Can't get you out of my head [ Hyacinthe & Loïs ]

A croire que tout ce qui faisait la vie de Loïs Valentine, ces derniers temps, c'était travail, débauche, travail, débauche, travail... La danse n'avait de place dans sa vie que sur le dancefloor et la fuite en avant de Loïs ne faisait que fuir sa passion d'origine, comme s'il essayait de la préserver de son état présent. La soirée de saint Valentin l'avait plus retourné qu'il n'y paraissait, semblait il. Et son autre passion, Aka le professeur Nightingal, et lui ça semblait partie de façon... Compliquée. Comment était il sensé prendre le fait qu'il partageait sa maison avec un hybride...a qui il donnait manifestement son sang par dessus le marché ? Comment était il sensé le vivre, l'accepter, alors que son secret en tant qu'admirateur n'était pas encore dévoilé et qu'il voulait toujours par dessus tout le lui dévoiler. Comme souvent, il résolvait ces problèmes en les oubliant au fond des archives de son département de Coopération magique. Ou bien au fond d'un bon nombre de verres de Firewiskey et du sous vêtement d'une bonne âme de la boîte la Licorne Lubrique.

Ce soir, c'était un ravissant rouquin qui était a son bras -et partout ailleurs- et qu'il comptait ramener chez lui. Ou chez l'autre, au choix. Et ils étaient bien partis pour ça quand, une fois sortis et devant l'établissement, il senti qu'on lui t'irait le bras. Loïs mit un certain temps a replacer le visage dans sa mémoire. L'air innocent, malgré la nuit éclairée par quelques lampions et enseignes environnantes, lui disait quelque chose. Mais quoi ? Était ce un amant qu'il avait négligé de recontacter ? Il avait l'air bien trop gentil, et en même temps, ses larges épaules ne lui évoquaient rien de semblable. C'est alors qu'il le replaça. Dans la grande salle de bal, le réceptionnant alors qu'il serait fait envoyer promener et "mis en sécurité" par son ancien professeur préféré. Et il était allé se jeter dans la gueule du loup aussi... Un blond naïf et suicidaire, le frère du "héros" au grand cœur ?

« Darling... Je suis désolé mais j'ai déjà de la compagnie pour ce soir. A moins que tu veuilles partager ? »

Il regarda sa conquête du soir en lui sous entendant l'invitation, et ce dernier n'avait pas l'air convaincu... Ou c'était de la jalousie ?

« Allez, ça va être fun... C'est ton soir, blondie. »

Il dit, un joli sourire lui étirant les lèvres.

« Tu vas devoir me rappeler ton nom, ça serait dommage de ne pas au moins refaire des présentations dignes de ce nom. »

Il devait s'avouer un peu déçu malgré tout. Une des raisons pour lesquelles il était retourné a cet endroit précis, plus ou moins consciemment, était pour revoir cette imposture de Silène Beaumarchais qui l'avait grandement intrigué. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour se changer les idées, quand sa vie ressemblait a n'importe quoi. Il avait trop vécu pour qu'une simple soirée sofa lui suffise, il lui fallait toujours plus... Et son mystérieux imposteur n'était pas là, il fallait bien s'occuper du coup.

Trop, c’était trop. Il n’en pouvait plus. Ce don avait donc décidé qu’en plus d’être inutile, il allait lui gâcher ses nuits et le confondre de gêne. C’était ça, hein ? Mais c’était juste pas possible. Il en avait marre que ses rêves se transforment en orgies tous les soirs. C’était vraiment insupportable. Au début, il avait cru que c’était juste son cerveau qui divaguait. Que c’était juste un rêve érotique vraiment trop réaliste avec un homme qu’il avait croisé pendant ce maudit bal. Puis ça s’était répété. Tous les soirs. Comme pour prédire le plat de résistance du brun le lendemain. C’était pas possible. Il fallait que ça s’arrête. C’était beaucoup trop gênant de voir ça. Il n’avait clairement pas envie de connaître la vie sexuelle de ce type. De ce connard qui en plus avait brisé le couple de son ami. Non. Définitivement, non. Il était hors de question qu’il continue de voir ça tous les soirs. Sa tête n’était pas la porte ouverte à toutes les débauches d’autrui, non mais !

Il avait erré à taton dans le Londres sorcier, jusqu’à trouvé des éléments qui ressemblaient à sa vision. C’était toujours difficile de dater à l’heure près une bribe du futur. Mais… Alors qu’il entrait bien malgré lui dans ce lieu nommé La Licorne Lubrique, il aperçut sa cible. Qui s’acoquinait avec le roux qu’il avait vu la nuit précédente. Bon. Visiblement, il était en avance. Ce qui lui permit de sortir très vite de l’endroit, sentant déjà des regards lubriques posés sur lui. Et merci, mais non merci ! Il avait attendu dehors, un peu frigorifié par l’attente.

Alors quand le brun pointa de bout de son nez au bras de son futur amant du soir, Hyacinthe lui sauta un peu dessus, attrapant un peu trop fermement son bras pour l’arrêter. C’était pas… aussi facile que ce qu’il avait pensé de lui dire ses quatre vérités. C’était même carrément pas aisé.

Et quoi ? QUOI ?! Oh non. Bien sûr que non. Il ne voulait pas partager qui que ce soit ni quoi que ce soit avec ce type. C’était dégueulasse ! Non ! Non ! Non ! La panique devait se lire dans son regard. C’était vraiment un vent de panique qui passait en lui. Heureusement que l’autre type avait l’air beaucoup moins ouvert avec l’idée de passer la soirée avec lui.

“Non !” couina-t-il d’une voix paniquée. “... Je...Je...Je veux pas…”

Ce qui rendait la situation vraiment encore plus bizarre. C’était pas ce qu’il avait imaginé. Ahhhh…

“De...De...De toutes façons… Il est… Pré...Précoce… Et vous...Allez… pa...passer une soirée de merde !”

Il jeta un regard désolé à l’autre gars. Mais c’était la vérité. Il avait vu ce fiasco. Et il voulait pas voir ça !

“Je...Je… J’en peux plus de voir… Toutes tes foutues conquêtes avec un jour d’avance !” finit-il par lâcher au brun en lui enfonçant son index dans le torse. “Hyacinthe ! Et toi, je sais que c’est Loïs vu comment tes conquêtes les couinent dans ma tête !”

