Time heals all wounds. But not this one. Not yet. [Finn & Hyacinthe]

Ne pas avoir été présent sur les lieux du drame était probablement une très bonne chose. Néanmoins, cela ne préserva pas Hyacinthe. Parce qu’il était dans les couloirs de Ste Mangouste quand les patients avaient commencé à affluer. Une affluence inattendu, imprévisible, tragique. Les chambres n’avaient jamais été aussi pleine. Les médicomages autant occupés. Alors, même avec ses maigres connaissances, Hyacinthe avait été envoyé au front si l’on peut employer une telle métaphore sans qu’elle soit déplacée en ces circonstances. Même si ses émotions avaient manquées de prendre le dessus sur son professionnalisme, mais il s’était contenu. Au moins jusqu’à tomber sur Finn. Finn, parmi les blessés, inconscient. Son sang n’avait fait qu’un tour. Il s’était retrouvé incapable de bouger. Tétanisé.

Son collègue avait vite compris et l’avait fait sortir, lui demandant de prendre du temps pour reprendre ses esprits. Il s’était retrouvé au milieu du tumult. Comme extérieur à tout ça. Il avait pleuré. Sans même s’en rendre compte. Pas Finn. Pourquoi ? Il ne sut pas combien de temps il resta dans le couloir à pleurer en silence. Un peu trop pour un professionnel mais là, c’était trop proche de sa vie personnelle pour qu’il puisse garder son masque de neutralité. Il avait quand même fini par rentrer à nouveau dans la chambre, pâle et moins alerte qu’à son habitude. Il avait néanmoins prêté main forte à son collègue, et noté la suite des soins à donner à son ami.

Et à chaque pause -elles étaient peu nombreuses-, il ne manquait pas de passer contrôler son état. Au moins jusqu’à ce qu’il se réveille. Après, il s’était fait plus discret. Professionnel. Que ses sentiments n’interfèrent pas avec ce qu’il devait faire pour Finn. Il avait gardé un peu de distance. Et puis Finn avait eu la visite d’Ariel. Il devait aller mieux à présent…

Mais avant de prendre sa pause déjeuner, et parce qu’il préférait s’assurer de l’état de son ami de ses propres yeux, Hyacinthe fit un détour par la chambre de Finn. Il frappa doucement à la porte et passa la tête par l'entrebâillement de la porte.

“Bon...Bonjour… Je… Peux ?” demanda-t-il comme il l’aurait fait pour tous les patients, peut-être avec moins d’assurance que pour parler à un inconnu, paradoxalement.

Il fit un sourire à Finn. Qui n’avait pas l’air dans son assiette. Sans doute normal après ce qui lui était arrivé ? Il s’approcha de lui. Il avait sa tenue de l'hôpital, son badge de stagiaire sur le torse. Mais il n’était pas aussi à l’aise que d’habitude avec les patients. C’était vraiment bizarre cette situation. Il avait tellement peu parlé à Finn depuis la St Valentin, préférant l’éviter plutôt que d’affronter la situation.

“Co...comment… ça va ? Je… Je veux dire… La douleur ? Les… Les remèdes fonctionnent bien ? Ou… Ou il faut une nouvelle dose ?” demanda-t-il doucement. “Tu… Tu veux que je reste un peu ? Je… J’ai… J’ai une pause… Alors… Si tu veux parler… De… De ce qui s’est passé…”

Finalement, c'était une bonne chose qu'on ne le laisse pas sortir avant le lendemain, juste pour vérifier que le sort inconnu n'avait pas fait plus de dégât que les Medicomages n'auraient pas remarqué. Dans l'ensemble, il n'avait presque plus aucune douleur. Sa brûlure au dos n'était plus qu'un vilain souvenir (son tatouage qui passait par là avait méchament pris, par contre). Ses blessures diverses s'étaient refermées, et à part ses côtes endolories, il allait bien. En apparence. Parce qu'à l'intérieur, le jeune Gryffondor n'étais plus que l'ombre de lui même.

