Boys don't cry [Nate & Hyacinthe]

Cette fiole, son frère n’aurait jamais dû la boire. Il aurait dû partir. Il n’aurait pas dû. Pourquoi ? Pourquoi leur faisait-elle cela ? Il était prêt à la rejoindre, pourquoi ? Pourquoi avait-il à faire ça ? Pourquoi ? Ce n’était pas juste. Quel intérêt avait-elle à lui faire perdre sa magie ? Cela n’avait pas de sens. On lui donna une fiole. Pour le guérir. Il la but. Et jeta de rage l’ampoule de verre. Si elle ne voulait pas de lui, une chose était sûre à présent, elle croiserait son chemin et il ne voudra pas marcher à ses côtés. Elle avait raté sa chance s’épargner un ennemi. Hyacinthe attrapa le bras de son frère. Et sans lui demander son avis les transplana.

Il atterrit un peu trop près du canapé, bouscula la table en reprenant ses appuis. Mais il revint soutenir son frère. Il le fit s’asseoir dans le canapé. Il devait faire quelque chose. Il devait essayer d’empêcher cela d’arriver. Empêcher ce qui se produisait. La magie de Nate était sans doute encore là. Il pouvait peut-être arrêter le poison. Il pointa sa baguette vers son frère.

“Finite !”

Mais il ne se passa rien. Ce n’était pas un sortilège. C’était une potion. Comment pourrait-il le soigner ? C’était impossible. Il transplana dans sa chambre, attrapant les différentes fioles qu’il avait. Revenant, les jetant sur le canapé. Les mains tremblantes. Il n’avait pas dit un seul mot depuis qu’ils étaient revenus. Il en était incapable. Il manipulait toutes ces fioles. Aucune. Aucune ne pouvait soigner ce mal là. Il était si impuissant. Pourtant… Il avait vu ! Il avait vu que son frère allait bien… Alors pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi son don était-il à ce point inutile ? Pourquoi ? Pourquoi n’avait-il pas servi pour une seule putain de fois ?

Il s’effondra. Les larmes dévalaient ses joues. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas supporter ça. Pourquoi son frère ? Pourquoi ? Il attrapa les vêtements de son frère. Le secouant de toutes ses forces. Il n’arrivait pas à lui hurler dessus. Il n’arrivait pas. Sa voix était coincée. Bloquée. Comme avant. C’était impossible de choisir les mots. Il y en avait trop dans sa tête. Tout allait trop vite. Il ne pouvait pas choisir. Tout était si désordonné. Il ne pouvait pas. Il n’y avait que ce grognement indistinct, coupé de sanglots qui passait ses lèvres.

Pourquoi il avait fait ça ? Il arrêta de le secouer, se laissant glisser contre son torse. Pourquoi… Pourquoi… Pourquoi…

Il se laissa tomber contre son frère. S’affaissant au sol. Qu’est-ce qui leur arrivait ? Pourquoi avait-il voulu aller à cette fichue soirée avec Nathanael ? Il avait tout foutu en l’air dans la vie de son frère. Une nouvelle fois. C’était sa faute. C’était sa faute s’ils étaient là. Si Nate avait perdu son étincelle de magie. C’était sa faute. Sa faute à lui. Il n’avait même pas assez de valeur pour que ces connards le choisissent lui plutôt que son frère. Il n’avait aucune valeur. Son don ne servait jamais à rien. Pas plus que lui. Il n’était qu’un poids inutile dans la vie de tout le monde. Il n’était bon à rien. Qu’à créer des problèmes. Nate serait bien mieux sans lui pour lui pourrir l’existence.

Et Nate continuait d’agir comme un frère parfait. Et… C’était insupportable. Qu’il soit si calme. Il aurait dû être révolté, blessé, triste. Pas… Pas ça. Il n’arrivait pas à respirer. Tout allait trop vite dans sa tête. Même en essayant de se concenter sur la voix de son frère. C’était trop. Une fois de plus. Trop. Les émotions étaient trop fortes. Sa tête allait exploser. Bien sûr que si tu as changé Nate. Tu ne pourras plus jamais vivre la vie dont tu rêvais quand tu étais plus jeune. J’ai… J’ai détruit tous tes rêves, Nate. Ce n’était pas la question de l’aimer. Bien sûr qu’il aimait son frère. Il l’aimerait toujours mais… Son amour ne l’aiderait pas à vivre. Cela ne l’aiderait pas à faire face à la situation. Aux discriminations. Au regard des autres. Nate ne sait pas ce que ça fait d’être différent. Vraiment différent. D’être vu comme un handicapé. Il ne sait pas. Alors que lui… Il l’a vécu tant d’années. Il ne voulait pas que Nate vive ça. Il ne voulait pas… Les larmes continuaient de couler.