Wow. L’énervement avait eu raison de son bégaiement. Mais n’empêche, c’était n’importe quoi. Avec le rouquin qui était en train de se barrer. Et lui qui allait se taper le nymphomane en tête à tête. Il en pouvait plus de ce don tout pourri !

Peut être qu'avoir bu quelques verres dédramatisait un peu tout, c'était même plus que probable, mais pourquoi est-ce que le joli garçon avait l'air aussi choqué ? On était dans un coin de la ville où ça n'était pas une surprise de croisé des hommes aimant des hommes ou des femmes aimant des femmes ou un peu tout ça mélangé, quand même. Bon ok peut être que sa proposition c'était le niveau au dessus, mais il avait beau avoir l'air d'un petit angelot, ça n'était pas un bigot quand même, si ? Et puis l'attaque était devenue personnelle et en dessous de la ceinture. Oh hey, doucement le canasson !

« Hey blondie, du calme, pas besoin d'en arriver là. »

Il était abasourdi, et en même temps, il ne pouvait pas s'empêcher de sourire du ridicule de la situation. Surtout que son rouquin sexy avait l'air vexé, du coup. Flûte, et dire qu'il avait une super soirée en perspective... A moins que Blondie ait des infos qu'il n'avait pas ? Quoi qu'il en soit, Loïs déposa un baiser sur les lèvres du rouquin et lui souffla de revenir même endroit même jour la semaine prochaine, s'il voulait venger son honneur et lui prouver l'inverse, Loïs lui rappela son nom à voix haute au cas où. Et puis il lui dit au revoir d'un geste de la main, alors que l'autre partait terriblement en colère et vexé. C'était mignon, les oreilles rougissantes. Et puis un indexe s'enfonça dans son torse et le ramena à la réalité, ainsi qu'aux paroles de l'autre qui commençaient à avoir un sens un peu particulier. Comment ça, avec un jour d'avance ? Comment ça tout voir ?

« Wow wow wow, calmons nous un peu... Hyacinthe ? C'est ravissant comme prénom, mais si tu tiens à ton doigt, je te propose de le garder pour toi. »

Il dit un peu plus à ce qu'il se passait qu'auparavant. Et plus sérieux aussi, ses yeux félins qui s'embrasaient. Donc, comme ça, le blond n'était pas là pour s'amuser. Quel dommage, vraiment. Loïs était aussi un peu agacé, il avait des choses à extérioriser et du stress à lester, là.

« Qu'est-ce que tu es... un genre de voyant voyeur, c'est ça ? »

Il le jaugea de bas en haut. Il était bien charmant, pour un fauteur de trouble et un gâcheur de soirée, pourquoi est-ce qu'il fallait qu'il soit rabat joie comme ça ?

« Et donc tu te rinces l'oeil à chaque fois que je m'envoie en l'air ? Pourquoi moi ? Tu aurais pu choisir moins actif si ça ne te plaît pas... »

Il avait croisé les bras, amusé par l'énervement et l'attitude un peu prude du blondinet. Qui avait l'air d'un gentil garçon, au demeurant, peut être un peu trop gentil d'ailleurs. Mais vous avez vu ces muscles ? On en boufferait. Quelque chose lui disait qu'il n'allait pas pouvoir en bouffer ce soir et en même temps ça ne serait que justice, il l'avait privé de sa soirée !

« Du coup qu'est-ce qu'on fait, parce que je ne vais pas m'arrêter pour autant. Moi je crois que c'est le destin, et qu'on devrait fricoter pour voir si ça se calme. C'est peut être un acte manqué, tu ne crois pas ? »

Il sorti avec le plus grand naturel du monde. Bah quoi, c'était une possibilité !

Ce n’est qu’en l’entendant parler de son doigt que Hyacinthe réalisa qu’il l’avait vraiment bien enfoncé dans son torse avec un regain de reproche. Oups. Sa colère l’emportait, là. Il retira sa main. Il voulait pas que l’autre s’imagine des trucs. Avec tout ce qu’il avait vu… Ouais, c’était gênant de le recroiser après toutes ces visions-là. Mais il n’avait pas de meilleures solutions. Il comprenait pas pourquoi son don persistait à lui montrer la vie sexuelle d’un type pareil.
Il secoua la tête, vexé, et offusqué. Il était pas un voyeur ! Il avait pas demandé à voir ça, lui !

“Non ! Voyant… Mais j’ai… J’ai jamais demandé à voir ça !”

Il avait une mine un peu offusquée. Et surtout les joues rouges au possible, le regard fuyant. Pour quelqu’un de timide comme lui, tout ce qu’il avait vu dépassé son seuil de tolérance à la débauche. Surtout que c’était chaque jour avec une nouvelle personne. Ça n’avait rien… rien de romantique. C’était comme un marathon du sexe désincarné. C’était pas sa conception de l’amour. Et vraiment, il avait rien demandé. S’il avait voulu voir ça, il aurait trouvé une autre méthode, bien moins aléatoire et intrusive, vraiment.

“Mais ! Mais… Mais non ! J’ai… J’ai pas le choix !” couina-t-il les yeux rivés vers leurs pieds. “Je… Je choisis pas ! ça arrive et… Et je peux pas empêcher les visions ! J’ai jamais voulu… te… te voir comme ça !”

Il ne savait vraiment pas comment se dépêtrer de tout ça. En fait, il n’avait pas réfléchi en venant là. Il avait juste besoin d’extérioriser. Besoin de dire qu’il en avait ras le bol. Mais maintenant, comment pouvait-il agir ? Il n’en savait rien. Il repoussa ses cheveux en arrière, les triturant nerveusement. Il n’avait aucun plan pour arriver à effacer Loïs de sa tête. De sa vie nocturne. C’était pas le genre de choses évoquées dans les livres de divinations, “comment empêcher les visions pornographiques”. Il releva un regard désespéré vers le brun. Et écarquilla grand les yeux à ses mots. Qu...Quoi ?! Fricotter ? Hein ?! Mais non !

Il recula d’un pas. Non. Non. Non.

