Cours improvisé w//Isleen

Luz n'était pas franchement une fille très nerveuse, pourtant, s'il y avait bien quelque chose qui la faisait stresser en cette nouvelle année, c'était l'équipe de Quidditch.
Luz avait pris la décision de passer les sélections pour rejoindre celle de Gryffondor (sous la pression de son grand-père) et avait été sélectionnée par la capitaine. Seulement, Luz n'avait jamais eu l'occasion de jouer au sein d'une équipe, entourée d'autres joueurs. A vrai dire, le premier entraînement auquel elle avait participé avait été un échec total pour la jeune femme. Elle avait été très maladroite, notamment en fonçant à plusieurs reprises dans ses coéquipiers, n'étant pas habituée à se déplacer sur un terrain où volaient plusieurs sorciers.
En bref, sa plus grande peur était d'être renvoyée de l'équipe.

Aussi, en ce mercredi matin où Luz n'avait pas de cours, cette dernière se dirigea avec détermination sur le terrain de Quidditch, sa main fermement serrée sur son balai. Elle se sentit en brin soulagée de voir que ce dernier était vide, mais en même temps, son but étant de s'améliorer en présence d'autres joueurs, cela n'allait pas vraiment l'aider à régler son problème. Néanmoins, Luz voulait s'entraîner. Elle n'était pas venue pour rien et surtout, maintenant qu'elle avait cette idée en tête, elle n'abandonnerait pas.

Elle enfourcha son balai et décolla dans les airs. Elle commença simplement à s'échauffer, en faisant plusieurs tours de terrain, accélérant peu à peu, puis elle enchaîna avec des virages serrés. La jeune femme savait quel était son point faible : elle n'avait pas l'habitude de voir surgir quelqu'un devant elle pendant qu'elle volait. Aussi, elle avait en tête d'améliorer sa réactivité.
Elle vola sans aucune pause pendant près d'une heure, passant des virages aux freinages d'urgence (qui lui avaient eux aussi fait défaut lors de l'entraînement).

Luz aimait beaucoup la vitesse. Elle n'était pas le moins du monde sujette au vertige, aussi n'avait-elle pas peur de prendre de la hauteur.
En réalité, la jeune femme n'était pas une mauvaise joueuse. Elle était rapide, vive, et savait réaliser les pirouettes nécessaires pour passer ses adversaires. Seulement, elle ne savait tout simplement pas comment réagir face à un joueur qui surgissait devant elle, et elle paniquait toujours jusqu'à perdre le contrôle de son balai.

Comme à cet instant lorsqu'un éclair de cheveux bruns apparut brusquement dans le champ de vision de la Gryffondor, qui poussa un grand cri de surprise. Son moment d'inattention ne dura qu'une demi-seconde, mais bien assez pour qu'elle ne sache plus quoi faire, jusqu'à ce qu'elle se rappelle que tous les exercices qu'elle venait de réaliser n'étaient pas censés être inutiles. Aussi, elle se rattrapa in extremis, et vira brusquement, manquant de peu la sorcière. Elle fonça vers le sol et se laissa finalement glisser de son balai, touchant à nouveau la terre ferme après plus d'une heure et demi d'entraînement. Elle poussa de longs soupirs, essayant de calmer les battements de son cœur.

— Oh bon sang !

Luz se tourna finalement vers la jeune femme qui venait de redescendre elle aussi et ne put s'empêcher de se figer en remarquant que cette personne n'était autre que la capitaine de l'équipe.

— Je... Je suis vraiment navrée, Isleen... J'essayais justement de retravailler tout ça, au vu du désastre que j'ai réalisé au dernier entraînement...

Un peu plus, et Luz fauchait sa capitaine en plein air. Si elle n'arrivait pas à arranger tout ça, les blessés finiraient par pleuvoir, et la jeune femme savait qu'en ce cas-là, elle ne serait plus longtemps une poursuiveuse.

