“So now you're a brunette again ? I can't get why you're so obsessed by the way you look like.”1 Assise sur son lit, finissant de grignoter le morceau de toast qu'elle a pris à la cafétariat, l'une des deux colocataires d'Isleen darde cette dernière d'un regard critique. La doctorante, occupée à se sécher des cheveux revenus à leur couleur naturelle, ne peut pas faire mine de ne pas avoir entendu. Habituellement, elle l'aurait mouchée avec l'épée de l'Indifférence et serait partiefièrement, sans un regard derrière elle. Mais pas aujourd'hui. L'échéance de sa soutenance de thèse arrivait à grands pas et cela s'accompagnait d'une dose de stress toujours plus grande. Ajoutez à cela une vie sentimentale qui devenait, à son grand désespoir, bien trop compliquée à son goût et… Tadaaaam ! On obtient une jeune fille qui, peu à peu, se transforme en boule de nerfs. “Didn't you have a lecture to attend this morning ?” rappelle alors la plus âgée des deux. La première, jusqu'ici parfaitement tranquille, avise alors l'heure et commence à paniquer à l'idée de son retard. “Mr Palcego is going to be sooo happy to see how flippant you are towards his lectures.”2 Elle se délecte de voir les couleurs disparaître du visage de son interlocutrice et ne lui prête plus alors la moindre attention. Elle a fort à faire aujourd'hui.
La plume à papote gratte le papier du carnet à toute vitesse, comme à son habitude. Isleen, les cheveux relevés dans un chignon improbable, observe attentivement les volutes de fumée qui s'échappent de son chaudron. Les déceptions ont été moins nombreuses ces derniers temps. Avoir des cobayes à sa disposition avait grandement aidé à faire avancer ses expériences. Bon, elle avait eu deux ou trois complications. Un de ses volontaires avait momentanément eu les yeux brillants dans le noir – pendant environ une semaine, avant que ça passe tout seul. Un autre avait du faire face à la métamorphose de certaines parties de son corps en tentacules, ce qu'elle n'avait pas pu inverser, mais qui l'avait fait rire pendant plusieurs heures. Aujourd'hui, pas de cobayes. En revanche, elle essayait d'affiner son protocole sur le stupéfix, qui avait donné de sérieux résultats jusqu'ici. La distillation du sort de Désillusion allait bon train également – outre les tentacules qui poussaient à certains endroits. Au moins, jusqu'ici, personne n'était mort. En revanche, le chaudron qu'elle surveillait commençait à montrer des signes inquiétants. La couleur venait de virer brusquement du bleu pâle au rouge vif, et les volutes, jusqu'ici belles arabesques régulières, devenaient petits ronds de fumée noirâtre. Ca pue du cul. Elle a sans doute trop fait chauffer son bouillon dans lequel jeter le sort. La plume à papote s'empresse de la préciser quand, d'un coup, la fumée qui s'élève devient noir charbon et emplit le laboratoire. Les deux autres potionnistes présents échangent un regard avec la jeune femme. Ils savent tous les trois quelle est la prochaine étape, et n'ont que le temps de lancer un sort de protection sur eux et la pièce… BOOM ! L'explosion est impressionnante. Elle fait trembler tout le bâtiment des laboratoires. Mais, grâce aux réflexes des étudiants, pas de dégâts. Juste un peu de casse, qu'ils s'empressent de faire disparaître avec un flegme qui prouve que ce n'est la première fois qu'une telle chose arrive. Pas un reproche n'est adressé à Isleen, chacun d'entre eux ayant déjà eu à subir cette mésaventure. Il ne faut pas bien longtemps pour qu'ils remettent de l'ordre. Ils ont tous un peu de suie sur le visage, une blouse sur les épaules et retournent à leurs travaux. Isleen, après avoir fini de ranger ses affaires, sort enfin du laboratoire et file rapidement vers la réserve d'ingrédients qui est mise à disposition des doctorants en magie avancée. Elle s'avance dans les couloirs, la baguette dépassant d'une des poches de sa blouse, son carnet et sa plume à papote de l'autre. Quand elle passe dans l'autre sens, elle fait léviter devant elle tout un tas d'ingrédients et retourne droit vers les labos. Au loin, elle aperçoit… Oh. Mr Palcego. Que faisait le professeur de métamorphose par ici ? Avait-il entendu le bruit de l'explosion ? Avait-il besoin de quelque chose ? Non, ce n'était pas le genre de la maison. “Good morning Sir !” claironne Isleen avec sa bonne humeur habituelle, imperméable qu'elle est aux tempéramments ronchons ou aux mauvais caractères. “It's unusual to see you in the labs department… Are you looking for anything ? Can I be of any help ?”3 ________________________ 1 Donc maintenant, tu es à nouveau brune ? Je ne comprends pas comment tu peux attacher autant d'importance à ton apparence. 2 Tu n'avais pas un cours magistral, ce matin ? Mr Palcego va être teeeeellement ravi de constater ta désinvolture vis à vis de ses conférences. 3 Bonjour Monsieur ! C'est inhabituel de vous voir passer par le département des labos… Vous cherchez quelque chose ? Je peux vous aider ?
Invité
Sujet: Re: Boom Baby Dim 7 Avr - 12:50
Show me what you got !
Encore un cours magistral de terminé. Encore une session de quatre heures de mon existence destinée à rabâcher des informations dont la plupart de mes élèves auront déjà oublié d'ici quelques jours, agrémenté d'une minorité d'incapables et saupoudré de glandeurs nés. Je n'évoquais même pas ceux qui pour je ne sais quelle raison tentait de m'amadouer avec leurs yeux de biche ou via la renommée de papa. Si vous saviez, la métamorphose a de cela qu'elle forge un caractère de caméléon, qui s'adapte à son environnement pour mieux survivre. Vous vous trompez tous de chemin en pensant me corrompre ainsi.
Je persistais cependant dans ma quête de bons éléments, à tout le moins prometteurs. Des boules de talent malléables, qui n'attendaient qu'un petit coup de main pour les pousser dans la .... ma bonne direction. Ces perles étaient rares et souvent suffisamment intelligentes si l'on ne faisait pas preuve de finesse. Au moins je trouvais cela amusant, tuer l'ennui ainsi en plus de mes propres expériences rendait mes journées plus faciles à supporter.
En parlant d'expériences personnelles, j'avais prévu de me rendre dans le bâtiment des laboratoires histoire de tester un début de potion permettant de favoriser les métamorphoses. À l'exception d'un ou deux que je disposais déjà, les ingrédients n'étaient pas spécialement compliqués à trouver, tout était question de dosage. C'était le souci avec l'expérimental et je n'osais imaginer le nombre d'échecs avant que la première potion de polynectar fut une réussite.
