Hey, Jude, don't make it bad Take a sad song and make it better [ Jude & Loïs ]

Date de naissance : 23/03/1992

Croyez le ou non, avoir la langue d'un parfait inconnu dans sa bouche si tôt dans la soirée n'était pas dans les plans de Loïs Valentine aujourd'hui. Non non non. Ho, évidemment il n'avait pas non plus prévu de rentrer seul ça n'était pas saint Helga Hufflepuff aussi. Peut être qu'après un verre ou deux qu'on lui aurait offert pour ses beaux yeux (ou son petit cul) tout en discutant de choses et d'autres en serait il venu a glisser une main sur un genoux, comme ça... Non sans avoir battu des cils et renversé sa chevelure brune et soyeuse de l'autre côté de son visage passablement intéressé parce que le -ravissant bien sur- inconnu aurait a dire. Alors qu'on lui dise bonjour sur la piste de danse pour ensuite se retrouver à vous emballer sans sommation... L'inconnu était loin d'être dégueu, c'est sûr, mais ça n'était pas ce qu'il cherchait ce soir.

Ce qu'il cherchait ce soir venait de se présenter à la porte de l'établissement, au moment où lui arrivait a s'extirper de Mr Dyson. Non il ne connaissait pas son nom, mais sa façon d'embrasser lui faisait penser aux célèbres aspirateurs Moldus que voulez-vous. Loïs avait beau être un sang pur convaincu, il avait des amis avec des goûts de chiotte en références. Il avait trouvé une excuse, avait balayé d'un geste là vexation de l'autre prétendant, et s'était dirigé d'un pas de félin vers le bar où le ravissant garçon a lunettes s'était dirigé. Il se rendit seulement compte a ce moment que ce dernier avait un téléphone moldu a la main. Yurk. Est-ce que Loïs s'était trompé ? Est-ce que ce ravissant profil n'était pas la personne parfaite pour ce début de soirée ? Il avait déjà donne6dans la décadence mais... Même si la pureté du sang de quelqu'un ne garantissait pas le succès d'une soirée, y'avait des limites à la charité (et à sa faim)

« Bonsoir. »

Il dit en français sans l'ombre d'un accent, souriant et s'asseyant sur le tabouret d'à côté une fois que l'autre avait terminé sa conversation. Et voilà qu'une main dégageait son visage pour mieux regarder l'inconnu.

« Pardon, je ne voulais pas écouter mais j'ai entendu du français et je me suis laissé emporter. Loïs Valentine. »

Il dit, tendant une main au dessus du comptoir à son encontre. Et puis la barmaid qui passait par là s'arrêta en face d'eux.

« Un verre de blanc. Sec, merci. » il demanda pour lui. « Et...? »

Il encouragea l'autre a commander ce qu'il voulait. Oui bon, il était très mignon, Loïs pouvait tout a fait lui offrir un verre même si ce n'était pas ce qui était prévu a la base.

Les journées s'enchaînaient à une vitesse folle. Le temps virevoltait avec une affolante vitesse, comme si tout s'accélérait. Les secondes dévalaient les pentes du sablier de plus en plus vite, pressées de le retourner encore et encore, de s'écouler le temps. Chaque moment de flottement, de vide, était une libération bienvenue. Chaque instant d'ennui semblait être chéri, étiré le plus possible, profité au maximum. Rien ne semblait ralentir, et les journées du vétérinaire filaient à toute allure. Depuis qu'il travaillait, que des vies dépendaient de lui, qu'il était propriétaire de sa propre clinique, tout était prétexte à rester un peu plus longtemps. Il lui semblait passer sa vie au cabinet, et Dieu soit loué, il voyait du monde pendant la journée. Son travail lui prenait beaucoup de temps, encore plus d'énergie. Mais il adorait ça, et ne l'échangerait pour rien au monde.

Le jeune homme replaça ses lunettes sur son nez et regarda l'heure. Il avait encore terminé une heure après la fermeture. C'est qu'il fallait nourrir tout le monde, préparer le nettoyage du lendemain matin, vérifier que tout le monde allait bien. Son énième tour réalisé, le brun finit par se résoudre à monter dans ses appartements pour se faire à manger. Il cuisina rapidement, avala son repas tout aussi vite. Malgré une longue journée, il se retrouvait peu à peu habitué à ce rythme, et ses soirées ne se résumaient plus à s'effondrer dans son lit devant un film avant de s'endormir en plein milieu. Depuis quelques jours, de l'énergie persistait dans son être, et il était temps qu'il commence à sortir un peu.

Ses années d'étude au Canada, à se mélanger les soirs et les fins de semaine avec les moldus, lui avaient apprit à se bouger les fesses et sortir. Le jeune homme enfila donc une tenue sobre et se prépara à sortir. Rien de bien fancy à l'horizon. Un jean noir ajusté mais confortable, une chemise blanche rentrée dans son pantalon, et des bretelles bleues pour ajuster le tout. Il passa une main négligée dans ses cheveux et s'observa dans la glace. Tout à fait correct. Un sourire étira ses lèvres et il nettoya ses lunettes en descendant rapidement les marches. Il lui fallait prendre le chemin de traverse pour se rendre dans le Londres magique.

Son arrivée dans le monde magique lui sembla presque irréelle. Cela faisait quelques temps maintenant qu'il n'avait pas revu Londres dans cette dimension-ci, et de lourds souvenirs menacèrent de remonter à son esprit. Il les chassa cependant bien vite, entrant dans ce qui ressemblait à un bar, sans même en regarder le nom. Son regard courut sur la foule dansante et un fin sourire ourla délicatement ses lèvres. L'ambiance était bonne, la vue plutôt agréable. La musique lui plaisait et les gens n'avaient pas l'air d'être des fauteurs de trouble. Aussi le vétérinaire se glissa entre les corps remuants pour s'installer au bar, sur un haut tabouret. Il offrit un sourire à la barmaid et indiqua qu'il commanderait plus tard. Un coude sur le comptoir, il posa sa main dans sa nuque et ferma les yeux quelques secondes. Jude se laissa bercer par la musique, remuant faiblement la tête au rythme de celle-ci.

Son instant d'égarement fut coupé par son téléphone moldu qui vibrait dans sa poche. Il le sortit, récoltant quelques regards surpris de la part de certains sorciers, mais il en avait l'habitude. Il n'était plus à ça prêt. Le nom qui se dessina sur l'appareil lui arracha un sourire et il décrocha. Jude parla en français quelques secondes, donnant des nouvelles, demandant quand la personne au bout du fil serait de passage à Londres. Un rire étouffé plus tard, et il raccrochait. Lorsqu'il rangea son téléphone, son regard se posa sur le siège autrefois vide à sa gauche. L'homme qui s'y était installé entama la discussion en français et Jude lui offrit un sourire délicat. Il était rare que des anglophones parlent français.

« - Bonsoir. »

Répondit-il, dans la même langue. Le regard de Jude suivit le mouvement de main de l'autre homme qui s'asseyait en dégageant son visage de sa chevelure rebelle. Le sourire de Jude s'accentua très légèrement et il se redressa.

« - Il est rare de rencontrer des gens qui parlent français, et encore plus avec un aussi bon accent que le tien. Je m'appelle Jude Lewis, enchanté. »

Le regard du vétérinaire suivit la main des yeux, et il vint la serrer avec un sourire, d'une poignée douce mais franche. Ses yeux se posèrent sur la barmaid qui réitérait l'essai de vendre une consommation, et lorsque Loïs commanda, laissant la possibilité à Jude d'enchaîner, ce dernier ne se fit pas prier.

« - Une Piña colada s'il vous plait. »

Sur ces mots, Jude entrelaça les doigts de ses deux mains et posa son menton dessus, regardant Loïs en biais avec un sourire.

« - On peut se tutoyer? Je n'ai plus l'habitude du vouvoiement. Et puis... Je ne pense pas que l'on ait tant d'années de différences. »

Ajoute-t-il, un sourire amusé sur les lèvres. Jude n'était pas dupe, il se doutait que certains intentions pouvaient motiver les gens à venir le voir. Mais il ne s'était jamais vraiment fait accoster, et ça avait toujours quelque chose de flatteur.

« halloween »

Date de naissance : 23/03/1992

Ce soir, Loïs était habillé d'une élégance décontractée. Il avait depuis longtemps troqué les capes sans formes pour des manteaux à cape de créateurs, et il en était de même pour la moitié de sa garde robe. Déjà, il pouvait se le permettre. Et aussi, il avait beaucoup d'amis dans la mode et dans la création sur mesure pour ne pas pouvoir porter autre chose les trois quart du temps. Il aimait que les yeux se tournent sur lui lorsqu'il entrait quelque part, et pas en étant tape à l'oeil non plus. Un peu de classe, juste ce qu'il faut de bling, en somme. Et, il l'espérait, de quoi attirer le regard de l'ami des Moldus assis à côté de lui. Gosh, il avait un joli sourire, en plus d'être tout sauf laid à regarder.

