Hangover [Ft. Ulysse] [+18]

Depuis longtemps déjà, l'alcool était un compagnon fidèle. Mais son corps s'y était habitué et il n'en ressentait plus vraiment les effets euphorisants. Ni les autres d'ailleurs. Mais là... Là, la dose avait du être sacrément forcée. C'était la première chose qui lui était venue en tête lorsqu'il s'était fait secouer.
Il ouvrit les yeux et les plissa, ébloui par la lumière du jour. Bordel, ça cognait dans sa tête. Et pourquoi est ce que la voix de Pandora l'agressait ? Il laissa ses yeux s'habituer à la lumière du jour avant de regarder autour de lui. Ils étaient où, là ? Il était habitué à se réveiller dans des endroits improbables mais en général, il se souvenait s'y être endormi. Là... On n'y était pas du tout. Black-out total. Et Pandora qui s'agitait alors qu'il avait juste envie de lui dire de se recoucher...

Qu'est ce que c'était que ce bordel ? Pourquoi est ce qu'on pouvait oublietter les gens et pas faire un sort pour se remémorer les souvenirs enfouis par l'alcool ? Franchement, les sorciers n'avaient pas le bon sens des priorités parfois.

Il grogna, grommela quelques mots sans les articuler et se tourna de l'autre côté pour se rendormir. Visiblement, ça ne fut pas suffisant pour décourager la jeune femme qui semblait se remettre bien mieux que lui de sa gueule de bois. Ah, la jeunesse...

Et à la place de le laisser roupiller, voilà qu'elle lui collait sous le nez un de ces trucs de moldus, une microscopique machine à tout faire. Mais dans son état, une machine à péter la retine, surtout. Il râla jusqu'à ce que Pandora baisse la luminosité et daigna alors regarder les phot.. Mais... Qu'est ce que c'était que ce bordel ? Pourquoi c'était eux, là, sur cette photo ? Et ce contrat de mariage ? Il regarda ses mains. Fit le focus sur l'alliance en plastique qui trônait sur son majeur. Putain, il n'avait même pas la bague sur le bon doigt. C'était un massacre jusqu'au bout. Dans un soupir, il laissa sa tête retomber sur l'oreiller. Et râla en cognant un truc en plastique dur. Qu'il chopa pour envoyer à l'autre bout de la pièce. Tiens, ce truc de silicone lui rappelait vaguement quelque chose.

"Ouais. On dirait qu'on a fait une connerie."

Fut tout ce qu'il parvint à constater après tout ce temps. Merci, cap'tain obvious. Il regarda plus précisément autour d'eux. Il se souvenait vaguement de cette pièce. Dans sa tête, certains souvenirs commençaient à revenir. L'endroit où ils étaient par exemple. Même si dans ses mémoires, c'était beaucoup mieux rangé que ça. Il se redressa, partit à la recherche de sa baguette magique avant de lancer des "accio boxer" et "accio pantalon" à travers la chambre.

"C'est pas supposé être plein de bouffe ces trucs là ?"

Demanda-t-il en s'avançant vers le mini-frigo de la pièce. Il l'ouvrit pour constater qu'ils l'avaient déjà entièrement vidé pendant la nuit. Bon. Il allait falloir affronter le monde extérieur. A moins qu'ils ne puisse se faire livrer dans la chambre ? Il se posa la question une demi seconde avant qu'une autre ne vienne à la place : Comment ça s'annulait, un mariage ? Et qu'avaient-ils foutu d'autre, la nuit dernière ?

T'as des souvenirs de la nuit dernière ?

Il se doutait pas mal de la réponse, mais à tout hasard, fallait bien tenter... Et autre chose aussi.

"Et t'as pas une potion anti mal de crâne, aussi ?"

Ça aussi, on savait jamais. Pandora n'était sûrement pas la fille la plus prévoyante et organisée qu'il connaissait mais elle avait parfois des ressources insoupçonnés. Et... L'hôtel aussi, visiblement. Ses yeux tombèrent sur la petite pancarte affichée devant la porte, indiquant les horaires du petit déjeuner. Visiblement, c'était toute la journée. Ils devaient être nombreux par ici à se réveiller d'une nuit assez chargée, fallait croire.

