The Greatest Show On Earth [Loïs & Octave]

Depuis qu'il avait repris le poste, les journées étaient longues. Il ne s'en plaignait pas. Même s'il y avait énormément d'administratif à gérer pour la réouverture du théâtre du Déluminateur, fermé depuis des années, ça en valait la chandelle. L'inauguration n'était que le haut de l'iceberg. L'organisation de cet évènement leur avait demandé des semaines de travail. Mais c'est surtout les autorisations -obtenues juste la veille-, la programmation du début d'année, les financements, la presse et la communication qui l'occupaient. Heureusement, il n'était pas seul à gérer ça. Le propriétaire du théâtre donnait un coup de main, même s'il avait depuis longtemps pris sa retraite. Et puis il y avait une petite équipe avec lui. Il n'aurait jamais pu accomplir ça tout seul. Mais en tant que nouveau directeur, il était chargé de tout coordonner et d'avoir un regard sur toutes les décisions. Et il s'était lui-même chargé de la programmation, ils n'avaient pas encore de personne dédiée à ça. Avant que Noël arrive, il avait envoyé toutes les invitations. La date était figée depuis longtemps. Mais le voir couché sur du papier, expédié par une horde de hiboux, sonnait un point de non-retour. A présent, il restait à tout boucler dans les temps.

L'ouverture approchait. Et depuis le début de la nouvelle année, c'était l'effervescence. Il avait fallu trouver un nouveau traiteur en urgence, l'ancien s'étant désisté. Il avait fallu négocier avec les troupes de comédiens et travailler avec eux les courtes pièces spécialement mises en scène pour l'occasion. Gérer l'approvisionnement des boissons. La sécurité, renforcée pour l'occasion. L'installation des nouveaux fauteuils, les anciens ayant fait leur temps. Se coordonner avec l'orchestre. Préparer son discours d'ouverture. Et tout un tas de petites choses qui le voyaient courir à droite à gauche. Sans avoir le temps de souffler ni de paniquer à l'idée que tout ne se passe pas comme prévu. Mais il n'y avait pas de raisons...

Il n'avait pas eu une minute pour se poser. Le jour J, il restait encore un million de choses à gérer. Et tout juste avait-il eu le temps de faire un tour dans les loges, de se doucher, de revêtir un nouveau costume acheté pour l'occasion avant que le théâtre n'ouvre ses portes. La soirée d'ouverture commença par le Bolero de Ravel, interprété par l'orchestre. Il les regarda des coulisses, avant que ne vienne le tour des discours. Pour lui, le moment le plus redouté. Le propriétaire du théâtre entama la tournée de discours, avant que son tour ne vienne. Il souffla un grand coup et monta sur la scène. Protocole obligeant, il commença par saluer tous les officiels, notamment les membres du ministère qu'il avait invités -certains avec plaisir, d'autres contre son gré-. Il remercia le propriétaire de sa confiance, ainsi que le reste de son équipe. Et tous les invités d'être venus ici ce soir. Il avait beau avoir répété ce discours plus d'une fois, sur cette même scène, sa voix était un peu tremblante, chargée d'émotions et d'un certain trac. Mais elle se stabilisa petit à petit, alors qu'il évoquait sa fierté de voir ce théâtre rouvrir et l'importance, en ces temps difficiles, de continuer à faire connaître et grandir la culture sorcière. Heureusement, les lumières étaient braqués sur lui et la salle plongée dans l'obscurité. Ça lui évitait d'être trop intimidé par toutes ces paires d'yeux braquées sur lui. Il enchaîna en présentant le programme pour la nouvelle saison ainsi que le spectacle de ce soir. Et termina, après quelques interminables minutes pour lui, par remercier à nouveau tous les invités de leur présence et leur souhaiter une bonne soirée. Et puis la parole passa à des officiels du Ministère.

Ils enchaînèrent sur une courte pièce de théâtre, d'une trentaine de minutes. Avant d'inviter tout le monde à passer à côté, dans la grande salle qui faisait office de réception. Pendant le spectacle, le traiteur avait installé de grands buffets où toutes sortes de petits fours magiques étaient à disposition, ainsi que des coupes de champagne.

A peine sorti de la salle, ce fut l'heure de serrer des mains. Il reconnut quelques visages familiers avec lesquels il put échanger un peu plus longuement. Et se promena dans la salle, entre les invités. Hermance n'était pas venue. Il avait espéré, en lui envoyant l'invitation. Pour revoir son fils, surtout. Caesar non plus n'était pas venu. Il s'était senti obligé de lui adresser une invitation également mais se trouvait plutôt soulagé de ne pas y voir son frère. Heureusement, il n'avait pas beaucoup de temps pour y penser. Le buffet aidant, il finit par retrouver un peu d'air autour de lui. Et s'appuya contre une colonne de marbre pour souffler un peu. Pour l'instant, tout se passait bien. Il hésita, lorsqu'un serveur passa avec des coupes de champagne mais préféra se prendre un jus de poire. L'estomac était de toute façon trop noué pour avaler quoi que ce soit. Mais ce n'était pas sans fierté qu'il regardait tout autour de lui. Et avisa Valentine, lorsque ce dernier passa devant lui. Alors il était venu. Il ne l'avait pas encore vu, ce soir. Il lui sourit et s'avança vers lui pour lui serrer la main.

"Valentine. Ça me fait plaisir que tu sois venu. Tu passes une bonne soirée ?"

Il était presque étonné de le voir seul, après l'annonce qu'il avait vue dans le journal quelques jours plus tôt. Mais le moment était sûrement mal choisi pour l'évoquer.

Les journées passaient sans qu'il n'ait le temps de les voir, depuis ce fameux réveillon du nouvel an. Le retour au travail, loin d'être la panacée, avait au moins l'intérêt de le garder sévèrement occupé, son esprit trop concentré sur la nouvelle organisation au Ministère dans les bureaux du département des Aurors. Et les joies qui s'en suivaient. Gosh, que c'était con, un Auror quand meme. Et prévisible. Loïs était un trésor de patience quand il le fallait, et quand il y avait un but surtout. Et il savait que tout ça n'était qu'une mascarade de son père, donc il y avait de quoi patienter. Mais ça ne rendait pas le quotidien facile. Il avait régulièrement à faire face à des injures déguisées et autres joyeusetés... Aussi stricte soit Arthur -et sur ce point, il le remerciait- on n'annule pas de si vieilles rivalités comme ça.

Aussi, lorsqu'il ne passait pas son temps entre les interviews avec sa nouvelle fiancée, son travail, et son lit... Il n'y avait rien d'autre. Si ce n'était cette escapade, au clair de lune au bord de la mer qui semblait tout droit sortie de la vie d'un autre. Un chapître que Loïs s'obligeait à fermer une fois rentré. C'était idiot, de continuer son petit manège. Et en même temps c'était une des rares libertés qu'il s'accordait.

Une autre de ces libertés, il se l'était offerte grâce à une invitation. Avec une belle écriture, chose de plus en plus rare de nos jours se disait Loïs, sur un papier de qualité. Oh, un autre Sylvanet. Oui parce que bon, maintenant la surprise est passée, mais ça va faire beaucoup de Sylvanets dans sa vie. Mais celui là, qui l'invite à l'inauguration de son théâtre, lui déplait moins que celle qu'on lui a coltiné. Aussi c'est bien vite qu'il avait répondu par l'affirmative à son invitation, ne donnant pas beaucoup de choix à sa fiancée. Et après tout, ça se fait de soutenir son cousin, pas vrai ? L'inverse aurait été drôlement malvenu.