« On ne peut plus d'accord pour se tutoyer. Enchanté, Jude Lewis. »

Il réciproqua en jouant avec son nom. Il parlait bien ce garçon, et puis il avait des manières. Ho, Loïs aimait bien les rustres de temps en temps mais ça ne faisait pas de mal de discuter avec quelqu'un qui savait ce que c'était qu'un COD. Il trouva amusant le choix de cocktail, notant sa politesse une fois de plus envers la serveuse, et ne put retenir son sourire en voyant la position adorable qu'il adoptait.

« J'ai des origines françaises... J'ai fait ma petite enfance là bas, avant d'aller continuer mes études du côté de la Scandinavie. Et toi ? »

Il ne précisait pas Durmstrang, sachant pertinemment qu'il aurait compris sans aller jusqu'à nommer l'école à la mauvaise réputation. Qu'est-ce qu'il y pouvait, si son père avait trouvé que c'était une meilleure idée que Beaubâtons. Trop soft, pour le sang pur adepte de réussite. Et de cette façon, ce n'était pas deux langues que Loïs maîtrisait, mais trois, sans compter celles qu'il pouvait baragouiner. Leurs cocktails arrivaient alors qu'il écoutait l'histoire de son charmant interlocuteur. Loïs leva son verre pour trinquer, et goûta son verre de blanc. Et puis, intrigué, il désigna le cocktail de l'autre.

« Il a l'air bien meilleur que mon verre à moi, je peux ? »

Oui, il aimait les petites ombrelles colorées et le sucre sur le bord du verre, même s'il ne l'aurait pas admit en public ! Il attendit que l'autre garçon ait finit avec son verre pour lui en piquer une gorgée en tirant sur la paille de ce dernier. Loïs, une paille, rien d'innocent là dedans... Gosh que c'était sucré ! Mais sacrément bon ! Loïs laissa échapper un petit son indécent qui en disait long avant de rendre son verre à son propriétaire. Non sans en profiter pour se rapprocher un peu pour avoir une conversation un peu plus privée. Accoudé sur le bar, les yeux pleins de curiosités, Loïs notait les détails de son interlocuteur, retournant parfois à son propre verre pour ne pas l'oppresser non plus.

« Je sais que la question va paraître un peu clichée mais... j'ai l'impression de ne pas t'avoir croisé dans le coin ? Ce bar, je veux dire. Et tu n'as pas forcément l'air d'être le genre à s'encanailler, je me trompe ? »

Loïs, la définition même de subtilité, hein.

L'ambiance battait son plein. La musique, envirante et décadente pulsait dans les baffles réparties de toutes part du bar. Les corps et les esprits s'échauffant au rythme des sons exhutoirs, aidés par l'alcool et l'adrénaline, s'entrechoquaient sur la piste de danse. Il y avait là quelque chose d'aussi fascinant qu'inquiétant. À quel moment cessait-on de se mentir, à quel moment le lâcher prise basculait tout un être dans un nouvel état, presque une transe musicale. Certains commençaient déjà à finir à demi nu, à demi mort, vomissant leurs tripes et leurs émotions dans une cadence effrenée qu'il était difficile de suivre. Tout était ennivrant. Les vapeurs d'alcool, la chaleur, la musique libératrice. Tout était propice à s'abandonner, se laisser aller, oublier la journée et surtout ne pas penser au lendemain.

Jude s'était persque perdu dans ses pensées le temps que leurs consommations arrivent. Bercé par le tempo, parfois bousculé par quelques corps échauffés, le vétérinaire avait laissé son regard se perdre le long de mèches de cheveux de l'homme qui lui parlait. Loïs. Il essayait de retenir son prénom, de l'associer à son visage. On ne savait jamais quelles rencontres impromptues la vie pouvait égrainer sur son passage, Bartholomew en était la preuve vivante. Les yeux de Jude se prirent à détailler le fameux Loïs. Ils devaient probablement faire à peu près la même taille, et les vêtements qu'il portait semblaient riches et d'une qualité que Jude n'aurait jamais même possédé. Et là, l'autre homme enfilait ce genre de pièce de maître dans un endroit où il était rapide d'être souillé.

La requête du tutoiement accepté, Jude se retrouva soulagé. Pourtant, entendre son nom prononcé ainsi, presque trop intimement, à peine audible à travers la musique, avait quelque chose d'aussi satisfaisant que gênant. Fort heureusement, son interlocuteur se remit à parler quelques secondes plus tard, juste le temps de commander. Cela permit à Jude de ne pas se laisser aller à ses question existentielles, qu'il triturait dans son esprit, et l'obligea à se concentrer sur les paroles de l'autre homme. Presque automatiquement, son regard glissa s'accrocher dans celui de Loïs, après une courte halte sur le reste de son visage. Des origines françaises. Le Canadien offrit un large sourire au brun.

« - Je suis canadien. J'ai grandit proche d'Ottawa, et une grande partie de ma famille vit au Québec. Je suis venu étudier à Poudlard lorsque mes parents se sont installés en Europe, et suis reparti faire mes études au Canada par la suite. »

Il lui sembla avoir bien trop parlé, mais maintenant que c'était fait, plus de retour en arrière possible. La musique, l'alcool, l'ambiance, se;blaient le dérider un peu. Il se sentait emporté, un peu plus à l'aise avec lui-même et avec les autres. Ce n'était pas si désagréable, même si ça avait quelque chose d'inquiétant, de perdre ainsi le contrôle.

Leurs boissons arrivèrent, et Jude offrit un sourire de remerciements à la femme qui venait de les servir. Il délia ses doigts et sa main droite s'accrocha à son verre, la gauche jouant avec la paille et le bout d'ananas décorant son verre. Son regard glissa sur le verre de Loïs qu'il tendait pour trinquer, et un grand sourire étira ses lèvres alors qu'il levait son verre pour l'y cogner délicatement.

« - À la tienne, Loïs. »

Son regard est rieur alors qu'il attrape sa paille métallique pour goûter sa commande. L'ananas et la coco étaient relevées par le rhum, et la mixture sembla réchauffer la gorge de Jude à mesure qu'elle glissait dans sa gorge. Il plissa légèrement les yeux d'amusement lorsque Loïs demanda à goûter. Il relâcha la paille d'entre ses lèvres et lui tendit son verre pour accéder à sa requête. Son regard restait rivé sur lui, rieur et amusé, de bonne humeur. Le son produit par Loïs surprit le vétérinaire. Ses sourcils se haussèrent et son sourire s'agrandit encore un peu sous le coup de l'étonnement. C'était là tout un énergumène, et il fallait avouer que Jude s'amusait bien.

Loïs se rapprocha presque naturellement. Il sembla alors à Jude que tout était calculé, que c'était un jeu et qu'il était le trophée. C'était à la fois perturbant et flatteur. Jude écouta Loïs en jouant avec sa paille dans son verre, un peu gêné par la proximité, peu habitué.

« - Je suis revenu du Canada depuis peu. Une semaine ou deux... »

Il ne sait cependant pas quoi répondre à l'allusion. S'encanailler? Il aimait sortir, prendre du temps avec ses amis, profiter un peu de la vie. Mais là, il les avait tous laissés au Canada, derrière lui. Que répondre? Il n'en savait rien et se contenta alors de lui offrir un sourire gêné, un peu timide.

« - L'es-tu, toi? Du genre à t'encanailler? »

Seule réponse qui lui venait, il jouait avec son verre, un peu nerveux soudain.

« halloween »

Date de naissance : 23/03/1992

Le nom du cocktail était clairement moins reluisant à l'oreille du sang pur Valentine, mais y tremper ses lèvres, ça, aucun soucis. Il faut dire que ce garçon était une sacrée dichotomie à lui tout seul. Des valeurs qui contredisaient avec ses actions, bien souvent. Mais ne faisait-on pas des exceptions et des dérogations spéciales pour un aussi joli sourire, hein. Oh, Loïs, on se calme. C'était assez fou comme il pouvait décider sur un coup de tête, et à ce moment là faire preuve d'une obstination sans fin. Il y avait pourtant tout un paquet de jolis jeunes gens parmi les corps qui commençaient -enfin, continuaient- à chauffer la piste de danse derrière eux. D'ailleurs, celui qu'il avait lâché pour Jude était loin d'être dégueu, même si apparemment vexé vu comment il leur jetait des regards de temps en temps en dansant avec un nouveau cavalier.

