Boom Baby ! [NC -18]

La petite incertitude et l'incompréhension de début de soirée semblait doucement se lever. Il faut dire qu'avec les verres d'alcool et les heures passées, Octave lui-même était devenu plus sûr de ce qu'il voulait. Et il n'avait pas manqué de le faire comprendre explicitement au pâtissier, à renfort de pied tout sauf subtil sous la table. Mais l'autre homme ne semblait pas très expressif. Et il demeurait un doute, quant à ses intentions. Qui se dissipa encore lorsqu'il se laissa faire, quand Octave attrapa sa main. Ils marchèrent sans parler quelques minutes. Un silence relatif, vu les trombes d'eau qui se déversaient sur les pavés. Octave se demandait s'il avait bien fait. Il était ravi que le pâtissier le suive et accepte de venir mais il avait l'impression de lui forcer la main, depuis le début de la soirée. Aussi fut-il surpris quand il sentit Nate l'attraper et l'arrêter un instant pour l'embrasser. Il faillit en briser le parapluie magique. La pluie passa à travers un court instant, le temps de se ressaisir. L'ombrelle se forma à nouveau au dessus d'eux alors qu'il profitait de ce petit moment hors du temps.

Il acquiesça, lorsque Nate proposa le taxi. Il n'avait lui-même pas osé opter pour cette solution un peu plus tôt, par peur de braquer l'autre homme qu'il peinait à cerner -et qu'il comprenait bien mal, pour le moment-. Mais il avait peut-être sous estimé la distance jusqu'à son appartement. Il n'avait pas l'habitude de la parcourir à pied. Et encore moins sous la pluie. Sans compter qu'il commençait à avoir hâte de se débarrasser de ses vêtements. Et pas juste parce qu'ils étaient trempés.

L'instant d'après ou presque, ils se retrouvaient en bas de chez lui. Octave régla le taxi et invita Nate à monter les quelques volées d'escalier jusqu'à son appartement. La porte s'ouvrit lorsqu'elle reconnut son propriétaire et ils entrèrent tous deux, avant de se débarrasser de leurs vestes et chaussures mouillées. Octave laissa le reste de ses affaires dans l'entrée et omit de proposer à Nate de le sécher à nouveau. Etait-ce volontaire pour qu'ils se défassent l'un comme l'autre plus rapidement de leurs vêtements ? Allez savoir... En tout cas, il n'en oublia pas le reste de la politesse et proposa à son invité de quoi se désaltérer ainsi que de se mettre à son aise et de s'asseoir.

Alors Nate était raisonnable. Il avait proposé de la bière et du vin mais s'était surpris à leur verser deux verres d'eau. Ce n'était pas une mauvaise idée, vu ce qu'ils avaient bu... Octave allait s'installer sur le canapé pour inciter son invité à faire de même mais il fut interrompu en cours de route. Ah. Il semblerait que l'autre avait enfin cessé de vouloir prendre son temps. Bien. Ca n'était pas Octave qui allait se faire prier lus longtemps. Il passa une main dans la nuque de Nate et l'embrassa à nouveau, d'abord un peu timidement. Et rapidement, la distance entre leurs deux corps se réduisit jusqu'à ce qu'ils se frôlent et se touchent. Ainsi collés, plus personne ne pouvait voir cette horrible tâche de vin sur sa chemise, qui l'avait torturé une bonne partie de la soirée. Et qui restait encore dans un coin de sa tête. Ainsi, il montra un peu d'empressement à se frayer un chemin sous le t-shirt de Nate et à le débarrasser de celui-ci, une fois l'accord implicite du pâtissier obtenu. Et dans la foulée, il l'aida à défaire les boutons de sa chemise et la fit glisser sur ses épaules. Un moment, il la garda en main, hésitant à interrompre ce qu'ils étaient en train de faire pour s'occuper de cette tâche. Mais Nate, comprenant peut-être le flottement, eût vite fait de le ramener à des préoccupations plus hâtives. Il déposa la chemise sur le comptoir de la cuisine et incita son invité, entre deux baisers, à se diriger vers la chambre.

