Teach me, sempai ! (Calixte & Ange)

Sa suspension s'éternisant, Ange n’avait pas vraiment espoir de rejouer dans la saison. Et franchement, elle savait d’ors et déjà que cette année de vide sportif mettait un bon gros plomb dans l’aile de sa carrière. Qu’à cela ne tienne, elle avait déjà gagné des compétitions, au fond, elle était presque blasé de ce milieu. Elle ne tenait plus forcément à tout prix à la gloire, et au succès. Elle l’avait eu, elle avait prouvé à tous ceux qui ne croyaient pas en elle qu’elle pouvait le faire...Alors… Pourquoi ne pas s’arrêter là ? Profiter autrement de ses dernières années de franche jeunesse. Voir autre chose que des trous du cul prétentieux et des sponsors aussi cons que leurs pieds pas foutus d’accepter la différence. Ouais franchement, elle se demandait vraiment si elle y perdait au change à leur claquer la porte au nez…

En tous cas, elle avait déjà progressé en dessin. Elle était pas mécontente d’elle, bien sûr, c’était perfectible, mais elle se sentait prête à pousser la porte de quelques tatoueurs pour leur demander de la prendre sous leur aile. Pour qu’elle puisse s’épanouir en gravant des motifs dans la peau de personnes consentantes. Son cousin en tête. Et elle serait si fière de pouvoir lui offrir ça en ce moment… Alors prenant son courage à deux mains, et son book sous le bras, elle avait commencé son tour. Elle avait enchaîné les refus. Vraiment. Mais pas de quoi la démoraliser, même pas les remarques machistes de vieux cons ! Elle continuait son bonhomme de chemin. S’il fallait qu’elle frappe à mille portes, elle frapperait à mille portes, mais elle y arriverait !

Elle finit par arriver devant l’enseigne du Chemin de Traverse : Inkrustée. A nous deux. Elle inspira un grand coup avant de passer la porte du salon. La tête haute, l’air assuré, le book sous le bras. Elle portait un short ample sur des collants filés, un tee-shirt ample au motif délavé, une veste en cuir, elle voulait pas être embauché comme stagiaire pour ses miches. C’était son book qu’elle voulait qu’on regarde, pas ses seins ou son cul.

Elle aperçut un jeune homme. Visiblement en train de dessiner et pas de tatouer. Ouf, elle tombait au bon moment, parce que sinon, elle se serait faite jeté direct !

“Bonjour ! Je vous dérange pas ?” demanda-t-elle avec politesse.

Elle attendit de capter le regard du jeune homme. Qui devait pas être beaucoup plus vieux qu’elle en fait.

“Je cherche un apprentissage… Je me demandais si vous accepteriez de jeter un oeil à mon book ? Je sais que vous avez en général pas mal de travail, mais je vous jure, je serai pas un poids pour votre salon !”

Ouais… Elle commençait peut-être à avoir essuyé beaucoup de refus pour prononcer ce genre de mots… Elle posa son book que le comptoir du salon. De l’extérieur, il paraissait assez simple, mais elle avait travaillé à enchanter les pages pour qu’elles se tournent sous les pattes d’un womatou de papier animé par ses soins… Et puis, elle avait mis ses meilleurs travaux dedans, du dessin d’observation au motif pensé pour le tatouage. Elle y avait mis vraiment tout son coeur. Alors si elle avait réussi à atteindre le niveau professionnel par passion, elle allait bien réussir à décrocher un apprentissage avec la même ardeur non ?

Calixte ne se doutait pas une seconde de ce qui allait se passer aujourd’hui. Il s’était levé de bonne humeur dans son appartement pourtant vide. Décidément, il devrait se trouver au moins un ou une colocataire parce que là ça commençait à faire dur … il parlait tout seul. Bon se parler s’était un signe d’intelligence chez les moldus mais s’il commençait à se répondre ou qu’il entendait les murs lui répondre il devrait aller du côté moldus consulter pour schizophrénie.

Enfin bref, il était tranquille au studio à dessiner, son mentor était très occupé. Lui, il se la coulait douce et s’amusait à faire le DJ par moment en changeant la musique qui jouait dans le studio. Il fronçait des sourcils et zappa plusieurs chansons.

« Non, mais il n’y a rien de bon? »

Il entendit le client de son patron pouffer de rire et fini par arrêter de chercher à changer de musique. Il se reconcentra sur son dessin tranquillement. Il adorait dessiner ici parce qu’il trouvait toujours l’inspiration et trouvait tellement facilement la concentration. Il dessinait tranquillement, ne se préoccupant de rien d’autre que l’encre qui glissait avec sa plume sur le parchemin. Le bruit de la plume qui gratte le parchemin n’avait rien de plus reposant comme bruit.

Puis, la porte s’ouvrit. Il releva la tête pour voir une demoiselle entrer. Il finit la section qu’il était en train de dessiner avant de relever la tête, croisant le regard de la demoiselle. Il sourit doucement.

« Bonjour! Et non vous ne me déranger pas. Qu’est-ce que je peux faire pour vous? »

Il attendit et écouta ce qu’elle avait à dire et lui sourit tranquillement un peu plus. Ça lui rappelait quand son mentor l’avait pris sous son aile et lui avait tout montré. Il posa comme il faut sa plume et se tourna vers la demoiselle.

« Je peux bien regarder oui! Par contre, tatoueur c’est mon 2e emploie. Je suis principalement médicomage mais je fais des tatouages depuis que j’ai 18 ans. »

Il tira une chaise près de lui et l’invita à s’asseoir près de lui tout en lui disant qu’elle pouvait poser son dossier sur le bureau.

« Je viens ici faire des tatouages en fonction du temps libre que j’ai. Si tu es vraiment intéressé je peux essayer d’avoir un peu plus de temps en venant après mon horaire de médicomage et je pense qu’avec le temps si tu veux faire encore plus de journées, les journées où je ne suis pas ici le proprio voudra surement te superviser. C’est lui qui m’a tout appris! »

Il lui offrit un verre d’eau.

« Si tu es d’accord, on peut regarder tes dessins! »