Ils s'étaient promis de se revoir... Quand ça irait mieux. Quand ça serait plus facile. Mais pour le moment, Ariel et lui n'étaient plus... C'était trop dur d'y penser. Finn avait encore tout cet amour, pour lui, toutes ces choses en tête qu'ils devaient faire tous les deux. Qu'ils s'étaient dites... Et il ne lui restait que ça, et les souvenirs de ce cauchemar sur fond de Poudlard en feu pour lui tenir compagnie. Ho les Medicomages étaient plutôt gentils avec lui. L'oncle Kane ne devrait pas tarder à rentrer de sa mission, il n'était peut être même pas au courant de ce qui s'était passé. Ca allait être quelque chose, ça aussi. Finn avait voulu aller voir Arthur Thorn et cette fois, plutôt qu'endormi, on lui avait répondu qu'il était parti. C'était complètement déraisonnable d'être déçu qu'il ne soit pas passé dans sa chambre au moins une fois ? Et en même temps, le jeune apprenti Auror savait qu'il se serait pris une sacrée raclée s'il l'avait fait, vu son comportement sur le terrain.

C'était un peu drapé dans sa honte et sa déprime post rupture qu'il était, allongé dans son lit à jouer avec sa baguette, quand une tête connue s'était montrée.

« ...Hyacinthe ? »

Il lui avait fallu une ou deux secondes pour se souvenir du prénom du garçon dont il avait brisé le coeur. Il senti que c'était vraiment mal, de sa part. Et il se redressa un peu pour lui faire signe de rentrer, s'asseyant avec les coussins dans le dos.

« Oui oui... Ca va nickel, j'ai presque plus mal ! Quoi que ce soit qui m'ait touché, quelque chose a du l'empêcher de faire trop de dégâts. »

Il répondit, en souriant, comme si de rien n'était. Et il flexa un muscle pour montrer qu'effectivement, tout allait bien. Par contre, il n'avait aucunement envie de parler de ce qui s'était passé. Pas du tout. A part s'il pouvait avoir des nouvelles des gens qui étaient sur place, il préférait éviter de se remettre là dedans. Il n'y avait rien qu'il pouvait faire. Autant aller de l'avant, pas vrai ?

« Et toi... Qu'est-ce que tu fais là ? »

Il demanda, un peu bêtement avant de se rappeler que l'autre garçon était en études de médicomagie.

« Ho, tu dois être en apprentissage ici ! Mince, félicitations ! »

Il dit, tout en lui offrant une tape amicale sur le bras, affectueusement. Il continuait de lui sourire.

« Ho, du coup tu sais pas, mais j'vais sans doute passer stagiaire au bureau des Aurors à la rentrée ! Si... Si Arthur Thorn veut toujours de moi après... Enfin tu vois. »

Il montra son état, et les murs de l'hôpital. C'était aussi grâce à Ariel, tout ça. S'il avait réussi à passer ses examens avec d'aussi bonnes notes. S'il n'avait pas perdu espoir, surtout. Depuis qu'il était avec lui, même s'il avait toujours été fort, enjoué, avec un moral de plomb, il était encore plus...fort. Qu'est-ce que ça serait maintenant ? Depuis la St Valentin il avait connu autre chose... C'est alors que ça lui revint. Hyacinthe. La St Valentin. Finn avait été sur un tel petit nuage, il n'avait pas revu la tête blonde et à part au tout début, où il s'était peut être senti un peu coupable, il n'avait pas réalisé... Mais il lui avait vraiment fait du mal. L'oncle Kane lui avait passé un savon à ce sujet. Est-ce que Hyacinthe avait été aussi malheureux que lui, à présent. Finn eut une mine un peu plus sombre, cherchant ses mots.

« Dis... Je voulais encore m'excuser, tu sais ? Pour la dernière fois. Des fois... Je fais des choses, je me rends pas forcément compte et je fais souffrir les gens malgré moi et... »

Un peu comme il avait fait souffrir Ariel, en l'étouffant comme il le faisait. Et il n'avait rien vu non plus, jusqu'à il y avait quelques jours. Alors il chercha le regard de Hyacinthe pour lui faire comprendre qu'il était un peu honteux. Même si c'était un peu tard.

« Je suis vraiment désolé. »

C’était stupide d’être heureux que Finn se souvienne de son prénom ? Ils avaient quand même passé un peu de temps ensemble, c’était normal qu’il se souvienne… Alors pourquoi il avait ce sourire qui naissait sur ses lèvres, et ce papillonnement idiot dans l’estomac. Il était content d’apprendre aussi que son état s’était vraiment bien amélioré. C’était une très bonne nouvelle. Il avait eu tellement peur le premier jour. Quand il l’avait vu allongé, inconscient, sous les soins intensifs des médicomages. Il était vraiment soulagé, de le voir aussi vif. Vraiment. Il avait vu des choses bien moins réjouissantes ces trois derniers jours alors… Oui, il était heureux de voir Finn rétabli. Et heureux d’y avoir peut-être un peu contribué, à son échelle.