Je me dirigeai donc vers la réserve dédiée aux étudiants de dernière année, plus fournie et plus tranquille que celle mise à disposition pour les première. Non seulement il y avait moins de monde mais la pièce était plus proche de la salle de laboratoire. S'il y avait trop de monde j'attendrai le soir tard pour poursuivre mes tests.
Je fus dérangé dans mes pensées par une voix s'élevant dans le couloir, visiblement à mon attention. Clignant des yeux pour revenir dans cette réalité, mon regard se tourna vers mon interlocutrice que je reconnaissais comme étant l'une de mes anciennes étudiantes. Elle était sur sa thèse je crois, mais je n'arrivais pas sur l'instant à me remémorer son nom.
- Bonjour mademoiselle. fis-je en retour, d'un ton qui ne se valait pas plus froid qu'encourageant, juste ... courtois. Je pris quelques secondes alors qu'elle m'interrogeait indirectement sur les raisons de ma présence ici, pour détailler les différents ingrédients lévitant autour d'elle. Chacun était autorisé mais je ne saisissais pas l'objectif de leur addition. Rien de conventionnel en tout cas, du peu que j'en voyais.
La fixant de nouveau, j'haussais légèrement un sourcil avant de lui répondre calmement, un fin sourire sur les lèvres. À moins que nous n'ayons pas les mêmes heures de travail, non ? Comme une bulle de savon qui éclate dans les airs, son nom me revint. Cet entrain, cette énergie presque désinvolte envers et contre tout, je me souvenais de Miss O'Toole. Et vous dites moi, que comptez-vous faire avec tous ces ingrédients ? J'ai toujours été curieux de nature, bien plus que de raison et tout cela piquait ce besoin de savoir, juste pour m'en mêler et y rajouter mon grain de sel. Elle empruntait le chemin du laboratoire ce qui supposait qu'elle allait tenter une nouvelle expérience avec ces ingrédients. L'occasion rêvée pour moi.
J'allais me rendre à la réserve mais vous semblez l'avoir dévalisée. Suivez-moi le temps que je m'approvisionne, vous m'expliquerez un peu ce sur quoi vous travaillez. Sans attendre une quelconque protestation qui tomberait dans l'oreille d'un sourd, je la dépassais pour rejoindre ladite caverne aux trésors.
La porte magique s'ouvrit une fois que je fus reconnu comme faisant partie des autorisés et choisit au hasard divers ingrédients, parmi les plus communs, m'emparant discrètement d'un réactif que je glissai dans ma poche sans qu'elle ne s'en rende compte. Leviosa Windgardium fis-je d'un mouvement de baguette, faisant léviter mes provisions avant de regarder Miss O'Toole.
- J'aimerai voir ce sur quoi vous travaillez, si vous n'y voyez pas d'inconvénients Évidemment que non elle n'en verrait pas, ce n'était pas comme si elle avait le choix de toute façon. En ce moment, certains murs de la MUL tremblent et je cherche un moyen de résoudre cela. Peut-être me serez-vous d'une aide insoupçonnée, qui sait.
Ma mémoire avait été lente à la détente en cette morne matinée, mais maintenant que je me souvenais de qui elle était, certaines bribes d'autres étudiants se plaignant des expérimentations bruyantes et aux résultats plus qu'aléatoires me revenaient en tête. Ce qui en soi, avait eu un impact positif vis-à-vis d'elle. Seuls les couards ne cherchaient jamais à sortir de leur zone étriquée de confort.
Une fois le seuil du laboratoire franchi, j'avisai deux étudiants affairés sur leurs chaudrons respectifs. Ils étaient concentrés et s'échangeaient quelques propos jusqu'à notre arrivée, Isleen et moi. Surpris de ma présence, ils me saluèrent poliment avant d'imaginer j'en étais sûr plusieurs scénarios sur notre entrée commune. Ils devaient probablement penser que j'allais descendre en flammes la demoiselle car je n'avais pas la réputation d'être quelqu'un faisant preuve de beaucoup de mansuétude. Ho, un autre moyen d'amusement.
- Allez fis-je à son attention en ne tournant qu'à moitié mon visage, d'une voix froide exécution. Montrez-moi quels désastres vous êtes en train de concocter. Je lui montrais du doigt l'emplacement où nous allions nous rendre, assez éloigné des deux étudiants présents. Si elle avait laissé des affaires ici, je lui laisserai le temps de tout déménager. Quant à moi, j'avais déjà une petite idée en tête de la suite des événements.
Un grand sourire aux lèvres, Isleen se montre courtoise et de bonne humeur, comme toujours. Que face à elle se tienne l'un des professeurs les plus redoutés de l'université ? Boarf, même pas peur ! Elle avait survécu aux cours magistraux de sortilèges d'Ash Nightingal, elle pouvait survivre à tout. “I'm working on my dissertation, Sir !”1 claironne-t-elle lorsqu'il lui demande ce qu'elle faisait avec tous ces ingrédients. Elle ne se fait cela dit pas prier pour le suivre jusqu'à la Réserve, curieuse elle-même de savoir ce qu'un enseignant émérite en métamorphose pouvait bien vouloir aux laboratoires de potionnistes. Et puis, il lui demande lui-même ce sur quoi elle travaille, et elle ne va pas se priver de le lui dire. S'il y a bien un sujet sur lequel elle est intarissable, c'est son domaine de recherches. “I'm currently working on spell distillation, that is to say putting a spell into a phial. The actual spell, I mean, not a pale imitation of its effects.” Elle maintient les ingrédients en lévitation du bout de sa baguette, observe le professeur fouiller dans les méandres de la Réserve. “I'm establishing protocols for that as well. It's all about understanding magic and its very essence, what it is made of, how it works…”2 Elle ne regarde pas spécialement ce qu'il fait. Insouciante ? Oui, sans doute. Et puis, il faut dire qu'elle estime ne rien avoir à cacher, donc elle n'a aucune raison de se montrer méfiante. Il récupère ses propres ingrédients avant de se tourner vers elle. Les sourcils se haussent sur le visage de l'étudiante. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il s'intéresse vraiment à son travail. Après tout, le noble art des potions ne fait pas partie de son domaine de compétences, si ? Bientôt, la voici qui, d'un mouvement désinvolte des épaules, montre qu'elle ne voit pas d'inconvénient à lui montrer, quand bien même n'en voit-elle pas l'intérêt. Elle a déjà Miss Slaviskova vers qui se tourner, en cas de problème, et n'hésiterait pas, le cas échéant, à aller voir l'expert en sortilèges de l'université. Alors Mr Métamorphose ? Moui, ce n'était pas la personne vers laquelle elle se tournerait naturellement. “I don't mind. Though if you want the walls to stop shaking, I might have to suspend my researchs,” avoue-t-elle, non sans un soupçon de fierté suintant dans la voix. “My preparations have been tending to explode quite a lot lately.”3 Elle n'a aucun complexe à avouer les impasses dans lesquelles elle se trouve parfois. Un chaudron qui explose, parfois, c'est le signe d'une expérience qui arrive à son terme.
