Sunny day in winter feat. Opaleye Nepia

Se faire des amis, ce n'était pas vraiment dans les livres d'Ariel. Malgré lui, il s'en faisait quand même, malgré son envie d'éviter tout être humain. Pas qu'il n'aimait pas le contact des autres, bien au contraire en fait. Il aimait ça. La solitude, même s'il aimait croire le contraire, ça ne l'avait jamais attiré. Il trouvait ça effrayant. Le silence, y avait rien de plus angoissant, surtout quand il se perdait dans ses petits problèmes. Un silence réconfortant, c'était rare ces temps-ci pour lui. Heureusement pour lui, les quelques personnes qui étaient proches de lui le connaissaient bien et savaient comment lui remonter un minimum le moral. Ils étaient de bons conseils aussi, parfois. Mais la situation était pus compliquée que d'habitude et surtout, Ariel n'avait pas vraiment parlé de tout ce qui le tracassait... Avouer que son père faisait partie de ces guignols psychopathes, ce n'était pas facile, surtout que techniquement, il faisait presque partie du même groupe.

Non, ce qu'il préférait faire dans ce genre de moment, c'était passer du temps avec les seuls êtres vivants qui ne posaient pas de questions : les animaux et les plantes. Même s'il s'y connaissait moins bien pour ces dernières, il appréciait être dans la nature quand les choses n'allaient pas fort. Alors quand il s'était réveillé ce matin là, il avait pris sa décision : passer sa journée dehors. Il allait emmener Pattoune, qui écoutait plus que bien, ainsi que le botruc qui ne cessait de le suivre depuis qu'il l'avait sauvé. Pas qu'il s'en plaigne, mais il avait dû installer une espèce d'arbre dans sa chambre pour que cela en fasse un factice. Pour que le botruc, gentiment nommé Bébère, comme sa peluche quand il était plus jeune (oui il avait toujours eu une relation compliquée avec les prénoms), passe le plupart de son temps dans son lit, sur lui ou encore à grimper sur ses affaires. Le regarder faire des âneries réconfortait énormément Ariel, au fond.

Il faisait beau dehors, surtout pour un mois de décembre. Mais il n'allait pas s'en plaindre, il aurait détesté qu'il pleuve aujourd'hui. Le botruc accroché à ses cheveux sous son bonnet et Pattoune, habillé d'un manteau pour lapin, était tenu en laisse et harnais. Heureusement que les sors pour réchauffer existaient, sinon, le lapin se serait transformé en glaçon. Ariel se trouvait désormais aux abords de la forêt lorsqu'il aperçut quelqu’un au loin, quelqu'un qu'il connaissait désormais bien. Opaleye faisait partie du même club que lui, passionnée des animaux. Il ne pouvait pas dire qu'il lui avait spécialement beaucoup parlé mais il y a quelques semaines de ça maintenant, la jeune fille s'était blessée et il lui était venu en aide. Ils avaient un peu parlé, mais pas énormément. Pourtant, Ariel sentait une certaine fragilité en elle qui le rendait non seulement curieux, mais qui lui donnait aussi une certaine envie de protection, comme avec un animal blessé et sauvage.

Il s'approcha alors d'elle, Pattoune trottinant à ses côtés et le botruc ressortait parfois la tête pour regarder ce qu'il se passait dehors, impatient de retrouver ses autres compagnons qui étaient restés dans la forêt, eux. « Salut, Opal. » salua-t-il la jeune fille, lui souriant doucement. Elle était plus jeune que lui de quelques années et lui qui était déjà assez frêle par rapport aux autres, se retrouvait être presque légèrement musclé à ses côtés. « Tu prends un peu l'air ? » Ou elle allait en cours. Mais vu qu'ils se trouvaient proche de la forêt, il se disait que peut-être, elle était venue pour prendre un peu de bon temps. « Je te présente Pattoune. » dit-il en montrant le lapin qui reniflait quelque chose par terre. « Et Bébère. » finit-il alors que le botruc avait toujours la tête en dehors, timide mais curieux. Il savait qu'Opaleye aimait les animaux autant que lui, alors autant lui faire profiter de ses petits compagnons plus que mignons..