“Mais… Mais… Mais non ! Je… Je veux pas moi !”

Il secoua la tête.

“Je… Je veux juste comprendre ! Pourquoi… Pourquoi toi…”

Il eut un soupire. Il se sentait vraiment comme un con. Il aurait dû réfléchir. Mais en ce moment, ce n’était pas son fort de réfléchir. Il ne savait même plus quoi dire. Il était juste comme un imbécile face à ce type beaucoup trop confiant et assuré.

“Si… Si… Si je devais fri… Fricotter avec quelqu’un… Je ferai en sorte qu’il m’oublie pas le lendemain avec un autre…”

Il se mordit la lèvre. C’était blessant de dire ça.

“Je… Je… Je t’offre un verre ? Pour… Pour essayer de comprendre ? Et… Pour m’excuser… D’avoir fait fuir… L’autre garçon… Mais… Je te jure… J’ai pas menti… Votre soirée aurait vraiment pas été terrible…”

Loïs n'était pas le genre de garçon à se laisser insulter, par Grinderwald, la fierté du sang Valentine coulait dans ses veines même s'il le ternissait régulièrement comme le lui rappelait si gentiment son paternel, de diverses façons. Comme ce soir, d'ailleurs, presque comme un défi, il choisissait les amants qu'il aurait pu le plus lui déplaire. Peut être qu'un jour il arrêterait de lui ramener des jolies blondes fertiles au dîner. Ou peut être qu'un jour il lui jetterai un Imperium et le marierai de force et il n'aurait pas son mot à dire. Super. En attendant, aussi adorablement bien bâti et mignon que son interlocuteur était, ça ne changeait pas le fait qu'on ne lui enfonçait pas un doigt dans les côtes comme ça. Le blond semblait le réaliser, d'ailleurs, et il le rétractait. Les erreurs étaient humaines... (pas Valentine, en tout cas)

« Mon pauvre garçon... Je te sortirais bien les violons, mais je ne suis pas certain que ça serve à quoi que ce soit. Et puis... c'est si terrible de me voir prendre mon pied ? »

Il dit, un peu amusé, pas réellement commencement. Mais maintenant que le malentendu était dissipé, il voyait bien la gêne terrible du garçon. Même sans avoir une once d'empathie (il pouvait essayer, mais c'était fatiguant) il était évident que le garçon était dans tous ses états, il bégayait, il rougissait comme une pucelle en fleur, et il n'arrivait même pas à croiser ses yeux... C'était donc qu'il avait du en voir pas mal. Loïs n'avait pas à rougir, lui, même si n'importe qui serait probablement vexé du voyeurisme, venant d'un petit mignon pareil, c'était presque annulé. Enfin petit, il dépassait de quelques centimètres en hauteur et en largeur.

Et puis il avait tapé dans le personnel. Oh, il avait des principes, le petit blond ? Tout ce qu'il réussit à arracher au Valentine, c'était un haussement de sourcil et un sourire en coin avec fossette dubitativement amusée. Comme si c'était un problème, que ses amants l'oublient le lendemain avec un autre. Ca n'était pas tout à fait le postulat, d'ailleurs, mais il le faisait lui aussi. Il ne s'agissait pas d'oublier "avec" quelqu'un si on partait du principe que c'était pour un soir et pas plus. Mais clairement, ça n'était pas dans les habitudes de l'autres, alors on lui pardonnera cet écart. Le fait qu'il soit à bouffer n'avait rien à voir là dedans.

« Y'a pas de mal, blondie. Tu sauras quand même que même pour une soirée pas terrible, tout le monde à droit à une chance de s'envoyer en l'air comme il faut. Mais je sens qu'il y a encore du chemin à parcourir là dedans. »

Il lui sourit, appuyant d'une petite pichenette sur le front couvert de boucles. Bon, certes, on l'aurait entendu râler bien fort sa déception si le rouquin s'était vraiment avéré précoce et l'avait lâché comme ça à son envie inassouvie, mais il y avait toujours d'autres moyens de s'amuser ! Et puis en ce moment, même s'il était loin de l'avouer, il avait surtout envie de dormir dans les bras de quelqu'un. Curieusement, ça c'était plus difficile à trouver. Et il n'avait pas encore passé le pas avec l'élu de son "coeur", à part sous forme féline alors...

« Tu sais qu'un verre ne remplace pas exactement ce que je m’apprêtais à faire ce soir... Mais je vais accepter. Allez viens ! »

Il prit son bras sans gêne aucune et l'entraina dans un bar qu'il connaissait. Au moins, ici, on ne les regarderait pas -trop- bizarrement. Manquerait plus que le blondinet se prenne des vilaines remarques homophobes, en plus de sa soirée qui avait déjà l'air de le traumatiser. Bon, certes, autour d'eux les langues n'étaient pas toujours dans leurs propres bouches, mais c'était convivial et chaleureux ! Il fit signe à la sorcière qui servait les gens assis dans des petits coins plus cosys que le comptoir pour qu'elle vienne prendre leur commande.

« Quelque chose de fort et de frais, pour moi, je vous laisse me surprendre. Et pour toi honey ? »

Si c’était terrible de le voir prendre son pied ? Non. Enfin si. Enfin… Non c’était vraiment gênant. Mais pas traumatisant dans le sens horrible. C’était assez agréable à voir. D’un point de vue purement esthétique, et que l’on mettait de côté l’éthique de la chose. Mais c’était quand même un peu… trop pour lui. Il n’allait pas avouer ici et maintenant au brun qu’il n’avait jamais embrassé qui que ce soit mais c’était le cas… Donc oui, c’était bien trop pour lui de voir tout ça.

“Non… Si… Enfin… C’est gênant surtout !” bafouilla-t-il tout rougissant.

Il se sentait vraiment en décalage par rapport à l’autre garçon. Il avait l’air de trouver si normal de faire des choses gênantes à droite et à gauche. Hyacinthe n’avait vraiment pas été élevé comme ça. Son frère lui avait inculqué le respect des sentiments, des relations humaines, du respect. Il n’avait pas envie de s’offrir au premier venu. Cela devait avoir de la valeur. C’était ce qu’il avait retenu de ce que son frère et ses parents lui avaient inculqués.