La porte du laboratoire s'ouvre et Isleen retourne vers son plan de travail, y étale ses affaires et… Hausse à nouveau les sourcils en voyant qu'on lui impose de se déplacer. Eh bah dis donc, il était mal luné, le père Palcebo aujourd'hui ! Avait-il quelque chose à compenser pour exiger ainsi des choses aussi incongrues que de la voir s'installer ailleurs que là où elle était jusqu'ici. Boarf. Plutôt complaisante, elle déplace tout du bout de sa baguette, chaudron y compris – elle n'utilise jamais que son propre chaudron pour ses expériences – et ressort tout le bordel qui était enfoncé dans ses poches. Le carnet reprend une place de choix, la plume à papote se tient prête à faire toutes les annotations nécessaires. Et hop, la voici qui reprend, avec un naturel déconcertant, la valse de la potionniste. Elle verse l'eau, les ingrédients, fait chauffer les flammes sous son chaudron, suit le protocole qu'elle a mis en place pour la distillation du sort de stupéfixion. À la lueur des flammes, le pendentif en forme de fiole, brillant de chance liquide, s'illumine de mille feux. Et pendant ce temps… “The difficulty resides in the preparation of the broth. It has to be stable enough to welcome the spell. It is different for every single spell. That's why I have studied every detail, every effect of the said spell to know what environment would allow it to blossom and keep its properties.”4 On remarquera qu'elle ne va pas dans les détails. Elle enchaîne les préparations, glisse les ingrédients dans un ordre précis, et, quand sa préparation prend une teinte olivâtre, débouche une fiole qui traînait jusqu'ici sur sa table, et en fait couler trois gouttes dans son chaudron. Immédiatement, le contenu devient d'un beau bleu pâle, et de belles volutes en forme d'arabesques s'en échappent. C'est là qu'est le moment délicat. Elle l'a fait trop cuire, tout à l'heure, et c'est ce qui a provoqué l'explosion. “It needs me to be quite organized, of course.”5 Parfois, il lui faut faire mijoter ses bouillons pendant plusieurs semaines, d'ajouter le sort à la pleine lune… L'étudiante, qui déjà s'affaire depuis de bien longues minutes sous le regard de son enseignant, attrape une fiole, et y glisse une partie de sa préparation grâce à sa baguette. Elle éteint les flammes sous le chaudron, prend une profonde inspiration. Maintenant, tout est affaire de timing. Bouchon ? Prêt. Fiole ? Prête. Sort ? “Stupefy !” Un éclair de lumière rouge s'échappe de la baguette et vient se glisser dans la fiole que la jeune femme tient à la main. En un instant, elle attrape un bouchon et s'empresse de boucher la fiole pour emprisonner le sort à l'intérieur. Elle attend une seconde. Deux. Avant qu'un sourire ne déchire son visage : elle a enfin réussi. Le sort de stupéfixion est coincé. “Now… All I need is to try this on a volunteer.”6 Pendant que la jeune femme montre la fiole à son professeur, plein d'une liquide bleuâtre dans lequel on voit flotter des paillettes rouges, la plume à papote finit de noter les dernières observations de la Gryffondor. C'est une victoire, pour elle, aujourd'hui. ________________________ 1 Je travaille sur ma thèse, Monsieur ! 2 Je travaille actuellement sur la distillation de sortilèges, c'est à dire enfermer les sorts dans des fioles. Le sort en lui-même, j'entends, pas une pâle imitation de ses effets. Pour ça, j'établis des protocoles. C'est une question de compréhension de la magie et de son essence même, de quoi c'est fait, comment ça marche... 3 Ca ne me gêne pas. Bien que si vous voulez que les murs cessent de trembler, je devrais arrêter mes recherches. Mes préparations ont tendance à pas mal exploser ses derniers temps. 4 La difficulté réside dans la préparation du bouillon. Il doit être assez stable pour accueillir le sort. C'est différent pour chaque sort, bien sûr. C'est pour ça que j'étudie chaque détail, chaque effet dudit sort pour comprendre quel environnement peut lui permettre de s'épanouir et de garder ses propriétés. 5 Ca me demande de l'organisation, bien sûr. 6 Maintenant… J'ai juste besoin de le tester sur un volontaire.
Invité
Sujet: Re: Boom Baby Dim 7 Avr - 18:16
Show me what you got !
On ne pouvait pas lui enlever que sa bonne humeur était un atout dans la manche de la demoiselle, même si mon scepticisme inné me demandait s'il s'agissait là d'une façade de circonstance pour éviter de creuser un peu plus les sujets qui fâchent. Dans l'immédiat, ma curiosité penchait plus sur son travail que sa psychologie, il adviendrait de m'y intéresser en temps et en heure, si cela valait la peine.
Tout en farfouillant pour les apparences dans les différentes étagères de la réserve, j'écoutais la demoiselle me préciser la nature de ses recherches. La distillation des sortilèges ? Intéressant concept. Le sujet me semblait éminemment vaste mais l'idée même de s'y plonger prouvait qu'elle n'avait pas froid aux yeux.
- Quelle différence avec une potion de Polynectar par exemple. On peut penser qu'il s'agit là d'une métamorphose en potion, non ? Voulez-vous simplement élargir ce genre de potions à d'autres sortilèges ou prouver quelque chose d'autre encore avec ce concept de distillation ? Je voulais connaître son approche dans ce qu'elle tentait de développer comme sujet de thèse. Le polynectar était finalement la potion par excellence de la métamorphose, domaine qui m'était forcément cher. J'avais déjà quelques indices alors qu'elle évoquait la compréhension de l'essence même de la magie. Vaste et ardu sujet pour une étudiante, d'autres vénérables sorciers sont morts avant d'avoir pu percer les mystères de la magie.
Une fois le déménagement magique entrepris, je reste un peu en arrière mais suffisamment proche pour ne rien rater de ce qu'elle entreprend. Dans ma vision périphérique, je sais que nous avons capté l'attention des deux étudiants plus loin et c'était exactement le but recherché. Pourquoi par la barbe de Merlin un professeur irait demander à une élève un peu kamikaze de s'éloigner, si ce n'est pour les protéger ou mieux la punir ? Faisant mine de les ignorer, je pouvais constater que Miss O'Toole ne manquait pas de dextérité quand il s'agissait de manier les ingrédients de sa mixture. Elle enchaînait sa recette personnel avec un naturel que seule la force de l'habitude pouvait se permettre.
