You're pathetic and it's quite enjoyable to watch [ Octave & Loïs - NC16]

Aller récupérer des informations chez un certain monsieur Sylvanet. Une mission pas des plus banales, mais pas non plus en dehors des termes et conditions pour lesquels Loïs avait signé pour arriver à son poste. On n'était pas non plus à un niveau de porte à porte trop élevé qu'il ne pouvait plus avoir de vie, même si on s'approchait du surmenage avec les dossiers qui dépassaient la tour de pise en ce moment. Une pile en particulier était due à cet emmerdeur en particulier. Octave Sylvanet, il n'avait pas eu le temps de l'emmerder bien longtemps, du coup il s'était dit qu'il continuerait même une fois s'être fait virer.

Loïs s'était habillé aussi proprement que d'habitude, avec un point d'élégance en plus. Une élégance qui seyait à son sang, déjà, mais à sa fonction surtout. Qu'on ne s'y méprenne pas, il faisait tous les jours un effort avec sa garde robe mais particulièrement aujourd'hui, pour bien marquer qu'il était là pour le travail. Pour quoi d'autre serait-t-il là ?

Il arriva à la porte de l'autre homme en apparaissant, à l'heure qu'il avait indiquée dans son mémo. Son doigt avait appuyé sur la sonette, et la tête (il en faisait un certain nombre de plus que lui) de l'autre était apparue dans l'encadrement, lui disant d'entrer. Gosh, Octave, le chômage ne te va vraiment pas au teint.

« Merci de me recevoir aussi vite, Octave. »

Oui, Octave. Ca n'était plus son supérieur, pas vrai ? Et ils se connaissaient d'avant, autant briser les formalités pour installer une ambiance un peu moins guindée. C'était toujours bon quand on voulait obtenir quelque chose. Ou faire en sorte que l'autre personne ne vous refuse rien.

« Depuis que tu as quitté le Ministère, tu n'imagines pas les journées que j'ai. »

Est-ce que c'était compatissant ? Ou à l'inverse, insolent de lui rappeler qu'il venait de se faire virer ? Qui sait. C'était tout Loïs ça. Entre les insultes déguisées en compliments, et le reste qu'on ne savait jamais vraiment comment prendre, il n'avait rien perdu malgré ses nuits courtes du mois dernier. Il sorti un petit carnet de parchemins pressés de sa cape veste, sa plume et son pot d'encre non loin, et posa le tout sur un meuble en attendant que son hôte lui offre à boire, ou de s'asseoir.

« C'est... plutôt mignon chez toi. Ca change du manoir mais on reconnaît bien l'austérité des Sylvanet. »

Il dit, amusé. Il s'en était déjà amusé, au travail. Les Valentine n'avaient pas tout à fait la même retenue. Mais ça allait bien à Octave. Loïs avait pris un objet dans les mains, comme il faisait souvent dans les lieux nouveaux, et l'observa avant de le reposer et aller poser ses doigts ailleurs.

Au moins, cette fois, son appartement était rangé lorsqu'il entendit qu'on toquait à la porte. L'entrevue d'Irina lui avait servi de leçon et lui avait donné un petit coup de boost. Il avait fait quelques sorts d'entretien minimal, la vaisselle, la poussière sous les meubles et surtout empiler tous les cartons et divers emballages dans un coin. L'appartement était loin de ressembler à une couverture d'un magasine moldu pour les maisons, comme il l'était habituellement, mais au moins il était relativement présentable. On ne pouvait pas en dire autant du propriétaire de l'appartement. Les choses ne s'étaient pas miraculeusement arrangées entre temps. Il n'avait pas touché à une lame de rasoir depuis quelques jours et ses cheveux habituellement soyeux étaient emmêlés et retenus en queue de cheval. Il avait d'énormes cernes sous les yeux. Il était rentré chez lui en pleine nuit, après une tournée des bars. Entre temps, il avait suivi un homme avec qui il avait sympathisé chez lui. Et puis la soirée avait tourné au carnage. L'autre homme s'était mis à être désagréable, hâtif puis violent une fois arrivé chez lui. Au point qu'il avait préféré transplaner sans même dire au revoir, profitant de l'inattention de l'autre. Ses nuis ne s'arrangeaient pas plus que son état, non.

Le réveil avait été laborieux. Le jour était déjà bien entamé lorsqu'il s'était extirpé de son lit et traîné jusqu'à la douche en espérant se réveiller un peu mieux. Au moins, il s'était rhabillé après la douche. Un progrès par rapport aux jours précédents. Parce qu'il espérait que ça le motiverait à sortir, surtout. Mais c'était loin d'être gagné. Et puis la journée était encore longue. Il pouvait bien s'accorder un peu de temps pour se poser dans son canapé, entamer ce nouveau roman, qui dormait dans sa bibliothèque depuis des mois sans qu'il n'aie pris le temps de l'ouvrir encore.

On en était là, donc, lorsqu'il entendit la sonnette. Il n'attendait personne. Et le visiteur dû insister pour qu'Octave daigne se lever. Et tombe nez à nez avec son ancien collaborateur. Ah. Il ne s'attendait pas du tout à cette tête là.

"Loïs ? Qu'est-ce qui t'amène ? Entre.."

C'est pas comme s'il lui laissait vraiment le choix... Ce qu'il faisait là ? Il avait bien une idée. Le ministère le harcelait de lettres pour qu'il vienne régler certaines affaires ou éclaircir certains cas. Mais il était hors de question qu'il fasse le moindre effort pour eux, après s'être fait jeter de la sorte.
Il n'avait pas spécialement envie de voir la tête de Valentine aujourd'hui. Ni aucun autre jour d'ailleurs. Mais l'animagus avait le don de savoir s'incruster. Octave bailla et referma la porte derrière eux.

"Et tu n'imagines pas les miennes ! Estime-toi heureux de ne pas avoir fait partie de la purge."

Il leva les yeux au ciel. Est-ce que Loïs était vraiment en train de remuer le couteau dans la plaie en lui parlant de ça ? Il venait pour se payer sa tête ou quoi ?
Il le regarda sortir son bordel, se crispant à la vue du matériel tout droit sorti du Ministère. Oh, il savait reconnaître ce qu'il avait vu passer pendant des mois.

"Installe-toi. Si déjà t'es là... Tu veux quelque chose à boire ?"

Lui, il se reprendrait volontiers un café, qu'il mit en route en enchantant la cafetière. Et il prépara la boisson de Loïs dans la foulée. Et préféra ne pas répondre aux remarques de Loïs sur l'aménagement de son appartement autrement que par un petit grognement. Valentine n'était pas venu ici pour voir son appartement, si ?
A son tour, il s'installa sur le canapé, croisant ses jambes sur la table basse. Si Loïs était venu pour lui soutirer les informations, il risquait bien de repartir bredouille. Il était bien déterminé à ne les aider d'aucune manière.

"Comment ça se passe avec Caesar ? Il doit être ravi d'avoir repris la place..."

Et Octave avait l'air bien moins ravi, en le disant. Pas besoin d'être fin analyste pour sentir toute la rancœur qu'il y avait dans ces quelques mots.

Faire comme chez soi en toute circonstance, voilà bien un trait de caractère félin qu'on pouvait attribuer a Loïs sans problème. Si quelqu'un était arrivé sur la scène, a part le fait que seul l'un des deux portait des chaussures vernies et se défaisait de sa veste, rien n'aurait pu dire qui était le maître des lieux. Quoi que. Vu l'entretien de ceux ci, et celui de sa personne, Sylvanet était plus proche du bazar ambiant... Oui, Loïs était un peu maniaque. Il demanda un thé, pour lui, et continua son inspection comme si de rien n'était.

« Ho, caractériel et guindé. Rien qui ne change tellement d'avant. »

Il dit, comme ça. Le fait est que Caesar Sylvanet ressemblait d'avantage a Loïs que son aîné, ce qui était autant une bonne et une mauvaise chose. Son père n'avait pas manqué de lui rappeler que ça aurait pu, aurait dû être lui à cette place. L'animagus lui trouvait que c'était trop tôt et qu'il fallait savoir être dans l'ombre parfois.

