit truc en plus. Il veut pas tout gâcher. Il veut pas tout salir.

Son sourire s’étire un peu plus en entendant le brun. Il a même un petit rire. Il est drôle. Et si gentil. Silène sert doucement sa main. Ce contact est si rassurant. Si apaisant. Et en même temps cela le remplit de chaleur. De même que ses mots. Il le laisse se rapprocher, et penche un peu le cou au contact de ses lèvres. Il tressaille, le frisson remontant le long de son dos. Diantre, c’est fou comme il réagit quand on l’embrasse dans le cou. Il se sent électrisé. Il a tellement envie de tout et de rien en même temps. Il veut juste être bien. Avec lui.

“Tu… Tu me dis… Si tu veux qu’on arrête… à un moment… Des fois… Je vais un peu trop vite… Et… J’ai pas envie de… De faire quelque chose qui te plaît pas…” murmura-t-il en réponse.

Il l’embrassa à nouveau. Avec moins de retenue peut-être. Plus d’envie. Il se tourne un peu mieux, se rapproche. Et après quelques seconde d’hésitation, il décide de s’installer sur ses jambes, s’asseyant à califourchon sur lui. C’est quand même beaucoup plus pratique pour reprendre leur baiser. Il glisse ses doigts dans ses boucles brunes. Et détache enfin ses lèvres. Il a un léger soupir. Un soupir d’aise. Il sourit. Rayonnant.

“T’avais raison… Fallait vérifier…”

Il s’arrêta. Peut-être parce qu’il était pas sûr de pouvoir s’arrêter plus tard. Il avait peur d’être seulement un putain d’obsédé alors… Il valait mieux, qu’il ne prenne pas trop la main. Qu’il… Qu’il attende de voir ce dont Vasily a vraiment envie. Il alla juste déposer des baisers dans son cou, remontant jusqu’à son oreille qu’il mordilla. Taquin. Rah. Il avait tellement envie de plus. Pourtant… Il se contenait. Pour ne pas être une traînée. Pour ne pas le décevoir.

“C’est… C’est peut-être mieux si… Si c’est toi qui me guide…” souffla-t-il à son oreille, tentateur et charmeur, dans la limite du raisonnable bien sûr.

Aller doucement… ça faisait une éternité qu’un mec lui avait pas dit ça. D’habitude, ils étaient plutôt pressé de prendre leur pied et rentrer chez eux ou le mettre à la porte. Au choix. C’était bizarre. Agréable aussi de se sentir important en quelque sorte. Il aimait bien cette sensation. Cette attention qu’on lui portait. C’était grisant de sentir comme Vasily avait envie de prendre soin de lui, et pas seulement envie de tirer un coup et se barrer. Et en même temps, c’était affreusement dangereux. Parce que ça voulait dire s’attacher à quelqu’un. Une nouvelle fois. Faire confiance. Il était pas sûr de pouvoir faire ça. Pas une nouvelle fois. Pas si vite. Mais… Il voulait pas partir.

Mets ton cerveau en off, Silène. Tu peux pas juste profiter du moment. Laisse-le te guider. Et puis, vous êtes deux adultes responsables, si ça tourne mal, ce sera aussi un peu sa faute, non ?

Les baisers sur ta main sont si doux. Tout est si délicat. Vasily prend tellement garde à ne pas le brusquer. Si il savait… Il ne voudrait peut-être pas de lui si il savait. S’il savait le nombre de gars qu’était passé avant lui. S’il savait le nombre de fois qu’il a laissé ses lèvres traîner sur un autre. Il en voudrait pas de ce mec-là. Il voudrait pas de lui s’il le connaissait vraiment. Parce que c’est un mec bien Vasily. Ça se sent que c’est un mec bien. Pas une traînée comme lui. Et c’était ce qui lui plaisait. Cette illusion. Cette impression d’être une meilleure version de lui-même au travers de Vasily. C’était tellement bon de sentir ses mains hésitantes sur son corps, de se perdre dans son regards. Sur ses lèvres. Bon sang, ses baisers avaient le goût de la sincérité. Silène ne comprit pas de suite pourquoi il s’arrêtait. Et cela le fit rire. Un rire doux. C’était si adorable cette façon de s’en faire pour tout et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi.