Loïs avait ponctué poliment ses explications, comme il savait si bien le faire -on est diplomate politique ou on ne l'est pas !- et avait marqué une surprise un peu plus grande quand Jude avait confié qu'il n'était là que depuis une semaine ou deux. Ca expliquait des choses. Comme cet air un peu perdu, mais quand même en quête de découverte. Loïs avait fait tourné le liquide tout juste ambré dans son verre avant d'en boire un peu. Il aimait le bon vin, et là, il ne devait pas trop faire le difficile parce qu'on était loin des moins chères des bouteilles qu'il avait chez lui. En toute honnêteté et sans snobisme, hein. Même un amateur de Bierreaubeure sait faire la différence entre de la bonne et du chiqué. Et puis, il l'avait reposé, ses bras croisés accoudés un peu plus pres de l'autre, un sourire en coin plus que félin s'affichant alors.

« Plutôt, oui, ça serait malhonnête de dire le contraire... »

Même s'il aimait bien jouer les petits mignons effarouchés des fois. Quoi, il y en a qui aiment ça !

« Quoi que ça dépend des soirées. J'ai beaucoup de travail en ce moment, on ne compte pas les heures au boulot et les voyages en Portauloin qui n'en finissent plus... J'avais surtout envie de souffler un peu. »

Il ajouta, se rassemblant un petit peu. Il n'avait pas honte de vivre un brin dans la débauche pour compenser ses journées ardues, il n'y avait aucune honte à prendre du bon temps. Mais il s'agissait de ne pas faire peur si vite au petit mignon.

« Donc. Tu es dans le coin pour un moment, et tu viens seulement d'arriver ? Tu as besoin d'un guide de la ville ? »

Il proposa, souriant de façon presque innocente pour une fois. Ho, Loïs n'était pas tout à fait le genre de garçon qui proposait des relations à long terme dans les bars. Ou tout court. Mais faire visiter Londres à un joli jeune homme comme Jude avait son charme aussi. Mieux que les Sorciers politiciens venus des quatre coins de la planète qui pètent plus haut que leur cul. Loïs siffla le reste de son verre, et il commençait à faire un peu chaud. Est-ce que c'était la chaleur humaine derrière eux ou bien l'alcool, ou peut être un peu des deux ? L'aeration dans les bars de Londres ça n'était pas tout à faire ça.

« Ho ! J'adore celle là, tu viens danser Jude ? »

Il sorti de nul part alors que la nouvelle chanson entre entrain et sensualité se lançait. Depuis qu'elle s'était lancée en carrière solo, la lead des Bizarr' Sisters faisait dans le assez peu subtil, mais c'était parfait pour se dandiner. Loïs avait attrapé la main de l'autre et l'avait attiré vers la piste.

Les esprits autour d'eux s'échauffaient, douce ébullition des âmes et des corps, chaleur tournoyante et enivrante qui délivre les moeurs. Un couple visiblement éméché passa derrière Jude et Loïs pour finir leur course dans les toilettes, un rire fluet glissé à travers leurs lèvres bien souvent scellées. Jude leur lança un vague regard, inintéressé mais sans aucun jugement. Loïs qui prit son verre, attira de nouveau le regard du brun à lunettes, comme un aimant. Il fallait avouer que le rhum commençait à faire effet dans le système de Jude, et sa concentration s'en retrouvait amoindrie. Pas que Loïs soit ennuyeux, loin de là vu le spécimène, mais la tension sexuelle qu'il projettait vers Jude finissait peu à peu par l'angoisser légèrement. Son sourire resta cependant ancré sur ses lèvres, appréciant malgré tout le moment qu'il passait en cette charmante compagnie qui ne laissait pas les regards indifférents. Depuis quelques minutes déjà, quelques danseurs jetaient des regards intéressés, parfois lubriques, sur le dos de Loïs, et Jude ne pouvait s'empêcher de les remarquer.

Le vétérinaire reporta donc son attention sur l'autre garçon qui buvait une gorgée de son verre qui ne semblait pas ravir ses papilles à un point notable. Ceci arracha un sourire en coin à Jude qui, amusé, avait posé son coude sur le comptoir et posé sa joue contre son point serré. Son regard restait aimanté au visage de Loïs qu'il détaillait, essayant d'oublier la musique qui pulsait autour d'eux.

« - Tu n'as pas besoin de chercher des excuses pour t'amuser. La vie est faite pour en profiter, n'est-ce pas? »

Son sourire perdit un peu de son intensité, et quelque voile mélancolique tomba sur son visage. De mauvais souvenirs remontaient à sa mémoire. Toutes ces années passées à subir et souffrir, toutes ces années où il s'était demandé quelle était son erreur, si ce n'était d'exister. Mais ce n'était ni le lieu ni le moment pour penser à de telles choses, et le vétérinaire passa une main libératrice dans ses cheveux, poussant un soupir un peu las pour chasser ses démons.

Les questions de Loïs furent les bienvenues, et Jude reprit un sourire plus joyeux, chassant les nuages noirs de ses idées sombres.

« - J'ai ouvert mon cabinet vétérinaire récemment, donc je compte bien rester un petit bout de temps! C'est gentil pour le tour, je connais un peu comme j'ai été ici quelques années. Mais je ne dirais pas non à une visite tout de même. Tu dois connaître beaucoup d'endroits où passer de chouettes soirées. »

Il sourit toujours, bienveillant. Son regard suivit le liquide que Loïs finissait d'avaler, vidant son verre à une vitesse déconcertante. Quelque chose bascula et Jude n'aurait su dire quoi. Tout autour sembla soudain bien plus bruyant alors que l'autre homme attrapait sa main pour le tirer vers le centre de la piste. Jude déglutit avec difficulté, très mal à l'aise et réticent. Il n'aimait pas ça. Ni danser, ni être entraîné. Le contrôle lui semblait trop perdu, vacillant, terrifiant, de perdre pieds ainsi. Loïs ne semblait pas vouloir mal faire, appréciant la chanson et habitué de ce genre de mise en avant. Mais Jude n'aimait pas ça. Jude était mal à l'aise.

« - Non je... Loïs... Je ne veux pas danser... »

Il s'était braqué, un peu crispé car inquiet de perdre pied. Son anxiété qu'il tentait de cacher, depuis qu'il avait comprit le but ultime que nourrissait Loïs avec toutes ses actions, avait implosé dans son esprit. Il ne pouvait pas. Il voulait rester au bar, tranquille. Discuter si le coeur lui en disait, mais pas ça. Délicatement, comme ayant un peu peur de le blesser, Jude retira sa main de la sienne et attrapa son cocktail des deux mains, entrelaçant ses doigts entre eux pour se rassurer un peu.

« - Je suis désolé je... Je ne pense pas être en mesure de t'apporter ce que tu recherches ce soir. »

Finit-il par souffler, presque complètement couvert par la musique.

« halloween »

Date de naissance : 23/03/1992

Il fallait être aveugle pour ne pas voir que l'un des deux garçons accoudés au bar était bien moins dans son élément que l'autre. Le language corporel parlait pour lui, mais aussi son débit sonore, son regard. Bien sûr, tout le monde n'était pas désinhibé au point de se mettre à poil sur la piste de danse ou, comme le couple que Loïs avait aussi suivit du coin de l'oeil pour aller consommer sur place. Il y en a qui venaient juste pour se dépenser, socialiser, boire, oublier... S'amuser, comme disait si bien Jude, les mimiques bien trop adorables pour ne pas arracher un léger sourire aux lèvres du jeune diplomate venu ici pour s'encanailler.

« De chouettes soirée, entre autres oui. Mais je connais aussi de très bon restaurants ou des points de vues imprenables, dans un autre registre. »

Il sentait une certaine réserve chez le garçon, donc. Mais rien qu'il ne pensait pouvoir faire s'envoler avec un peu d'alcool, de l'enthousiasme, et l'assurance que personne ici ne le jugerait. Manifestement, Loïs s'était trompé. La main, et tout le reste du corps de Jude s'était raidit en un instant (et pas de la bonne façon -pardon) et dans son élan, lui avait échappé des doigts. C'était un regard un peu surpris, mais néanmoins totalement attentif qu'il lui rendait. Et puis, un soupir passa ses lèvres. Il n'était pas là pour traumatiser les petits lunetteux mignons. Un soupire, un sourire, et il se rapprocha pour poser sa main sur son bras gentiment.

« Ne t'excuses pas... Tu es parfait. »

Il déposa un petit bisou sur sa joue, ses lèvres chastes, avant de lui sourire d'un air attendri.

