“Nous vivons dans un univers morne où l'imagination est le seul exutoire.”
Des jours sans, tout le monde en vivait. Tout le monde se réveillait quelques matins, dans un état pire que la veille. Un moral bas, un mal de tête, des douleurs quelles qu'elles soient. Des jours sans, tout le monde en avait. Tout le monde, Drew comprit. Chacun le vivait à sa manière, s'emmurant, se recroquevillant, étant de mauvaise humeur ou en colère. D'autres, comme Drew, se contentaient de sourire comme si de rien n'était. Mais dans ses jours sans, Drew parlait beaucoup moins. Gigotait beaucoup moins. Il était un peu éteint, comme s'il était sous calmants pour son hyperactivité, comme si sa patience s'était trouvée élonguée. Oui, même Drew avait ces jours sans, où il se levait plus fatigué qu'au coucher, où même pour lui sourire devenait presque douloureux. Mais heureusement, c'était plutôt rare.
Ce matin là, la fatigue avait primé sur toute bonne humeur que le jeune homme pouvait cacher dans ses valises. Il n'arrivait juste pas à se motiver, sortir du lit, se remonter le moral. Non Drew n'était pas triste, pas en colère, ni de mauvaise humeur. Il était juste fatigué, et son énergie au plus bas n'aidait pas vraiment à lui coller un sourire sur le visage. Mais il en arborait tout de même un, qui étirait ses lèvres sans grande conviction, comme si même le masque faisait semblant. Les poches sous ses yeux trahissaient une nuit courte, agitée, peu reposante. Il se disait que ça finirait par aller mieux. Ca finissait toujours par aller mieux. Il lui fallait juste sortir, croiser du monde, jouer de la musique. Rien de mieux pour recharger ses batteries. Ce vendredi était le lendemain d'Halloween, et même s'il avait été au bal, il n'avait pas passé son tour pour se déguiser et faire la fête le 31 octobre au soir. C'était d'ailleurs la principale raison pour laquelle il avait du mal à se concentrer pendant ses cours ce vendredi-ci. Il avait perdu face à la bonne humeur et l'alcool, et le sommeil l'appelait comme une douce complainte. Mais Drew voulait vivre sa journée au maximum tout de même. Il ne sortirait juste pas ce soir là. Quel dommage pour un vendredi soir.
Il avait passé la journée dans son pull à capuche préféré, un gros pull gris avec un col et une capuche immense qui lui permettaient de cacher son menton facilement dans le tissu. Après la fin de ses cours de la journée, il décida de se promener dans les couloirs des bâtiments, trop fatigué pour faire quoi que ce soit d'utile ou étudier. Sa capuche vissée sur la tête, le col remonté jusque sur son nez, les mains dans les poches, il se promenait dans les couloirs vidés des étudiants en week-end. Il traina du côté des salles de musique, déformation passionnelle, dirons-nous. Son regard noisette glissait sur les portes sans vraiment les voir, et il s'arrêta comme un automate lorsqu'il entendit du son venir d'une des salles. Quelqu'un jouait de la batterie. Enfin jouait... Tapait sur l'instrument sans grande harmonie, avec un rythme changeant et saccadé, comme si on se défoulait dessus. Intrigué, le poufsouffle poussa la porte de la salle, et se glissa à l'intérieur.
Assit sur le tabouret, à trois quart face à lui, Drew reconnut Ariel. Le plus jeune était préfet des Poufsouffles, et Drew l'avait longtemps alpagué pour qu'il l'aide à trouver ses salles de cours, quand il venait d'arriver. Mais pourquoi semblait-il extérioriser des tonnes d'émotions négatives sur cette batterie? Drew ferma la porte avec douceur, tournant un peu au ralenti, puis s'y adossa. Il observa l'autre garçon un moment avant de lui sourire lorsque ce dernier arrêta de jouer en le voyant.
Quand son réveil avait sonné, Ariel n'avait pas bougé de son lit pendant de longues minutes. Lui qui d’habitude était si vivace, préférant se réveiller immédiatement pour éviter de se rendormir. Pourtant, ces derniers temps, se lever était plus difficile pour lui : peut-être parce qu'il dormait mal, aussi. Dès qu'il se couchait, il pensait à tellement de choses négatives qu'il ne pouvait fermer les yeux qu'au moment où la fatigue l'emportait. C'était toujours comme ça avec lui : quand quelque chose n'allait pas, c'était son sommeil qui se retrouvait impacté. Enfin, c'était pour beaucoup de personne comme ça : il n'était pas vraiment un cas à part. Mais il enviait ceux qui s'endormaient sans penser, sans avoir la tête pleine de pensées désastreuses qui leur serraient le cœur et leur donnaient envie de vomir. Peut-être devrait-il parler avec quelqu'un. Il avait des amis et il savait qu'il pouvait faire confiance à pas mal d'entre eux : et pourtant, voilà qu'il était seul. Il évitait les autres, que ce soit ses amis ou que ce soit simplement d'autres élèves : il préférait rester seul dans sa douleur. Peut-être que c'était une qualité de martyr qu'il ne se connaissait pas. Ou une manière de se punir pour le mal qu'il avait fait autour de lui, à Finn.
Trente minutes plus tard, il se levait seulement et c'était juste parce que Fluffy et Pattoune commençaient à se faire entendre, signe d'un début de faim et d'ennui chez eux. Ses animaux étaient certainement les seuls êtres vivants à qui il se confiait ces derniers temps. Au moins, eux, ils ne le jugeaient pas quand il se mettait à pleurer comme un idiot et quand il se blâmait, c'était presque comme s'ils comprenaient et venaient, à l'aide de leurs petites truffes froides, le réconforter. Ou alors ils voulaient qu'il arrête de chouiner et qu'il leur fasse à manger, mais il préférait sa première interprétation. C'était beaucoup plus sentimental et cela aidait à réchauffer quelque peu son petit cœur meurtri. Il n'avait pas déjeuné et après une douche longue et brûlante, il se prépara. Il attrapa seulement un jean noir, un tee-shirt léger et un sweat-shirt de couleur sable (d'après la vendeuse, lui, il s'en foutait un peu de la couleur honnêtement) et après un brossage de dent, il retourna sur son lit. Pourquoi s'être préparé alors ? Eh bien, il avait cours. Et il allait y aller. Mais il avait encore quelques minutes pour se morfondre et penser à toutes les chose négatives qu'il avait fait dans sa vie. Qui sait, peut-être que son père avait raison à son sujet.