Il eut un petit rire à sa question, et pointa son badge.

“Ju...Juste stagiaire… Mais… Mais ces derniers jours… Je crois que j’ai… J’ai sans doute acquis le statut d’infirmier…” dit-il avec un demi-sourire, partagé entre la fierté et la tristesse.

Il s’assit en voyant que le brun le lui proposait. Il n’allait peut-être pas avoir le temps de manger, mais qu’importait. Il préférait passer un peu de temps avec Finn. Son estomac était de toutes façons trop noué pour qu’il puisse manger quoi que ce soit. Et sans doute que la proximité de Finn ne faisait qu’empirer cet état.

“Oh… Super ! Bravo ! C’est… C’est génial ! Et… Et t’en fais pas… Ton… Ton état ira mieux ! Dans… Dans quelques jours… Ce sera qu’un… un mauvais souvenir ! Je… Je suis sûr que tout ira bien !” le rassura-t-il enthousiaste, heureux que Finn ait trouvé sa voie.

Même si cette voie était bien trop dangereuse. Finn avait le courage des combattant. Lui, il n’avait que celui de réparer les héros brisés. Il sourit. Il espérait juste que Finn ne serait pas trop blessé par ce travail. Il n’était personne pour exiger ça, mais l’espérer, il le pouvait.

Son regard revint sur Finn quand il s’adressa à lui avec un ton plus sérieux. Beaucoup trop grave et sérieux. Il cligna un peu des yeux, nerveusement. Il n’attendait pas d’excuses. Finn n’avait pas d’excuses à lui donner. Il n’y pouvait rien. L’amour, ça ne se commande pas. Il n’y pouvait vraiment rien. Il secoua négativement la tête.

“Pas… Pas besoin… Ce… Enfin… C’est que… Tu n’y es pour rien… Je veux dire… On… On choisit pas… Ces choses-là… Je… J’ai été idiot aussi… De croire… Enfin… Ce n’est pas grave… C’est du passé, non ? … Et puis… C’était… C’était une mauvaise soirée… Pas à cause de toi… Vraiment…”

Il sourit doucement.

“Au… Au moins, tu es heureux… Avec Ariel…” conclut-il bienveillant. “C’est… C’est le plus important pour moi… Que tu sois heureux ! De toutes façons… Je suis… Enfin… Je suis sûrement pas… Très doué pour tout ça… Je suis plus doué… pour travailler… Soigner les gens, tout ça…”

Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas vu le blond d'aussi près, clairement. Est-ce que c'était lui ou est-ce qu'il avait pris du galon, au niveau des épaules ? Finn n'avait pas une très bonne mémoire, mais dans son souvenir, lorsqu'il l'avait pris sur son balais pour lui faire faire un tour... bref. Il était content pour lui, en tout cas, stagiaire ou pas, vu comment il était gentil et attentionné avec les autres, il était sûr qu'il ferait un bon infirmier. Même s'il avait une image de lui un peu fragile et effacée. Il lui souhaita félicitation lui aussi.

Quelque part, le jeune homme fut aussi soulagé d'entendre Hyacinthe le pardonner. S'il n'avait pas réfléchit plus longtemps, il n'aurait pas vraiment compris ce qu'il avait fait de mal parce que, comme Hyacinthe le disait si bien, il n'avait rien fait de mal, au fond. Que d'aimer quelqu'un d'autre et de ne pas voir ce le blondinet avait un crush sur lui. Mais il aurait pu... Il aurait pu essayer.

Il lui avait sourit aussi, content qu'ils arrivent sur ce terrain d'entente, avant que ce dernier ne change de sujet abruptement, pour un autre qu'il n'avait pas vu venir à des kilometres. Hyacinthe n'avait sans doute jamais vu l'expression qui s'afficha sur le visage de Finn. Et ce dernier, sans prévenir, qui sentait les larmes monter, serra ses levres et ses draps. Il ne voulait pas pleurer encore, non. Ariel ne méritait pas ça ! Oh, pas dans le sens qu'il ne méritait pas de le faire pleurer, en fait. Plutôt l'inverse. Il l'avait rendu heureux... Et Finn l'aimait, il ne fallait pas pleurer même si leur histoire était finit, pas vrai ? Même si c'était dur. Le garçon ravala sa salive et regarda ailleurs, pour aider.