Ariel avait toujours trouvé la jeune fille devant lui étrange. Ce n'était même pas un avis personnel mais plutôt un fait accompli et connu de tous. Si au début, il avait au des a priori sur elle, c'était différent maintenant. Il la trouvait toujours aussi étrange qu'avant mais il s'était rendu compte que ça s'arrêtait là. Dans un sens, Ariel appréciait le silence qui entourait toujours la demoiselle. Certes, c'était assez curieux et bizarre, surtout ce carnet avec lequel elle semblait toujours se balader et qu'elle regardait de temps à autre avant de parler, mais au moins, elle ne posait pas de questions inutiles. Elle était aussi polie qu'elle le pouvait avec sa timidité et c'était bien assez pour Ariel, surtout en ce moment. Il commençait à se fatiguer des gens qui lui demandait si ça allait toutes les deux minutes, des personnes qui le regardaient étrangement à cause de quelques rumeurs, certes pas complètement fausses mais quand même, sur lui. Opal, au moins, elle était là et c'était tout. En plus, depuis qu'il l'avait aidé, elle s'était quelque peu apaisée face à lui et ils arrivaient désormais à avoir une conversation normale. Plus ou moins normale, mais bon.

Alors quand il l'avait vu de loin, il s'était décidé à venir vers elle pour lui présenter son lapin et le botruc qui avait élu domicile dans ses cheveux ou dans les poches de ses vêtements. Elle était encore avec son carnet mais Ariel n'y fait pas plus attention que ça. Il était habitué maintenant même si ça le rendait toujours aussi curieux. « Merci. Tout le monde dit ça de ses animaux mais j dois avouer qu'ils sont sûrement les plus mignons. » sourit-il en regardant son lapin. Il était attaché aux bêtes plus qu'aux humains en général. Celles-ci ne parlaient pas sans cesse, ne jugeaient pas les autres pour leurs actions et décisions et étaient toujours là en cas de besoin. Bon, oui, ça arrivait qu'Ariel se sente triste et que Pattoune refuse ses câlins avec un bon coup de patte dans le nez, mais cela avait au moins la bonne chose de le faire rire un peu. Le jeune homme regarda alors sa camarade se baisser pour caresser tendrement le lapin et un nouveau sourire se forma sur ses lèvres un peu froides à cause du temps. La jeune femme était peut-être timide et ils ne partageaient pas forcément beaucoup de choses mais les animaux, c'était un de leur point commun. C'était bien pour ça qu'ils étaient dans le même club.

« Je vais parfaitement bien et toi ? » retourna-t-il la question. Il n'allait pas forcément très bien mais il n'allait pas commencer à se déprimer en pensant à son père et tout le bordel. Il était là avec Pattoune et Bébère pour profiter un peu de l'air frais et s'amuser avec eux. « Il est protégé par un sort de réchauffement et il a son petit vêtement pour ne pas être trop mouillé ou autre. » sourit-il. Oui, son lapin était le plus mignon et qui oserait dire le contraire se mangerait un méchant sort dans les dents. Avec son petit vêtement qui recouvrait son corps, Pattoune ressemblait à un petit prince. Un prince qui lâchait des petites crottes sur sa route, certes, mais un petit prince quand même. « Et toi ? Il fait pas super chaud, tu devrais faire attention à ne pas attraper froid. » donna comme conseil Ariel alors qu'il était le premier à sortir pas assez habillé et à tomber malade. Mais justement : comme il faisait toujours cette erreur, il pouvait donner conseil. « Hum, je me baladais sans but mais peut-être que la forêt est une bonne idée. Même si j'espère trouver un endroit tranquille, je n'aimerais pas qu'il arrive quelque chose à Pattoune. » Les animaux dans la forêt n'était pas tous dangereux, bien entendu, mais un lapin restait une proie, donc il préférait être prudent. « Et toi ? Tu faisais quoi de beau ici ? » demanda Ariel alors que Pattoune commençait déjà un peu à lui tourner autour en tapant de la patte. Il faisait toujours ça. D'où son nom.