« Ne disparais pas tout de suite ? »

Il se débarrassa de la chemise qu'il portait par dessus un T shirt sans manche et la posa sur son siège à côté du garçon. Puis il le laissa assis là, le temps qu'il reprenne son calme tandis que lui se dirigeait vers la piste de danse. Quoi, il avait bien dit qu'il adorait celle là ! Et puis il avait besoin de se dépenser. Au rythme des basses et des corps qui bougeaient autour de lui, le jeune sorcier s'oubliait en fermant les yeux, laissant sa passion de la danse faire le reste. Il y avait des mois qu'il n'avait pas vraiment dansé. Performé, surtout. L'altercation d'avec son père était encore bien trop fraîche pour qu'il en soit capable, aussi persuadé qu'il ait pu l'être que ça ne changerait rien. L'animagus n'avait toujours pas revu l'homme qui avait causé tout ça. Rejetant toutes ces pensées négatives, il dansa comme s'il n'y avait pas de lendemain, laissant son corps extérioriser tout ce qu'il avait sur le coeur. Parfois, il rouvrait les yeux apercevant son copain de boisson et il lui souriait, continuant de se trémousser avec énergie et parfois langueur au rythme de la chanson.

***

« Merci d'être resté. »

Il avait dit, un peu essoufflé mais ravi, en revenant vers lui quelques minutes plus tard. Les joues rosies allait bien à son teint pâle et à ses cheveux bruns un brin échevelés. Il sorti quelques pièces pour payer leurs deux verres. Il se recoiffa dans un geste négligé -tout est dans le poignet- avant de poser, un instant, et puis finalement proposer.

« Est-ce que tu voudrais aller manger un bout quelque part ? De cette façon, je n'aurait plus la possibilité de t'obliger à danser, et on pourra discuter un peu plus tous les deux. »

Comment dire non à une proposition pareille ? Avec ses grands yeux d’écureuil ravi, on lui donnerait le bon dieu sans confession, à ce garçon.

L'environnement autour de lui avait quelque chose d'étouffant. D'angoissant. Tout était trop, trop saturé, trop bruyant, trop enivrant. Rien ne semblait calme, sage, doux. Tout était dans les extrêmes, et rien n'était plus là pour tempérer. Les corps essoufflés se tortillaient, dansaient, se charmaient partout où l'oeil pouvait se poser. Seul le bar, et encore, se trouvait un havre paisible, écrin du peu de bon sens qu'il pouvait rester. Plus la soirée avançait, moins le contrôle de soi était présent. Beaucoup avaient terminé dans des coins à se montrer à quel point ça se plaisait, d'autres avaient été évacués par les amis les moins ivres, pour vomir leurs tripes sur les bords de route. L'endroit étouffant se vidait peu à peu, une personne à la fois.

Loïs avait proposé d'accompagner Jude dans la ville pour lui montrer une multitude et une diversité de lieux qu'il semblait bien connaître. Le vétérinaire hocha simplement la tête en réponse, un sourire aux lèvres. Il lui fallait bien découvrir de beaux endroits, socialiser, se faire de nouveaux amis pour combler le vide que son coeur éprouvait depuis son déménagement. Ou était-ce depuis une certaine rencontre? Rien n'était moins sûr.

Après l'incident, la peur de perdre le peu de self contrôle qu'il lui restait, le temps sembla comme suspendu. Son coeur battait avec force dans ses oreilles, tout son corps semblait vibrer au rythme de la pompe sanguine qui rythmait sa vie. Loïs sembla surpris, mais peut être pas déçu. Ce dernier ne devait pas s'attendre à ce que Jude refuse de se laisser entraîner, et le brun à lunettes ne pouvait s'empêcher de culpabiliser un peu. À la lumière de tout ce qu'il savait maintenant, il sembla à Jude qu'il n'avait pas réagit de la bonne manière depuis le début, qu'il aurait pu de suite lui faire comprendre qu'il ne lui donnerait rien de charnel, et que Loïs n'aurait pas perdu son temps avec lui. Mais était-ce perdre son temps?

La main posée sur son bras obligea Jude à reprendre contact avec la réalité. Le passé était derrière lui, et ce n'était pas le moment de culpabiliser pour ce qu'il aurait pu faire ou ne pas faire. Il avait été fidèle à lui-même, peut être un peu naïf, mais authentique. Le regard habillé de verres se dirigea vers la main sur son bras, puis sur le visage de Loïs soudain proche de nouveau, qui lui répondait de ne pas s'en faire. Parfait, parfait, le mot virevolta dans son esprit et un sourire sans joie, un peu triste, se dessina sur les lèvres de Jude. Il pouvait énumérer toutes les choses qui le faisaient douter de ce mot, et il allait s'enfoncer dans une spirale sombre qu'il ne voulait pas revoir de si tôt.

Cependant, fort heureusement, son attention se retrouva de nouveau happée par l'autre brun sous la forme d'un bisou déposé comme un cadeau sur la joue rosée d'un Jude gêné, mais un peu plus détendu. La question qui suivit fût répondue d'un hochement de tête, alors que Jude remontait un peu ses lunettes sur son nez. Il n'allait pas disparaître. Il n'était pas comme ça, bien trop poli, et trop respectueux, pour se faire la male alors qu'on lui payait son verre et qu'on avait toujours été gentil avec lui. Son regard courut sur le vêtement que Loïs laissait derrière lui, filant comme le vent pour profiter de sa musique préférée. Jude prit quelques secondes pour reprendre ses esprits, ôter le rose qui lui collait aux joues, d'un contact auquel il ne s'attendait pas. Se souvenait-il seulement que quelqu'un lui ait jamais embrassé la joue?

L'ancien Poufsouffle joua avec son verre, le sirota, se perdit dedans avec peu d'enthousiasme. Il était fatigué de réfléchir à tout ceci, de repenser à un passé qu'il voulait enterrer pour un avenir meilleur. Heureusement pour lui, encore une fois, Loïs était du genre démonstratif, attirant l'attention. Et Jude perdit un peu son regard sur sa danse exutoire, un fin sourire aux lèvres. Il avait l'air de profiter, comme si rien jamais ne pouvait l'atteindre ou couper son envie de s'amuser. Jude l'envia un peu, avant de se faire la reflexion que certains mentaient mieux que d'autres, cachant leurs démons intérieurs aux yeux de tous.

Loïs revient, et remercia Jude de ne pas avoir filé. Ce dernier lui répondit d'un sourire un peu gêné, ne sachant que répondre à un remerciement face à un comportement qui lui semblait normal. Pourquoi serait-il parti? Sans prévenir? Loïs, bien que clairement intéressé par beaucoup plus que ce que Jude voulait bien donner, avait toujours été très respectueux. Et c'était là une qualité que le vétérinaire appréciait. Le regard de Jude suivit les mouvements de l'autre garçon qui paya, se recoiffa, et s'assit finalement. Le vétérinaire écouta la proposition en passant une main dans ses cheveux, qui vint se poser dans sa nuque, un peu gêné. Il ne pouvait dire non, et en même temps se sentait mal de lui faire encore perdre son temps.

« - Je... Si tu veux oui. Mais cette fois je paie ma part. »

Il lui offrit un sourire mi-taquin, mi-gêné, refusant de se faire inviter encore une fois et profiter de Loïs. Il se sentait bien assez mal comme ça, et il ne voulait pas sembler profiter des autres tout en brisant leurs espoirs. Jude se leva donc et ajusta une de ses bretelles qui avait vrillé, avant de retirer quelques plis de sa chemise blanche. Il sourit un peu à Loïs et fourra ses mains dans ses poches en esquissant un pas vers la sortie.

« - On y va? »

Demande-t-il avec un léger sourire, avant de sortir du bar pour l'attendre sur le trottoir. Son regard se leva vers le ciel et s'y perdit quelques temps avant de venir se poser sur sa main, dans laquelle il avait machinalement prit son paquet de cigarettes et jouait avec. Lorsque Loïs le rejoignit, il lui sourit.

« - Ca te dérange si je fume en marchant? »

Il en avait besoin pour essayer de penser à autre chose et se détendre, mais n'allait pas lui imposer. Il n'était pas un gros fumeur, mais appréçiait le geste de temps à autres.

« halloween »

Date de naissance : 23/03/1992

Qu'on s'entende bien, Loïs Valentine ne faisait pas dans la charité. A part lorsque les sorciers fortunés de plusieurs pays avaient envie de se racheter une conscience et qu'il organisait, chapeautait, traduisait pour un gala trois fois l'an (ou bien plus parfois). Là, effectivement... Mais ce n'était pas par bonté d'âme non plus, c'était son métier. Bien sûr, il était loin d'être un parfait connard, on vous voit venir là. La preuve, même s'il n'aurait pas dit non à une soirée un peu plus torride, c'était sans regret -ou presque- qu'il quittait l'effervescence du Gryffon Joyeux pour se diriger vers le Londres sorcier où les gens plus civilisés se rendaient. A la sortie de boîte, il avait posé le bout de sa baguette sur sa peau et lancé un sort silencieux le débarassant de la sueur acide qu'il avait fait sortir à grosses gouttes sur scène. Il n'avait rien contre la sueur en général, mais si on dînait avec un joli garçon comme Jude, on faisait un effort, quand même.

