Depuis quelques temps, c'est un sentiment ambivalent qui accapare le coeur et l'esprit de Livio. Il faut dire que son moral et sa vie sont un peu sujets aux vagues. Ses cousins sont toujours là, et leur menace pèse comme une épée de Damoclès sur la nuque du maquilleur. Sans compter sa rencontre avec plusieurs Deathwings, même s'il ne compte pas Mthunzi comme étant un méchant, il faut dire qu'il a de plus en plus de contacts avec des gens proches de ces tarés. Et, comme le métis, il commence à se demander s'ils sont tous aussi tarés qu'il ne le croit. Mais, en même temps, il a aussi de plus en plus de contacts avec des gens qui ne sont pas membres de ce groupuscule. Il retrouve aussi de plus en plus des amis d'enfance, et quelque part, ça lui fait un bien fou. Ernest tout d'abord, Ariel, et maintenant Alphonsus. Ca lui rappelle BeauxBâtons, ces années où il avait l'impression que tout était plus simple, un moment où sa famille n'avait pas tant d'emprise sur lui. Un bonheur qu'il espère effleurer du bout des doigts, un jour de nouveau, grâce à ses amitiés. Des gens sur qui il peut compter. Il n'en n'a pas beaucoup, mais ça lui fait un bien fou de se dire qu'il n'est pas aussi seul qu'il peut le croire.
Ce matin là, il referme doucement une enveloppe avec un petit sourire triste. Il regarde le nom écrit à l'encre sur le papier, et il la donne à son hibou pour qu'il l'achemine. Il écrit à Mthunzi, comme ils le font depuis le départ du métis. Leurs échanges se font doucement plus rares, et ce sentiment dans le coeur de l'italien aussi, perd en intensité. Ca s'efface, comme il efface tout ce qui lui fait du mal, tous ces souvenirs qu'il enfouit. Il n'a de toute façon pas le temps pour la tristesse ce jour là. Il lui faut se préparer. Livio a prévu de retrouver Alphonsus pour un pique-nique. Ca faisait un moment qu'ils ne s'étaient pas vus, après que le plus âgé ait finit sa scolarité à BeauxBâtons. Il fallait dire que Livio n'était pas non plus des plus doués pour entretenir ses relations à cette époque. Mis à part Ernest, il avait finit par perdre tous les gens à qui il tenait, surtout après les quelques mois passés dans sa famille aux idées sombres. Mais pas le temps de penser à ça. Il se lève et part se doucher après une caresse à Spooky, son chat. Il manque de trébucher sur trois ou quatre piles de trucs pas rangés, mais finit pas arriver là où il est censé arriver. Une fois préparé, ses longs cheveux séchés par la magie, il les laisse dans leur châtain naturel. Il s'habille rapidement, attrape sa baguette et dicte des étapes pour préparer le pique-nique. Il prépare un peu de tout, des sandwichs, des salades, des desserts... Il manque plusieurs fois de tout faire tomber ou d'oublier quelque chose, mais finalement il s'en sort. Tout se retrouve rangé dans un sac sans fond, et le voilà à sortir de son appartement pour marcher dans les rues du Londres magique.
Quand il arrive au lieu de rendez-vous, un parc assez tranquille où on retrouve très peu de monde, il est un peu en avance. Alors il en profite pour étaler la nappe sur l'herbe et se laisse tomber dessus en souriant. Il ferme les yeux quelques instants et prend le soleil tranquillement, en attendant l'arrivée de son ami. Il fait beau, il fait bon mais pas trop chaud non plus. C'est un moment agréable pour l'italien.
En venant enseigner à Poudlard, il ne me serait jamais venu à l'idée que je retrouverais autant de vieilles connaissances, voire de vieilles amitiés. Depuis que j'avais quitté Beauxbâtons, et que j'avais commencé à travailler au Royaume-Uni, j'avais retrouvé au moins trois ou quatre personnes avec qui j'ai partagé des moments, en France.
Aujourd'hui, c'est Livio avec qui je vais passer du temps. Je me souviens parfaitement de lui, à l'époque. Il avait besoin d'aide pour les cours. Il a bien changé depuis cette époque. Je suis bien content de pouvoir discuter plus amplement avec lui. Nous avons prévu un pique-nique, ce qui explique que je sois en train de choisir du vin. J'ai décidé de prendre une bouteille de Château Margaux, un rouge de la région de Bordeaux, ainsi qu'un Pinot Gris du domaine de Kreydenweiss. Je remonte de la cave. Mes parents m'envoient régulièrement du vin. Les Anglais ne sont pas de très bons œnologues ...