Ce n'était pas rare de trouver des gens qui partageaient cette passion des animaux, surtout à l'université de magie de Londres. Quand il était en France, il ne parlait pas vraiment avec les autres ce genre de sujet. En général, il passait plus de temps à se prendre la tête avec sa cousine qu'à penser à ce genre de discussion. Et pourtant, il le regrettait énormément. Peut-être qu'il aurait pu trouver des clubs ou associations à cette époque qui l'auraient aidés à passer à autre chose, à oublier sa mère et son frère. Mais non, il avait préféré continuer sa petite guéguerre avec sa cousine, tout ça pour apprendre ensuite qu'elle ne l'avait jamais abandonné par envie. Bref, ses années à Beauxbâtons avaient été très bordéliques et il n'en gardait que des souvenirs mitigés. D'un côté il avait adoré ça : le château, les lieux, les professeurs, les cours, tout cela lui plaisait, mais en même temps, de l'autre côté, ça avait été difficile pour lui de survivre. Encore plus difficile que de survivre en ce moment même à la MUL, alors c'était pour dire à quel point ça n'avait pas été facile... Heureusement que ces années étaient révolues désormais.

« Rappelle-moi de ne jamais te confier Pattoune pendant les vacances. Il pourrait revenir en crachant du feu. » plaisanta Ariel. Ou alors il se ferait mangé... Mais ça, c'était largement moins drôle et plaisant à dire ou même simplement à penser. Personne ne touchait à Pattoune. Son lapin, c'était son monde. Tout comme la plupart des animaux qu'il avait ou qu'il allait tout simplement voir dans la forêt ou ailleurs. Il ne comprenait tellement pas comment on pouvait souhaiter leur faire du mal... Même quand ces bêtes étaient dangereuses, pour lui, c'était normal de les laisser tranquilles. S'il venait à se faire attaquer par l'une d'entre elle, il se défendrait, bien entendu, mais jamais il ne rejetterait la faute sur l'animal. Après tout, s'il se faisait attaquer, c'était qu'il se trouvait très certainement sur leur territoire ou proche de celui-ci. Et donc, c'était totalement normal qu'ils se défendent d'un intrus. Surtout que les Hommes, avec un grand H, venaient souvent pour détruire et non en tant qu'amis. Et les bêtes le comprenaient, ça. Mais bon, pour qu'Ariel se fasse attaquer par quelque chose de dangereux, il faudrait déjà qu'il aille dans ce genre d'endroit. Il n'était pas lâche, mais il n'était pas idiot non plus et connaissait ses limites.

« Je vais bien aussi ! J'ai pensé à mettre un pull avant de sortir aussi, mais j'ai toujours tendance à oublier de me couvrir assez. Je pense savoir quel temps il fait, mais je me trompe toujours. » Il se rappelait encore de sa mère, quand il était très jeune. Il sortait déjà pas trop habillé et elle avait tendance à le poursuivre partout pour lui enfiler quelque chose de chaud avec qu'il ne pointe le bout de son nez à l'extérieur pour jouer avec son frère aîné. Ce genre de geste lui manquait terriblement. Son père avait été comme ça aussi un jour mais ça, c'était il y a des années. « J'aurais peut-être dû l'appeler comme ça. » ria-t-il face au commentaire d'Opal pour la ressemblance entre Pattoune et Panpan. Il est vrai que le personnage du dessin animé tapait plus que souvent de la patte, mais en même temps, c'était le cas de tous les lapins qu'Ariel connaissait ou avait eu dans sa petite vie. Un lapin qui tape de la patte en pleine nuit, y a rien de pire. Il plaignait toujours son colocataire, d'ailleurs. Paix à son âme. « Je ne savais pas que tu aimais ce genre dessin animé. Ma mère adorait. D'ailleurs, mon prénom vient d'un Disney, donc bon. » Et si certains s'en moquaient en l'apprenant, lui, il l'adorait son prénom de sirène.