“C’est… C’est trop mignon… Ta façon de t’en faire pour tout… Mais… On sera mieux dans ta chambre… Si jamais… Quelqu’un décidait de rentrer tu vois… On sait jamais ?”

Silène se leva doucement. Il prit sa main, et suivit ses indications. Pour arriver dans sa chambre. Il ne prit pas vraiment le temps d’observer la décoration. Il l’enlaça doucement. Et reprit où ils s’étaient arrêtés. Il avait les cheveux tellement doux. Plus longs que ceux de Rufus. C’était plaisant d’entortiller ses doigts dans ces boucles brunes. Il détacha ses lèvres. Presque ivre de leurs baisers. Il se détacha une seconde de lui et… Il retira son tee-shirt. Son corps n’était pas celui d’un canon. Il était maigrichon. Voire carrément maigre, mais… Il avait pas mieux à offrir. Il s’approcha à nouveau de Vasily. Pour l’aider à enlever le sien de tee-shirt… Et lui laisser à nouveau la main. Pour qu’il leur donne la direction à prendre.

Silène était loin de tenir rigueur au brun de ses difficultés de … concentration ? Vraiment, il le trouvait juste adorable avec cette façon d’hésiter. C’était tellement différent de ce dont il avait pris l’habitude. Il s’était résigné à… à être sans importance dans la vie des autres. Du coup… C’était si agréable là. Et en même temps il se sentait comme un imposteur à profiter de lui comme ça.

“T’en fais pas… T’es trop mignon !” le rassura-t-il.

Le bazar dans la chambre, il s’en fichait. Il n’y avait même pas fait attention. Il était pas là pour ça. Et puis, il était pas très maniaque. Il faisait criser Saoirse avec son bordel. Donc, c’était le cadet de ses problèmes. Il voulait juste profiter de ce moment d’intimité avec Vasily. La chambre, c’était juste la sécurité de n’être pas du tout dérangé. Et un peu plus de place et de confort aussi que sur le canapé. Les lits, c’est quand même plus pratique.

En enlevant le tee-shirt de Vasily, il constate qu’il est plus étoffé que lui. Pas un mec bodybuldé mais plus musclé que lui, un peu plus étoffé. Pas bien dur en même temps. Mais sa musculature est agréable à regarder. Ses mains se perdent un peu sur sa peau. Alors qu’ils vont s’asseoir sur le lit. Il s’installe comme avant. Reprenant là où ils s’étaient arrêtés. Baiser après baiser. Ça n’en perdait pas son charme. Il avait juste plus chaud à chaque baiser. A chaque caresse sur sa peau.

Il reste surpris aux mots de Vasily. C’est… Presque gênant d’entendre ça. Il a un petit rire. Il rougit. Il aime pas ce genre de compliment. Il a jamais su vraiment les accepter. Mais ça s’est pas amélioré ces derniers temps.

“T’as dû un peu trop boire…” murmure-t-il gêné. “Mais… Merci… Tu sais… T’es plus beau encore…”

Il préfère pas s’attarder. Ça le met mal à l’aise ce compliment. Parce qu’il se trouve pas beau. Et il se trouvera probablement jamais beau. Incapable d’aimer ce corps. Il retourne l’embrasser. Peut-être pour le faire taire. Pour être sûr qu’il le redise pas, qu’il surenchérisse pas. Il se colla un peu plus à lui. Le faisant basculer sur le dos. Il s’allonge un peu sur lui. Mais se laisse glisser à côté de lui à la fin du baiser. Pour pas… Pour pas reprendre la main. Il avait senti son désir monter en flèche. Et ses mains se montrer trop indiscrètes, à commencer à défaire son pantalon. Il avait stoppé.

