“Bro, can I sleep at Mike's on Saturday night ?”1 Uter balance la demande au beau milieu du repas, comme ça. Il a bien vu que son grand frère est encore plus sombre que d'habitude, ce soir. Ça fait un moment qu'il ne l'a pas vu comme ça, tellement renfermé sur lui-même qu'il a failli oublier de leur faire à manger. Non pas que l'adolescent s'en plaigne : son aîné est un désastre culinaire, et est du coup allé chercher un fish&chips au village. C'est toujours mieux que quand il essaie de lui faire manger des légumes… Ah ça, il mange mieux à Poudlard. En ce mardi soir, Arthur a clairement l'esprit ailleurs, mange par habitude plus que par appétit, le regard dans le vide. Il acquiesce d'une façon un peu absente, sans râler qu'ils ne se voient que quelques semaines par an et que ce n'est pas pour qu'il aille voir ses copains qu'il voit déjà bien assez à l'école. Les choses n'auraient pas pu tomber plus mal. Alors qu'il a besoin de solitude après les évènements de la journée, il a retrouvé son petit frère accroché à la Switch en fin de journée, et Mordred allongé sur le canapé à ses côtés. Il a dû tenter de faire bonne figure – pour éviter les questions gênantes – et est venu jouer avec lui dans l'espoir d'évacuer le trop plein d'émotions de la journée. En vain. “It'll be an opportunity for you to see your special friend again.”2 L'adolescent ne peut pas s'empêcher de taquiner son aîné, après tout ce qu'Enid a pu lui balancer le week-end dernier. Il espère le dérider, obtenir un grognement, quelque chose ! Il est loin d'anticiper la réaction de l'homme, qui balance à travers la pièce le premier objet qui lui tombe sous la main. Le verre, encore plein, vole et se fracasse contre un mur sous l'air éberlué d'Uter qui ne s'attendait clairement pas à ça. C'était un peu excessif, par rapport à d'habitude, quand même. Même Mordred a l'air étonné, depuis son panier, et observe son maître, oreilles dressées, aux aguets. “I'm walking Mordred. Be right back.”3 Il siffle l'animal qui, au bout d'un mois, a enfin compris le signal et sort de son panier direct pour venir sautiller autour de l'auror. Ce dernier enfile simplement sa veste, vérifie qu'il a sa baguette et sort enfin pour une longue promenade sur la côte. Il laisse l'animal gambader de lui-même et s'installe sur un rocher, les pieds pendant dans le vide. Revoir Constance a remué beaucoup de choses en lui. Il ne sait pas quoi faire, se dit-il en faisant tourner son téléphone portable entre les doigts. Il l'aime toujours, ça, c'est une certitude. Mais est-il prêt à la revoir régulièrement, à tenter de recoller les morceaux ? Lui aurait-on demandé avant de la revoir qu'il aurait répondu oui sans hésiter. Mais maintenant… Maintenant qu'il sait tous les non-dits, les implications, les problèmes réels… Que faire ? Peut-il pardonner ? Peut-il lui refaire confiance ? Il meurt d'envie de la rappeler. De transplaner devant chez elle, de la serrer contre lui, de l'embrasser comme il ne l'avait jamais embrassée. De lui faire l'amour toute la nuit, pour lui rappeler à quel point il l'aime et lui murmurer combien elle lui a manqué. Mais au delà de ça, que se passera-t-il ? La page de leur histoire n'est plus blanche, comme elle l'avait été dix ans plus tôt. Et puis, ils avaient grandi, mûri, assez en tout cas pour savoir que chaque décision entraîne des conséquences. Quelles conséquences cela aurait-il alors ? Arthur se passe une main sur le visage, prend une profonde inspiration pour sentir tous les embruns du large. Il n'a pas l'habitude de réfléchir autant. Il l'aime à en crever, alors… La suite devrait être logique, non ? Non. Chat échaudé craint l'eau froide. Son regard tombe sur son téléphone. Le meilleur moyen de savoir ne serait-il pas de donner sa chance à quelqu'un d'autre ? Il ne savait pas trop où il en était de ce côté là… N'avait-il pas déjà eu des scrupules à le revoir, alors que son coeur battait pour quelqu'un d'autre ? Mais s'était-il ne serait-ce que laisser la possibilité de le faire battre pour lui ? Alors, sans réfléchir davantage – fidèle à lui-même – Arthur déverouille l'écran et appuie rapidement sur les touches, le T9 laissant les mots apparaître. Uter ne sera pas là dans la nuit de samedi à dimanche… Et il ne devrait aller le chercher qu'en fin de matinée ou début d'après-midi. Ce qui lui libérait du temps, finalement.
Sunday, April 14th
Fancy a run ? Next Sunday, 7 a.m., Land's End signpost. Bring Cosmo.
Fancy a run ? Next Sunday, 7 a.m., Land's End signpost. Bring Cosmo.
Il n'en fallait pas plus pour que Nathanael perde son air renfermé qu'il tenait depuis quelques jours et se tienne bouche bee face a son telephone moldu. Hyacinthe sentait cette tension, et surtout ce nuage gris au dessus de la tête de son frère, comme son Doggamy. Ce dernier lui mordillait parfois le bout de ses doigts pour le ramener sur terre. Alors autant dire qu'ils avaient vu aussi ce revirement de situation. C'était compliqué, pour le pâtissier. D'un côté, il savait d'expérience qu'il ne pouvait, qu'il ne devait rien espérer. Les gens ne vous devait jamais rien et Arthur... Il avait sa vie, il n'avait pas besoin de s'encombrer d'un cracmol qu'il connaissait a peine. Le fait qu'ils aient fréquenté les bancs de Poudlard ensemble et partagé un lit une nuit n'y changeait rien. Même si parfois certains de leurs baisers échangés ce soir là lui rêvenaient en tête en pleine nuit parfois en jourenee. Il était paumé. Et le fait que Nathanael avait passé l'une de ses meilleures matinées récemment en sa compagnie... Mais quelle idée il avait eu de lui proposer un dîner !
Car oui, aussi doué qu'il soit pour conseiller les autres dans leurs affaires et leurs tracas, Nathanael n'avait pas une once de flegme concernant sa propre vie... Quoi... Sentimentale ? Combien de temps avait passé depuis le temps où elle était encore présente. Arthur lui avait confié qu'il ne savait pas comment s'y prendre mais au final, il était aussi paumé. Il s'était rendu compte de son erreur a l'absence de réponse de l'Auror. Il était persuadé ne plus entendre parler de lui après ça. Il était retourné a sa vie. Sa vie simple, bien que compliquée sans magie, il avait repris son habitude d'aider les autres plus que lui même et avait tiré une croix -douloureusement, au fond, même s'il se refusait de l'admettre- sur son ami.