« Seulement si tu me laisses tirer une bouffée. »

Il répondit d'un ton léger. Pas que pour le privilège d'un baiser indirect, hein. Mais aussi parce qu'il essayait d'arrêter, et qu'il n'en avait donc pas sur lui. Loïs lui expliqua ceci et continua à ponctuer leur marche de petites anecdotes légères, ramenant l'autre à une réalité moins stressante autant que faire se peut. Ca n'était pas dans son intérêt d'avoir un lapin apeuré au moindre de ses gestes pour le reste de la soirée. Mais ça ne l'empêcherait pas d'effleurer la pensée de le charmer malgré tout.

Loïs choisit le restaurant -français, donc- et n'alla pas dans des prix exhorbitants, ne sachant pas si son camarade pouvait se le payer. Mais ils n'allaient pas bouffer de la merde pour autant ! Il profita de la cigarette de Jude une dernière fois, sans vraiment respecter les normes sociales de la sphère privée quand on est deux garçons qui ne sortent absolument pas ensemble, lui sourit et l'invita à entrer par une porte qui ne payait pas de mine et qui n'indiquait absolument pas un restaurant sorcier.

Un ascenceur avec des portes en fer très parisiennes les amena en haut de l'immeuble. Il n'y avait pas particulièrement de chichi dans le restaurant où ils allaient. A l'inverse, les tables avaient des napes qui n'étaient pas toujours assorties, le coin bar utilisait des palettes et des bobines en bois avec des tabourets tout aussi peu ouvragés, parfois de simples troncs. Mais ce qui faisait le charme du lieu c'était son éclairage, avec des lampions qui flottaient un peu partout. On attendait rarement les sangs purs dans ce genre d'endroit, aussi Loïs ferait bien attention à ne pas laisser son nom filer. On les assit à une table et une fois le menu du jour rapidement parcouru, Loïs s'accouda en regardant Jude avec attention, souriant toujours.

« Tu ne m'as pas dit ce que tu faisais dans la vie, Jude. »

Il piocha dans les petits amuse-bouches qu'on leur avait apporté en attendant. Un serveur au man bun des plus bobos leur demanda s'ils prendraient un apéritif, et Loïs accepta en choisissant quelque chose de léger. Parce qu'il comptait bien reprendre du vin pendant le repas, et qu'il fallait être raisonnable quand même quand on était accompagné.

« Je te verrais bien bibliothécaire... Ou bien Médicomage ? »

Il se trompait rarement sur les gens, déformation professionnelle ou on doit plus ou moins tout savoir sur tout le monde, même ce que les gens ignoraient d'eux même. Une Olive disparut à nouveau derrière son sourire.

La nuit était tombée, voile délicat et sombre couvrant les toits de la ville. Certaines lumières s'éteignaient l'une après l'autre dans les habitations, au rythme du coucher des enfants. Loïs rejoignit Jude assez vite, juste le temps pour Jude de perdre son regard dans le ciel, au formes difformes et impossible à discerner. Les nuages se fondaient avec la pollution de l'air, et il manqua cruellement d'étoiles au goût du vétérinaire. Les soirées canadiennes au bord d'un feu de camps, éclairés par la lune et le firmament, laissaient un goût amère de nostalgie. Il lui fallait y retourner un jour, pour les vacances. Tout le monde là bas l'aurait oublié, il en était presque certain. Il était trop effacé, et trop mauvais entreteneur de relation à longue distance pour que, des années plus tard, on le retrouve et que rien n'ait changé. Bartholomew était une rare exception.

Loïs accepta la requête du vétérinaire, non sans en demander un peu pour lui. Ceci habilla le visage de Jude d'un grand sourire, se détendant au fil du temps et grâce à l'air frais de la nuit. Le brun à lunettes sortit une cigarette qu'il coinça entre son index et son majeur droit, le temps de l'allumer avec son briquet. Il tira une fois sur sa cigarette avant de la tendre à Loïs, expirant en regardant le ciel. Il y avait longtemps que la nicotine n'avait pas brouillé ses sens et calmé ses angoisses. Il lui semblait une éternité que l'anxiété lui avait fait défaut, une fausse route qu'il était bien content de quitter. Mais la vie était ainsi, les chemins sinueux se croisent et se perdent, se retrouvent pour disparaître. Ses poumons vidés de la fumée, il abaissa de nouveau le visage vers Loïs, et le calme revenu dans son esprit, il prit le temps de détailler le jeune homme à la lueur des lampadaires. Il lui semblait être un tout autre garçon, depuis qu'il était sorti. Le contraste entre le danseur endiablé et le jeune homme enjoué était aussi appréciable que surprenant. Une personnalité complexe, pleine de facettes et de secrets. Jude appréciait ne pas se retrouver face à la superficialité de relations d'affaires. Il lui semblait retrouver un contact humain, avec ses qualités et ses défauts. L'humanité.

Jude marcha aux cotés de Loïs, de quelques centimètres en arrière de lui pour être capable de le suivre en cas de changement de direction soudain. Il y avait quelque chose d'agréablement facile, à se laisser guider sans réfléchir dans les rues de la ville. Très silencieux comparé à Loïs, Jude écoutait attentivement tout ce que l'autre homme lui livrait. Les anecdotes, les rires, les explications. Tout lui semblait à la fois si naturel, et si paramétré, comme s'il avait comprit qu'il fallait à Jude d'occasionnels contacts avec la réalité pour qu'il ne se perde pas trop dans de sombres et obscures pensées. Ils terminèrent la cigarette juste avant d'arriver devant la façade du restaurant qui les accueillerait pour le dîner.

Jude se laissa entraîner il ne savait trop où, son regard curieux glissant sur les murs et les décorations. L'ascenseur l'angoissa légèrement, et il ne pu s'empêcher de se rapprocher d'un pas de Loïs, juste pour que sa chaleur corporelle réchauffe un peu l'air ambiant, douce aide rassurante. La machine s'arrêta dans un grincement et Jude ne tarda pas à en sortir, le sorcier préférait nettement les escaliers et se promit de les emprunter pour redescendre. Tout était savamment dépareillé, une multitude d'inspirations teintaient et ponctuaient le lieu, sans pour autant en faire un fouillis indigestible à l'oeil. Le vétérinaire offrit un sourire à Loïs et suivit sagement l'employé qui les installait à une table vide, près d'un mur.

Jude se plongea silencieusement dans le menu, un peu perdu dans les choix à faire. Il releva le nez et demanda à Loïs ce qu'il prenait avant de sursauter en voyant que l'autre garçon avait déjà choisi et le fixait avec attention. Le rose mordit faiblement ses joues et il l'effaça en remontant ses lunettes sur son nez. Il choisit un plat au hasard, vérifiant qu'il en appréciait tous les ingrédients, puis posa le menu fermé à sa gauche. Son regard se dirigea de nouveau sur le visage de Loïs qui venait de lui poser une question. Il était vrai qu'ils n'avaient pas parlé de leurs métiers, ni l'un, ni l'autre. Aussi sourit-il, amusé de la remarque à sens unique. Il n'eut pas le temps de répondre que le serveur vint amener de quoi les faire patienter, et lui demanda s'il prenait quelque chose à boire. Jude secoua la tête et demanda une cruche d'eau qui l'accompagnerait tout le repas. Il avait assez but et il comptait bien garder le contrôle de lui-même, surtout dans un environnement autre que celui d'un bar. Loïs envoya des idées de métier, et Jude se retint difficilement de rire, amusé.

« - Bibliothécaire? J'ai l'air si sage et calme que ça? »

Cela l'amusait beaucoup, et il ne pu s'empêcher de jouer un peu avec le verre qu'on lui avait emmené, un bras accoudé à la table et la main dans la nuque. Il finit par se redresser quand son rire se calma, et il se concentra de nouveau sur l'autre brun.

« - Je suis vétérinaire, mais je fais aussi de la vétomagie. En fait, je m'occupe de tous les animaux possible. Et toi? »

Ajoute-t-il, un peu curieux d'où l'autre garçon tirait de quoi s'offrir de tels vêtements. Le serveur revint prendre leurs commandes et Jude laissa Loïs parler en premier, avant d'ajouter son plat. Son regard se perdit dans le verre qu'on venait de porter à l'autre homme alors qu'il ne savait pas de quoi il s'agissait. Il ne savait pas de quoi parler d'autre, assez mauvais pour trouver quoi dire. Après tout, il n'avait que peu socialisé de pareille façon dans sa vie, ses années d'école ayant été des plus... compliquées.