Luz ne savait pas vraiment si la réaction de sa capitaine était positive ou non. En tout cas, la Gryffondor ne put s'empêcher de rougir en entendant les propos de la jeune femme, qui, à son ton railleur, semblait visiblement bien se foutre d'elle. Néanmoins, Luz ne retint pas forcément le côté moqueur de cette réplique, mais plutôt les derniers mots que venaient de prononcer la batteuse. << Sinon, tu peux arrêter le Quidditch, c'est pas un sport pour toi. >> Aïe. C'était exactement ce que Luz souhaitait à tout prix éviter.

Aussi, lorsque Isleen la défia de lui montrer sa valeur, la jeune Gryffondor réagit au quart de tour, impatiente de lui prouver qu'elle avait réellement sa place en tant que poursuiveuse, et elle enfourcha immédiatement son balai. Sans attendre, elle frappa vivement le sol de son pied droit et elle décolla à tout vitesse pour rejoindre les cieux. Quelques secondes après, le sifflement familier des cognards se fit entendre. Ces derniers parcouraient le terrain à la recherche de leur cible, et ils repérèrent rapidement la poursuiveuse qui entama sa course folle.

Derrière elle, Isleen avait elle aussi rejoint les airs, et, batte à la main, elle fonça vers un cognard et le frappa d'un geste vif et brusque, le faisant instantanément bifurquer vers Luz. Sa capitaine l'avait mis en garde ; elle ne retiendrait aucunement ses gestes. Et elle avait bien raison. Ainsi, Luz était bien obligée d'éviter la balle, d'une quelconque façon que ce soit, si elle voulait rester indemne.

— Aaaaarghh !

Luz accéléra un peu et lorsqu'elle sentit le vent battre de plus en plus fort dans ce dos, signe que le cognard n'était plus très loin, elle freina brusquement, non sans descendre d'un bon mètre. Le cognard manqua de la toucher, et elle le sentit battre ses cheveux. Luz soupira. Un peu plus, et elle finissait déjà au sol.

Elle eut à peine le temps de reprendre son souffle que ce dernier bifurquait déjà pour la rejoindre. La poursuiveuse prit une grande inspiration et reprit de la vitesse, fonçant vers sa capitaine. Elle garda le regard fixé devant elle, et lorsque Isleen lui apparut plus nettement, elle vira brusquement, et le cognard se dirigea vers la batteuse.

Luz fonça vers l'avant. Elle avait échappé au cognard, mais pas pour très longtemps.

Un coup mat se mêla soudainement aux bruits des cognards qui bravaient le vent, et Luz sut que la capitaine venait de frapper. La jeune femme se pencha alors un peu plus en avant, se retrouvant presque couchée sur son balai, pour prendre encore plus de vitesse. Les cognards semblaient faire la paire aujourd'hui, car ils n'avaient cesse de se rejoindre et de poursuivre inlassablement la même cible ; en l’occurrence, la poursuiveuse.


Cette dernière enchaînait les virages, les pirouettes et les stratagèmes à toute allure, réfléchissant aussi vite qu'elle le pouvait lorsqu'elle voyait l'une des balles foncer vers elle.
Luz connaissait le talent d'Isleen pour l'avoir déjà vu à l'oeuvre. C'était une batteuse redoutable, car terriblement agile, et d'autant plus endurante que déterminée à venir à bout de ses adversaires. Et la capitaine se fichait bien du fait que Luz faisait partie de son équipe ; aujourd'hui, elles n'étaient pas coéquipières.

La Gryffondor savait que tôt ou tard, la batteuse saurait la coincer. Elle était rusée, et de plus, Luz était seule face à elle, et ses deux petits amis qui lui obéissaient au doigt et à l’œil. Pourtant, la poursuiveuse ne se découragea pas. Elle voulait à tout prix prouver sa valeur, montrait qu'elle avait sa place ici, qu'elle n'était pas venue pour rien. Ses muscles étaient tendus au maximum, et même si Luz sentait l'épuisement la gagner, elle l'ignora royalement et accéléra de nouveau, échappant une fois de plus à un cognard, qui venait de passer à à peine quelques centimètres de son épaule.