“Hm… Parce que s’envoyer en l’air avec toi, c’est forcément bien ?” demanda-t-il naïvement.

Il n’avait pas l’impression que ça ne soit qu’une question de plaisir physique. Il cligna un peu des yeux en sentant la pichenette sur son front. Il ne comprenait vraiment pas. Il n’était définitivement pas du monde du brun. Il ne pouvait pas encore vraiment comprendre. Si tant est qu’il pourrait comprendre un jour.

“Oh… Euh… O...O...Oui… M...m...Mais… Je...Je...Je… Je peux… Je peux pas… Offrir mieux…” bafouilla-t-il alors que l’autre le tirait par le bras.

Il ne voulait pas offrir mieux surtout. Il aurait pu. Mais c’était hors de question. Il ne savait pas où il mettait les pieds. Ses yeux se posaient partout. Et il ne faisait que rougir un peu plus. C’était pas le genre d’endroits dans lequel il comptait venir. Il était tellement gêné que lorsqu’ils se trouvèrent assis et que la serveuse le regardait, il ne savait absolument pas quoi dire. Alors…

“Pa...Pa...Pa...Pareil, s’il...S’il vous plaît, ma...Mademoiselle…”

Il reporta son regard sur Loïs. Il était charismatique. Assuré. Beau. Tout le contraire de lui. C’était assez évident. Ça sautait aux yeux. Il ne pouvait pas être insensible à ce qui se dégageait de lui. C’était assez fou. Et ça rendait toute cette soirée très étrange.

“Je...Je...Je...Je suis dé...Dé...désolé… Pour...Ce...Ce que j’ai fait… J’ai...J’ai pas réfléchi… J’étais… Juste… é...é...énervé…”

Ca n’avait même plus vraiment de sens. Il en voulait à Loïs pour de mauvaises raisons. Il n’était pas responsable de la peine de Rufus. Il n’était pas responsable de tout ça. Alors… C’était injuste de lui en vouloir.

“Et...Et… Désolé aussi… P… P… Pour ce que j’ai fait… Au bal… Te laisser… Comme je l’ai fait… C’était… Vraiment pas… poli.”

Il se mordilla la lèvre. Maintenant qu’ils étaient là, et qu’il avait vidé tout son sac, il était un peu à cours de discussion. Et en même temps, il avait plus parlé avec ce garçon qu’avec… les ¾ des élèves de la MUL et de Poudlard, alors… La serveuse amena leurs boissons. Hyacinthe la remercia, en lui souriant sincèrement, ce sourire timide qui le caractérisait tant. Puis il regarda Loïs.

“A...A...A la recherche d’une solution ?” souffla-t-il en tendant son verre pour trinquer.

Il heurta leurs verres et but une gorgée de l’alcool. Qui s’avéra bien plus fort que tout ce qu’il avait pu goûter jusque là. Ça lui en piquait les yeux. Il devait avoir l’air malin. Il devait avoir la même tête qu’un enfant goûtant du citron pour la première fois.

“C’est...C’est….C’est… plus fort que frais, non ?” toussota-t-il en regardant le brun. “Tu...Tu bois ça tout le temps ?”

Loïs pensait passer la soirée à s'amuser, ça c'était sûr, mais pas s'amuser de cette façon là. Plutôt d'une façon nue, moite, et chaude. Cela dit rien n'était joué encore, lui rappelait son cerveau en attirant son regard sur la carrure du blondinet. Mais du peu qu'il en voyait, ou plutôt n'en voyait pas -est-ce qu'à un moment il levait les yeux au dessus du niveau du sol, le garçon ?- c'était plutôt mal barré. par contre, il s'amusait quand même. Il lui sortait des trucs tellement francs et naïfs, le jeune homme sortait d'où pour lui sortir des trucs pareils ? Le brun avait éclaté de rire plusieurs fois, d'un rire clair, surtout lorsqu'il avait demandé si c'était toujours bien de s'envoyer en l'air avec lui. La question méritait une réponse, mais il n'était pas sûr que le petiot (plus grand que lui presque) était prêt pour les détails.

Ils s'étaient installés dans un coin plutot a l'abri des regards indiscrets, du moins c'était ce que pensait Loïs mais manifestement son compagnon n'était pas du même avis et semblait troublé par le moindre couple un peu démonstratif. Effectivement, ça devait être quelque chose alors, s'il était témoin de ses nuits les plus chaudes, si déjà ça ça le choquait. Pauvre bouchon.

« Bah, je suppose que je serai énervé aussi si je voyais un clampin inconnu prendre son pied tout le temps au lieu de dormir... Tout le temps, d'ailleurs ? Genre même le blond de la semaine dernière ? Ça marche comment... Y'a un délais ? »

Il sirota son verre et vit la tête du blond en recevant le sien. Loïs fut surpris qu'il se souvienne du reste et qu'il le lance sur le fiasco de la Saint Valentin.

« Bah, tu avais d'autres chats à fouetter. »

Il balaya d'une main en l'air son excuse.

« C'est moche ce qui vous est arrivé. C'est toujours les mêmes qui prennent, pas vrai. »

Il dit avec la négligence de quelqu'un qui n'a aucune idée de la réelle souffrance de l'autre. Il ne l'avait pas revu après la décision finale des DeathWings, et a vrai dire le sort du pâtissier -qu'il avait reçu dans la Gazette du Sorcier par la suite- ne l'avait pas tant ému non plus. A ce qu'il avait lu, c'était un né Moldu. Du coup ça faisait de notre petit blond la même chose, hm. Il prit une nouvelle gorgée rafraîchissante et qui désinfectait a la fois le gosier avant de croiser les bras sur la table et se pencher vers l'autre.

« Tout le temps, non... Je commence a ressentir les effets le lendemain malgré les potions anti gueule de bois dont j'ai le secret » il lui fit un clin d'oeil, recourbant ses lèvres dans un sourire. « ...et oui, une solution. C'est pas ce que tu es venu chercher en m'interpelant en sortie de boite, dans un endroit où jamais tu n'aurais lis les pieds ? Tu n'étais pas juste la pour pousser une gueulante, si ? »

Ça se trouve, le blondinet était totalement paumé et il s'était juste jeté sur lui en désespoir de cause. Ah, ces innocents.

