Sparkling Diamond

Non, Mr Thorn, ce bar n'est pas seulement gay friendly. Et en même temps le Bear's Den, hein, comment te dire... Mais pour un non habitué, on peut comprendre que ça porte à confusion. Ce soir, comme beaucoup de soirs, Loïs Valentine est seul avec lui même. Sauf que pour une fois, il avait essayé de faire les choses bien. Le show qu'il avait prévu de longue date ? Il l'aurait annulé si sa fiancée avait été d'humeur pour un petit tête à tête entre deux futurs mariés de force par les traditions pourries. Mais elle n'était pas d'humeur, manifestement. On ne pourrait pas dire qu'il n'avait pas essayé, se préparait-il à répondre à son père ce weekend au repas de famille. En faisant bien attention de ne pas dépasser de ligne invisible, cette fois. Les choses... ne s'arrangeaient pas. Raison de plus pour se défouler comme il se devait, ce soir. Après tout, c'était sa fête à lui.

Les lumières qui flottent dans les vestiaires, filles et garçon qui se préparent entre euphorie et potins en masse (et popotins, Leen tu serais servie ici), Loïs se préparait à part, maquillant un visage proche du sien, mais suffisamment différent pour qu'on ne le reconnaisse pas. Même en le regardant droit dans les yeux, son père ne le reconnaitrait pas. Et dans le doute, on ajoute du fards, des faux cils et du rouge a lèvre couleur tentation, tant qu'on y est. L'émeraude bien placée autour de sa nuque, son corsage serré, il attend son passage avec impatience. L'homme qui présente les artistes ce soir est presque un ami maintenant. Il le laisse faire ce qu'il veut, de la revue de gala à la danse contemporaine en fonction des soirées, de quoi se sentir... chez soi. On lui demande pourquoi il est de moins en moins là ces temps ci, qu'on regrette son cul et sa langue de vipère. Loïs invente des excuses, le travail, la vie de couple qu'il n'a pas ou de folles aventures. A chaque fois une version différente, pour garder son secret. Parce qu'il est le maître des secrets, pas vrai. Au point de se croire intouchable et laisser une invitation dans un dossier à l'attention d'un auror mal luné.

L'idée était venue après Noël, et après leur petite escapade. Ho, il ne comptait pas se dévoiler à Arthur, mais... ça l'amusait beaucoup de l'imaginer dans la salle alors qu'il danserait, probablement contre lui entre autre, sans que ce dernier n'en sache quoi que ce soit. Ca serait le plus proche qu'il aura été de se dévoiler. Avec l'autre soir avec Octave. Mais là, quand la musique s'était lancée et qu'il avait commencé à faire son show en bas, talons et portes jaretelles, désabillé sur les épaules en plus du corset qui lui cintrait la taille, et qu'il l'avait vu seul à une table devant. Autant dire qu'il avait failli en perdre son lipsync. Qu'est-ce qu'il faisait là. S'il avait tout oublié de ces dernières années, qu'est-ce qu'il faisait là ?

« The French are glad to die for love. »

Qu'il entonna, remuant ses hanches et jouant de ses tissus, jusqu'à descendre de scène. Bien sur qu'il allait lui tourner autour malgré tout, et déposé ses mains sur ses trapèzes tendus.

« Or help you feed your pussycat. »

Il ne chantait pas aussi bien que ça, mais juste, et surtout jouait de soupirs et de craquements de voix pour pallier très bien au reste. Il quitta Arthur en le laissant profiter de la vue pour aller jouer avec un barbu non loin de là, ravi de son sort. Et puis son show finit sur scène dans une pose canapé, et il se redressa le sourire jusqu'aux oreilles, se pâmant pour son auditoire et jouant avec eux pour ensuite laisser la place à la personne suivante. Autant dire qu'il était en nage, exalté, mais que son rythme cardiaque jouait du tambour aussi d'avoir été si proche d'être découvert. Ou l'était-il vraiment ? Son charme l'avait protégé jusque là et... Ce serait la meilleure façon de découvrir si oui ou non, il marchait. Et puis Arthur n'était pas à un Obliviate près, au pire. Lois garda sa tenue, rajusta sa crinière brune (mais plus courte que la sienne) et son rouge à lèvre en réfléchissant. N'était-ce pas la meilleure façon de découvrir si oui ou non, surtout, Arthur avait vraiment tout oublié ?


« Evening sweetheart. »

Il dit d'une voix qui n'était pas tout à fait la sienne. Il avait revêtu un genre de kimono long qu'il avait rapidement (mon oeil) noué par dessus sa tenue de scène. Il commanda un verre de vin. Et il aime les cocktails fruités, sinon, non mais !