Une fois le vin mis à refroidi, je décide de prendre une douche. En en sortant, je jette un oeil à ma penderie. Pour l'occasion, et au vu du temps, je décide d'enfiler un simple short gris, une chemise blanche à manches courtes, une paire de baskets blanches et un chapeau pour agrémenter le tout et ne pas prendre d'insolation. Je me suis rapidement acclimaté aux températures ici. Je me regarde dans le miroir.
Ma première sortie depuis le début des vacances. Enfin, c'est surtout que j'ai voulu m'avancer un maximum pour la rentrée, comme ça je pourrais profiter des moments comme celui-ci. Dans mon sac à dos, je glisse les deux bouteilles de vin, des verres à pied enchantés pour ne pas se casser, ainsi qu'un bouquin au cas où Livio aurait toujours la fâcheuse tendance d'arriver en retard.
Je transplane. J'aime cette sensation de quitter le sol, de perdre pieds. Cette impression qu'à tout moment le contrôle nous échappe. Je sais bien que je suis toujours le maître de cette situation. Je sens le sol se matérialiser sous mes pieds. Le soleil tape sur mes épaules. Je hume l'air, puis ouvre les yeux. Un peu plus loin, sous un arbre, je reconnais la silhouette de mon ami italien, allongé sur une nappe à carreaux comme celles qu'on voit dans les films.
D'un pas léger, je m'approche. Je m'efforce de faire du bruit pour ne pas le surprendre. Je finis par m'installer à ses côtés.
"Ça c'est un super endroit ! L'arbre est parfait."
Je pose mon sac et sors ce que j'ai mené pour le pique-nique. Je murmure un sortilège et la bouteille de vin blanc reste fraîche. Un autre sortilège et les deux bouchons sautent avec un petit bruit. Je souris à Livio.
"Comment tu vas ? Et plus important : tu bois quoi ?"
Il se laisse aller, frémissant parfois au gré de la petite brise estivale qui vient rafraîchir l'air. Elle est bienvenue, pour éviter que l'air soit trop lourd trop rapidement, et l'ombre de l'arbre sous lequel il les a installés leur permettra de ne pas trop se faire agresser par les rayons de l'astre diurne. Moins de chances d'insolations et de coups de soleil, c'est une bonne chose. Livio reste là à se prélasser pendant ce qui lui semble être une éternité, alors qu'il ne se passe que quelques minutes, une dizaine tout au plus. Ce moment suspendu, comme hors du temps, lui fait un bien fou. Parce qu'il est seul en sachant qu'il va voir quelqu'un qu'il apprécie et dont il n'a pas à se méfier, parce que, pour quelques poignées de secondes, c'est comme si sa vie est en pause, loin de tout ce qui l'accable d'habitude, désormais. Il sourit de plus largement à mesure qu'il entend des pas approcher. Il se doute que c'est son ami, qui pourrait bien vouloir venir parler à quelqu'un au milieu d'un parc, visiblement prêt pour un pique-nique, s'il ne connait pas cette personne? Personne, voyons. Si?
Il se redresse et s'assied en tailleurs quand le français s'installe à côté de lui. Un large sourire barre le visage d'un Livio ravit, qui retrouve quelques traits enfantins. Ca fait tellement du bien à son âme, de voir que ses anciens amis ne l'ont pas oublié. Il se sent un peu moins seul dans sa vie, et ses problèmes lui semblent un peu moins insurmontables. N'est-ce pas? J'ai essayé de trouver un endroit sympa et un peu à l'ombre. Réplique-t-il à son ami, souriant toujours autant. Je vais plutôt bien, et toi? La même chose que toi, je ne suis pas vraiment difficile. Mais ne me sers pas un trop grand verre, je te prie. Livio se connaît, s'il peut parfaitement apprécier un bon vin ou un bon alcool fort, il est plus tourné vers les cocktails, il connait ses limites et n'aime pas trop ce qu'il peut devenir s'il boit trop. Alors, il me semble que tu es devenu professeur? Ca me paraît tellement logique, tu étais bon pédagogue pour m'aider à l'école. Sourit-il en récupérant le verre qu'il lui tend, murmurant des remerciements avant de se concentrer sur ce que son ami a à lui répondre. Ca fait longtemps que tu vis à Londres? Il s'est passé tellement de temps depuis que tu as quitté BeauxBâtons à la fin de tes études, j'ai l'impression que c'était hier, et en même temps ce temps là me paraît si lointain. Il boit une gorgée de son vin en souriant, son regard de glace courant sur le visage de son ami, intéressé.