Ariel souriait toujours gentiment à Opal, patientant pendant qu'elle trouvait ses mots. Il ne savait pas exactement pourquoi elle était comme ça, mais le moins qu'il puisse faire, c'était ne pas la brusquer. Et pi, c'était pas comme s'il était pressé. Voyant bien que soudainement, elle s'était mise à paniquer après lui avoir demandé de venir, il lui tendit la laisse de Pattoune. Il lui aurait bien touché l'épaule ou la main pour la calmer, mais il ne savait pas comment elle réagirait. Il ne comprenait pas grand-chose à son caractère et à ses séquelles, mais il la respectait assez pour ne pas être un idiot qui s'en foutait complètement de ce qu'elle ressentait. « Je suis certain que Pattoune adorera avoir une nouvelle accompagnatrice. Je suis presque sûr qu'il en marre de me voir. Vivre en colocation avec moi, c'est pas toujours facile tu sais. » Plaisanter pour apaiser un peu l'atmosphère, c'est ce qu'il tentait de faire. Réussira-t-il ou non, là était là question. Il tendait toujours la laisse du lapin qui commençait encore plus à s'exciter, comme s'il comprenait qu'ils allaient enfin bouger pour qu'il soit lâché ailleurs. Ariel, lui, patientait avec un sourire encourageant collé aux lèvres. Avoir de la compagnie, ce n'était pas si déplaisant que ça, après tout.

Rien que d'imaginer Pattoune cracher du feu faisait sourire Ariel. Même si dans un sens, à sa manière, le lapin était déjà un dragon. Alors s'il venait à cracher du feu... Ouais mais non. Ariel tenait à ses meubles et à sa vie, aussi. Opal est toujours en train de caresser la lapin et Ariel garde un sourire en la voyant aussi heureuse. Pas qu'elle ne le soit pas d'habitude, il n'en savait rien. C'était juste une impression qu'il avait. Mais vu sa timidité, si ça se trouve, elle cachait surtout ses sentiments ou ne savait tout simplement pas comment les exprimer devant les autres. « Oh ! Si un jour tu as du temps de libre, j'adorerais parler avec toi. Et j'espère faire honneur à notre petite sirène, alors. Déjà, je souvent les cheveux de la même couleur qu'elle. » Que ce soit par coloration industrielle et magique ou naturellement. Quand il était heureux, en général, ses cheveux partaient toujours vers cette couleur et elle devenait de plus en plus clair par rapport à son degré de bonheur. C'était ça quand on était un métamorphomage : on ne pouvait malheureusement pas se cacher.

Après avoir tendu et donné la laisse de Pattoune à Opal, ils commencèrent à rentrer dans la forêt pour se diriger vers le lieu où Ariel se rendait assez souvent. C'était peu dangereux et calme. « Au moins, tu dois être calme. Pattoune, lui, doit subir ma présence bruyante. Tu sais, je me parle souvent, alors c'est jamais silencieux chez moi... Ou si ça se trouve, sous tes airs de petite fille calme, tu es une vraie fêtarde. » plaisanta-t-il gentiment. Il aurait dû mal à croire qu'Opal soit totalement différente mais c'était possible de l'être un peu. Peut-être était-ce simplement les autres qui la rendaient aussi timide. Ou les inconnus. Ou la foule. Ça pouvait être plein de trucs et Ariel la comprenait complètement. Quand il parlait, en général, c'était pour rendre les choses plus légères. Il n'aimait pas qu'il y ait un silence maladroit et lourd entre lui et les autres. Il avait toujours l'impression d'ennuyer les gens et pour ça, il parlait. Parfois trop, c'était certain. Mais il ne pouvait pas changer aussi facilement et si cela gênait les personnes avec qui il conversait, eh bien, elles n'étaient pas obligées de rester ou de lui reparler après ça. C'était assez simple.