"Petit déjeuner à volonté, tu crois que ça peut convenir à ton estomac ?"

De son côté, il n'était pas trop sûr d'être capable d'avaler un truc et de le garder, même si son ventre gargouillait. Il regarda la main de Pandora, elle aussi ornée d'un bijou du meilleur goût.

" T'sais, j'aurais jamais pensé me marier un jour. Mais même si je m'en souviens pas, je pense que c'était le mariage de mes rêves. J'aurais pas pu avoir mieux..."

Il la regarda, un sourire en coin, franchement amusé plus qu'autre chose, bien loin de penser aux conséquences de leurs conneries.

" Ma très chère épouse, me ferez vous le plaisir de me suivre ? "

Il lui attrapa la main pour la traîner en dehors de la chambre, enjambant du bordel en tout genre. Y'avait même un mannequin en plastique. Mais qu'est ce qu'ils avaient foutu là ?

Non, vraiment, il ne se souvenait de rien. Il secoua la tête et ... woh. Trop rapide. Beaucoup trop rapide. Il se pencha en arrière et dû se tenir au pied du lit. Il allait falloir un remède costaud. Et un petit déjeuner. Enfin il n'avait pas vraiment la dalle, tout de suite, il avait juste envie de dormir. Mais il faisait confiance à Pandora pour savoir ce qui était bon pour eux, maintenant, tout de suite. Ce qui était sans doute la pire des choses à faire. Mais au point où ils en étaient, hein...

Il lui attrapa la main et se mit à fredonner un air de musique de mariage alors qu'ils s'avançaient vers l'aut... le restaurant de l’hôtel. Histoire de bien enfoncer le clou, ou de rattraper le temps disparu de leur mémoires, question de point de vue. Imitant la jeune femme, Ulysse commanda à peu près la même chose qu'elle, soit la moitié de la carte du petit déjeuner.

Vraiment, la potion anti-gueule de bois était jusqu'alors la meilleure nouvelle de la journée. Peut-être jusqu'à l'annulation de leur mariage, s'ils trouvaient comment faire. En attendant, il sentit son mal de crâne s'atténuer un peu, sa nausée se faire la malle, et ça n'était pas dommage. D'autant qu'un gargantuesque petit-déjeuner les attendait. Il n'avait pas fait les commandes à moitié. Un petit déjeuner à volonté, ça n'était pas tous les jours qu'il se le permettait et fallait bien rentabiliser ce qu'ils avaient dû dépenser. De fait, on leur apporta suffisamment d'assiettes remplies pour tartiner toute la table. Et il n'attendit pas plus de temps pour commencer à dévorer les viennoiseries et autres pains en tout genre, arrosant le tout d'une immense tasse de café. Il tiqua un peu en l'entendant parler de thune. Forcément, c'était Pandora qui les avait invités. Il n'aurait clairement pas pu leur offrir le centième de tout ça.

"T'en fais pas, t'as un mari maintenant, prêt à subvenir à tes besoins !"

Ouais, pour l'instant, ça l'amusait encore. Même s'il n'en pensait pas une miette. Il ne subvenait déjà pas à ses besoins à lui et la dernière chose qu'il souhaitait, c'était que Pandora se retrouve dans la même situation. Elle serait bien mieux à se contenter de pâtes. Il ralentit un peu la cadence d'engloutissage de viennoiseries en voyant que Pandora tiquait. Et quelques secondes plus tard, une voix nasillarde venait les interrompre. Ulysse se retourna et le dévisagea, perplexe devant ses paroles. Attends... minute... Qu'est-ce que c'était que ce bordel ?

A bien l'étudier, son regard globuleux lui disait quelque chose maintenant. Brrr. Et minute, il n'y avait pas un mec blond, aussi ? Qu'ils avaient croisé dans la rue en rentrant à l'hôtel ? Le nombre d'emballages de capotes commençait à trouver ses explications.Et il lui semblait qu'ils avaient eu des ... spectateurs, aussi. Est-ce que ce mec là n'en faisait pas partie ?

