Peeter Jackson | Dominic Sherwood

« Tu ne viens pas dire au revoir à tes frères, Peeter? »

Tu te détaches du bouquin sur la musique que tu étais en train de lire pour te retourner vers ta mère, celle-ci t’ayant rejoint, voyant que tu ne les suivais plus. Tu étais pourtant bien, assis contre ce mur de la gare, à attendre que tes parents aillent amener Liam et Vince à leur arrêt. Tu viens glisser lentement tes doigts entre tes cheveux, avant de sourire à ta mère. Tu l’aimes bien, ta mère. Elle est généreuse, douce, et elle est médicomage. Impressionnant, non? Elle sauve des vies, elle en change aussi, pour le mieux. Elle est merveilleuse, ta mère, comme toute ta famille, en faite. Tu les adores, tous autant qu’ils sont, avec leurs caractères bien trempés, dignes de la famille Jackson, à en croire les paroles de ton père. C’est vrai que les repas de famille sont toujours bien arrosés, que ce soit du côté de ta mère ou de ton père. Combien de fois as-tu dû subir les blagues de mauvais goût de ton oncle maternel ou encore, les plaisanteries qui n’amuse que lui de ton cousin? Oh, tu sais te défendre, malgré que tu es inapte à faire la moindre magie, mais cela ne veut pas dire que tu es sans défense. Quelque chose que ton père t’a rapidement appris. Mais tu avoues que subir les gamineries de ton cousin, un peu idiot sur les bords, qui préfère t’insulter que t’ignorer – chose qu’encore, tu aurais pu comprendre, vu qu’à ces yeux, tu es un incapable -, et surtout, qui préfère te faire du mal, même. Chose qu’il arrive à moitié, vu que tu es sportif, et un assez bon sportif. C’est ton père qui t’a « obligé » à commencer, chose que tu as fini par adorer. Tu fais de la musculation, mais surtout, tu as rejoint une équipe de soccer et tu fais de la course tous les matins. Alors entrainé, tu l’es. Repoussé un jeune homme qui est plus petit que toi, et qui prend la grosse tête dès que sa maman le chouchoute, c’est simple. Et puis, malheureusement pour lui, il ne peut utiliser sa magie pour le moment. Le jour où viendra le temps que ton idiot de cousin puisse utiliser sa magie serra peut-être le temps pour toi de quitter le nid familial. Pourtant, tu te sens bien, avec ta famille. Malgré ton oncle qui te dégoute plus qu’autre chose, malgré le nombre de fois que tu as surpris sa main là où il ne devrait pas, et le nombre de fois que tu as été refroidit par ces blagues aux allusions que tu ne veux répété ici. Peut-être est-ce pour ça que tu as de la difficulté à t’attacher? Peut-être que c’est pour ça que tu as de la difficulté à faire confiance? Du moins, ça doit partir de là, c’est certain. De ces blagues que tes parents n’ont jamais entendues, de cette semi-violence (verbale) que ton cousin te faisait vivre, de ces mains que tu voyais se glisser quand elles ne devraient pas. Mais ce n’est pas pour autant que tu détestes ta famille, au contraire. Tu l’adores. Tu aimes tes frères, et leur façon tendre de te taquiner. Tu aimes les câlins de ta mère, quand tu as peur d’être délaissé, comparé à tes frères. Et surtout, tu aimes ton père. C’est sans doute la personne la plus proche de toi, car, comme toi, il est sans magie. Comme toi, il est différent. Et il comprend pourquoi tu n’es pas capable d’être pleinement avec eux. Pourquoi tu ne seras jamais capable. Parce que tout ça, cet univers remplit de magie, de couleurs, ce n’est pas ton monde à toi. C’est le leur. C’est pour ça que tu ne peux pas rejoindre tes frères. C’est pour ça que tu es assis là.