Il se serra un peu plus contre son frère. Non. Non. Non. C’était hors de question. Qu’il le laisse seul maintenant. Non. Tout avait changé. Il ne le pensait pas. Tout ça. C’était différent maintenant. C’était… Il eut un sanglot déchirant. Non. Il n’allait pas partir. Et sa vie ne pouvait pas être dissocier de celle de son frère. Plus maintenant.

“J.J.J.J...Je…. J...Je pa...pars n...Nulle part… Sans...Sans toi…. J.J.J.J.e veux… Veux revenir… Ici… A...Avec toi…”

Les mots étaient si difficiles à dire. C’était pas ça. C’était pas ce qu’il voulait dire. Ou peut-être que si. C’était tellement le bordel dans sa tête. Et…. Il s’accrocha au torse de son frère. Maintenant, ses bras étaient assez grands pour l’enserrer complètement. Il pouvait le serrer fort contre lui. Il n’était plus un gamin et pourtant, il se sentait encore plus paumé qu’à 7 ans. Il n’avait peut-être jamais grandi.

“J..J...J...Je...J…”

Il enfouit sa tête dans le cou de son frère.

“J...J...Je...V...V...V...Veux pas… te pe...Perdre… J.J.J.Je… V...Vou...Voulais… t...te...te pro...Protéger…. C...C...Comme...T..T..Tu le fais…”

Cosmo sentait le changement. Les couinement de l’animal ne faisait que tordre un peu plus l’estomac du plus jeune. Il ne pouvait pas se faire à l’idée que tout ça était réel. Que tout ce qui s’était passé avait été réel. Il aurait tellement voulu remonter le temps. Revenir des heures en arrière. Dire à son frère qu’ils n’allaient nulle part, qu’ils restaient juste tous les deux ici. En sécurité. Pourquoi avait-il voulu qu’ils aillent à ce foutu bal ? Ses mains se crispent sur le dos de son frère. Ses épaules sursautent à chaque sanglot. La réalité était beaucoup trop moche. Ce monde ne valait rien. Tout ce monde n’était que pourriture. Nathanael avait beau essayer de le calmer, ce n’était pas si simple. C’était comme une torrent d’émotions en lui. Un déferlement de colère, de rage, de tristesse, et peut-être pour la première fois de sa vie de haine. Ça brûlait tellement en dedans. Il n’arrivait pas à comprendre comment son frère faisait pour être toujours aussi calme. Même maintenant. C’était révoltant. Hyacinthe avait envie de le secouer. De crier. De lui dire de réagir. De ne pas accepter ce qui venait de se passer si facilement.

Il ferme les yeux en entendant Nate parler finalement. Ses mots résonnent. Il ne peut pas les accepter. Il ne mérite pas ça. Il n’est rien de ça. Il n’a rien d’une merveille. Il ne comprend pas comment Nate fait pour penser ça. Il… Il serre les poings. Il veut rien apporter au monde. Il veut juste que Nate soit heureux. Et… Quelle valeur pourrait avoir sa vie ? Elle ne vaut pas mieux que la sienne. Mais il arrive pas à dire tout ça. C’est bloqué. Comme toujours. Comme depuis tout petit. Il n’arrive pas à lui dire. Lui dire qu’il n’a rien de ce que Nate voit en lui. Qu’il n’est pas merveilleux. Qu’il n’est qu’un gamin tout cabossé par la vie. Qu’il apporte rien que des ennuis à ceux qu’il aime. Qu’il n’est même pas capable de les sauver. Qu’il ne fait que voir impuissant les funestes événements. Il croisa pourtant son regard. Il émanait tellement d’amour. Comment Nathanael pouvait-il faire pour l’aimer si aveuglément ? Il se laissa mollement relever. Sa colère laissait place à un vide, une douleur, une tristesse si dévorante. Une culpabilité qu’il n’avait encore jamais à ce point ressenti.

Et quand Nate évoqua Finn. Il releva la tête. Surpris. Parce que finalement, il avait presque oublié cette déception là. Elle avait si peu d’importance face à ce qui s’était passé ensuite. Il n’avait même pas fait attention à ce qui était arrivé à Finn. C’était presque honteux. De se dire amoureux et finalement l’oublier si vite. Il baissa le regard. Courageux ? Il n’avait même pas réussi à lui dire vraiment… C’était… Il n’avait vraiment rien fait de courageux ce soir.

“C’est… J’ai...J’ai… J’ai rien… Rien fait… De...Cou...Cou...Courageux… De...De...De… De toutes… De toutes fa...Façons… Je...Je… Je sais… Je sais pas… Co...Comment… pro...protéger… Ceux...Ceux que j’aime… A...Alors… Il a… Il a bien fait… De...De… De… L’aimer… lui…” bégaya-t-il triste.