Le jour J, Loïs avait pavané comme à son habitude, croisant un bon nombre de têtes connues et présentant sa future épouse comme il se devait. Velma faisait ce qu'il fallait, elle aussi, mais elle était loin de faire beaucoup plus. Apparence de couple parfait, oui. Couple heureux par contre... Une fois le protocole achevé, il n'eut d'yeux que pour Octave. Il n'avait jamais vu ce dernier avoir le trac, ou peut être qu'il le cachait mieux, à l'époque, quand sa famille le forçait à jouer un récital devant une toute aussi grande audience. Ou peut être que, cette fois, ce projet lui tenait réellement à coeur. Loïs pouvait comprendre, c'était un beau projet. Il applaudit comme les autres, et attendit que ce soit son tour. Mais apparemment c'était trop pour sa future bien aimée, qui décida de partir avant même les présentations. Qu'à cela ne tienne, lui il resterait bien pour bavasser -et manger les petits fours de qualité.

« Octave... Je n'aurais manqué ça pour rien au monde. »

Il dit, avec un beau sourire comme à son habitude. Le grand brun l'avait pris en pleine rêverie, à contempler le lieu et les détails.

« Tu fais du travail remarquable... Je suis obligé de l'admettre. »

Il ajouta, avec un air un peu plus malin. Il aimait le taquiner, mais il fallait rendre à Caesar... Oups. Bon, on va éviter. Est-ce qu'ils resteraient pour les petites pièces ? Loïs était curieux, et c'était tout à fait dans ses gouts, même s'il commençait à préférer le contemporain aux vieilleries surjouées. Mais il y avait aussi la possibilité de s’éclipser avec le maître des lieux et c'est ainsi qu'il le lui sussura.

Malgré le stress et la pression énorme qu'il y avait sur ses épaules, c'était vraiment un grand plaisir de voir les sourires des uns et des autres et de voir cette cérémonie sur laquelle il avait tant travaille prendre vie. Il acceptait les félicitations avec joie, même s'il estimait qu'elles allaient avant tout à toute l'équipe qui avait travaillé avec lui. Seul, il n'aurait jamais pu monter un évènement pareil.

Il avait brièvement croisé et échangé quelques mots avec des amis et connaissances, Noah, Alistair, Irina et tant d'autres. La plupart avaient l'air contents de leur soirée et ça le rassurait.

Il était content de voir Loïs également. Et un peu surpris de ne pas voir Valma à ses côtés. On lui avait appris que les deux jeunes fiancés se montraient ensemble depuis l'annonce. Il la chercha du regard un instant dans la salle. Il n'était pas certain d'être prêt à la revoir après toutes ces années. Encore moins dans ce contexte. N'était-elle pas là ? Ça faisait beaucoup de Sylvanet absents ce soir quand même...  

"Merci. Ça me fait plaisir. Un meilleur travail qu'au Ministère, c'est ce que tu sous entends ?"

Plaisanta-t-il à son tour. Les deux étaient bien différents, même s'ils se recoupaient sur plusieurs aspects. Il avait travaillé dur au Ministère. Mais il était évident qu'il était plus impliqué ici, ne serait-ce que parce que tout dépendait de lui.

Il allait lui proposer d'aller se chercher quelque chose à grignoter mais s'interrompit pour regarder Loïs avec des yeux ronds, surpris de sa proposition.
Oh. Il ne s'attendait pas qu'il soit si direct. Surtout pas ici. Et encore moins avec la récente annonce qui avait été faite.

"Maintenant ? Vraiment ? ... C'est que... je ne peux pas tellement... Mais Il y a un super numéro de danse qui s'en vient, je suis certain que tu vas apprécier !"

Non, il n'excellait pas dans l'art de noyer le poisson. Mais il essayait. Il faut dire que Loïs venait de le prendre par surprise, là. Un peu de tenue, tout de même !

"Je ne peux pas vraiment m'éclipser, là.. Tu veux m'accompagner voir la suite ?"

On remarquera qu'il n'avait rien refusé. Ça aurait été du gâchis. Il ne demandait pas mieux que de passer son trac et toute sa tension... D'une agréable manière. Mais plus tard.

"La soirée devrait finir dans deux heures... Me feras-tu l'honneur de tenir jusqu'à là ? Et si nous allions chercher de quoi se sustenter en attendant ? "

Il lui sourit, lui faisant un discret clin d’œil. Il n'irait pas jusqu'à prendre le bras de Loïs et lui demander de l'accompagner de cette manière. Beaucoup trop de regards étaient tournés sur lui ce soir et il était certain qu'on ne louperait pas ses faits et gestes. Certaines pestes - bisous Talulah- n'attendaient même que ça. Et il en allait de même pour Loïs. Mais puisque leurs deux familles allaient être réunies, il était légitime qu'il passe du temps en compagnie de son... cousin par alliance ? Gosh, il détestait déjà cette idée.

Loïs savait se tenir en société. Après tout, c'était sa spécialité, entre son métier, sa naissance, et son quotidien. Et il devait l'admettre, Octave avait vraiment ramené du beau monde et fait du bon travail. Mieux qu'au Ministère ? Sans doute. Mais surtout parce qu'il avait l'air d'être constamment assis sur un Scrout à Pétard à l'époque. Encore un peu maintenant. Mais ça lui plaisait, de voir qu'il le perturbait au moins un peu. C'était un bien joli jeu. Il rit et bien sûr, sans trop l'enquiquiner d'avantage, il le suivit et après avoir effectivement pris de quoi se sustenter, il se dirigea vers le balcon qu'il lui avait très certainement réservé, non sans s'arrêter en voyant Irina pour lui proposer de partager avec elle. Ils avaient des choses à se raconter. Il avait eu son arrivée en couple immortalisée par un reporter photographe avant que sa fiancée ne reparte, il pouvait bien faire ce qu'il voulait maintenant.

Octave ne lui avait pas menti, c'était effectivement un beau spectacle qu'il leur avait préparé là. L'orchestre symphonique, accompagné d'un couple de danseurs qui donnaient sa propre interprétation de casse noisette dans un style bien moderne, et les différents tableaux qui suivirent, tout ça ravirent ses yeux et ses oreilles. Ça devait se lire sur son visage, pourtant difficile à deviner habituellement. Une joie presque enfantine parfois l'eclairait. Et plus encore lorsqu'Octave lui proposa en fin de représentation de l'accompagner pour aller féliciter et remercier les danseurs musiciens et comédiens. Est-ce qu'il savait que c'était son milieu favori ? La scène, les coulisses, l'endroit où la véritable magie opérait ? Ca devait se voir, en tout cas, qu'il était ravi. Il savait aussi comment les complimenter et leur parler.

***

« Je dirais plutôt que c'est un franc succès. »

Il dit, en levant un verre pour le faire tinter contre celui d'Octave, bien plus tard dans la soirée. Il aurait aimé critiquer, mais à part dans le choix de la décoration un peu trop vieillotte et dans le choix de certains comédiens, il devait avouer qu'Octave avait su se montrer à la hauteur de la tâche, ce soir. Il s'adossa à la scene, et en caressa le bois. Il ne s'était pas produit sur des planches comme ça depuis très jeune, pour sa part. Il avait été autorisé à faire du balet jusqu'à ses quoi... dix ou douze ans ? Avant qu'on ne lui retire ce mode d'expression si cher à son coeur. Ne parlons pas du théâtre. C'était pour les saltimbanques et les sangs moins nobles que le sien. Heureusement, Loïs avait trouvé le moyen de continuer en cachette. Etre un excellent sorcier aidait grandement quand il s'agissait de déguisement.