« Oui. J'adorerais vivre dans un lieu reculé de tout. Avec la magie, c'est tellement simple. On a accès à tout avec le transplanage. » La nature, c'était accueillant. Silencieux. Ariel adorait voir les plantes fleurir partout, les animaux courir librement. Quand il était plus petit, un jour, sa mère l'avait emmené dans un zoo. Elle lui avait promis qu'ils iraient voir des animaux moldu et elle avait tenu sa promesse. Pourtant, malgré sa fascination pour eux, Ariel s'était senti mal pour ces pauvres bêtes. Certaines étaient là pour être relâchées ensuite dans la nature, une fois soignées, mais les autres vivraient pour toujours dans des cages, loin de chez elles, loin de leurs familles. Sa mère avait tenté de lui expliquer les raisons de leur présence mais le petit garçon était resté sur ses convictions et plus jamais ils n'avaient remis les pieds dans ce genre d'endroit. « C'est ici. » sourit Ariel alors qu'ils étaient enfin arrivés à l'endroit où il venait souvent. « C'est mon petit coin de paradis. » Ils étaient entourés d'arbres mais l'endroit était presque comme une plaine. Plus petite mais il y avait de la place. Un petit ruisseau passait tout près et le bruit de l'eau donnait envie à Ariel de s'allonger et d'oublier. Ce qu'il fit après avoir étendu les serviettes qu'il avait dans son sac. « Si tu veux te poser, tu peux. Je prends toujours plein de serviettes. Parce que j'aime la nature, mais je hais les insectes. » souffla-t-il à Opal, comme si c'était un secret.

Ariel ne pouvait pas vraiment dire qu’il se serait imaginé en train de parler avec Opal. Ils avaient déjà échangé quelques mots, bien entendu, après tout ils faisaient partie du même club et se croisaient souvent à l’université. Mais la jeune fille était plus que timide, à la limite de la crise d’angoisse face aux autres. Ariel, lui, était bien tout seul mais dès qu’il se retrouvait avec des gens, il devenait une vraie pipelette. « J’aime les moutons. C’est trop mignon. » répondit Ariel alors qu’ils marchaient et discutaient en même temps. Il était déjà prêt à s’extasier en voyant des moutons. Quand sa mère l’emmenait dans le monde moldu, ils allaient souvent à la campagne et avec son frère aîné, ils étaient toujours à courir après les pauvres vaches ou moutons du coin. Ce n’était pas bien méchant, jusqu’au jour où Ariel fut fauché par une vache qui n’avait pas apprécié d’être coursé par deux idiots avec de la morve au nez.

Ariel était plutôt content de montrer enfin à quelqu’un son petit morceau de paradis. Il venait ici avec sa cousine, mais celle-ci n’était plus là. Alors il n’avait jamais eu l’envie de montrer cet endroit à quelqu’un d’autre et il profitait de petits moments symboliques avec ses animaux. Mais Opal était là et il n’allait pas non plus lui dire qu’il préférait être seul. Surtout que ce n’était pas forcément vrai. Il avait beau aimer être tranquille parfois, il aimait aussi avoir de la compagnie quand celle-ci était bonne. « Ouh, m’en parle pas. Rien que d’y penser, ça me donne d’horribles frissons. » Franchement, même les papillons il n’aimait pas ça… De loin, c’était très jolie, oui. Mais voir ces trucs de près… bon dieu, c’était bien moche et flippant. Alors oui, lui et les insectes, c’était pas une grande histoire d’amour. Surtout quand c’était chez lui, en fait. Quand c’était dehors, il restait juste éloigné, mais quand ça commençait à rentrer chez lui… Bruh. Les insectes, c'était dehors, pas dans sa chambre.