***
Le Londres sorcier se levait tôt mais a l'heure où Nate sortait de la douche, passait des vêtements confortables et avalait son café ce matin, il n'y avait encore personne ou presque dans les ruelles. Un hoodie par dessus son t shirt clair et son pantalon de sport suffisamment stretch pour la course -ca faisait trop longtemps, il avait honte de l'admettre- Nathanael comptait les minutes avant le rendez vous qu'il avait avec sa voisine libraire qui commençait à se montrer un peu trop curieuse. Et en même temps, elle était l'une des rares a qui il se voyait demander. Mais d'ici a ce qu'elle essaie d'apercevoir qui il rencontrait... Il faisait son mieux pour être discret. Pas pour lui. Plus maintenant. Mais pour Arthur. Déjà que la petite Enid les avait joliment pris sur le fait, et que sa mère était deja venu lui tirer les vers du nez. Mais Nate était loyal. Aussi il avait demandé a la jeune femme de le déposer a bonne distance de là.
Quelques remerciements plus tard (et l'assurance qu'elle repartait sans avoir vu qui que ce soit), le pâtissier sentait les embruns lui fouetter le visage, amenés par le vent du large. Depuis combien de temps n'était il pas allé en bord de mer avec Hyacinthe ? Il se fit la note mentale qu'ils devraient y retourner. Il fit le reste du chemin a pieds, Cosmo avait déjà pris les devants et on entendait les aboiements d'un chiot qui avait senti son nouvel ami arriver. Les retrouvailles furent endiablées. Surtout d'un côté. Le Doggamy essayait de rester digne, et comme Nate le prévoyait, bien élevé pour montrer qu'il était plus vieux, respectable. Mais sa queue qui remuait le trahissait. Et puis son maître vit Arthur et il dû appliquer la même maîtrise de lui que son animal de compagnie. Et ce n'était pas chose aisée. Est-ce que c'était parce que l'autre homme se découpait de façon particulièrement esthétique sur l'horizon ? La forêt lui seyait, pour sûr, mais la mer était clairement son élément. Les traits du visage fermé de Nathanael s'étaient fondus en un franc sourire.
« Arthur... I'm glad to see you. »
Il n'aurait pas tellement eu besoin de le lui dire, son language corporel, tourné vers lui accompagné de son expression... malgré la réserve qu'il s'imposait, ça se voyait. Il était heureux de revoir Arthur Thorn et de passer du temps avec lui. Il caressa distraitement les animaux qui lui passaient entre les doigts.
« It's a beautiful place. Is it safe here, with Cosmo ? »
Il disait ça plus pour entamer la conversation, il ne doutait pas que l'autre homme, de par sa profession mais pas seulement, y avait déjà pensé. Il l'imita en effectuant quelques étirements, et malgré son enthousiasme, il ne put s'empêcher de remarquer que son camarade de course était... Renfermé. Plus que d'habitude. Il ne dit rien sur le moment, préférant ne pas lui sauter dessus a peine arrivé. Une fois échauffé, il attendit le feu vert d'Arthur pour commencer à courir a ses côtés.
C'était amusant de voir a quel point Arthur aimait l'obscurité et la pénombre des premières heures de la journée. Nate aussi, dans une certaine mesure, mais il préférait a ça les premières lueurs, celles qui embelissaient tout et entamaient la journee. En un rien de temps, il en était venu a penser qu'il pourrait passer des heures en la présence de l'autre homme, a découvrir ces moments privilégiés. Il se surprit a penser ça alors qu'il s'était rapproché de lui alors qu'il protégeait les alentours pour que Cosmo puisse gambader. Arthur n'avait sans doute pas vu ce regard qu'il avait posé sur lui. Quel idiot romantique il ne faisait pas. Il avait du se racler la gorge, cependant.
« I'm good, I might be a bit rusty but I can handle ten miles. »
Il répondit, se redressant et tirant sur ses articulations.
« But if I'm too slow for you don't hesitate to go ahead. I can catch up later. »
Il lui proposa. Arthur était déjà bien gentil. Mais apparemment ce dernier n'avait pas ça en tête. Ils avaient commencé a courir et Arthur semblait vouloir rester a ses côtés. C'était totalement nouveau, pour Nathanael, qui avait toujours couru seul. Il avait fait beaucoup de choses seul dans sa vie. Il s'entraînait en salle lorsqu'il était au ministère, et après, parfois aidant des plus débutants mais dans l'ensemble... S'il n'y avait pas eu Hyacinthe et quelques amis, il aurait vraiment connu une vie d'ours. Il fallait bien ça pour compenser la pâtisserie. Les rayons pointaient a peine a l'horizon quand 8ls atteignent la plage, le chiot et son compagnon bleu allant frayer avec les embruns avec joie. Cosmo n'avait pas l'air de connaître la mer, et il suivait son compagnon avec curiosité mais méfiance envers les vagues. Nate qui sentait le sable s'enfoncer un peu plus sous ses foulées et sous son poids essayait de se remémorer depuis combien de temps il n'avait pas senti cet air la.
Il se sentait bien. Il se sentait respirer, et vraiment bien, et la présence d'Arthur n'était ni trop, ni pas assez lorsqu'il courrait a ses côtés. Il le rejoint, clairement un peu plus rouillé que l'autre homme, mais loin d'avoir tout donné. Il posa une main sur sa hanche et porta l'autre au dessus des yeux. La mer a perte de vue... « I could get used to this kind of view... »
Il dit à voix basse, presque pour lui. Ça lui avait manqué, de ne pas avoir son regard qui ne peut pas aller plus loin que quelques mètres en ville. Bien sûr, lui et si frère trouvaient des moments pour s'évader mais pas comme ça. Ou c'était peut être une question de point de vue. Et de compagnie. « I thought we were just getting started. »
Il répondit, le sourire en coin, se faisant éclabousser royalement par Cosmo qui avait abandonné toute méfiance envers cette immensité mouillée et gambadait avec ravissement avec Mordred. Les deux avaient le pelage trempé. Dans un moment de total oubli du reste, Nathanael profita de sa position pour éclabousser Arthur. Et réaliser, un peu tard, qu'il n'avait plus 20 ans et en même temps il était d'humeur.