« Quel dommage qu'ils aient rangé le piano, tu aurais pu nous rejouer quelque chose. Pourquoi ne pas être monté sur scène, ce soir ? »

Il connaissait la réponse à cette question, connaissant Octave. Mais c'était bien dommage, quand même. L'autre homme avait un réel talent pour la musique. Lois se hissa sur la scène et observa la salle, avec de la gourmandise dans les yeux. pour l'endroit, d'abord. Et ensuite pour son hôte. Quoi, il avait été patient ! Mais il pouvait l'être encore un peu.

Malgré ses craintes -et elles étaient nombreuses, il n'en avait pas dormi depuis quelques nuits - la soirée s'était merveilleusement bien déroulée. Bien sûr, il y avait eu quelques cafouillages. Une partie resteraient, il l'espérait, inconnus du public. Il ne s'agissait que de contretemps, de changements de menus en dernière minute, d'incompréhensions avec le traiteur. Il avait remarqué quelques petites erreurs dans les spectacles, un ou deux contretemps avec l'orchestre mais rien qui ne puisse sauter aux yeux de quelqu'un qui n'avait pas, comme lui, assisté à de nombreuses répétitions. Dans l'ensemble, c'était une réussite et il n'aurait pu en être plus fier. Après tout ce travail, la récompense était à la hauteur. A tel point qu'il se demande déjà ? lorsque le dernier spectacle, un court ballet, toucha à sa fin. Il attendit que la salle se vide un peu avant de proposer à Valentine d'aller lui présenter les artistes. Il savait que le diplomate avait du goût pour ce monde-là, même s'il s'en tenait éloigné. Ils passèrent brièvement, il salua et remercia les musiciens, les danseurs, les comédiens, le maquilleur, l'éclairagiste, en profita pour présenter Loïs comme un ancien collaborateur et amateur de spectacle. Ils discutèrent brièvement avec eux avant qu'ils ne s'éclipsent pour les laisser finir de se changer et rentrer chez eux. La soirée avait été longue et éprouvante pour eux aussi, c'était bien mérité.

La salle s'était vidée. Une partie du ménage et du rangement avaient été faits, il reviendrait le lendemain avec du renfort finir le reste. A présent... il avait bien mérité de se poser un peu et constata, en s'asseyant sur le bord de la scène, qu'il avait passé beaucoup de temps à courir ce soir. Il avait proposé à Loïs de se partager l'une des nombreuses bouteilles de champagne qu'il restait de la soirée. Il leur avait servi deux verres. Maintenant qu'il n'était plus en charge de quoi que ce soit, il pouvait bien se le permettre.

"Merci, ça me fait vraiment plaisir. Que tu sois venu et que tu aies apprécié."

Il hésita à évoquer Valma, dont il s'étonnait de l'absence. Non pas qu'il y tienne particulièrement ou qu'il s'étonne de l'absence de soutien de la part de la famille Sylvanet. Mais il se doutait que le mariage n'était pas à l'origine de Valentine Junior. Comment ce dernier le vivait-il ? Oui, il s'en souciait un peu. Mais avait-il vraiment envie d'évoquer le sujet avec lui maintenant ? Il termina son verre, un peu rapidement peut-être. Il n'avait pas avalé grand chose ce soir, son estomac était encore noué.

"Je l'avais envisagé au départ. Mais le but de la soirée, c'était de donner un avant goût de ce qu'on a prévu pour cette nouvelle saison. Pas de donner le directeur en spectacle ! Et puis je crois qu'on m'a déjà assez vu sur scène ce soir... Ça ne se voyait pas trop, mon trac ?"

Il aurait peut-être préféré simplement jouer du piano, comme il le faisait comme il était plus jeune aux fêtes organisées par son père, encore ravi à l'époque de le présenter comme son digne héritier. Nul doute qu'il aurait été plus à l'aise à laisser ses mains s'exprimer plutôt que sa voix.

"Ça peut s'arranger, pour le piano... Tu veux ?"

Il se retourna, regardant l'animagus grimper la scène avec habileté. Il persistait à penser que Valentine perdait son temps derrière un bureau et qu'il serait bien plus en valeur dans un lieu comme celui-ci. Il n'y avait qu'à voir ses yeux briller en se tenant face aux rangées de fauteuils. Et d'un geste de baguette, il lança quelques lumos pour jeter des boules de lumières au dessus de la scène. Avant de faire revenir l'immense piano à queue sur le devant. Merci la magie et les roulettes. Pivotant ses jambes, il s'appuya contre les planches pour monter sur la scène à son tour.

"La scène est à toi. Sur quoi as-tu envie de danser ?"

Un pas vers Valentine et il le frôla, le prit par la main pour le faire tourner. Peut-être le dévorait-il un peu des yeux, lui aussi. Il lui sourit avant de le relâcher.

"Plus grandiose que mon appartement, n'est-ce pas ?"

Octave prit place sur le petit tabouret qu'il avait fait venir jusqu'à la scène comme le piano et entama une version de la valse de Casse-Noisette, moins grandiose qu'avec tout l'orchestre mais pas moins entraînante. Selon les suggestions de Valentine, il s'adapterait et changerait de répertoire pour le faire danser.

Quelque part, il était reconnaissant à Valentine d'être resté ce soir. Et content de finir la soirée en sa compagnie, quoi qu'il advienne ou n'advienne pas.
Il savait que les rumeurs allaient de bon train. Ils n'étaient pas nombreux, les hommes sang-pur de son âge, à ne pas être mariés -plus souvent de force que de gré-. Les on-dit lui passaient au dessus. Il avait appris à faire avec. Et il ne regrettait pas de ne pas subir la compagnie d'une personne qu'il n'avait pas choisie -beaucoup trop de négations dans cette phrase, je m'y perds- Mais il faut croire que la solitude lui pesait malgré tout. Il n'aurait pas aimé finir cette soirée seul. Alors oui, il était ravi de voir Loïs à ses côtés. Le diplomate avait un côté rafraîchissant et divertissant -et séduisant, faut-il vraiment le mentionner ?-. Même si leur relation n'était que superficielle, sa présence n'en était pas moins agréable. Et ses pas de danse, il comptait bien ne pas en perdre une miette.

Quoi qu'on en dise Loïs c'était pas si impatient que ça finalement. Et en même temps il avait de quoi s'occuper, vu le lieu dans lequel il se trouvait. C'était vraiment un beau théâtre sur lequel Octave avait mis la main. Et oui, Loïs avait reconnaître quand l'autre avait bon goût. Et en même temps, c'était un héritier de la maison Sylvanet. Et s'il y avait quelque chose qu'on pouvait leur concéder, c'était le goût du grandiose. Mais c'était finalement cette petite aparté a la fin qui lui avait le plus plu, même si Octave n'en savait sans doute rien.

Loïs reste à un moment comme ça, à tourner sur lui-même, à parcourir la scène de long en large comme si elle lui appartenait. C'était amusant, la timidité d'Octave. Alors qu'il avait un réel talent (et qu'il était tout sauf laid a regarder). Était il aussi naïf que ça ? Lois n'était certainement pas le seul a le trouver a son goût pendant la soirée. Et la, alors qu'il grimpait sur la scène pour ramener le piano ? Miam. Il virevoleta sous les gestes du -soit disant pas doué en danse- maître des lieux, et jeta ses chaussures pour être plus a l'aise pieds nus sur scène.