« Blondie... Hyacinthe, c'est ça ? On sait tous les deux que je ne vais pas devenir abstinent juste pour que tu aies une bonne nuit de sommeil. Not gonna happen*. Du coup, ma question faisait sens. Tu es là pour trouver une solution non ? »

Il but à nouveau, son verre était presque vide. Ok il avait peut être une sacrée descente en ce moment. Et qui le lui reprocherait vu les journées qu'il se tapait. Et il ne parlait pas que des nuits. Il avait la pression de sa famille sur le dos, les escapades dans la cabane de son ancien professeur comme seul vrai moment de détente -et encore, c'est a peine s'il dormait et ses plans culs ? Pas super reposant. Alors oui, il s'accordait des cocktails bien chargés pour lâcher la bride.

« Tu es sûr que tu ne veux pas rentrer avec moi ? Sans rire, ça se trouve, ton inconscient te dit que tu es bien trop âgé pour ne pas connaître les choses de l'amour, et il n'a rien. Trouvé de mieux que le garçon le plus beau de la soirée de saint Valentin pour t'obseder. Je dis ça, je reconnais ne pas être un professionnel de voyance hein... Mais ça le semble plausible comme explication, je trouve. »


****
*Not gonna happen : en français dans le texte (j'inverse XD)

Les quelques gorgées du breuvage étaient en train de lui retourner le cerveau. Vraiment. Il pouvait sentir sa lucidité se noyait dans les vapeurs d’éthanol. C’était tellement fort. Et en même temps, il ne pouvait s’empêcher de tremper à nouveau ses lèvres dans le verre. Pour éviter de trop lever le nez de son verre. Et voir trop de langues impudiques sur des corps trop impudiques aussi. Oh damn qu’est-ce qu’il fichait ici ! Il relève les yeux vers le brun. Sérieusement ? Il croyait qu’il avait tenu le compte de ses conquêtes ?

“J’en… J’en sais rien ! J’ai pas noté à chaque fois que vous… Que vous avec un blond, un brun ou un roux ! Je suis pas les renseignements généraux de la débauche !” s’offusqua-t-il en bafouillant un peu, mais pas comme à son habitude.

Là, c’était différent. Il savait quoi dire, mais les muscles de ses joues lui semblaient si mous et lents. Et la suite de la conversation fit se crisper ses doigts sur son verre. Il n’avait rien contre les sang-purs, mais entendre ça, dans la bouche qu’il savait de “pure souche” et pas la plus tolérante visiblement. C’était mal venu.

“C’est à se demander pourquoi quelqu’un comme toi ait pu être touché par le poison, oui. Et bizarrement, tu faisais pas parti de ceux prêt à se dévouer pour sauver tout le monde. La grandeur d'âme des Sang Pur, pas vrai ? ”

C’était sec. Ca ne lui ressemblait pas. Mais ça faisait un bien fou de le dire. Cette amertume ne lui pourrirait plus le creux de l’estomac. Cela faisait presque du bien de ne pas réussir à réfléchir à la conséquence de ses mots. Il but un peu plus. C’était moins fort ? Ou alors sa bouche avait déclaré forfait ? N’empêche, il devrait peut-être déjà songer à demander la recette contre la gueule de bois. Parce que… Ouais. Il allait passer une dure journée demain. Ce serait peut-être la première fois qu’il sècherait délibérément un cours.

“Non… Mais la gueulante m’a fait un bien fou déjà… J’aurai dû faire ça avant… Sur pas mal de gens…” Il rigola en avouant ça. Il avait chaud. Il retira sa veste. Puis son pull. Oui. L’alcool faisait très vite effet sur lui.

Il se frotta le front en entendant la suite. Evidemment. Ce mec n’allait pas s’arrêter d’aller tremper son biscuit dans toutes les tasses de thé. C’était évident. Mais bon… Il aurait vraiment aimé passer une nuit, tranquille, sans lui dedans. Il acquiesça. Une solution. Autre que cet alcool beaucoup trop vite fini. Oups. Il sourit à la serveuse, qui lui remplit à nouveau son verre d’un coup de baguette. Oups. Oups. Il allait plus tenir debout à ce rythme là…

Il eut un soupir en entendant les hypothèses du brun. Il avait pas forcément tort. Peut-être qu’il y avait des indices chez lui. Des choses à relier avec d’autres. Pour expliquer sa récurrence dans ses rêves. Le reste, c’était du blabla pour le faire rougir. Et ça marchait bien. Mais Loïs ne devait pas se rendre compte que ça ne marcherait pas. Même dans cet état, et même après son premier râteau, il n’était pas si désespéré. Vraiment.

“Je veux bien… Aller chez toi…” concéda-t-il d’un ton pensif.

Puis il posa ses yeux trop brillants sur lui.

“Mais je veux pas coucher avec toi… Et si on finit par le faire alors que j’avais dit non… Je te jure que même ton sang pur et tout ton talent sauveront pas tes miches.”

Bizarrement, ses menaces aussi étaient plus crédibles quand il était ivre. De toutes façons, avec ce deuxième verre qu’il descendait trop vite, il n’allait pas tenir très longtemps avant de s’effondrer.

“Mais faut que je sache pourquoi… Et je saurai pas sans te connaître vraiment… Et… J’ai la tête qui tourne trop pour rentrer chez moi… J’veux pas que mon frère me voit comme ça…”

Ca n'était pas par cruauté ou méchanceté que Loïs riait à moitié en buvant son cocktail, écoutant le blond se perdre dans sa timidité. C'est parce qu'il le trouvait vraiment drôle ! Il avait failli s'étouffer en entendant l'autre dire les mots "les renseignements généraux de la débauche". La débauche, carrément ? Oui bon certes, tout le monde ne devait pas se taper des gens différents toutes les semaines, mais y'avait pire. Pour le jeune Valentine, la débauche, c'était surtout de frayer avec des gens bien en deçà de son sang. S'il l'accusait de se salir les parties à cause de ça, encore, comme certains le faisaient déjà. Mais non. La preuve en était que son prude interlocuteur le taclait la seconde d'après là dessus. Hey, ho, il avait dit qu'il était désolé ! Ca valait bien la peine de s'excuser si c'était pour se prendre des mandales par la suite. Vu le changement de familiarité de bouclette, l'alcool parlait à sa place, mais quand même il y avait des bornes aux limites, même bourré.