*** Ca me va, je suis peut-être un peu rouillé mais je peux courir dix milles. Mais si je suis trop lent pour toi n'hésite pas à aller de l'avant. Je peux te rattraper plus loin. Je pourrais m'habituer à ce genre de vue ... Moi qui pensais qu'on venait tout juste de commencer.
Si Nathanael pouvait peut être s'y faire, a cette vue, il ne s'était pas encore fait au sourire de l'autre homme. C'était peut être ça que disaient les gens sur lui. Que ses sourires étaient rare mais d'autant plus précieux ? Il n'en savait rien. Il ne se voyait pas comme particulièrement beau a regarder, il avait la carrure certes... mais son visage ? Il n'y portait pas grande attention. Voire il n'avait pas particulièrement envie de croiser sa tête dans un miroir la moitié du temps mais celle d'Arthur... Son sourire, et la façon dont il avait l'air gêné parfois ? Daln... il n'en menait pas tellement plus large, là, avec ce qu'il venait de faire. Il n'avait plus vingt ans et en même temps, il se sentait vraiment plus léger. Il laissa Arthur prendre de l'avance, pour rappeler Cosmo près de lui. L'animal était a des kilomètres des inquiétudes de son maître, et Nate était heureux pour lui. Il ne l'avait jamais vu aussi insouciant, lui aussi. Il n'avait aucune idée de son âge, la personne du refuge magique avait juste indiqué qu'il n'était plus un adolescent mais le voir si heureux ça n'avait pas de prix. Il passa sa main sur son pelage salé et mouillé.
« What am I even doing, boy...»
Il repris la route après Arthur, et revint a sa hauteur après lui avoir laissé l'autre devant un instant. Il accueillait la bruine a bras ouvert, sa fraîcheur faisait un bien fou alors qu'il commençait à vraiment avoir chaud. Nathanael ferma les yeux sur un certain nombre de foulées, avant de les rouvrir. Quelle parfaite matinée. Il fit signe a Arthur qu'il était le bienvenu s'il voulait finir en partant devant. Lui, commençait a sentir ses limites. Ou plutôt des nouvelles limites, maintenant qu'il ne s'entraînait plus régulièrement. Il en profita pour faire d'avantage le vide dans son esprit, se concentrant sur sa respiration, ses enjambées, la pluie sur son visage qui avait fini de tremper totalement son T shirt et le reste de ses vêtements.
La scène sur laquelle il arrivait aurait fini de l'achever si Arthur n'avait pas par dessus le marché décidé de mettre le cran au dessus. Ami des bêtes et... Gosh, avait il encore autre chose pour son pauvre cœur sous la main ? Apparemment oui. Une invitation. Nate avait déjà eu une bonne surprise sur le visage, mais là il essayait de cacher sa joie. Ça marchait. A peu près. Contrairement a Cosmo, son arrière train ne se remuait pas de joie, lui. « I don't want to impose... I... I'd love to Arthur. »
Il chassa l'eau de son visage, gardant le T shirt trempé et ne laissant rien a l'imagination tant il était imbibé. Il lui sourit avec douceur. La dernière fois, il pleuvait presque autant quand il l'avait embrassé. Il avait envie de le faire a nouveau, et peut être que ça se lisait sur son visage, mais sa main resta sur le dos de son Doggamy le temps qu'Arthur le guide chez lui. Et là aussi, la surprise était totale. Nathanael avait pris le pli quand aux possibilités que la magie apportait au quotidien sorcier depuis qu'il avait découvert ce Monde mais la maison d'Arthur était un réel trésor. Passé la surprise de la taille de l'intérieur (it's bigger on the inside !) et de la vie qui y régnait, il trouvait formidable la façon dont la demeure semblait s'être adaptée a ses occupants, a ce que lui expliquait Arthur. Ses yeux se posèrent sur des affaire appartenant probablement au jeune frère d'Arthur, sur des photos, il traînait sur ce qui appartenait plus a Arthur sans le vouloir.
« Do you mind if I borrow your shower before...? I wouldn't want to... »
Arthur était toujours torse nu. Ça allait être difficile de ne pas avoir de pensée déplacée, sois cette douche. Merlin, Nate, keep it in your pants.
« Could I bother you some more with Cosmo ? I wouldn't want him to get your place all wet and sandy. »
Il demanda, souriant doucement. Il rassura son animal, qui avait clairement entré Arthur dans son cercle de personne qui pouvaient le gratouiller mais l'Auror n'avait pas encore totalement sa confiance. L'animal en avait trop vu pour l'accorder si rapidement. Il jeta un air inquiet au pâtissier quand celui ci emprunta l'escalier pour monter se laver, mais il lui adressa des mots appaisants -et Mordred lui avait déjà ramené deux de ses jouets.
De longues minutes plus tard, comme un peu sorti d'un rêve éveillé parce que Nathanael n'arrivait toujours pas a croire qu'il était chez Arthur Thorn, pour de vrai, il sorti de la douche et rejoint son ami a la cuisine. Il l'observa cuisiner en silence un moment avant de briser celui ci.
« I missed the running, but I don't think I ever had such a good view... »
Nathanael, serais tu en train de parler du cuistot ? Il baissa la tête, espérant que son sourire ne le trahissait pas trop.
« Isn't your brother back from school for the holidays ? »
Il demanda, pour changer de sujet.
*** Je ne voudrais pas m'imposer... Je... J'adorerais ça, Arthur. Ça t'embête si je t'emprunte la douche d'abord ? Je ne voudrais pas... Est-ce que je peux t'embêter avec Cosmo ? Je ne voudrais pas qu'il trempe ta maison et qu'il la recouvre de sable. La course m'avait manqué... Mais je ne crois pas que j'ai jamais eu une aussi belle vue. Ton frère n'est pas de retour pour les vacances ?
Nathanael ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il avait pris un petit déjeuner en... galante compagnie. Il avait déjà passé la nuit en compagnie des rares rencontres qu'il avait faites. Peut être une fois. Mais depuis au moins douze ans il n'avait pas simplement pris le petit dejeuner avec un amant. Est-ce qu'Arthur était toujours un amant pour lui ? L'autre semblait, si ce n'était éviter tout contact, au moins ne jamais vouloir les initier. C'était un mystère pour Nathan qui ne voulait rien brusquer et en même temps... des élans d'affection le prenaient au corps. En parlant de corps...
« Erm... Not that I mind but do you have some pants I could borrow ? It's probably a bit rude of me to eat breakfast buck naked. »
Il avait sourit doucement, gêné mais amusé à la fois. Le rougissement d'Arthur à la réalisation de sa tenue était franchement mignon. Un terme qu'il n'aurait pas pensé employer à l'encontre de l'autre homme mais bizarrement, ça n'était pas la première fois qu'il le pensait. Il alla passer le boxer et le pantalon emprunté et revint pour profiter d'une table drôlement bien remplie.