Pattoune courait un peu partout et Ariel le regardait avec tendresse. Cette petite boule de poils était devenue tellement importante pour lui et il donnerait tellement pour son bonheur. « Oh, je suis tombé dessus par hasard. » commença Ariel. « Je me promenais avec Pattoune et il est partit en courant ici. Il tentait de manger les pâquerettes. » soupira-t-il en se rappelant sa course poursuite après le lapin qui était beaucoup plus rapide que lui, forcément. Il aurait pu utiliser un accio mais il se refusait de lancer des sorts inutiles sur de pauvres animaux, et surtout sur Pattoune. « Tu as des petits coins à toi, ici ? » demanda-t-il ensuite à Opal alors que le lapin venait de sauter sur Ariel pour un câlin. Il embrassa le dessus de sa tête et lui fit quelques grattouilles avant qu’il ne vienne vers Opal, la poussant à l’aide de son petit nez. Ariel dû se retenir pour ne pas faire de petits bruits face à la scène beaucoup trop mignonne, mais il n'y arriva pas, forcément.

Qui aimait les insectes, sérieusement ? C'était petits, moches, dégoûtants, avec souvent beaucoup trop de pattes... Ariel ne faisait pas confiance aux choses qui avaient plus de jambes que lui. Ou juste de membres, s'il prenait en compte ses petits bras. Parce que beaucoup d'animaux géniaux avaient plus de jambes que lui. Mais les insectes... Beurk. Certains allaient, mais d'autres... Les araignées par exemple. Poilus, trop de pattes. Ça fout des toiles partout en plus, pour bouffer des pauvres insectes qui resteront coincés, affolés et apeurés avant d'être bouffés. Même entre eux, ils s'aiment pas les insectes ! C'est pour dire !  Il détestait les fourmis aussi. Un jour, quelques unes étaient rentrées dans sa chambre et comme il ne les avait pas vu et qu'elles avaient trouvées de quoi manger, elles étaient arrivées en masse alors qu'il dormait. Il avait été au bord de la crise d'angoisse ! Heureusement qu'avec un sort, tout était réglé... S'il avait été sans pouvoirs, à devoir toutes les chasser, il se serait sûrement évanoui.

Ariel regardait Pattoune s'amuser. À manger, encore et toujours, tout ce qu'il trouvait. Un jour, il avait laissé du chocolat avant de partir. À son retour, plus rien. Pattoune mangeait tout et n'importe quoi, que ce soit bon pour sa santé ou non. De la broche, des gaufres et même des chips ! Tout ce qui passait sous son petit nez terminait dans son énorme ventre ! Combien de fois Ariel avait dû lui courir après pour retirer de force la nourriture de sa bouche. « Des dragons... Ce serait le rêve d'en voir en vrai. Effrayant, sûrement, mais ils sont tellement majestueux. » C'est sûr que ce n'était pas des créatures que tout le monde avait l'habitude de voir ou de côtoyer. Et tant mieux. Parce qu'avec tous les idiots qui chercheraient à en faire de l'élevage pour se faire de l'argent et non les protéger, ce serait catastrophique. « Alors là, des fois je me pose des questions aussi. Tu sais, il est toujours en liberté dans ma chambre. Et pourtant, quand j'suis pas là, il fait que dormir ! Et dès que je rentre, c'est la fête. Même la nuit. » se plaignit-il faussement. C'était ennuyant, mais il l'aimait trop pour lui en tenir rigueur.

Et comme s'il avait compris qu'on parlait de lui, Pattoune revint en courant vers yeux, sautant sur Ariel qui se renversa légèrement en arrière avant de se laisser tomber sur le dos, soupirant en regardant le ciel. Il vint naturellement gratter derrière l'oreille du lapin qui s'était allongé sur son maître. Comme à la maison, quoi. « Si tu veux, ce sera notre coin maintenant. Avec Pattoune, on est prêt à le partager. » attira-t-il l'attention de la jeune femme. Il la regarda du coin de l’œil, encore allongé comme une grosse larve. « La nuit, les étoiles sont magnifiques d'ici. C'est pas toujours rassurant, je dois l'avouer, mais ça vaut le coup. Viens avec quelqu'un d'important pour toi, c'est un bon coin pour être tranquille. » Avec des amis et aussi des petits-amis ou petites-amies, c'est ce qu'il sous-entendait, oui. Il ne savait pas vraiment avec qui la jeune demoiselle passait son temps, si ce n'était avec les personnes qu'il voyait souvent. « Sous la neige aussi. Mon dieu, faut absolument que tu viennes quand il neige ! » s'exclama-t-il en se relevant, renversant Pattoune qui partit en tapant de la patte, mécontent que son début de petite sieste soit troublée.

