I loved you till the end of time [ Ariel & Finn ]

Après toute cette horreur, ça n’avait pas été facile pour Ariel. Et de toute manière, ça n’avait pas été facile pour personne. Peut-être que pour ces monstres, si, ça l’avait été. Ils devaient être en train de fêter la mort de la Directrice et la destruction de Poudlard, comme des assassins, des meurtriers. Ariel, lui, était sur un lit d’hôpital. Il n’avait pas été très blessé, mais ce n’était tout de même pas beau à voir. On ne lui avait pas laissé le choix et il n’avait pu voir personne : Finn, Alexander, ses professeurs et camarades de classe qui devaient être là mais qu’ils n’avaient pas forcément vu. Ou même cet homme. Ou encore ce petit garçon auquel il s’était accroché. Daniel était son petit nom, lui appris une infirmière plutôt gentille alors qu’elle lui donnait des nouvelles des autres quand elle le pouvait. Le petit garçon avait perdu toute sa famille dans cette tragédie : ses parents et surtout sa sœur jumelle, qu’Ariel n’avait pas pu protéger malgré tous ces efforts. Pourtant, il ne regrettait pas les avoir laissé quelques secondes pour aider cet homme, Octave, mais s’il avait été plus fort, plus utile, la petite fille aurait survécu aussi… Mais cela n’avait pas été le cas et il se blâmait tellement pour tout ça. Daniel avait tout perdu alors que s’il avait été plus rapide et malin, il aurait pu encore avoir sa sœur à ses côtés.

Cela faisait une journée qu’il était là : c’était surtout dû au manque d’effectif, vu qu’avec tout le monde présent à Poudlard, les blessés étaient largement plus nombreux que les médicomages ou autres… Et on s’occupait des cas plus graves en premier, forcément. Pendant ce temps d’attente, il eut le temps de réfléchir un peu. Avec tout ça, il se remettait en question. En fait, il remettait tout en question, en fait… Premièrement, ce fut ses études. Après avoir vu la mort passée aussi prêt, il s’était décidé que peut-être, quitte à ce que cela prenne plus de temps, il allait recommencer un nouveau cursus, celui dont il avait toujours rêvé. Il en discuterais avec ses professeurs, mais il se disait que peut-être, c’était le bon moment. Deuxièmement, il tentait de réfléchir à ce petit garçon. Que pourrait-il faire pour lui ? Ce n’était pas comme s’il pouvait l’adopter ou autre, mais le savoir tout seul, comme ça… Peut-être pourrait-il faire quelque chose pour lui, lui trouver une famille ou quelqu’un qui pourrait s’occuper de lui et qui l’aimerait. Et troisièmement, il se posa des questions sur sa relation. Il aimait Finn. Énormément, même. Mais plus le temps passait, plus il avait l’impression d’étouffer un peu. Ce n’était pas spécialement la faute de Finn, du coup. Ils étaient juste… différents. Amoureux, mais pas de la même manière. Là où Finn était démonstratif et passionné, Ariel était plus plus pudique et timide. Cela ne voulait pas dire qu’il l’aimait moins. Non, il était juste rapidement mal-à-l’aise avec les marques d’affections en public.

Il était parti à la recherche de Finn. Pas pour parler de rupture ou autre. Juste pour savoir si tout allait bien et si on s’occupait de lui correctement. Et il eut apparemment la même idée puisqu’ils se croisèrent dans un couloir plus calme que les autres heureusement. En quelques secondes, il fut pris dans les bras de son petit-ami et alors qu’il allait l’embrasser ou du moins tentait, il appuya sur l’une de ses blessures pas encore complètement guérie et Ariel grinça des dents, repoussant Finn jusqu’à ce que celui-ci se décroche de lui. « Finn. » sourit-il avant de le perdre un peu en entendant toutes les questions posées à la suite. Son mal de crâne revenait déjà et il ne put s’empêcher de se dire que ce n’était pas comme ça qu’il avait imaginé leurs retrouvailles. Finn l’embarqua ensuite dans une chambre vide où il l’embrassa doucement sur les lèvres. Ariel répondit aussi, moins tendu. Il releva ensuite la tête face à la question de Finn, surpris. « Hum, oui ça va. Comme tout le monde, j’imagine... » souffla Ariel, la voix encore enrouée d’avoir tant crié pendant la bataille. « Je… J’ai juste réfléchi à certains trucs dans ma vie. J’ai eu le temps. » Il ne savait pas vraiment quoi dire, en fait. Il n’avait jamais eu à se séparer de quelqu’un. Et là, il voulait surtout en parler avec Finn, pas forcément le quitter sur le champ. « C’est juste que j’ai l’impression que parfois… Parfois… On est trop différent. » dit-il enfin.