“Pardon… Je… Je vais trop vite… Désolé… Je…”

Il s’en veut. Putain il s’en veut tellement d’être juste un putain d’obsédé qui contrôle rien de ses envies tordues. Il panique intérieurement. Tout va si vite dans sa tête. Dans ses émotions. Il devrait peut-être tout arrêté et partir ? Avant de faire un truc vraiment mal. Il sent les larmes lui monter aux yeux. Putain. Mais gère-toi Silène… Il ose plus regarder Vasily. Un talent certain pour tout gâcher. Il se redresse. Il se lève. Il sait même pas quoi faire. Il préfère juste tourner le dos à Vasily. Le temps de rassembler ses pensées et choisir quoi faire.

Il avait trop bu. Pour avoir des pensées si instables. Ou alors, elles étaient toujours instables et il avait justement pas assez bu. Il en savait rien, mais c’était si désagréable de se sentir si déchiré. Il avait envie de s’enfuir. De se cacher. De pleurer. Tout ça à la fois. Et en même temps, il était tétanisé par la panique. Par la peur de décevoir. Il était en train de tout foutre en l’air non ? Il tressaille en sentant la main de Vasily sur son bras.

Qu’est-ce qui se passe ? Il en sait rien de ce qui se passe. En fait. C’est impossible d’expliquer le bordel dans sa tête. Il était juste perdu. Il ne pouvait pas expliquer. Il y avait trop de choses. Silène n’a pas envie de croiser son regard. Il a pas envie de lire la déception dans son regard ou quoi. Il a pas envie de décevoir.

“Je… Non… Si… Je sais pas… Je… Je suis désolé…” murmura-t-il d’une voix à peine audible, la gorge serrée.

Silène baissa la tête. Il ne voulait pas croiser son regard. Vraiment pas. Parce qu’il est beaucoup trop gentil. A s’en faire pour lui. C’était plus simple quand les gars s’en foutaient de lui. Franchement plus simple. Pourquoi il était tombé sur un mec aussi bien ?

“Vasily… C’est… C’est moi… C’est… C’est juste que je suis qu’un putain d’obsédé… Je croise un type bien, et la seule chose… La seule chose que je trouve à faire… C’est… C’est tout précipiter… Juste… Juste parce que y’a que quand je baise que j’ai la sensation d’être encore vivant…” cracha-t-il en colère contre lui-même.

Il s’en voulait. Tellement.

“Toi… Tu… Tu vois un mec parfait alors que je suis qu’une merde ! Et… Et j’ai pas envie… J’ai pas envie que tu croies que je suis un mec aussi bien que toi… J’suis une saloperie. Je… Je suis pas ce que toi tu voies…. J’suis vraiment un alcoolique névrosé… Je rate tout dans ma vie… J’ai pas… J’ai pas envie de foirer un truc de plus avec toi…”

Il releva un peu la tête, il était vraiment convaincu de tout ce qu’il disait. Et croiser le regard de Vasily ne fit qu’étreindre un peu plus son coeur déjà bien asséché. Il ne pouvait pas abuser de son regard. De sa façon de vouloir l’admirer pour ce qu’il n’était pas.

“Je crois pas… Que tu aies… Que tu aies envie de quelqu’un comme moi dans ta vie, Vasily…”

Craquer là, maintenant, c’était juste ridicule. Il n’en pouvait plus de lui-même. Il pouvait pas arrêter de faire chier le monde avec ses angoisses. On disait souvent que parler, ça aidait, mais là, ça l’aidait pas. Il se sentait juste encore plus pathétique. Il n’avait pas envie d’être cette personne-là. Il se détestait. Et c’était pire de seconde en seconde. Entendre Vasily le rassurait, c’était… Comment il pouvait accepter ce qu’il était ? Lui, il y arrivait pas à s’accepter. C’était sans doute le soucis. Comment pouvait-il envisager quoi que ce soit avec une autre personne alors qu’il était incapable de s’entendre avec lui-même ? Le baiser sur son front ne l’aida pas. Au contraire, cela fit sauter la dernière digue. Les larmes roulèrent sur ses joues. Raaah. C’était encore pire. La pleureuse était de retour. Merde. Merde. Merde.

