M. Serena Lavellan | Gal Gadot

Mes chers enfants,

Cette lettre vous parviendra lorsque je ne serais plus de ce monde … Le plus tard possible pour vous embêter un peu tout de même. J’espère qu’entre-temps j’aurais trouvé la force de vous raconter toute mon histoire, toute ma vie. Vous en connaissez une partie bien sûr, je ne peux pas tout cacher après tout mais … je vais vous raconter quelques petites choses dans cette lettre que je sens déjà très longue. Et barbante probablement, désolée d’avance, je suis Médicomage pas écrivain après tout. Enfin, je vais tenter de ne pas vous endormir tout de même hein …

Je suis le bébé de la famille disons le franchement avec un frère de 8 ans mon aîné et un autre frère de 3 ans mon aîné également. Pour moi, mes frères étaient toute ma vie, j’étais très proche d’eux. Ils sont toujours pour moi extrêmement important d’ailleurs. Ca vous le savez. Ce que vous ignorez c’est que je suis née dans une famille dites de sang-pur, les Lavellan. Une famille pour laquelle l’argent n’était pas vraiment un problème non plus. J’aurais pu être chanceuse, j’aurais pu vivre heureuse si mes parents avaient été des gens bien … Oui, ils ne l’étaient pas et cela a beaucoup marqué mon enfance, ma vie en général. Heureusement que j’avais mes deux frères avec moi avec qui je partageais la même idéologie. Il faut croire que la génétique ne fait pas tout dans la façon de penser et heureusement d’ailleurs.

Mes parents ils … étaient dans une secte, un groupe, bref, des gens qui ont le même idéal, la même façon de penser et surtout … qui pratiquent la magie noire. Mes parents aimaient à dire que seul les sang-purs devaient être des sorciers, que les autres ne valaient rien et encore moins les Cracmols. Pour être totalement sincère, j’avais peur de mes parents et de ce groupuscule auquel ils appartenaient. Oui, j’étais terrifiée. Vous devez être surprit, vous ne m’avez pas souvent vu avoir peur mais c’est pourtant la vérité. Mes seules sources de lumière dans ce monde assombris par les cris, les disputes incessantes, les inquiétudes d’être découverts de ma mère, les « réunions » de ce groupe chez nous … C’était Aedan et mon frère aîné, encore une fois. Il y avait aussi les animaux et les créatures qui vivaient avec nous ou tout près de chez nous. C’est ainsi qu’est né ma passion pour les animaux et parfois, je les recueillais pour tenter de les soigner en cachette et je me suis dit que c’était beau comme chose à faire dans la vie. Je ne savais pas encore ce que je serais exactement dans ma vie. J’ai eu plusieurs rêves comme tout enfant de mon âge mais je ne pouvais jamais vraiment le dire, sauf à mes frères avec qui je partageais tout.

Je me souviens de nos jeux, de nos fous-rire parfois, de cette proximité lorsque nos parents se disputaient et que l’on entendait tout au travers des murs de notre demeures. Je me souviens de nos regards, de nos bêtises aussi et de nos pleurs ensemble. Notre frère aîné à Aedan et moi est parti à Poudlard quand j’avais à peine trois ans, je ne me souviens plus très bien de ce moment, je sais juste que j’ai détesté ce moment et que j’ai pleuré comme une madeleine en tenant la main d’Aedan. Le soir même, j’ai apparemment dit à Aedan de ne pas m’abandonner, de ne pas me laisser seule avant d’aller dormir dans la chambre de mon frère parti pour Poudlard. Oui, je sais, j’ai bien changé entre temps … On a grandi ainsi Aedan et moi avec des lettres de Poudlard de notre frère qui revenait pour les vacances. On ne rêvait que d’une seule chose : aller à Poudlard le plus vite possible nous aussi. Il est probable que notre aîné n’a pas eu la vie facile à Poudlard pour y aplanir les choses mais il n’a jamais réellement parlé de ses difficultés, sans doute parce qu’il savait combien les choses étaient déjà compliquées chez nos parents …