« Pour le coup, il est ravi oui. Il ne manque pas de faire savoir ce qu'il fera "différemment" a présent. De la poudre aux yeux si tu veux mon avis mais ça a son petit effet dans les hautes sphères. »

Il trempa ses lèvres dans le thé, s'adossant au canapé. Il jaugea l'autre homme au dessus de sa tasse, en attendant. Et puis il reposa le breuvage et croisa les bras, un sourcil haussé.

« Tu te laisse aller mon cher. Rendre les armes sans te battre, je me souviens de quelqu'un avec plus d'ambition. »

Ou au moins plus d'amour propre, se garda-t-il d'ajouter. Il se souvenait assez bien, le tout avait fini par remonter a force de travailler avec lui mais surtout il avait consulté de vieilles photos de famille. Jeune et encore -presque- innovent Loïs Valentine avait admiré Octave de longues années auparavant. Il faut dire, il avait tout du prince ténébreux a l'époque et on sait (oui, on parle d'un certain Nightingal ici) a quel point Loïs les aimait ronchon et ténébreux.

Rien qui change tellement d'avant. On parlait de son connard de frère, là. Vous prendriez ça comment, vous ? Octave eût un rire amer. Ils ne se ressemblaient pourtant pas tant que ça, de son point de vue. Caesar était un battant, un fourbe surtout. Lui ? Il ne s'était jamais vraiment battu pour ses droits, au final. Ils avaient cessé de se ressembler lorsque son frère avait pris sa place. Il n'avait pas eu la chance de pouvoir riposter. L'enjeu était trop important. Et depuis, il avait l'impression de vivre dans son ombre.

"Oh, j'en doute pas. Il est doué pour faire cet effet là. Ce qui nous différencie peut-être. Ce qui fait qu'il en est là et moi..." Soupir.
Lui, dans son appartement, comme un connard. C'est tout juste s'il ne traînait pas en slip dans son canapé. Il était plus que temps de se ressaisir. Mais c'était difficile.

Et Loïs tapait juste. Il encaissa, silencieux, hochant la tête. Loïs ignorait tout de la pression que Caesar avait sur lui, de toute évidence. Il prit son temps, terminant sa tasse de café, ruminant les propos de l'animagus. Oh, il n'était pas suffisamment aveugle pour nier en bloc. Il se laissait aller et lui-même se faisait de la peine à lui-même lorsqu'il se regardait dans le miroir. Quoi qu'à ce stade, c'était même plutôt de la colère. Aurait-il pu se battre pour sauver sa place ? Il n'avait jamais eu la main sur quoi que ce soit, au Ministère. C'était Caesar qui avait toujours tout géré. Ses changements de département, ses affiliations.. Son cadet avait la main bien plus longue qu'il n'y semblait.
Ses jambes retombèrent au sol. Il reposa sa tasse sur sa soucoupe sur sa soucoupe, pour ne pas abimer la table basse -sur laquelle il avait malgré tout posé ses pieds, oui-.

"Tu es venu pour ça ? Pour venir m'humilier jusqu'à chez moi ?"

Il se releva du canapé pour prendre appui sur la commode qui lui faisait face et dévisager Loïs. Ses mains s'accrochèrent au meuble derrière lui. Il croisa un pied devant l'autre. Son ton était égal, bien plus que ses mots.

"Tu crois que tu t'es battu, pour la place que tu occupes ? Tu dois ton poste à ton père, c'est grâce à lui que tu es là. Le ministère, c'est que ça. Des luttes de pouvoir. Tu es tout autant un pion que moi. Ne me fais pas croire qu'il en est autrement."

Peut-être qu'il s'emportait un petit peu. Mais ça faisait du bien. Il lâcha un long soupir.

"Tu as eu plus de chance que moi, c'est aussi simple que ça. L'ambition n'a aucun pouvoir là dedans. Tout ça, c'est qu'un jeu pour ceux qui tirent les ficelles. C'est vraiment ce que tu veux faire de ta vie ?"

Et maintenant qu'il n'était plus au ministère, il pouvait dire tout haut ce qu'il pensait. Avec sa retenue habituelle quand même, il restait égal à lui-même. Surtout face à un ancien collaborateur tel que Valentine.

Ohlala, que ça n'était pas beau à voir un Sylvanet en pleine déprime dans son milieu naturel. Après, bon, il n'avait peut être pas besoin d'être aussi franc du collier avec lui mais hé, ça n'était pas de cette façon qu'ils s'étaient toujours parlé ? Même si le plus jeune avait fait un effort pour lui témoigner une certaine déférence, de par leur position différente au sein du Ministère. Là... Ils étaient sur un pieds d'égalité.

« Non, tu te doutes bien de ce qui motive ma présence j'en suis sûr. Tu as beaucoup de défauts, Octave, mais la stupidité n'en est pas un. »

Il dit, tournant dans la pièce pour aller poser ses mains curieuses ailleurs sur le mobilier. L'autre homme était amer. Jaloux ? Ou juste tellement plus bas que terre qu'il avait besoin de cracher son venin sur lui pour se sentir mieux, qui sait. Quoi qu'il en soit Loïs le laissa déballer sa bile, sans être touché pour autant. C'était triste, oui, un homme amer comme lui. Mais il ne lui en voulait pas, c'était un coup dur, quand même, de se faire remplacer par son petit frère arriviste -et mignon. Loïs n'arrêtait pas de sourire. Et bien sûr, il ne lui montrerait pas que sa dernière question avait à son tour touché dans le mille.

« Je viens pour certaines précisions sur des dossiers en cours que j'ai repris. »

Il reposa un bibelot, et se tourna face à lui en s'adossant à un meuble.

« Et je ne pense pas qu'on soit des pions sur un échiquier, mon cher. Tu étais peut être une tour, incapable d'aller autrement que dans un sens ou dans l'autre, mais ça n'est pas mon cas. »

Il recoiffa sa crinière, continuant d'observer les lieux, les murs et ses décorations.

« J'ai bossé dur pour être à ce poste et pour y rester, je me suis adapté. Rester droit comme la justice ne sert à rien dans ce milieu, tu étais peut être juste... trop tendre pour être là, Octave. Ou trop juste. »

Notons que s'il est suffisamment doué pour éviter les sujets qui ne lui plaisent pas. Il était possible, voire même plus que probable, que tout ce que le jeune homme souhaitait faire n'était pas rester coincé dans un bureau pour le reste de sa vie. Ou a des cocktails mondains. Ou à accompagner des croulants plus riches que son père. Mais il avait accepté cette voie depuis longtemps, laissant en suspens sa carrière artistique. On n'est pas danseur à moitié. On l'est ou on ne l'est pas. Mais il n'était pas amer face à cette décision. Il savait que les choses prenaient du temps...

« C'est une chose sur laquelle on diffère. »

Il conclut. Loïs avait depuis longtemps perso son intérêt pour sa boisson, et la posa sur la table basse, se rapprochant d'Octave après ces quelques mots, debout à côté du canapé.

« Donc. J'en conclue que tu es content de ce qui s'est passé, finalement ? Ce poste te rendait tellement chèvre, maintenant tu vas avoir du temps pour... Quoi ? Tu peints, à tes heures perdues ? »

Il enjamba les gigantesques jambes d'Octave et alla se poser dans le canapé à côté de lui.

Bien sûr, il avait sa petite idée. Loïs n'était pas du genre à venir juste pour prendre de ses nouvelles, il s'en doutait un peu. Mais il ne lui donnerait rien sur un plateau doré. Et il était hors de question qu'il aide le Ministère d'une quelconque manière. Qu'ils s'en mordent les doigts, qu'ils galèrent, ce n'était pas son problème. Quand on décidait de se débarrasser de quelqu'un du jour au lendemain, on en assumait les conséquences.

"Je te souhaite bien du courage pour ces dossiers."

Octave le surveillait du coin de l’œil, guettant chaque artefact qu'il prenait en main, s'apprêtant un bondir s'il s'emparer d'un objet rare ou fragile. C'est qu'il y tenait, à chacun d'entre eux.

"Tu es jeune. Et plein d'élan. Mais tu n'es pas naïf, de ce que j'ai pu voir. Si tu ne l'as pas encore constaté, tu te feras ton opinion avec les années."

