Sasha Clarke | Dominic Sherwood

Childhood : I've got two faces, blurry's the one I'm not

Sasha c'était un peu celui que personne ne remarquait vraiment, un bébé qui ne pleurait que quand il avait besoin de quelque chose, un enfant qui se suffisait à lui-même, dont on entendait si peu le son de la voix que parfois on oubliait presque sa présence dans le même pièce que soi, un bon élève qui ne se donnait comme objectif que de faire honneur à sa maison, honneur à son nom, presque déjà un adulte dans le corps de cet enfant qui lorsqu'on l'interrogeait sur ce calme, cette lueur de sagesse étrange qu'on pouvait voir briller dans ses yeux, répondait simplement que même s'il savait que ses années à Poudlard auraient leur importance dans sa vie, pour avoir observé longuement les adultes en parler les uns avec les autres, les yeux perdus dans le vague, la voix chargée de nostalgie, il savait aussi très bien qu'il passerait beaucoup plus de temps à l'extérieur que de temps ici et que ce qui pouvait lui paraître important, ce qui pouvait le préoccuper aujourd'hui ne seraient que futilités d'ici quelques années, des gamineries depuis longtemps oubliées alors il préférait économiser ce temps, ne pas leur accorder d'importance dès maintenant. Dans ces moments là il forçait l'admiration, si jeune et déjà si mature, si adulte, si jeune et capable d'un tel recul, de tous il n'était certainement pas celui pour lequel on s'inquiétait le plus, ni celui qu'on surveillait et on aurait peut être dû, ils auraient peut être dû chercher plus loin, aller au delà des apparences au lieu d'admirer béatement ce qui aurait dû alerter.
Sasha au delà de la sagesse, au delà des sourires, du calme, de la douceur, au delà des airs adultes, c'était surtout un enfant puis un adolescent avec un secret, une fascination presque malsaine pour Grindelwald, pour la magie noire, avec laquelle il semblait être née, une curiosité incontrôlée à laquelle les adultes laissant Sasha sans surveillance ne faisaient que laisser l'espace nécessaire pour grandir, pour s'exprimer. Même s'il n'approuvait pas pour autant ce qu'il lisait, Sasha savait déjà que ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait revendiquer pour autant, que ce n'était pas normal, pas sain, il pressentait déjà la présence de quelque chose dont il ne découvrirait l'existence que de nombreuses années plus tard, un côté plus sombre bien caché, comme une bête tapie en lui, attendant son heure pour surgir et tout dévaster

Iwan : You never met a monster you couldn't love

Son secret, il ne l'a confié qu'à une seule et unique personne, Iwan, son ami d'enfance, son meilleur ami même, parce qu'il savait que lui ne jugerait pas, que se confier à lui n'était pas un danger puisqu'il soutenait, partageait ces idées là, ces idées dangereuses, ces idées d'un autre temps qui l'obsédaient, il essayait depuis toujours de le convaincre, provoquant à chaque fois de longs débats animés entre eux. Au début Sasha n'était jamais d'accord, toujours violemment opposé mais au fur et à mesure des années, le temps s'égrainant lentement, il a commencé à adopter une pensée plus nuancée, plus juste à ses yeux, alors que parallèlement il sentait en lui de nouveaux sentiments qui s'éveillaient.
Pour Iwan.
L'impatience lorsqu'il attendait un hibou de sa part, la tristesse quand il était séparé de lui, la jalousie quand il le voyait avec quelqu'un d'autre, sourire pour quelqu'un d'autre puis l'envie de le prendre dans ses bras subitement, de pouvoir ne serait-ce qu'entrelacer ses doigts avec les siens...Il sait c'est impossible Sasha, il sait qu'Iwan ne l'aime pas, pas comme ça, mais il est incapable de s'empêcher de ressentir ça chaque fois qu'il le voit, il se doute qu'il sait, il sait qu'il le sait et il lui est reconnaissant de rien dire, de faire semblant de ne rien voir depuis autant d'années.

Adulthood : Don't get too close, it's dark inside, it's where my demons hide

A 24 ans il est devenu Auror, on murmurait souvent qu'il imitait simplement sa sœur aînée, suivant le chemin qu'elle avait déjà tracé, on murmurait aussi de manière plus flatteuse qu'il avait choisi une voie qui lui correspondait parfaitement et il ne démentait jamais, pas plus une version que l'autre, considérant qu'elles avaient probablement toutes les deux une part de vérité. C'était vrai qu'il avait déjà envié sa sœur aînée, trouvé difficile d'évoluer sans cesse dans son ombre à cause de cette minuscule et pourtant immense année qui les séparait, c'était vrai aussi qu'il avait des qualités indéniables en lui mais au fond, tout au fond, dans une part de lui-même qui n'atteignait probablement même pas sa conscience, c'était encore sa curiosité qui avait parlé et qui l'avait guidé, approcher les mages noirs, mieux les comprendre, voir de près ce qui le fascinait, c'était certainement ce qui le motivait.

Il avait lu quelque part pourtant que « Celui qui doit combattre des monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes dans un abîme, l'abîme regarde aussi en toi » et il ne tarda pas à en faire les frais, à en vérifier lui-même la véracité. Allant toujours plus proche de l'abîme, ayant regardé le mal dans les yeux, lorsqu'en pleine opération ce né moldu s'est tourné vers sa sœur, lorsqu'il n'a pas été assez rapide pour s'interposer, prendre le sort mortel à sa place, pour la sauver, lorsqu'il a, à son tour, tourné sa baguette vers le meurtrier et sa femme avant de les abattre de sang froid, il a compris que tout ce temps il n'avait fait que se regarder lui-même dans les yeux, qu'il était l'abîme, qu'il était le mal, qu'il était le monstre qui le fascinait, reportant sans cesses l'échéance, il entendait à nouveau les mots d'Iwan qui revenaient à son esprit par vague, il entendait à nouveau ces idées de suprématie des sorciers, des sangs purs, et il y trouvait un sens nouveau, l'impression de trouver une réponse à une question pourtant jamais formulé.

You better have some place to go, 'cause you can't come back around here


Il a disparu après ça, après ce changement de camp si soudain, quittant clandestinement ce pays qui est le sien le temps que les recherches cessent, le temps que même les plus motivés arrêtent les investigations, ça lui brisait le cœur évidemment, de savoir que sa petite sœur se retrouvait dorénavant seule contre le reste du monde, de savoir que ses parents allaient devoir pleurer deux enfants au lieu d'un mais c'était pour le mieux, ils ne comprendraient, ils ne comprendraient jamais ce qu'il s'était passé en lui ce soir là, personne ne pourrait jamais le comprendre et il préférait mourir en héro que vivre en traître dans leurs yeux, il préférait les savoir malheureux tout en sachant que la douleur passerait plutôt que de les voir se blâmer, vivre et mourir dans la culpabilité, noyés dans les regrets.
Sous un faux nom, une autre identité que la sienne il a enseigné deux ans à Beauxbâtons, là où personne ne penserait à le chercher, là où personne ne le connaissait puis apprenant que tout le monde avait enfin cessé de le chercher, que l'affaire était classée, il est revenu il y a quelques mois à peine, il travaille maintenant chez Barjow et Beurk sous une autre identité encore (Isak Romanov) , encore un endroit où -selon lui- on ne risquait pas d'aller chercher un ancien Auror supposément mort au combat que tout le monde avait probablement eu le temps d'oublier.