L'envie était grande de l'envoyer paître. Et en même temps.. ce type était peut-être l'un des seuls à se souvenir de ce qu'il s'était passé. C'était le vieux sage des contes de fées, un peu. En plus pervers et dégueulasse, sans doute. Et... minute... Il se ratatina un peu sur son siège, l'air songeur tout d'un coup. Ce mec... c'était pas leur témoin de mariage ? Rha m... Il prit sa tête entre ses mains quelques secondes, avant de se redresser.

"Ouais, c'est ça... la jeunesse ... ! Dis-moi, tu te souviens bien du mariage, non ?"

L'autre lui fit un petit clin d'oeil et s'approcha un peu. Puis encore. Jusqu'à être considérablement trop près. Ulysse grimaça et s'écarta un peu lorsque l'autre lui attrapa le bras.

"Je n'étais pas invité au mariage, enfin ! Mais la nuit de noces, ah ça ! Les souvenirs sont vifs, j'en ai même filmé des bouts, vous voulez l'adresse des vidéos ?"

Hein ? Quoi ? Comment ça l'adresse des videos ? Quelles videos ? Il le regarda, d'un air assassin. Putain, il avait encore une pile énorme de croissants dans son assiette mais son appétit était coupé, ça y est. Bravo, belle performance monsieur.

"Euh... ça va aller... je crois ?"

Il regarda Pandora. Il n'y connaissait rien, lui, en technologie. Il y avait sûrement quelques réponses, sur ces videos. Mais l'idée de devoir les revoir, là... Vraiment, il n'était pas certain de vouloir tout connaître. Mais... minute... Si celui-là n'avait pas assisté au mariage, alors.. il y avait eu un deuxième vieux ? Il tenta de se remémorer. Une chemise avec des canards dessus... Un noeud papillon rouge... Oui, il tenait un truc...

"Alphons ! Il s'appelait comme ça, le témoin, non ?"

Lâcha-t-il comme une soudaine illumination. A eux deux -ou trois, étant donné que l'autre venait de tirer une chaise pour s'asseoir à leurs côtés- ils allaient reconstituer le puzzle, non ?

Avec la technologie moldu, il était définitivement dépassé. Ulysse leva un sourcil devant l'intérêt que Pandora semblait avoir pour ces vidéos et il ne put s'empêcher de pouffer de rire en l'entendant parler de catégorie hardcore. Ok, il n'était pas au point sur internet et tout le tralala mais il connaissait quand même vaguement le vocabulaire et ... hardcore, ouais, ça restait rigolo.
Se préoccuper de tout ça et des conséquences ? Non, pas maintenant, il avait mieux à faire. Genre ricaner entre ses miettes de croissant. Et se rappeler d'Alphons. Il cessa de rire aussitôt, en comprenant que si le souvenir de Pandora collait si bien au sien, c'était qu'il n'était pas un fruit de son imagination. Il avait donc eu un mec en noeud papillon rouge pailleté et en chemise à canard comme témoin de mariage. La grande classe ! Et en plus, il connaissait le vieux pervers. De mieux en mieux, décidément, cette journée ne faisait que s'améliorer à chaque minute.
N'empêche. Ça le faisait encore un peu marrer.

"Ouais, ça serait dommage de passer à côté de mon témoin de mariage quand même !"

Il avait un sourire moqueur mais en réalité, il était du même avis. Même si tous les souvenirs n'étaient pas bons à être déterrés, il préférait tout de même en avoir le cœur net. En espérant qu'Alphons soit moins... dérangeant que le vieux. Qui était clairement en train de leur proposer de devenir acteurs de films de boules, si c'était bien ce qu'il comprenait. Putain, il était encore bourré ou quoi ? C'était normal, par ici, de tenir ce genre de conversations ?

"On voudrait pas faire de l'ombre à vos autres stars !"

Mauvaise tentative, à en croire le regard encore plus dégueulasse du vieux. Heureusement, Pandora parvint à rattraper le coup. Et l'autre paya le repas en prime. Est-ce que ça valait ses regards lubriques et sa participation la veille ? Pas sûr. Mais c'était toujours ça de pris. Et pas beaucoup plus tard, ils étaient en route pour trouver la plage artificielle naturiste. Pas de transplanage à Vegas, ils avaient dû prendre un taxi. Heureusement que Pandora n'avait pas payé le petit déjeuner, finalement.