Ariel regardait avec des étoiles dans les yeux alors qu'Opal faisait apparaître un petit dragon en fumé, qui s'envolait. Il écoutait Opal avec attention, souriant en l'entendant être aussi passionnée. Elle ne parlait pas toujours énormément, et Ariel comprenait enfin qu'il suffisait de trouver les bons sujets de conversations pour que la jeune femme s'ouvre un peu d'elle-même. Ariel ne s'y connaissait pas beaucoup en dragons, si ce n'était pour les cours qu'il avait eu sur eux. Si aujourd'hui on ne les présentait plus aussi menaçant qu'avant, certaines personnes pensaient toujours que ce n'était que des bêtes dangereuses qui méritaient d'être chassées et tuées. Il avait encore et toujours du mal à comprendre cette manière de penser mais malheureusement, il était parfois bien difficile de changer les idées ou les mœurs de certains. Les choses ne pourraient qu'aller en s'améliorant, du moins, il ne pouvait que l’espérer. « Ils sont impressionnants oui. Cela ne te dérangerait pas si un de ces jours, tu me parles un peu des dragons ? J'aimerais tellement en apprendre plus sur eux et qui de mieux que toi pour m'éduquer sur le sujet ? » demanda-t-il, souriant doucement à sa camarade de classe.

Le sujet de conversation retourna sur son lapin qui s'amusait comme jamais, et Ariel en profita pour se plaindre de lui, plaisantant. « Oui, j'imagine. » C'était pas comme s'il réussissait à être véritablement en colère contre Pattoune. Des fois, quand il rentrait, il retrouvait son lit saccagé ou des fils grignotés. Forcément, il se mettait à l'engueuler, mais voir sa petite bouille toute triste, en général, ça le faisait craquer et il s'en voulait. Après tout, il partait toute la journée, normal que son lapin se sente seul et s'ennuie et décide donc de se venger. Bref, Pattoune le menait littéralement à la baguette. Ariel lâcha alors un bon rire quand Opal plaisanta sur son teint plus que pâle et la neige. « C'est vrai. Rappelle moi de jamais être dans l'équipe adverse, je n'aimerais pas perdre. Même si pour le coup, je suis très facilement repérable avec mes cheveux. C'est rare qu'ils soient blancs, gris ou d'une couleur qui s'en rapproche. Mais peut-être que je devrais m'entraîner pour pouvoir te battre. » Même si cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vraiment fait de bataille de boules de neige, pour être honnête... Peut-être qu'un de ces jours, il trouverait quelqu'un avec qui le faire. Quelqu'un qui compte, quelqu'un qui le comprend et qui l'accepte.

Pattoune avait été ramassé par Opal qui venait de la caler contre sa poitrine. Ce qui ne semblait pas le déranger plus que ça. « Tu l'excuseras, il ne voit pas beaucoup de filles. Il découvre la vie, mon petit Pattoune. » dit-il en faisant semblant d'être plein d'émotions, essuyant une fausse larmichette au coin de son œil droit. Il frissonna d'un seul coup, et, relevant la tête, il remarqua quelques nuages qui s'approchaient. Oh. Regardant Opal à ses côtés, il lui sourit gentiment. « Il commence à faire un peu frisquet, on devrait peut-être commencer à rentrer. J'ai bien l'impression qu'il va pas tarder à pleuvoir. » grimaça Ariel, dégoûté que sa belle journée soit déjà gâchée. Cela faisait déjà quelque temps qu'ils étaient là, à discuter et autre, mais quand même. Récupérant Pattoune avant qu'il ait le temps de s'enfuir, il le garda contre lui, un sentiment d'amour réchauffant doucement son cœur quand le lapin se blottit dans son cou, son nez frais et mouillé lui donnant envie de glousser comme un idiot. Il tendit ensuite sa main à Opal. « Madame. » se présenta-t-il, attendant qu'elle attrape sa main pour l'aider à se redresser. Il frotta ensuite son pantalon pour enlever toute trace d'herbe. Ils reprirent ensuite leur route, continuant de discuter.