« Je vais vous attendre ici, maman. Ne t’en fais pas, je leur ai déjà fait promettre dix fois de m’écrire! »

Maybe I’m not like you, but…

Tu ne serais jamais comme eux. C’était une constatation que tu avais vite apprise. Malgré que tes grands frères faisaient tout pour te faire oublier leur différence, tu savais bien que tu étais différent. Tu ne faisais aucune magie, et ça, tu l’as su tôt. Tu es né cracmol, et rien ne pouvait changé ça. C’est sans doute pour ça que tu étais toujours un peu à côté d’eux. À côté de la plaque, comme dirais-tu. Tu ne faisais pas partie du même monde qu’eux. Tu ne lisais pas les mêmes livres, tu n’allais pas à la même école, tu n’avais pas le même genre d’amis, tu n’aimais même pas vraiment les mêmes choses qu’eux… Pourtant, tu les adorais, mais parfois, tu te sentais seul. Affreusement seul. Alors tu agrippais la première chose qui te passait sous les doigts, cuillère, verre, et tu chantais, dans ta chambre, composant ici et là des paroles qui te venaient dans ton esprit, souvent tourné autour du fait que tu n’avais aucune attache réelle. Ta famille faisait vraiment tout pour que tu te sentes intégré, mais restait les questions que tu ne pouvais jamais répondre, les « comment ça va à l’école » bien plus intéressant pour ton frère, ou encore, les réunions de famille horrible. La famille de ta mère avait toujours été portée sur les sorciers bien plus que sur les moldus. Sur la magie, bien plus que sur les pratiques moldus. Non qu’ils voyaient leur sang comme étant important, mais plutôt que la magie les fascinait, et surtout, ils en étaient tellement accros que c’était devenu essentiel pour eux. Chose que tu ne comprendras sans doute jamais. Tout ça pour dire que c’est dans la musique que tu t’es réfugié. Dans la musique que tu as créé ton univers où tu te sentais entier, toi-même.

C’est là que tu as rencontré ceux qui allaient devenir ta deuxième famille, tes meilleurs amis, ceux qui allaient enfin te faire sentir réellement à ta place. Ton père t’avait inscrit dans un cours de musique, voyant à quel point tu excellais là-dedans, et combien cela te faisait autant de bien que de faire du sport. Voulant ton bien, il avait trouvé le meilleur cours que tu puisses avoir, et alors que tu jouais, c’est là qu’ils sont arrivés. Cameron et Brad. C’est là qu’il a pu se présenter, là où il a rencontré le leader de ce petit groupe, Drew. C’est à ce moment-là où il s’est senti enfin complet, compris. Jamais il n’aurait cru trouver sa place parmi trois sorciers, et pourtant, pour la première fois, il ne sentait aucune différence entre lui et ses congénères. Aucune distance. Vous aviez la même passion, le même désir d’aller loin, de vous libérer dans la composition de musique, et ensemble, rien ne vous arrêtait. Pourtant, eux aussi aller dans une école de magie, eux aussi étaient ‘différents’, mais jamais tu ne t’étais senti aussi proche de quelqu’un. De plusieurs personnes même, toi qui avais toujours eu de la difficulté à t’attacher, à te sentir aimé, et même, à aimer toi-même en retour. Là, c’était facile. Tellement facile. Et c’est quelque temps plus tard que germa la meilleure idée au monde : RISE!, un groupe composé de vous quatre, un groupe soudé, un groupe sans faille. Et par merlin, tu étais heureux.