« You're new here aren't you. Did you enjoy the show ? »

Il sourit, ne le regardant vraiment que quand Arthur détournait le regard. Il y avait un côté risqué que le jeune diplomate aimait, pour sûr. Mais c'était la rancune qui l'animait.


***
Bonsoir mon cher.
Vous êtes nouveau ici, n'est-ce pas. Avez-vous apprécié le spectacle?

Donnez des talons et un verre de vin à Loïs Valentine et il vous conquerra le Monde. Et une paire de faux cils, aussi. De près, l'illusion est toujours moins grande que sur scène (l'illusion de genre, pas l'illusion d'identité hein, elle elle est parfaite) et il en est bien conscient mais pour sa part, contrairement à d'autres performeurs ici, ça lui plaît assez. De la même façon qu'à Halloween il avait fait exprès de faire l'équilibriste sur le fil du genre, d'ailleurs. Parce que le reste du temps il était obligé de coller à une certaine image dictée par la société -et sa famille surtout. Ce soir, comme d'autres soirs, il était libre. Enfin. Pas tout à fait libre non plus. Mais ça avait d'autres avantages, de ne pas être tout a fait lui même devant Arthur ce soir. Celui de ne pas essuyer la même honte que l'autre fois par exemple. Il attendrait bien qu'on paie pour son verre, mais on ne va pas trop en demander à Arthur, là. Son sourire s'agrandit à ses mots.

« That's what I'm here for. I'm glad then. »

Il but une gorgée de son vin. Mmmh... Rien de mieux après une prestation. Et puis il considéra, amusé, la réponse d'Arthur? Oui, c'était tout à fait l'effet qu'il recherchait. Les habitués peut être n'avaient plus la même vision de la chose mais pour les non initiés, bien sûr que c'était perturbant et intriguant. Et il l'espérait, plus que d'une façon. Il s'accoude au bar dramatiquement (la joueuse a décidé que ça serait au bar finalement) et l'écoute avec intérêt. Après tout, ce n'est peut être pas dans les conditions qu'il aurait souhaité l'avoir ici, mais il était curieux de la réaction d'Arthur face à son art. Certes, c'était autre chose que la danse sur les planches d'un théatre comme celui qu'il allait foulé récemment, mais... C'était quand même lui, tout ça.

Confiant ? Lui ? Rhoooo tout de suite. C'est vrai que c'est un numéro qu'il connait depuis longtemps. Et puis, à force de danser, son corps sait improviser comme jamais avec ce qu'il a autour de lui. Et on connait sa propension à se débrouiller très bien avec des parfait.e.s inconnu.e.s, effectivement on peut dire qu'il est à l'aise.

« You could say that. I just know how to work my body, my image... and a crowd. »

Il dit, un petit sourire coquin envers lui. Et puis, quelque part, son cerveau lui rappelle que c'est Arthur qui lui parle là. Et qu'il n'a aucune idée qu'il s'adresse à lui. Pour ce que ça change, par rapport à Loïs Valentine... Arthur, celui qu'il a connu, n'est plus là. Et pourtant ça lui avait plu, cette idée. Qu'Arthur soit présent ce soir de St Valentin et le voit, sans le savoir. Qu'il profite de son spectacle puisque clairement, en d'autres circonstances, il aurait été impensable de le voir ici. Peut être qu'il y aurait fait allusion, un jour, entre deux coups d'un soir (ou d'un ascenseur). Et ça aurait pu vouloir dire quelque chose. Mais là... Qu'en penser ? Il est finalement presque aussi paumé que celui qu'il cherche à embobiner.

« You know it's just an act, right ? When a boy or a girl put on makeup, heels, they use it like a mask. This way they can be practically anybody. Be with anybody. Do anything they like. »

Il dit, décoiffant ses cheveux bruns plus courts qu'à l'ordinaire, pour les débarrasser de leur fixatif. Il soupira.

« But also it's a good way to know yourself, and what you really want in life. »

Il ajouta, en le regardant avec un peu plus d'intensité. Loïs, voyons, est-ce que tu as oublié ? Même s'il savait qui tu es, là, maintenant, il n'aurait aucune idée de qui tu es réellement. Tout ça pour un coup de tête contre le gouvernement et un quelconque honneur. Quel gâchis vraiment. Loïs finit son verre et fit signe au barman qu'il en voulait un autre, plus fort et plus fruité. Et la même chose que son ami assis à côté avait pris, sur son compte.