Il releva le regard vers son frère, sa main caressant doucement le pelage de Cosmo. De quoi parlait-il ? Il… Il y avait quelqu’un qu’il aimait ce soir ? Qui ? Il fronça les sourcils. Oh non. Non. Pas tout ça en une seule soirée. Il dévisagea son frère. Il n’avait presque jamais vu son frère pleurer. C’était comme voir s’effondre un monument millénaire. Il ne s’y attendait pas. Il devait vraiment l’aimer cet homme. Hyacinthe essuya les joues de son frère.

“Mais… Mais…. Toi… toi aussi… Tu mé… Tu mérites tellement… D’être heureux…” murmura-t-il à son frère. “Je… Je… Je suis… Dé...Désolé…. Je… Je savais pas… Je… Désolé…”

Parfois il oubliait, quand il voyait à quel point Hyacinthe avait grandi, qu'il était encore tellement jeune. Et parfois il oubliait qu'ils n'étaient plus dix ans en arrière et que ce n'était plus un petit frère fragile à couver. Mais dans des moments comme celui ci, Nathanael ne savait juste plus quoi faire. S'il voulait le protéger, il se retrouvait face à un jeune homme qui crevait d'envie de faire ses preuves et qui le braverait lui et ses décisions pour peut être finir dans la gueule du loup, ou pire encore... Et s'il voulait lui laisser de l'espace, il avait l'impression de l'abandonner. Élever un enfant avait été dur, souvent, mais la situation présente le laissait dans encore plus de perplexité et de flou. Cosmo laissait échapper quelques petits couinement, étalé sur les deux McDougals, qui les rappelait à sa présence. La vie continuait et certaines vies avaient encore besoin de Nate, mais il pensait avoir passé le pas et avoir réussi à lâcher du leste pour ne pas enfermer son cadet... Ils étaient revenus au point zero. Il n'allait pas le laisser après une telle épreuve. C'était impossible. Il n'allait pas lui refuser de revenir chez eux et en même temps, comment savoir ce qui était le mieux pour Hyacinthe à présent ?

Certainement pas voir son grand frère pleurer. Toutes ces années, il s'était fait un point d'honneur à être un repère stable pour lui. Ils n'avaient tellement rien de stable autour d'eux, même la boutique ils avaient failli la perdre plusieurs fois, parce qu'il était trop têtu pour demander de l'aide. Il avait failli le perdre aussi. Mais jamais il n'avait laissé Hyacinthe ne serait-ce qu'entrevoir toutes ces difficultés. Il avait largement assez à faire avec ses propres peurs à surmonter, et les épreuves qui l'attendaient dans la vie... Alors qu'est-ce qui avait changé ce soir ? Il était surpris de lui même, de s'être laissé allé à ça dans un moment où son petit frère avait besoin d'un roc, justement. Il laissa Hyacinthe essuyer ses joues, et soupira lourdement, le coeur gros et le regard dans le vide un moment.

« On a l'air malin, là, tous les deux... »

Il parvint à sourire un peu quand même. Et puis à passer son bras derrière pour écraser à nouveau les mèches blondes de son frère affectueusement. Il réfléchit un peu. Ca ne servait à rien de contredire directement son frère, il le savait... Mais c'était aussi à lui de lui montrer la voie.

« Je ne pourrai pas aller mieux si tu t'en veux... Et tu ne pourras pas aller mieux si tu t'en veux, non plus. Je crois qu'on peut s'accorder là dessus ? »

Il finit de passer son bras autour de lui et le rapprocha pour le serrer fort contre lui, de façon étouffante comme il le faisait parfois pour embêter le blond. Nathanael avait le coeur lourd, pour bien trop de raisons ce soir, mais de façon inexplicable le bien être de Hyacinthe l'aidait à ne pas boire la tasse.

« Bien sûr que tu peu revenir. Tu peux même vivre ici jusqu'à des 110 ans mais promets moi juste... de ne pas t'enfermer comme moi. »

Il avait l'image d'un oisillon qui avait réussi à voleter hors du nid mais dont les ailes n'étaient pas encore assez fortes pour qu'il puisse s'aventurer loin pour le moment. Il allait reprendre des forces, et ensuite il re essaierait. Nathan devait avoir confiance en lui, et il le sentirait, et peut être alors que Hyacynthe accepterait d'avoir confiance lui aussi. C'était le seul espoir que le pâtissier pouvait apercevoir dans tout ce merdier. Si au moins ça pouvait aller... Le reste, il pouvait le surmonter.