« Ce que tu veux... Improvise, pour une fois ! Les participations c'est pour les sorciers médiocres. »

Il répondit en tombant la cape et la veste sur le piano et en s'étirant de haut en bas. Et puis des que les notes commencèrent, il mit son corps en mouvement. De la même façon que sur les planches de petits bars moins bien famés mais toujours de qualité, les cabarets, il se mit a danser. Il sentait le regard de l'autre sur lui et comme a son habitude, ça le grisait. Lois Valentine aimait que tous les yeux soient sur lui. Ça n'était pas pour rien que le paon blanc était son patronus, hein. Une pirouette, des mouvements plus hachés b, il parcourait la piste en de grandes enjambées entre danse contemporaine et danse de la nuit, n'oubliant pas de regarder l'autre parfois, souriant, complice. 

Il était en nage et il n'en avait rien a faire. Ses cheveux collaient sous l'effet de la chaleur, bientôt, et ses muscles non échauffés se rappelaient a lui, mais il s'en fichait. Il laissait aller la dedans toute la frustration de la vie qu'il devait mener a présent. Les sourires guindés, les concessions, tout... 

Et quand ils auraient tous les deux décidé qu'ils en auraient assez d'attendre -pour peu qu'Octave n'ait pas de scrupule a ce qu'on trompe sa cousine avec lui, aussi- les habitudes que Loïs avaient tout juste prises seraient jetées par la fenêtre et il se retrouverait collé contre le pianiste, a l'embrasser fiévreusement à pleine bouche sans plus de cérémonie que ça. Attention. Pas le piano on a dit.

Ce n'était pas n'importe quel piano, sur lequel ses doigts prenaient leurs marques. Il devait dater d'avant sa naissance, celui-là. C'était l'un des rares trésors du théâtre qu'ils avaient décidé de garder. Ils l'avaient fait remettre en état et rénover et ça en valait le coup. Le son était magnifique. Et les notes remplissaient la salle, malgré le couvercle encore fermé de l'instrument. Pour un mélomane comme Octave, c'était un vrai plaisir de jouer sur un piano pareil. Une faveur qu'il s'était déjà accordée plus d'une fois, après de longues journées de travail au théâtre. Mais il n'avait pas encore eu de public pour l'écouter. Et encore moins de danseur pour l'accompagner.

Octave connaissait déjà les talents de Valentine pour la danse. Il l'avait entendu en parler mais surtout, il l'avait vu et éprouvé. Mais entre la valse qu'ils avaient partagée dans son appartement, où il tentait maladroitement de suivre les pas de Loïs et celle de ce soir, il y avait un monde. Pendant qu'il relâchait une partie de sa tension sur le clavier du piano, il observait l'animagus virevolter sur la scène. Malgré l'improvisation et le manque d'échauffement, la grâce et la légèreté qui l'animaient étaient captivantes. Il ne se trompait pas, Valentine était un danseur de talent. Certes, plus brut et moins travaillé que celui des artistes qui s'étaient produits sur scène ce soir. Pas moins envoûtant à regarder pour autant. Il fit en sorte de s'accorder à ses pas, accélérant le rythme devant les pirouettes aériennes de Loïs. Lui rendant ses sourires lorsqu'il croisait son regard. Oui, il remarquait bien que le jeune homme se délectait d'être regardé. Et c'était un plaisir partagé, pourquoi donc s'en priver ?

Il termina, laissant ses doigts courir sur les touches à nouveau, entre inspiration de la valse qui se terminait et improvisation sur les derniers thèmes. La salle était plongée dans l'obscurité, à l'exception des lumos qu'il avait lancés un peu plus tôt et qui jetaient dans les pas de Loïs de longues ombres allongées. Celui-ci n'était plus tellement tiré à quatre épingles, lorsqu'il revint vers Octave. Il termina ses dernières notes et referma le couvercle, se tournant vers Loïs pour lui demander ce qu'... Ah. Non. Il ne lui demanda pas grand chose, finalement. Il ne s'attendait pas à ce que l'animagus se montre aussi entreprenant, après autant de retenue. Et se trouva un peu surpris par toute cette fougue mais tout aussi ravi. Les dernières lumières faiblirent puis s'éteignirent, les laissant dans une quasi obscurité que seules venaient rompre les petites lanternes situées à l'autre bout de la salle, marquant les issues de secours derrière les rangées de fauteuils.

S'écartant un peu pour laisser Loïs reprendre son souffle, il en profita pour jeter un coup d’œil dans la salle autour d'eux, histoire de s'assurer qu'ils étaient bien seuls. Et se tourna à nouveau vers Loïs, avança vers lui jusqu'à l'acculer contre le piano. De sa main, il écarta les mèches mouillées du visage de Loïs et l'embrassa à son tour, avec pas moins de désir. Ce n'était pas l'envie qui manquait de le déshabiller sur place et de lui grimper dessus, sans plus attendre. Mais il était civilisé, tout de même. Pas au point de se retenir de glisser la main sous la chemise du brun, tout de même. Bizarrement, ça ne le gênait pas tellement, là, qu'il soit couvert de sueur. Après le show privé qu'il venait de lui donner, ça avait même quelque chose de grisant.

"Dans les loges ?"

Proposa-t-il simplement, quand il eût fini de l'embrasser, avant qu'ils n'en viennent à grimper sur le piano. Il valait cher celui-là, on allait éviter. Et puis les planches ne devaient pas être du plus grand confort. Même si, fébrile et tendu comme il l'était, il aurait pu l'envisager, Loïs lui donnant une certaine envie d'immédiateté. Mais il le lâcha le temps de lancer un Collaporta sur toutes les entrées du théâtre et de fermer le rideau sur la scène. Et le reprit par le bras pour l'emmener derrière les planches, dans les coulisses où ils avaient brièvement fait un tour un peu plus tôt.

Loin de l'agitation de la soirée, le couloir était désormais désert. Ils le longèrent jusqu'à pousser la porte de la salle des costumes. Au fond de la pièce, un majestueux canapé de cuir rouge. Recouvert de costumes de la soirée. Octave les enchanta pour qu'ils se posent délicatement sur les tables et leur laisser la place. Avant de se saisir des lèvres de Loïs à nouveau. Et puisqu'on en était à débarrasser les tenues, il n'attendit pas beaucoup plus pour délester Loïs de cette satanée chemise et le pousser dans le canapé. Prenant place juste au dessus, il l'embrassa à nouveau puis descendit à la découverte de cette peau mise à nu. Ses mains tant occupées à diverses caresses qu'à se défaire de son nœud papillon devenu désormais gênant, puis son gilet et sa propre chemise.

Tout oublier par la danse, tout oublier dans un baiser, son corps se serrant insinctivement contre celui de l'autre homme... C'était tout ce que Loïs cherchait ce soir. Heureusement pour lui Octave n'avait pas l'air de vouloir poser de question. Peut être parce qu'il comprenait, après tout il s'était retrouvé plus ou moins dans cette situation et ils se ressemblaient aussi, tous les deux... Un peu. Assez pour s'accorder sur la musique, le théâtre et avoir sa langue fourrée dans la bouche de l'autre fiévreusement. Entrecoupés de soupirs, les baisers de Loïs ne se tarirent que quand Octave fit mine de vouloir bouger. Loin de lui l'envie de le contredire (parce qu'on a dit pas le piano), le jeune homme lança malgré tout un "hominum revelio" des fois que. Récupérant ses affaires éparpillées, il suivit Octave à travers les planches. Il aimait sentir la tension qui parcourait l'autre homme, ses gestes moins précis, plus fébriles. Il savait que c'était lui qui le mettait dans cet état et c'était électrisant.