« I suppose... If you're here tonight, it must mean nobody has claimed your heart yet ? »

Et on recroise les jambes joliment. Quel intérêt d'avoir un kimono s'il ne couvre rien me direz vous ? Le style, voyons.

***
C'est pour ça que je fais ce que je fais. Je suis content alors.
On pourrait dire ça. Je sais juste travailler mon corps, mon image ... et une foule.
Vous savez que c'est juste un jeu, pas vrai? Lorsqu'un garçon ou une fille se maquille, met des talons, ils s'en servent comme d'un masque. De cette façon, ils peuvent être pratiquement n'importe qui. Etre avec n'importe qui. Faire tout ce qu'ils veulent.
Mais c'est aussi un bon moyen de se connaître et de savoir ce que l'on veut vraiment dans la vie.
Je suppose ... Si vous êtes ici ce soir, ça doit vouloir dire que personne n'a encore réclamé votre cœur?

C'est une drôle d'impression, d'être toujours cet inconnu, mais face à une personne qu'on connaissait intimement. On ne va pas se leurrer, Loïs en sait plus sur Arthur que sur la moitié de sa famille, et pas seulement parce qu'on table sur le côté biblique, là. A force de le cotoyer, à force de recherches, de jeux... Et il ne s'était pas lassé ? Pourtant, il était presque capable de prédire le grognement de l'autre. Et ho, ce rougissement caractéristique qui lui indiquait qu'il s'y prenait comme il faut pour le perturber d'avantage. Et ça l'amusait. La soirée n'était peut être pas foutue après tout. Il lui sourit, trinquant son joli cocktail couleur couché de soleil sur la plage (wink wink) contre la bière de l'homme surpris et y trempant ses lèvres avec délice. C'était plus doux que le vin, c'était parfait.

C'est à son tour d'avoir l'air positivement surpris et déstabilisé quand Arthur lui sort la suite. Pas à cause du ton agressif, il s'en est pris d'autres des comme ça. Et plus qu'on ne le pensait récemment. Mais à cause de l'idée ? C'était insensé. Qu'Arthur ne puisse plus se passer de lui et qu'il utilise ça comme monnaie d'échange ? Bien sûr. Mais rien d'aussi absurde que ça. Quelle utilité ça aurait, hein, un auror amoureux sur le dos, alors qu'il était fiancé, qu'il était une pièce de échiquier de Merlin seul savait quel plan avait son père ces jours ci. Aucun, exactement. Mais c'était presque rassurant de savoir qu'au moins une personne avait une vague idée de ce qu'il traversait.

« I wouldn't be so bold as to assume I can do that. »

Il répondit, plus prudent et mesuré. En était-il capable ? Il suffit de voir le carnage avec certains sorciers plus jeunes et moins expérimentés, mais pas seulement. Ca n'est pas pour rien qu'Octave n'aimait pas ses manières. Sans franchir aucune limite, le jeune diplomate savait négocié sa place dans le coeur de dignitaires de tous âges et de tous bords. Il n'y avait pas de honte à ça, Arthur. Si c'était le cas bien sûr. Et si, aussi, tu t'en souvenais. Tout ça n'empêche que comme soirée de fête, on a fait mieux. Et il est difficile pour le français de cacher sa déception lorsqu'Arthur annonce qu'il s'en va, comme ça. Mais quel argument aurait-il eu pour le retenir ?

« I hope you're not leaving on my behalf. »

Et voilà qu'il rendosse son masque. Ne pas leur montrer quand on est blessé, pas vrai ? Il soupire, et offrira la bière à quelqu'un d'autre, puisqu'Arthur n'en veut pas.

« Happy Valentine's, deary. »

Il lâchera, amusé par sa propre audace, avant de lui tourner le dos pour finir son cocktail tout seul. On ne va pas se laisser abattre alors qu'on a un sex on the beach à finir, merde. Et puis ici, ça n'était pas les prétendants qui manquaient. Il n'allait certainement pas passer la fin du show à ruminer.



