Mise au point [Ft. Connor]

Il avait reçu un accueil on ne peut plus chaleureux, pour son dernier article, et avait tellement de matière qu'il ne savait plus où donner de la tête. La bonne nouvelle, c'était que du coup Connor avait mis de côté ses recherches sur l'antidote au poison des Deathwings, et ses recherches sur les Deathwings eux même. Même ses plaidoyers pour les créatures oubliées ou malmenées par les sorciers en avait pris un coup, ce qui pour le coup était beaucoup moins bien. Mais il préférait ne pas s'éparpiller et battre le fer pendant qu'il était chaud. Enfin. Pas de mauvais jeu de mot là dessus mais il se trouvait que le botaniste... bref. Connor était mal, très mal. Mais il voulait être professionnel aussi... Et en même temps...

Pandora lui avait demandé de venir dans son bureau, même si finalement il y passait beaucoup de temps, il prenait aussi souvent ses affaires pour aller travailler ailleurs. Ca avait un côté officiel que le rouquin n'aimait pas trop. Et puis, quand il avait débarqué, elle avait mis ses lunettes... Ca aussi ça ne lui plaisait pas trop. Sans compter la boite de pâtisseries qu'il commençait à connaître à force. C'était encore un coup d'Isleen, ça.

« OK boss. »

Il avait dit, non ça n'était pas guindé comme appellation, c'était devenu naturel, et un peu amusant, même, entre eux. Il était bien tombé si on oubliait certains... à côtés moins agréables. Il l'écouta énumérer ses compliments, d'abord, et il ne put s'empêcher de ressentir une certaine fierté. A part quand c'était pour lui reprocher son caractère de merde, on ne venait pas souvent le voir pour lui dire qu'il faisait du bon travail. Alors que mince, il faisait du bon travail ! Par contre, la suite lui plut beaucoup moins, et son air content finit par se refermer un peu. Il se tenait un peu mieux qu'au début, ici, et ses cheveux n'avaient pas encore viré de couleur mais ça ne saurait tarder.

« Comment vous savez ça. C'est Ulysse qui vous l'a dit ? »

Il se méfia. Merde, il pensait que ce type était fiable. Et en même temps ces deux là faisaient des trucs pas nets ensemble... Qui sait comment elle le convainquait de parler. Berk.

« Je vous remercie pour votre confiance mais... ça ne regarde que moi. »

Il répondit, un peu insolent mais surtout fermé. C'était fou comme on le prenait encore et toujours comme un gamin, à cause de sa stature et de son jeune âge. Mais merde, comparé à tous les idiots qui sortaient des écoles, il était quand même plus mâture, non ? Il avait fait ses preuves, en plus. Alors pourquoi est-ce qu'elle adotpait ce ton avec lui ? Elle n'était pas sa mère. Encore heureux, sa mère n'était déjà pas une mère pour lui alors...

« J'y étais sur mon temps libre. Ca avait rien à voir avec le travail... Vous me faites suivre maintenant ? »

Bien sur que c'était vrai. Et qu'il n'avait même pas pensé cacher la vérité a Pandora. Pas parce qu'il était incapable de mentir, même a sa boss, c'était une qualité requise dans le métier ! Mais il ne voyait pas pourquoi il aurait dû le cacher. Même s'il menait ses recherches aussi discrètement que possible et sur son temps personnel... Elle n'allait pas le balancer. Si ? Non... Par contre, lui faire la leçon, apparemment elle ne se retenait pas. Connor se renfrogna rapidement. Genre, c'était Pandora Fleming qui allait lui faire la leçon. Il suffisait de trois lignes sur son CV pour comprendre pourquoi le rouquin trouvait ça un peu culotté. Pas qu'un peu.

« Je suis libre d'aller où je veux sur mon temps libre. »

Il dit, mutin et l'air fermé. Qu'elle essaie de l'en empêcher... C'était pas sa mère. Encore heureux. Mais il ne lui devait aucun compte en dehors du travail quoi qu'il en soit ! Il écoutait quand même ce qu'elle avait a lui dire mais il n'avait pas l'air ravi. Oui, elle n'avait pas tort, c'était peut être un peu tôt pour avoir des ennemis mortels et crever dans le fond d'une ruelle. Mais il était prudent ! Comme Pandora l'avait deviné.