M'approchant d'elle, je lui murmurai d'un ton presque amusé : Si je voulais que vous cessiez que les murs tremblent, vous seriez déjà en retenue mademoiselle. avant de revenir dans ma position droite initiale.
Croisant les bras devant mon torse, attentif aux réactions alors qu'elle laisser couler trois gouttes d'une fiole qui avait échappé à mon attention. La réaction ne se fait pas attendre et ce serait mentir que de ne pas admettre avoir hâte de ce qu'il allait advenir ensuite. Par mesure de précaution, ma main s'attarde sur ma baguette magique, je ne voulais pas devenir un dommage collatéral d'une expérience bâclée ou juste mal organisée.
La tension monte d'un cran et je la vois se saisir de sa baguette, concentrée sur un timing qui semble serré. Quand elle lance un sort de stupéfixion, celui-ci se dirige directement dans la fiole, à ma grande surprise. De base, le sort est censé toucher un être vivant or le contenu de la fiole a comme attiré le sort pour l'emprisonner. Isleen referme alors le contenant et patiente, l'air aussi impatient qu'incertain. Je partage d'une certaine façon cette attente avant qu'un sourire ne vienne trancher sur le résultat de son expérience.
Alternant mon regard entre la demoiselle et le fruit de son travail, je finis par sourire à mon tour bien que de façon plus contenu. J'observe la fiole qu'elle me montre avant de tendre la main pour m'en saisir. Si réticence elle venait à avoir, je comptais de toute façon voir de plus près l'intérieur de la fiole.
- Très intéressant dites moi ... Stupéfiant si je peux me permettre cette analogie. Avec délicatesse, je remuais du bout des doigts la fiole pour constater que les paillettes étaient en perpétuel mouvement, comme une charge électrique dans un milieu liquide. - Une fois en possession de cette potion, comment faites-vous pour l'utiliser ? Doit-on la boire, la jeter sur la cible, juste l'ouvrir en direction de celui qui aura le plaisir d'être figé ?... Généralement les potions se devaient d'être bues, mais la façon dont le sort réagissait dans la mixture me laissait croire qu'il pouvait exister un autre moyen de l'utiliser. Qui serait assez fou pour boire une telle potion, même à son insu. Les couleurs flamboyantes étaient trop évidentes pour paraître naturelles, même en la mélangeant dans un autre liquide.
- Une fois emprisonné, avez-vous déjà calculé combien de temps votre sort reste actif ou pas ? Vu l'engouement qu'elle avait manifesté pour expliquer même sommairement le sujet de sa thèse, les réponses qu'elle me fournirait ne manqueraient pas ni de m'intéresser ni de m'en faire poser d'autre.
- Quant au cobaye .... Mon ton se fit plus bas, de nouveau dans la confidence. Je suis persuadé que vous savez comme moi qu'il est strictement interdit de tester des potions sur d'autres camarades, aussi le meilleur cobaye dans l'immédiat reste vous-même, non ? Je pourrais nous tranplaner vers l'infirmerie si cela par extraordinaire venait à tourner mal.
Reculant d'un pas, j'attendis sa réaction face au dilemme que je lui soumettais. Comme pour rajouter un enjeu à son choix, je lui demandais cette fois de s'approcher, histoire que nous ne soyons de nouveau que deux à entendre. J'ai toujours apprécié chez mes élèves l'abnégation et la prise de risque pour avancer. Aussi entrer dans mes bonnes grâces peut comporter de nombreux avantages je dirai.
À elle de jouer son prochain coup sur notre échiquier.
“Polyjuice is the perfect example of what I am not working on,” précisa la jeune femme en préparant sa potion. “I am not interested in creating a potion that would imitate the effects of a curse. I'm trying to distil the actual curse.”1 Le professeur a pu sentir, dans le ton de la voix et son débit, un peu monocorde, qu'Isleen sert cette explication très régulièrement, pour ne pas dire dès qu'on lui demande l'intérêt de ses recherches. Elle se moque, globalement, de savoir si on comprend l'intérêt qu'il y a à enfermer un sort dans un flacon. Imaginez un peu les possibilités ! Un patronus dans un flacon, qu'importe votre état psychologique, votre capacité à conjurer un souvenir heureux ou votre talent en magie : il se formera quoi qu'il arrive et remplira son rôle. C'était un champ de recherches qui, elle n'en doutait pas, intéresserait bien sûr le Département de Justice Magique, mais aussi les Cracmols… Ou ceux qui, comme son pâtissier préféré, avaient perdus leurs pouvoirs suite au dernier coup d'éclat des Deathwings. N'allez pas croire pour autant qu'il s'agit là d'un acte d'altruisme et de bienfaisance de la part d'Isleen. Elle ne s'intéresse même pas à la montagne de gallions qu'elle pourrait se faire en vendant ses recettes, ou bien celle qui rentrera dans les caisses le jour où elle publiera enfin ses travaux. Non, elle le fait par pur intérêt scientifique. Le sujet la passionne, la fascine, et est si vaste qu'elle aura sans doute de quoi s'occuper avec jusqu'à la fin de ses jours. Ça lui aura pris deux ans pour distiller ses deux premiers enchantements ; et, depuis quelques semaines, le rythme s'accélère et ses recherches portent enfin leurs fruits. Dans les flacons entreposés dans un petit coffret, sous son lit, on trouve désormais un flacon d'Alohomora, de Wingardium Leviosa, ses deux premières réussites, mais aussi un de Lumos, et désormais un de Stupéfix. Et elle était à deux doigts d'avoir celui de Désillusion.