Le lieu lui même respirait la féerie et le décadent. Le bois et les tissus apportaient à l'ambiance et plaisaient énormément au jeune Valentine qui n'attendit pas longtemps qu'Octave referme derrière eux pour chercher à nouveau le contact. Au diable les costumes ! Ses mains cherchaient déjà à se glisser sous la ceinture alors que l'autre essayait de les traiter avec délicatesse, et dès qu'ils furent à nouveau face à face, leurs chemises respectives prenaient déjà cher à leur tour. Bon courage à Octave si ce dernier essaie d'induire un brin de patience ou de seduction là dedans, parce que tout ce qu'il obtient de Loïs c'est de l'empressement dans son désir. Il restera peut être encore une paire de chaussette ou deux et un pantalon sur les chevilles quand ils se joindront l'un à l'autre un peu plus nus. Honnêtement ? Le noeud papillon aurait pu rester !

Après maints gémissements du nom d'Octave (enfin son prénom, parce que son nom avait un autre sens maintenant...) et des ongles bien enfoncés par endroits, la libération s'était présentée, intense et festive. Et comme leurs derniers ébats, il fallut un moment à Loïs avant de comprendre comment quelqu'un qu'il avait pensé aussi coincé qu'Octave faisait pour le faire grimper si haut et si loin. Il n'avait aucune objection à rester là, le cul trempé sur le cuir peut être désagréable mais trop content pour bouger.

« I'm so going to miss this... »

Il dit, laissant courir ses doigts sur l'épaule en sueur d'Octave. Combien de temps avait-on le droit de coucher avec le cousin de sa fiancée ? Jusqu'au mariage, bon, mais après... Il faudrait bien se faire une raison. Rha, pourquoi fallait-il qu'il pense à ça maintenant. Il geint un peu, de façon moins plaisante que précédemment, et réclama des caresses comme le sale chat en manque d'attention qu'il était. Son popotin criait qu'il n'était pas d'accord et avant de se rhabiller, il faudrait qu'il pense à lui mais pour le moment il voulait rester comme ça. A profiter de ce moment de liberté. Le théatre, la danse, et puis le reste... Est-ce que ça allait vraiment finir, comme le lui avait si bien sous entendu son père sans vraiment le lui dire ? La menace était réelle, même si formulée autrement.

« Tell me this isn't real... I can't get married Octave. I'm too young and too fabulous for that. »

Drama queen jusqu'au bout. Par contre, il se retient, là. Parce que si tu savais ce qu'il pense vraiment de ta cousine. Et crois moi, pas beaucoup de bien.

***
Ca va me manquer...
Dis moi que ça n'est pas vrai... Je ne peux pas me marier Octave. Je suis trop jeune et trop fabulous pour ça.

L'empressement, ainsi que le désir charnel, étaient partagés. Et sitôt les portes fermées, les derniers costumes débarrassés du canapé, ils se retrouvèrent l'un l'autre à faire sauter les dernières barrières vestimentaires et à se chevaucher sauvagement. Au point qu'il ne se débarrasse même pas de son pantalon. Lui qui aimait faire tout méticuleusement cédait au plus pressé. S'il fallait reconnaître une qualité à Loïs, c'était bien celle de savoir lui faire perdre la tête en un rien de temps. En tout cas, en cet instant, c'était redoutable. Et sous les encouragements oraux et gestuels de l'animagus, il se déchargea sur lui de toute la tension accumulée ces derniers jours. Heureusement qu'ils étaient seuls dans ce théâtre. Ils purent donner de la voix et laisser le canapé cogner contre la cloison sans craindre d'éveiller aucun soupçon.

Le canapé n'était pas des plus confortables pour tenir à deux. Mais il n'en prit réellement conscience qu'une fois redescendu, alors qu'il essayait de se caler, Loïs lové contre lui, après avoir remonté son pantalon. Il laissa sa tête partir en arrière, ferma les yeux un court instant.

"Ça pourrait me manquer aussi."

Il se doutait que ce n'était pas une remarque qui lui était particulièrement adressée. Avec la réputation de Loïs et les agissements qu'il lui connaissait... Il aurait été flatté de lui manquer personnellement mais accordait peu de crédit à cette idée. En revanche, il devinait une pointe d'inquiétude dans ces mots. Il bougea pour s'installer un peu mieux et accueillir Loïs sur lui, lui caressant le dos. Le contact de sa peau transpirante et du canapé en cuir n'était pas des plus agréables, vraiment.

De lui-même, il n'aurait pas su comment aborder ce sujet. Du moins, il l'aurait repoussé un peu plus longtemps, pour juste profiter de l'instant présent. Mais ça n'était pas sa propre vie, qui s'apprêtait à être chamboulée. Même si ce mariage pourrait avoir une incidence sur sa famille et donc sur lui, indirectement.

"Ôte-moi d'un doute, tu n'es pas ici parce que tu attends de moi que je fasse quelque chose pour empêcher ça ?"

Il ne doutait pas que Caesar avait déjà dû se vanter auprès de Loïs qu'il était le véritable héritier des Sylvanet, même si le serment qu'ils avaient passé lui interdisait de dévoiler quoi que ce soit concernant Octave.

"Malheureusement, je n'ai pas beaucoup d'emprise sur ma famille..."

Et même en faisant jouer de ses relations, il ne voyait pas bien ce qu'il pourrait y changer. S'il fallait y changer quoi que ce soit. Sa main remonta sur les omoplates puis la nuque d'animagus pour jouer avec ses cheveux encore trempés. Si c'était la raison qui avait amené Loïs à lui ce soir, il avait bien perdu son temps. Et Octave en aurait été un peu vexé.

"Tu l'as déjà rencontrée depuis l'annonce ?"

Lui, il ne l'avait pas vue depuis une éternité, comme beaucoup d'autres membres de sa famille. Et il était loin de se douter que Valma était venue ce soir mais était partie avant de le croiser. Ah ça, on ne pouvait pas dire qu'ils formaient une famille unie et soudée. Octave écarta les cheveux de Loïs pour déposer un baiser dans sa nuque.

"Il paraît qu'elle a un cousin célibataire, tu as songé à leur demander d'échanger ?"

Il tentait de plaisanter un peu pour le détendre, même s'il comprenait le sujet sensible pour Loïs. Il attrapa la main du plus jeune, mimant un passage d'alliance imaginaire. Évidemment, ce serait un non catégorique de la part de leurs deux familles pour marier les deux hommes. Ce ne serait même pas envisageable. Sans compter qu'il était considéré comme en marge de la famille, pour les Sylvanet. Et si on lui avait demandé ? Oh, il aurait sans doute refusé. Vous imaginez, être lié à vie à Loïs ? Il n'en était pas à plaindre Valma, il avait d'avantage de sympathie pour Valentine. Mais il se satisfaisait très bien de ce qu'ils avaient là.

"Tu veux venir prendre un dernier verre chez moi ? On sera peut-être mieux qu'ici."

Lui, en tout cas, il troquerait volontiers le cuir rouge qui collait à la peau pour ses draps en satin de soie.