« Si la grandeur d'âme c'est marcher tout droit dans un piège et se sacrifier à la moindre occasion, je passe, en effet. »

Il avait dit en haussant les sourcils et en sirotant le liquide bleu givre.

« Et j'étais touché, je te signale ! Je suis juste pas le genre à agir et à me sacrifier sans réfléchir deux secondes avant, petit inconscient. Tu as de la chance d'avoir un grand frère un peu plus malin que toi. »

Et qui l'aimait, manifestement. Ca devait être sympa. Il l'avait vu bleuir, l'autre grand dadais, alors que le naïf devant lui se jetait dans la gueule du loup. Pas que son sacrifice ait été beaucoup plus intelligent, mais noble, ça, il le reconnaissait. Après... Accepter de perdre sa magie pour un autre, c'était quelque chose qu'il avait du mal à envisager -et du mal, c'était peu dire. Il devait être Gryffondor, celui en face de lui, à réfléchir aussi peu. Même là il avait gueulé avant de se demander si Loïs était du genre à le tuer sur le champs pour un affront minime. Il secoua la tête en signe de désapprobation, et le laissa continuer. Un deuxième cocktail, vraiment ? Si ça continuait il allait le ramasser à la petite cuillère. C'était marrant par contre, plus il buvait, moins il bégayait. Oui bon on s'amuse d'un rien quand on se retrouve sur la béquille.

Parce que le petit chou là n'avait pas tellement besoin de préciser ce qu'il ferait, Loïs avait compris qu'il pouvait se la mettre derrière l'oreille. Mais c'était drôle de le voir le menacer. Il avait vraiment une mauvaise opinion de lui, venant d'il ne savait où d'ailleurs, pour être aussi vindicatif. Ou alors c'était juste son mode ivre qui faisait ça. En parlant de ça, le brun attrapa le verre que l'autre s’apprêtait à siffler et il le lui confisqua, ne finissant d'une traite.

« C'est bien beau de dire ça, mais si tu te mets carpette comme un idiot, vas pas te plaindre qu'il t'arrive des bricoles non plus. »

Oui, Loïs avait des principes approximatif de qui était responsable ou non dans ce genre de cas. Et puis il n'avait pas tellement prévu de faire babysitter pour un type bourré, ce soir. Il ferait mieux de le laisser là se débrouiller même, vu comment il le traitait. Il avait peut être encore une chance de dégotter quelqu'un pour la nuit. Mais la flemme eut raison de lui. Il fit en sorte que le blond paie ce qu'il avait promis avec les piecettes qu'il avait sur lui, et il le souleva, passant son bras autour de ses épaules, pour se diriger dehors avec lui. Quel idiot. Et en même temps, il fallait avouer que c'était intriguant, ds visions qui se fixent à se point sur SA vie sexuelle à lui.

Il avait choisi de marcher plutôt que tranplanner, histoire que l'autre prenne l'air et dé saoule un peu. Une fois dans son petit -toute proportion gardée- loft, il le débarrassa de ses couches supplémentaires, laissant son manteau et autres pulls par terre dans l'entrée. Et puis il le poussa pour qu'il tombe sur le canapé, tira sur ses chaussures, et grimpa sur lui sans la moindre considération pour son avis. Il avait bien le droit à un peu de proximité et de considération pour tous ses efforts ! Il attrapa ses bras et les enroula autour de son dos comme une couverture.

« Hm... C'est mieux comme ça. Racontes moi encore cette histoire de rêves érotiques avec moi ? Ca commence direct en pleine action, ou tu as tout le reste avec ? Tu me vois moi du point de vue de l'autre, ou juste au dessus de la scène ? Et juste les plans culs ? Rien de mon quotidien ? »

Il s'était confortablement installé -tant qu'à faire- et réfléchissait à ce qu'il avait envie de raconter ou non à ce finalement parfait inconnu. Une chose était sûre, il le préférait mignon et bégayant que sassy comme Silène Beaumarchais.

Aoutch. Le brun lui aurait mis une claque, ça n’aurait pas été plus violent que ce qu’il venait de lui dire. Il suffisait qu’on évoque son frère pour qu’il déscende direct de ses grands chevaux. L’alcool n’avait pas l’air de changer ça. Il se sentit idiot. Et son agressivité lui semblait vraiment idiote avec ces quelques secondes de battement. En fait, il se sentait beaucoup trop prompt à dire tout ce qui lui passait par la tête. Ce n’était pas son état normal. Et si cela pouvait paraître jouissif dans l’instant, il avait peur de tout regretter au lendemain. Il regrettait déjà un peu d’être venu.

“J’a… J’a...J’avais réfléchi…” bafouilla-t-il désemparé, revenant un peu à son état normal, incertain et perdu.

L’alcool ne faisait qu’éloigner un peu son naturel, mais chassez le naturel, il finira par revenir au galop. Il aurait bien eu besoin d’un second verre pour l’écarter au moins quelques heures son naturel. Mais hey ! Non. Hey ! C’était pas du jeu de lui boire son verre comme ça ! Hyacinthe était dépité de s’être fait ainsi volé son verre. Vraiment. C’était pas cool. Il commençait à trouver ça pas mauvais en plus !

“Hey… Le consentement, faut que la personne soit consciente… Vous seriez vraiment le dernier des salopard si vous profitiez de l’état des gens pour… Surtout que vous avez pas besoin de ça avec votre gueule…” baragouina-t-il un peu outré.

Il ne s’apercevait pas des compliments lâché au détour de son effarement. Au moins, ça le dissuadait de commander un autre verre juste pour tenir tête à l’autre. Il se leva -pas facilement-et donna ses sous à Loïs qu’il paie pour eux. Et il se laissa docilement guider par l’autre sorcier. Et mettre un pied devant l’autre monopolisait pas mal son attention déjà. Donc il resta plutôt silencieux sur le trajet. Se demandant si tout le monde était aussi sensible à l’alcool ou si c’était juste lui qui avait un karma lamentable sur la question.