Il s'approcha, lui prit des mains la pierre que Loïs commençait à triturer et la reposa à sa place, sur l'étagère, après avoir ôté la très fine couche de poussière qui s'y était déposée. Celle là, il ne la laisserait pas entre ses mains.
Quant à être trop juste, trop tendre... Octave ne se serait pas défini de cette manière. Mais il marquait un point. Il était trop rigide, surtout. Il n'avait que faire de l'orientation politique du Ministère, que ça tourne en faveur des sang-purs ou non. Mais la corruption à tous les étages le débectait.

"Ce n'est ni une question de mérite, ni d'adaptation. Tu n'es pas aux manettes plus que je ne l'étais."

Valentine Senior, c'était une autre histoire. Et on pouvait comprendre qu'avec un père pareil, le plus jeune se sente pousser des ailes.
Par réflexe, Octave s'écarta, laissant le plus jeune lui passer devant comme s'il n'était pas là. En ce qui concernait le respect et l'espace vital, Valentine avait dû louper quelques cours élémentaires.

"C'est une curieuse façon d'en tirer des conclusions. J'ai donné beaucoup au Ministère, plus que tu ne peux l'imaginer. Rien n'aurait dû se passer comme ça. Et j'estime que j'étais bon, à ce que je faisais." Ses mains se crispèrent sur un vieux cadre photo, qu'il avait attrapé pour le débarrasser de sa poussière. Dessus, une photo de lui et de son frère, lorsqu'ils étaient petits. Il le reposa derrière lui, avec une série d'autres cadres.

"J'ai l'air d'un artiste, vraiment ? Je ne peins pas, non"

Et d'ailleurs, les rares tableaux sur ses murs ne risquaient pas la surpopulation. Il avisa son piano, dans un coin du séjour. Il n'était pas là pour la décoration, même s'il n'y avait à peine touché les dernières semaines. Sa harpe était à côté, sous sa housse.

"Il m'arrive de faire de la musique, comme tu l'auras remarqué. Mais je n'ai pas l'intention d'en faire mon métier. Les loisirs doivent rester des loisirs."

Chaque chose à sa place, tout ça... On retrouvait sa rigueur, sous toute cette démotivation. En réalité, il n'avait même jamais réfléchi à faire de la musique son métier. Il excellait au piano, jouait dans un orchestre mais n'y passait certainement pas assez de temps pour prétendre à un niveau professionnel.

"Je n'ai aucune raison de te donner ce que tu es venu chercher. Tu m'en vois navré mais le ministère doit se débrouiller avec ses ressources internes. Je ne leur dois rien."

Oui, ça avait le mérite d'être direct. Mais il faut dire que Loïs ne mettait pas toutes ses chances de son côté. Venir chez lui, l'humilier et espérer avoir des informations en contrepartie, il fallait avoir du culot. Heureusement, ça, l'animagus n'en manquait jamais.

Rha... Pourquoi fallait-il que celui là soit aussi borné. Et droit. Et chiant. Est-ce qu'il était aussi coincé qu'il était réfractaire, aussi ? Ca lui coûtait quoi de lui donner un coup de main... Tsss. Bien sûr que non, Loïs n'est pas aux commandes. Et il n'a jamais prétendu l'être d'ailleurs ! Mais c'était un pion libre de ses choix et de ses coups, contrairement à lui qui n'avait fait que respecter les règles. Il se jouait des règles, lui. Il les contournait, les pliait, pour que ça l'arrange... et ça lui réussissait plutôt vu où il en était. Raison pour laquelle sa position était bien préférable à celle de tête du département, d'ailleurs. Et raison pour laquelle Octave s'était fait évincer aussi facilement. Mais il ne va pas le lui dire aussi cash, quand même. 

Il roulait ses yeux dans leurs orbites, et voyait bien que l'homme, s'il n'était pas un prodige non plus, avait ses mérites. Cette fausse modestie ne lui allait pas au teint. 

« Bien, fais comme tu veux, mais tu pourrais compatir un peu pour moi quand même. Je me tape ton frère ET tout le travail qu'il n'a pas envie de faire. Un peu de compassion ne ferait pas de mal. »

Il dit, faussement vexé depuis le canapé. En vrai il ferait sans. Mais s'il pouvait lui faciliter la tache plutot... Loïs soupira, laissant sa tête repartir en arrière dramatiquement (oui, comme le gif) avant de retourner ses yeux sur Octave et le scruter.

« Je crois me souvenir que tu étais déjà un assez bon pianiste, plus jeune. Tu te souviens, quand on s'est retrouvés coincés à cette soirée chiante à mourir ? Tu avais joué... quoi, du Debussy ? »

Il sourit en réminiscence. Ce qu'il crushait sur cet ado ténébreux, à l'époque. Et devant lui il n'avait pas eu honte de danser non plus. Pour beaucoup, Loïs devait être un adorable garçon, bien élevé, érudit, avec cette bouille d'ange... Certains disaient qu'il avait bien grandit, d'autres qu'il n'avait pas changé. Que leur répondre... Il était resté le même, avec quelques illusions en moins bien sûr. Le sorcier défit les lacets de ses chaussures vernies et se débarrassa d'elles une par une, avant de s'installer plus confortablement sur le canapé qui n'était pas le sien mais on faisait comme si. Il n'était pas prêt de partir. 

« Et si tu me jouais quelque chose ? En souvenir du bon vieux temps. »

Il lui sourit. C'était fou comme il pouvait avoir l'air particulièrement adorable quand il souriait, ou insupportable à souhait. Là il essayait plutot la premiere versio, pour Octave on ne savait pas ce que ça donnerait mais...

Ce besoin de voir le monde tourner autour de lui, de la part du jeune Valentine, était assez incroyable. Il faudrait qu'il le plaigne, encore ? Il osait venir s’apitoyer sur son sort, chez lui, alors qu'il venait d'être renvoyé ? Oh non, Octave n'avait pas l'intention de compatir et de se laisser amadouer par si peu.

"Oh, je suis certain qu'il y a déjà bien assez de gens qui compatissent pour toi au Ministère..."

Compatissent, hein. Son sourire en coin en disait long. Octave avait déjà fait une remarque sur le comportement de Loïs au Ministère et ses pratiques qu'il n'approuvait pas. Il n'avait pas eu l'occasion de réitérer et avait préféré laisser faire un moment pour voir si des problèmes remonteraient ou non. Et puis il avait eu d'autres choses en tête que les coucheries de l'animagus.

"Du Debussy oui. Rêverie, il me semble. Et Arabesque."

Il se fit songeur. Il avait oublié cette soirée, tiens. Quand sa famille le traînait encore à des réunions interminables et qu'ils se retrouvaient entre gamins, à chercher des occupations. Son père avait insisté pour qu'il joue un morceau au piano. Toujours la même optique, épater la galerie et montrer que les enfants Sylvanet étaient parfaits. C'était l'une des premières fois où il jouait devant un public, hors auditions. Il se rappelait surtout qu'un des adolescents avait subtilisé une bouteille de vin et que c'était l'une des premières fois qu'il s'était senti pompette.

Est-ce que Loïs essayait vraiment de l'avoir avec ça ? Octave lâcha la commode contre laquelle il était encore appuyé, fit le tour du canapé pour s'installer sur l'accoudoir, à l'opposée de là où Loïs était assis. Et en train de prendre ses aises d'une façon peu conventionnelle.

Qu'est ce qui l'empêchait de mettre le plus jeune à la porte, vraiment ? Ah oui, Valentine senior. Il avait beau ne plus dépendre du ministère, Valentine avait le bras long, dans tout le milieu français en particulier. Se le mettre à dos, ça serait aussi s'assurer d'une alliance entre le père et Caesar. Et il s'en passerait bien, même s'il n'avait pas la main sur ça. Il serait donc diplomatique avec Valentine junior. Sans aller jusqu'à l'aider non plus. Il n'était pas le secours sorcier.

Mais il ne s'attendait pas tellement à ce que Valentine lui demande de lui jouer un air. N'avait-il donc vraiment rien de mieux à faire de sa journée ? Du travail, par exemple ?

"Vraiment ?"

C'est que Loïs semblait déterminé, en plus de ça. Déterminé à rester, en tout cas. Il hésita un moment avant de se lever, dans un soupir.
Il ne s'assit pas au piano. A la place, il s'empara de sa baguette magique pour fait voler la housse de sa harpe. Ça serait l'occasion de la dépoussiérer. Il fit venir à lui le tabouret et prit place. Quelques notes jouées en l'air. Puis il entama La Toccata and Fugue en D mineur de Bach. Avec les années, il était resté fidèle à la musique classique. Sa seule fantaisie serait peut-être de les avoir adaptés à la harpe.