Mais vous pensez bien qu'on n'allait pas mettre des pantalons trempés et salis par la pluie dans de beaux draps de soie. Avec une certaine habilité, Octave retint Nate avant d'arriver au lit et ses caresses, jusqu'à là limitées au haut de son corps, se firent plus osées. Jusqu'à ce qu'il en vienne à déboutonner son pantalon et à l'en débarrasser. Et ce n'est qu'une fois que le sien connut le même destin et que leurs chaussettes furent ôtées qu'il allongea le pâtissier dans son lit. Pratiquement propres et secs, même si leurs cheveux étaient encore mouillés par la pluie. Et qu'ils n'allaient pas tarder à humidifier les draps de sueur. Ça, bizarrement, ça gênait nettement moins Octave, qui n'avait pas perdu de temps pour prendre place au dessus de Nate. Il continua à explorer son corps, le couvrant de diverses attention pour découvrir ce qui semblait lui plaire, cherchant ses marques avec lui. La communication, bien qu'essentiellement non verbale, parût plus aisée une fois sur les draps que plus tôt dans le bar. Et bientôt, ce fut au tour de leurs derniers sous-vêtements de glisser hors du lit tandis qu'ils faisaient plus ample connaissance tous les deux.

Aussi vide que soit sa vie sentimentale ces derniers temps, ces sensations et ces gestes ne s'oublient pas si rapidement. Les mains du pâtissier trouvent bien vite leur place sur le corps inconnu, et effectivement, ils parviennent à se comprendre bien plus facilement de cette façon non verbale. Les besoins de proximité, de peau, commandent ce dernier et les débarrasse petit à petit de leurs vêtements. Autant dire que non, il ne laisserait pas Octave hésiter trop longtemps sur le sort de sa chemise (RIP). Et le suivant bien docilement jusqu'à la chambre il reprit son fessier en main dès qu'on lui en laissa l'occasion. Est-ce qu'il avait remarqué la petite manoeuvre d'Octave pour ne pas tomber crasseux sur le lit ? Non. Mais il était ravi de se défaire de son jean trempé et trop étroit pour finalement s'y installer. On n'eut pas à attendre bien longtemps pour qu'ils se retrouvent nus et que leurs corps s’entremêlent, même si le pâtissier avait laissé le temps au temps.

Là encore, ils trouvèrent vite leur marque, et Nate se fit un brin plus explicite pour qu'Octave se sente désiré lors de leurs échanges. C'est après un long moment, remplissant la chambre de grognements et de soupirs, qu'ils s'écroulèrent tous les deux sur le lit maintenant trempé comme le maître des lieux l'avait prédit. Est-ce que ce dernier remarqua que Nathanael ne sortait pas de baguette pour les débarrasser de fluides encombrants ? Ou est-ce qu'il pensait vraiment que l'autre homme se complaisait dans la boue et le reste, vu la façon dont il revenait l'embrasser pour conclure ce bel échange. Nate n'en avait aucune idée. Il s'accorda un petit répit avant de demander où était la salle de bain, et s'il pouvait lui emprunter une serviette, aussi, lui laissant une belle vue quand il en prit la direction.

C'était la première fois qu'il recouchait avec un sorcier, à dire vrai. Enfin, à part Arthur et Ulysse bien sûr, mais ces derniers savaient bien pourquoi Nate n'agitait plus de baguette -outre... enfin vous voyez- depuis plus d'un an. Octave n'avait pas l'air d'en faire grand cas, pensait-il. Car oui, le pâtissier pense que ce dernier est au courant. Tout le Monde sorcier a entendu parler de cette histoire, pense-t-il. Il essaie de ne pas trop y penser, allumant l'eau chaude et profitant de sa pression sur sa peau, mais plutôt profite de ce moment post coït avec un homme on ne peut plus charmant. Trop charmant, même. Il avait véritablement un complexe d'infériorité, face au raffinement de ce dernier. Même si, on ne va pas se mentir, c'était moins raffiné ce qu'ils ont fait l'un avec l'autre à l'instant. Il entend qu'on frappe à la porte, et son hôte qui demande s'il peut entrer.

« Bien sûr... »

Il dit, faisant de la place, à nouveau plus timide. Enfin, pas longtemps. Sitôt qu'Octave est sous la douche avec lui, il réduit les distances pour l'embrasser de façon plutôt tendre. Comme s'il le remerciait d'être là avec lui. Et puis, c'est plus facile comme ça, plutôt que de discuter. Il avait l'impression d'être maladroit quand il usait de ses mots alors que le reste... venait plus naturellement. Après quelques caresses presque chastes, il s'y essaya pourtant.

« Vous jouez de tous ces instruments, dans le salon ? »

Il demanda, non sans embrasser la mâchoire d'Octave, se collant à lui pour lui frotter le dos (pour le laver bien sûr hein).