Les cours avaient été longs. Il n'en avait pas une beaucoup : deux heures en fin de matinée et trois heures en début d'après-midi : et pourtant, il avait déjà envie de se défenestrer. Pas vraiment, mais quand même. Il avait rencontré une connaissance entre les deux. Ils avaient parlés rapidement et quand Ariel avait évoqué le besoin de se défouler sans devoir faire appel à la violence, son ami lui conseilla alors la musique. Le Préfet l'avait d'abords regardé assez bizarrement et puis, quand on lui proposa une batterie (c'est-à-dire l'objet parfait pour taper, faire du bruit et défouler sans se faire mal ou faire de mal aux autres), il comprit. Après ses cours, il avait cherché les salles musique où des instruments moldu ou non s'y trouvaient. Quand il en avait trouvé une vide avec batterie, il fut presque pris d'un élan de joie. Presque. Et il s'y donna à cœur joie. Il était tellement pris dedans qu'il ne remarqua pas la porte s'ouvrir ou encore la personne présente. Et quand il releva enfin la tête, la capuche de son sweat-shirt la recouvrant à moitié, il sursauta un peu, surpris. « Oh ! Drew. Enfin, je crois ? » Il lui avait parlé de nombreuses fois mais il préférait quand même vérifier pour ne pas l'appeler par un prénom qui n'était pas le sien. « Et… Oui. Je ne sais pas du tout jouer, tu as dû l'entendre mais ça fait du bien. » Et c'est moins violent qu'un punching-ball ou autre. « Tu avais besoin de la salle, peut-être ? » demanda-t-il, presque timidement. Il n'aimerait pas gêner. Il en avait marre de tout rater, de gêner. :copyright:️ 2981 12289 0
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Sujet: Re: Exutoir ‖ Ariel Ven 10 Jan - 12:11
Défouloir - Ariel à la batterie
“Nous vivons dans un univers morne où l'imagination est le seul exutoire.”
A regarder Ariel, ce dernier ne semblait pas en plus grande forme que Drew. En tout cas, tous deux avaient opté pour un gros sweat à capuche, certainement aussi chauds et doux l'un que l'autre. C'était amusant de voir que les deux jeunes hommes avaient les mêmes reflexes vestimentaires lorsqu'il s'agissait d'avoir des vêtements qui nous font nous sentir bien, comme dans un cocon chaud. Oh Drew aurait pu se promener avec un plaid sur les épaules toute la journée, comme une cape ou comme un fantôme. S'il n'avait pas un minimum de retenue, en tout cas. Parce que bon, déjà s'afficher avec une mine comme il avait, c'était pas vraiment glorieux, mais alors s'il n'avait même pas fait l'effort de vraiment sortir du lit... Enfin, il l'avait fait, cet effort. Et il s'était habillé. Pas de la manière la plus classe, surtout si on pense à la proportion de vestes de costumes qu'il avait dans son armoire, mais il avait fait un effort. D'ailleurs, il lui faudrait peut être d'autres sweats. Il n'en n'avait pas assez, et c'était quand même super pratique. Et confortable. Et tout doux. Enfin, dans tous les cas, Drew et Ariel étaient dans un état similaire. De là où il était, et avec la fatigue, Drew ne pouvait pas distinguer le visage d'Ariel au complet, surtout avec sa capuche qui, comme pour le musicien, lui recouvrait la moitié du visage ou presque. Lorsque l'autre Poufsouffle finit par relever la tête et remarquer le plus âgé, ce dernier ne pu retenir un sourire un peu plus vrai. Il était inquiet, fatigué, épuisé, mais il arrivait encore à sourire quand on lui parlait. La voix lui confirma qu'il s'agissait bien d'Ariel, vu qu'il n'était pas si certain comme l'autre garçon était bien emmitouflé, et ça le rassura un peu. Il n'aurait pas voulu rencontrer un parfait inconnu dans son état. Quelle image il aurait projetée.
― Oui c'est bien moi. confirma-t-il en approchant de quelques pas, regardant l'instrument en souriant. L'important c'est pas de savoir jouer, si ça te fait du bien. ajouta-t-il, laissant courir ses doigts sur le métal d'une des cymbales. Oh, non. Je t'ai entendu jouer en errant dans les couloirs, alors je suis entré. Désolé si je te dérange. le rassura-t-il, avant de s'inquiéter à son tour.
Peut être que l'autre garçon n'avait pas envie de voir du monde, lorsqu'il allait mal. Et même si c'était le cas, peut être que Drew n'était pas non plus la personne idéale, surtout pas dans son état. Alcyone ne donnait plus de nouvelles, Drew était inquiet pour son amie. Il était passé la voir la veille après être sorti, et il avait l'impression qu'elle était dans sa chambre sans pour autant lui ouvrir. Et l'inquiétude, ça ne lui réussissait pas. Il avait peu, voir pas dormi, ou en tout cas, il ne s'était absolument pas reposé, cette nuit là. Elle ne répondait pas non plus à ses lettres, ou du moins il n'avait pas encore vu de réponse à cet instant. Peut être que quelque chose, une explication, quoi que ce soit, l'attendait dans sa chambre. Mais dans tous les cas, il ne comprenait pas pourquoi elle ne lui répondait pas. Avait-il fait quelque chose de mal? Quelque chose s'était-il passé? Aucune idée. En attendant, Ariel était là, et il allait se concentrer sur le jeune homme plutôt que sur tout ceci.
― Au moins, on a l'air dans le même état un peu lamentable. Ca fait pas trop tâche. tenta-t-il se blaguer avant d'aller s'asseoir dans le canapé qui faisait face à la batterie, un deux-places noir, en cuir, tellement mou que lorsque Drew s'assit dedans il disparu presque. Mal dormi? demanda-t-il, ramenant ses jambes à lui.