Quelques heures plus tard, et les talons à la main, rhabillé presque comme le gentleman qu'il était, Loïs disait au revoir en fanfare aux filles (nées telles et non) de son lieu d'expression de lui pour rejoindre son loft en Apparaissant sur le pallier. Un peu plus éméché, peut être. Suffisamment pour se dire que de porter ses chaussures à la main, et ses affaires dans un sac non "sécurisé" ferait l'affaire. Il avait malgré tout sa baguette à la main, McKellen n'avait qu'à se tenir. Mais ce n'était pas l'écossais qui vint le cueillir à peine le pied nu posé sur le paillasson et les sors de sa porte d'entrée levés, mais un tout autre genre de barbu. Comme la joueuse s'en était douté, Loïs n'allait pas faire dans la dentelle pour se défaire de son assaillant et il y va avec les dents, les pieds, et jette un sort à la volée à peine l'autre homme est projeté à l'intérieur de son appartement. Heureusement qu'Arthur est vif, hein. Parce que même non prononcé, les sorts d'attaque du Valentine sont loin d'être inoffensifs, surtout s'il croit qu'on en a après sa vie.

« Pu*** d'Arthur THORN ! »

Oups, on a perdu un cran dans le langage de sang pur, là. Et on ne peut pas tout reprocher à l'alcool. Le teint pâle et les yeux noirs de l'animagus font peur à voir, là. On l'a rarement vu dans cet état. Il est tellement furieux qu'il en oublie ses affaires jetées à terre. Serait-ce un collier ensorcelé qui dépasse d'un tissus, sur le sol ?

***
Je ne serais pas assez audacieux pour supposer que je peux le faire.
J'espère que tu ne pars pas en mon nom.
Bonne Saint Valentin, mon chéri.
Arthur Fuckin THORN! (bah quoi)

Ce qu'on a tendance à oublier, à force de cotoyer un chaton qui miaule plus qu'il ne griffe, c'est que Loïs Valentine n'est pas un sorcier inoffensif, loin de là. Voyez y ce que vous voulez, un entraînement à la dure à Durmstrang, une passion pour les arts magiques pas toujours très bien vus en société, ou un jeune homme qui souhaitait parfaire son éducation magique au mieux pour sa propre satisfaction, il n'empêche que les sorts qu'il avait balancés à la tronche d'Arthur -en toute légitime défense bien sûr- n'étaient pas à la portée du premier venu. Heureusement ce premier venu là était Auror et pouvait se défendre. Contre les coups de dents et de coude par contre, on repassera. C'est que Loïs critique les Moldus autant qu'il veut, aux grands maux les grands remèdes, hein. Même chose pour les insultes. La colère froide qui l'animait allait-elle se satisfaire d'aussi peu ? Il lui avait foutu une sacrée frayeur, ce connard. Et voir la morsure sur la main qui devait sacrément le lancer ne l'apaisait qu'à moitié.

« Fuck you Thorn. »

Arthur. Depuis quand est-ce qu'on ne l'appelle plus Arthur ? Il se peut qu'un sort un peu moins défensif parte avec, l'air de rien, avant que Loïs ne s'évertue à respirer et à se calmer. Là, on a pas été élevé chez les ploucs, ici. Patience est mère de sureté et... Qu'est-ce qu'il foutait là, exactement ? Est-ce qu'il n'en avait pas fini de l'humilier, et de le faire chier ? Ah ça, s'il avait su que sans ses charmes et son travail au corps l'auror serait aussi insupportable, Loïs se serait bien gardé d'y retourner !

« Normal people send a note before barging into someone's residence. Simple etiquette, not that someone like you would know what it means. »

Il dit, avec un retour à son ton glacé et hautain qu'Arthur, surtout celui ci, connaissait bien. Il se rendit seulement compte qu'il avait lâché ses talons, et d'un coup de baguette il les fit disparaître dans leur placard. Est-ce qu'il a une fin de reste de khol sur ses yeux ? Peut être. Le reste de son rouge à lèvre est probablement parti au fond des verres qu'on lui a offerts et peut être de la gorge de quelqu'un. Loïs failli ignorer la présence de l'autre à la faveur de quelque chose à manger, il s'apprétait à sortir les victuailles quand ce dernier s'approcha -comme un demeuré, selon l'autre- avec une photo dans les mains. Ho.

« Oh yes. That. »

Il attend une seconde ou deux, qu'Arthur s'exprime. Mais il en faut plus que ça à l'autre ronchon pour poser des questions simples, pas vrai. Puisqu'il fallait tout faire ici, hein.

« You won't be needing it anymore, I suppose. »

Et d'un coup de baguette fluide, elle échappe des mains d'Arthur pour s'auto déchirer sur elle même et s'éparpiller au sol, le sourire coquin de son propriétaire toujours vivace sur les confettis disséminés. Il lui tourna le dos, pour attraper une poelle, des oeufs, et se faire une omelette comme si rien d'autre n'était là pour le perturber. Faire semblant de ne pas être blessé, ça suffisait jusqu'à ce que ça soit une réalité, pas vrai ? Une fois le tout lancé, il rangea sa baguette à la taille, et sorti de quoi assaisonner les oeufs au plat. Qu'est-ce qu'il devait faire, maintenant. Lui proposer de rester dîner ? A quoi bon, on ne proposait pas à dîner à un ex chef des aurors qui a oublié votre tronche à part pour tout ce qui fait de vous son opposé. Tssk.