« It's perfect. Thank you. »
Et son ton laissait entendre qu'il le pensait vraiment. Il s'installa à la table de son hôte non sans maladresse. Il refusa le lait qu'on lui proposait, préférant le parfum du thé nature que l'autre lui avait fait infuser. Il ne savait pas où se mettre, mais finit par tirer une chaise, caressant la tête de Cosmo qui avait ramené un jouet pour le montrer à son maître. Il essayait toujours de paraître digne, mais il se laissait d'avantage avoir par le petit jeunot que Nate l'aurait imaginé. Il revint à son hôte, toujours torse nu. C'était dur de ne pas être distrait.
« And I wouldn't know, actually. My brother is the quiet and solitary type, like me. Well, he was at Uter's age. He changed, though, I was glad to see he made some friends but with what happened in february... »
Il avait pris un toast grillé, et après qu'Arthur se soit servi, il en fit de même pour ajouter de la confiture d'orange amer, une de ses préférées, sans beurre cependant. La ligne froncée entre ses surcils, et la ride de son front s'était creusée à nouveau. Puis il s'était rappelé qu'il était là pour parler d'autre chose, Arthur avait peut être envie de parler de tout sauf du travail un dimanche.
« He'll be ok. He's stronger than he looks. »
Il dit, presque autant pour lui que pour ne pas s'étaler sur le sujet.
« I hope Uter will realise one day that you miss him but... Yeah, it's -that- age. Is he what is worrying you lately ? You seem... »
Mais il ne savait pas comment continuer sa phrase. I voyait bien l'air sombre qu'Arthur arborait, il avait beau ne pas le fréquenter depuis très longtemps, il sentait le poids constant sur les épaules de l'homme. Ils avaient un peu abordé le sujet mais il avait l'impression que ce n'était pas tout. Si Arthur ne voulait pas en parler avec lui, il ne le forcerait pas, bien sûr. Il pouvait simplement éluder, le pâtissier était vraiment le genre à laisser une porte ouverte pour qui le souhaitait mais sans jamais pousser. Il avait bu une longue gorgée de thé qui le réchauffait après l'effort, et sa première tartine avalée, il reportait toute son attention sur l'homme qu'il appréciait. Il était capable de beaucoup, pour les gens qu'il aimait. Il avait trop peu de gens qui comptaient dans sa vie et il avait du mal à s'ouvrir aux autres mais Arthur ? Il avait envie d'essayer.
*** Euh ... Pas que ça me dérange, mais as-tu un pantalon que je pourrais emprunter? C'est probablement un peu impoli de ma part de manger le petit déjeuné nu. C'est parfait. Merci. Je n'en sais trop rien, en fait. Mon frère est du type silencieux et solitaire, comme moi. En tout cas, il l'était à l'âge d'Uter. Il a changé, cependant, j'étais content de voir qu'il s'est fait des amis, mais avec ce qui s'est passé en février ... Il ira mieux. Il est plus fort qu'il n'en a l'air. J'espère qu'Uter réalisera un jour qu'il te manque mais ... Oui, c'est -cet- âge. Est-ce qu'il t'inquiète ces derniers temps? Tu sembles...
Le calme du lieu le rendait d'autant plus féérique, accompagnant le lever de soleil derrière les nuages qui venaient déverser leur pluie sur les terres. Ils étaient mieux à l'abris de l'averse, même si elle avait fait beaucoup de bien aux deux. Nathanael avait vraiment l'impression de partager un moment privilégié avec Arthur, encore plus en voyant le temps dehors. Est-ce que c'était à ça que ressemblait la vie lorsqu'on était un Thorn ? Solitaire, certes, silencieuse mais avec une vue imprenable pour vous faire oublier les horreurs du quotidien ? Ce qui était fou, c'était que c'était le plan du McDougall aussi, dès ses plus jeunes années au Ministère. S'il avait continué... Peut être après que Hyacinthe ait eu 19 ans, il aurait bien aimé se trouver une maison en bordure de forêt. La nature lui manquait, en ville. Et l'espace... Même si à présent la question était plus compliquée, sans magie, il s'émerveillait de l'autre homme qui avait fait ça de sa vie.
Attentif à ses réactions, il avait cru remarquer qu'effectivement, il voulait parler de tout, sauf de ça. Il pouvait le comprendre. Par contre, il ne pensait pas avoir autant mis les pieds dans le plat en demandant à Arthur ce qui le tracassait. S'il avait su d'avance... Est-ce qu'il aurait fait la même chose ? Probablement. Nate n'était pas d'un naturel naïf, il aimait mieux savoir même si ça voulait dire sentir son coeur se serrer. Même lorsqu'il avait entendu Arthur lui dire "I like you. A lot, Nate." il n'avait pas pu s'enthousiasmer. Ah, il avait arrêté de respirer, pour sûr, mais ça sonnait beaucoup trop en suspend. Il y avait ce "mais" non prononcé. La ride entre ses sourcils et sur son front avait réapparu. Il avait envie de lui dire "I really like you too" mais il sentait que l'autre homme n'avait pas fini de parler. C'était à ce moment que venait le "but I don't like you the way you do" ou le "but I'm married" ou encore le "but we cannot continue like this", pas vrai. Il les avait entendus un peu trop pour ne pas les attendre. Ce qu'Arthur finit par dire, au final, le surprit plus qu'il ne l'aurait cru.
« You... are ? »
Il dit, presque stupidement. Il essayait de se souvenir, avait-il vu l'autre homme en bonne compagnie ? Est-ce qu'il avait mentionné une personne un peu souvent, lorsqu'ils avaient discuté le soir de leurs retrouvailles ? Il n'avait rien de tout ça dans ses souvenirs. Nathanael baissa les yeux. On pouvait dire qu'il n'avait plus vraiment faim.
« I didn't know... I'm sorry. »
Il l'était. Pour ne pas avoir compris, que c'était sans doute pour ça qu'Arthur était un peu fuyant. Et lui, il avait poussé, insisté. Alexander lui revint alors à l'esprit. Au moins, avec lui, il ne s'était pas imposé. Il lui avait souhaité tout le bonheur du Monde et il l'avait même encouragé, lorsque celui ci parlait de l'homme de ses pensées. Quel idiot, deux fois de suite, c'était quand même un peu gros. Il se racla la gorge, gêné par sa propre stupidité.