Voir Livio me rappelle mes années d'études. J'étais heureux en France, mais en effet je voulais essayer d'autres choses. J'ai laissé mes parents et ma fratrie derrière moi, mais ça a été la meilleure décision de ma vie. J'ai été assez impressionné de retrouver tant de vieux amis, de vieilles connaissances, ici au Royaume-Uni. C'est plutôt drôle d'ailleurs, mais pas particulièrement étonnant, étant donné la réputation de Poudlard et de la MUL.
Je hoche la tête à l'évocation de l'endroit où nous sommes installés. Je regarde un peu autour de nous, et les gens paraissent assez loin pour ne pas être un problème. Non pas que je sois misanthrope, mais j'ai pas particulièrement envie que quelqu'un vienne nous embêter pendant notre pique-nique.
"Eh bien écoute, je vais bien. Je profite, les vacances commencent."
Lui souriant, je hoche de nouveau la tête en servant un fond de vin blanc au jeune homme. Je me sers un verre également, puis trinque. Après une gorgée, je hoche la tête pour la troisième fois.
"Et oui, je suis devenu prof. Comme tu dis, c'était un peu une évidence pour moi. Et j'ai choisi l'Histoire de la Magie parce que c'est tellement intéressant si on arrive à t'y faire prêter attention."
Je lui souris.
"Je suis ici depuis la fin de mes étude à Beauxbâtons. C'était en 2015. J'ai pris un poste de remplacement et j'ai tellement aimé être ici que je suis resté. Finalement ça fait que cinq ans mais tu as raison, ça paraît une éternité."
Surtout qu'entre-temps Lizzie a fait irruption dans ma vie, avant d'en disparaître à jamais. Il m'a bien semblé l'apercevoir l'autre soir, mais je me suis sans doute fourvoyé.
"Et toi alors ? Qu'est-ce qui t'a mené ici ? Tu poursuis des études ?"
Rattraper le temps perdu, comme si Maman. C'est important de se mettre à jour, surtout quand ça fait si longtemps qu'on ne s'est pas vus. Et puis, dans mes souvenirs, Livio faisait partie des plus sympathiques. Il avait beaucoup à gérer avec son don.
Le métamorphomage sourit encore largement, et il savoure son vin en laissant courir son regard sur le paysage qui les entoure. Des souvenirs de BeauxBâtons lui reviennent en mémoire, et la nostalgie s'empare très légèrement de lui. Il faut dire que c'était un temps où tout paraissait plus simple, simplement se lever le matin et suivre une routine imposée par l'école. Toujours les mêmes cours, toujours les mêmes personnes. Pas besoin de se prendre la tête sur quoi manger, où manger, qui voir ou quoi faire. Un quotidien rythmé et imposé, qui lui permettait de fuir sa famille. Depuis qu'il est diplômé, ça lui paraît plus difficile. Se débrouiller, penser à tout, et en même temps éviter et oublier ses cousins. C'est comme si la vie d'adulte qu'on attendait tant pour la liberté qu'elle semblait promettre, est tout l'inverse de ce qu'on pouvait imaginer. Pour Livio, la cage n'était que pire, aucune protection pour lui. Mais il s'y fait. Il s'y fait doucement.