Autant vous dire qu'une fois lancée dans sa préparation, Isleen ne songe pratiquement plus à l'enseignant. Peut-être glousse-t-elle quand il évoque une histoire de retenue – comme si on collait des doctorants, franchement, il la prenait pour quoi, une collégienne ? – mais rien de plus. En revanche, quand enfin vient le moment attendu, elle semble à deux doigts d'esquisser une petite danse victorieuse. Il faut dire que ça fait un petit mois qu'elle travaille sur son bouillon, et elle est ravie de voir qu'elle a enfin réussi. Sans méfiance, elle laisse l'homme s'emparer de sa fiole pour l'observer de plus près, mais ne la lâche pas des yeux. Derrière elle, on entend le grattement hâtif de la plume à papote sur le carnet, notant furieusement toutes les observations passant par la tête de l'étudiante. Les pages du carnet se tournent toutes seules, au fur et à mesure. Et l'encre noircit le papier, sans état d'âme. Bientôt, Isleen doit faire face à une salve de questions. Elle hausse les sourcils, décidément fort surprise de voir l'enseignant s'intéresser ainsi à ses recherches. Elle avait déjà été étonnée de voir Miss Slaviskova accepter d'encadrer sa thèse – après tout, les Runes étaient assez éloignées de son domaine – mais maintenant, le prof de métamorphose… En fait, les seuls qui ne semblaient pas s'en inquiéter étaient ceux qui devraient être les plus intéressés : Mr Nightingal et Miss Trevelyan. “It depends from the spelland how it is distilled. This one is supposed to be sent at. It should be cast the moment the phial breaks,” explique-t-elle de la façon la plus claire possible. C'est tellement évident pour elle… “And I can't say how long it stays in the phial. So far, no spells I have distilled has got out. Some of my phials are… I'd say thirteen months old, or so.”2 Les dates de péremption sont difficiles à estimer. Alors Isleen teste… Et attend de voir. Aucune fiole n'a encore lâché et le sort y semble aussi vif qu'au premier jour. “I observed no variation of colour in the potion. I have strong reasons to think the spell might break its container the moment the broth won't be enough to keep it in. Again, it'll depend on the spell. According to my calculations, the more powerful and complex the spell is, the shorter you can keep it in.”3 Ce qui ne l'arrange pas. Mais elle s'attarderait sur cette limite plus tard. Distiller d'abord, affiner après. Agir avec méthode lui semblait être la moindre des choses. Isleen parle avec une certaine passion de ses résultats, de ses réflexions. Elle n'a aucun complexe à les partager. Qu'on puisse lui voler ses recherches ? Ça ne lui effleure même pas l'esprit. Elle souhaite d'ailleurs bien du courage à celui qui se retrouverait à essayer de décrypter ses notes. La suite a de quoi destabiliser, mais visiblement, cela amuse plus la jeune femme qu'autre chose. La Gryffondor est une choixpeaufloue avérée, ce n'est un secret pour personne. Elle a la fourberie du Serpentard et le goût de l'érudition du Serdaigle. Et ne recule devant rien quand il s'agit de son travail. “The thing is…” commence-t-elle, veillant à choisir ses mots avec minutie. “… that I need to see exactly how the spell works, and how the subject reacts. Of course I'll have to test it onto myself, to know what it feels like, sooner or later.”4 Elle a récupéré sa fiole, et sa bonne humeur, peu à peu, laisse place à son côté plus mutin, comme si elle essayait de deviner les pensées de l'homme face à elle. “Although… Accidents do happen,”5 fait-elle savoir d'un air un peu plus désinvolte en agitant légèrement son flacon. Elle ne peut décemment pas lui dire qu'elle a déjà des cobayes à disposition. Elles étaient tombées d'accord, Miss Slaviskova et elle, que ce genre d'expériences flirtaient avec la légalité et qu'une grande discrétion était de mise. “I'm afraid, as disappointing as it might sound, not to be able to satisfy your curiosity for today, Sir,”6 glisse-t-elle en rangeant ses affaires d'un coup de baguette. Seul son carnet et la plume à papote restent sur un coin du plan de travail, comme oubliés nonchalemment. Le chaudron rétrécit et va de lui-même se clipser au sac de la jeune femme alors qu'elle en passe la lanière sur son épaule. Flacon toujours à la main. Elle fait mine alors de se diriger vers la porte, passe devant les deux autres rats de laboratoire, leur adresse un signe de main. “Ach, dammit, I forgot my… Oh, shite, be careful !”7 La fiole lui a échappé. Vraiment ? Comme au ralenti, le petit flacon tombe sur le sol, rebondit sans se casser. Isleen recule d'un pas. Et dans un bruit de verre brisé, le tube éclate aux pieds d'un des deux expérimentateurs. La plume à papote est déjà en train de prendre des notes. Un éclair de lumière rouge jaillit et frappe le garçon en blouse blanche. Ce dernier reste interdit, une seconde, avant qu'Isleen se jette sur lui pour le rattraper et l'empêcher de tomber à terre. Elle l'allonge à terre, observe d'un coup d'oeil le visage, les yeux encore ouverts, le corps inerte. Stupéfixé. Magnifiquement stupéfixé. “Enervatum.” Les yeux de l'étudiant papillonnent. C'est définivitement une réussite. “I'm so, so, soooo sorry lad !” s'exclame alors l'étudiante dans un petit numéro bien rôdé. “You feeling alright ?”8 ________________________ 1 Le Polynectar est l'exemple parfait de ce que je ne suis pas en train d'étudier. Je ne m'intéresse pas à la création d'une potion pouvant imiter les effets d'un sort. J'essaie de distiller le sort en lui-même. 2 Ca dépend du sort et de la façon dont il est distillé. Celui ci est destiné à être lancé. Il agira au moment où la fiole se brisera. Et je ne peux pas dire combien de temps il restera actif dans la fiol. Pour le moment, aucun des sorts que j'ai pu distiller ne s'est échappé. Certaines de mes fioles ont… Je dirais treize mois, à peu de choses près. 3 I n'ai observé aucune variation de couleur dans la potions. J'ai de solides raisons de penser que le sort cassera son récipient au moment où le bouillon ne sera plus suffisant pour le maintenir. Encore une fois, ça dépend du sortilège. D'après mes calculs, plus le sort est puissant et complexe, moins on arrivera à le conserver longtemps en bouteille. 4 Le problème est que j'ai besoin de voir exactement comment le sort fonctionne, et la façon dont réagit le sujet. Bien sûr, je devrai le tester sur moi-même pour savoir ce que ça fait, tôt ou tard. 5 Cela dit… Les accidents arrivent. 6 J'ai bien peur, aussi décevant que ce soit, de ne pas pouvoir satisfaire votre curiosité aujourd'hui, monsieur. 7 Ah, mince, j'ai oublié mon… Oh merde, attention ! 8 Je suis tellement, tellement, teeeellement désolée mec ! Ça va aller ?
Invité
Sujet: Re: Boom Baby Lun 8 Avr - 19:31
Show me what you got !
Je saisissais la nuance au fur et à mesure qu'elle expliquait la subtile différence entre ce qu'elle expérimentait et ce qui existait déjà au travers d'une potion de Polynectar. Procédé radicalement différent pour un résultat similaire. Cependant, certaines potions comblaient les lacunes en magie dans la réalisation de certains sorts. Par ses recherches, elle rendait la pareille en comblant un pan de l'étude des potions en forçant la voie par la magie. Combiner le mélange précis d'ingrédients à une magie de principe abstraite pour l'emprisonner. Les perspectives étaient des plus encourageantes et les possibilités quasi infinies pour peu que l'on ait le temps, l'intelligence et de l'imagination. Il fallait par contre que ça ne tombe pas entre toutes les mains. Si les moldus se mettaient à avoir cela entre leurs mains, c'était la catastrophe assurée. Même si en soi, les moldus n'avaient pas vraiment besoin d'une fiole d'Avada Kedavra pour se tuer à tour de bras. - Votre sujet de thèse a un potentiel énorme Miss O'Toole. Le professeur Trevelyan doit être enchantée de vous tutorer non ?