Fermant les yeux, il laissa ses mains se promener sur les cordes de la harpe, son corps se secouer au rythme de la musique. S'il semblait éteint dans la conversation, c'est une toute nouvelle énergie qui l'animait lorsqu'il jouait. Il en oublia presque pour qui il jouait. Et allongea son morceau, qu'il interprétait à la perfection sans partition, avec les années. Une bonne dizaine de minutes, tu n'étais pas trop pressé Loïs ?
Ce n'est que sur les dernières notes, lorsque la musique se fit plus calme, qu'il rouvrit les yeux pour regarder en direction de Loïs, qui s'était rapproché entre temps. Il termina, sans un mot, avec la même passion. Et reposa la harpe dans sa position initiale, une fois le morceau terminé. Les fesses toujours posées sur le petit tabouret, il se tourna vers Loïs.

"Et toi, tu danses toujours ? Tu étais bon danseur, déjà petit, si j'ai bonne mémoire."

Il croyait se souvenir de la passion pour le jeune Valentine pour la danse. Il faut bien avouer qu'il ne s'était pas tellement montré curieux des loisirs de Loïs ces derniers mois. Il n'en avait pas eu bien le temps -ni l'intention-. Mais cette évocation du passé attisait sa curiosité.

L'éducation qu'il avait reçu avait pu être rébarbative de nombreuses façon, mais la musique, jamais. Loïs ne savait jouer que d'un instrument, le piano, et déjà c'était a un niveau bien différent de celui d'Octave. Loïs se souvenait, alors qu'il devait avoir tout juste 8 ans, de la première fois qu'il avait entendu l'autre alors adolescent jouer ses sonates devant un sacré nombre d'invités de son pere. Il l'avait un peu envié a l'époque. Et aussi...

Loïs se laissa surprendre quand ce dernier sorti la harpe plutôt que le piano. Elle n'avait pas l'air d'avoir servi depuis longtemps. Mais après quelques réglages, quel délice... Le jeune diplomate était enchanté, depuis son canapé. C'était toujours hypnotisant de voir les doigts d'un musicien s'affairer sur leur inqtrument. Il ferma les yeux a un moment et se laissa emporter un moment, jusqu'à ce qu'Octave ait fini. Et puis il les rouvrit, surprit de sa question. Il sourit.

« Si on te demande, tu diras que tu n'en sais rien. »

Il dit sur un ton mystérieux. Bien sûr qu'il dansait toujours. Même si ces derniers temps il finissait trop tard pour se rendre dans ses lieux habituels, où un charme d'illusion sur son visage appliqué il dansait jusqu'au matin. Maquillé, déguisé, avec des gens qu'il aurait sans doute dédaigné s'il n'avait pas partagé ça avec eux, c'était la beauté de ce décalage. Mais oui, donc, que ce soit sur les planches ou dans les galas, il dansait. Il se leva de son canapé, pour venir tourner autour d'Octave.

« Et si tu lui faisait jouer une valse vienoise, qu'on danse un peu tous les deux. »

Pour joindre les mots a la parole, il s'occupa lui de déblayer de l'espace (le consentement du propriétaire des lieux ? Pffftt !) Et de tout mettre contre les murs.il attendit ensuite qu'Octave s'exécute pour lancer le piano a son tour, et le rejoindre au milieu de la pièce. Quelques gestes maladroits de l'autre homme suffirent pour convaincre Loïs que c'était a lui de mener la danse, et un sourire satisfait plus tard, le voilà qui faisait valser le géant comme si de rien n'était. Une prise sur le bas de ses reins, une le guidant en lui tenant la main... Octave était raide comme un Nimbus 2000. Et pas au bon endroit. Mais rien que Loïs n'ait pas connu dans sa carrière, et qui l'empêche de le faire tournoyer au rythme des cordes qui se pincaient.

« Tu sais, j'avais un crush monumental sur toi quand j'étais gamin. Tout mystérieux et fermé, il faut croire que j'ai un type... »

Il dit sur le ton de la conversation, alors qu'il n'était pas bien loin de son cavalier. Il souriait doucement, tout a fait à son aise avec son cavalier.

« Mais je doute que tu l'aies remarqué... Je n'étais qu'un morveux dans les jupons de sa mère pour toi. »

A qui allait-il pouvoir dire que Loïs dansait toujours ? Et quel était ce drôle de secret que l'animagus semblait vouloir conserver ? A moins que ça ne soit qu'un trait d'humour. Octave rit un peu, pour toute réponse. Si le brun craignait son père ou... son nouveau patron, il se rassurerait de lui-même en le sachant pas plus proche de l'un que de l'autre. Mais plutôt enclin à une démonstration. Chacun son tour, après tout... Ce qu'il n'avait pas vu venir -enfin si, il le vit, un peu tard- c'est l'invitation de Loïs à danser à deux. Lui, il l'imaginait seul, à danser du classique ou il ne savait trop quoi. Il le regarda, un peu de travers. Octave était piètre danseur. Oh, il avait appris, dans sa jeunesse, parce que c'était bien vu, dans le milieu qui l'avait vu grandir. On dansait, aux soirées mondaines. Mais rapidement, il avait trouvé l'esquive de la musique pour ne plus devoir inviter les filles à danser. Autant dire que ses notions étaient rudimentaires. Ce qu'il fallait pour ne pas écraser les pieds de son partenaire et pas beaucoup plus.

"Tous les deux ? C'est pas ce que j'..."

Pas ce qu'il avait en tête, donc. Contrairement à Loïs, qui avait déjà commencé à déplacer les meubles pour leur laisser de l'espace. Pas tout à fait convaincu, Octave se releva de son tabouret dans un soupir -ce qu'il ne fallait pas faire pour se débarrasser de Loïs- Il attrapa sa baguette pour enchanter la harpe, qui ne tarda pas à se faire accompagner du piano. La magie avait beau couler dans ses veines, il n'enchantait que rarement les instruments. Rien ne valait le doigté manuel et l'imperfection qui donnait tout son charme et sa personnalité à la musique, d'après lui.

Il laissa Loïs le rejoindre et mit quelques mesures à trouver le rythme et à retrouver les pas. Si la musique le détendait, là, on ne pouvait pas dire qu'il soit dans son élément. Il se laissa guider par les gestes et les pas de Loïs, suivant en s'appliquant pour ne pas entraver ses mouvements. Et... pas beaucoup plus. Non, la danse, très peu pour lui, vraiment. Même si, il le reconnaîtrait, Loïs était un bon meneur.

Et... surprenant, du reste. Octave manqua un pas, s'emmêla les pieds et dû s'arrêter le temps de retrouver le rythme. Il ne s'attendait clairement pas à ce genre de révélation. Il se souvenait très bien du jeune Loïs. Déjà insupportable à son âge, du genre à vouloir être le centre de l'attention en permanence. Comment oublier cette petite teigne ?

"Sur moi ? Vraiment ? Je ... n'avais pas remarqué, non."

Oui, disons-ça... Et dissipons ce malaise. Qu'est-ce qui prenait à Loïs d'avouer ça d'un coup, vraiment ? Il replaça une main sur l'épaule de l'animagus, l'autre attrapant celle de son partenaire.

"Tu étais bien plus jeune. Et ... je ne sais pas vraiment ce qui aurait pu te plaire. Je n'étais pas le plus avenant du groupe..."

Fermé oui. Renfrogné aussi. Mystérieux ? C'était un peu amusant. Il n'aurait pas décrit l'Octave adolescent comme ça. La valse s'acheva, le piano et la harpe prolongeant les dernières notes. Il avait commencé à prendre le rythme, même s'il restait bien trop raide et tendu pour réussir à vraiment suivre le mouvement. Malgré tout, il se laissait porter par les gestes de Loïs, oubliant presque qu'il dansait dans son salon en plein milieu de la journée.
Il s'arrêta lorsque la harpe eût épuisé le morceau, la main de Loïs toujours entre ses doigts, son autre main posée sur l'épaule du jeune homme.