Ils ne tardèrent pas à arriver chez le Sang-Pur. Et… Ouais. Définitivement, ils ne venaient pas du même monde tous les deux. Cet appartement, qu’il avait l’air d’avoir pour lui seul, devait presque faire la taille de celui qu’il partageait avec son frère. Il se laissa tirer par le bras. Son regard traînant sur le décor. Cela faisait bizarre de le voir de ses propres yeux. Il se fit surprendre par le choc contre ses jambes, et se vautra dans un léger cri de surprise sur le canapé.

“A...A...Att… Tu fais quoi ?” baffouilla-t-il alors que l’autre se mettait sur lui.

Non ! Non ! C’était pas du tout une bonne idée ! Le grand blond ne savait pas comment le repousser sans lui faire mal. Alors il resta figé comme une statue. Alors que l’autre s’allongeait sur lui comme si de rien n’était. Le rouge était instantanément monté sur tout le visage du blond. Il avait le souffle saccadé par la gêne. Et son corps frissonnait d’un tel contact. C’était… Très gênant. Personne n’avait jamais été aussi proche de lui. Vraiment. Personne.

Mieux ? Il parlait pour lui là… Hyacinthe n’osait même plus respirer trop fort. Le moindre mouvement, la moindre caresse involontaire réveillait beaucoup trop de sensations pour lui. Vraiment. Vraiment beaucoup trop. Ce garçon était trop proche. Beaucoup trop proche.

Hyacinthe essayait de rassembler ses esprits pour lui répondre mais… Il sentait même son souffle dans son cou. C’était… Indécent comme position. Il ne s’en rendait pas compte l’autre, là ? Qu’il était beaucoup trop près ? Surtout pour parler de ce qu’il avait vu… Il tenta de tirer un peu sur le haut du brun pour essayer de le tirer un peu plus loin de lui… Mais il n’arrivait même pas à faire ça.

“... C’...C...C’est...C’est… des visions… C’est pas...C’est pas très… net… et précis… C’est… Tu...Vous...Beaucoup… trop près…” bafouilla-t-il pour essayer de se faire comprendre. “Je...Je...Je peux pas… réfléchir… Avec… Vous… Là… Comme… Comme ça… Je… On peut… chang...Changer… de position… ?”

Loïs commençait vraiment à se demander quel âge avait le gamin, n'empêche. C'était quoi cette réaction de puceau ? Qu'il soit puceau encore... Mais même si Loïs se savait au moins un 19/20 (le point en moins pour son caractère qui ressortait) il ne faisait quand même pas de l'effet a ce point là aussi facilement que ça. Quand même... Ils avaient tous les deux leurs vêtements, en plus ! Bon, Valentine était bien placé pour savoir qu'on pouvait faire des saloperies habillé aussi, mais sa langue était dans sa propre bouche, il n'avait absolument pas ses hanches contre des endroits sensibles du blond, il voulait quoi ? Qu'il mette une planche entre eux deux ?

« Mais rien, t'as juste l'air trop confortable ! »

Il ronchonna, bien perché comme un chat sur son humain de compagnie. Certes il avait eu des attentions sensuelles ces derniers temps, mais juste un bon câlin, il pouvait se brosser. On sous estimait la puissance rasserenante d'un bon câlin. Alors, que ce soit bien clair il nierait si ça venait a s'ebruiter. Il se redressa a bout de bras et vu que le blond devait au moins avoir arrêté de respirer pour être aussi rouge. Il leva les yeux au ciel, soupira, et se redressa pour laisser l'autre s'asseoir. Et puis il installa son cuir chevelu sur ses cuisses, bien confortablement. Oui, Loïs avait décidé d'avoir des attentions ce soir.

« Si c'est pas très nets ou précis, c'est si grave ? Je veux dire si tu étais en HD avec son Dolby surround d'accord mais là... Tu sais, c'est pas crade, de se faire plaisir. Tes mains. »

Il en chercha une a l'aveuglette pour la mettre sur son crâne chevelu, que l'autre travaille un peu. Il voulait bien etre gentil, mais rien n'était gratuit dans la vie !

« Sinon je sais pas... Généralement, elles essaient de te dire quelque chose, ces visions ? Elles t'ont déjà servi autrement que de fap material ? »

C'était même pas sûr que le gamin sache de quoi il parle. Il se tourna sur le dos, les genoux plié pour tenir sur le canapé, mais de cette façon il voyait son visage. Vu du dessous.

« Je dois t'avouer que je suis plutôt du genre je crois ce que je vois, et que jusqu'ici, les cours de Divination et les quelques voyants que j'ai connus étaient plutôt... Comment dire ça délicatement. Plus séniles que Flamel. Tu es le premier qui a l'air a peu près vrai. »

Sinon il ne l'aurait pas pris au sérieux et lui aurait rit au nez, et ne l'aurait certainement pas ramené chez lui ! Meme s'il avait ramené du monde... C'était son chez lui a lui. Qu'il payait avec son salaire, avec son travail -certes pistonné mais quand même. Il y répétais ses balais, dans l'espace sous la mezzanine de son lit. Il y amenait ses conquêtes. Il le décorait avec soin et y entreposait ses trésors. Il y tenait, quoi. Il ne l'aurait pas ouvert a n'importe qui.

Confortable ? ça pouvait vraiment être un argument ? Et un compliment ? Il ne savait pas trop où classer l’information. Encore moins en cet instant. Et il se fichait bien de passer pour un mec coincé. Il était un mec coincé. Tout le monde le savait. Personne ne doutait du fait qu’il soit plus vierge que Jeanne d’Arc. Alors qu’on lui laisse son espace vital que diable !

“Le...Le...Le canapé tout seul aussi, il l’est !” bafouilla-t-il comme défense hasardeuse.

Vraiment, ils étaient si diamétralement opposés avec le brun. En tous points. C’était vraiment compliqué de le comprendre et de se faire comprendre. L’alcool n’aidait pas trop. Il avait encore terriblement chaud. Ou c’était à cause de l’autre encore à moitié sur lui ? Il en savait trop rien. Mais il avait chaud, ça, c’était sûr. Il s’assit dès qu’il le put. Tenant beaucoup plus du gamin apeuré que du grand gaillard qu’il était pourtant physiquement. Il ne put s’empêcher de lever les mains quand la tête de l’autre prit place sur ses cuisses. Mais...Mais… Pourquoi cherchait-il à ce point les contacts humains ? Il ne pouvait pas prendre un chat comme tout le monde ?