« What more could you want from me, Thorn. It must be so painful for you, if you came even though cannot stand people like me. »

Clairement. Vu le regard qu'il lui avait lancé l'autre fois.

« It's clear you are not in a situation I would envy, but this is all your doing. »

Et mon petit gars, Loïs ne fait pas dans la charité, tu te souviens ? Alors à quel moment est-ce qu'il t'aiderait si c'est pour se faire traiter comme... Arthur Thorn ne l'avait pas traité depuis un moment maintenant.

***

Allez vous faire foutre Thorn.
Les gens normaux envoient une note avant de faire irruption dans la résidence de quelqu'un. Simple politesse, pas que quelqu'un comme vous sache ce que ça veut dire
Oh oui. ça.
Vous n'en aurez plus besoin, je suppose.
Que voulez-vous de plus, Thorn. Cela doit être si douloureux pour vous, si vous êtes venu alors même que vous ne supportez pas les gens comme moi.
Il est clair que vous n'êtes pas dans une situation que j'envierais, mais c'est entièrement votre faute tout ça.

Est-ce que c'était le même homme qui, au fur et à mesure des jours travaillés au Ministère, avait été le coeur de ses manigances, avait mis le feu à ses reins et allumé certaines de ses nuits ?  Voire après midis. Et là, sa simple présence le mettait hors de lui. Soyons honnête, Arthur l'avait déjà mis hors de lui plus d'une fois, ne serait-ce que par sa tête de cochon et son manque d'ouverture. Mais rarement avait-il mérité le silent treatment d'un Loïs qui lui tourne le dos pour s'occuper de ses oeufs. Oui, il avait faim, il avait tout donné sur scène et pas seulement. Et puis qu'est-ce que ça le regardait, sa vie privée, maintenant qu'ils ne se croiserait plus au travail et qu'Arthur avait fait en sorte qu'ils n'aient aucune raison de se voir en dehors de ça. Parce que c'était la dernière chose qui les liait, cette envie charnelle. Ils étaient bien trop différents pour qu'il y ait quoi que ce soit d'autre qu'un échange de cet ordre là.

« I gave you your answers.  If you're not happy with what I told you then there's nothing I can do for you. »

Il rétorqua, faisant glisser son dîner sur la poêle. Rha, ça attachait déjà, pourquoi fallait-il qu'il soit si mauvais cuisinier au point de rater même des oeufs aux plat ? Il arrêta le feu avec un tic buccal d'énervement, aux paroles d'Arthur, pour mettre les oeufs dans une assiette qu'il sortit du vaisselier. Il ne le lâcherait donc jamais ?

« Not my problem anymore. You made sure of that. »

Pourquoi est-ce qu'il supportait ça ? Pourquoi est-ce qu'il s'infligeait ça, franchement, au lieu de le foutre dehors. Arthur l'avait oublié, il n'y avait plus rien, point. Comme avait dit une certaine joueuse, ça aurait sans doute été plus simple si un autre jeune homme l'avait oublié plutôt que celui là. Mais maintenant, qu'y avait-il d'autre à espérer ? Etre en colère, c'était une chose, mais il n'allait pas récupérer quoi que ce soit, là, à part des emmerdes. Et Loïs n'avait pas besoin de ça en ce moment. Il se tourna enfin vers lui, une expression composée d'ennui et de mépris.

« Now what, need me to show you the door because you forgot how it works too ? »

La mesquinerie ça te va bien au teint, Loïs, mais t'as été plus en forme que ça. Peut être que c'est la longue journée, semaine, ces deux derniers mois ? Ou l'alcool, ou les fiançailles qui ne lui allaient pas au teint, avoir sa famille et une menace constante sur le dos...qu'est-ce qu'il était pâle. Drôlement pour un garçon alcoolisé et en colère. Et la main qui se resserrait à présent sur son poignet, rétrécissant son espace vital, n'allait pas aider.

« Yes I do ! I cannot see your face right now, or Merlin help me I'm going to do something I'll probably regret ! »

Il tire sur son poignet, mais même sans serrer fort, Arthur a de la poigne, ce connard.