Ariel avait eut le temps de réfléchir mais il avait tout de même été pris de cours par Finn qui semblait vouloir en discuter immédiatement. Parce que oui, il ne pensait pas en parler tout de suite alors qu'ils venaient à peine de se retrouver et surtout, alors qu'ils étaient encore ici. Il aurait bel et bien préféré un endroit plus silencieux et intime, mais puisque la conversation avait déjà débutée, autant la continue et peut-être la terminer maintenant… Au moins, Finn avait eu la bonne idée de les embarquer dans une chambre vide pour qu'ils puissent discuter sans qu'on vienne les déranger ou même les écouter. « Être différent c'est bien oui, mais... » hésita Ariel, ne sachant pas vraiment comment s'expliquer. C'était compliqué toute cette histoire et il ne savait pas comment tout dire à Finn sans que celui-ci ne le prenne mal et se vexe. Il pourrait très bien comprendre que ces critiques et autre passent mal, surtout après les erreurs d'Ariel. Finn ne tarda pas à lui répondre, inquiet. Il débita ce qu'il avait à dire à une vitesse folle et Ariel eut du mal à le suivre sans vouloir le couper. Il savait et comprenait tout ce que lui disait son petit-ami. Mais celui-ci n'avait pas l'air de comprendre ou du moins, il ne le pouvait pas vu qu'Ariel n'avait pas vraiment eu le temps de s'expliquer correctement… Alors il allait devoir parler vite et sans s'arrêter.

Le baiser fut de trop. Ariel ferma un instant les yeux pour ne pas pleurer comme un idiot qui se laisser avoir par ses propres émotions. Il en oubliait que ses cheveux pouvaient aussi changer de couleur sous les émotions mais heureusement pour lui, sans qu'il le sache, ceux-ci étaient toujours de la même couleur. « C'est juste que j'ai l'impression que tout va trop vite. J'aime passer du temps avec toi et je t'aime. Vraiment, Finn. » commença-t-il avant de reprendre. « Mais parfois, j'ai l'impression de me forcer. Je ne force pas mes sentiments, mais depuis ce que j'ai fais… J'ai peur de te dire les choses. Parce que… Parce que j'ai fais le con et que je mériterais que tu m'en veuilles mais ce n'est pas le cas et à chaque fois, je me demande si c'est parce que tu ne me dis juste pas les choses ou si c'est parce que tu ne vois pas le problème. » souffla Ariel, la voix un peu tremblante. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas autant parlé et surtout pas d'un sujet aussi sérieux et compliqué. Finn était sa première vraie relation sérieuse et ce genre de discussion difficile, il ne connaissait pas du tout et n'aimait pas ça. « Ne serait-ce que pour toi, Finn. Tu m'as pardonné mais je t'ai tellement blessé... » termina Ariel, se levant doucement pour jeter un coup d’œil par la fenêtre, tentant de reprendre un peu sa respiration.

« Quand je parlais de différences, je ne parlais pas forcément de choses aussi simples que les animaux. C'est plus… Je n'aime pas l'affection en public. Ça me gêne et je ne sais plus quoi faire. Comme… Comme avant tout ça, devant Alexander. J'étais tellement gêné que j'aurais aimé me cacher dans un petit trou et ne jamais en ressortir. » Il devait s'expliquer. Mais surtout, il ne voulait pas que Finn pense que tout cela était de sa faute. Parce que ce n'était pas le cas. Si quelqu'un était à blâmer ici, ce serait Airel et seulement lui. Il revint s'asseoir face à Finn, attrapant doucement sa main et le fixant dans les yeux. « Ce n'est pas de faute. C'est cliché si je disais que c'est moi et pas toi le problème ? Ouais, ça l'est sûrement. » rit-il presque, mais jaune. « Et c'est pour ça que je ne sais plus quoi faire. Et tu as dû le sentir. Mais tu ne m'en parles pas et je m'en veux tellement. » Il essuya rapidement ses yeux qui étaient devenu un peu trop mouillés avant de reprendre la parole, ne laissant pas Finn répondre. Pas tout de suite. Il devait l'écouter. « J'ai rencontré des amis à toi. Un ancien ami, surtout. Je ne comprenais pas pourquoi il ne m'appréciait pas, vu que vous étiez si proche. Et pourquoi l'autre ami semblait si en colère contre moi. Et puis ils m'ont dis qu'à cause de moi, tu t'étais coupé d'eux. Finn… Tu ne dois pas faire ça. » tenta-t-il de lui dire. Il savait que c'était un caractère, une manière d'aimer. Mais les amis, les vrais, c'était important aussi...