« halloween »

Date de naissance : 23/03/1992

Bibliothécaire ou pas, Jude avait le profil d'un garçon qui ne faisait pas beaucoup de bêtise dans sa vie (comparativement à la personne assise en face de lui en tout cas !) et si Loïs connaissait même des bibliothécaires indécents... Il serait surpris d'apprendre que ça serait le cas du garçon. C'était dommage, et en même temps, c'était sans doute ce qui lui conférait ce charme si particulier. Pour le brun, ça avait un parfum d’inatteignable. Et on savait bien que Loïs Valentine aimait un bon défi. Même impossible. Il avait finit par fermer sa carte et remercier poliment la personne qui lui apportait son verre, mais sans quitter Jude des yeux.

« Peut être un peu. »

Il concéda, amusé aussi. Et il était content que l'autre ne prenne pas la mouche. Est-ce que Jude pouvait être plus mignon encore ? La suite prouva que oui. Vétomage. Vétérinaire ? Le pendant Moldu, bien évidemment. Il ne pouvait pas être parfait. Mais ça ne le rendait pas moins mignon. Loïs trinquait à la santé de son acolyte et goûta son cocktail multicolore.

« Tu veux goûter ? Il n'y a qu'ici que tu en trouveras des comme ça. »

Déjà, dans le monde sorcier, mais aussi parce qu'il s'agissait d'une spécialité de l'endroit. Le jeune homme aimait les restaurants et bars qui avaient une réelle identité. Celle ci, en plus du reste, voyait passer beaucoup d'artistes et de créateurs en tout genre, et avait ce je ne sais quoi qui respirait l'unique.

« Je travaille au ministère. Dans les relations internationales. Rien d'aussi altruiste que Vétomage mais c'est assez intéressant. »

Et épuisant. Maintenir des relations avec des dirigeants, des artistes, des sportifs et tellement d'autres tout en ménageant les susceptibilités. Autant dire qu'il avait l'habitude de faire la conversation, lui. Même si la compagnie qu'il tenait n'était pas toujours aussi agréable. C'était tout ce que Loïs pouvait faire que de ne pas le bouffer des yeux. Heureusement, les plats arrivèrent, et le français fit marcher sa magie, trouvant les bons sujets de conversation pour animer la soirée et alléger les épaules du pauvre Jude. En apparence, il délivrait des informations sur lui même, mais en vérité rien de réellement personnel. Il était très bon à ça, déformation professionnelle que voulez vous. Et en même temps, est-ce que quelqu'un avait déjà essayé de vraiment savoir qui il était ? La seule personne dont il espérait ce genre de question était aux abonnés absents, de toute façon.

« J'ai une autre question pour toi. »

Il finit par couper, alors qu'ils allaient arriver au dessert. Les gens autour d'eux étaient plongés dans leurs propres conversations, et Loïs s'était un peu penché vers son nouvel ami pour rendre la leur un peu plus privée.

« Pourquoi ce bar ? Pourquoi ce soir ? Tu n'avais clairement pas l'air d'être sûr de ce que tu faisais là bas... Tu as l'air un peu perdu.»

Est-ce que c'était une coïncidence que ses grandes gambettes se rapprochaient de celles de Jude sous la table ? Peut être. Ou peut être pas, qui sait ? Son ton était en tout cas plus gentil et Loïs semblait vraiment à l'écoute de son invité du soir (qui paierait sa part, oui, Loïs a promit).

La soirée passait avec une lenteur appréciable, presque calculée. Comme si le temps s'étirait ou se compressait au rythme des envies et des besoins, que les secondes défilaient moins vites quand il s'agissait de prendre le temps de guérir une âme. Et c'était un peu le cas ce soir. Même si les deux bruns provenaient de mondes similaires, avaient certainement eu des parcours très différents, leurs chemins s'étaient croisés et Jude ne pouvait pas faire autrement que penser qu'il y avait une bonne raison derrière tout ça. Etait-ce le destin, ou le hasard, qui régissait tout ceci, si tant est que c'était régit? Il n'en savait rien, mais l'idée que quelque chose pouvait mettre les bonnes personnes sur sa route, au bon moment, lui semblait étonnement rassurante. Il y avait quelque chose de mystique et d'agréable, dans le fait de se dire qu'on rencontrait les gens dont on avait besoin, quand on en avait besoin.

Et ce soir, Jude avait eu besoin d'occuper son esprit, d'oublier le remue-ménage qu'il faisait dans son passé, ses sentiments, d'arrêter de décortiquer, de déchiqueter, d'étiqueter tout ce qui lui passait par la tête. Et, dans un élan de lâché prise, il était entré dans le premier bar venu. Quoi qui ait fait le reste, les résultats étaient là. Loïs était de ces personnes magnétiques, qui attiraient les regards et les pensées vers eux, parfois à leurs dépends. Jude était aussi fasciné qu'intrigué par la personnalité solaire de l'autre garçon. D'expérience, il savait que beaucoup des gens qui irradiaient ainsi, attirant l'attention, paraissaient toujours enjoués et de bonne humeur, cachaient beaucoup ce qu'ils pensaient, ressentaient, expérimentaient de la vie. D'un sens, c'était le seul moyen pour eux de ne pas être trop abîmé par toutes les personnes attirées autour d'eux, parfois à mauvais escient. Et Jude ne pu s'empêcher de se demander si Loïs était comme ceux qu'il avait connu, au Canada. Avec qui il s'était lié d'amitié, une dynamique aussi étrange qu'intéressante. Le jour et la nuit, l'ombre et la lumière. Son sourire devait trahir ses pensées, aussi doux qu'attristé. Au moins, il cessait de martyriser ses propres émotions, au moins pour la soirée.

Le verre arc-en-ciel de Loïs arriva, et les deux jeunes hommes trinquèrent dans un sourire joyeux. La soirée était belle, et la compagnie de qualité, n'en déplaise aux détracteurs d'un duo aux antipodes. Jude prit une gorgée d'eau, appréciant la fraicheur vivifiante d'un liquide qui ne brouillerait pas ses sens. Son regard intéressé se releva vers le verre que lui tendait Loïs, pour goûter. Après tout, ils l'avaient déjà fait, s'échanger des gorgées de breuvage, et la promesse de Loïs concernant le caractère unique de la liqueur finit de convaincre Jude d'essayer. Il attrapa délicatement le verre pour en prendre une gorgée avant de le rendre à son propriétaire, la mine surprise mais ravie de l'effusion de saveurs qui s'emparait de ses papilles. Il lui offrit un sourire en le remerciant, et écouta sa réponse quant à son métier.

« - Je pense que s'occuper de relations est bien un acte altruiste, contrairement à ce que tu sembles penser. Même si ta vie a l'air d'un échiquier géant, où chaque mouvement a une importance. »

Ca devait être loin d'être facile. Penser à chaque acte, chaque geste, chaque mot. Jude pensait déjà trop. Beaucoup trop. Alors en faire son métier, devoir penser à tout, et à tout le monde, savoir en permanence comment traiter chacun pour obtenir le meilleur, sans jamais froisser. Il y avait là quelque chose d'extrêmement compliqué, et Jude ne pouvait s'empêcher d'admirer Loïs de réussir à rester un tant soit peu sain d'esprit. Mais tout commençait à s'éclairer. Tout était calculé, planifié, et régit par les mêmes règles et ficelles que là où il travaillait. Comme si Loïs ne pouvait pas s'empêcher de le faire dans sa vie privée aussi, comme s'il était difficile de couper travail et amusement. Les plats arrivèrent et Loïs anima le repas, discutant savamment de tout et de rien, livrait ce qui ressemblait à du personnel, mais sans la saveur de l'authentique. Jude l'écoutait, répondait, essayait d'extraire des parcelles de l'autre brun pour apprendre à le connaître, lui. Pas cette enveloppe qu'il semblait donner à voir au monde. Mais Jude n'était pas doué pour ça, et il y avait quelque chose de frustrant de comprendre, de savoir que tout était à la fois si profond et superficiel, de ne savoir quoi prendre et quoi laisser.

Une chose était sûre, Jude espérait bien qu'ils se reverraient, et qu'avec le temps il découvrirait qui Loïs était vraiment derrière tout ceci. Mais pour le moment, Loïs lui posait une question, s'étant un peu rapproché, contraste notoire entre la conversation sans réel fond, et quelque chose qui semblait vraiment l'intéresser. Plus personnel, plus privé. Beaucoup de pourquoi, et beaucoup de présomptions qui s'avéraient vraies. Le sourire que Jude arborait depuis quelques temps s'effaça un peu et se remplaça par une moue quelque peu fatiguée, fatiguée de replonger dans tout ce qu'il avait tenté d'oublier pour la soirée. Mais il n'allait pas lui mentir, ni éviter le sujet. Après tout peut être que ça lui ferait du bien, de le formuler.