Enfin, la plage en question n'était pas si loin et s'ils avaient eu le moindre doute, des panneaux publicitaires en tout genre annonçaient la couleur. Et.. un autre panneau à l'entrée enfonça le clou. Bien sûr. Interdit de porter des fringues dans ce type d'endroit. Maintenant qu'ils le lisaient, ça tombait sous le sens. Ulysse regarda la jeune femme, hésita un instant avant de hausser les épaules et de s'avancer vers les vestiaires. Au point où ils en étaient, de toute façon.. Il y avait déjà des vidéos qui circulaient d'eux ils ne savaient où, ils pouvaient bien enfoncer le clou un peu plus...

"Quand faut y aller, hein..."

On dira que c'était pour la beauté du geste. Sans réfléchir plus longtemps, il ôta l'intégralité de ses vêtements et les plaça dans un panier avant de s'avancer vers la piscine. Et... woh.

Il était passé où, le sort pour voir des fringues imaginaires sur les gens à poil ? Non pas qu'il soit habituellement dérangé par la nudité, en vrai il n'en avait pas grand chose à foutre. Mais... les plages nudistes, ça n'était pas tellement dans ses habitudes non plus. Et bon dieu, une telle débauche de fesses, de seins et de verges, ça attirait un peu le regard quand même. Ce qui était d'autant plus gênant quand on était soi-même à poil. Il grimaça en voyant quelques regards lubriques. Merde, c'était un truc nudiste ou un baisodrome, ici ?

"Au fait... sans noeud papillon et sans chemise canard, on fait comment pour le reconnaître, le vieux ?"

Il se tourna vers Pandora, un peu perplexe. Ulysse n'avait pas trop réfléchi à la question jusqu'à présent et l'évidence lui sautait aux yeux un peu tard. En dehors de ces quelques détails, il n'avait strictement aucune idée de ce à quoi pouvait ressembler Alphons. Et ça n'étaient pas les crânes dégarnis qui manquaient par ici.

"Tu crois qu'on peut faire une annonce comme au supermarché ? Les petits Pandora et Ulysse attendent Alphons devant le grand toboggan ?"

Probablement que non, mais l'idée le faisait marrer quand même. Un type s'avança vers eux, un téléphone à la main. Depuis quand ça résistait à l'eau, ces machins moldus ?

"Hé, mais c'est pas vous, ça ? Viens voir, Jonas, c'est les petits mariés que je t'ai montrés tout à l'heure... S'ils sont pas à croquer ceux-là.."

Il leur planta son écran de téléphone devant eux. Beaucoup trop près. Et.. woh... beaucoup trop d'informations et de corps nus d'un coup. Ulysse donna un coup dans son téléphone, un peu plus fort qu'il l'aurait voulu.

"Hé, relax mec, t'es à Vegas, on l'a tous fait ici..."

"Ouais, ouais. Vous connaîtriez pas un Alphons, par hasard ?"

Le mec nia. Il semblait sincère. Eh merde, une fausse piste.. Ils n'avaient pas fini de s'empêtrer dans cette affaire, il semblait.

Plus ça avançait, plus il semblait compliqué que la journée se finisse sans qu'il n'ai vu bien trop d'extraits de cette vidéo. S'il avait tourné la tête puis donné un coup dans le téléphone pour le faire tomber, ça n'était pas vraiment parce qu'il était pudique. D'ailleurs, faire tomber l'intégralité de ses fringues et se promener à poil, ça ne l'avait pas ému plus que ça. Mais revoir ses performances de la veille, merci bien, il n'en avait pas franchement envie. Déjà parce qu'il semblait qu'il y avait bien trop de participants. Et savoir qu'ils étaient souples, que le vieux pervers de l'hôtel avait filmé ça et qu'il avait foutu des titres en allemand, c'était déjà beaucoup trop d'informations. Cependant, Pandora marquait un point. L'avantage de leur éphémère célébrité, c'était qu'il n'était pas impossible qu'Alphons vienne les voir de son plein gré. Lui... ou d'autres. Comme Jonas et son pote, qui semblaient bien trop enthousiastes à l'idée de les rencontrer finalement.