"Mais ... je ne comprends pas. Dans quel but est-ce que tu me dis ça ?"

Parce qu'il était clair qu'il s'agissait de passé. Lointain. Ils avaient bien changé, l'un comme l'autre, même s'ils restaient fidèles à leurs alters egos du passé.
Est-ce qu'il aurait pu être intéressé par Loïs ? Plus âgé, peut-être. Mais ils s'étaient alors perdus de vue. Et maintenant...

"Certaines choses sont mieux derrière nous, ne crois-tu pas ?"

Maintenant, il le voyait surtout comme un emmerdeur qui n'avait pas l'air bien décidé à partir de son salon. Et en même temps... il y avait un côté amusant. D'ailleurs, c'était bien un sourire, là, sur ses lèvres, alors qu'il regardait ses meubles plaqués contre le mur. Si on lui avait dit qu'un jour il danserait une valse avec Valentine dans son appartement...

Croyez bien qu'il n'avait pas oublié ce pourquoi il était venu chez ce cher Octave. Loin de là. Mais Loïs était le premier à savoir comment lier l'utile à l'agréable, tout en restant professionnel. Est-ce que c'était sa main qui descendait bien bas sur les reins de son cavalier ? Oups. Octave n'était effectivement pas le meilleur des danseurs. Mais rien qu'il ne soit pas possible de faire tourner sur un pas de valse simple quand on avait le talent de danseur de Valentine. Oh, il aimait qu'on le fasse tourner et virevolter avec talent aussi, et aimait se laisser guider par de bons danseurs mais la maladresse d'un autre ne lui déplaisait pas pour autant. Comme on pouvait lire sur son sourire.

« Tu étais le moins arrogant, aussi. »

Il dit simplement. Oui, il avait un physique particulier, et un nez qui en faisait rire certains et certaines à l'époque déjà. Mais si Loïs avait été un brin capricieux à l'époque (non mais, c'était un ange vraiment !) il n'avait pas de la merde dans les yeux non plus. Il préférait de loin le brun silencieux qui avait envie de tout sauf d'être là aux garçons rayonnants avec leurs sourirs de princes charmants. Enfin, il s'en était tapé quelques uns des comme ça quand même. On ne va pas cracher dessus, hein. Mais c'était lassant. Et facile.

« Est-ce qu'il faut forcément un but ? Te voir jouer m'a juste rappelé des souvenirs. »

Il avait dit, en français, puisque les deux étaient natifs de cette langue. C'était amusant, surtout, de réaliser qu'en réalité loin de l'assurance qu'il semblait dégager, en tout cas dans son travail, Octave avait l'air complexé. C'était à se demander s'il avait pu l'approcher plus tôt, comment les choses se seraient déroulées. S'ils ne s'étaient pas juste tapé sur le système au travail, par exemple. La valse s'était calmée, et puis arrêtée, au milieu du salon. C'était un peu la fin d'un moment exaltant, et c'était dommage. Loïs était le genre de personnes qui pouvait tout à fait danser toute la nuit jusqu'au petit matin. Et pas seulement dans les boîtes au nom tordus.

« Peut être. Ou bien peut être qu'on pourrait en faire quelque chose. Par exemple, maintenant que tu sais ça... »

Il ne s'était pas éloigné de l'autre homme, et ça n'était pas par manque de place, tous les meubles étaient effectivement contre les murs du salon. Et son sourire était communicatif. Sauf que celui de Loïs, on commence à le connaître maintenant, respirait autre chose que le simple amusement enfantin. Même si ça s'en approchait. Il se hissa quelques centimètres, et appuya doucement ses lèvres contre les siennes, pour lui expliquer les choses simplement. Un baiser bref avant de revenir en place, les mains s"accrochant à sa ceinture négligemment.

« On pourrait réfléchir à une façon de réparer cette totale méprise dont je suis le seul responsable. »

Il dit avec légèreté. Autant qu'il se sentait guilleret !

« Mais bien sûr, on peut aussi simplement continuer à danser. Mais ça avait presque l'air d'une torture pour toi... »

Et ça le faisait ricaner gentiment. Octave n'avait probablement pas souvent vu Loïs sous cet angle là. Il faut dire, sa position hiérarchique (et le fait que du coup il se montrait généralement coincé et déplaisant avec lui) n'avait pas aidé.

On ne dira pas qu'il n'avait rien vu venir. Parce qu'Octave connaissait Loïs, tant de réputation que d'observation. Il en avait entendu, des vertes et des pas mûres. Et le brun n'avait d'ailleurs pas l'air de vouloir dissimuler ses intentions. Mais ça avait un côté amusant et frais. Ca le sortait de la morose et pesante atmosphère dans laquelle il s'était plongé ces derniers jours. Et ça faisait du bien.

Mais aussi peu discret que Valentine soit, dans sa façon de proposer une danse, de placer ses mains plus proche de ses reins que du haut de son dos, Octave ne s'attendait pas à ce qu'il pousse le vice jusqu'à là. Et resta raide comme un piquet, lorsque Loïs lui vola un court baiser. A peine le temps de fermer les yeux, pas même celui de penser à savourer l'instant. Ni même de savoir s'il voulait le savourer ou s'il préférait repousser le jeune homme. Celui-ci s'écartait déjà. Laissant, au milieu de la surprise et de l'incompréhension, comme une petite frustration de trop peu. Ah ça, il savait y faire, Valentine. Susciter la curiosité puis l'envie, il le reconnaissait bien, là. Il avait lâché ses mains. Et se retrouvait là, à ne pas savoir quoi faire au milieu de son propre salon. Il baissa le regard vers Loïs. Restant de marbre ou presque. Non, il ne s'attendait pas à des avances aussi rentre-dedans.

"Y réfléchir..."

Répéta-t-il, se laissant le temps, justement, de réfléchir. Même s'il avait un peu du mal à penser. Les mains de Loïs posées sur sa ceinture ne poussaient pas à la méditation.

Il hocha la tête. Le temps d'encaisser tout ça, de se faire une opinion sur le sujet. Mais l'air un peu déboussolé et perdu laissa place à un petit sourire, sur ses lèvres. Et un soupir, néanmoins.

"Je pensais avoir été clair à ce sujet avec toi, Loïs. Je me suis toujours opposé à ce que tu uses de tes charmes pour obtenir des faveurs en retour. Ce n'est pas pour te voir le tenter avec moi en retour."

Même si bien entendu, c'était tentant. Il était curieux. Peut-être un peu en manque de compagnie, aussi. Mais il gardait ses principes. Il essayait, en tout cas. Attrapant sa baguette, il enchanta la harpe pour qu'elle entame un nouveau morceau, un peu plus rythmé. Et se saisit des questions de Loïs pour les repositionner à des emplacements plus décents. Avant de se pencher vers lui.

"Maintenant, s'il s'agit d'une véritable méprise... Je ne suis pas contre une nouvelle danse, je te laisse me guider."

Et peut-être un peu plus qu'une valse.

Ça devait être particulièrement agaçant parfois, de voir Loïs sourire alors qu'il est en train de passablement vous agacer. Comme si vous étiez le sujet d'une blague sans fin dont il était responsable. Alors qu'en réalité, surtout à l'instant, ce n'était pas d'Octave qu'il riait, mais avec lui ! Et de la situation un peu aussi. Parce que c'était pittoresque de faire tournoyer un tel énergumène, dans un salon mal entretenu, après avoir collé tous les meubles contre les murs. Alors voilà, Loïs s'amusait comme un petit fou. Et entendre Octave le rappeler à l'ordre c'était une mélodie bien douce à ses oreilles.

« Sur le lieu de travail oui... Mais je ne travaille pas là, si ? Ou bien est-ce qu'on reparle de ces dossiers... »

Mais bien sûr, il préférait danser ! C'est avec engouement qu'il reprit les rennes lorsqu'Octave enchanta à nouveau la harpe pour leur donner un petit fond musical. Même si ses mains étaient curieuses de visiter d'autres endroits que le creux sage du dos de l'autre homme, ou sa main pour l'amener à tourner comme il fallait. En tout cas, il lui montrait les pas à suivre comme un excellent professeur (lui, professeur de danse ? Il ferait des ravages) et ne manquait pas de lui dire quand il trouvait qu'Octave se débrouillait mieux.