Ariel ne s’était pas attendu à trouver quelqu’un ici. Tout ce qu’il voulait, c’était se lâcher sur quelque chose : il aurait pu tenter de trouver un endroit pour frapper quelque chose mais Ariel n’avait jamais été très sport de combat, même si son père avait tenté de l’obliger à en faire. Alors sa victime avait été la salle de musique, paix à son âme. Et l’instrument qui semblait être le plus facile à gérer et qui faisait aussi le plus de bruit tout en permettant de taper fort, c’était la batterie. Mais Ariel ne savait pas en jouer. Le seul instrument qu’il avait un jour touché dans sa vie, c’était le piano dans sa mère et c’était plus pour s’amuser qu’autre chose. Il n’avait juste pas du tout le patience pour apprendre un instrument et encore moins l’apprendre seul. Sa mère avait tenté de lui apprendre mais étant enfant, il préférait jouer dehors avec son frère plutôt que d’écouter. Il regrettait un peu désormais mais cela restait tout autant des bons souvenirs qu’il chérissait. La batterie, ça avait le bon côté d’être déjà là : pas besoin de brancher quelque chose, d’accorder quoi que ce soit. Il voulait juste faire du bruit, après tout. Pas devenir professionnel.
« Oh non, tu me déranges pas. Ne prends pas trop la grosse tête mais… Tu fais actuellement partie des gens que j’apprécie. Mais c’est un secret. » souffla-t-il comme un idiot à la fin. En fin de compte, il appréciait pas mal de gens. Mais ces derniers temps, il avait envie d’assassiner beaucoup de ses amis : entre ceux qui lui disaient de passer à autre chose, ceux qui savaient qu’il était en faute et lui rappelait et enfin ceux qui le couvaient comme s’il allait se jeter d’un pont demain, il ne savait plus trop où donner de la tête. « Cette salle doit attirer les mecs tristes en sweat-shirt. » plaisanta presque amèrement Ariel. D’un côté, il trouvait cela effectivement assez marrant de voir que Drew et lui avaient opté pour le même vêtement de réconfort mais cela voulait aussi dire que les deux n’étaient pas dans leurs assiettes. Peut-être que parler un peu avec quelqu’un qui n’était pas si proche de lui ou de Finn aiderait. Peut-être. Qui ne tente rien n’a rien, après tout ? « Cela fait un moment, oui. Et toi ? J’dis pas que tu as l’air fatigué mais… Un peu. » sourit-il doucement alors qu’il jouait nerveusement avec les baguettes.
Il regardait le nouvel arrivant avec curiosité. Pour être honnête, ils s’étaient parlés plusieurs fois, Ariel étant encore et toujours le Préfet des Poufsouffle, et de ce qu’il s’en souvenait, le jeune homme était quelqu’un de très positif. Toujours souriant. Pourtant, aujourd’hui, il ne semblait pas trop bien. Il devait certainement être le genre à cacher ce qu’il ressentait jusqu’à ce que le cumul de tout ne le fasse lâcher d’un seul coup. Ariel était un peu pareil. Par choix et surtout, parce qu’il n’avait pas envie d’ennuyer les gens avec des problèmes qu’il avait lui-même crée. Il soupira un bon coup et traîna des pieds jusqu’au canapé, rejoignant Drew dans une presque disparition, mangés par l’objet. « J’ai quitté mon petit-ami. Cela fait déjà quelques semaines mais… Je lui ai brisé le cœur, tu vois ? Tout est de ma faute. Il était si gentil, toujours là pour moi. Il était là pour moi quand… Quand rien n’allait. Et qu’est-ce que j’ai fait, moi ? » souffla-t-il, le regard perdu dans le vide. Quand il commençait à raconter sa vie, il ne s’arrêtait pas en général. C’était bien plus facile de tout déballer d’un seul coup que de faire des pauses. Ariel n’était jamais prêt pour le jugement des autres, qu’il soit positif ou négatif. Il avait toujours peur.
« Je l’ai trompé. Avec un mec que je déteste, en plus. » C’était effectivement plus facile de se confier à un presque inconnu qu’à ses amis. Comme à un psychologue, peut-être. Sauf que Drew était gratuit et bien plus accueillant. « Il m’a pardonné. Aussitôt qu’il l’a appris. Mais moi… J’y arrive pas, tu vois ? J’arrive pas à me pardonner. » Il avait trop pleuré pour le faire maintenant. Ses joues étaient comme sèches. Peut-être qu’elles reviendraient quand il ne s’y attendrait le moins. Possible. Il était déjà prêt à voir le dégoût dans le regard de celui qui aurait pu être un nouvel ami. Qui cautionnait les connards comme lui, après tout ? Tromper, y avait rien de pire dans une relation. Enfin, si, y avait sûrement pire mais c’était quand même très haut dans la liste des choses à ne pas faire quand on est en couple avec un mec génial… De toute manière, c’était sûrement quelque chose qu’il méritait d’être seul. Il n’avait plus de famille à qui se confier et maintenant, ses amis commençaient à se détacher de lui. Ou il se détachait d’eux, peut-être. Il ne savait plus trop, pour être honnête et il irait jusqu’à dire qu’il s’en foutait même pas mal. :copyright:️ 2981 12289 0
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Sujet: Re: Exutoir ‖ Ariel Sam 7 Mar - 13:17
Défouloir - Ariel à la batterie
“Nous vivons dans un univers morne où l'imagination est le seul exutoire.”
Drew comprenait qu'Ariel ait choisi la batterie plutôt qu'un autre instrument. Pour un néophyte, surtout, c'était un instrument tout prêt, qui ne demande pas forcément de douceur ou de doigté pour ne pas trop s'abîmer. Y'a qu'à voir comment certains batteurs dans des groupes de hard rock ou de métal tapent sur leur instrument, cassent des baguettes parfois. Et les tambours se portent, au final, plutôt bien dans toute cette rage. Drew, lui, n'a pas encore de batterie chez lui. Et de toute façon, il n'est pas vraiment du genre à s'énerver et vouloir user de la force pour se défouler. Mais il comprenait parfaitement, faire du bruit, se faire entendre, se défouler. Crier hurler pleurer. Tant qu'on troue quelque chose qui soulage et qui fait du bien, pourquoi s'en priver? Passer sa frustration et sa peine comme on peut, chacun à sa manière. C'était tant mieux, si Ariel avait trouvé quelque chose pour ce faire. Et Drew était bien content que ce soit un instrument de musique, il faut bien l'avouer. C'est sa passion, et voir que ça peut aider quelqu'un, bien entendu que ça lui fait plus que plaisir. Ariel le rassure, l'infirme qu'il ne dérange pas. Et, sur le ton d'une confidence un peu enfantine, lui avoue qu'il est de ceux qu'il apprécie. Le sourire de Drew pétille bien plus, il rayonne l'espace d'un instant à cette annonce. Bien entendu que ça lui fait plaisir. On ne lui dit pas souvent qu'on l'apprécie. Souvent, -et il ne le dira jamais-, il a l'impression qu'on se sert de lui pour s'afficher à côté d'un musicien/chanteur. Mais bon, il a l'habitude, on lui a déjà reproché d'être superficiel. Enfin, Drew plaisant et se laisse avaler par le canapé. Il est déjà petit, mais en plus un tel objet, mou et doux comme un nuage, ça finit par le faire disparaître assez vite. Pas que ça le dérange, dans son état il aurait préféré que personne ne le voit. Mais il apprécie Ariel.