« I should have... » il marqua une pause. Soupira. « And what about... them ? »
Il essaya, après un silence. Il redirigea ses yeux vers Arthur. Une partie de lui était presque résignée. Il le savait, depuis toutes ces années, qu'il n'était pas fait pour ça. Que le jour où il avait décidé d'aimer les hommes plutôt que les femmes, il avait compliqué sa vie au point où il finirait probablement seul, à aimer des hommes qui ne retourneraient pas ses sentiments. Pour le peu de fois où il en développait pour quelqu'un. Et Alexander, Arthur, étaient des personnes bien plus recommandables que les quelques précédents sur lesquels il avait jeté son dévolu. Des hommes bien. Des hommes bons, intelligents, généreux. Bien sûr qu'Arthur aimait quelqu'un d'autre, pourquoi est-ce qu'il s'arrêterait sur quelqu'un comme lui, une fois l'alcool décuvé ? Il n'avait rien à lui apporter.
*** Tu... l'est ? Je ne savais pas ... Je suis désolé. J'aurais dû... - Et... qu'est-ce qu'iel en dit ?
Il ne le contredit pas à haute voix, mais en toute honnêteté, il pensait qu'il avait tort. Ca ne servait à rien de le reprendre. Mais il avait tort... Nate était en partie responsable de tout ça. Peut être pas le seul, lors de leur soirée un peu trop alcoolisée car après tout ils étaient deux adultes à avoir fait la bêtise de se laisser emporter mais depuis ? Il avait senti qu'Arthur était distant. Il avait mis ça sur le compte de son caractère réservé et peut être du temps qui avait passé depuis sa dernière relation, mais il ne s'était pas plus posé la question que ça, et il avait poussé. Il aurait dû demander. Ca l'arrangeait bien qu'Arthur n'ait rien dit à ce moment là. L'espoir... Quelle belle idiotie, pour les lâches comme lui. Oui, c'était ce qu'il pensait de lui même à ce moment là. Pas Arthur, lui.
Et puis l'autre avait pris sa main. Un sentiment tellement chaud l'avait envahi, alors. C'était idiot, et l'amertume s'était liée à celui ci immédiatement après, mais il avait serré en retour. Il aurait pu la garder longtemps comme ça, mais Arthur l'avait reprise, laissant Nathanael à son mug de thé comme seul réconfort. Et puis il avait écouté. Il ne l'avait pas interrompu, ni même acquiescé, parce que clairement son ami avait beaucoup sur le coeur, et il avait besoin que ça sorte. Ca ne faisait pas plaisir à entendre. Chez Nathanael, la jalousie pointait rarement le bout de son nez. Il avait plus de compassion pour Arthur en ce moment que d'envie pour cette femme dont il ignorait tout. Elle avait peut être eu ses raisons, ses torts, tout comme lui, mais ça n'avait pas d'importance. Deux ans... C'était court, pour oublier. Lui même le savait trop bien.
Il avait envie de tendre la main à son tour. Il n'aimait pas le voir dans cet état. Ca lui tirait le coeur, autant que d'entendre qu'il n'avait peut être aucune chance. Car c'était plus ou moins ce qui se passait, là. Arthur lui disait au revoir ? Il essayait d'épargner ses sentiments mais il aimait cette femme, il le lui avait dit. C'était simple donc, non ?
« Arthur... It's ok. »
L'autre avait pris sa tête dans ses mains, et Nathanael se sentait terriblement impuissant. Et pour une fois, ça n'avait rien à voir avec le fait qu'il avait perdu sa magie. Le plus idiot, c'était qu'il ne savait pas ce qu'il ressentait lui même. Est-ce qu'il avait envie de tirer une croix sur ce qui avait germé entre eux ? Bien sûr que non. Mais le tiraillement semblait détruire l'autre homme. Il inspira profondément, et se leva de sa chaise. Il resta là un instant, devant la table de petit déjeuner qu'Arthur avait préparé pour lui. Il était touché... par ça, par le reste... Par lui tout entier, en fait. Il se fit violence pour faire le tour de la table et poser doucement une main sur le dos nu de l'Auror. Et puis, il guida ses mains loin de son visage, pour qu'il le regarde.
« I'm not going anywhere. If you want me to stay. »
Il esquisca un sourire, mais qui était empreint de tristesse, aussi.
« I like you too. Too much, maybe. But I'm not asking for anything right now. If you need time I can... wait. I'm not going anywhere. »
Ses gestes sur son dos se faisaient aussi présents et rassurants qu'il le pouvait. Il aimait beaucoup cet homme. Il ne voulait pas être la raison de cet air sur son visage. Mais en même temps, une petite voix lui disait qu'il n'était pas obligé de tout abandonner.
***
Arthur ... tout va bien. Je ne vais nulle part, si tu veux que je reste. Mais je ne demande rien pour le moment. Si tu as besoin de temps, je peux… attendre, je ne vais pas disparaitre comme ça.
La détresse d'Arthur mettait peut être la sienne en sourdine, mais Nathanael sentait malgré tout son coeur se serrer comme dans un étau. Comment en était-il arrivé à ressentir ça pour un homme qu'il connaissait si peu. Il n'en avait aucune idée. Bien sûr il était du genre à vouloir réconforter son prochain sans distinction mais il y avait quelque chose dans la présence de l'autre qui l'attirait, qui le sortait de ses retranchements. Pour d'autres, il serait resté assis, il aurait simplement parlé. Il n'aurait clairement pas été assez idiot pour faire un pas comme ça sachant... Mais ses lèvres avaient trouvé celles d'Arthur sans même qu'il ait à penser. Est-ce que l'autre homme sentait de la détresse, dans ce baiser ? Ou juste l'affection que le pâtissier lui portait ? Toujours est-il qu'aussi tendre et sincère qu'il soit, Arthur ne s'en trouva pas plus apaisé.
Nate s'éloigna en silence, détournant le regard pour le porter sur la pluie dehors. Il était le genre qui cachait ce qui se passait bien au fond, sans jamais rien montrer, mais là ça allait être difficile de ne pas laisser voir son affliction sur son visage. Son timing n'aurait pas pu être plus mauvais, hein ? Même si, à dire vrai, le pâtissier ne croyait pas que trois ans de plus aurait suffit. Qui était-il pour remplacer dans le cœur d'Arthur une femme qu'il allait manifestement épouser. Il entendait ce dernier désespérer après son chiot, et Nate se surprit à vouloir aller après lui. Ce n'était pas du désespoir à proprement parler... Pour ça il aurait fallu qu'il espère quelque chose encore. Mais il entendait presque la tête de l'Auror exploser de questions après ça. C'est peut être ce qui le poussa à l'arrêter avant qu'il ne disparaisse sous la douche.