Qu'est-ce qu'ils avaient tous à douter de sa sincérité ces jours ci, rholala... Est-ce qu'il ne pouvait pas dire la vérité ? En disant que leurs ébats fiévreux allaient lui manquer ? Parce que oui, certes, il n'était pas le seul qu'il allait voir pour ça, mais malgré tout Octave savait y faire à sa façon à lui. Il remua ses fesses pour mieux se poser, à nouveau, un peu mieux sur l'autre corps nu et jouer du bout des doigts. Il n'allait pas promettre d'être fidèle, pour sûr, et il doutait que sa future chère et tendre s'en prive aussi, mais il allait malgré tout devoir dire adieu à certains privilèges. Il semblait que se taper le cousin de sa femme n'était pas tout à fait du même acabit. Et puis il entretenait d'autres pensées un peu plus amusantes que ça.

« Jamais Ô grand jamais, mon cher Octave. »

Il rit un peu, profitant de l'odeur musquée. Qu'est-ce qu'ils avaient tous à croire qu'il avait besoin de preux chevalier pour le sauver de sa misérable prison dorée ? Même si pour le coup, ça aurait été plus logique venant d'un Sylvanet. Non, c'était noble, mais si Loïs pouvait se vanter de quelque chose c'était de se débrouiller seul et pas trop mal jusqu'ici. C'était plus qu'une histoire de réputation. Mais c'était amusant à imaginer, oui. Il soupira et alla jouer un peu plus bas sur le ventre d'Octave.

« Plus d'une fois... Elle était avec moi ce soir, même si bizarrement je n'ai pas réussi à la gardée jusqu'à ton arrivée. Elle est... »

Comment la décrire sans manquer de respect à toute la lignée des Sylvanets ? Il se releva au dessus de lui pour lui montrer l'expression faciale que sa cousine lui réservait à chaque instant de la journée. L'air pincé, le nez froncé comme si quelque chose puait dans les parages et les yeux mi clos d'ennui total. Il leva ensuite les yeux en l'air pour montrer son exaspération. Et puis un sourire, amusé et félin à sa dernière déclaration.

« Oh vraiment ? J'aurais dû mieux négocier, je suis certain qu'il aurait fait un bien meilleur parti ! Mais je doute qu'il aurait accepté... Après tout, qui voudrait passer le reste de sa vie avec moi. »

A ce mots, il grimpa un peu plus sur lui pour justement, mettre en avant ses talents qui faisaient de lui une personne tout à fait épousable sur le long terme. Il goûta une dernière fois à ses lèvres, se disant qu'il allait probablement rentrer, maintenant qu'il avait passé une bonne soirée. Il n'imaginait pas qu'on étendrait l'invitation comme ça. Il failli la refuser, parce que franchement, ça n'était pas raisonnable tout ça. Mais il y avait aussi la tentation de partager un bon vin et peut être d'avantages d'ébats, ce soir. Oui, c'était une de ses dernières soirées de réelle liberté, alors... Autant la faire durer ?

« Avec plaisir. »

Il dit, jouant encore un peu avant de se rhabiller. Il jeta un dernier coup d'oeil à la pièce et à l'endroit avant d'accepter son bras pour qu'ils Apparaissent. Il accepta aussi le verre que ce dernier lui proposait, et de prendre place dans le salon. Et boy oh boy quand on dit à Loïs de s'installer, il prend la pause dans le plus confortable des canapés et ne se fait pas prier. Surtout si on lui offrait du bon vin ! Il humait son parfin et admirait sa couleur en tournoyant le liquide dans son verre en attendant que son hôte prenne place aussi.

« Et toi alors, mon cher. Quand est-ce que tu te laisse passer la bague au doigt ? »

Ca l'amusait un peu, bien sûr. Parce qu'ils avaient tous les deux autant envie de se marier l'un que l'autre. Mais pourquoi ne pas le torturer un peu, il n'y a pas de raison qu'il soit le seul !

Au moins, Loïs n'était pas là pour ça. Du moins, le disait-il. C'est qu'Octave pouvait avoir des raisons de douter de sa sincérité et de ce qui le motivait. Au ministère, il avait entendu plusieurs fois dire que Valentine savait employer tous les moyens nécessaires et donner de sa personne pour obtenir ce qu'il voulait. Mais bien sûr, il était plus agréable de penser qu'il était véritablement là pour sa personne et pas juste pour obtenir quelque faveur. Rappelons qu'à la base, il n'approuvait pas tellement ce comportement.

Alors Valma était venue ce soir. Et elle ne l'avait même pas saluée. Octave hocha la tête, enregistrant cette information. On ne pouvait pas dire que c'était une grande surprise. Elle devait se plier à l'attitude générale qu'adoptait sa famille à son égard. C'était déjà surprenant qu'elle ait fait le déplacement. La mimique dédaigneuse et agacée de Loïs lui arracha un petit rire. Il n'aurait su dire si c'était fidèle ou exagéré mais au moins, c'était drôle.

"Je ne la connais pas très bien..."

Petite précision, pour en fait dire que c'était une parfaite étrangère à ses yeux. Mais de ses lointains souvenirs, ce que Loïs imitait était bien probable. On ne pouvait pas dire qu'il l'enviait de cet arrangement.

"Il aurait peut-être considéré l'offre..."

Continua-t-il à plaisanter alors que Loïs l'escaladait. Considérer ne veut pas dire accepter, non. Il connaissait suffisamment l'animagus pour le savoir insupportable. Et puis de toute façon, ce n'était que fiction, jamais un tel mariage ne pourrait avoir lieu. Mais il fallait avouer qu'en cet instant, Loïs savait se montrer tout à fait désirable, à l'image du baiser qu'ils partagèrent et de son corps encore nu sur le sien, un peu plus habillé. Peut-être aurait-il pu se satisfaire d'un tel mariage, après tout ...

Mais trêve de discussion. Octave se redressa à son tour, récupéra sa chemise et l'enfila, sans prendre la peine de la boutonner entièrement. Un petit sort de nettoyage pour remettre le canapé en ordre et les rendre tous deux un peu moins collants et transpirants et ils étaient prêts. Il attrapa le poignet de Loïs sitôt celui-ci rhabillé pour les faire transplaner tous deux jusqu'au seuil de son appartement.

"Installe-toi à ton aise, tu connais les lieux."

Pendant ce temps, il attrapa une bonne bouteille de bordeaux et leur versa deux beaux verres. Avant de s'installer aux côtés de Loïs dans le canapé. Et il ne s'attendait pas à ce que soudainement, la question du mariage se retourne sur lui. Ses sourcils se froncèrent, il reposa son verre sur la table basse sans même y avoir trempé ses lèvres.

Il était peut-être temps d'avouer quelques secrets. Pas ceux qu'ils s'étaient promis, Caesar et lui, d'emporter dans la tombe. Le reste, même si ça en découlait. S'il ne le faisait pas lui, nul doute que ça arriverait aux oreilles de Loïs par un autre Sylvanet tôt ou tard. Si ça n'était pas déjà fait et qu'il n'était pas juste en train de vérifier les informations. Et si ça n'était pas de sa voix, il préférait ne pas savoir de quelle façon ça serait déformé. Le mariage de Caesar et Hermance avait été habilement maquillé, on s'était arrangé pour noyer le poisson mais certains restaient au courant que ce n'était pas le frère qu'elle aurait dû initialement épouser. Au sein d'une même famille, difficile de faire disparaître ce genre de détails...

"Il y a sans doute quelque chose que tu devrais savoir..."

Son ton, soudainement sérieux, contrastait avec l'air taquin de Loïs. Il soupira et reprit son verre de vin en main..