― Ca tombe bien je t'apprécie aussi. répond-t-il, presque dans un murmure. Il ne le dit pas souvent non plus, il a toujours peur que les gens disparaissent de sa vie s'ils savent qu'il s'attache à eux. Semblerait, ouais... J'espère qu'il y aura pas trop d'autres mecs tristes en sweat qui vont arriver, y'a plus d'autre canapé... il rit un peu, et serre ses bras autour de ses jambes. Il lui demande s'il a mal dormi, il a l'impression de voir les poches sous ses yeux. Et Ariel lui retourne la question, faisant rire Drew. Aaaaah... Ca se voit tant que ça? Va falloir que j'apprenne à me maquiller alors, pour cacher tout ça... Et il rit de bon coeur, son regard noisette suivant les mouvements nerveux qu'Ariel fait avec ses baguettes. Si jamais tu veux en parler, promis, je serai muet comme une tombe. essaie-t-il de le rassurer, Drew n'est pas vraiment du genre à aimer les ragots et rumeurs. Mais sait-on jamais, il ne sait pas vraiment comment les gens le voient ou parlent de lui.
Finalement, Ariel se lève de derrière la batterie et vient se laisser engloutir par le canapé à son tour. Le préfet est plus grand que le musicien, il dépasse donc un peu plus du canapé, mais c'est pareil : ils sont tous les deux dans cet espèce de chamallow géant qui les accueille, eux et leur peine. C'est assez agréable pour Drew, de pouvoir montrer qu'il ne va pas vraiment bien. De toute façon, apparemment, ça se voit tellement sur son visage que même s'il avait fait des efforts vestimentaires et était meilleur menteur, il n'était pas certain qu'on aurait pas découvert le pot aux roses. Ariel surprit un peu Drew quand il commença à parler, mais le musicien l'écouta sagement, silencieux et simplement attentif. Il le regardait sans le juger, sans laisser d'émotion transparaître sur son visage. Bien entendu, parler des histoires d'amour ou de rupture des autres le ramenait à son passé trouble en matière d'histoires de coeur, mais c'était quelque chose à quoi il devait s'habituer. Ce n'est pas parce que son avenir amoureux est plus que compromis que ça n'est pas quelque chose qui rythme la vie des autres. Alors il l'écoute sagement, réfléchissant à la question rhétorique, à quels mots utiliser pour le rassurer ou essayer en tout cas de consoler sa peine, ne serait-ce qu'un peu. Mais le plus âgé n'a aucunement le temps de réagir, qu'Ariel continue, répondant à la question dont lui-seul avait la réponse. Trompé. Le mot sonne dur aux oreilles de Drew. Il se crispe un peu, la colère et la frustration s'emparent de son coeur comme une lame de fond engloutit un bateau. Naomi lui revient, toute la douleur qu'il a vécue, amère et froide, quand il l'a apprit de la bouche d'une de ses amies. Tout remonte. L'espace de quelques secondes, il est complètement crispé, serre ses jambes contre lui en essayant de cacher tout ce qui peut passer dans ses yeux. C'est compliqué, tant ça lui fait mal. Tant il plaint l'ex petit-ami d'Ariel. Mais la suite, heureusement, le calme un peu. Ariel s'en veut, là où Naomi n'en n'avait rien au à faire. Ariel ne se pardonne pas, là où Naomi était fière de ce qu'elle avait fait, de comment elle avait brisé le coeur de Drew. Alors le musicien se détend un peu, et pose son visage contre ses genoux quelques secondes. Il se calme, cherche ses mots. Que dire? Il n'a jamais été dans la position d'Ariel, et ne le sera certainement jamais. Mais il peut comprendre qu'il en souffre, ou en tout cas, il essaie de comprendre, au moins.
― Je te dirai pas que c'est mal ce que t'as fait, tu le sais déjà puis t'as l'air de t'en vouloir assez pour la planète entière... Commence-t-il, de toute façon ça l'aiderait pas. Mais il avait quand même eu besoin de vocaliser sa frustration sur ce point. Ces souvenirs, ça lui faisait beaucoup trop mal. Maintenant... De ce que je comprends, tu lui as dit? Si t'as été honnête c'est bien, et s'il t'a pardonné, c'est qu'il t'aime vraiment, tu dois pas être quelqu'un de vraiment mauvais ou méchant, pour qu'il réagisse comme ça même avec toutes ces circonstances... Il grimace. Il aurait certainement pu pardonner Naomi, ou son ex suivant, s'ils avaient eu l'air de s'en vouloir. Le coeur a ses raisons, tout ça tout ça. Tout le monde fait des erreurs sur tout un tas de sujets... Et la plupart des gens s'en veulent même pas. Tant mieux pour eux, ils vivent leur vie en se fichant de leur impact sur les autres, mais c'est pas des bonnes personnes. Sa douleur transparaît, il sait de qui il parle. il a leurs visages qui flottent dans son esprit, alors qu'il est roulé en boule. Et après y'a les gens comme toi, qui font des trucs et qui s'en veulent. Ca fait pas avancer, c'est sûr, de regretter. Ce qui est fait est fait mais... C'est pas facile j'imagine... Et au moins ça montre que tu tenais vraiment à lui. Il ne sait pas trop quoi dire, mais Drew est aussi de ces gens qui s'en veulent beaucoup quand ils font quelque chose de travers. Il renifle un peu et se frotte un oeil avant de se redresser et de le regarder. T'en veux pas trop, d'accord? Même si c'est facile à dire... Je pense qu'on peut tous être pardonnés, et on doit aussi s'offrir ce luxe à nous-même. Tu mérites de te pardonner toi-même. Ca arrive, les conneries. L'important c'est d'apprendre et d'avancer non? Et de toute façon... La douleur s'en ira peut être pas de si tôt, alors autant vivre avec et arrêter de remuer le couteau dans la plaie, tu ne penses pas? Il lui offre un petit sourire. Il ne sait pas si ce qu'il dit est juste, ou si ça le rassurera ou pas. Mais en tout cas, même avec ces informations, Drew n'a pas envie que leur début d'amitié change. Il apprécie Ariel, et il a l'air d'être quelqu'un de bien. Seuls les gens bien s'en veulent alors que tous les autres les ont pardonné, non?