Sometimes, I wish the magic never existed

« Pleure, Cameron… »
Tes mains se posent contre ces épaules, avec douceur, alors que tu ne t’attends pas à ce qu’elle parle, à ce qu’elle réagisse. Tu ne t’attends à rien, si ce n’est qu’être là pour elle, comme tu as toujours été là pour chacun d’entre eux, comme un grand frère. Tu as toujours été un peu l’esprit plus calme du groupe, celui qui arrive à rationaliser dans tous vos délires, mais en ce moment, rien d’autre qu’une colère froide ne vient en toi. Pourtant, tu as toujours su contrôler ta colère, tes émotions fortes, mais en ce moment, tout ce que tu vois, c’est ta meilleure amie qui pleure dans tes bras. Le journal est passé partout, et c’est ta mère qui te l’a montré, reconnaissant le nom de famille de ta meilleure amie. Des sorciers qui tuent des Moldus. Comme si ton oncle et ton cousin ne t’avaient pas assez dégouté de la magie, il fallait désormais que tu tombes sur des sujets comme ça. Tu avais pourtant toujours espéré que votre différence ne change pas les choses. Que vos différences n’affectent pas autant les autres pour causer des meurtres. Mais bien-sûr, tu t’es voilé le visage. Tu aurais deviné, avec le comportement instable de ton cousin. Avec ces regards que te lances ton oncle, sous-entendu que tu ne fais pas vraiment partie de la famille, et qu’il peut donc se permettre, une fois que l’alcool coule bien, de te déranger, te perturbé avec ces comportements dérangeants. Tes bras viennent se glisser autour d’elle, et tu serres plus fort ta meilleure amie contre toi. Peut-être que vous êtes voués à vivre sur un monde différent. Que vous êtes voués à vous sentir toujours un peu à côté. Mais tant que vous vous avez, tant que vous veillez les uns sur les autres, tout ira bien. Tout ira toujours bien, tant que vous êtes ensemble.

You don't deserve to steal someone's life because you're different.

« Ils méritent justice! Anna, tu sais toi-même que notre fils s’est fait attaquer par ton frère! »
« Je ne sais pas ce qui s’est passé! Je l’ai trouvé presque évanoui je te rappelle! Mais si c’est lui, alors je jure d’obtenir justice pour mon fils… »

Tu sens lentement ton corps bougé, et la douleur te fait crié un peu, surpris. Tu te réveilles d’un seul coup, le souffle court. Tu cherches, tu te raccroches, tu essaies de comprendre ce qui s’est passé. Tu prends de grandes respirations, et lentement, tu essaies de te situer. Tu regardes autour, tu cherches des informations. Hôpital. Et tu sens un vrai soulagement te prendre quand tu réalises que ta mère t’a entendu, lorsque, proche de t’évanouir, tu lui as demandé de t’amener dans un hôpital moldu. Tu vois les appareils purement moldu, tu vois du coin de l’œil la perfusion pour le sang, et en ce moment, c’est bien la seule chose qui te rassure. Elle t’a écoutée. Bien-sûr qu’elle t’a écoutée. Ta mère a toujours voulu ton bien, même si elle s’en voulait de ne pas te faire aimer la magie comme elle l’aurait voulu. Tu viens lentement lever la main, légèrement, bouger tes pieds, avant de refermer les yeux. Ton oncle. S’il avait pu se débarrasser de toi, ça aurait été bien plus simple. Tu imagines que ça aurait réglé la majorité de ces soucis. Ou non. Tu ne crois pas que son souci vient réellement de ça. Ça vient de sa tête, de cet alcool qui boit trop, de cette folie qui le ronge. Il t’a toujours détesté, c’est un fait. Tu aurais dû le dénoncer avant. Tu aurais dû le dénoncer quand il a commencé à rire de toi, à te faire des blagues douteuses, à déranger les demoiselles qui passé proche de lui. Tu aurais dû prévenir. Tu aurais dû parler. Mais c’était ton oncle, et pendant un moment, tu avais voulu croire qu’il pouvait être sauvé. On ne dénonçait pas la famille… On réglait ça entre nous, habituellement, non? Tu aurais dû. Tu aurais tellement dû parler. Tu t’en veux. Tu sens ta gorge se nouer. C’était une réunion de famille habituelle, pour le Nouvel An. Tu avais fui la table, après avoir bien trop mangé, pour aller rejoindre ta chambre, en haut. Tu avais recommencé à t’entrainer sur la musique. Puis, c’est là que tu avais entendu. C’est là que tu étais sortie de ta chambre, que tu avais ouvert la porte. Que tu avais vu ton oncle, clairement ivre, au-dessus de celle que tu avais reconnue comme étant ta cousine. Tu avais voulu croire à un cauchemar. Tu avais voulu croire que tout ça, ce n’était pas du tout ce que tu voyais. Pourtant, ton corps avait réagi avant que tu comprennes, et tu avais repoussé ton oncle avec force, merci les entrainements. Puis il y avait eu un flash, et une douleur horrible. Une douleur horrible au niveau de ton torse. Auquel tu aurais à tout jamais une cicatrice, car tu avais demandé à ta mère, qui était arrivée en panique en entendant les cris, de t’amener à un hôpital moldu. Tu ne voulais plus avoir affaire avec la magie. Tu ne voulais plus rien savoir de la magie.