"Santé ?" Proposa-t-il en trinquant, avant de prendre une petite gorgée et de se lancer. "Si ça n'est pas par moi, tu l'entendras de Valma ou d'un autre, j'en doute pas. Tu connais peut-être Hermance, l'épouse ... ex épouse de Caesar. Il se trouve qu'initialement, j'aurais dû l'épouser moi. Non lui."

Il reprit une gorgée de vin, pour irriguer sa gorge soudainement un peu sèche. Ça faisait partie des choses qu'il ne digérerait jamais. Il préférait ne pas penser à ce qu'aurait été sa vie si ce mariage avait eu lieu. A chaque fois, ça lui donnait envie de hurler rage et désespoir.

"Les arrangements familiaux nous dépassent, parfois. Et disons que pour sa famille et la mienne, c'était préférable que ça soit Caesar et pas moi." C'était faux. Ce n'avait été qu'une manipulation de Caesar et de son soit-disant père. Mais Loïs n'avait pas besoin de savoir ça.

"Depuis, on n'a plus cherché à me marier. La descendance de la famille est assurée, les alliances aussi, ce n'était plus nécessaire."

Et il y avait une pointe de regret dans sa voix, oui. Même si les choses avaient bien changé depuis et qu'il avait eu le temps de revenir sur tout ça, toute une enfance à se savoir l'héritier d'une longue famille pour finalement tomber de haut, ça pouvait faire mal.

"Me voilà donc électron libre des Sylvanets. Libre d'épouser qui je veux, tant que ça ne vient pas entacher le nom de la famille... Une chance, n'est-ce pas ?" A son amertume et à son ton, on entendait plutôt l'inverse. "Dommage que Valma soit de la même famille, sinon tu aurais pu la proposer à Caesar en nouvelle fiancée. Il est plutôt doué pour voler celles des autres..."

Depuis le temps, Loïs avait déjà dû bien comprendre que ces deux-là avaient du mal à cohabiter. Et voilà une petite piqure de rappel supplémentaire...

Octave, aussi bien sur lui qu'il était, ne ferait jamais croire à Loïs qu'il aurait accepté sa demande en mariage. Déjà parce qu'on sait tous que c'était LUI qui aurait du demander, à genoux. Non mais ho. Et puis surtout le jeune Valentine n'était pas duppe. Octave était bien mieux seul, ou en tout cas sans lui. Même s'il appréciait ses traitements spéciaux et leurs ébats... Qui voudrait sciemment lui passer la bague au doigt, hein ? Même sa meilleure amie en riait, mais éludait savamment la question. Et il savait aussi que ce n'était pas QUE son horrible caractère et son manque total de décence par moment. Son sang pesait dans la balance. Pas en sa faveur, comme une fortune familiale aurait pu peser, non.

Au moins, ici, on s'occupait correctement de lui. Et c'était le moins qu'Oscar pouvait faire, vu la révélation qu'il allait lui apporter. Il avait entendu parler de cette histoire de fiancée, qui expliquait très bien les reproches que ce dernier pouvait avoir à faire à son grand frère. Qui se retrouvait à sa place à son poste de chef du département en Coopération Magique, qui plus est. Etre cadet dans une famille comme ça n'était pas souvent bon à prendre, c'était d'ailleurs curieux qu'Octave ait eu la primeur pendant un temps. Il soupira, et trinqua à sa santé.

« Ils ne savent pas ce qu'ils perdent. Enfin, s'ils cherchent un connard arriviste en tête de famille, comme c'est souvent le cas... Le poste était tout trouvé. »

Il dégusta le liquide rouge, songeur, avant d'ajouter.

« Je suis navré, Octave. J'ai l'impression que tu avais plus envie d'épouser Hermance que j'ai envie de passer le reste de ma vie avec ta cousine. C'est... »

Est-ce qu'il y avait vraiment un mot, pour ça ? Il n'aurait jamais pris Octave pour fleur bleue. Même si son côté ténébreux qui lui avait plu par le passé cachait très certainement un coeur d'or. Bien... bien au fond. Mais il avait l'air d'en vouloir pour son frère plus pour lui avoir volé sa fiancée que pour le reste de son comportement, ce qui en disait long.

« Et tu as essayé de la revoir ? Qui dit ex femme... »

Il croisa les jambes. Ca ne ressemblait pas vraiment à Loïs de chercher à consoler quelqu'un. Peut être que c'était juste pour percer les secrets de la famille Sylvanet. Ou peut être que pour une fois il comprenait vraiment ce que quelqu'un d'autre traversait, parce que ça ressemblait de près ou de loin à ce qu'il pouvait comprendre. Qui sait. Est-ce qu'il allait pousser la chance ?

« Qui voudrait de ton frère quand on peut t'avoir toi, ça me dépasse. Oh, à part les envies de rang et de grandeur. L'héritage a un certain attrait, je dois avouer. Mais quitte à choisir, autant prendre celui qui a un minimum de goût. »

Il conclu sans rougir. Quoi, Octave avait choisi les arts, et Caesar la politique. Ca n'était pas difficile de savoir qui avait sa préférence. Même s'il ne pouvait qu'applaudir l'ambition de l'aîné, niveau compagnie, autant épouser une brique. Il plaignait celle qui partagerait ses soirées, et ne tarda pas à le dire à voix haute à son hôte en finissant son verre et en demandant à être resservi.

C'est vrai que niveau connard arriviste, Caesar avait une sacrée longueur d'avance. S'il avait su, à une époque lointaine, le talonner, il s'était depuis fait salement distancer. Désormais, il subissait ses envies et ses décisions. Même si ça n'était pas la seule et véritable raison pour laquelle son frère était à présent à la tête de la famille alors qu'il se retrouvait en marge, son côté opportuniste et calculateur avait clairement joué. Quelque part, Caesar faisait sans doute un bon chef de famille... De ce qu'on attendait de ce rôle en tout cas. Loïs avait raison. Un bon prétexte pour boire un peu plus de vin rouge.

"C'était un accord qui aurait pu me convenir. Mais ça restait essentiellement ça, un accord. Évidemment pas un mariage d'amour."

Même s'il avait été, à une époque, vraiment très proche d'Hermance. Il restait aujourd'hui toujours très attaché à elle, malgré tout ce qui avait pu se passer et qui les avait éloignés. Ça avait été une amie proche. Mais sans les pressions respectives de leurs familles, jamais il n'aurait envisagé de l'épouser. Il ne s'était agi que d'honorer ces vieilles traditions poussiéreuses, là aussi.

"C'est pas si simple. Ça ne l'est jamais, n'est-ce pas ?"

Il ne mentionnerait pas Calixte ce soir. Il ne doutait pas que Caesar avait déjà parlé de ses enfants à Loïs. Peut-être avait-il une photo d'eux dans son bureau. Au sein de sa famille, le sujet restait tabou. Et officiellement, c'était bien le fils de son cadet. Mais bien évidemment, il avait essayé de la revoir. Souvent. Pas pour les raisons que Loïs s'imaginait, ceci dit.

"Mais je n'ai pas de raisons de vouloir la revoir ni l'épouser à présent."

Enfin si. Des raisons de la revoir, il en avait beaucoup. Principalement leur fils. Mais ce serait un sujet pour une autre fois.

"Elle n'a pas eu d'avantage le choix, tu imagines bien. Mais je suis ravi de voir que tu sais faire le bon choix..."