Parler de Finn, ce n’était pas le plus facile. Le sujet était encore récent pour Ariel et il n’en avait pas parlé comme ça depuis un moment. Avec les temps, les gens autour étaient fatigués de devoir l’écouter dire encore et encore les mêmes choses. Drew, le pauvre, c’était la première fois qu’il y avait le droit. Lui et Ariel ne se connaissaient pas non plus super bien. Se croiser, papoter un peu, aider Drew à trouver son chemin, c’était cela leur seules vraies interactions. Et pourtant, voilà qu’Ariel se confiait à lui. Sa bouche parlait presque toute seule, sans l’accord de son cerveau qui semblait avoir pris quelques vacances depuis quelques temps. Il n’osait même pas le regarder alors que le silence pesait entre eux deux après les révélations d’Ariel. Il s’y attendait un peu, en même temps. Qui appréciait un mec infidèle ? Heureusement qu’il ne lui avait pas dis avec qui il avait couché et trompé Finn, sinon, les choses seraient encore plus étranges et tendues… En même temps, ce n’était pas tous les jours que quelqu’un avouerait avoir couché avec un professeur qui avait la jolie réputation d’être coincé, en plus de tout ça. Enfin, avoir couché avec lui, peu importe sa réputation, c’était déjà pas mal…
Se pardonner, Ariel n’y arrivait pas. Il ne comprenait toujours pas comment Finn avait réussi à le faire aussi vite et aussi facilement. Le jeune homme aurait adoré pouvoir mettre tout cela derrière lui. Oublier. Passer à autre chose. Mais il doutait toujours au fond de lui. Finn lui avait pardonné. Et s’il avait menti ? Et si au fond de lui, il lui en voulait terriblement mais qu’il disait lui pardonner pour ne pas le perdre ? Ariel ne voulait pas le blesser encore plus qu’il l’avait déjà fait. Il savait aussi que ce n’était pas sa décision à prendre, que si Finn avait décidé de lui pardonner, alors c’était son choix, mais lui aussi avait le choix. Et il avait choisi de partir. Il y avait d’autres raisons, bien entendu mais sa culpabilité en était une importante et non négligeable. Soudainement, Drew reprit la parole et Ariel osa le regarder quelques secondes avant de rebaisser le regard. Il préférait attendre et écouter avant de se rassurer ou d’oser quoi que ce soit. Il fut surpris d’entendre les conseils et encouragements de son nouvel ami. Il était persuadé qu’il allait réagir comme beaucoup réagissait en apprenant la nouvelle mais il était presque calme. Comme s’il connaissait. Comme si tout cela lui était arrivé mais Drew étant à la place de Finn…
« Je lui ai dis après que ce soit arrivé oui. Je ne me voyais pas cacher ça et lui faire encore plus de mal. Ou le prendre pour un idiot. » souffla-t-il doucement. « Il m’a pardonné par amour, je crois. On ne s’est pas reparlé depuis… Depuis notre séparation. » Qu’Ariel avait décidé, d’ailleurs. Blessant encore et encore le pauvre Finn qui n’avait demandé qu’à être aimé. « L’être humain peut être si idiot parfois. Je me suis battu pour un garçon que j’ai perdu par ma propre faute. » renifla-t-il doucement avant de s’essuyer les yeux. « Merci, Drew. Je vais tenter de me pardonner, même si je pense que ce sera long. Je... » Il hésita quelques instants, remontant enfin son regard vers celui du musicien. « Tu ferais un bon psy, tu sais ? J’espère que tu prends pas trop cher de l’heure, j’ai rien sur moi pour te payer. » plaisanta-t-il pour tenter d’alléger un peu cette atmosphère lourde et triste. « Et toi ? Enfin je veux dire… T’as pas l’air en forme et… Si t’as envie d’en parler, je suis là. Je ne suis pas forcément aussi bon thérapeute que toi mais… Je suis là. » répéta-t-il pour s’assurer que Drew comprenait bien que cela ne le dérangeait pas, au contraire.
“Nous vivons dans un univers morne où l'imagination est le seul exutoire.”
Tout ceci ravivait des trucs pas très chouettes dans le coeur et l'esprit de Drew. Mais bon, c'est comme ça n'est-ce pas? Chacun a ses propres démons, des trucs qui font souffrir ou qui empêchent d'avancer. Drew, c'est ses relations ratées. La bonne chose, c'est que ça n'impacte pas toutes les sphères de sa vie, et surtout pas la musique. Ce qui est plutôt rassurant pour lui. Il a juste du mal à aimer et à ne pas avoir peur de perdre les gens. Mais bon, ça ne le hante pas plus que ça, personne n'a encore développé de sentiments pour lui depuis un moment, et lui... Lui ne s'imagine pas vraiment en développer pour quelqu'un non plus. Puis, Ariel a de la chance quelque part : Drew l'apprécie beaucoup, et il n'est pas du genre à retourner sa veste à la première chose qui ne lui plait pas. Il lui en faut beaucoup, ou que ça le touche directement et avec force. Ce qui n'est pas le cas pour le coup. alors il s'efforce et s'applique à consoler Ariel. C'est vrai que c'est pas facile, pour lui, de se mettre à sa place. Ou d'imaginer ce qu'il peut vivre ou à quel point il s'en veut. Parce que Drew ne peut que imaginer sur ce point là. Il n'a jamais été à sa place. Ariel en souffre, il le dit et le montre. au moins, il lui confirme qu'il a été honnête et l'a dit de suite à son copain. Enfin son ex. Drew n'a aucune idée de qui ça peut être mais ça n'est pas bien grave. Dans tous les cas, ce dernier lui a pardonné, que ce soit par amour ou pas il l'a fait. Drew esquisse un sourire.
