Don't tell a soul ft Aedan Lavellan

-Cela faisait maintenant quelques mois que Wilhelmina était de retour au Royaume-Uni. Ce pays avait été le théâtre de sa vie entière; il l’avait vue naître, vivre une enfance heureuse bien que très stricte, se rendre à Poudlard, être envoyée à Serpentard, se faire des amis, en perdre d’autres, découvrir le quidditch, passer par les joies d’être une adolescente, recevoir son diplôme, entrer à la MUL, rencontrer son futur mari, choisir son camp et se séparer de la plus grosse partie de sa famille dans la foulée, se marier avec l’homme de sa vie, être diplômée, entrer au ministère, être heureuse, devenir veuve, partir…et revenir. Elle était chez elle ici, au milieu de tout ce qu’elle avait pu vivre et connaître dans sa vie, et pourtant elle ne s’était jamais sentie aussi étrangère que depuis qu’elle était revenue. Elle n’avait jamais ressenti cela. Peu importe le nombre de pays qu’elle avait pu visiter, elle ne s’était jamais sentie aussi peu à sa place qu’ici; aussi seule que maintenant. Le ministère lui avait laissé quelques semaines pour se réadapter à la vie londonienne, se doutant qu’après avoir passé quatre ans à parcourir le globe, il lui faudrait du temps pour trouver un endroit où vivre, et encore plus pour retrouver ses marques. Son chef de département n’était pas non plus étranger à son histoire et savait que revenir ici lui serait particulièrement difficile, les souvenirs qu’elle s’était efforcée de distancer revenant la chasser au grand galop à la seconde même où elle avait reposé le pied sur le sol britannique. Il ne l’avait donc pas submergée de travail les premiers mois, lui laissant l’opportunité d’arranger sa vie personnelle et de se mettre à jour sur tout le travail qui avait été fait par ses collègues au département des mystères sur les recherches en cours. Une fois tout cela fait, il lui avait demandé de choisir une des recherches plus générales du département à mener en parallèle de la sienne. Se penchant sur la question, elle avait finit par choisir la recherche d’un type de magie ou quelque chose de ressemblant pouvant être manié par les cracmols. Cette recherche en était encore à ses débuts, et c’est ce qui l’avait décidée. Non seulement ce sujet l’intéressait beaucoup, mais pouvoir suivre une recherche du début à la fin était d’après elle beaucoup plus épanouissant. La première étape était de trouver des cracmols qui seraient partants pour participer à la recherche en répondant à des questions tout au long de cette dernière et pourquoi pas dans un sec ont temps essayer les différentes propositions étudiées. Il s’agissait en quelques sortes d’un partenariat entre un chercheur et un cracmol; le duo ainsi formé évoluant ensemble jusqu’à l’aboutissement des recherches. Après avoir choisit le nom d’Aedan Lavellan sur la liste que le ministère lui avait fournie, elle lui avait donné rendez-vous pour qu’il puissent discuter. Après s’être préparée, elle avait décidé d’utiliser le temps qui lui restait en changeant l’eau du vase qui trônait au centre de sa table et dans lequel se trouvaient de belles fleurs de printemps. Le récipient vidé et remplit à nouveau, elle s’apprêtait à le reposer quand son tapis lui fit un croche-pied (non, elle n’admettrait jamais s’être pris les pieds dedans), faisant valser le vase qui éclata en milles morceaux autour d’elle. Soupirant, elle sortit sa baguette et lança un reparo pour annuler sa bêtise avant de rire légèrement, un souvenir lui revenant à l’esprit. Quand il était encore vivant, Sylvain lui disait souvent que c’était un miracle qu’ils puissent encore avoir de beaux objets avec sa maladresse, et que sans la magie pour réparer ses âneries ils n’auraient sans doute même plus d’appartement où vivre.

Sortant enfin de chez elle pour se aller sur les lieux du rendez-vous, elle profita de son avance pour s’y rendre à pieds, humant l’air printanier qui soufflait sur la ville. L’hiver laissait doucement place au printemps en ce mois de mars: les sapins, leurs boules et leurs étoiles remplacés par les premières fleurs colorées; les ours en peluche et autres jouets perdant leurs rubans aux couleurs de Noël et autres accessoires brillants, les niffleurs devant dorénavant se contenter de trouver des montres à chaparder. Finit le temps des gros manteaux et des chapeaux chauds, bientôt viendrait le temps des shorts et des lunettes de soleil. Regardant les vitrines des magasins en passant, celle d’un magasin pour hommes attira son attention, la faisant rire doucement. Devant elle se trouvaient des cravates pour le moins originales…certaines avaient comme imprimé des sapins de Noël, d’autres des palmiers, des oiseaux rares, des canards, des chats, des oranges ou encore des fruits exotiques, et plein d’autres motifs du plus mauvais goût. Alors qu’elle s’apprêtait à poursuivre son chemin, le reflet de la broche qu’elle portait sur son trench coat la fit baisser les yeux en souriant. Il s’agissait d’un mărţişor, tradition roumaine du 1er mars qui voulait qu’on offre en cadeau aux jeunes filles et femmes une broche de couleur rouge et blanche comme neige qui était censée leur apporter bonheur, protection et chance. Un de ses collègues originaire de Transylvanie le lui avait offert, à elle et les autres femmes du département, et elle le portait depuis fièrement, touchée par l’attention. Alors qu’elle allait arriver au chaudron baveur, lieu de son rendez-vous, elle dû précipitamment se mettre de côté, évitant de justesse de se faire rouler sur le pied par une poussette, la mère du poupon bien trop occupée à tenter de canaliser ses autres enfants pour regarder où elle allait. Poussant la porte en bois de l’établissement en secouant légèrement la tête, Wilhelmina se dirigea vers une table dans le fond de la salle où elle et son (elle l’espérait) futur partenaire de recherche pourraient être tranquilles. Une serveuse vint pour prendre sa commande et après l’avoir écoutée lui présenter le plat du jour à base de jambon et de patates, elle se contenta de lui sourire poliment et lui demander un thé et des biscuits. En attendant que le jeune homme qu’elle devait rencontrer n’arrive, elle sortit le livre qui se trouvait dans son sac et en retira la plume d’hiboux qui lui servait de marque-page pour le lire. Elle venait de finir la lecture de son chapitre, la dernière phrase de ce dernier, « On reconnaît l'âne à ses oreilles, l'ours à ses griffes, l'imbécile à ses discours. », lui arrachant un sourire; lorsque son interlocuteur arriva.-