Finalement, il semblerait que la timidité de l'autre homme se soit envolée et qu'ils soient parvenus à se comprendre. Contrairement aux apparences et à ce que certaines mauvaises langues pourraient penser, ce n'était pas si souvent qu'Octave ramenait un parfait inconnu chez lui. Et lui-même avait conservé une certaine retenue, bien qu'inhibée par l'alcool. Elle avait fini par s'envoler, à mesure qu'ils roulaient dans les draps. Et il n'en restait plus grand chose quand il se retrouva à fixer le plafond, les bras croisés derrière la tête, épuisé et comblé. Sa baguette magique était restée dans sa veste, constata-t-il en tendant la main vers sa table de nuit pour tenter de l'attraper. Il grogna mais laissa retomber sa tête sur l'oreiller, songeant qu'il pouvait bien se prélasser quelques minutes de plus aux côté de Nate avant de se préoccuper de les nettoyer.

Ainsi fut-il surpris de le voir se lever le premier pour se rendre à la douche. Il aurait bien profité de la proximité de Nate un peu plus longtemps mais lui indiqua d'un geste paresseux de la main la porte face au lit, qui donnait sur la salle de bain. Il ne se fit pas prier pour admirer la vue lorsque l'homme se leva -quoi, il avait le droit - et resta encore quelques minutes allongé, jusqu'à ce qu'il entende l'eau commencer à couler. Une longue inspiration plus tard et il se relevait, sans prendre la peine de s'habiller, et se dirigeait vers le salon pour récupérer sa baguette. Il en profita pour faire un peu de ménage dans les draps, qui retrouvèrent une nouvelle fraîcheur et se bordèrent puis dans leurs vêtements, qui se plièrent au pied du lit une fois débarrassés de la pluie, de la saleté et de tout le reste. Sa chemise tâchée quant à elle reçut un peu d'onguent spécial pour les tâches récalcitrantes. Et une fois fait, il toqua à la porte de la salle de bain, histoire de savoir si son invité acceptait de la compagnie sous sa douche.

Il ne se fit pas prier lorsque Nate accepta et ouvrit la porte avant de se glisser sous la douche, à ses côtés. Pour l'aider à se laver, évidemment. Il se trouva presque surpris que l'autre l'embrasse de cette façon. Mais il le lui rendit volontiers. C'était agréable et il aurait tort de ne pas savourer l'instant. Il attrapa la savonnette et en profita pour masser les épaules et le dos du pâtissier -et pas du tout pour tâter les muscles-, de haut en bas. Et se laissa faire lorsque l'autre homme fit de même, lâchant un grognement de satisfaction pour l'encourager.

"Je... " Il s'interrompit, surpris de la fougue de Nate. Décidément, ce n'était plus le même homme que celui qui l'avait traîné manger des frites un peu plus tôt. Et ça n'était pas pour lui déplaire.

"Oui, il n'y a que moi ici, je joue de la harpe et du piano."

Il ne proposa pas d'en jouer, ne sachant pas si c'était une question de politesse ou si ça démontrait un réel intérêt. Loin de lui l'idée de faire fuir son invité avec ses passions. Et de toute manière, il ne put pas ajouter grand chose, ses lèvres saisies à nouveau par celles du pâtissier.

Ils étaient plus que propres et savonnés de partout quand ils sortirent de la douche. Octave attrapa un peignoir et en habilla son invité avant de faire de même. Il noua la ceinture autour de sa taille, passa une serviette dans ses cheveux pour les sécher et termina ça à la baguette avant de se diriger vers le salon.

"Je vous sers quelque chose à boire ? J'ai un très bon Bordeaux, je suis certain qu'il vous plaira."

Même si l'autre homme avait surtout l'air amateur de bières, on ne refusait pas un bon vin.. Il leur servit deux verres et les fit planer jusqu'à la table basse, invitant Nate à y prendre place. Et il lança un sort à la harpe pour qu'elle leur joue un petit air de fond. Il préférait de loin y jouer de ses doigts et les airs étaient bien plus simples lorsque les instruments jouaient seuls. Mais ça lui permettait de rester sur le canapé en bonne compagnie et d'avoir une petite musique de fond.

"Est-ce que vous... tu aimes la musique ? Un style de prédilection peut-être ? Santé !"

Il fit claquer son verre contre celui de Nate avant d'en boire une gorgée. Si ça ne tenait qu'à lui, ils resteraient au classique. Mais c'était aussi une manière d'essayer de le connaître, un petit peu. Il reposa son verre sur la table et glissa une main sur la cuisse de Nate.