« - Pourquoi ce bar? Je n'en sais rien. Je cherchais un endroit avec de la musique, où boire un peu, peut être rencontrer des gens. Je suis passé à côté, j'ai entendu le son, je suis entré. Il y avait du monde à regarder, ça me permettait de moins penser. »

Il esquisse un sourire.

« - Pourquoi ce soir? Je ne sais pas trop. Je crois que c'était simplement le bon moment, le moment où je me suis dit qu'il en était assez de ressasser, et je suis sorti sans trop réfléchir, pour une fois. »

Il semble un peu gêné, et se frotte la nuque.

« -Et... Oui je suis un peu perdu. Non, je ne sais pas ce que je faisais là bas, ce que j'y cherchais, ou ce que j'y ai trouvé. Je ne sais pas si j'y retournerai, si ça m'a aidé ou pas, ni ce qu'il adviendra de demain.

Il marque une pause, le temps de rassembler ses pensées, trouver ses mots.

« - Une chose est sûre, je suis content de t'avoir rencontré. Même si tu as l'air d'être bien plus que ce que tu ne sembles vouloir montrer. De toute façon, tu as promis que tu me ferais visiter la ville, n'est-ce pas? »

Finit-il, en souriant simplement à l'autre homme.

« halloween »

Date de naissance : 23/03/1992

Même si passer une bonne soirée ne signifiait pas forcément un engagement pour la suite, ou de véritables efforts pour connaître la personne que vous aviez en face (si vous saviez, c'est tout juste s'il connaissait leur prénom parfois) ça ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas essayer. Pour les beaux yeux cachés derrière les lunettes à bords fins du jeune homme assis en face de lui. Et puis, c'était aussi un joli jeu quand on était deux inconnus l'un pour l'autre. De voir ce que l'autre était prêt à dévoiler. De deviner, aussi. Loïs était le genre de personnes à aimer découvrir les autres parce que ça pouvait le divertir. C'était d'ailleurs ce qui le faisait partir à un moment. Parce qu'il se lassait. Le pauvre Jesus en avait fait les frais (aussi parce qu'il commençait à faire des choses dangereusement romantiques. On n'était pas romantique comme ça avec Loïs sans qu'il vous le demande, non mais ho !)

Il écoutait attentivement la réponse de Jude. Ce dernier se livrait avec tellement de franchise, c'était touchant. Et mignon, encore une fois. Loïs fut surpris de sa conclision. Il avait envie de soupirer, tellement c'était touchant d'honnêteté. Et en même temps à quel point il s'en mordrait les doigts s'il cherchait vraiment à gratter sous la surface en revoyant Loïs régulièrement.

« Tu es trop mignon. »

Il dit, avec la plus grande franchise. Et puis hop, le serveur au meilleur timing vint les débarasser et leur proposer un dessert. Bien sûr, Loïs en prendrait. Il aimait les choses sucrées (comme Jude). Il jouait avec son verre à nouveau, minaudant à peine avec son regard de félin. Juste ce qu'il faut.

« Je veux dire... C'est rafraîchissant, vraiment. Crois moi que ce soit dans mon travail ou dans la vie... je suis loin d'être aussi blanc que tu ne me dépeins. Je passe une bonne soirée en ta compagnie, Jude. »

Il aimait vraiment bien son prénom. Il avait commandé de la glace toute simple, deux boules avec de la chantilly, qu'il comptait bien ne pas manger décemment. De toute façon même s'il essayait il ne saurait pas comment faire. Bien sûr, il en proposa à Jude aussi -ils n'en étaient plus à ça près- et comptait bien lui donner la becquée. Pathétique, lui ? Mais non, il s'amusait comme un petit fou et passait, comme il l'avait dit, une très bonne soirée. Il se laissa aller a quelques anecdotes de travail, du coup. Beaucoup trop de choses étaient confidentielles mais il pouvait aisément remplacer les noms, et que les anecdotes restent drôles. Un terrain sur lequel il se risquerait moins, celui de la famille. Ou de son rang social par exemple. Non, c'était plus amusant de lui narrer les galas de charité et le n'importe quoi qui s'y trouvait. Ce qui l'amena a la suite.

« En parlant de tout ça... Il se fait tard. Ou tôt, au choix. Jai beaucoup de travail qui m'attend demain. »

Il déplora en soupirant.

« Tu m'accompagnes avant de rentrer ? »

Comment dire non à des yeux de chat botté pareils !

Tout était si... Fuyant, soudain. Comme si le temps s'était décidé à reprendre son cours, que les secondes étirées avaient assez duré. La conversation défila comme si Jude était hors de son corps, hors de contrôle. Plus rien n'avait de sens, de saveur, de lenteur. Tout s'enchainait, l'un après l'autre, avec une vitesse déconcertante presque blessante. Comme si le temps avait décidé qu'il perdait son temps, comme s'il n'y avait plus rien à guérir par lui, ou que plus rien ne pouvait aider la blessure. Peut être que leurs deux mondes étaient finalement trop différents? Quel qu'était ce lien qu'ils auraient pu tisser, était-il vraiment envisageable? Jude n'en savait rien, mais les réponses de Loïs ne laissaient pas vraiment présager que le vétérinaire avait vu juste. Et s'il s'était trompé? Et si Loïs ne cachait rien du tout, si ce n'était une partie sombre de lui? Et avait-il seulement vraiment envie de savoir? De s'engouffrer dans ce chemin sinueux, peut-être dangereux? Il n'en savait rien. Soudain, tout ce pour quoi il était sorti ce soir là, oublier, ne plus trop penser, tout s'effondrait. De nouvelles questions, encore des nouvelles. Il était fatigué, de s'inquiéter de tout, après tout. Loïs faisait bien ce qu'il voulait, avec qui il voulait, et Jude n'allait certainement pas le pousser à s'ouvrir à lui.

Ce n'était pas le but, ce n'était pas l'objectif. Mais quel était-il? Le vétérinaire écouta les compliments vides de l'autre homme. Le pensait-il vraiment? Ou était-ce un énième pion pour le mener là où il voulait, par le bout du nez. Il était lassé, lassé de jouer, de se demander. Ca avait quelque chose d'épuisant. La méfiance, essayer de tout comprendre. Il n'en pouvait plus. Aussi laissa-t-il les jambes de Loïs s'entrechoquer avec les siennes, serrées l'une contre l'autre. Il le laissa prendre un dessert, sans en prendre lui-même. Il avait assez mangé après tout, et comme ses parents l'avaient renié, il ne roulait pas sur l'or même si le cabinet ne fonctionnait pas trop mal. Son regard sans plus grand émerveillement se posa sur la main de Loïs qui jouait avec son verre, le triturait, tout en dardant ses yeux à lui sur Jude. Il était encore une fois observé, peut être même dévoré. Et que répondre à ce regard? Il n'était pas comme tous les hommes qui seraient tombés dans les bras de Loïs au premier instant, comme ceux qu'il attirait comme des mouches, avides de son corps, de ces relations charnelles creuses, peut être même sans douceur. Qu'y gagnaient-ils? Mais perdaient-ils quelque chose? Qui était Jude pour en penser quoi que ce soit? Il préférait ne rien en penser. Ce n'était pas sa vie, et si c'était ainsi que Loïs se sentait le mieux, c'était l'essentiel, n'est-ce pas?

« - Je ne suis ni mignon, ni rafraichissant. Je ne suis pas non plus tout blanc, personne ne l'est n'est-ce pas? Nous sommes tous sur un spectre, tous des nuances de gris. Personne n'est jamais un ange, ou un démon. Personne n'a de qualités sans défauts, de défauts sans qualités. »

Il esquisse un sourire las, fatigué. Ce petit jeu avait assez duré. C'était un filet que se refermait sur lui, et il allait devoir couper les mailles, même s'il espérait, quelque part au fond de lui, qu'ils se reverraient tout de même. Dans d'autres circonstances, sans cette tension charnelle, sexuelle. Il regarda la glace de Loïs arriver, l'observa manger outrageusement, et lui tendre une cuillère. Le vétérinaire soupira légèrement et prit la main de l'autre dans la sienne pour guider le couvert à ses lèvres et manger la glace. Il se recula en s'adossant à sa chaise, relâchant la main de Loïs pour remonter ses lunettes. Il esquissa un sourire désolé, avant de l'écouter parler encore de son travail, son regard bleu-gris perdu sur son visage.