L'italien porte son regard sur son ami et son sourire ne fait que s'agrandir. L'histoire de la magie. Ça lui paraît tellement logique venant de lui, il ne saurait pas vraiment dire pourquoi. Peut-être que ses origines moldues y sont pour quelque chose, découvrir ce nouveau monde à dix ans passés, ce monde auquel il appartient... Livio peut le comprendre, cette fascination pour l'histoire de son don. Ça n'est pas trop compliqué de gérer tant d'élèves? Ça doit tout de même beaucoup changer de n'avoir que quelques élèves particuliers. demande-t-il en souriant, posant son verre pour déballer toute la nourriture qu'il a préparée. Il l'étale sur la nappe et lui donne une assiette s'il veut éviter de se salir. Cinq ans. Il s'en est passé des choses depuis, ça me paraît tellement loin, tout à coup. Il rit légèrement et attrape un sandwich et une serviette, se redressant pour s'asseoir en tailleur. Il sourit en entendant qu'il s'intéresse à lui.Après avoir terminé mes études à BeauxBâtons, j'ai passé quelques mois dans ma famille en Italie. Il tait ce qu'il y a fait, ce sont de mauvais souvenirs et il n'est pas vraiment fier. Puis j'ai déménagé à Londres, dans la famille moldue de ma mère. J'ai fait une école de maquillage, et maintenant je suis maquilleur professionnel et modèle photo. Il sourit et croque dans son sandwich avant de s'essuyer la bouche avec sa serviette. Ça me plait beaucoup, et mon don de métamorphomage est très pratique pour le coup, surtout pour les couleurs de cheveux. Il rit doucement et lui sourit largement, ravit de le voir. Merci de m'avoir aidé. Sans toi et Ariel, je pense que je serais encore en train de changer de couleurs de cheveux à longueur de journée sans rien pouvoir contrôler.
Livio semble s'intéresser à ce que je suis devenu depuis la dernière fois que nous nous sommes vus. C'était à Beauxbâtons, je finissais mes études. J'aurais pu rester et devenir prof là-bas, mais j'avais trop soif de découverte, trop soif de voyage. J'avoue, j'ai failli partir d'ici après mon stage. Mais finalement je me suis attaché à ce château, à ses occupants.
Je ne peux m'empêcher de rire à la question du jeune homme.
"C'est pas facile tous les jours ... Ça n'a rien à voir avec les cours particuliers. Mais à partir de la troisième année je suis une option. Du coup les élèves qui sont faces à moi l'ont, pour la grande majorité, choisi. D'ailleurs, je remarque qu'il y a une grosse proportion de Nés-Moldus."
Je le regarde se servir et fais de même. Je croque dans un sandwich en acquiesçant. C'est vrai que cinq ans, ça paraît un temps très court et très long à la fois.
J'écoute le jeune Italien me raconter ses cinq dernières années. Je hoche la tête de temps en temps pour montrer que j'écoute. Je suis super heureux de voir qu'il a réussi à s'épanouir dans sa vie. Quand je l'ai connu il était plutôt renfermé, il se sentait pas forcément bien à cause de sa capacité. Je ris à mon tour lorsqu'il explique se servir de son don pour changer ses cheveux.
Alors qu'il me remercie pour l'avoir aidé il y a maintenant une vie de cela, je fais un geste de la main. J'ai adoré faire ça. J'ai tout aimé dans cette expérience : aider quelqu'un, découvrir de nouvelles choses, faire des recherches, me trouver dans une position de mentor, savoir qu'une personne compte sur moi.
"Tu cachais mal tes émotions à l'époque ! On lisait en toi comme en un livre de coloriage."
Je ris de nouveau.
"Ne me remercie pas. Tu sais, en quatrième année j'ai un cours dédié aux Métamorphomages célèbres. J'aurais pas réellement appris leurs contributions au monde Sorcier si t'avais pas eu besoin de mon aide à l'époque."
Il faut en effet remettre les choses dans leur contexte. Pour la plupart, leur capacité leur a permis d'infiltrer des endroits, ou de prendre la forme d'un gradé et dispenser des ordres qui étaient en la faveur de leur propre camp.