Il essuya ses joues, la tête baissée. Il arrive pas à comprendre l’intérêt de Vasily. Vraiment pas. A la limite, il aurait pu comprendre la fascination malsaine d’un connard qui l’observerait pour voir quand il finit par crever. Mais… C’était pas la logique de ce garçon-là. Alors il comprenait pas sa bienveillance. Il releva la tête, vraiment perdu. C’était incompréhensible.

“T’as… T’as des envies bizarres…” murmura-t-il désemparé.

Il le laissa s’approcher. Le câlin était déstabilisant. Silène comprenait pas bien qu’il veuille rester avec lui avec ce qu’il venait d’avouer. C’était pas très logique. Et en même temps, si les relations humaines étaient logiques… Il se serra un peu contre lui. Posant sa tête contre son épaule. Un peu honteux de la scène qu’il venait de faire. Franchement…

“Désolé…” souffla-t-il d’une voix tressaillante. “J’imagine… Que tu dois avoir raison… Désolé… De pas… De pas réussir à penser comme ça…”

Il se sentait encore plus naze. Avoir un type aussi compréhensif et gentil, et même pas réussir à avoir ne serait-ce qu’une pensée positive. C’était vraiment nul. Il ferma les yeux, posé sur son épaule. Essayant de faire un peu le vide. De reprendre le contrôle sur le flot d’émotions négatives, sur le sentiment détestable d’être un parasite, une escroquerie. Il releva la tête quand son souffle fut plus apaisé. Il croisa son regard.

“Je veux bien… Essayer de te laisser le temps de me connaître… Je m'enfuirai pas comme un connard…”

Il marqua une pause et renifla un peu.

“Et… Tu aurais pas des mouchoirs ?” demanda-t-il avec un petit rire.

La morve au nez, c’était pas le truc le plus sexy...

C’était flatteur ce que Vassily disait… Il dégageait un truc comme ça ? Qui donnait vraiment envie aux gens de le connaître ? Décidément, il faisait vraiment trop bien semblant d’être un type intéressant. Enfin… Vassily était le premier depuis un moment à lui dire ça. En fait, il avait pas trop laissé aux autres le temps d’être aussi… Mignons, attentionnés et charmants. Quand on laisse pas parler quelqu’un, on a moins de chance d’apprendre ses motivations, hein.

“Hm… J’en suis pas si sûr… Y’a vraiment des cons dans ce monde, où même respirer le même air qu’eux, ça fait chier…” plaisanta-t-il avec un petit sourire, histoire de pas passer pour le mec le plus mélodramatique de la terre.

Il s’en voulait en plus de plomber l’ambiance comme ça. En fait, rien n’allait. Rien dire et apprécier, ça allait pas, casser l’ambiance ça allait pas… En vrai, il avait l’impression que rien ne pouvait jamais aller avec lui et ses propres contradictions.

T’es pas certain que ce soit si gentil que ça de le laisser s’approcher. Franchement, c’est pas un cadeau d’avoir un mec comme lui dans son entourage. Tellement instable que si son mental lui servait à trouver l’équilibre sur ses jambes, il serait toujours le cul par terre. Il fut bien content d’avoir les mouchoirs. S’essuyant le nez et se mouchant sans grande grâce, mais qui pouvait faire ça avec un air distingué ? Il jeta les mouchoirs dans la poubelle qu’il vit dans un coin.

Il sourit en voyant le chat. Il était mignon. En même temps, Silène trouvait tous les animaux mignons en général. Pas pour rien qu’il était en vétomagie. Il avait voulu faire chier sa mère, mais il avait quand même choisi un domaine qui l’intéressait. Il accepta de le prendre dans ses bras. L’animal n’avait pas l’air bien féroce, et puis, il savait aussi y faire le Silène avec les petites bêtes. Il se débrouillait mieux avec eux qu’avec les humains sans doute. Il gratouilla la tête du chat, et retourna s’asseoir sur le lit.