Et de voir que c'était avec lui que Loïs se trouvait ce soir. Est-ce qu'il aurait fait de même avec son frère ? Et ce qu'il se passait dans son bureau ? Vraiment, il préférait ne pas le savoir ni même y penser. Il était préférable d'ignorer certaines choses. Il leva les yeux au ciel, lorsqu'ils évoquèrent un peu plus son frère. Et Octave fit venir à eux la bouteille pour remplir leurs verres à nouveau.

"Assez parlé de Caesar. Je ne t'ai pas invité ici pour parler de ma désastreuse vie maritale ... Et puis c'est un soir de fête... A l'art et au bon goût ?"

Il proposa, avant de trinquer son verre contre celui de Loïs, même si les deux étaient déjà bien entamés (les verres, pas les persos -quoi que ...-). Et après une bonne gorgée de vin rouge, il déposa son verre sur la table basse, fit de même avec celui de Loïs (pas de tâches sur le canapé, ho !) qu'il lui prit délicatement des mains - après l'avoir laissé finir s'il le souhaitait, quandmême- pour lui ôter. Et une fois fait, il passa son bras autour des épaules de l'animagus, l'attirant contre lui avant de l'embrasser à nouveau. Il n'avait vraiment pas envie de se pourrir la fin de soirée en pensant à Caesar alors que tout s'était si bien déroulé jusqu'à présent. Et qu'il était en charmante compagnie. Dont il ne tarda pas à ôter le haut à nouveau -quelle idée de s'être rhabillé- puis à déboutonner le bas pour s'y pencher. Et gratifier Loïs de ses bons traitements.

Il y avait longtemps que Loïs n'avait pas parlé comme ça avec son ex patron et collègue. Voire jamais, peut être bien. C'était raffraichissant. Ho, Loïs en savait plus qu'il ne voulait bien en dire (même si le plus gros secret d'Octave était bien gardé) et il était curieux des lacunes qu'il avait sur celui ci. Mais là c'était autre chose. Quelque chose de plus simple, finalement, et peut être pas plus mal. Parler presque en égal. Que ce soit d'expérience ou de vie. Quelque chose les séparait pourtant, et pas qu'un peu. Là où Octave avait été écarté du chemin de sa famille et celui des autres sangs purs intégristes... Loïs était en plein dedans. Loin d'être convaincu par ce qui se tramait, ni partisant, mais... Bel et bien les deux pieds dedans. Il but une nouvelle gorgée de Bordeaux avec délectation. Manquait plus qu'un petit boeuf bourguignon et cette soirée serait parfaite. Quoi que ce qu'Octave semblait vouloir entamer... pas mal non plus.

« Et que proposes-tu ? »

Il avait demandé en français directement, en se faisant retirer le verre des mains. Il se faisait tard, quand même, Loïs tu ne vas pas encore dormir chez un amant épistolaire, ça n'est pas sérieux ! Mais le goût du vin en bouche et les lèvres d'Octave s'emparant des siennes à nouveau, il n'allait pas broncher bien longtemps. Surtout si celui ci descendait sur sa peau avec la dévotion ! Fidèle à lui même, Loïs laissa échapper des soupirs gratifiant ses efforts et ses soins non sans lâcher un peu plus quand Octave se montrait doué dans ses traitements -et on ne doute pas qu'il l'est ! Plus avare avec d'autres, pour qu'ils ne soient pas paresseux, Loïs oublie un peu le protocole pour mieux encourager le brun penché sur lui et ne tarde pas à réclamer qu'ils passent au plat principal, dans le canapé ou ailleurs.

Il y a quelque chose, dans la façon dont le jeune Valentine s'oublie dans les bras d'un ou d'une autre. Un peu comme sur les planches un peu plus tôt, c'est une façon qu'il a d'oublier qu'il y est, tout en étant parfaitement qui il est, à cent pour cent. Il se réapproprie son nom, son corps, et sa liberté dans ces moments là, c'est sans doute pour cette raison que l'idée de perdre tout ça le terrifie autant. Même s'il n'en laisse rien voir. Si le maître des lieux n'a pas forcément apprécié les ongles plantés de l'Animagus pendant leurs ébats, il appréciera sans doute ses soupirs et autres éclats de voix, l'encourageant à ne pas y aller à moitié. Mais cette fois, après tout ce bon temps passé, Loïs profitera un peu moins longtemps de l'odeur musqué de l'amant affalé là. Mais un peu quand même, faut pas déconner avec un modèle comme celui là on en profite un peu avant de tirer sa révérence...

« A une prochaine fois... qui sait. »

Il dit en souriant et en se rhabillant, aussi proprement que possible -n'oublions pas les cheveux, ou une écharpe ici ! Il eut une nouvelle oeillade pour Octave, un sourire entendu qui n'a pas besoin d'explication. Il sait très bien ce qu'il pense, pour une fois c'est assez rare pour le noté, et aussi ce qu'il a pensé de ce qui vient de se passer. Il sait aussi qu'il est plus que probable qu'il n'y ait pas de prochaine fois vu la façon dont les choses se déroulent jusqu'ici. Mais avec un peu de chance, sa fiancée aurait un accident d'Apparition et tout serait rêglé ? Quoi, désolé, Octave, mais on peut rêver ! Et un dernier baiser traînant plus tard, Loïs Valentine passait le pas de la porte en direction de son chez lui, où il passerait, pour une fois, une très bonne nuit.

Il n'avait pas tardé à montrer, par des gestes, ce qu'il proposait. Une agréable façon de terminer cette soirée. Et sous les encouragements de Loïs, il avait continué. Passant du canapé au lit lorsque l'envie d'approfondir les fess... les choses se fit plus pressante. Ils ne prirent pas le temps de défaire les draps, tirés à quatre épingles. Mais d'ôter leurs vêtements, cette fois, tout de même.

Après de pareils ébats, il aurait presque pu reconsidérer cette histoire de mariage. Il n'aurait pas été contre une telle présence dans son lit un peu plus souvent. En sueur, allongé aux côtés de Loïs, il se sentait simplement bien. Apaisé et repu. Au point que même l'odeur de transpiration lui paraisse agréable. La douche pourrait bien attendre, il voulait profiter encore un peu de ce moment. Alors quand Loïs s'écarta le premier, il leva vers lui un regard interrogateur.

"Tu peux rester si tu v..."

Mais il comprenait que Loïs ne le voulait pas ou ne le pouvait pas. Et a regret, il le laissa se relever. Peut-être qu'il aurait bien aimé le garder un peu plus longtemps auprès de lui. C'est que ça devait lui manquer un peu, quand même, une présence dans son lit. Il n'y avait qu'à observer son comportement ces derniers mois pour s'en convaincre. Mais il n'allait pas forcer Loïs à rester ici pour combler sa solitude. Un soupir de regret plus tard et il s'extirpait à son tour du lit, avant de renfiler son boxer pour se rhabiller un minimum.

"J'espère te revoir au théâtre. A bientôt Loïs."

Il ouvrit la bouche, prêt à ajouter quelque chose et s'en abstint finalement. C'était préférable. Un dernier baiser, qu'il aurait bien fait durer un peu plus longtemps, et Loïs était déjà parti. Octave se traîna jusqu'à la douche. Si déjà il était levé, autant être propre !
Il avait un arrière goût amer. C'était du gâchis, pour l'animagus. Tant ce mariage que ce talent, dont il n'avait entrevu qu'une petite partie ce soir. C'était tellement dommage d'être réduit à gratter du papier pour un ministère corrompu quand on pouvait briller sur les planches. Peut-être songerait-il à réitérer sa proposition. Il était certain qu'il aurait du succès au théâtre. Mais il ne doutait pas que Loïs refuserait.