« I know I have no right to tell you this, but I will. »
Il s'était à nouveau tourné vers lui, toujours debout à côté de la table de petit déjeuner à peine entamée, se disant que c'était un peu maintenant ou jamais. Quest-ce qu'il avait de plus à perdre ? A part peut être son amitié... L'idée lui serrait le ventre, mais ça ne l'empêcha pas de continuer. Dehors, la pluie redoublait de volume, l'obligeant à parler clairement.
« You are a good man Arthur, so stop feeling guilty about all this. You won't be doing any of us a favor. I'm a grown man, I know what I am getting into. »
Il dit, avec plus d'autorité. C'était la pure vérité. Il savait, en cherchant à le revoir, que ce ne serait pas facile. Il savait qu'il y avait de grands risques que ça finisse bien trop vite pour lui, le blessant au passage tant ils avaient fait les choses de façon chaotiques. Mais malgré un premier malentendu, puis un deuxième, ils étaient quand même revenus l'un vers l'autre. Il aurait tout à fait pu arrêter, et Arthur aussi. Mais il y avait quelque chose. Ce n'était peut être pas grand chose, mais c'était là. Il cherchait son regard, cette fois. C'était important qu'il comprenne, qu'il entende. Il baissa cependant son ton pour ce qui allait suivre, mais il n'hésita pas pour autant.
« I don't know what happened between the two of you but I know one thing. Dwelling on the past and hoping things will change is never a good thing. Believe me, I've been there, they never do. »
Ses pas l'avaient mené jusqu'au milieu du salon où se tenait Arthur. Peut être que son assurance venait du fait qu'il était effectivement passé par là. Avec Hector, et cette relation dont il avait espéré qu'elle changerait. Qu'il changerait. Mais c'était à chaque fois la même chose, autant qu'il tente de recoller les morceaux, il n'existait aucun sort qui puisse réparer quelque chose qui soit brisé à ce point là. Tout ce qu'on pouvait espérer c'était se reconstruire, et pour ça, il valait mieux aller de l'avant. Mais ça, il l'avait appris seul... On aurait pu le lui rabâcher, et malgré le fait qu'une part au fond de lui le savait, il n'avait pu le réaliser qu'avec le temps. Et les erreurs. Probablement qu'Arthur savait que c'était une erreur, même s'il aimait encore cette femme à s'en torturer l'esprit comme lui avait pu le faire avec l'aîné des DiScipio. Mais s'il avait besoin de la faire pour aller mieux, il la ferait.
« But I understand... We all have things you need to do. »
To get better.
*** Je sais que je n'ai pas le droit de te dire cela, mais je vais le faire. Tu es un homme bon, Arthur, alors arrête de te sentir responsable de tout ça. Tu ne rends service à aucun de nous deux. Je suis un adulte, je sais dans quoi je m'embarque. Je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous deux, mais je sais une chose. S'attarder sur le passé et espérer que les choses changnt n'est jamais une bonne chose. Crois-moi, j'ai été à ta place, elles ne changent jamais. Mais je comprends... On a tous des choses qu'on doit faire. Pour aller mieux
Arthur H. Thorn
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Date de naissance : 13/07/1984
Sujet: Re: Love on the Run Mar 16 Avr - 19:11
Love on the RunArthur & NathanaelLa vapeur d'eau envahit la pièce, évolue en d'élégantes arabesques, s'accroche contre le carrelage, le miroir, la vitre en une fine pellicule translucide. Dans la cabine de douche, Arthur a collé son front contre les carreaux et ne bouge plus depuis de longues minutes. L'eau chaude coule sur son corps, ruisselle le long de son dos et détend les muscles endoloris par l'effort. Il tente de faire taire le tumulte de ses pensées. De calmer les battements chaotiques de son coeur. Il a été incapable de répondre à Nathanael. Il n'a pu que lâcher ce long grognement, réponse commune de sa part mais à laquelle il n'avait peut-être jamais assisté. C'était une réponse à part entière, une façon de dire qu'il entendait ce qu'il lui disait, qu'il prenait cela en compte, mais qu'il ne savait que dire en retour. Peut-être aussi une façon de lui faire savoir qu'il n'a pas forcément envie de se faire sermonner. Le pâtissier a touché juste. Droit là où les doutes se concentrent. Ressasser le passé, espérer recoller les morceaux… Etait-ce un espoir vain ? Il ne se retrouve pas dans la description qu'il lui a faite. Il n'espère pas changer les choses, il n'espère pas changer Constance. Au contraire. Il l'aime telle qu'elle est, telle qu'elle a toujours été. Pour lui, la question n'est pas là : c'est plus une question de pardon, de reconstruction, de confiance. Il craint de ne pouvoir se donner à elle comme avant, à cause de cela. C'est son seul doute. Bien sûr, il s'interroge sur elle également. Elle avait eu l'air effondrée de le revoir. Elle avait expliqué ses regrets. Elle avait sous-entendu des sentiments inchangés… Mais il avait pu mal l'interpréter. Et s'il advenait qu'elle avait tenté de refaire sa vie ? Y avait-il un homme dans sa vie, auprès duquel elle essayait de se relever ? Se battrait-il pour elle ? Et Nathanael ? Je veux pas casser l'ambiance, mais tu m'as tout l'air d'avoir déjà arrêté ton choix, mon lapin. D'un geste lent, l'auror détache son front du carrelage, rouvre les yeux, indifférent à l'eau qui ruisselle sur son visage. Le pâtissier lui a demandé de cesser de culpabiliser. Facile à dire, difficile à faire. Mais soit ; il n'en fera plus part. Peut-être qu'ainsi, la culpabilité finira par s'en aller, chassée par quelque chose de plus profond. De plus joyeux ? Il faut l'espérer. Il attrape le pain de savon et enfin commence à décrasser la peau qui a subit bien des aléas à cette heure, encore peu avancée, de la journée. Que faire, maintenant ? Pourrait-il encore regarder Nate dans les yeux ? Regretterait-il de l'avoir repoussé à ce moment de sa vie ? Était-ce une erreur ? Impossible de le dire.