« Je sais ce que je fais... C'est pas le problème, j'y vais incognito, j'ai progressé d'ailleurs, mais c'est juste... Des pistes sur j'ai envie de creuser rien d'autre. »

Le besoin de faire quelque chose de vrai de sa vie. D'utile. D'important. Bon et si ça pouvait aussi remplir son frigo en attendant ? Ça serait encore mieux. S'il avait réellement été ce renardeau, et pas un Metamorphomage humain, on aurait pu voir une oreilles intéressée se redresser. Et puis il hésita. Beaucoup. S'il vendait la mèche trop tôt elle pouvait lui mettre des bâtons dans les roues "pour son propre bien". Et en même temps... Elle pouvait aussi lui ouvrir des portes. Même s'il préférait y arriver par lui même. Ne pas avoir a le cacher et travailler sur ses heures de bureaux serait un plus.

« ... Ok vous avez gagné. »

Il soupira.

« Je cherche des indices sur les Deathwings et sur le poison de cette fameuse Belladone. »

Il dit, le menton plus haut cette fois, comme pour lui dire d'oser l'en empêcher.

Les discussions avec Pandora Fleming sont toujours à double tranchant. Intéressants, certes, mais ils pouvaient, et le faisaient le plus souvent assez rapidement, se retourner contre soi. Non, il ne pensait pas que les partisans des Deathwings avaient acheté leur poison dans une des boutiques de l'Allée des Embrumes, il n'était déjà même pas sur qu'ils se fournissent pour les ingrédients là bas. Ca avait l'air bien trop gros comme organisation et comme coup pour que ce soit possible...et en même temps si en tant que pauvre petit journaliste tout sauf maître de potion il pouvait au moins avoir un début d'idée... Il en était loin. De tout. C'était désespérant.

Il tendit l'oreille à la proposition de Pandora, tout en essayant de ne pas avoir l'air trop intéressé. Ca n'était jamais bon ici ou ailleurs. Par contre non, il ne voulait pas de son gâteau. Ils avaient QUOI tous à lui proposer de la bouffe tout le temps. OK il était maigrichon. Mais c'était pas parce qu'il ne bouffait pas assez c'était... oh... Renfrogné, il refusa malgré tout d'entamer le dit gâteau.

« Je vois... »

Il dit parlant des collègues, et il ne put s'empêcher de jeter un oeil par la vitre qui donnait sur les autres bureaux, les chouettes et parchemins voler comme à leur habitude. La tête des employés égales à elles même... Elle touchait un point.

« Mais dans ce cas, est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux que je ne dise rien à personne, pas même à vous. On ne sait jamais, ça n'est pas une histoire de confiance mais les informations ne sont jamais vraiment à l'abris ici. »

Il répondit. Pas bête la guêpe. Il s'apprêtait à boire à sa bouteille d'eau quand un sujet tout à fait différent et bien moins familier encore fit surface, manquant de le faire s'étouffer en pleine gorgée. De quoi ?! On était loin de l'écrevisse habituelle, tant le haut des oreilles du rouquin s'était empourpré. Ses mèches rousses elles-même en venaient à virer au bordeaux petit à petit. S'il savait parfaitement que certains de ses collègues ne se privaient pas, c'était hors de question ! Encore moins avec... Nope nope nope ! On voit bien là que le renardeau se voile la face concernant l'effet que le fameux cavalier Mthunzi Shafiq lui fait à l'insu de son plein gré.

« Non mais... mais non !! »

Il avait dit, un peu plus fort que prévu.

« C'est... Non c'est hors de question. Et puis c'est quoi ces questions, est-ce que je vous demande, moi, si... non ne répondez pas. »

Il n'avait pas envie de savoir. Il en savait déjà trop, entre celle ci et le fameux Ulysse là... Il... Non. Vraiment il ne voulait pas savoir tout ça.