Nous avons tous les trois souffert mais celui qui a le plus souffert c’est probablement Aedan … Parce qu’il était différent. En grandissant, je voyais bien que mes parents attendaient quelque chose de lui, je n’ai compris ce que c’était que lorsque j’ai surprit une conversation entre eux … enfin, une énième dispute. Ils attendaient que mon frère développe ses pouvoirs de sorcier. Moi, je ne lui mettais pas la pression, je pensais que ça viendrais vite mais … je me trompais. Aedan n’a jamais développé ses pouvoirs comme si ces derniers étaient endormis dans un coin de son âme, comme une punition envers nos parents … Le mot Cracmol est alors apparu dans ma vie, mot dont j’ignorais la signification au début … Aedan n’a pas eu de lettres de Poudlard, jamais et mes parents lui ont fait vivre un véritable Enfer même si j’essayais toujours de m’interposer lorsque je le pouvais …
Mes pouvoirs à moi ont explosé –littéralement parlant- lorsque j’avais 8 ans. J’ai explosé un vase familiale parce que j’étais très en colère … Bon, il faut dire qu’il était moche ce vase alors il n’y avait pas de quoi en faire tout un drame. J’étais heureuse parce que ça voulait dire que je pouvais aller à Poudlard mais en même temps j’étais triste parce que cela signifiait que j’allais laisser Aedan seul avec nos parents et ce groupe de sauvage endimanché …

Jusqu’à ce que je reçois ma lettre de Poudlard, j’ai ressenti cela : tristesse et joie. Il y avait aussi de la culpabilité : celle d’être une sorcière et de ne pas être comme lui, rien que pour l’aider, être présente … Et je me suis dit pendant un temps que, peut-être que mon souhait quand j’avais trois ans c’était réalisé et que c’était de ma faute … Stupide n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est vrai. Je suis entrée dans le train sans un seul regard pour mes parents mais un long regard à mon grand-frère, comme une sorte de soutien, que je serais toujours là pour lui malgré la distance qui nous séparait. Quoi qu’il arrive. Mais pendant qu’il s’éloignait ce train de l’espoir, j’ai ressenti un réel soulagement, un réel bonheur d’être là, d’être loin de mes parents … Vraiment. Et je m’en suis voulu en même temps … Les conflits intérieurs sont les plus difficiles à régler mes enfants parce qu’ils viennent, en général de votre cœur, de votre âme et ça fait toujours mal. Plus ou moins. Dans ce train, dans ce compartiment où j’étais assise, j’ai regardé le paysage défilé jusqu’à ce que mes voisins se décident a parlé et sans vraiment réfléchir, j’ai fait de même. On a joué aux cartes, on a rigolé, plus ou moins suivant la personne. J’ai rencontré des personnes vraiment sympas avec qui je ne suis plus en contact à l’heure où j’écris tout ça.

Mes années à Poudlard ont été réellement salvatrice pour moi. L’école est devenue comme une véritable maison, un endroit où je me sentais vraiment bien, en sécurité et surtout où je pouvais être moi-même. Oh bien sûr, j’ai fait des bêtises, j’ai eu des heures de colles, j’ai fait perdre des points à ma maison mais j’ai tellement aimé ces années à Poudlard. L’endroit est tellement magnifique en plus … J’ai beaucoup travaillé pour réussir et même dans des matières que je n’aimais pas même s’il me fallait pas mal d’aide et de motivation pour m’y mettre, je peux vous l’avouer aujourd’hui. J’y ai appris beaucoup sur moi, j’ai aussi beaucoup apprit en cours, j’ai développé ma culture. J’ai fait la rencontre de personnes que je ne pouvais pas saquer et on s’est pas mal chamaillé, battu même. J’ai fait la rencontre de magnifiques personnes aussi. Et d’autres avec qui je n’ai jamais eu l’occasion de parler ou très peu. Comme vous j’imagine. Je suis tombée amoureuse aussi et j’ai eu quelques crushs … J’ai même eu un petit faible pour un professeur … A ma défense, il était beau et très intéressant en court, il n’en fallait pas plus pour mon pauvre et jeune petit cœur pour s’emballer mais rassurez-vous, j’ai vite compris que ce n’était pas réellement un crush, plus de l’admiration …
J’étais toujours en contact avec Aedan par lettre mais un jour … Il n’a pas répondu à ma lettre. J’ai attendu quelques jours avant de lui en envoyer un autre. Aucune réponse. J’ai recommencé encore trois ou quatre fois avant de me dire que, peut-être Aedan m’en voulait, que peut-être qu’il ne m’aimait plus, qu’il ne voulait plus me lire ou m’écrire ou même me voir et j’en ai parlé à mon frère aîné qui m’a finalement dit qu’Aedan avait disparu … Ou plutôt que nos parents l’avaient envoyé très loin de nous sans que nous puissions le contacter. J’ai été furieuse, je leur ai envoyé une lettre assassine et je ne suis pas rentrée de tout le reste de l’année, sauf pour les vacances d’été mais je ne voulais même pas leur parler et encore moins les voir. Ils nous avaient enlevé notre frère et je les haïssais réellement.