« Hm... C'est plus... On est plus ensemble, tu sais. »

Hyacinthe était la première personne à qui il le disait à voix haute. Après qu'ils en aient discuté tous les deux, seuls. C'était déjà une décision finale mais ça la rendait encore plus finale d'en parler comme ça. Il n'allait pas s'étendre, en tout cas, si on ne lui demandait pas. Sauf peut être à son oncle, parce qu'il savait qu'on ne pouvait rien lui cacher... (littéralement, mais ça il l'ignorait encore)

« J'pense pas que tu sois pas doué pour ça... T'es gentil, et attentionné, c'est important pour... la Médicomagie mais aussi le reste. »

Il dit, remontant ses genoux au niveau de son torse. Ce qui se passait par la fenêtre de l'autre côté devenait drôlement plus intéressant, tout de suite. Finn aurait aimé avoir son vif d'or pour jouer avec, là. Ca le détendait souvent.

« Faut juste... Ecouter l'autre et... C'est juste que des fois c'est pas fait pour marcher. »

Il ravala sa salive encore. C'était dur de pas pleurer.

Merlin. C’était une énorme bourde qu’il venait de faire. Il se décomposa en même temps que Finn. C’était pas possible d’être autant un idiot. Mon dieu. Mais comment avait-il pu faire une bourde pareille ? Il devait dire quoi ? Il devait faire quoi ? Il avait le droit de le prendre dans ses bras ? Ou ça le faisait passer pour un salopard d’opportuniste ? Il lui avait semblé que Finn aimait bien les contacts humains mais… Peut-être pas là ? Peut-être pas maintenant ? Rah. Pourquoi il savait toujours aussi peu gérer ce genre de choses ? Nate aurait fait quoi là ? Réfléchis bon sang !

“Pardon… Je… je savais pas… Je voulais pas… Désolé…” bafouilla-t-il dans la précipitation.

Ok. Pire réplique de soutien ever. Génial. Tu es un génie, Yaya. Il était tellement… triste ? C’était idiot. Il aurait pu se réjouir, se dire qu’il avait peut-être une chance, mais non. Il voyait juste que Finn était plus triste que jamais. Et pour rien au monde il n’aurait souhaité ça. Il n’avait pas cet égoïsme. Il s’approcha un peu du lit, et tendit la main, caressant doucement l’épaule de Finn. Il ne pouvait rien faire de plus. Il n’allait pas débarquer voir le dit Ariel et lui dire de revenir dans les bras de Finn. Visiblement, ça n’avait pas marché. C’était comme ça. C’était triste. Et dommage. Mais c’était comme ça. On ne peut pas toujours tout arranger. Son frère le lui avait déjà dit en d’autres circonstances, cela s’appliquait aussi là. L’amour, ça semblait si compliqué. Et si triste…

“Finn… Si… Si tu as besoin de pleurer… C’est… C’est normal… Si tu veux… Je peux te prendre dans mes bras… Comme ça… Comme ça, je le vois même pas… Et… Et je crois que ça te fera du bien… Juste… D’évacuer… Tout… Tout ça… Ces… Ces derniers jours… Ont été… Rudes pour toi… Je crois… Et…”

Il arrêta de s’enfoncer dans ces mots qu’il ne maîtrisait pas, il s’assit sur le rebord du lit, et attira Finn contre lui. Mine de rien, à porter des patients, on gagnait en force. Et puis, c’était ce dont Finn avait besoin. De réconfort. Et c’est prouvé qu’une étreinte aide. C’était juste un geste médical. Il n’y avait rien d’opportuniste là dedans. Et ça lui faisait plus de mal qu’autre chose d’avoir Finn si près de lui et sans la raison espérée à cette proximité.

“Je serai là. En ami.” souffla-t-il à Finn. “Les choses vont s'arranger, Finn...”

Il caressa doucement son dos, s’assurant bien de ne pas appuyer là où il pouvait encore avoir des douleurs.

Finn, qui à part en la présence de son nouveau mentor, était capable de sourire en toute circonstance (comprenez bien si vous souriez en face d'Arthur Thorn alors qu'il ne faut pas, vous risquez d'y perdre des plumes), avait bien du mal à maintenir son positivisme. C'était trop frais. Il était laissé là, avec une blessure bien plus ouverte que le reste de ce qu'il avait subit quatre jours auparavant. Et il n'y avait pas de sort ou de potion pour ça. Enfin, pas qu'il croit ? Et il se voyait mal demander "bonjour, j'ai le coeur brisé, vous auriez quelque chose pour ça ?" non...