Livio a de bons souvenirs de BeauxBâtons, et pas seulement parce que c'était un temps où tout était plus simple, et où sa famille ne pouvait pas vraiment avoir d'emprise sur lui. Il y avait les cours, l'apprentissage, la découverte, mais aussi les amis, les relations, les rires. C'était terrifiant et exaltant à la fois, et maintenant qu'il a plus de recul dessus, il se rend compte que ça avait probablement été les meilleures années de sa vie encore courte. Mais Livio n'a pas vraiment d'espoirs pour que les choses qu'il vit en ce moment s'arrangent. Ou du moins, pas pour le moment. Alors il s'efforce de profiter d'instants comme celui-ci, où il peut retrouver un semblant de bonheur avec des gens qu'il a apprécié et qu'il apprécie toujours. Le rire d'Alphonsus fait sourire Livio légèrement. Ca lui réchauffe le coeur, et quelque part, il oublie les démons qui le hantent. C'est une bonne chose. Ca doit être vraiment plus agréable d'enseigner à des élèves qui ont choisi de suivre ton cours. Ils doivent être autrement plus attentifs, j'imagine. Commente-t-il en souriant. Il se souvient de certains cours obligatoires où les élèves faisaient vivre un enfer aux professeurs, car ils n'appréciaient pas la matière et étaient obligés de la suivre. Ca ne m'étonne pas vraiment que tu retrouves une majorité de né-moldus. Ils découvrent leur monde. Sourit-il avant de lui faire un clin d'oeil. Livio pense bien qu'Alphonsus n'a pas non plus choisi cette matière par hasard.
Livio mange doucement en discutant, souriant et riant parfois avec son ami. Ami de longue date, au final, quand on y pense. A peut près aussi longtemps qu'Ariel, et à peine moins d'années que son amitié avec Ernest. A dire vrai, les trois garçons sont ses plus vieux amis, et il se sent chanceux d'avoir pu les retrouver tous les trois. Après quelques mois isolé dans sa famille, il n'avait plus grand espoir de les revoir. Et le voilà aujourd'hui, entouré. Livio manque de s'étouffer alors qu'il rit à la remarque du français. C'est vrai qu'il était simple de le décrypter, par le passé. Et honnêtement, il y a ds jours encore aujourd'hui où il ne gère pas tout à fait ses émotions. C'est d'ailleurs là la faille qu'exploitent toujours encore ses cousins. C'est vrai que c'était simple de me destabiliser et de savoir que c'était le cas. En réalité, je ne suis pas encore tout à fait hermétique. Il peut encore être assez simple de me décrypter, même aujourd'hui. Avoue-t-il en finissant son verre avant de s'essuyer les lèvres et les doigts avec une serviette. Son regard glacé se lève pour se poser sur le visage de son ami, un peu surpris par sa dernière phrase. Des métamorphomages célèbres? Il se souvient de ces informations. Il n'est pas toujours sûr d'être content d'être associé à des gens qui ont trompé le monde pour faire avancer leurs idéaux... Et encore moins de savoir qu'il en fait partie, quelque part, avec ce que ses cousins l'obligent à faire, parfois. Manipulé, manipulable, il devient une arme. Son sourire devient un peu fade. Il y en a de tristement célèbres oui. Il secoue un peu la tête et s'étire, attrapant son chapeau pour se le visser sur la tête. C'est peut être une tentative un peu vaine de cacher ses cheveux aux reflets changeant, mais il a l'impression que ça l'aidera à garder son masque. Tu as des élèves métamorphomages, d'ailleurs? Je suis curieux de savoir si tu retrouves des gens comme Ariel et moi, quand on étudiait. Lui lance-t-il, dans un espoir de détourner un peu le sujet.
Je hoche la tête, alors que le jeune homme me dit penser que c'est plus simple d'enseigner lorsque les élèves ont choisi d'être dans mon cours. Je ne peux que repenser à mes jeunes années, et aux pauvres enseignants qui devaient gérer des mômes détestant leurs matières. Rien que d'y penser j'en ai presque des frissons.
"Oui, c'est d'ailleurs ce qui m'a poussé à me pencher autant sur cette matière, comme tu as l'air de t'en douter."
Je souris à mon tour et termine de manger. Je me ressers un verre, proposant à Livio du regarde de le servir à nouveau également. Je profite de ces instants, tout ce qu'il y a de calmes et de sereins. Je pense à ma famille, et je sais à quel point ils aimeraient être là, prendre le soleil en buvant un verre. Ils me manquent, je vais peut-être rendre une petite visite à Lis et J-D dans la semaine.
La conversation dérive sur le don de mon ami, et sa difficulté à l'époque à cacher ses émotions. Je l'écoute, profondément désolé qu'aujourd'hui encore il ait parfois du mal à se contrôler. Mais je ne sais que répondre, alors je préfère ne rien dire.
Nous parlons d'autres métamorphomages. Tristement célèbres, oui, mais pas que.