― Peut importent les raisons qui l'ont poussé à te pardonner. Il l'a fait, tu as le droit de t'offrir ce luxe aussi. Il pose sa joue sur ses bras croisés eux-mêmes soutenus par ses genoux repliés contre lui. C'est souvent le cas... On se démène pour ce que l'on a pas, puis on s'en lasse ou on ne remarque pas la chance que l'on a d'avoir déjà des gens dans notre vie, ou des choses. On s'en rend compte que quand ça disparaît. Ça aussi, Drew connaît. Il avait toujours pensé que son groupe d'amis n'imploserait jamais. Et le voilà, des années plus tard, à ne plus côtoyer les trois quart d'entre eux. Certains ont disparu, d'autres, trop blessés, se sont renfermés sur eux-mêmes. Et les derniers, comme Drew ou Killian, ont décidé de partir. La vie est un jeu étrange où la souffrance est de mise à chaque coin de rue. Ariel lui fait un compliment sur sa capacité de psy, et le musicien étouffe un rire. Il soupire à la place et pose son regard noisette sur lui. Merci. Je devrais peut être me faire payer en sucreries ou en bisous. Son large sourire étire ses lèvres et le fait rayonner malgré la fatigue et l'inquiétude. Mais ce dernier s'efface bien vite quand Ariel lui propose de parler de ce qui le tracasse. Ça n'est pas vraiment son genre, mais Ariel s'est confié à lui et puis... Peut être qu'il aurait des nouvelles. Après tout il est le préfet des Poufsouffles, et Alcyone est une jaune aussi. Il inspire un long moment. Tu connais Alcyone Adaar? Je m'en fais pour elle. On parlait pas mal et on se voyait quelques fois,e t depuis quelques jours elle ouvre pas, elle répond pas non plus à mes lettres. Je me fais du soucis pour elle... Il se mord les lèvres et soupire. Comme si Ariel pouvait savoir ce qu'il avait fait de mal pour que la jeune femme l'évite. Tsk.
Ariel n’était pas fier de ce qu’il avait fait, c’était un fait. En même temps, les gens qui étaient fiers de ce genre de chose ou qui ne s’en voulaient pas après… Il ne comprenait pas comment c’était possible. Comment ne pas s’en vouloir d’avoir brisé le cœur de quelqu’un et pour certains, leur vie ? Heureusement que cela n’avait pas duré depuis plus longtemps entre Finn et lui parce que sinon, les choses auraient sûrement été encore plus difficiles et compliquées. Ariel ne pouvait pas dire qu’il n’avait pas peur du jugement de Drew mais en même temps, il assumait ce qu’il avait fait même s’il n’en était pas fier. Il n’était pas parfait, comme personne ne l’était et il avait succombé aux charmes de son professeur alors que les choses changeaient quelque peu entre Finn et lui. Ariel l’aimait énormément mais en dehors de son erreur, il était vrai qu’ils ne voyaient pas la vie de la même manière, relations comprises. Finn était quelqu’un d’ouvert, il voulait montrer son amour aux autres et même devant des personnes avec qui il avait des relations professionnelles. Ariel, lui… Il n’était pas comme ça. S’embrasser devant ses amis ou sa famille, cela le gênait. Ce n’était pas une étape qui se faisait au début d’une relation pour lui mais après quelques temps. Il avait été élevé comme ça et c’était difficile de cacher sa gêne quand Finn était trop démonstratif en public. Ariel s’en voulait à chaque fois et se forçait et il avait compris qu’il ne devrait pas.
« Je regrette ce que j’ai fait mais… Je ne regrette pas d’avoir laissé Finn, tu sais ? Même si je n’avais pas fait ça… On était trop différent. Mais j’aurais aimé que cela se passe autrement. » Au fond, il ne savait même pas si Finn était plus blessé par sa tromperie ou par leur séparation. Ce n’était pas comme s’il pouvait aller lui poser la question. Peut-être devrait-il le faire, dans un sens. Avoir une discussion ensemble après tout ça, se parler et mettre les choses aux clairs. Mais il avait bien trop honte. Il avait tellement honte qu’il n’osait même plus le regarder trop longtemps par peur que Finn le remarque et vienne lui parler. Jamais Finn ne lui ferait de mal mais Ariel n’avait besoin de personne pour s’en faire. Le jeune franco-coréen lâcha un petit rire face à la remarque de son ami, content de voir qu’il n’appréciait pas ce qu’il avait fait mais comprenait et ne jugeait pas non plus complètement. Une deuxième chance qu’Ariel ne devrait pas louper avec Drew. « Tu risques de te retrouver avec beaucoup de sucre, que ce soit à cause des bonbons ou des bisous. » plaisanta-t-il. Tellement sweet qu’il en attraperait le diabète le pauvre Drew. En tout cas, Ariel était bien content de s’être ouvert à lui. Même s’ils ne se connaissaient pas encore parfaitement bien, ils venaient de tisser des liens qu’Ariel chérirait tant que Drew voudra de son amitié.
Jetant un coup d’œil rapide à son ami, il déposa un léger baiser sur sa joue. « Merci, Drew. » Après avoir raconté sa petite histoire, un poids en moins sur le cœur et les épaules, il retourna la question à Drew, précisant qu’il n’avait pas l’air d’être dans les meilleurs des états. Ce n’était pas une remarque qui se voulait insultante ou vexante, il se posait simplement la question, un peu inquiet de voir quelqu’un d’aussi joyeux que Drew être aussi fatigué et triste. Drew commença à lui raconter et Ariel s’arrêta net en entendant le nom d’Alcyone. S’il le connaissait… Ouais. La veille, il l’avait aidé alors qu’elle avait manqué de se faire violer par des mecs. C’était aussi l’une des raisons pour lesquelles il avait mal dormi. « Oui je la connais… Elle a eu quelques soucis hier mais sinon, je ne vois pas trop. Peut-être à cause de sa famille ? Ils baignent dans des trucs pas toujours très nets et... » Il savait très bien ce que sa famille faisait. Ils étaient connu chez les DeathWings et les mages noirs en général. Son père lui avait parlé mais Ariel n’avait jamais été très intéressé. « Il s’est passé quelque chose entre vous ? » demanda-t-il enfin, incertain. Il ne voudrait pas se mêler de quelque chose qui ne le regardait pas et dans ce cas, il suffirait que Drew lui dise que non, il ne s’était rien passé. Mais sans toutes les informations, ce serait difficile de l’aider malheureusement...
“Nous vivons dans un univers morne où l'imagination est le seul exutoire.”