Lors de ma septième année à Poudlard, j’ai demandé en secret à mon frère aîné de m’aider : je ne voulais pas retourner dans la maison qui m’avait vu naître. Je ne voulais plus voir mes parents et il a accepté, il avait dû comprendre à quel point j’étais désemparé, désespéré même. Je voulais échapper à une destinée dont je ne voulais pas … Qui sait, il m’avait peut-être même fiancée à une personne de leur secte et pour moi, c’était hors de question. J’ai eu mon diplôme et j’étais fière, fière d’avoir accompli ceci et j’imaginais déjà un chemin grandiose. Le jour du retour, je suis entrée dans le train une dernière fois, la mort dans l’âme tout de même parce que Poudlard avait vu mes plus belles années mais avec mon frère, nous avions un plan et je comptais disparaitre … littéralement parlant devant les yeux de mes parents. Je l’ai fait sans aucune hésitation et ça a marché au-delà de mes espérances. Mon frère m’a aidé pendant un temps avant que je ne prenne la décision de m’en aller, partir de ma terre n’a pas été chose facile mais j’en avais besoin. Je suis partie pour l’Amérique où j’ai fait mon université là-bas où j’ai fait un double cusus de Vétomagie et de Médecine. Ca a été très compliqué, je l’avoue sans honte surtout que je devais aussi travailler pour payer mes études … Pendant 5 ans, le temps du double cursus, je courrais de partout, je révisais comme une folle mais heureusement, les deux dernières années étaient plus calmes puisque je n’avais plus que mes études de Médicomage à faire … Enfin, calme … plus ou moins puisque j’avais l’internat à faire … Entre autre.

Pendant ces années de folie pure, j’ai rencontré un petit couple vraiment adorable : Jean et Obediah. Un couple mixte : Jean était blanche, Obediah noir comme l’ébène. Oui, ce son bel et bien tes parents Shiloh. Je les admirais et les enviais en même temps. Ils étaient tellement bien ensemble, tellement fait l’un pour l’autre, c’était écrit. Pour moi, les voir ensemble était aussi naturel que l’air qu’ils respiraient et les regards qu’ils s’échangeaient étaient tellement beaux que c’en était renversant. Moi qui n’avais jamais connu ça, ça me faisait monter les larmes aux yeux. Jean et moi, on est devenu très complice, comme deux meilleures amies, elle était comme une sœur de cœur et je l’adorais. Elle était tout le temps là pour moi, même quand je ne m’y attendais pas. Jean, c’est à elle que je me confiais, elle a tout su de moi, vraiment tout. Et puis, un jour, elle est arrivée et m’a sauté au cou avant de me dire qu’elle était enceinte … J’étais tellement heureuse pour elle. J’ai fait comme j’ai pu pour l’aider durant tout le temps de sa grossesse et puis … Tu es arrivé Shiloh. Adorable petit bambin métis que j’ai immédiatement aimé de tout mon cœur. Jean et Obediah m’ont demandé si je voulais être ta marraine. J’étais tellement surprise que j’ai bafouillé pendant bien deux minutes avant que je ne réussisse à dire un « oui » retentissant. J’avais 22 ans à cette époque … Il faut le dire, j’étais complètement gaga de toi Shiloh. Vraiment folle.