Sometimes it's the only solution

« Il serra envoyé à Azkaban pour tentative de meurtre sur son neveu, ainsi que tentative de viol sur sa nièce. »
La sentence est donnée, et enfin, tu as l’impression que les sons reviennent. Que tu entends de nouveau. Tu sens la main de ta cousine venir serrer la tienne, et tu lui effleures les cheveux, comme tu le ferais avec une petite sœur. Tu sens très bien le regard de ton cousin braqué sur toi, prêt à t’envoyer les regards les plus assassins possible, mais un seul regard de Brad suffit de le décourager, alors qu’il détourne le regard. Tu te sens mal pour lui. Peut-être qu’avec un meilleur père, il aurait mieux grandi. Tu ne sauras jamais.  Tout ce que tu sais, c’est qu’il serra mieux sans lui, même si pour le moment, il te déteste plus que jamais. Tant pis. Tu vivras sans. Tu vivras mieux, du moins, en sachant que cet idiot va être enfermé.  Mais les images elles, resteront un moment. Les images, la blessure, cette sensation… De dégout envers la magie. Tu es un Cracmol. Tu es différent. Et pour ça, des gens ne t’accepteront jamais. Tu dois vivre avec. Tu souris quand tes meilleurs amis te rejoignent, venant te réfugier dans les bras de Drew, alors que tu t’accroches à lui. Tu as promis de ne pas pleurer, mais tu laisses les larmes s’écouler sur tes joues, tu laisses les pleures y passé, alors que tu viens te lover contre ceux qui ne t’ont jamais lâché.  Tu sens aussi ta famille proche, tes frères, ta mère, ton père, et tu te dis qu’heureusement que tu l’es a, eux.

I want to go far away…

« Tu reviendras nous voir, uhm? »
Tu pars. Enfin, tu quittes ton nid familial pour aller avec tes meilleurs amis à Londres, où sans aucun doute, tu trouveras un emploi digne de toi. Tu pars. Loin de ce drame, loin des tensions familiales qui se sont instaurées depuis quelque temps. Tu promets à tes parents de venir les voir, pour la dixième fois, et tu quittes. Tu prends tes choses, et tu fermes la porte derrière toi, tout en allant rejoindre tes meilleurs amis. Loin. Loin, avec ta deuxième famille, avec ton phare. Tout ira bien, maintenant.

Are you okay?

Tu regardes le journal brulé, dans la petite cheminée du chaudron baveur. Tu glisses ta main sous ton menton, tout en fixant le tout disparaitre dans les flammes. Encore des meurtres. Encore de la magie noire. Encore les Deathwings. Tu ne les supportes plus, affiché partout. Tu ne les supportes plus, dans chacune des pages de la Gazette. Tu ne veux plus rien savoir d’eux, tu veux simplement que tout cela cesse. La douleur à ton torse s’éveille, comme souvenir de la seule attaque que tu as eue. La seule attaque, qui t’a pourtant marqué à vie. Elle s’éveille, comme pour te rappeler qu’il y en a toujours eu, des gens comme eux. Des gens fous. Des gens horribles.
« Peet’ on est prêts! »
Tu te retournes pour voir tes meilleurs amis à l’entrée du Chaudron Baveur, souriant. Parce qu’entre tous ces drames, au moins, tu l'es as eux. Et tant que tu les as eux, tout ira bien. Tout ira bien.