Peu d'élèves soutenant une thèse avait choisi la métamorphose comme sujet principal depuis que j'avais intégré mes fonctions. Peut-être étais-je en partie responsable, les étudiants soupant déjà assez de me supporter pendant le cursus pour se flageller un peu plus pour que je sois leur maître de soutenance. Pourtant, quoi de plus intéressant que la métamorphose, les possibilités qu'elles offraient sur notre perception des choses. Le sujet n'était pas là cependant.
Histoire d'étancher un peu ma curiosité, je m'hasardais à lui poser diverses questions, me permettant d'évaluer à quel stade d'avancement ses recherches se trouvaient. Quand elle m'indiqua que certaines de ses potions avaient plus d'une année, j'haussais un sourcil de surprise. Aussi longtemps ? Sans que son efficacité n'en soit altérée ? Si c'est le cas, je suis impressionné. Mon cerveau carburait à plein régime en imaginant les possibilités et les risques qu'une telle découverte se démocratise. N'importe quel Cracmol pourrait lancer dans une foule d'éminents sorciers une fiole d'Oubliettes acheté quelques minutes auparavant.
- Avez-vous déjà pu tirer quelques conclusions ou analogies entre les sorts capturés selon qu'ils soient offensifs ou défensifs par exemple ? Je présume que chaque sort doit être contenu dans un mélange différent à chaque fois, à mons que vous n'ayez trouvé une solution liquide plus ou moins universelle ?
Selon elle, la conservation dans son contenant de départ était liée à la puissance du sort. En soi, cela semblait logique si on considérait un sort comme une source d'énergie qui se libère d'un point A vers un point B. Si vous le stoppez en un point - appelons le A' - il va chercher une sortie d'une façon ou d'une autre.
Je ne cachais pas mon intérêt, tant parce que mon statut de professeur le permettait mais parce que la jeune femme qui se présentait devant moi révélait un potentiel des plus intéressants. Une sorte de diamant brut qui ne demandait qu'à être taillé.
- Il est plaisant de voir des élèves sortir de leur zone de confort, ne pas se contenter du strict minimum pour obtenir leur diplôme pour faire joli accroché au mur derrière son bureau.
Elle récupéra rapidement sa fiole, craignant visiblement que je ne puisse la garder pour une quelconque raison bidon. Certes, j'aurai pu mais je me la serai mise à dos et le calcul aurait été très mauvais pour un intérêt limité au possible. Elle venait de m'avouer que bien évidemment elle testait ses expériences sur elle avant d'enchaîner sur un ton amusé qui trahissait bien plus la vérité.
Haussant les épaules, je ne pus que faire mine d'acquiescer d'un air grave. - Les fameux accidents. Ce n'est pas moi qui enseigne la métamorphose qui vous dira le contraire oui ...
Je la vois ranger son sac, signe que l'entrevue que je m'étais accordé avec elle touchait à sa fin. Après tout, elle pouvait s'arroger plus de libertés qu'une simple étudiante encore en études. Cachant ma déception, je patientais calmement avec mes ingrédients que je déposai finalement sur la table désormais libérée. Je vous souhaite une excellente journée Miss O'Toole et vous remercie pour ces quelques précisions. Je gage que vous réussissiez dans ce que vous entreprendrez.
La voilà qui se dirige vers la sortie non sans passer à côté des étudiants qui n'étaient guère concentrés sur leurs propres travaux. Le plus étonnant dans ce départ précipité était que son objet le plus précieux était le moins protégé. Tout avait été soigneusement rangé sauf la fiole de stupéfixion qu'elle tenait presque négligemment dans la main. Fronçant les sourcils je vis celle-ci glisser malencontreusement de ses doigts pour venir se fracasser, comme au ralenti, aux pieds d'un des étudiants. Le résultat ne se fit pas attendre, un éclair rouge vint percuter le malheureux qui se retrouva tendu comme un trébuchet. Délaissant le plan de travail, je m'approchais du trio alors qu'Isleen rendait l'état normal du jeune homme grâce au contre sort adéquat. Bras croisés sur le torse, je regardais l'étudiant reprendre ses esprits, encore sous le choc de cette attaque surprise. Claquant des doigts pour me faire remarquer de l'autre étudiant qui regardait la scène avec ses yeux de merlan frits, je le secouai un peu histoire qu'il dégage de ma vue : Emmenez votre camarade à l'infirmerie, faites le examiner par Miss Faraday. Simple sort de stupéfixion, mais demandez lui s'il ne souffre pas d'un autre effet secondaire. Vous irez me voir ensuite dans mon bureau pour me dire ce qu'il en est. J'ai à cœur de m'assurer de la santé des élèves de cette université.
J'en avais strictement rien à faire, mais les éventuelles conclusions de l'infirmière bien plus. Laissant les deux quitter la salle, je toisai la demoiselle qui n'avait pas l'air franchement navrée par la situation, à en voir la lueur d'excitation qui brillait dans son regard.
- Cela dit ... Les accidents arrivent. N'est-ce pas ? M'avançant de deux pas pour me retrouver à côté d'elle, je jetais un œil aux débris avant de lancer un Reparo qui reconstitua le contenant que je fis voleter vers Isleen. Trop impatiente de le tester sur le premier venu, ou était-ce un cadeau que vous me faisiez en me montrant votre dextérité dans la distillation des sorts, hmm ?
Elle n'était pas plus née que moi de la dernière pluie et nous savions tous deux que tout était orchestré pour faire du pauvre bougre un sujet de test malgré lui. Or rien dans ma voix ne trahissait une quelconque gêne dans cette façon de faire, si ce n'est cette éternelle curiosité d'en savoir plus sur celle qui se tenait face à moi.
“Miss Trevelyan ? Och, no, I'm being supervised by Miss Slaviskova !”1 fit remarquer l'étudiante, plus tôt. Inattendu, certes. Elle aurait pu demander à la Maîtresse des Potions de l'encadrer, ou bien à l'expert en sotilèges, car son sujet était une habile combinaison des deux domaines de prédilection de ces enseignants. Mais non. Isleen avait porté son choix sur le maître de conférence en étude des Runes. Elle pouvait se le permettre : étudiante brillante, elle avait un potentiel qui inciterait bien d'émérites sorciers à s'associer à son travail. Elle avait donc préféré se tourner vers celle qui avait su déceler son potentiel avant tout le monde, et avec laquelle elle partageait un certain nombre d'affinités. Il n'y avait qu'à voir la façon dont elle avait compris, en un instant, le besoin de son étudiante d'avoir accès à des cobayes, et n'avait pas mis longtemps à lui trouver une solution assez peu compromettante.