Il faut croire que ma vie est parsemée de bonheur et de malheur car tes parents sont morts trois ans plus tard dans un terrible accident. Je n’ai pas pu les sauver, je n’ai pas pu les aider … Je m’en suis toujours voulu et je m’en voudrais jusqu’à la fin de ma vie mais ils avaient demandé à ce que je sois ta gardienne si jamais il devait leur arriver malheur alors … Tu es devenu mon fils. Je sais que je ne pourrais jamais remplacer tes véritables parents parce que ce sont eux qui t’ont la vie et qui t’ont aimé de tout leur cœur mais tu es devenu indispensable à ma vie. Tu es véritablement devenu mon fils, comme si tu étais de mon sang. Souviens-toi Shiloh : tu es un enfant de l’amour pur et véritable, ne l’oublie jamais. J’ai reçu mon diplôme et j’ai quitté l’Amérique avec quelques affaires et toi à mes côtés. Ensemble, nous avons voyagé en Afrique où j’ai véritablement commencé ma vie de Médicomage et où j’ai créé ma fondation pour les créatures et les animaux magiques. J’ai pas mal dégusté niveau blessures là-bas même si j’étais prudente. Voir ton regard d’enfant était une belle récompense et t’entendre m’appeler « maman » était comme une douce mélodie mais je savais qu’il fallait que je te raconte la vérité. Je te promets que je le ferais mais là, à ce moment où j’écris tout ça, tu n’as que quatre ans, presque cinq, tu es trop jeune. J’espère que lorsque je le ferais tu ne me haïras pas, cela me serait insupportable …

Et puis, nous sommes partis en Asie et plus particulièrement au Japon. J’ai eu un véritable coup de foudre pour un homme : Kyosuke. Il avait ce don pour m’apaiser. Il avait ce charisme des gens sûr d’eux, calme et dont le sang-froid est légendaire. Etre dans ses bras était vraiment … incroyable. J’avais l’impression que j’avais trouvée l’homme avec qui partager ma vie comme Jean avec Obediah. Et je suis tombée enceinte à 27 ans. Kyosuke n’a rien voulu savoir. Il ne voulait pas d’enfant, pas encore pour lui c’était trop tôt. Il faut dire qu’il avait trois ans de moins que moi … Je lui en ait voulu, beaucoup, infiniment même mais aujourd’hui, quand j’y repense … je ne peux pas complètement lui en vouloir d’avoir eu peur et de ne pas avoir été prêt à ce moment-là. Chacun va à son rythme après tout. Et puis, tu es née Juri, ma précieuse fille, mon petit joyau. Tu as égayé nos vies à Shiloh et moi de tes gazouillis, tu nous as tenus éveillé aussi souvent. Etre ta maman est un véritable bonheur. Toi aussi tu es un bébé de l’amour, une petite surprise et même si ton père n’était pas prêt, moi je l’étais pour deux.

Nous ne sommes probablement pas une famille conventionnelle parce que nous n’avons pas la même couleur de peau ou parce que le sang qui coule dans nos veines est différent mais nous sommes tout de même une famille. La famille, ce n’est pas uniquement le sang, c’est le lien qui nous unis et je veux que vous le sachiez. Même si vous n’êtes pas frère et sœur de sang, vous formez une famille parce que votre lien est là, il vous relie par le cœur, l’âme, vos expériences communes, vos rires, vos pleures, vos doutes. Tout vous relie sauf le sang mais ce n’est pas grave, ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est que nous soyons unis, un seul cœur parce que c’est ça aussi la famille.

Et en parlant de famille, la mienne me manquait terriblement. Mes deux frères pour être exact me manquaient terriblement et j’avais un peu le mal du pays. J’avais aussi besoin de m’éloigner du Japon même si ce pays est absolument magnifique. Lorsque je suis revenue pour la première fois depuis 10 ans sur cette terre, je dois avouer que j’ai ressenti une vague d’émotion que je n’aurais jamais cru possible : la joie d’être de retour, la nostalgie de certaines années, l’impatience de retrouver mes frères, l’excitation de commencer une nouvelle fois une vie, l’envie de travailler et de faire en sorte que la fondation que j’avais fondée avec d’autres en Afrique soit fondé ici aussi. J’ai pas mal travaillé ces derniers temps pour que ma fondation voit le jour et j’ai réussi à être embauchée à Sainte Mangouste. Vous savez, j’ai beau avoir tenté de fuir mon passé, il m’a toujours rattrapé et je dois lui faire front et vivre ma propre vie aujourd’hui avec vous, avec mes frères, avec les personnes que je vais rencontrer ou que j’ai rencontré … Ca fait un an et quelques mois que je suis de retour et je ne compte pas repartir pour le moment en tout cas.

Voilà ce que je peux vous dire à l’heure actuelle sur ma vie, sur notre vie mais j’espère bien vous raconter pleins d’anecdotes au fur et à mesure de votre vie.

Je vous aime,
Votre mère Moïra Serena Lavellan