Come Back [Ft. Arthur]

Aujourd'hui est un jour particulier pour Eurydice. Enfin elle peut reprendre son travail. Après trois ans. Trois années à passer des examens, à parler avec un psy. Trois années à ne plus aller sur le terrain. Trois années à se contenter de rester dans les différents bureaux.  Elle n'en pouvait plus. Si cela ne tenait qu'à elle, elle aurait repris du service depuis un moment déjà. Mais on ne lui a pas laissé le choix.

Elle se lève aux aurores pour se préparer. Son café à un meilleur goût ce matin. Elle se prépare pour aller au travail. Avant elle doit passer au bureau du Chef des Aurors pour régler la dernière paperasse administrative au sujet de son retour. C'est la dernière ligne droite avant qu'elle puisse reprendre officiellement du service.

L'homme qui se trouve être le chef de la section des Aurors est Arthur Thorn. Ils se connaissent depuis des années. Ensemble ils ont connu le pire. Il est un homme qu'elle estime. Autant humainement que dans son travail. En lui, elle a une confiance entière. Cela fait des années qu'ils n'ont pas eu l'occasion de se revoir à nouveau.

Elle salue les personnes qu'elle croise dans le couloirs, échangent quelques mots. Elle aperçoit quelques nouvelles têtes. Arrivée devant la porte du bureau du Chef des Aurors après avoir signalé sa présence à la secrétaire, elle toque à la porte. Quand on lui signale qu'elle le peut, elle entre dans la pièce et s'adresse en souriant au chef du Bureau des Aurors.

- Bonjour Arthur.

Elle sort de son sac une pochette dans laquelle se trouve ce qu'il faut pour les dernières démarches. Les lettres venant des différents spécialistes dans lesquelles, l'accord pour reprendre son travail est donné. Et d'autres documents nécessaires au bon fonctionnement de l'administration.

- Tout ce qu'il faut est là. Il manque juste tes signatures.

Si il estime qu'elle ne peut pas revenir, alors elle ne le pourra pas. Si ils ne sont pas des étrangers l'un pour l'autre, elle sait que ce ne sera pas pour autant qu'il le fera sans être sûr et certain qu'elle puisse le faire vraiment. Et elle sait que ce ne sont pas quelques notes sur des parchemins qui l'influenceront.

Maintenant qu'Arthur est le chef du bureau des Aurors, il deviendra le supérieur hiérarchique de l'italienne, dans le cas où elle reprendrait son service. Même si cela, risque d'être compliqué, elle sait qu'ils arriveront à gérer la situation. Elle sait qu'ils resteront professionnels quoiqu'il arrive. Ils n'ont pas le choix, de toute façon. Elle s'asseoit sur la chaise en face du bureau. Arthur lui propose une coupe de thé, elle lui répond poliment.

- Merci bien Arthur.

Elle touille le contenu de sa tasse avec sa petite cuillère. Le thé est encore fumant.

- Tu sais, si cela ne tenait qu'à moi, j'aurais repris du service bien avant. Le suivi que j'ai eu m'a fait véritablement du bien. Je me sens prête. Je suis prête.

Elle ne lui ment pas en disant ces mots. D'autant plus, que l'homme en face d'elle a nul besoin de veritaserum pour ça. Son frère d'armes est bien placé être une des rares personnes à la connaître véritablement. Bien sûr, elle n'a pas oublié son défunt compagnon. Bien sûr, il y a toujours des moments où elle pense à son bébé qui n'a jamais pu naître. Elle n'a pas oublié la mission tragique. Qui le pourrait ?

L'italienne, au fil de ses rendez-vous avec les spécialistes à appris à gérer sa colère et sa rancune. Elle a fait de ses envie de vengeance, une force pour devenir une meilleure Auror. Là où beaucoup aurait abandonné, elle a choisi de poursuivre sa vocation. Son métier n'est pas qu'un simple métier. Elle vit pour lui. Pour protéger les innocents des crimes des Mages Noirs. Pour ne pas que d'autres subissent ce qu'Arthur et elle ont vécu.

- Une remise à niveau sera sans doute nécessaire.