Et voilà que maintenant c’était pas grave de voir la vie sexuelle de quelqu’un. Bien sûr. C’était évident. Hyacinthe ne put s’empêcher d’avoir comme un grognement. Qui le surprit lui-même. Il laissa sa main tomber dans les cheveux du garçon. C’était vraiment lui qui venait de grogner de mécontentement ? D’une façon presque virile et assurée ?

“Je...J’ai...J’ai quand même pas envie… De… De voir ça ! C’est… C’est… Personnel… Et je… Je sais ! C’est bon… Je suis pas… intolérant… Mais… J’aime pas que ta vie… sexuelle… Atterrisse… Dans MA tête…”

Mécaniquement, sa main avait quand même commencé à caresser doucement ses cheveux. Parce que Hyacinthe n’était pas un monstre et qu’il pouvait offrir de la tendresse, de la douceur à défaut de mieux. Ses doigts caressant à demi son front par moment.

“... ça… ça dépend… Elles… Elles me… me préviennent parfois quand… Quand la personne court un grave danger… Ou qu’une décision… Qu’une décision peut avoir de grandes conséquences… Mais des fois… Je sais pas… Je sais pas pourquoi je te vois toi…”

Et puis… A dire vrai, elles n'empêchent pas souvent les malheurs d’arriver. Son frère. Ses parents. Son don n’évitait pas l'inéluctable. Essayer d’empêcher ses visions de ses réaliser, c’était comme Sisyphe poussant son rocher. Interminable. Inutile. C’était la sensation qu’il avait. Cela ne servait jamais à rien. C’était juste là. Comme une mauvaise conscience pour lui dire “tu n’as rien fait pour les aider.” Ce don ne faisait que lui laisser un goût d’amertume dans la bouche.

Il s’était perdu dans ses pensées, mais son regard croisa celui du brun. Ses paroles auraient pu être vexantes. Ou un compliment. La réalité, c’était que Hyacinthe n’arrivait même plus à voir quoi que ce soit d’exceptionnel à ce don. Plus depuis le bal.

“Être voyant, ça ne sert qu’à être triste en avance. Mon don ne sert à rien.” murmura-t-il sans s’en rendre compte.

Il détourna le regard en s’apercevant de ce qu’il venait de dire. Sa langue se déliait trop. C’était encore les effets de l’alcool ? Ou juste… Qu’il se sentait un peu apaisé avec sa main dans ses cheveux ? Ou… Il comprenait pas.

“Je...Je… Je souhaite… Je souhaite à personne… Ce troisième oeil…”

Pourquoi ce petit -toutes proportions gardées- blondinet était-il aussi choqué par... par TOUT. Bon, certes, ce qu'il décrivait de ses "visions" ou quelle que soit la façon dont il les appelait ça n'avait pas l'air d'être si facile au quotidien. Limite, ses parties de jambes en l'air à lui, ça aurait dû être reposant après tout ça ! Il n'avait aucune idée de la fréquence, ni de la précision de ce que le gamin voyait, mais clairement ça n'était pas enviable de se faire pourrir la vie h24 comme ça. Pauvre petit bouchon !

« Hm... J'avoue, avec un don pareil je passerai sans doute aussi mon temps à boire. Quoi que, c'est moi ou je suis le premier sur lequel tu te lâches ? »

Il dit, soupirant quand le garçon décida enfin de s'occuper de son cuir chevelu et d'y glisser ses mains. Est-ce que c'était Loïs qui étant un véritable félin humain, avait choisi de s'adonner à la dure magie qu'était l'Animorphose, ou est-ce que c'était à force d'animorphose qu'il avait adopté des caractères félins... Il ne s'en souvenait pas, et franchement il s'en fichait. Mais là il voulait des caresses, et s'il n'avait le droit de s'étaler de tout son long sur l'autre alors il avait intérêt à se faire pardonner en s'occupant de lui.

« C'est pas bon pour la santé, de tout garder à l'intérieur ! »

Il ajouta sagement. Il lui tournait le dos, et ne se doutait ni ne faisait attention aux complications que vivait le jeune homme. Il n'était pas taillé pour ça. Il n'avait pas appris, surtout, bien le contraire. Son père avait été tout aussi froid qu'absent, même si ses injonctions elles étaient bien encrées en lui. Sa mère l'aimait mais... L'éducation dans le mariage des Valentines, c'était beaucoup d'attentes, pour très peu d'écoute. On lui avait appris à se mettre en avant, à écraser les autres sur son chemin s'il le fallait, voire même lorsque ça n'était pas nécessaires. On l'avait empli de fierté de son sang, de sa lignée, de cette magie qui faisait d'eux des gens au dessus de la plèbe et quand aux autres sorciers, et bien, l'argent se chargeait du reste. Alors autant dire que c'était parce qu'il y trouvait son compte qu'il écoutait les déboires de l'autre garçon. Pas par bonté d'âme.

« Franchement, j'ai l'impression que si tu commençais à en tirer profit et si tu arrêtais de le subir, tu finirais par l'apprécier, ce don. »

Il dit une fois qu'il avait reçu assez de caresses, se mettant sur le dos pour l'observer d'en bas.

« Oui oui, facile à dire je sais ! Mais si c'est pas ça tu vas finir par te pendre à un arbre. Et ça serait dommage, tu es bien trop mignon. »

Et revoilà le sourire félin sur ses lèvres. De la pure provocation, à n'en pas douter. C'est pas comme s'il n'avait pas compris qu'il ne goûterait pas à ces lèvres roses ce soir, il avait été parfaitement clair là dessus ! Il se redressa finalement, et s'étira les bras vers le haut, roulant des épaules.

« Bon, du coup tu restes dormir ? Je te prête un pyjama, si tu veux, tes chevilles risquent de dépasser mais ça devrait couvrir le nécessaire, mon lapin. »

Il avait prononcé les derniers mots en français. Car c'était ce qu'il était, non ? Un petit lapin apeuré.