"Il en existe aussi qui ont mis leur don à contribution pour le bien de tous. Tu savais que, pendant la Seconde Guerre Mondiale, un métamorphomage allemand a pris la forme d'un général pour ordonner une retraite qui a permis aux alliés de faire une percée sur le front de l'ouest ?"
Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. J'espère qu'au moins cette petite anecdote le fera se sentir un peu mieux. Ai-je des métamorphomages en classe ? Je hoche la tête.
"En cinq ans d'enseignement, ça m'est arrivé une fois. En tous cas, ça m'est arrivé une fois que je sache. Il se faisait aider par le professeur de Métamorphoses, ce qui est plus logique que d'aller voir le prof d'Histoire de la Magie."
Maintenant, bien entendu, j'ai dû en avoir d'autres, peut-être plus âgés et qui maîtrisaient mieux. Je ne pose pas forcément ce genre de question. Le jeune en question était venu me voir à la suite de mon cours sur les métamorphomages célèbres.
Livio est dans un état assez étrange. Il est a la fois ravi de revoir son ami, mais aussi un peu nostalgique. C'est comme si ces années qui se sont écoulées ne se sont pas vraiment déroulées, tout en étant passées tout de même. Une sensation bizarre qui le prend, le rend un peu nauséeux. Comme s'ils n'avaient pas vraiment changé, et qu'ils étaient en même temps vraiment différents. Deux êtres semblables à leurs eux du passé, mais ayant tout de même évolué depuis. Tant mieux, quelque part, parce que Livio est content de certains pans de sa vie qu'il a réussi à améliorer. Et en même temps, il aimerait revenir en arrière, quand tout semblait plus simple. L'italien regarde son ami manger d'un air un peu pensif, avant de sourire et secouer légèrement la tête, posant sa main sur son verre pour signifier qu'il a assez bu. Il ne doit pas exagérer, sinon qui sait ce qu'il pourrait faire? Il y a des amitiés comme ça qu'il ne voudrait pas entacher a cause de bêtises dues a l'alcool. Même si, au fond, l'alcool lui a aussi amené du bon comme avec Corwin.
Alphonsus a l'air de comprendre assez vite que Livio s'en fait un peu a propos des metamorphomages célèbres pour de mauvaises raisons, étant donné qu'il lui explique que certains ont réussi a aider leurs causes. Livio n'a pas vraiment oublié ses cours, mais ça lui fait toujours du bien qu'on lui rappelle que le mal n'est pas partout et que son don peut aussi être une bénédiction. Son sourire s'intensifie un peu, et il joue avec le verre vide qu'il tient toujours. C'est vrai qu'il n'y a pas que du mauvais dans tout ça, et peut être qu'en sa personne non plus. Sinon pourquoi des gens comme Alphonsus, Ariel ou Ernest s'intéresseraient à lui? Il peine à croire qu'il soit si mauvais, finalement. Il hoche doucement la tête. C'est vrai, il n'y a pas que de sombres métamorphomages. Il a envie de continuer, de dire qu'Ariel est certainement tout sauf 'méchant', mais il a peur qu'Alphonsus comprenne que lui-même ne se comptait pas dans les 'gentils'. Et ça, ça le terrifie, d'imaginer que son ami puisse finir par comprendre toute l'étendue de sa noirceur. Alors il se tait et change de sujet.
Effectivement, vu comme ça, la métamorphose paraît une meilleure matière pour trouver de l'aide! Blague-t-il en retenant un éclat de rire. Tout le monde ne peut pas savoir que tu as un passif lié à ça. Admet-il en souriant, attrapant du jus de fruit pour se servir, ne lui proposant pas comme Alphonsus a encore du vin dans son verre. Ca a l'air d'être une condition assez rare tout de même. A part Ariel, je ne crois pas en connaître d'autres... Semble-t-il réfléchir, pensif. Enfin, ils doivent surement mieux se cacher que moi aussi. Un petit rire plus tard et il sort des coupelles de fruits coupés et des gâteaux pour lui proposer un dessert. Il relève un peu son chapeau qui lui cache légèrement la vue. Sinon, en dehors du travail, comment va ta vie? Tu t'es fait des amis depuis ton emménagement? Il hésite un instant, et ne lui demande pas pour le côté coeur. Déjà parce qu'il pense que ça peut être déplacé, et ensuite parce qu'il ne veut pas vraiment que la question se retourne contre lui.
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Sujet: Sunny day || Alphonsus 