Il va sans dire qu'au fur et à mesure de leurs pas, et de l'engouement pour la danse qui habitait Loïs, ses mains avaient naturellement rapproché leurs corps, l'une en s'applatissant au plus bas de son dos, l'autre en le guidant tout près. C'est à peine si la harpe avait réussi à finir sa valse que Loïs avait envoyé valser (haha) son partenaire contre le mur pour le gratifier d'un très langoureux et chaleureux baiser, son corps dressé contre le sien.

« Tu es vraiment, vraiment trop grand Octave. »

Il lui reprocha, parce que ses lèvres étaient d'autant plus difficiles à atteindre. Qu'à cela ne tienne, en un bond il les atteindrait en enroulant ses jambes autour de la taille de son partenaire de danse. Et d'un peu plus. Est-ce qu'il rejetait toutes ses frustrations du mois sur le pauvre homme ? Oui. Nightingal qui ne donnait aucun signe de vie et ce boulot qui le rendait chèvre, il avait des choses à défouler. C'est telle une sangsue qu'il ne laissa pas beaucoup de choix à Octave pour ce début de reste de soirée.

Évidemment, Loïs allait relever. Il n'en attendait pas tellement moins de sa part. Ce n'était pas la première fois que le jeune homme essayait, par des pirouettes, de se défaire de ce qu'Octave lui demandait. L'ancien sous-directeur savait d'ailleurs reconnaître que c'était une qualité, pour son exercice professionnel. Mais aussi un défaut terriblement agaçant lorsqu'il s'y trouvait lui-même confronté. Il n'aurait d'ailleurs pas laissé ça passer, en temps normal. Mais... au fond, il s'en fichait pas mal, à présent. De ce que Loïs faisait au travail, de ce qu'il faisait en dehors...
Non. La seule chose qui pouvait le préoccuper, c'était ce restant d'éthique. Il ne voulait pas que Loïs fasse ça pour la seule raison de lui soutirer des informations. Et en même temps... l'envie était grande de juste tout envoyer valser. Et en parlant de valse... la harpe s'était remise à jouer. On ne pouvait pas dire qu'il soit vraiment plus détendu. Mais il avait cessé de repousser le diplomate. Il accompagnait un peu plus ses mouvements, même si ses gestes restaient un peu raides.

On ne s'improvise pas bon danseur comme ça. Et Octave ne l'était pas, même s'il avait de très vieux rudiments qui ne collaient plus avec son corps actuel. Mais ça n'avait l'air de freiner Loïs en rien. A l'inverse, à en croire ses mains qui se faisaient un peu plus intrusives. Cette fois-ci, Octave ne protesta pas plus qu'il ne tenta de les ôter. Pour autant, il ne s'attendait pas, vraiment pas, à ce que Loïs l'envoie contre un mur à peine les dernières notes terminées.
Non pas qu'il n'aie rien remarqué de la manœuvre, quand même -on m'a dit d'arrêter de jouer des naïfs-. Mais il ne s'attendait pas à ce qu'elle le mène contre le mur dégagé de son salon. Son dos collé contre le mur, il frissonna et partagea ce baiser qui n'avait rien d'une chaste proposition.

"Je peux me baiss..."

Il n'avait pas fini de proposer que, tel un koala, Loïs lui grimpait littéralement dessus. Ça non plus, il ne l'avait pas vu venir, pas de manière aussi peu retenue. Il passa ses mains autour de la taille de Loïs pour le maintenir. Tout en s'immobilisant, dans un soupir. Qu'était-il en train de faire, vraiment ? Ça rimait à quoi ? Etait-il désespéré au point de laisser Loïs lui sauter dessus ? Après l'avoir réprimandé pendant des mois sur ce genre de conduite ? La réponse était oui, sans surprise. Il avait un peu perdu le fil de sa vie, ces derniers temps. Mais... bordel..

Il lâcha Loïs d'une main, pour attraper ce dernier par la nuque et l'embrasser à nouveau. Son cœur battait un peu vite. Parce qu'il savait que c'était une grosse connerie ou juste parce que la proximité du chat noir ne le laissait pas indifférent. Allez savoir. Oui, il aurait honte. Il avait déjà honte, d'ailleurs. Mais il laisserait ça s'accumuler aux autres hontes sur la pile qui grandissait, dans un coin de son cerveau. En attendant... Il mit fin au baiser et reprit Loïs à deux mains, pour faire quelques pas jusqu'à le déposer sur son piano à queue. Le même, lustré, impeccablement entretenu, sur lequel il ne posait jamais rien pour ne pas l'abimer. C'est qu'il perdait vraiment les pédales, pour envisager ça. Et ne même pas s'en préoccuper. Loïs, qu'as-tu fait encore ?

Et aussitôt installé sur le piano, il se pencha au dessus de lui et s'empara de ses lèvres à nouveau, ses mains attrapant celles du diplomate pour les plaquer sur l'instrument -le piano, quoi d'autre ?-
Ça y est, on avait perdu Octave. Ou presque. Il se redressa un peu brusquement, au bout de quelques secondes.

"Valentine... Ça rime à rien.. on devrait pas..."

Vous le sentez, qu'il n'était pas convaincu lui-même ? A croire qu'il comptait sur Loïs pour lui donner raison et tout arrêter, tant qu'il était encore temps. C'est que sa raison avait beau freiner des quatre fers, c'était difficile d'être raisonnable lorsque les jambes de Loïs étaient enroulées autour de lui et qu'il se retrouvait bien près de ce visage d'ange...

En toute honnêteté, Loïs s'attendait a plus de résistance de la part de son ancien supérieur et... Connaissance ? Ami d'enfance ? Quoi qu'il en soit, il le pensait aussi coincé concernant ce genre de choses que pour la danse comme il l'avait précédemment démontré. C'était une bonne surprise, vraiment ! Et il ne manqua pas de lui prouver son appréciation dans un concert de miaulements de voix, surtout lorsqu'il se retrouva sur le piano a queue (lolilol) plaqué lui et ses mains baladeuses, les jambes bien enroulées autour de l'autre. Jusqu'à ce que tout s'arrête brusquement. Ah non non non ! Loïs se redresse a l'aide de ses abdos et de ses talons bien accrochés.

« Bien sur que ça ne rime a rien... »

Dit il, attrapant le visage de l'autre grand nigaud et l'embrassant sensuellement. Maintenant qu'il s'était montré doté de sex appeal, IL n'allait pas le laisser sur la béquille si ?

« ...Mais ça ne veut absolument pas dire qu'on ne devrait pas. »

C'était assez simple et logique, non ? Si ça ne l'était pas assez, il appuya sa conclusion d'un nouveau baiser, glissant le long de son corps pour redescendre. Il lui fallait un appui et c'est les mains sur le postérieur de ce dernier qu'il choisit pour ce faire. Et pour lui transmettre d'avantage ses intentions. Mr Silvanert, il va falloir vite vous décider. Parce que les chemises commencent a sortir de leurs pantalons et à se déboutonner toute seules ou presque là.

Mais aussi bonne figure sur l'ex boss semblait vouloir se donner, sa volonté n'était rien face aux assauts de Loïs. Au final, c'était un peu rassurant. Ça faisait trop personnes maintenant (le blondinet Hyacinthe, Jude et encore et toujours Ash Nightingal) qui lui avaient résisté. C'était a se demander s'il perdait la main ! Enfin, vu qu'ils étaient en train de se diriger -avec maladresse et embûches- vers la chambre gothique d'Octave, il n'avait pas trop de soucis a se faire. La chemise de ce dernier était tombée dans un mi ronronnement mi miaulement appréciatif de Loïs, et puis ils étaient tombés sur le lit. Le jeune sang pur avait retenu la leçon, avec le temps. Il parlerait après. Là, il ne laissait place qu'à des appréciations de plumard, et des encouragements pleins d'envie.

Il s'en fallait d'un rien, à ce stade, pour qu'Octave cesse de vouloir se raisonner. Il savait lui-même, en tentant de renoncer, que c'était pratiquement peine perdue. A moins que Loïs ne capitule... Et bien évidemment, la réponse était non. Le chat noir n'avait pas l'air de douter, lui. Et bien déterminé, au contraire, à obtenir ce qu'il voulait. Octave lui rendit son baiser, avec une certaine raideur encore.