« What do you want. For me to humiliate myself even more ? Do you hate me that much ? You want details of what we did ? How we screwed day and night because you couldn't get enough of this ? Tell me ! I'd hate to leave YOU in the dark and I have plenty of details in there ! »

Il ironisa de son ton le plus acide, mais définitivement affecté cette fois, en montrant sa propre tête décoiffée par l'effort. Les voilà, les couleurs sur les joues de Loïs. Maintenant que le masque craque.

« What use would it be anyway. You despise me Arthur, you've been pretty crystal clear about that plenty of times, so what does it matter, I don't even fucking know what i'm supposed to be to you. »

***
Je vous ai donné vos réponses. Si vous n'êtes pas satisfait de ce que je vous ai dit, je ne peux rien faire pour vous.
Ce n'est plus mon problème. Vous vous en êtes assuré.
Maintenant quoi, besoin de moi pour vous montrer la porte parce que vous avez oublié comment ça marche aussi?
Oui, je veux être seul ! Je ne peux pas voir votre gueule, ou que Merlin me vienne en aide, je vais faire quelque chose que je risque de regretter!
Qu'est-ce que tu veux de moi. M'humilier encore plus? Tu me détestes autant? Tu veux des détails sur ce qu'on a fait? Comment on a baisé jour et nuit parce que tu n'en avais jamais assez ? Dis-moi ! Je détesterais te laisser dans le noir et j'ai plein de détails là dedans!
À quoi cela servirait-il de toute façon. Tu me méprises Arthur, tu as été assez clair à ce sujet à maintes reprises, alors à quoi ça sert, j'ai aucune idée de ce que j'ai bien pu être pour toi.

Heureusement qu'Arthur n'avait pas insisté sur le fait que non, il ne le haïssait pas. Parce que si, bien sûr que si. Loïs aurait pu partir sur tout ce qui, de sa personne, révulsait la plupart des gens autour de lui. Les raisons pour lesquelles les si chers collègues d'Arthur n'y allaient pas avec le cul de la baguette depuis qu'il avait débarqué. Les rumeurs, la vérité derrière certaines choses aussi. Leurs valeurs étaient à des opposés polaires sur tellement de points, leur vie même, alors bien sûr qu'Arthur devait le haïr. Même lors de leurs échanges de bons procédés, ça se ressentait. N'était-il pas en train de se dire qu'il devait être taré pour se taper Valentine, à l'instant, comme depuis le départ ? Oui, Loïs oublie les preuves que l'inverse est aussi présent. Les attentions. Le fait qu'il l'a soigné et non laissé crever (oui c'est un exploit) sur son plancher quand il était venu blessé chez lui. Le bouquet qu'il lui avait offert et qui trônait sur la table basse derrière eux, par exemple.

Loïs eut un regain d'énergie à la phrase qu'Arthur avait commencé à prononcer. Serieusement, il allait bientôt pouvoir jeter des sorts sans baguette s'il continuait. Ou peut être qu'il viserait son entrejambe, cette fois. Comme ça il arrêtera de penser à lui en bien en sentant son parfum.

« Don't fucking start again ! Don't you dare ! »

Ses deux billes noires plantées dans les yeux si clairs d'Arthur, dures et rancunières, en disaient suffisamment long. Tu as ta réponse, Arthur, est-ce que tu as vraiment besoin de demander ? Vu la façon dont il t'a sauté au cou, la façon dont il s'est offusqué, le fait qu'il ne t'a toujours pas dégagé de chez lui alors que tu lui manques d'un certain respect, quand même, depuis le début de la soirée. Loïs a forcément ses reflexes de chats avec lui quand Arthur se rapproche, même après lui avoir lâché le poignet. Un chat blessé, ça mord, et lui, il proteste.

« What do you think you're- »

Comme dans tout téléfilm du dimanche après midi, il proteste donc, mais de façon moins mignonne. L'épaule d'Arthur a pris cher. Une seconde, il est prêt à le repousser de toutes ses forces, main à la baguette prête à être dégainée dans un éclat de pure colère. Et d'auto défense, dirait la joueuse. Mais la seconde où l'Auror approfondit son baiser, avec assurance en l'épousant lui et le plan de travail, cette pensée s'envole. Exit les envies de meurtre réelles, et voilà que le jeune Valentine fond et répond avec une force pas loin de la fureur. Il l'enlace, soupire, et enfonce ses ongles dans le dos dans un style très familier -pour peu qu'on s'en souvienne.