Au moins, ils avaient un début de semblant de piste. Et... une heure à attendre au milieu de cet enfer que d'autres devaient appeler paradis. Ulysse regarda Pandora, en biais, lorsqu'ils demandèrent de faire un selfie avec eux. Déjà, il n'était pas trop sûr de ce que ça voulait dire. Mais l'autre le rassura en sortant un téléphone portable. Une photo donc. Ce qui signifiait encore une autre immortalisation de leur petite périple. Bon, au point où ils en étaient hein...

"Si on peut faire des heureux hein..."

Il haussa les épaules et se rapprocha de Pandora. L'autre se colla à eux par derrière pour prendre la photo et ... ah ouais. Il était BEAUCOUP TROP près d'eux, derrière. C'était pas que ça le dérangeait, lorsque c'était consenti, de sentir une verge collée à son fessier mais là ça n'était pas trop le moment quand même. Il s'avança en rentrant le cul au maximum alors que l'autre enchaînait les photos, son appareil au bout d'une espèce de baguette technologique.

"On va passer notre tour pour les autographes, ça va aller ..."

Lança-t-il en s'écartant du mec, une grimace au visage. Vu la gueule de la photo, il préférait ne pas savoir ce que les deux mecs entendaient derrière ce terme. Vraiment pas. Heureusement, ils étaient plus cons que bornés et ils s'écartèrent après avoir probablement trouvé une autre source de distraction. Ulysse se retourna vers la brune, un petit sourire au coin des lèvres.

"Bon. On a une heure. Et on est sur une putain de fausse plage artificielle... Piscine ?"

Il avisait le bar de la piscine, qui servait des cocktails à boire dans l'eau. L'avantage de la potion de sorcier, c'était qu'il était prêt à picoler à nouveau. Si on pouvait appeler ça un avantage... En tout cas, maintenant qu'ils étaient rentrés là et avec du temps à tuer... fallait en profiter, non ? S'approchant de l'eau, il se pencha et éclaboussa Pandora de ses deux mains, un sourire taquin au visage. Du coin de l'oeil, il remarqua quelques visages qui se tournaient vers eux. Quelques rires cachés. Bon. Après tout, si ça faisait juste marrer les gens, ça n'était pas si grave... Si ?

A peine posés, en train de s'éclabousser et de se pousser dans l'eau, un autre type était venu les voir. Ils n'auraient donc jamais la paix.. Bordel, à croire qu'ils avaient vraiment fait un truc exceptionnel, la veille au soir.. A moins que les autres ne soient juste pas filmés. Il lui semblait que pourtant, les gens qui faisaient des trucs débiles à Vegas -sauteries incluses- ça courait plutôt les rues. Fallait croire que pas assez. Ulysse soupira en le voyant s'approcher d'eux. Il grimaça. Ca n'était pas l'envie qui manquait de l'envoyer paître. D'autant que les vieux pervers dégueulasses, ils avaient quand même eu leur dose. Un instant, son regard se perdit dans sa pilosité débordante. Tant sur son visage que... plus bas. Nom d'un gobelin, il n'avait jamais vu une fourrure pareille ! Mais... là n'étit pas la question. Il secoua la tête et sortit de sa fixette lorsque Pandora s'adressa à lui. Hein ? Quoi ? Putain, il venait d'être hypnotisé par une touffe de poils...

Une émission de télé où ils étaient enfermés dans une maison pendant des jours et des jours ? Mais... parfois, il ne comprenait vraiment pas les moldus. C'était quoi ces idées débiles ? Est-ce qu'ils avaient une tête à vouloir être enfermés dans une maison ? Pour à peine un peu de thune ? Mais qui était désespéré à ce point ? Et l'autre qui insistait.. Bordel. Ca commençait à bien faire. En expirant bruyamment pour bien faire comprendre son agacement, Ulysse se redressa et sortit de l'eau pour le toiser.

"Hé, ça suffit vos conneries là... Allez trouver des gens désespérés ailleurs et foutez nous la paix. Vous avez déjà assez de vidéos de nous pour vous astiquer là, hein, alors dégagez de là."