Plus ils en parlent, plus Drew comprend qu'Ariel est quelqu'un de bien. Bien sûr, tout le monde fait des erreurs. Personne n'est parfait, et personne ne peut prétendre l'être, Drew compris. Mais au moins Ariel connait son erreur. Et Ariel la regrette. Il s'est pas fier, il n'est pas content, il n'a pas cet air insolent et suffisant de la personne fière de son acte. Il n'est pas de ceux qui sourient, qui disent que c'est bien fait pour les autres. Il ne se réjouit pas, ne regarde pas la souffrance des autres d'un oeil indifférent. Et quelque part ça rassure Drew. Parce que tout le monde n'est pas comme Naomi. Parce que tout le monde ne se complait pas dans la souffrance. Parce que tout le monde ne se venge pas de la pire des manières. Et ça renforce les liens, ce genre de choses. Parce qu'Ariel s'ouvre, parce qu'Ariel avoue, et sa tristesse touche Drew. Il sait que cette amitié naissante comptera pour lui. Il ne sait pas si ce sera réciproque, ou si Ariel s'attache à lui aussi. Mais dans tous les cas, Drew est content. Parce qu'il a peut être pu aider un peu le préfet. Il a peut être pu le rassurer un peu. Il n'est pas ignoble, pas un monstre.
Finn? Ca dit quelque chose à Drew. Il l'a peut être vu une ou deux fois, parlé un peu. Mais rien de bien transcendant. Il ne se souvient pas non plus être au courant que ledit Finn était triste, ou avait rompu récemment. De toute façon, ça n'était pas un de ses amis proches, tout au mieux une connaissance. Il ne sait pas grand chose de lui comme lui ne sait pas grand chose de Drew. Ariel est définitivement celui qu'il connaît le mieux. Et de toute façon, Drew n'est pas du genre à cesser de parler à quelqu'un à cause de choses faites à d'autres. Pas s'il peut comprendre, pas s'il voit les remords. Mais alors le bisou... Il l'a cherché, mais ne s'y attendait pas vraiment. Son air surpris se transforme en un sourire radieux et ravit. J'ai été payé! Le début de la gloire comme psy! Il rit de bon coeur avant de perdre un peu son sourire et sa bonne humeur. Ah oui, pourquoi il est triste, hein...
C'est pas normal. D'habitude, elle lui ouvre. D'habitude, elle répond à ses lettres. D'habitude, elle lui dit au moins à travers la porte que c'est pas le moment ou qu'elle a pas envie de le voir. Drew peut comprendre, quand on communique avec lui. Mais l'absence d'explications, il le vit mal. Il le vit très mal. Comme un abandon, et Drew a peur de l'abandon. Alors il se débat, il explique, cherche des réponses. Et il doit bien en avoir une, non? Quelques soucis la veille... Pourquoi ne lui dit-elle pas? Elle sait qu'elle peut compter sur lui non? Peut être qu'il ne l'a pas assez bien fait comprendre. Un sourire triste répond à Ariel. Il n'est pas beaucoup plus avancé. Il ne connaît pas vraiment la famille d'Alcyone et de Benjamin. En fait, il ne cherche pas à la connaître. Il y a des rumeurs dessus, et ça a fait en sorte que ses deux amis aient été mis de côté. Et Drew n'aime pas ça. Alors Ariel ne le fera pas changer d'avis sur ces histoires de famille et de trucs pas nets. Je sais pas, d'habitude elle répond au moins. Elle rest epas enfermée dans sa chambre, elle répond pas à mes lettres en se dénigrant autant. Je crois que c'est grave ce qui lui est arrivé, je l'ai jamais lue comme ça. Et puis, elle ouvre normalement, ou elle me dit au moins un truc. Ça m'inquiète. Il regarde l'autre garçon, un peu surpris. Un truc entre eux? Non pas vraiment. Ils sont amis, il l'emmène à des endroits cools comme des amis... Enfin, il fait comme il fait d'habitude. Des trucs d'amis. Je crois pas? On est amis, je l'emmène parfois au Karaoke. On s'écrit des lettres, des trucs comme ça. Et j'étais à une soirée d'Halloween hier, j'avais promis de passer la voir après mais elle a pas ouvert. Et elle répond pas à ma lettre. Elle a passé genre une heure sous la douche, enfin... Ça sonne mal dit comme ça, on dirait que je l'espionne mais c'est pas le cas! Il se force à sourire. Il est vraiment inquiet. Peut être qu'elle n'a pas aimé le bracelet que je lui ai offert. Du coup elle veut peut être plus me parler. enfin, on verra bien mh? Essaie-t-il d'ajouter, sans grande conviction.
Ariel venait d'embrasser doucement Drew sur la joue pour le remercier avant que leur discussion ne dérive sur un sujet sérieux à nouveau. Le jeune homme avait été patient avec lui et l'avait écouté, maintenant, c'était à son tour d'être là et de prêter une oreille attentive à ses problèmes. Il ne promettait pas de faire des miracles mais parfois, juste avoir quelqu'un présent pour écouter, ça faisait un bien fou. Et apparemment, le soucis venait d'une connaissance en commun que les deux poufsouffle avaient : Alcyone. Ariel la connaissait depuis quelques années déjà et leur relation était étrange pour être complètement honnête. Il appréciait la demoiselle mais... C'était une Adaar. En dehors des rumeurs étranges qui circulaient partout, Ariel savait très bien que sa famille trempait dans des trucs louches. Il n'irait pas jusqu'à les accuser tous mais quand ta famille trempait dans la magie noire, on était rapidement au courant des autres familles qui l'était autant... Mais il ne dirait rien de plus dans le doute.
Alcyone, c'était quand même un sacré hasard que la demoiselle était le problème de Drew alors qu'Ariel l'avait aidé la veille. Il n'allait pas dévoiler le pourquoi du comment il avait eu besoin de l'aider à Drew, par respect et pudeur mais... C'était juste étrange comme le hasard faisait bien les choses. Ariel tenta alors de se renseigner sur le pourquoi : pourquoi Alycone en voulait apparemment à Drew ? « Depuis quand est-ce qu'elle ne te répond plus exactement ? » Il serait étonné que ce soit à cause de ce qu'il s'est passé hier. D'après l'inquiétude sur le visage et dans la voix de Drew, cela devait faire au moins quelques jours mais il devait quand même vérifier pour être sûr et certain. Mais à peine eut-il entendu la suite que... Il eut sa réponse, en fait. Il soupira. En temps normal, il aurait dit à Drew qu'il s'inquiétait sûrement pour rien et que cela ne faisait qu'un jour mais... Il connaissait la vérité. Il avait voulu éviter d'en parler mais maintenant, il s'inquiétait encore plus pour Alcyone lui aussi. Et si elle faisait quelque chose d'idiot pour oublier et par traumatisme ?