Dehors la pluie semblait ne pas vouloir s'arrêter. A l'intérieur, la douche coulait aussi depuis longtemps, beaucoup d'eau pour une seule journée. Suffisemment pour que le pâtissier ne pleure pas, apparemment. Ca ne lui arrivait pas souvent mais il avait versé une larme, en février, pour Alexander. Hyacinthe, toute la soirée, tout ce fiasco... ça avait été beaucoup pour un seul homme. A côté de ça, le refus d'Arthur n'était quoi, qu'un clou de plus ? C'est le coeur encore lourd -à force, il ne pourrait plus marcher- qu'il avança dans le salon de l'autre homme, espérant passer le temps pour ignorer la douleur de son indécision. Parce que c'était bien de ça qu'il s'agissait. Est-ce qu'il aurait pu tomber sur Arthur à un pire moment ?
Cosmo était venu renifler l'air autour de son maître, poussant sa truffe sous sa main pendante, pendant qu'il observait les photos de la famille Thorn. Il avait l'air mignon, le cadet, au visage adolescent qui riait sur la photo figée moldue. Arthur et Viviane étaient aussi reconnaissables, Nate avait du mal à ne pas avoir honte d'avoir manqué leur lien de parenté. Enid était sur une autre photo, elle animée, et la petite riait avec la moitié de ses dents qui manquaient. Il y avait une autre photo d'Arthur plus jeune en compagnie de toute sa famille, et Nathanael la souleva du meuble pour mieux l'observer. L'autre homme souriait, à l'époque, comme il se souvenait de lui à Poudlard. Souriant et malin. Il reposa le cadre, et posa ses doigts sur une photo au mur, d'Arthur l'air radieux avec un bébé dans les bras. Il ne pouvait s'empêcher de sourire avec tendresse en le voyant si heureux.
C'est ce moment qu'Arthur choisi pour descendre les escaliers encore à moitié nu -Really, Arthur, really ?! Il s'était tourné face à lui, attendant un verdict qui semblait s'apprêter à tomber. Il ne lui en demandait pas tant, à vrai dire. Il ne voulait pas particulièrement qu'il décide sur le champs. Même si c'était peut être plus clément comme fin, plutôt que d'espérer encore. Mais cette impression d'inachevé ne lui allait pas beaucoup mieux. Et le fait qu'Arthur n'était toujours pas couvert ne l'aidait en rien. Il l'écouta, jusqu'au bout, et soupira doucement. Cette note de finalité lui ressemblait bien, mais il ne l'avait pas autant entendu parler du fond du coeur depuis qu'il le connaissait.
« I didn't do much, except messing with your head. »
Il eut un petit sourire, ses yeux sur le T-shirt que l'autre homme avait encore en main, conscient qu'Arthur aurait certainement eu le choix plus facile s'il n'était pas entré dans sa vie.
« But I meant it. Everything I said. »
That I like you too much. Il n'avait pas besoin de le lui rappeler, son regard disait le reste. Cosmo était aux côtés de son maître, fidèle, présent pour lui, il lui en était reconnaissant. Il hésita un peu. Les mots de l'autre sonnaient tellement comme un au revoir, voire un adieu, même s'il savait que c'était avec sincérité qu'il lui proposait ça. Il savait que probablement qu'une fois qu'il l'aurait raccompagné, il ne le reverrait pas de si tôt. Il commençait à le connaître. Nate soupira, passant sa main sur sa nuque. S'il pensait que disparaître de sa vie pouvait tout arranger il le ferait. Il se serait effacé tout de suite s'il pensait que cette ex fiancée pouvait rendre Arthur heureux. Mais là... Dehors, il y avait une éclaircie. Les gouttes tombaient clairsemées, et quelques rayons éclairaient le bout de terre.
« Do you want to take a walk before taking me home ? »
Il demanda, presque comme un service, finalement. Il n'avait pas envie de rentrer tout de suite. Aussi bizarre que ça puisse paraître, il voulait encore être un peu avec lui. Il s'était rapproché, laissant les photos d'Arthur souriant derrière lui.
« Oh and I will need a shirt if we do go out... »
La situation le faisait un peu rire. Ou alors il devenait fou. Arthur allait encore rougir, et vraiment, c'était drôle, non ? Il était assez bien pour faire rougir un Auror et le gêner comme un adolescent mais pas assez pour lui faire oublier les fantômes de son passé. Un T shirt charmé depuis l'étage enfilé plus tard, et ses affaires dans un sac histoire de les remmener avec lui ensuite, et Cosmo à ses côtés, ils passèrent à nouveau la porte de la maison au bord de la falaise. La maison s’éloignait petit à petit, et le pâtissier profitait à nouveau du paysage sous une nouvelle lumière. Il marchait en silence, profitant juste de l'air marin et de la compagnie. Il avait toujours envie de lui prendre la main. Il avait envie de le serrer contre lui, de l'embrasser, de lui dire d'oublier cette femme qui l'avait fait souffrir mais... Ca n'était juste pas lui. A un moment, les deux avaient fini par comprendre qu'il était l'heure de rentrer. Nate s'était approché d'Arthur, doucement, prenant son bras avant que ce dernier ne lui demande. Et puis l'autre, et puis il le serra contre lui tout entier.
*** Je n'ai pas fait grand chose, à part jouer avec ta tête. Mais je le pensais. Tout ce que j'ai dit. Ca te dirait une promenade avant de me ramener à la maison ? Oh et j'aurai quand même besoin d'un T shirt si on sort ...
Cette étreinte, c'était finalement tout ce qu'il demandait. Il le faisait en partie, beaucoup même, pour l'autre homme. Pour le calmer, pour le remercier, pour lui dire... Quoi... Que les choses iraient mieux ? Qu'il lui souhaitait du courage. Qu'il ne lui en voulait pas le moins du monde. Jamais. Mais aussi qu'il tenait à lui, d'une certaine façon. Il espérait passer beaucoup de choses dans cette étreinte, parce qu'il savait qu'une fois qu'ils auraient Apparu dans la ruelle de sa pâtisserie, ce serait probablement la dernière fois qu'il verrait le visage d'Arthur avant un moment. Et ce serait mieux pour l'autre homme. Pour lui... Il irait de l'avant, un jour. Il attendrait sans doute comme l'idiot qu'il était un certain temps, mais il irait mieux. Sa rencontre avec l'Auror avait opéré quelque chose chez lui, qui lui donnait cet espoir.