« C'est pas grave t'sais... ça devait arriver un jour. »

Ca ne lui ressemblait pas d'être défaitiste. Il fallait dire que cette fois, comme les précédentes, c'était plus ou moins sa faute si ça n'avait pas marché. Son caractère, sa bêtise... Non, c'était la façon dont il agissait avec les gens qu'il aimait, ce que tout le monde ne supportait pas. Il n'y avait guère qu'une ou deux de ses copines qui n'étaient pas parties à cause de ça. Mais avec qui ils avaient préférés être amis, parce qu'au final, c'était ce qu'ils étaient ? Est-ce qu'ils arriveraient vraiment à rester amis avec Ariel ? Pour le moment, rien que de penser à lui, c'était inimaginable.

« Non.. Ca va j'ai pas besoin... T'en fais pas ok ? C'est juste... récent. »

Il dit, presque pour rassurer l'autre garçon qui avait l'air de plus s'en faire pour lui que lui même. C'était gentil mais... Il allait bien. Enfin,il irait bien. C'était pas comme si il avait rompu avec le seul et unique garçon qu'il avait jamais aimé, hein ? Oh... Et qu'est-ce qu'il lui avait dit, tellement de fois. Est-ce qu'Ariel lui avait jamais répondu ? Il aurait du comprendre... Son petit ami l'aimait, oui, juste...

Il se laissa surprendre par Hyacinthe qui le prenait dans ses bras. Il n'avait pas senti, avant, est-ce qu'il avait posé une main sur lui pour le réconforter ? C'était le prendre en traitre, que de faire ça ! Lui qui faisait de son mieux pour ne pas pleurer. Finn ne s'était pas attendu non plus à ce que l'autre garçon ait cette force. Parce qu'il avait l'air si fragile tout le temps. Mais ce n'est pas ce qui déclencha les grandes eaux. C'était sa douceur, et ses gestes apaisants. Sans vraiment comprendre pourquoi, l'apprenti Auror pleurait à chaudes larmes dans les bras de ce garçon qu'il avait pourtant blessé, et se laissait complètement aller.

Un bon moment plus tard, alors que ses sanglots se calmaient doucement, il se détacha de lui. Ca n'était pas un joli spectacle, les yeux rouges et le nez qui renifle chez un grand garçon comme ça. Au moins, Ariel n'avait pas eu à le voir comme ça ? Finn voulait être quelqu'un de rassurant, sur qui on pouvait compter. Là, on ne pouvait plus compter du tout sur lui.

« Merci... Tu vois *snirfl* t'es déjà un super Medicomage. »

Il dit en se reculant un peu, souriant comme il pouvait à son infirmier. Et maintenant... quoi ? Il allait sortir et retourner à sa vie comme avant ?

« Tu dois avoir du travail... Tu peux y aller hein ? ça va moi. »

Ses côtes lui faisaient mal quand il pleurait ou riait, mais dans l'ensemble, il allait mieux. Et là, d'avoir pu tout lâcher, il allait même encore un petit peu mieux. Grâce à lui.

Non ça n’allait pas. Hyacinthe n’était pas aveugle. Au contraire. Il savait tout à fait voir quand quelqu’un n’allait pas bien. Et Finn avait besoin de son aide, qu’il se l’avoue ou non. Parfois, il ne fallait pas laisser le choix aux gens. Hyacinthe se revoyait plus jeune, à essayer de faire la forte tête quand ça n’allait pas face à son frère. Nate le prenait souvent dans ses bras sans plus de cérémonie. Et ça lui avait toujours fait un bien fou. Ce qui marche avec un frère doit bien pouvoir marcher avec un ami ?

Il resta là. Silencieux, caressant doucement son dos. Ce n’était pas simple pour lui d’accueillir ainsi ses larmes. Il aurait préféré le voir heureux. Il aurait préféré rire avec lui de stupidités. Mais c’était d’une épaule pour pleurer dont Finn avait besoin. Rien de plus. Il se devait d’être là. Après tout, Finn l’avait aussi beaucoup aidé. A avancer. A prendre confiance en lui. Toute mesure gardée bien sûr, mais, Finn ne pouvait pas savoir comme il lui avait fait du bien. Beaucoup de bien, bien plus de bien que de mal d’ailleurs. Une de ses mains avait été ébouriffer doucement ses cheveux, comme Nate le faisait pour lui. Ça lui apparaissait comme un des gestes les plus réconfortants qui soit. Mais quand Finn se recula, il ne fit rien pour le retenir, il se détacha de son ami. Le tableau n’était pas glorieux, et voir le Gryffondor comme ça, c’était comme une situation improbable, mais Hyacinthe prenait sur lui pour ne pas être trop touché. De quoi aurait-il eu l’air s’il s’était mis à pleurer lui aussi ?