Il se retint de ne pas le repousser violemment en voyant des hommes de la sécurité tourner la tête vers eux. Heureusement, l'autre finit par décarrer. Un peu embêté d'avoir laissé ses nerfs avoir raison de lui, il retourna dans la piscine aux côtés de Pandora et s'excusa brièvement. Mais ces types commençaient vraiment à lui courir sur le haricot. Ils avaient eu une potion pour la gueule de bois et c'était plus que bienvenu mais malgré tout, le lendemain de cuite ça laissait les nerfs un peu à vif...

Heureusement, les boissons arrivèrent à point nommé. Retrouvant le sourire, Ulysse trinqua avec Pandora et entama son cocktail. Ca avait un goût un peu bizarre mais.. ça se buvait. Et puis c'était de l'alcool. C'était toujours bon à prendre.

Et.. oh. Un canard qui fumait un gros joint... Il fronça les sourcils. Bordel. Il était dégueulasse en plus, il se souvenait avoir fait une fixette dessus pendant que ... beurk. Bref. Ouais. Ça lui disait carrément un truc.

"Je crois que je me souviens ouais ! Ca me rappelle pas des bons souvenirs..."

Il soupira. Putain. Il en avait sa claque de courir après des pervers, ça y est. Quand c'était pas des pervers qui leur courraient après.

"T'as vraiment envie de le retrouver ? Je veux dire.. il va encore vouloir nous recruter pour faire des vidéos dégueulasses, c'est sûr... Et ... j'suis pas sûr qu'on ait besoin de lui au lit, on est déjà bien tous les deux..."

Il se pencha vers elle, mordillant son oreille. A côté des occupations des autres personnes de la piscine, c'était plus que chaste.

"Tu veux pas qu'on abandonne tout ? On reste mari et femme et on les envoie tous chier ?"

Ouais, ça n'était pas la raison qui parlait. Clairement pas. Mais l'autre l'avait saoulé plus que de raison et il sentait sa patience s'effriter comme un vieux gâteau sec... Ou de la poudre de... tiens ! Ca lui rappelait encore des choses, ça.

"Un mariage... libertain ?  Je te ferai une alliance en pâquerettes si tu veux, pour remplacer celle-là !"

Il lui attrapa son poignet et lui fit un baise-main volontairement exagéré. Réfléchir aux conséquences ? A d'autres. Lui, il voulait juste retourner pioncer dans un coin et que tous les pervers de Vegas leur foutent la paix !

Peut-être qu'Ulysse ne serait pas allé jusqu'à envisager de finir découpé en morceaux chez ce type là. Il s'imaginait plutôt, avec Pandora, au milieu d'une gigantesque orgie à laquelle ils se devraient de participer. Ou d'autres trucs qu'il préférait ne pas... non, il préférait ne pas l'imaginer, plutôt. En tout cas, ça tombait bien, Pandora était d'accord avec lui. Et il aimait plutôt bien, quand ils étaient du même avis sur des trucs comme ça. Ca rendait tout de suite tout plus aisé.

Alors lorsqu'il l'entendit accepter de l'avoir comme mari, il eût à nouveau le sourire aux lèvres. Est-ce que c'était complètement déconnecté de la réalité, ce qu'ils s'apprêtaient à faire ? Probablement, ne pouvait-il s'empêcher de penser. Il y avait une petite alerte, au fond, dans sa tête, qui lui disait de se foutre un coup de pied au cul et de régler ça. Mais les petites voix, il y avait bien longtemps qu'il ne les écoutait plus vraiment. Et puis l'alerte, elle se battait avec le tambour qui cognait les secondes, malgré la potion de gueule de bois. Alors il ne l'entendait pas trop. Ou il savait très bien en faire abstraction. Alors il leva son verre, déjà à moitié vide, et le cogna un peu brusquement contre celui de Pandora pour trinquer.

"A notre mariage ! Si c'est pas romantique, ici... On rendrait jaloux tous les princes et princesses de contes de fées !"

Il lâcha, alors que son regard se perdait sur des corps qui se mêlaient.. hey, mais c'était pas une piscine, ici ? Putain, c'était définitivement hypnotique tout ça, rien à faire. Enfin.. il revint à la réalité lorsqu'elle lui proposa de se barrer de cet endroit de malheur. Ils avaient payé leur entrée un peu cher -enfin.. Pandora avait payé- mais malgré tout, il n'était pas contre l'idée.