Le lâcher prise, ça n'était pas tout à fait dans ses habitudes. Et ne pas avoir les choses en main -à part les poignets de Loïs, hm..-, ça lui déplaisait. Et c'est peut être ce qui expliquait les dernières réticences. Ça, et savoir que c'était tout sauf une bonne idée. Un inconnu, c'est une chose. Mais Loïs, c'était différent. Ils évoluaient dans le même milieu tous les deux, malgré le licenciement d'Octave. Les conséquences ne seraient pas les mêmes. Le jeune homme, comme s'il s'en rendait compte, s'affairait à lui faire oublier momentanément tout ça. Et on pouvait dire qu'il savait bien s'y prendre. Octave soupira, d'aise autant que de résignation.
Oui, le jeune diplomate avait des arguments pour le faire céder. Sans mots. Son corps à lui seul, enlaçant le sien, représentait déjà un argument contre lequel il était difficile de lutter, l'eut-il voulu.

Dans un dernier éclair de lucidité, ses mains se posèrent sur celles du brun, qui commençaient à se glisser sous son t-shirt. Il les immobilisa, le temps d'une hésitation. Et les relâcha pour attraper Valentine par la nuque et l'embrasser avec envie. L'unique moyen de se débarrasser d’une tentation est d’y céder disait ce fameux écrivain moldu. C'était le moment de vérifier s'il disait vrai...

L'animagus redescendit de son perchoir et Octave commença à les mener vers la chambre. Non sans prendre le temps de plaquer Loïs contre le mur qui séparait les deux pièces, le temps de rechercher ce contact qui faisait monter une agréable chaleur en lui, de l'embrasser à pleine bouche, de croquer un petit bout de lèvre au passage. Il le tira vers lui pour l'emmener jusqu'au pied du lit et fut débarrassé de son t-shirt en un rien de temps. Et il s'apprêtait à allonger Loïs sur ce même lit avant de s'en prendre à la chemise de ce dernier mais quelque chose encore le retenait. Tout n'était pas comme il le voulait. Et par tout, entendons surtout lui-même. Alors il poussa le brun pour l'inciter à s'asseoir sur le lit, se baissa pour s'emparer de ses lèvres, de manière un peu précipitée et partit à l'autre bout de la chambre, vers sa salle de bain.

"J'arrive."

Soudainement, l'urgence d'être plus présentable -bien que partiellement déshabillé- lui avait sauté aux yeux. Ses cheveux emmêlés, sa barbe de quelques jours, rien n'allait plus. Il alluma le robinet de la douche, enchanta sa lame pour raser ses joues de près, le temps que l'eau soit chaude. Et une fois que la vapeur commençait à envahir la pièce, il déboucla sa ceinture, se débarrassa de son pantalon, de ses sous-vêtements et s'avança sous la douche. Il ne se sentirait bien et moins embrumé qu'une fois -paradoxalement- la salle de bain remplie de buée et l'eau chaude ruisselant sur son corps. La savonette glissa entre ses mains alors qu'il se hâtait pour ne pas trop faire attendre Loïs, qu'il avait planté dans son lit de manière inopinée. Il se baissa, la ramassa et la frotta énergiquement entre ses mains et sur son corps puis dans ses cheveux. Loin de profiter de ce moment de répit pour essayer de se raisonner -ce qu'il avait définitivement abandonné-, il se dépêchait au contraire pour rejoindre son invité et pouvoir pleinement se consacrer à lui.

Spoiler:

C'était à se demander pourquoi ils n'étaient pas passés à l'acte plus tôt, vu comment son bas ventre réagissait favorablement aux attentions manuelles et buccales d'Octave. Ca avait l'air de plutôt leur réussir, et ils avaient eu largement le temps, vu qu'ils se croisaient à peu près tous les jours ! Mais peut être que c'était justement la base du problème. La base d'une relation réussie avec Loïs était inversement proportionnelle au nombre de fois qu'on l'avait proche de soi, apparemment. Et de la durée. Et de s'il parlait ou pas. Et en ce moment, sa bouche était largement assez occupée par celle d'Octave pour que ça se passe bien.

Ce dernier avait entamé le deshabillage de son squatteur invité pour qu'ils en soient à un niveau équivalent, et le plus jeune des deux aimait ça. Il aurait aimé ça d'avantage si Octave ne s'était pas arrêté à mi chemin. A quoi il jouait maintenant ? Il avait filé vers la salle de bain et Loïs se demandait si c'était pour chercher de quoi se "couvrir" -auquel cas il aurait tout aussi bien pu s'en charger magiquement- ou autre chose. Et quand il commença à entendre l'eau couler, il supposa que non. Quel drôle de personnage, cet Octave. Est-ce qu'en plus de dark et emo, il avait des obsessions de propreté ?

« Ne commence pas sans moi ! »

Il lança depuis la chambre, se demandant s'il avait envie de le rejoindre ou s'il préférait fouiller dans la pièce où on l'avait abandonné. Il choisi la seconde option. Et ce, en retirant les couches qui le couvraient encore et en les pliant soigneusement sur une chaise. En boxer noir, il laissait comme à son habitude courir ses doigts sur les meubles, bibelots et possessions de l'autre homme. Rien de compromettant, ou autre, mais il en apprenait plus sur les goûts de l'homme et c'était toujours intéressant.

Loïs retourna se lover dans les draps et oreillers et se laissa aller à se faire patienter tout seul comme un grand. Le bruit de l'eau sur le corps d'Octave était une aide précieuse, et pour l'emmerder, il commença sa parade nuptiale en laissant échapper des ronronnements à peine exagérés assez fort pour qu'on l'entende. Certains avec le nom de l'autre intéressé. Certains plus explicites sur les endroits où il laissait ses mains glisser et où il aimerait qu'Octave mette les siennes, entre autres. Quand ce dernier n'en pourrait plus, il découvrirait un ravissant jeune homme cul nu dans son lit, rosit par ses propres efforts et son imagination, prêt à consommer sur place. Elle était pas belle, la vie ? Loïs, tu demandes à Octave de ne pas commencer sans toi, tu en as du toupet n'empeche !

Si l'éventualité que Loïs le rejoindre sous la douche lui avait traversé l'esprit -la preuve, il n'avait pas verrouillé la pièce- Octave n'avait pas pensé une seconde qu'à travers le bruit du jet d'eau, il entendrait des sons pour le moins évocateurs sortir de la chambre.

Et ce, juste après lui avoir demandé de ne pas commencer sans lui ? C'était assez paradoxal. Et.. à en croire la façon dont son propre corps réagissait à l'ensemble, assez excitant. Au point qu'il en devienne difficile de ne pas commencer sous la douche, directement. Mais ça serait dommage de ne pas faire honneur comme il se doit à la présence de Valentine. Oui, ça serait domm... Allez Octave, on décolle les mains de là où elles ne devraient pas être, on reprend le pommeau de douche en main et on sort de là.

Il laissa échapper un râle, cessa de traîner sous cette douche, éteignit le jet d'eau après s'être rincé sur tout le corps. Avec énergie, il frotta ses cheveux dans la serviette pour les sécher. Et se sécha le corps à la hâte, bien moins méticuleusement qu'à son habitude. C'est qu'il ne comptait pas tellement remettre ses vêtements. Il prit tout de même le temps de sécher ses cheveux à l'aide de sa baguette magique. Et noua sa serviette autour de sa taille avant de sortir de la salle de bain, laissant échapper un nuage de vapeur dans la chambre.

De toute évidence, son imagination n'était pas suffisamment foisonnante pour se figurer ce qu'il s'apprêtait à découvrir. Les sons avaient beau ne laisser place à aucune ambiguïté, entendre et regarder étaient deux choses bien distinctes. Et voir Valentine se faire plaisir dans une pose des plus suggestives dans son lit -au delà du fait qu'il n'aurait jamais pensé assister à ça- était plutôt appétissant. Au point qu'il le dévore des yeux. Dans les moindres détails de ce qu'il ne lui avait pas encore été donné de voir jusqu'à présent.

"Je croyais qu'il ne fallait pas commencer ?"