“Je… Je suis pas sûr que ce soit un rôle de médicomage ça… Mais… Merci…”

Il fouilla dans son sac et en sortit un paquet de mouchoir en papier. Parfumés à l’eucalyptus, attention. Il sourit à Finn. Et regarda sa montre. Il lui restait encore un peu de temps. Il n’aurait pas le temps de manger son déjeuner en entier… Tant pis. Tant qu’à faire, autant rester encore un peu ici ?

“J’ai encore… Quelques minutes… J’ai…”

Il attrapa deux boîtes dans son sac, et les ouvrit. Une boîte de tourte salée, et une de part de pâtisserie. Les invendus de la veille, mais ça, on s’en fichait, c’était toujours trop bon !

“J’ai ça… Et j’aurai pas le temps de tout manger… Tu en veux ? C’est fait maison… Par mon frère…”

Il sourit doucement.

“La nourriture ici… Sera jamais aussi bonne que ça… Et puis… Les pâtisseries aident toujours… Tu crois pas ?”

Il piocha pour sa part dans le salé, histoire d’avoir quand même quelque chose dans le ventre pour finir son service. Il allait encore devoir travailler de longues heures après ça. Mais… Au moins, il savait qu’il avait été au bon endroit, au bon moment. Et sans même avoir eu de présages. Comme quoi, il s’améliorait avec les autres humains.

Hyacinthe était vraiment doué, pensa Finn. Pour les câlins, c'était une chose, mais pour écouter surtout ? Il l'avait vidé de toutes ses larmes, avec ce simple geste. Ho, il avait déjà beaucoup pleuré (c'était un de ces garçons a qui on n'avait pas enfoncé dans le crâne que pleurer c'était pour les filles, merci maman Parker). Et il pleurerait sans doute encore beaucoup le vide qu'avait créé sa séparation avec Ariel. Mais pour l'instant, Hyacinthe avait réussi a le vider. Il accepta ses mouchoirs, s'enfilant une bonne partie du paquet, et le regarda, les yeux rouges mais déjà un peu plus lui même.

« Tu dis ça mais moi je pense que si... C'est faire en sorte que les patients aillent mieux non ? »

Et il allait un tout petit peu mieux. Même si se moucher réveilla la douleur dans ses côtes. Et puis le jeune stagiaire Médico sorti son repas emballé, et les yeux de Finn petillerent...

« Quoi ? T'es sûr ? »

Il dit, bien trop enthousiaste pour qu'un gentil garçon comme l'autre refuse de tout donner. Mais Finn était bien élevé (merci tonton Kane) et s'il n'avait pas réfléchi assez pour comprendre qu'il pleuvait le blond de son précieux repas, il attendit qu'il se serve en premier, avant d'engouffrer ce qu'il lui laisserait. C'était trop bon. C'est vrai que c'était le petit frère d'un pâtissier ! Il eut l'air de revivre, un instant. Malgré ses yeux rougis et son air fatigué.

« C'est trop trop bon. Merci ! »

Il lui sourit comme jamais. Il était vraiment reconnaissant, envers lui, pour tout ça. Ils discutèrent un peu tous les deux de la pâtisserie du grand frère, Finn laissant entendre qu'il adorait ça et qu'il serait ravi d'en manger encore plein, et aussi confiant a Hyacinthe qu'il avait un peu peur de la réaction de son oncle quand il rentrerait. C'était finalement pas si difficile, de lui parler, aussi timide que l'autre garçon soit.

Il lui dit au revoir quand ce dernier dû retourner travailler, le remercia encore et resta seul dans son lit a nouveau. Il s'occuperait avec sa baguette jusqu'au soir -non pas celle la- en attendant qu'on le laisse repartir le lendemain matin. Il avait hâte de rentrer chez lui. Il avait hâte de revoir son oncle et surtout, il avait hâte de retourner s'entraîner pour devenir Auror. Arthur Thorn n'avait qu'à bien se tenir, il lui montrerait !