Le temps avançait rapidement, et la nuit était bien entamée. Loïs expliqua qu'il se faisait tard, qu'il avait beaucoup de travail qui s'en venait au petit matin. Jude aussi, avait une longue journée qui l'attendait. Il lui fallait rentrer. La question de Loïs resta en suspend dans l'air quelques secondes, alors que Jude le détaillait, cherchant à savoir s'il voulait seulement qu'il le raccompagne, ou s'il avait d'autres plans en tête. Dans tous les cas, Jude rentrerait chez lui, comme il était venu. Mais il était trop poli, et pas à cinq minutes près. Aussi accepta-t-il.

« - D'accord, mais seulement si je peux fumer sur la route. »

S'enquit-il, demandant les additions en levant la main. Il paya sa part et se leva pour attendre Loïs qui payait en second, debout près de la cage d'escalier. Hors de question de remonter dans l'ascenseur. Le vétérinaire attendit de savoir si l'autre homme venait prendre les marches avec lui ou s'enfermait dans la boite métallique, et descendit. Arrivé dehors, Jude alluma sa cigarette pour en prendre une longue bouffée, fatigué.

« - Je te suis. »

« halloween »

Date de naissance : 23/03/1992

Est-ce qu'il y avait un peu de noirceur derrière ce caractère si doux ? C'était surprenant de l'entendre se défendre comme ça. Ou plutôt s'enfoncer. Loïs n'avait pas non plus dit qu'il était blanc comme neige, mais c'était vrai qu'être rafraîchissant à côté de quelqu'un comme lui était facile. Et gagné d'avance, quelles que soient les parts noires que Jude pouvait abriter. Loïs lui avait plus ou moins dit ça. Sans trop insister. Il s'agissait de ne pas se faire haïr trop vite, non plus. Ca ne l'empêcha pas de partager sa glace avec générosité et d'en finir le reste jusqu'à la dernière goutte. Oui, il allait essuyer le bord avec le doigt et le lécher. Vous le prenez pour quoi. Jude n'était pas répugné, déjà. Il lui avait touché la main.

Un peu plus tard, il payait son dîner comme le jeune homme indépendant qu'il était, et Lois en faisait de même juste après. Il ne comprit pas tout de suite pourquoi le garçon voulait prendre les escaliers -il y avait un certain nombre d'étages- mais il le suivit sans faire d'histoire. Ahlala, tous les bisous qu'ils auraient pu se faire dans cette cage d'escalier ! Il laissa l'autre allumer sa cigarette et cette fois ne lui réclama pas de bouffée de nicotine.

« Tu m'as convaincu. Quel Bad boy, deux en une soirée ! »

Il dit en plaisantant. Il lui indiqua le chemin, guidant leurs pas dans le Londres sorcier qui les mèneraient à un moment ou à un autre à son appartement. Ils marchèrent en silence un moment, l'un simplement ravi de la présence de l'autre sans chercher à le combler. Il aurait pu lui pendre la main, ou l'épaule. Mais non. Loïs se contenta de le bousculer gentiment et de marcher sagement.

« C'est amusant, ce que tu disait un peu plus tôt. Des défauts et des qualités... Tu crois que j'en ai, moi ? »

Honnêtement ? A part le culot, et avoir l'air fabuleux cent pour cent du temps... Ho, il était intelligent, raffiné, talentueux et ...tout sauf modeste. Mais ça ne comprenait pas des qualités vertueuses, pour sur. Les prouesses au lit ne comptaient pas.

Ils avaient finit par arriver, avec tout ça, et Lois s'était tourné dramatiquement vers son... Râteau de la soirée ? Il plongea ses yeux sombres dans les siens, inquisiteurs et attentifs. Non, il n'allait pas lui proposer de monter "pour un dernier verre". C'était vulgaire et insulterait son intelligence. Il ne lui demanderait pas plus que ce qu'il voulait bien donner. Il prit le bout de ses doigts un moment entre ses mains, les tritura, et les lâcha. Il préféra lui faire un bisou sur la joue, pour lui dire au revoir. Un bisou un peu plus proche des lèvres que celui qu'il lui avait fait dans le bar, mais qui respectait les limites !

« Si un jour tu as envie de passer un peu plus de temps en ma compagnie, Jude... Envoie moi un hibou. A Loïs Valentine, il saura me trouver. »

Il dit, dangereusement près de lui. Et puis il s'écarta.

« Bonne fin de soirée, cutie. »

Et sur un clin d'œil, il s'effaça.

La soirée avait finit par filer, intangible, fugace, comme un souvenir qu'on essayait de détailler et qui s'enfuyait bien plus loin dans sa mémoire, bien plus profondément, inatteignable. Le temps avait défilé, seconde après seconde, comme s'il voulait que tout finisse plus vite, qu'on parte se coucher, dormir, et oublier. Mais Jude ne pourrait pas oublier. Sa soirée avait été aussi surprenante qu'agréable, malgré tous les non-dits, malgré les intentions incomprises. Il avait rit, rougit, sourit. Il était passé par tout un panel d'émotions diverses, même flirté avec l'anxiété une fois de plus, qu'il finissait par tromper avec la nicotine. L'éclat de Loïs amusa le vétérinaire qui sourit en posant son regard clair sur lui. La nuit totalement tombée et la lueur faiblarde des réverbères lui donnait un aspect presque fantomatique. Il sembla à Jude que l'autre homme pourrait disparaître en fumée dès qu'il tournerait le dos. Un bad boy, hein? C'était vrai que pour une reprise, il était allé fort sur les cigarettes. Mais il pouvait bien se détendre, après tout, cela faisait longtemps que le paquet attendait dans ses poches. Il rit légèrement.

« - Apparemment ça a du charme, à ce qu'on dit. »

Rit-il, de bon coeur, en tendant la cigarette vers Loïs pour lui proposer, s'il en voulait. Ils se mirent en route dans la même disposition qu'à l'aller, Jude légèrement en retrait pour pouvoir suivre Loïs. Tout avait finit par se calmer, et Loïs se contentait de le bousculer de temps en temps, arrachant des rires étouffés au vétérinaire qui lui rendait ses légères poussées. La question sembla cependant étrangement sérieuse, comme si Loïs n'était pas certain de sa propre valeur. Jude s'arrêta à la lueur d'un lampadaire et le fixa avec surprise.

« - Des qualités? Bien sûr que tu en as. Tu as été très respectueux et patient avec moi ce soir, tu ne trouves pas? Je suis certain que tu en as plein d'autres. »

Sourit-il finalement, le remerciant des yeux de ne pas l'avoir poussé à le repousser trop souvent. Ils reprirent leur marche en direction de l'habitation de Loïs, seule la nuit et le bruit de leurs pas brisant le calme de la ville endormie.

La montagne russe de tout ce qu'il s'était passé arrivait à sa fin, dans une marche silencieuse simplement habillée de leurs souffles. Loïs s'arrêta devant un bâtiment qui devait contenir son appartement, et se retourna avec tous les talents d'un acteur né. Le sourire de Jude, amusé, répondit à son regard qui accrochait le sien. Le vétérinaire le laissa approcher, sa cigarette à moitié terminée dans la main gauche, et ne retira pas sa main droite de celles de Loïs. Il regarda les doigts de l'autre garçon jouer avec les siens sans opposer de résistance. Il ne faisait rien de mal après tout. Lorsqu'il les lâcha et s'approcha, Jude ne recula pas non plus, l'observant de ses grands yeux rendus gris par l'ambiance lumineuse. Il le laissa lui faire un bisou sur la joue, fermant l'oeil le plus proche en esquissant un sourire amusé. Il était tactile. Le vétérinaire passa son bras droit dans le dos de Loïs pour un rapide câlin avant de le relâcher et de reculer d'un pas en souriant.

« - Eh bien, Mr Valentine, attendez-vous à une lettre de ma part dans ce cas. Vous avez promis une visite guidée, je ne l'oublierai pas. »

Répond-t-il, riant faiblement pour ne pas faire trop de bruit. Il y tenait, après tout. Il voulait découvrir et redécouvrir cette ville, et quoi de mieux que le faire en bonne compagnie? Jude regarda Loïs s'écarter, bien moins gêné par la proximité qu'avant, et lui répondit d'un sourire. Le clin d'oeil et le compliment accrocha du rose aux joues du vétérinaire, fort heureusement caché par la faible luminosité.

« - Bonne soirée Loïs. Prends soin de toi. »

Il le regarda disparaître dans son bâtiment et resta devant le temps de terminer sa cigarette. Celle-ci éteinte, Jude lança un regard à la lune, qui glissa sur la façade, puis s'en alla vers le chemin de traverse pour rentrer chez lui avec un sourire.

« halloween »

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Hey, Jude, don't make it bad Take a sad song and make it better [ Jude & Loïs ]

Ombre dansante, enivrante

feat Loïs O. Valentine

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feat Loïs O. Valentine

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feat Loïs O. Valentine