Ce baiser trahit, si ce n'est un sentiment qu'on ne parvient pas à nommer, au moins la passion latente que certain ici niaient pour leur propre bien. Le grand bain, ils y étaient, et autant dire que les chats, ça ne sait pas nager. Loïs savait malgré tout parfaitement embrasser, et il est surpris de retrouver les sensations qu'il connait avec l'autre homme. Est-ce qu'ils en sont réduits à ça ? Les pulsions primaires, ça les connait bien, mais... combien de temps ça peut durer ? Les mains du diplomates partent dans la chevelure de l'autre, froissent ses vêtements jusqu'à l'apaisement de ces pulsions, le laissant plus faible et vidé de sa volonté qu'avant. Il finit par pousser doucement Arthur pour reprendre de l'air, et ses esprits, les yeux vers le sol. Et puis finalement, tout le reste vers le sol. Il se laisse glisser jusqu'à avoir le cul par terre, la tête dans ses bras.

« Fuck... »

T'es foutu, Valentine. Quand il s'agit d'un crush inaccessible qui tient plus du défi stupide et du jeu, passe encore. Ash Nightingale au moins il était issu d'une bonne famille. Au moins il n'y avait pas de risque mais là... C'était insensé.

***
Ne recommence pas putain ! Tu n'as pas intérêt !
Qu'est-ce que tu crois que tu es-
Merde...

Aucune personne n'avait le droit de le mettre dans cet état là. Aucune. Pas même son professeur préféré. Ash Nightingal lui même ne l'avait pas mis dans cet état, et pourtant il avait de quoi faire, lui. Comme Octave. De l'élégance. De la culture. Du pognon. Un statut. La totale quoi. Et il fallait que ce soit ce connard de Sang de Bourbe sans le sous, Auror de surcroit. Et on se demandait pourquoi il avait la tête dans les bras, pied nu sur le sol de sa cuisine. Il était au bout de sa vie. Probablement littéralement, aussi. Il était loin de se douter que ça n'allait pas s'arrêter là. Qu'est-ce qu'il venait d'entendre ? Non, il allait devoir se pincer, c'était pas possible. C'était la première fois de sa carrière qu'il entendait des mots pareils sortir de la bouche d'Arthur Thorn. Et il l'avait vu essayer d'être gentil avec Meredith, une fois. Et son autre collègue féminine là.

« Now of all things... »

Il maugréa plaintivement. Il allait se défaire de ses bras, mais sans le regarder en face. Comment est-ce qu'il allait le regarder en face et parvenir à garder cette distance subtile qui le qualifiait, maintenant. Il avait tout foiré. A force de jouer avec le feu, hein ? Mais il lui restait un peu de dignité, et elle ne se trouvait pas sur le sol en carrelage bétonné de sa cuisine moderne. Alors il se redressa, juste à temps pour comprendre ce qu'Arthur avait trouvé. Quelqu'un peut l'achever, svp ?

« ... I wish I was. »

Joking. Il dit, l'air sombre -et un brin vexé. Le grand Valentine, maître des secrets et des illusions, venait de se faire triplement avoir et en beauté. Il le récupéra en plein vol, pour le prendre précieusement près de lui.

« It's a treasured heirloom. Not something you would understand, but... I'm not the only one in my family who wished to be more than what they want us to be. »

Et c'était bien foutu, maintenant. Son secret, dévoilé au grand jour ? Ho, il se disait qu'à un moment où a un autre, lorsqu'il serait obligé de partager la même habitation que sa future femme, ce genre de plaisirs disparaîtrait peu à peu. Celui là et les autres, d'ailleurs. Quel futur sombre l'attendait, vu ce qu'il entrevoyait. Il soupira, le rangeant dans la poche de son pantalon.

« You didn't know about that. Actually there's not much you know about me. I guess I wanted to show you...more. Without compromising anything. But there's no gain without pain, right ? »

C'était à son tour de rire, un peu plus amèrement. Allez, Loïs. Tu es dans un beau merdier, mais tu n'es pas du genre à te laisser abattre. Ni enchaîner. Il étudie Arthur Thorn. Cet homme qui a force de grognement s'était révélé un défi de taille, et un bel amusement, et qui maintenant était une coquille vide de toute empreinte Valentine. Enfin, pas vraiment. Il se souvenait de son parfum. Ca lui faisait une belle jambe maintenant.

« You don't know how frustrating this is. Knowing so much, all the time. For once I had someone who could guess at least a portion of what my living Hell of a life was. It felt nice. »

Il avait repris sa composition, même s'il ne se sentait pas moins vulnérable. Il refusait de laisser voir ses plaies béantes. Il avait grandit comme ça, que voulez vous.