“Il est gentil…” souffla-t-il sans relever la tête, son regard porté sur la boule de poils. “Je devrai peut-être songer à greffer mon chat sur mon bras pour canaliser mes pensées… Je suis pas sûr que ce soit une solution thérapeutique très viable…”

Il pouffa en imaginant son énorme chat planté sur son bras trop mince. Il regarda Vasily, un peu rasseréné.

“Je… Je crois que ça va déjà un peu mieux… Je suis désolé… C’est… J’ai toujours été… Un peu instable, tu vois… Mes émotions, des fois, ça me submerge, je réussis plus à gérer… Et… Cette année avec tout ce qu’il y a eu, je crois que ça a empiré… Du coup… C’est… Un peu comme une roulette russe là-dedans…”

Il pointa sa propre tête du doigt. Ouais, une sacrée roulette russe, avec un barillet chargé de toutes ses balles quand il s’agissait de s’assassiner…

Silène se détendait un peu au contact de l’animal. C’était vrai que ça avait un vrai côté thérapeutique. Pas pour rien qu’il se sentait si bien dans sa branche d’études au fond. C’était plus simple de comprendre les animaux que les humains, souvent. Même si bon, il irait pas faire de la psychologie avec un dragon, il laissait ça au Gryffondors suicidaires de sa promo. Il préférait de loin les chats et autres fléreurs. Les trucs plus mignons que dangereux.

“J’aurai pas fini de passer pour un weirdo avec un chat sur le bras… Franchement, j’suis pas sûr que j’ai besoin de ça pour me faire remarquer…” souffla-t-il amusé.

Ouais, il avait assez de regards braqués sur ses exubérances. Pas forcément besoin d’être littéralement un freak. Il l’était suffisamment au figuré. Il gratouilla un peu derrière les oreilles du félin, son regard glissant sur Vasily. Qui encore une fois était tellement compréhensif. Et gentil. Il lui sourit.

“Hm… Faudrait que j’arrive à faire ça… Mais… C’est plus le négatif qui s’incruste dans tous les bons moments ces derniers temps… Genre comme maintenant… Parce que… T’es vraiment une super rencontre… J’avoue que je m’attendais pas à ça en t’abordant… Je me fiais à la couverture, mais l’intérieur du livre est bien mieux encore…” avoua-t-il d’une voix douce, et un peu plus apaisée.

Il se rapprocha de Vasily, et laissa sa tête tomber sur son épaule. Fermant les yeux, sa main patouillant le chat. Il était bien comme ça. C’était tout ce qu’il lui fallait peut-être ? Pour pas tout gâcher d’un coup. Il voulait pas parcourir le livre à toute vitesse. Il voulait pas arriver à la page de fin. Il voulait revoir Vasily. Il voulait peut-être pas qu’une petite nuit d’ivresse. Il voulait… Un peu plus ? Il voulait savourer. Il voulait ressentir cet apaisement plus d’une fois.

“On est bien comme ça, non ?” questionna-t-il inquiet de frustrer l’autre garçon. “On… On peut peut-être juste… Dormir ensemble ? Et pas… Enfin… J’ai… J’ai la sensation que… Que ça gâcherait tout… Si… Si je précipitais tout… Et… Et au fond… Je crois que j’ai pas envie… J’ai pas envie que ce soit qu’un soir… Entre… Entre toi et moi… Enfin… Je dis pas… Je dis pas que je veux une relation et tout… Mais… Juste… Je sais pas… J’ai… J’ai envie d’un truc plus beau que juste… Que juste une soirée avec un plan cul… Tu… Tu vois ?”

Il avait relevé la tête au fil de ses mots un peu inquiet. Et un peu gêné aussi. C’était vachement plus simple quand y’avait qu’un ébat et pas à réfléchir… Franchement, on a pas idée d’être si sentimental…