Ariel avait parlé rapidement et sans vraiment prendre de pauses. Finn était du genre à couper, sûrement par peur d'entendre la suite. Il tentait souvent de réconforter Ariel et d'adoucir les choses mais là, en ce moment, la conversation n'était malheureusement pas faîte pour être douce. Il ne voulait pas blesser Finn. Dans un sens, celui-ci n'avait vraiment rien fait de mal à part être lui-même. Mais c'était bien ça le problème : ils étaient à l'opposé l'un de l'autre. Comme la soleil et le lune. L'un se couche pendant que l'autre se lève. Ils ne sont pas fait pour cohabiter ensemble mais plutôt pour vivre au même endroit, se croisant seulement sans jamais se voir très longtemps. Ariel aimait et aime toujours Finn. Mais ils avaient simplement besoin de parler. De se dire les choses. Ariel, lui, il en avait besoin. Ces derniers temps, il avait bien trop l'impression de se comporter comme un menteur de première, à cacher ce qu'il ressentait et voulait vraiment dire. Finn méritait la vérité et il allait la lui dire, même si cela devait les blesser tous les deux. Et en entendant les mots de son interlocuteur, il voyait bien que le message avait du mal à passer. Il tentait de lui faire comprendre que ce n'était pas de sa faute mais Finn semblait borné à croire le contraire. C'était tout lui mais ce n'était pas le but de cette conversation. Ariel ne souhaitait pas que la faute soit complètement rejeté sur Finn ou même sur lui-même.

« Ne sois pas désolé. Ce n'est pas de ta faute, Finn. » souffla doucement Ariel face à lui. Que pourrait-il faire pour qu'il le comprenne et accepte ce fait ? Ce n'était pas facile, il voulait bien le comprendre aussi, mais il n'aimait vraiment pas voir l'autre jeune homme comme ça. « Je n'ai rien de spécial, tu sais. Je suis comme tout le monde, au fond. Je crois… Je crois que tu me vois trop comme quelqu'un de parfait, Finn. Et je ne le suis pas. Au début, c'était très plaisant de se sentir autant aimé et choyé, mais quand c'est trop, cela devient étouffant. Et certaines personnes adorent ça ! Mais je… Je ne sais pas comment réagir. » Parce que c'était vrai : Ariel n'était pas plus spécial qu'un autre. Il voulait bien quand, lorsque l'on était amoureux, on idéalisait un peu l'autre, mais Finn semblait le faire encore plus que les autres. C'était comme s'il plaçait Ariel au dessus de tous, même de lui-même. Et dans un sens, ce n'était pas vraiment un problème. Ce qu'il voulait dire, c'était que Finn s'oubliait dans cette histoire aussi. Lui pardonner aussi rapidement ce qu'il avait avec Ash… Il avait du mal à le comprendre, par exemple. « Je sais que tu es comme ça. Et je l'accepte complètement. Mais le problème, c'est que je ne me vois pas continuer comme ça. » Et quand il aimait, il voulait le faire en se projetant dans l'avenir. Mais là…

Toute cette conversation était compliquée. Et l'avoir aussi peu longtemps après ce qu'il s'était passé ne rendait pas les choses plus faciles. Même si Ariel avait eu le temps de réfléchir pendant qu'il se posait, il n'aurait pas pensé que cette discussion arriverait maintenant. Mais Finn avait immédiatement vu qu'il n'était pas comme d'habitude. Ou du moins, qu'il était comme d'habitude ces derniers temps mais pas comme avant, au tout début de leur relation. Et il n'allait pas mentir. Alors voilà comment ils en étaient arrivés là. Ariel tentait d'être le plus clair possible mais forcément, tout le monde ne prenait pas les informations de la même manière. Finn disait qu'il comprenait mais au fond, il avait un doute sur le fait qu'il comprenait bien tout. Comprenait-il simplement qu'Ariel ne savait plus quoi faire ou comprenait-il aussi que tout ne pouvait pas être de la faute d'une seule et même personne ? Vu sa réaction, il était persuadé que non. Et Ariel ne savait pas comment réagir, forcément. Finn le décrivait tellement comme étant spécial qu'il ne savait pas où se mettre. Bien sûr que chaque personne était spéciale et encore plus aux yeux de quelqu'un, mais cela rendait les choses tellement plus difficiles et douloureuses. Ariel avait cette horrible impression d'être un connard qui brisait le cœur d'un pauvre gars qui n'avait rien demandé à part l'amour. Mais il savait très bien que de continuer comme ça, ce genre de choses allaient arriver à un moment donné et plus c'était tard, plus douloureux ce serait…