"Je suis content d'être tombé sur toi ce soir. Et que tu sois venu. Ce n'est pas tellement ... dans mes habitudes de proposer à un homme que je ne connais pas beaucoup de venir chez moi, merci d'avoir accepté."

Etait-ce un peu de rouge sur ses joues ? Assurément. Mais Nate n'aurait pas l'occasion d'observer ça bien longtemps, Octave s'étant à nouveau penché vers lui pour l'embrasser. Ouais, il était bien content d'avoir sa compagnie ce soir.

On ne peut pas vraiment parler de fougue et en même temps, comparé à la distance et au mutisme d'un Nathanael qui ne vous connait pas et ne parle pas beaucoup, des baisers dans le cou peuvent s'y apparenter. C'est juste qu'il a besoin de tendresse, ce grand garçon. Et peut être qu'il lui reste un brin de ces endorphines qui les ont traversés grâce à l'exercice physique auquel ils venaient de s'adonner. Ils passèrent un agréable moment, et une serviette autour de la taille et une autre sur les épaules, Nate se sentait un peu mieux déjà. A quoi bon douter de ce qu'on fait, si ça peut vous apporter un peu de réconfort, hein ? Surtout qu'Octave ne semblait rien lui reprocher ni ne le mettait dehors, il lui proposait même à boire. Le pâtissier accepta, même s'il devait le reconnaître, il n'y connaissait fichtrement pas grand chose en bon vin -à part avec quoi ça se mariait bien en cuisine.

« Santé. »

Il dit avec un petit sourire, levant son verre pour Octave, regardant toujours autour de lui comme un enfant émerveillé par des choses qu'il ne comprend pas vraiment.

« Je suis loin d'être mélomane... J'écoute la radio, surtout. Quand je travaille. »

Tous les matins pendant qu'il prépare ses tartes, pâtisseries, viennoiseries, pendant qu'il brique le sol le soir aussi. Parfois quand il lit un livre, mais il n'a plus vraiment le temps pour ça même si ça restait son passe-temps favori avant.

« Plutôt... rock ? Un peu de classique peut être. »

Il ne sait pas lui même. Non vraiment, Octave, tu risques de lui parler une langue qu'il ne connait pas si tu lui parles de Schubert ou Brahms. Il goûte le vin et se dit que vraiment, il ne l'apprécie probablement pas à sa juste valeur, même s'il est bon. Il n'est pas certain d'apprécier Octave à sa juste valeur, non plus. Ce dernier aborde le sujet qui taraude Nate depuis le début. Il n'aurait pas pensé qu'un homme comme lui pioche dans les bars, et ça confirmait au pâtissier qu'il n'était pas un habitué. Il n'allait pas lui dire que lui avait de la bouteille dans le domaine, même s'il avait laissé ça derrière lui. Il ne s'attendit pas à une démonstration  accompagnant la confession, cela dit. Loin de lui l'idée de l'interrompre, il se pencha pour répondre, agréablement surpris. Il n'était pas tombé que sur des connards, mais il avait décidément du mal à comprendre l'autre homme. Il finit par l'allonger lentement pour reprendre gentiment là où ils en étaient restés sous la douche.

« Moi aussi. »

Il ajouta, se rappelant qu'il n'avait pas dit que lui aussi était content d'avoir accepté de venir. De longues minutes plus tard, la douche qu'ils avaient prise ne servait plus à rien. Ils étaient retournés dans le lit pour plus d'espace (attendez, vous avez vu la taille des deux là ?) et s'étaient finalement écroulés là, rassasiés. Et puis, les minutes avaient passé, et l'heure de saluer son hôte était venue. Mais Octave avait d'autres plans, apparemment ? Nate, visiblement surpris, hésita un bon moment. Et puis il s'allongea et tira les draps sur lui.

« Je devrai partir tôt. »

Il préféra prévenir. Il n'aimait pas partir comme un voleur, même avec ceux avec qui il n'avait pas eu grand chose à dire par le passé. Cherchant la meilleure position, il passa finalement un bras autour de l'autre homme, non sans avoir été chercher son portable (qu'il utilisait maintenant plus souvent, et non, il n'avait pas supprimé les SMS d'arthur) pour mettre un réveil très matinal. Il dormait à nouveau seul depuis qu'Ulysse avait un peu mieux, et la chaleur d'un autre être humain (oui pas un raton donc) lui manquait. Il s'endormit rapidement.