Coïncidence dans le parc [ Nate & Ulysse ]

Nate aurait vraiment apprécié ce moment, s'il n'avait pas été teinté de ce qu'ils avaient fait la veille. Et surtout, de ce qui planait dans l'air de sentiments et de reproches. Ça l'avait calmé, d'entendre Ulysse se vexer de sa réponse. Et en même temps il ne lui en voulait pas, c'était, effectivement, terriblement cliché. Il avait continué de lancer les quelques préparatifs visant à démarrer la journée, avant que Jésus n'arrive, songeant avec remord au fait que l'autre pouvait dire ce qu'il voulait, c'était sa faute et uniquement la sienne.

« Il q débarqué un matin pour me demander de le prendre dans ma boutique, avec une tarte aux pommes... Je crois qu'il a commencé la pâtisserie depuis quelques mois tout au plus ? »

Il dit, souriant en réminiscences mais grinçant un peu des dents quand même. Il s'occupait machinalement, n'ayant plus vraiment besoin de réfléchir a ce qu'il faisait, tellement c'était devenu une seconde nature après les années.

« Je l'ai renvoyé travailler sa technique plusieurs fois et il ne s'est 0zs démonté. Il a... Du caractère...»

On va dire, pour être poli. Il en avait aussi mais ce n'était pas tout a fait le même genre. Il était plutôt un ours sur ce genre de choses. Ou un loup solitaire peut être. Les deux se méfient de tout et protègent leur portée, non ? Nate raconta a Ulysse les petits différents de technique qu'il avait avec son apprenti, mais aussi ses prouesses. Dont il n'avait pas encore touché mot au jeune homme. Et puis, au bout d'un moment il se tut.

« Tu sais... Je suis content de lui donner cette chance, et un coup de main. Mais je ne reviens pas sur la proposition pour toi. »

Il regarda Ulysse a nouveau, recentrant la conversation sur quelque chose qui lui tenait a cœur de régler.

« C'est moi, le problème, Ulysse. Je suis trop borné. Et c'est trop tard pour que je change de toute façon. »

Il avait envie de lui dire. Que parce qu'il avait aimé son aîné, et qu'il l'avait toujours vu comme un petit frère, il était incapable de voir au delà... Alors qu'Ulysse était si gentil. Et de la même façon, alors qu'il s'était pris plusieurs portes sur le nez de la part d'Arthur il ne parvenait plus a l'oublier. Il de saisit du comptoir, le serrant de ses mains jusqu'à ce que ses articulations blanchissent... Pourquoi est-ce qu'il était si têtu et si... Incapable d'aller de l'avant tout le temps ?

Ulysse écouta le pâtissier lui parler de son stagiaire, s'efforçant de sourire pour ne pas laisser paraître ce léger malaise qui n'avait pas lieu d'être. Il n'aurait jamais pu faire ça, lui. Les rares fois où il touchait à une cuisinière, c'était chez Pandora lorsqu'il voulait lui préparer un truc. Et on se contentait des bases, un œuf à la coque ou du riz, pas grand chose de plus élaboré.

"C'est une bonne chose alors ! Pour lui comme pour toi, on dirait !"

Parce que Nathanaël semblait tiquer sur l'inexpérience de son stagiaire mais avait tout de même l'air satisfait, il lui semblait. Et en dépit de sa jalousie, Ulysse pouvait se rendre compte que c'était une bonne chose. Qu'il soit aidé de quelqu'un. Surtout vu ce qu'il avait traversé, ces derniers mois.

Quant à la proposition pour lui, il préféra ne pas revenir dessus. Il avait toutes les raisons de ne pas se sentir à la hauteur de ça. Et de ne pas vouloir être mis en concurrence avec ce stagiaire qui devait être bon dans son domaine pour que Nate l'accepte. Et puis il n'était toujours pas certain d'en être capable. Pour les raisons qu'on lui connaissait.

Et la discussion prit un virage en épingle auquel il ne s'attendait pas du tout. Ulysse fit un pas vers Nathanaël. On ne parlait plus de son apprenti, là, n'est-ce pas ? Il se rapprocha un peu plus du pâtissier en le voyant se courber, posa timidement une main sur l'épaule de ce dernier. Avant de passer sa main sur ses épaules et dans son dos, le caressant pour le réconforter.

"Non. Ça ne se contrôle pas, ça. Personne ne te demande de changer. Tu es comme tu es et..."

Il s'écarta un peu du pâtissier, posa à nouveau sa main sur son bras. Amicalement, n'est-ce pas. Il aurait aimé le prendre dans ses bras, le réconforter. Mais il n'avait pas envie d'empirer les choses pour Nate. Alors il soupira, longuement.

"Et t'as pas à changer."

"Parce que tu me plais, comme tu es". Ça sonnerait aussi niais qu'une mauvaise comédie romantique et surtout hors de propos. On allait éviter ça. Mais surtout parce que ça n'était pas de la faute de Nate, pensait-il.

"Culpabilise pas, s'il-te plait. J'aurais ... voulu.. autre chose mais... Je ne peux pas t'en vouloir."

Car il était seul responsable de cette situation bizarre entre eux. Nathanaël n'y était pour rien. Il le voyait comme un ami, voilà tout. C'est ce qu'il lui semblait, en tout cas. C'est lui-même qui avait forcé la veille une situation qui n'aurait pas dû arriver. Il n'y avait pour Nate rien à se reprocher.

Est-ce que c'était le coeur du pâtissier qui était son propre ennemi, ou sa tête ? Difficile de savoir, parfois. Parce que non... Si ça se contrôlait, tout ça, il aurait bien vite fait de tout mettre sur OFF pour un moment. Ca avait bien marché les premières années de sa vie, pas vrai ? A quel moment était il devenu un bazar émotionnel pareil. Ca devenait difficilement vivable, parfois. Il soupira à nouveau, lourdement. Il avait envie de se laisser aller à nouveau, remarqua-t-il quand Ulysse en vint à tenter de le consoler. C'était si facile de se consoler auprès d'un ami. Mais il se retint. C'était lui le plus âgé, en plus, il se devait de... quoi. Se tenir ?

Il lui offrit un petit sourire. Bien sûr que si, il s'en voudrait. Encore plus d'être Si content qu'Ulysse soit là. Il se sentait vraiment seul, pour préférer ça à laisser son ami s'en tirer un peu mieux.

« Merci. »

Il dit quand même, à Ulysse. Pour la veille, ou pour ce qu'il faisait pour lui à l'instant.

« Je suis vraiment content que... enfin. Tu as des affaires à récupérer ? »

Il se tourna vers lui. Ca allait être quelque chose, de vivre avec quelqu'un chez lui à nouveau, quelqu'un qui n'était pas Hyacinthe, en tout cas. Mais c'était une bonne chose, pour les deux. Ulysse ne l'avait pas vraiment compris, encore, on aurait dit mais... Nate avait peut être bien plus besoin de lui que l'inverse. Ils finirent leur petit déjeuner, pour rêgler les détails de la venue d'Ulysse, avant de lui proposer de remonter s'il ne voulait pas faire peur au petit apprenti -qui ne savait pas encore ce genre de détail sur la vie du pâtissier. Pas encore. Nate avait le coeur lourd, mais il était plutôt sûr en ce qui concernait cette décision. On ne pouvait pas en dire autant de toutes ses décisions ces temps ci. C'était à noter du côté des bonnes choses, non ?



To be continued