« Cela n'a rien avoir avec être au niveau des autres, Finn. Je n'ai même pas quelqu'un avec qui te comparer pour tout ça... » souffla doucement Ariel, encore perdu face à tant d’insécurité. Ariel avait eu des relations mais seulement physiques. Il n'avait jamais été amoureux et Finn le savait très bien. Alors forcément, le niveau des autres, Ariel ne le connaissait sincèrement pas… « On est encore jeune, tu sais. L'amour… C'est jamais simple. Et tout le monde le mérite. Ou presque. » se reprit-il en pensant à tous ces gens qui eux, ne méritaient pas du tout d'être aimés. Et il en avait une belle liste qui continuait de s'allonger au fur et à mesure que des Deathwings apparaissaient. « Je t'aimerai aussi pendant un moment, Finn. Quand je dis qu'entre nous, ce n'est pas exactement ce que je veux, cela ne veut pas dire que je ne t'ai jamais aimé. Je ne sors jamais avec quelqu'un que je n'aime pas. » D'où son manque de relation amoureuse contrairement à ses relations physiques… Pour lui, l'amour, c'était sacré. Il avait du mal à faire confiance aux autres depuis son père et Finn avait été le seul à gagner cette confiance toute particulière qu'il n'avait jamais confié à personne d'autre jusqu'à maintenant. « Je serai toujours là pour toi, moi aussi. Ce sera sûrement compliqué, surtout au début. Mais rester amis… Ou du moins, en bon termes, c'est ce que j'aimerais. Maintenant, je n'ai pas le droit de te demander ça. » Pas quand il était en train de rompre avec lui dans cette chambre d'hôpital après une attaque mortelle.

Ils ne se comprenaient pas et Ariel ne put s'empêcher de penser que peut-être, cela faisait un moment qu'ils ne se comprenaient plus. Il aimait Finn. Beaucoup. Il n'avait jamais ressenti ce genre de choses pour quelqu'un avant. Et peut-être était-ce pour cela qu'il avait si peur. Qu'il se sentait si enfermé, si protégé. Il n'en avait pas l'habitude. Pas comme ça. Pas tout le temps. Au fond, cela n'était pas si négatif que ça : mais avec le temps, Ariel transformait tout cet amour donné et reçu en quelque chose qui était négatif. Et il ne voulait pas faire ça à Finn. Il le rendait malheureux déjà alors qu'est-ce que ça allait être dans quelques mois ? Dans quelques années ? Il préférait ne pas attendre. Il savait très bien qu'un couple ne tenait pas à grand-chose, parfois.

Quand il sentit les bras de Finn l'enserrer doucement, il répondit à son étreinte. Une dernière fois. La dernière fois où ils se prenaient dans leurs bras pour se dire je t'aime. Après quelques secondes, Finn le relâcha et reprit la parole. Ariel lui sourit doucement et secoua la tête. « Tout ira parfaitement bien pour moi, ne t'inquiète pas. Je vais déjà mieux et… Je pense que je vais peut-être tenter de recontacter ma famille qui vit en France. Du côté de ma mère. Ils n'ont jamais aimé mon père et peut-être… Peut-être qu'il est temps pour moi d'avoir enfin de vraies réponses. » il expliquait tout cela à Finn car celui-ci était un des seuls à tout savoir sur lui. Sur son père. Sur sa famille. Il lui faisait confiance. Vraiment. Et c'était rare, chez lui.

Il fixa pendant quelques temps le visage triste de son désormais ex-petit-ami. Soupirant doucement, il se releva du lit. Il hésita un peu et puis déposa un léger baiser sur la joue de Finn. « On se recontacte ? Et prends soin de toi, d'accord ? » Je t'aime, voulait-t-il dire. Mais ce n'était plus le moment. Ce n'était plus à lui de le dire, ce n'était plus son rôle. Il savait que cela ne briserait qu'encore plus le pauvre cœur de Finn. Alors il le garda pour lui, précieusement. Quand il fut à la porte, les larmes commencèrent à monter. Il tourna un peu la tête, et d'une voix légère, interpella l'autre jeune homme. « Au revoir, Finn. » Et au moment où il passa enfin cette porte, il sut que tout était terminé. Désormais, les larmes coulaient silencieusement.