Demanda-t-il, avec tout le sérieux dont il savait faire preuve. Est-ce qu'il lui en tiendrait rigueur ? Évidemment que non. Déjà parce qu'il avait planté Valentine là et qu'il ne pouvait pas lui en vouloir de chercher à s'occuper. Et essentiellement parce qu'il avait bien mieux à faire. Se rincer l’œil, déjà, profiter du spectacle. Et puis surtout ne pas rester que spectateur.

"Tu veux un coup de main ?"

Il lui proposa tout en restant debout, le regardant, un sourire en coin. Bientôt, sa serviette commencerait à se lever d'elle-même, ne masquant plus son appréciation de la scène. Il ne pourrait pas rester de marbre bien longtemps. Et il attendit tout juste la réponse du brun pour laisser tomber sa serviette, s’avancer sur le lit, prenant place au dessus de Valentine. L'attente -et le reste- n'avaient fait que monter la pression. Et il se jeta sur l'animagus comme pour le dévorer, s'emparant de ses lèvres, mordillant sa nuque, ses oreilles, son menton, revenant à sa bouche. Sa main qui ne servait pas à se maintenir au dessus du brun glissa le long de son ventre, sur sa hanche puis l'intérieur de la cuisse. Et chose promise, chose due, il s'attela à lui donner ce coup de main. Et bien d'autres.

Loïs était passé maître dans l'art de se faire plaisir, tout le monde le sait ça n'est pas une surprise. Quand il n'y a pas d'amant suffisamment satisfaisant... Ou que la cour était beaucoup trop de travail pour le résultat, trop éreintant. Heureusement qu'Octave n'avait pas été en suffisamment grande forme pour qu'il dise non après si peu de cour. Quoi que, la danse, ça avait été pas mal, pas vrai ? Ca lui avait plu aussi. Et ça lui plaisait encore plus de se prélasser avec ses propres mains balladeuses dans des draps aussi doux et certainement en satin. Ou en soie. Ou les deux. Une partie de ses soupirs -exagérés- étaient au moins dus aux draps en question ! Enfin un amant qui avait des draps décents, non de non.

Il se tortillait, les cheveux étalés autour de lui, ses mains entamant lentement le travail d'Octave alors qu'il exagérait un petit peu ses octaves pour ce dernier dans la salle de bain. Il lui sourit de façon tout à fait entendue, soupirant, serrant... ce qu'il y avait à serrer sur sa peau entièrement dénudée.

« Voyons... C'était pour ton propre bien. »

Et provocant comme pas deux, il lui donna une belle démonstration de self love sans la moindre trace de honte. Jusqu'à ce qu'Octave -et sa serviette magique- en ait assez pour en venir aux faits. Et il le gratifia d'un "oh Octave" des plus délicieux alors que l'autre homme lui donnait un très bon coup de main. On n'était pas loin du "oh Arthur", mais les intonations étaient vraiment personnalisées rien que pour Mr Sylvanet ici présent. N'était il pas un amant dévoué ?

« Oh Octave ! »

Et en voilà un autre ! Il faut dire, avoir Octave Sylvanet entre les cuisses était une première, et il était étonnement plus doué qu'il ne l'aurait imaginé. C'était une bonne chose que ce dernier ait d'aussi beaux et longs cheveux, juste mouillés ce qu'il faut pour qu'il puisse les attraper pendant qu'il s'affairait à le satisfaire. Il le tiendrait occupé dans le coin jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus et qu'il réclâme que le brun lâche la bête sauvage qu'il avait en lui. Ses mots, pas les miens. Il fallait que quelqu'un le prenne comme une bête sauvage, là, et Octave avait un sérieux potentiel !

Après un bon moment de plaisir partagé dans la culpabilité la plus totale, et un (ou plusieurs ? Qui sait avec ces deux là) orgasmes les laissant transpirants et ravis dans les draps, Loïs se lova confortablement contre le corps glabre de son amant, se comportant comme le parfait gentleman post coït qu'il pouvait être parfois.

« Quand tu te seras remis de tes émotions, j'ai d'autres idées qu'on peut explorer. »

Il suggéra, une main caressant ses muscles saillants. Gosh, c'était un bel emballage, Mr Sylvanet. Pourquoi passer son temps à cacher tout ça avec des couches bien trop larges de vêtement et un caractère déplorable ?

Il n'y avait donc pas que dans l'art d'être agaçant que Valentine pouvait exceller. Il montrait des compétences nouvelles dans celui de se faire encourageant et désirable. Et même lorsque ça semblait un brin exagéré -mais Loïs dans son entièreté ne l'était-il pas déjà ?- ça restait satisfaisant d'entendre son nom prononcé de cette façon là, entre quelques bruits des plus délectables. Appliqué à satisfaire son amant, Octave n'eût pas besoin qu'on lui répète les choses, lorsque ce dernier lui demanda de lâcher la bête sauvage. Il remonta sur le corps de Valentine, le retourna dans une position plus appropriée et le consomma tout entier. De ses gestes comme de ses mots -quelques cris rauques, surtout- il fit à savoir à son tour au plus jeune tout son contentement. Laissant dans sa nuque, sur son dos, quelques traces de son passage.

C'est à se demander pourquoi ils n'avaient pas fait ça plus tôt. Et pourquoi Octave s'était toujours interdit de ne serait-ce que poser le regard sur son collaborateur. Un tel moment de lâcher prise aurait pu rendre le travail plus agréable et l'aurait détendu à n'en pas douter. Mais il avait des principes. Qu'il avait allégrement piétinés en passant sur le corps de Loïs. Le moment qu'il passerait plus tard en tête à tête avec sa conscience serait bien moins agréable. Là, il ne culpabilisait pas encore. La décharge d'endorphine maintenait pour l'instant tout ça à l'écart. Appuyée par la proximité de Loïs, venu se blottir contre lui une fois la tension apaisée.

Il l'accueillit contre lui alors qu'ils revenaient l'un comme l'autre au calme. Et tendit le bras pour se saisir de sa baguette -magique-. Avant de laisser échapper un râle. Elle était restée dans la salle de bain. Allait-il survivre sans les quelques sorts élémentaires de propreté ? Le lâcher-prise auquel le conviait Loïs était-il suffisant ? Il faut croire que oui, pour l'instant du moins. A en croire le soupir de renoncement qu'il laissa échapper pendant que son bras revenait enlacer son amant. Sa tête partit en arrière sur l'oreiller, appréciant les caresses de son invité. Et pesant ses mots.

"Vraiment ?"

Le plus raisonnable aurait été d'en finir là. Ils avaient déjà fait assez de mal, ils avaient eu ce qu'ils voulaient, autant abréger le vice, non ? Et d'un autre côté, consommé pour consommé... Qu'est-ce qui pouvait encore les retenir ? A la force de ses abdominaux -spectaculaire, n'est-ce pas ?-, Octave se redressa. Il en profita pour se saisir du visage de l'animagus et l'embrasser, plus doucement. Et posa une jambe puis l'autre hors du lit. La paresse l'avait momentanément quitté. Suffisamment pour qu'il trouve l'envie de se lever, de laisser -une fois encore, oups- son amant pour aller jusqu'à la salle de bain. Sans prendre toutefois la peine de s'habiller. Il se saisit de sa baguette pour lancer enfin les quelques sorts qui les débarrasseraient de la sueur et de tout le reste. C'était quand même plus agréable sans.

"Je t'apporte quelque chose à boire ?"

Tant qu'à faire.. Il revint avec un verre d'eau pour lui et ramena ce que Loïs souhaitait. Une fois le verre à moitié descendu et déposé sur la table basse, il se glissa à nouveau sur les draps à moitié défaits et reprit Valentine contre lui. Mordillant au passage le brun dans le cou.

"Tu me parlais d'autres idées à explorer ?"

Glissa-t-il à son oreille, alors que ses mains se laissaient aller à parcourir le corps de Loïs à nouveau. Il faut croire que ce dernier avait réussi à réveiller son côté aventurier. Et devant le succès de la première expédition, il était plutôt partant à l'idée de lui faire confiance pour une deuxième. Ce qu'il lui démontra à travers un baiser plus fougueux. Et pour l'encourager un peu plus, ses caresses se firent plus osées.

Se fier aveuglément aux idées de Loïs ? L'idée pouvait faire frémir. Et Octave saurait le freiner si la pente lui semblait trop glissante. Mais en attendant, mû par la curiosité et l'envie, il était prêt à lui laisser carte blanche.