Luz voyait que Isleen commençait à prendre l'avantage. Elle était de plus en plus rapide, et les cognards fusaient de plus en plus vite derrière elle, rendant la tâche de la poursuiveuse plus complexe encore.

La jeune femme continuait sa course, sans vraiment se concentrer sur les gestes de la capitaine. Elle gardait simplement son regard fixé sur les cognards, comme à cet instant, alors que l'un d'eux la suivait de très près. Elle vit Isleen esquisser un sourire, lever sa batte et lorsqu'elle frappa à nouveau, le second cognard apparut dans le champ de vision de Luz. Et elle sut qu'elle venait d'être piégée.

L'un des cognards était devant, l'autre derrière elle.
Si elle freinait, celui à l'arrière la toucherait bien avant qu'elle ait eu le temps de dire "Quidditch". Si elle remontait, les cognards se retrouveraient tous deux dans son dos, mais Luz serait de nouveau coincée. Indécise, elle se décida à plonger. Ce n'était pas à ses yeux la solution miracle, mais en tout cas, la moins pire.

Instantanément, les deux balles fusèrent à sa suite, réussissant par la même occasion à reprendre de l'avance sur la poursuiveuse. Elle serra les dents et tenta d'accélérer pour les semer, en vain. Elle jeta un regard derrière elle, puis se concentra à nouveau sur le terrain. Bientôt, elle serait obligée de bifurquer, si elle ne voulait pas finir dans les tribunes. Elle grimaça, reprit de la vitesse une nouvelle fois, et vira brusquement à gauche. Elle tourna la tête, juste à temps pour voir l'un des cognards s'approcher dangereusement de son visage. Elle se baissa et descendit d'un mètre ; il était temps, car ce dernier venait de passer juste au-dessus d'elle. Si elle n'avait pas bougé, il y aurait eu de grandes chances pour qu'elle atterrisse à l'infirmerie.

Néanmoins, elle n'était pas encore sortie d'affaire, car la deuxième balle la talonnait toujours à grands renforts de sifflements, de plus en plus forts et présents. A nouveau, Luz dût changer de direction, et lorsqu'elle entreprit de faire son virage, elle sentit le vent lui fouetter le visage, et vit avec horreur que le cognard allait la toucher d'une seconde à l'autre. Elle écarquilla les yeux, se mordit la lèvre, et serra le manche de son balai si fort que ses jointures devinrent blanches. Elle tira brusquement sur le bois pour remonter plus haut, mais le cognard fut légèrement plus rapide ; il heurta violemment la base du balai, qui, sous le choc, vrilla en tout sens. Surprise, Luz fut déconcentrée, et glissa de ce dernier. Elle chuta à toute vitesse vers le sol, suivie par son balai. Réalisant qu'elle risquait de s'écraser d'un moment à l'autre, et que cela ne serait certainement pas sans douleur, la Gryffondor jeta vivement son bras vers le haut, et le bout de ses doigts réussit à s’agripper au bois du manche, que Luz serra le plus fort possible. Cependant, si l'une de ses mains était serrée sur le balai, le reste de son corps pendait dans le vide. Luz tenta vainement de se balancer pour faire passer ses james par-dessus le bois, mais le force du vent l'en empêchait. Aussi, elle dû se faire une raison, et elle fléchit les genoux dans l'attente du choc.

Heureusement, le balai, qu'elle tenait toujours fermement de sa main gauche, ralentit vaguement sa chute, et lorsque ses pieds rencontrèrent brusquement le sol, Luz n'eut en réalité rien de cassé. Elle roula simplement sur le dos et se retrouva allongée sur l'herbe, essoufflée, les cheveux et les habits en bataille, et pour seule blessure, une douleur lancinante qui vibrait dans ses jambes. Elle souffla vivement.

— Quelle aventure, bon sang..., murmura-t-elle pour elle-même.

Luz se releva difficilement, chancelant sur ses jambes encore flageolantes. Elle prit appui sur ses cuisses pour reprendre sa respiration. Elle avait mal partout, elle s'était fait la peur de sa vie, mais elle était vivante, et malgré tout contente de ce qu'elle venait de réaliser.