« Il existe très certainement des experts, oui, mais je n'en connais aucun. Tu es la seule dans mon entourage qui semble être assez renseignée sur le sujet. » Ce qui était vrai, en plus. Il ne disait pas ça seulement pour complimenter la demoiselle : il ne connaissait personnes d'autre qui semblaient s'y connaître en dragons et surtout pas de cette manière. Opal portait carrément en prénom le nom d'un dragon, c'était déjà assez révélateur. Leur discussion continua de manière assez enfantine sur la neige et les batailles de boules de neige. Ariel avait l'habitude d'en faire avec son frère aîné et sa mère, quand il était plus jeune. Parfois, son père les rejoignait quand il ne rentrait pas trop tard du travail. Maintenant, son frère et sa mère n'étaient plus là et son père était devenu un mage noir. Enfin, dire qu'il l'était devenu il y a peu de temps serait mentir. Il l'avait toujours été, en fait. Avant, il le cachait seulement à sa famille... Quand Pattoune vint se caler contre la poitine de la pauvre Opal, ils en plaisantèrent un peu. « Oui. J'ai l'impression que c'était hier que je l'adoptais. » répondit-il en essuyant une fausse larme sur sa joue droite.

Pattoune était désormais calé au chaud dans ses bras, son petit nez caché. Après avoir aidé Opal à se relever, ils reprirent leur chemin, discutant doucement mais joyeusement. Jamais il n'avait autant parlé avec elle et après tout ça, son point de vue sur la jeune femme avait changé. En même temps, avant ça, ils ne s'étaient jamais vraiment adressé la parole plus de cinq minutes. Maintenant, il savait qu'effectivement, elle était très timide, voire même plus que ça. Mais ce n'était pas quelque chose qui pouvait les empêcher de converser ou de se découvrir des atomes crochus. Ils n'allaient pas devenir les meilleurs amis du monde, mais au moins, ils apprenaient à se connaître et à s'apprécier en dehors des rumeurs de l'université. Alors qu'ils quittaient la forêt, une goutte tomba sur le bout du nez d'Ariel avant qu'une autre ne suive dans ses cheveux, glissant ensuite dans son haut, le faisant frissonner. Bon dieu qu'il détestait cette sensation de la goutte d'eau qui lui glissait jusqu'à la raie du cul. Pattoune vint naturellement se faufiler dans sa veste, se cachant presque entièrement cette fois-ci. Le chanceux. Opal et lui, par contre, l'étaient beaucoup moins, du coup... Au moins, la journée avait été belle.

« Oulà, on devrait se dépêcher et courir je pense. » indiqua-t-il à la jeune femme à ses côtés, commençant ensuite à trottiner jusqu'à l'entrée principale du campus. À partir de là, ils pourraient rejoindre leur chambre ou leur dortoir. « Je ne sais pas dans quel dortoir tu te trouves ? Je suis à Grogan Stump, personnellement. » Si jamais elle allait par là-bas, ils feront le chemin ensemble. Sinon, ils allaient devoir se séparer, les dortoirs n'étant pas du tout au même endroit. Pour certains, il allaient même falloir ressortir un peu, malheureusement. Mais au moins, ils n'étaient plus dans le forêt. Même si un sort aurait été suffisant pour se protéger de la puie, cela n'aurait pas été pratique. Et qui sait, peut-être que les deux n'avaient pas leurs baguettes... Cela l'étonnerait, peu de sorciers aimaient s'en séparer aussi longtemps, même si techniquement, sur ce campus, ils ne craignaient rien. Il attendit alors patiemment la réponse d'Opal pour savoir si oui ou non, ils pouvaient faire le chemin ensemble ou s'ils devaient se séparer maintenant.