Elle en est bien consciente. En trois ans de temps, elle ne recommencera pas immédiatement par des missions dangereuses. Elle voudrait lui demander comment lui se porte. Mais ce n'est ni le lieu, ni le moment, elle se retient. Séparer vie professionnelle et vie privée est essentiel.

- Dans l'éventualité où la réponse est favorable. En tant que supérieur hiérarchique, devrais-je utiliser le vouvoiement à ton égard ?

Mettre les choses au clair est important pour elle. Afin d'éviter tout quiproquo éventuel.

- La décision t'appartient. Quel que soit ton choix je l'accepterais.

Elle sait que son choix sera fait en toute objectivité. Elle boit une gorgée de son thé.

Demander à Arthur si elle devait employer le vouvoiement à son égard était une question idiote. Le sucre qu'elle avait mis dans son café, devait être périmé. Même si il est son supérieur, ils n'en restent pas moins frère et soeur d'armes. La réponse d'Arthur ne la surprend pas outre-mesure. Ils sont sur la même longueur d'ondes. Ils fonctionnent de la même manière. À eux deux, ils sont une équipe de choc.

L'italienne a un sourire quand elle le voit prendre sa plume. Il lui explique qu'il ne pourra pas l'envoyer immédiatement sur le terrain, qu'elle fera des petites missions bien loin de celles qu'elle a pu faire avant. Il lui demande si ça lui convient.

- Bien sûr que ça me convient ! Je veux reprendre du service pas me suicider.

Aller directement en mission dangereuse serait pure folie. D'autant plus que les effectifs ont changés, les équipes ne sont plus les même. Elle veut faire son retour, mais dans l'ordre des choses. La précipitation n'amène rien de bon.

- Le coach en combat rapproché, c'est toujours le même ?

Elle se souvient de lui, ce n'était pas un tendre. Et justement, c'était ce qu'il fallait. Un coach qui ne prend pas des pincettes. Elle n'est pas en sucre, après tout. Une remise à niveau serait sans doute nécessaire. Un peu comme une piqûre de rappel en quelques sorte.

- Et toi ? Ça va comment ?

Elle a essayé de résister à la tentation de lui poser cette question. Elle n'a pas réussi. Arthur a toujours été un homme de terrains, dans ses souvenirs. Pas le genre à se planquer derrière un bureau.

- T'arrives à t'y faire à ton nouveau poste ?

Elle se doute bien que si il est à cette place, c'est qu'on lui a forcé la main. Mais les ordres sont les ordres.

Ainsi donc le coach est toujours fidèle à lui même. Toujours aussi dur et intransigeant. Dans leur métier, c'est ce qu'il faut. Ils ne sont pas là pour enfiler des perles après tout. Eurydice a un petit sourire. C'est qu'il va lui falloir reprendre ses marques pour ne pas être complètement paumée dans tout ce fourbi. Au moins, elle ne sera pas en territoire totalement inconnu et cela malgré les nombreux changements qu'il peut y avoir au sein même du Ministère et de leur organisation.

Elle n'est pas surprise par la réponse d'Arthur, qui au passage à fait un joli trait d'humour, en ce qui concerne sa « promotion » qui n'en est pas une en réalité. Elle l'a toujours connu comme étant un homme de terrain pas comme un homme de bureau, le cul posé sur une chaise. En d'autres termes, il est un homme d'action. Le meilleur qu'elle connaisse. À plusieurs reprises il lui a sauvé les miches dans des missions hautement périlleuses. Et inversement. Elle comprend parfaitement l'ennui qu'il peut ressentir à son poste. Nul doute qu'on ne lui a pas laissé le choix d'un refus. Que cache cette soudaine promotion ? Il y aurait-il anguille sous roche ou requin sur gravillon ?

Meredith la secrétaire arrive pour prévenir de l'arrivée d'un rendez-vous d'Arthur. L'entretien avec Eurydice étant terminé, la paperasse signée et le thé bu, elle salue son frère d'armes avec un grand sourire et quitte la pièce en fermant la porte. Elle discute un peu avec la secrétaire qui se montre curieuse, avant de rentrer chez elle pour faire ce qu'elle à faire. Elle reprend officiellement du service bientôt, elle se doit d'être en pleine forme pour être opérationnelle pour la reprise qui aura lieu dans quelques jours.