« Depuis hier donc... » soupira encore Ariel alors qu'il passa sa main dans ses cheveux avant d’enfiler la capuche de son sweat-shirt, comme s’il voulait se cacher. Enfin, pas comme si. Il voulait vraiment se cacher, là... « Ce n'est pas ton bracelet. Je peux te l'assurer. » commença-t-il pour d'abords rassurer le pauvre Drew qui semblait vraiment pas bien. C'était bien plus grave qu'un cadeau qui ne plaisait pas, du coup... « Hier soir... Je l'ai vu hier soir. Je suis rentré tard d'une soirée entre amis et... Y avait un groupe de mecs et j'ai entendu une voix de femme qui leur demandait d'arrêter. Je suis arrivé à temps mais le mal était fait. » Il avait du mal à expliquer et le prénom d'Alycone n'avait pas été glissé dans la conversation, comme si cela rendait les choses moins réelles. « Je l'ai ramené chez elle. Elle avait quelques égratignures mais rien de bien plus graves. Je lui ai demandé si elle voulait que je reste mais elle a refusé alors je l'ai laissé après lui avoir fait un truc à manger. » termina alors Ariel, ayant presque peur de regarder en face Drew, sachant très bien comment il réagirait.
“Nous vivons dans un univers morne où l'imagination est le seul exutoire.”
Plus le temps passe, plus Drew se dit que c'est idiot. Qu'il s'inquiète trop vite, qu'il en fait trop. Mais en même temps, ça le travaille, et Ariel lui a demandé ce qu'il se passait. Alors, pour une fois, il a finit par s'ouvrir. Est-ce qu'il regrette déjà? Plutôt, oui. Est-ce qu'il pense qu'il aurait mieux fait de se taire et de garder ça pour lui? Totalement. Et pourtant, il s'est ouvert. Pourtant, il a dit ce qu'il avait sur le coeur. C'est rare, pour lui. Il préfère parler de ce qui va bien. Mais bon, pour le coup, après qu'Ariel se soit autant livré à lui, il se serait senti comme un imposteur, à mentir, et ne pas lui dire ce qu'il se passait. Et Drew n'aime pas ça. Il n'aime pas se sentir mal, alors rajouter à ça une impression d'être un escroc, très peu pour lui. Alors il s'est ouvert, il a avoué s'en faire. Et, comme il le pensait, il se sent bien idiot quand Ariel lui demande depuis quand elle ne lui répond pas. Il a presque envie de faire machine arrière, de fuir et lui dire que c'est rien. D'oublier, comme si c'était si facile d'oublier. Mais non, il continue, de toute façon, foutu pour foutu, autant aller jusqu'au bout. Il a déjà l'air d'un angoissé de la vie -ce qu'il est secrètement-, alors autant jouer la carte jusqu'au bout et tout révéler. Une nuit. Depuis une nuit. C'est pitoyable, mais en même temps il a ce mauvais pressentiment. Pourquoi elle aurait ignoré sa venue, alors que c'était prévu? Pourquoi elle aurait passé autant de temps sous l'eau, pourquoi elle ne répondrait pas à ses lettres? Il n'en sait rien, et il vit ça comme un abandon. Il n'accepte pas l'abandon. Il a besoin qu'on lui dise les choses, disparaître, ça laisse un sentiment amère. Il n'aurait jamais pensé à cet instant, que son amitié avec Alcyone finirait de la manière dont elle a terminé.
La réaction d'Ariel lui montre bien qu'il s'en fait peut-être trop vite. Mais en même temps, on se refait pas, surtout après ce que Drew a déjà vécu. Il force un sourire sur ses lèvres et lui aussi a envie de se cacher. Se faire tout petit, et s'il n'appréciait pas Ariel, il serait certainement déjà parti sans demander son reste. Mais quand Ariel se remet à parler, après s'être lui aussi caché dans sa capuche, Drew ne sait pas s'il est rassuré ou plus inquiet encore. Si ça ne vient pas du bracelet, alors pourquoi? Son explication était toute trouvée, et il s'était raccroché à cette idée idiote. Ca lui donnait une raison, c'était plus facile pour accepter. Ouais... C'était idiot de penser ça, hein... Il se sent bête, il se sent tellement bête. Mais la vraie explication que lui donne le métamorphomage finit de l'assommer. Le musicien ferme les yeux, ramenant ses jambes contre lui. Il les serre dans ses bras et frissonne. C'est pas possible. Pas possible. Je... Merci. Il n'arrive pas à trouver les mots, c'est tout ce qu'il lui vient. Il a du mal à réaliser, à intégrer. Cette peur qu'a du ressentir son amie, et qu'un garçon viennent encore l'embêter après ça, à touer à sa porte. S'il avait su, il aurait juste écrit une lettre. Drew commence à s'en vouloir, et s'il empirait les choses en voulant faire le bien? L'enfer est pavé de bonnes intentions, n'est-ce pas? Il se sent presque encore plus perdu qu'avant de savoir. Qu'est ce qu'il est censé faire? Comment parler à quelqu'un qui vit ce genre de choses? Comment ne pas empirer les choses? Il ne sait pas, il trouvera. Il se connait, il ne dormira sans doutes pas, ou pas très bien, ça lui laissera le temps d'y penser. Trop de temps. Et de culpabiliser, aussi. Son regard humide se tourne vers Ariel et il lui fait un pauvre sourire. Merci de me l'avoir dit et... Merci de l'avoir sauvée... Il se mord la lèvre, l'ambiance est lourde d'un coup. Ca lui pèse, et il aurait bien besoin d'un calin, mais ils se connaissent à peine. Et puis zut, il se décide et passe ses bras autour du préfet en reniflant avec toute sa splendeur. Il n'a même pas pensé à demander, mais Ariel se débattra s'il ne veut pas du contact, de toute façon. Puis il recule finalement et essuie ses yeux du revers de sa manche. Hm... T'es dans ma résidence non..? Il essaie de changer de sujet, mais au fond, le coeur n'y est pas. Est-ce que tu veux qu'on rentre ensemble?