"On se tire ! Et on s'fait une vraie nuit de noces ?"

Il leva le nez en l'air, réfléchissant. Avec tout ce qu'ils avaient claqué en thune les dernières vingt-quatre heures, ils devaient avoir bien vidé le portefeuilles de Pandora. Ça n'était sans doute pas raisonnable d'envisager autre chose de fou !

"Surprends-moi, je te fais confiance, ma douce épouse !"

Il pouffa, c'était plus fort que lui. L'idée d'une douce épouse semblait tellement contraire à l'image qu'il avait de Pandora. De la même façon qu'il n'aurait jamais imaginé quelqu'un l'appeler époux, d'ailleurs. Et encore moins celle à qui il avait passé la bague. Oh, il ne s'en sortait pas trop mal, c'était probablement l'une des personnes les plus appropriées parmi ses connaissances, en vrai. Et Pandora était une chouette personne, il l'aimait beaucoup. Simplement... elle, lui, le mariage... ça faisait au moins dix-mille. Reposant son verre désormais vide sur le bord de la piscine, il se hissa pour en sortir et tendit la main à sa nouvelle épouse pour l'aider à sortir. Il regarda sa bague, toujours passée au mauvais doigt. Faudrait peut-être qu'il corrige ça.
Ils sortirent tous les deux de cet endroit de malheur, sous quelques regards un peu trop curieux. Brrr. Vivement qu'ils mettent de la distance entre eux et cette pseudo-plage. Et une fois habillés, ils se dirigèrent vers des vestiaires, histoire de transplaner incognito. Ulysse attrapa la main de Pandora, la laissant guider.

"Où tu veux, je te laisse conduire !"

Pas le mal de m.. Hey ! Il n'eût pas vraiment le temps de protester qu'ils se retrouvèrent tous deux devant un bateau. Pas vraiment fait pour les touristes, d'après l'allure du machin. Ca ressemblait plus aux porte-containers, qui faisaient de grandes traversées. L'idée qu'Ulysse s'en faisait, du moins. Est-ce qu'ils allaient se promener pendant des semaines ou des mois comme de vulgaires marchandises ? Ulysse avait regardé Pandora, interrogateur.
Il n'aurait pas vraiment imaginé ça, comme lune de miel. Mais on pouvait dire une chose, sa toute récente femme ne manquait jamais de le surprendre ! Il la regarda négocier comme une pro leur laisser passer, amusé de devoir emprunter ce genre de mode de transport archaïque.

"Pas depuis des années... et toi ?"

Il lâcha, montant à bord avec elle. Après tout, aussi incongru que cela puisse être, il n'était pas totalement contre l'idée. Ce n'était pas comme s'il avait des milliers de choses à faire, à Londres. Ni comme si d'autres personnes l'attendaient, d'ailleurs. Pandora un peu plus, sans doute. Mais comme elle ne semblait pas s'en soucier...

Leur cabine ne tenait pas du quatre étoiles. Ce bateau manquait aussi cruellement de piscine, d'un jacuzzi, d'un bar, de tout ce qui puisse être une distraction digne de ce nom. Heureusement, ils ne tardèrent pas à sympathiser avec les quelques marins à bord, qui avaient le mérite d'être moins dérangeants qu'Alphons ou l'autre type dont il avait préféré oublier le nom. Et puis avec Pandora, il ne leur fallait pas grand chose pour savoir comment faire passer le temps. Le mariage fut consacré plus d'une fois lors de ce voyage et ce fut aussi l'occasion de tester le don de son épouse sous toutes ses formes.
La traversée n'en resta pas moins longue. Heureusement, une escale un peu plus rapprochée leur permit de faire faux-bond au capitaine, prétextant une visite à de la famille éloignée. Après s'être prélassés pendant quelques jours au milieu des containers, ils avaient regagné suffisamment d'énergie pour, chacun à leur tour, faire des petits transplanages jusqu'à retrouver Londres.

Autant dire que ce voyage, du début à la fin -et à part un léger blackout et quelques zones de mystères qui resteraient à jamais dans la mémoire d'Alphons - ils s'en souviendraient !