En attendant, nous sommes face à un étudiant à terre qu'Isleen vient de réanimer, un petit sourire au coin des lèvres. Aucun effet secondaire à noter pour le moment. Elle ne se prive pas d'un long regard vers son camarade, comme le défiant d'oser ne pas la tenir au courant. Non pas qu'elle comptait ne pas aller voir sa victime à l'infirmerie – on s'en doute – mais un milliard de choses pouvaient arriver entre temps. Elle le laisse embarquer le pauvre étudiant, et se redresse de toute sa hauteur, le regardant sortir avec cet air ravi sur le visage. Ah ça, Isleen est un livre ouvert. Elle ne cache jamais ses émotions, car elle n'a jamais honte de rien. Et la voici donc en tête-à-tête avec l'enseignant en métamorphose, affrontant son regard avec une effronterie toute Gryffondor, incapable de se défaire de son sourire fier. Qu'était-ce, alors ? De la provocation ? De l'impatience ? Le besoin d'approbation ? Rien de tout cela. Ce n'était que de l'opportunité. Elle avait une possibilité de tester son sort de suite, de prouver sa dextérité par la même occasion… Et le tout sans prendre le risque que la fiole explose d'elle-même car elle ne sait pas, pour le moment, sa durée de conservation. Le silence tombe, après les questions de l'homme, alors que la jeune fille s'empare de la fiole qu'on lui a gentiment réparée. On n'entend plus que le grattement de la plume à papotes sur le papier du carnet. Isleen offre un grand sourire à Mr Palcego et le contourne souplement pour aller récupérer sa plume et ses notes, nonchalemment abandonnées sur son plan de travail. “Whichever you'd like better, sir,” répond-elle d'une voix presque chantonnante. “Let's say it's a combinaison of opportunities. Experimenting, and showing… Even showing off a bit, if I may say so.”2 Pour un peu, elle en ferait presque un clin d'oeil, dis ! Visiblement, elle est vraiment très contente d'elle. Comprenez la : elle travaille là dessus depuis tellement longtemps ! Chaque nouvelle distillation est une victoire. Et une victoire, ça se fête. Leen note mentalement d'aller voir Gunnar, ce soir, histoire de fêter ça. La petite fiole glissée dans l'une des poches de sa blouse, elle relit rapidement ses notes, non sans continuer à parler. “In case you're still interested in my research, I'll be happy to tell you more, sir. From the necessity of a stable broth to the choice of the right phial, since the shape of the said phial allows the spell to keep living into the broth.”3 Le naturel d'Isleen est souvent très déconcertant. Cette fraîcheur, cette spontanéité avait de quoi surprendre. Surtout quand elle s'adresse à une personne qui est bien plus avancée qu'elle dans la vie – enfin, d'une petite dizaine d'années à peine ! – et qu'elle n'hésite pas à lui parler pratiquement comme à un égal. Hey, c'est une doctorante ! Une chercheuse à part entière ! Et puis, elle n'oublie pas la politesse et le respect élémentaire, quand bien même semble-t-elle parfaitement à l'aise dans une situation où bien d'autres étudiants se seraient déjà fait dessus. “But if you're worried for my fellow student, I probably should tell you that no side effect should occur. The broth is just there to keep the spell, and isn't supposed to denature it. Technically, this wasn't more dangerous than being hit by an actual spell.”4 Admirez la notion de danger d'Isleen. Toujours un petit peu… Borderline. “I'm defending my dissertation in a couple of months, if everything goes according to plan. Would you wish me to send you an invitation to attend it ?”5 ________________________ 1 Miss Trevelyan ? Oh, non, je suis tutorée par Miss Slaviskova ! 2 Selon votre préférence, monsieurs. Disons qu'il s'agit d'une combinaison d'opportunités. Expérimenter, montrer… et frimer un peu, si je puis dire. 3 Dans le cas où vous seriez toujours intéressé par mes recherches, je serais ravie de vous en dire plus, monsieur. De la nécessité d'un bouillon stable au choix de la bonne fiole, puisque la forme de la fiole permet au sort de vivre dans le bouillon. 4 Mais si vous vous inquiétez de l'état de mon camarade, je devrais sans doute vous dire qu'aucun effect secondaire ne devrait apparaître. Le bouillon n'est là que pour emprisonner le sort, et n'est pas sensé le dénaturer. Techniquement, ce n'était pas plus dangereux que d'être frappé par un sort. 5 Je soutiens ma thèse dans environ deux mois, si tout se passe comme prévu. Souhaitez vous que je vous fasse parvenir une invitation pour y assister ?
Invité
Sujet: Re: Boom Baby Sam 13 Avr - 14:09
Show me what you got !
Je fus assez surpris quand elle m'annonça avoir comme tutrice non pas la professeure de potions comme la logique le supposait mais la vénéneuse Irina. Ma chère Irina s'intéressait comme moi aux éléments prometteurs prêts à sortir du moule de la MUL. Oh, Miss Slaviskova, choix intéressant, de sa part comme de la vôtre Miss O'Toole. Je me massais quelques instants le menton, me demandant comment la professeure de runes avait réussi son petit tour de force. Qui se ressemble s'assemble après tout, cela me donnait une idée un peu moins floue de l'étudiante.
Flou complètement balayé par le scénario mis en place pour tester en direct son expérience et fait croire à un malencontreux accident. Si en apparence je devais me montrer intransigeant, adoptant à la lettre le rôle du professeur sévère devant un tel manque de discernement, j'appréciais ce genre d'initiatives tant que je n'en étais pas la victime. Les conséquences auraient été toutes autres.
J'expédie l'élève touché à l'infirmerie, après qu'Isleen ait opéré le contresort de façon plus conventionnelle cette fois. Sa façon de s'excuser, son air désolé ne cache même pas la jubilation d'avoir parfaitement réussi sa mise en flacon. D'ailleurs, elle souriait à pleines dents devant moi, à l'image de ces enfants tellement fiers de leur bêtises que l'autorité parentale n'enlèverait en rien le plaisir ressenti.
- Faites semblant d'être désolée, un minimum vous savez, histoire de sauver les apparences. Vous avez beau techniquement ne plus être mon élève, nous ne sommes pas dans un laboratoire expérimental ici. Je lâche un fin sourire avant de la questionner sur les raisons de ce soudain test. Elle ne se démonte pas, ce qui ne m'étonna guère. Le simple fait qu'elle ait Irina comme tutrice en disait long et bien des choses semblaient plus limpides. Il faudra que je lui en touche un mot lors de ma prochaine rencontre avec elle au sujet de la demoiselle faussement ingénue.