Il se détacha à son tour, et c'était avec le coeur moins lourd. Il lui offrait un visage des plus amical et rassurant. Cosmo n'était qu'à quelques pas, et il s’apprêtait à l'appeler à ses côtés et à lui demander de prendre sa forme de transport -merci la magie- quand il se senti attiré à nouveau dans une étreinte, bien différente de tout ce à quoi il aurait pu s'attendre de la part d'Arthur. Un baiser qui ferait monter le rouge aux joues du pâtissier s'il avait quelques années de moins. Un baiser qui ne pouvait laisser personne indifférent. Nathanael, lui, réfléchit avant de rendre la fougue qu'Arthur instaure dans ce baiser un peu désespéré. Il sait que ça ne change rien à tout ce qu'ils viennent de ce dire. Il se doute que le coeur de l'autre homme n'a pas soudainement viré de bord. Que rien n'est rêglé. Et pourtant, petit à petit, il se laisse happer, laissant son coeur s'exprimer.
Il manque de souffle lorsque leurs lèvres se séparent, et que leurs mains quittent le corps de l'autre. Dans un moment fugace, Nate se demande si Arthur ne va pas regretter et faire demi tour. Son coeur bat fort pour un gars de son âge, c'est un peu indécent. Lui, il cherche les yeux d'Arthur. Et entend ce qu'il lui dit et au delà. Il entremêle ses doigts avec les siens.
« I'm good with this. »
Il sourit d'avantage que jusqu'à présent, calmement -sa respiration n'est pas encore calme, elle.
« A week or a month with you, it's not something I can turn down. You can take you time. I told you, I will wait. Talk to her or... Think. I'll be there. »
Il rougirait presque, à nouveau, quand Arthur lui confesse encore son affection. Il a l'impression d'avoir affaire à un adolescent. Sauf que, contrairement à d'habitude où il se sent trop vieux pour les malheureux et malheureuses qui se confessent à lui, il a l'impression d'être lui aussi un adolescent. Son pouce caresse sa peau. Il s'approche un peu, et au ralenti, il goûte ses lèvres à nouveau, lentement. La tentation est forte. Mais il se doit de laisser souffler un peu Arthur, aussi. Mais la tentation est forte. Il se recule juste ce qu'il faut, inspirant enfin le contant d'air, comme s'il n'avait pas eu assez d'oxygène depuis trop longtemps. L'air marin vous change un homme, pas vrai ? Il commençait à le croire. Même s'il aurait toujours une préférence pour la forêt.
« Do you want to finish that breakfast ? »
Il proposa à voix basse. Si Arthur le connaissait un peu, il pouvait comprendre qu'il proposait un long petit déjeuner, qui s'étalait sur l'après midi, et pas seulement à table. Mais Il pouvait tout aussi bien le ramener chez lui. Cette fois, il avait l'espoir qu'il le reverrait. Cosmo lui ne comprenait pas pourquoi les deux hommes se tenaient debout sur une pointe de falaise, et commençait à s'impatienter. Il frotta sa tête contre son maître le déséquilibrant un peu, le faisant soupirer et flatter son encolure pour le rassurer.
*** Ca me va très bien. Une semaine ou un mois avec toi, ça n'est pas quelque chose que je peux refuser. Tu peux prendre ton temps. Je te l'ai dit, j'attendrai. Parle-lui ou ... réfléchis. Je serai là. Est-ce que tu veux finir ce petit-déjeuner?
Ho, ça ne le gênait pas du tout. Il était déjà content de ne pas avoir été congédié bien plus tôt. Il était content, même s'il était aussi conscient de l'instabilité de la situation, de cette décision que semblait avoir prise Arthur. Il ne s'éloignait pas beaucoup de lui, et acquiescait en caressant Cosmo.
« I get to spend more time with you. If it's not too much stress, I'll impose a bit longer then. »
Il le suivit, les yeux sur sa silhouette alors qu'il prenait le chemin de sa maison si particulière. Lors de la première soirée et l'alcool aidant, Arthur lui avait raconté de quelle façon la maison s'adaptait à ses occupants, un peu comme la Salle du Demande de Poudlard (dont il avait usé une fois ou deux, à l'époque). C'était tellement fascinant, même lorsqu'on avait vécu dans le monte magique depuis plus de vingt ans. Il passa la porte derrière lui, et retourna dans la pièce accueillante et pleine de vie. Pleine de la vie d'Arthur. Son histoire qu'il connaissait à peine, qu'il était curieux de découvrir. Sa question l'amena à regarder la table de petit déjeuner abandonnée. La révélation qui avait changé beaucoup de choses.
« There is something... We left on hold. »
Il dit, retirant la veste que l'autre homme lui avait prêtée. Il ne lâchait pas la scène de la cuisine des yeux, tandis que Cosmo faisait presque comme chez lui (sans jamais trop s'éloigner de son maître) et allait se désaltérer dans la gamelle du chiot. Il n'osait pas lever les yeux, et restait le regard figé sur ses propres mains, alors qu'il posait la veste sur le dossier d'une chaise, qu'il s'appuyait sur un meuble. Et puis il finit par les lever sur Arthur, et c'est avec le plus grand naturel du monde qu'il vint à nouveau l'embrasser. Avec une envie retenue, d'abord. Comme s'il n'arrivait pas à s'autoriser même une chose aussi simple. Et puis, avec les tentatives, il gagna en assurance, et quelques secondes plus tard ce n'était plus le même homme qui embrassait Arthur. Une certaine ardeur s'était emparée de lui, qui n'allait qu'en grandissant.
Bientôt, comme le premier soir, ils se heurtaient aux meubles autour d'eux dans l'empressement et la passion maladroite. Il n'y avait plus d'hésitation du côté du pâtissier, juste du désir, pur et simple. Il couvrait l'autre homme de baisers et de caresses qui débordaient petit à petit sous les vêtements, tous les deux debout dans la cuisine. Ils manquèrent de faire tomber un mug et un paquet de café et c'est au troisième ustensile qui manqua de périr sous l'assaut de leur étreinte que Nate rit un peu et serrant Arthur à la taille, après un dernier baiser, il le laissa respirer.
« Are you still hungry ? I could eat but I could... We could... »
Le reste se perdit dans le cou de l'Auror. Nathanael se sentait beaucoup trop bien, à cet endroit. Il pourrait y prendre goût. Il pourrait rester ici une éternité, à laisser trainer ses lèvres sur sa peau, si on lui en laissait l'occasion. Il pouvait aussi aller bien plus loin mais la proposition paraissait presque indécente, de sa part, alors il la laissa simplement sous entendue, à la liberté de son ami. Son amant... Un peu de tout ça en même temps.
*** Je passe plus de temps avec toi. Si ce n'est pas trop stressant, je vais m'imposer un peu plus longtemps alors. Il y a quelque chose... Nous sommes partis en laissant ça sur le feu. Tu as encore faim ? Je pourrais manger mais je pourrais... On pourrait...