***
Il fallait que ça soit maintenant...
  ... J'aimerais bien.
C'est un héritage précieux. Pas quelque chose que tu comprendrais, mais ... je ne suis pas le seul dans ma famille à vouloir être plus que ce qu'ils veulent qu'on soit.
Tu n'en savais rien. En fait, tu ne sais pas grand-chose de moi. Je suppose que je voulais te montrer ... plus. Sans rien compromettre. Mais il n'y a pas de gain sans douleur, non?
Tu ne sais pas à quel point c'est frustrant. En savoir tellement, tout le temps. Pour une fois, j'avais quelqu'un qui pouvait deviner au moins une partie de mon enfer vivant. C'était agréable.

Ca ne fait pas du bien, de sentir son masque se craqueler en public. Et surtout pas devant Arthur Thorn. Oh, il avait déjà été fragile devant lui. Après tout, ce n'était pas chez n'importe qui qu'il était venu à l'article de la mort. Peut être aussi qu'il s'était autorisé ça parce qu'il était ivre mort. Littéralement donc. Là, est-ce que les divers alcools ingérés excusaient quoi que ce soit ? Est-ce qu'il était possible d'excuser une erreur pareille, déjà, d'avoir invité Thorn à le voir danser à des kilomètres du dignitaire du ministère qu'il était aux yeux de tous ? C'était sciemment, qu'il avait fait ça, en plus. Mais les choses n'étaient pas sensées lui exploser à la figure comme ça. Il n'était pas sensé savoir... Ajoutez à ça la perte de mémoire de ce dernier, c'était un beau foutoir, tout ça. Loïs s'était adossé au comptoir à nouveau, scrutant avec méfiance les faits et gestes d'Arthur. Rien ne semblait le rassurer. Et certainement pas de voir se dernier se comporter presque gentiment avec lui, alors qu'il ne le connaissait pas. Pas vraiment, vous comprenez ?

« Since when do you know how to be nice to people ? »

Rho, c'est vache ça Loïs. Tu l'as bien vu s'occuper d'un chat en pls sur son canapé. Et il t'a déjà porté en princesse plusieurs fois, alors même que tu étais encore bien insupportable à ses yeux. Il avait juste soulevé l'incohérence de la situation, histoire de repartir sur des bases qu'il connaissait. Et puis... pourquoi ces souvenirs étaient si importants, franchement. L'étaient-ils au point de se compromettre totalement ? Sans doute pas.

« You know my work revolves around knowing way too much and being very skilled at keeping secrets. »

Il croise les bras. Ca, il avait l'air de se souvenir. Puisqu'il se souvenait qu'il n'aimait pas ses méthodes et que son nom lui faisait presque de l’urticaire, l'autre fois. Il soupira.

« What would it matter, it's not like you would remember them anyway. Let it go. Let's just... go back to where we were before. When you couldn't stand my face. »

Il dit en se décollant du bord de son évier. Lui, de son côté, il oublierait ces sensations ridicules, et coucherait probablement avec un paquet d'inconnu.e.s histoire d'enterrer tout ça. Oui, c'était un bon plan. Il se rapprocha, et ramassa la cape d'Arthur pour la lui remettre comme il faut sur les épaules. Quelle adorable petit mari au foyer il faisait, pas vrai ?

« I need to be alone. And you need to watch your tongue because if you even think about talking to anybody about what you saw tonight, let's just say you will miss those not so skilled Obliviators when I'm done with you. »

Il dit, finissant de le rhabiller. Il n'était pas le seul à avoir un parfum dans le nez qui dictait à votre corps quoi faire, en tout cas. Mais contrairement à Arthur, Loïs avait de la retenue (si si). Son hésitation dut se faire sentir, cela dit, mais il avait pris sa décision. Pas de nuit torride avec un amant amnésique ce soir. Pas de démonstration de talent de sa part non plus. Il finira par le repousser, au dernier moment, pour lui faire comprendre qu'il était temps de partir.

Pire St Valentin du monde.

***
Depuis quand sais-tu être gentil avec les gens?
Tu sais que mon travail consiste à en savoir beaucoup trop et à être très habile à garder des secrets.
A quoi bon, ce n'est pas comme si tu t'en souviendrais de toute façon. Laisse tomber. Revenons à là où nous en étions avant. Quand tu ne pouvais pas me supporter.
  J'ai besoin d'être seul. Et toi fais bien attention à ta langue parce que si tu penses seulement dire à quelqu'un de ce que tu as vu ce soir, disons que les Obliviators pas si qualifiés te manqueront quand j'en aurai fini avec toi.