Force était de reconnaître cependant qu'on sentait la passion animer ses recherches et des quelques années à fréquenter l'université, c'était rafraîchissant voire même rassurant. Elle n'était pas avare à partager ses connaissances et elle était tombée sur un bon client : j'étais un sempiternel curieux. Plus que les résultats en soi, ce serait plus la manière dont vous vous y êtes prise qui m'intéresse. Savoir qu'une fiole bombée correspond mieux à tel type de sort, je n'ai pas besoin de vous, mais deu carnet dont les pages ne cessent de se noircir depuis tout à l'heure. Mais connaître votre cheminement de pensée, les corrections apportées et bien d'autres choses encore, voilà le réel intérêt de votre travail.
Mes bras se décroisèrent et rangeant ma baguette dans ma poche intérieure de robe de sorcier, je laissai mes mains entrer dans les poches latérales.
Sa première remarque m'arracha un sourire, une expression sur mon visage qui pour le coup pouvait avoir plusieurs sens. Vous êtes talentueuse Miss O'Toole, ne laissez personne vous faire douter à ce sujet. Je marquais un court temps d'arrêt, lui laissant le temps de savourer un compliment dont j'étais sûr de ne pas être le premier à le lui dire. Mais ne surestimez pas non plus votre savoir, à vôtre âge et votre expérience. Laissez moi m'enquérir de la santé de l'élève que vous avez emporté avec vous dans cette expérience, car il faut du cran pour tenir la vie d'un autre entre ses mains, en supposant que tout devrait bien se passer. La magie était aussi simple, accessible que mortelle après tout. On arrive bien à tuer avec deux seuls mots, pourquoi pas avec une simple potion qui tombe, par accident, hmm ?
Mon discours moralisateur n'était pas simplement une remontrance visant à la rabaisser, même si elle n'était pas censée le savoir. C'était sa réaction qui m'intéressait surtout, la conséquence plutôt que la cause.
Je supposai qu'elle avait déjà prévu bien des choses dans sa journée avant que je ne vienne perturber son emploi du temps. Son expérience terminée, elle allait sûrement réfléchir à autre chose ou buller sur des choses plus futiles de son âge. À réfléchir de la sorte, il m'arrive d'oublier que je ne suis moi-même pas si vieux que ça après tout .... Il fallait que je change un peu d'état d'esprit aussi à ce sujet. Tout sorcier que j'étais, je n'avais qu'une vie comme n'importe quel moldu.
Je vous .... remercie de penser à moi lors du passage de votre soutenance, mais nul besoin d'invitation. Si j'apprends que vous arrivez à mettre en fiole des sorts vraiment intéressants, peut-être trouverai-je le temps de venir charmer le jury avec votre sourire innocent, félicitant Dame Chance d'avoir mis sur votre route tous ces étudiants au bon endroit et au bon moment pour vos accidents inopinés. Je calculais mentalement quand sa thèse aurait lieu. Deux mois dites vous ?... Hmmm, vous pensez réussir à créer un nouveau sort, ou allez-vous conforter et développer plutôt ceux que vous avez déjà réussi à ... apprivoiser ?
Les remarques de l'homme passent carrément au dessus de la jeune femme, qui semblent n'en avoir pour ainsi dire rien à carrer. Elle ne doute absolument pas de l'efficacité de son expérience, et s'assurera, tout de même, qu'aucun effet secondaire n'est à déplorer – par acquis de conscience plus que par inquiétude. C'était prévu dès la base, bien sûr. Quant au fait de douter d'elle… S'il y a bien une chose dont Isleen ne manque pas, c'est de confiance en elle. Elle ne s'est pas encore brûlé les ailes avec ça, mais ça finira bien par lui tomber dessus tôt ou tard. Non pas qu'elle se surestime ; disons plutôt qu'elle a foi en ses capacités et n'a pas peur d'essayer, de réessayer encore et encore jusqu'à parvenir à un résultat. Et quand elle dit avec assurance que son camarade ne devrait souffrir d'aucune séquelle, ce n'est pas juste par orgueil : c'est aussi parce qu'elle a déjà expérimenté ses sorts en flacon, et qu'elle n'a constaté aucun effet secondaire jusqu'ici. Sauf chez ceux qui en avaient avalé. Mais ça, c'est une autre histoire. Alors elle hausse les épaules. Il n'y a rien à répondre à cela. Elle n'est pas du genre à simplement s'excuser ou dire amen à ce qu'un enseignant pouvait lui dire. En revanche, pour ce qui est de la suite… “I am currently working on three other spells. I'm hoping to succeed to distil them before defending,”1 répond-elle en hochant la tête. Elle referme son carnet et le glisse dans une seconde poche de sa blouse, ainsi que la plume à papote dont elle se sert pour prendre des notes. Entre son chignon à la diable, son sac, le bordel au fond de ses poches, elle aurait l'air d'un savant fou si elle n'avait pas cet air joyeux en permanence sur le visage. “Warn me if you're to attend my defense,” ajoute-t-elle dans un grand sourire. “So I can send you a copy of my work, otherwise you won't understand precisely what will be discussed.”2 Et elle en savait quelque chose. Elle avait assité, au cours de ces trois années, à des soutenances de thèses diverses, sur des sujets variés. On pense connaître, mais on se retrouve finalement face à des sujets tellement pointus qu'il devient difficile voire impossible de suivre le cheminement suivi par le chercheur. Et puis, tenir quatre heures à écouter les échanges entre le doctorant et les quatres spécialiste était souvent une épreuve pour le spectateur. Alors si c'était pour ne pas comprendre… Car bien évidemment, une soutenance n'est pas le lieu d'explication de son sujet de recherche, mais plutôt le moment d'entrer dans les détails, de parler des difficultés rencontrées ou encore d'ouvrir les possibilités de recherche pour la suite. Isleen était à l'heure d'aujourd'hui la seule spécialiste de son domaine, car la première à s'être lancée dans la combinaison de deux domaines aussi éloignés en terme de magie. Elle s'était intéressée à la compréhension de l'essence même de la magie, et s'était engagée sur des sentiers si peu fréquentés qu'elle avait du se frayer un chemin à coups de machette. “I'm afraid I might have to take your leave, Sir.” Un petit sourire un peu charmeur se glisse sur ses lèvres, sans ambiguité toutefois. La jeune fille laisse son naturel s'exprimer sans se soucier de l'image qu'elle renvoie. “I'll be happy to share my work with you, though. Let me know !”3 Un signe de la main, un nouveau sourire… Et la voici déjà repartie vers de nouvelles aventures. ________________________ 1 En ce moment, je travaille sur trois autres sorts. J'ai bon espoir de réussir à les distiller avant ma soutenance. 2 Prévenez moi si vous désirez y assister, que je puisse vous envoyer une copie de mon travail, sans quoi vous ne comprendrez pas précisément ce dont on parlera. 3 J'ai bien peur de devoir prendre congé, Monsieur. Je serais ravie de partager mon travail avec vous, cela dit. Tenez moi au courant !
Accueil 
Sujet: Boom Baby 
