Histoire
« En êtes vous sûre ? »
Les deux femmes se regardent, la brune se mord la lèvre ; difficile d'expliquer à un parent et surtout une mère que son enfant possède “quelque chose en plus que les autres n'ont pas”. Malgré ses quelques années en tant que professeure, elle tente de trouver les mots adéquats. C'est peine perdue : la mère est inquiète, cela se remarque dans son regard océanique.
« Écoutez madame Levy, je ne veux pas m'avancer, mais je pense que votre fille… »
La mère plonge dans le regard de la maîtresse ; elle dévoile ses émotions tiraillées entre la détresse, l'impatience, l'incompréhension. Cela devient de moins en moins évident pour la professeure de dire les choses, aussi rudes soient-elles. La blonde serre les poings.
« Et donc ?! Qu'essayez-vous de me dire ?! Que ma fille aurait - par miracle ou magie - balancé les livres de la bibliothèque ?! Mon enfant ? »
« Je… »
La mère se lève, visiblement irrité du comportement aussi muet de la maîtresse. Elle attrappe son sac à main pour le porter à son épaule d'un geste rude. De toute évidence, on ne lui fournira pas plus de détails sur l'incident. Il leur faut toujours un bouc émissaire et il fallut que ce soit sa fille, son bébé. Non. On ne traitera plus jamais sa petite princesse comme cela.
« Bien. À partir d'aujourd'hui, nous nous occuperons de notre fille. Amalia sera bien mieux avec un enseignement à domicile. »
La maîtresse résiste muette : elle sait que cela n'aurait jamais été la faute de la petite, mais tous les enfants présents avaient vus la scène. Était-ce vrai ? Il était trop tard, la femme avait quitté les lieux. Et plus jamais Amalia ne frôla le sol d'une école.
Entourée de trois grands frères, Amalia n'était pas la mieux lotie, mais elle avait de la chance de ne pas être enfant unique. Elle était l'humble petite princesse de la fratrie Levy. Une famille comme tant d'autres, aimante et soudée. Cette histoire concernant Amalia en cours primaire n'avait plus été abordée.
Pourtant, cette histoire était loin d'être bouclée. Des choses étranges entourait la petite dernière, qui avait reçu une lettre suspecte venant d'un collège nommé “Poudlard”. Les parents avaient crus une farce, mais ils se rendirent très vite compte que tout cela n'était pas un rêve.
Ils auraient pu la renier. Tous. Mais rien de tout cela n'arrivera, Amalia va continuer sa vie en sachant qu'elle était devenue spéciale. Une sorcière. Voilà donc la réponse à sa grande question : est-ce que quelque chose clochait chez elle ? Oui, mais dans le bon sens.
« Alors, c'est demain que tu vas entrer dans cette fameuse école ? »
« Oui ! Je suis impatiente et… j'ai un peu mal au ventre. »
« Bah ! T'inquiètes pas pour ça, c'est normal que tu aies le trac ! Ça fait longtemps que tu n'as plus poser le pied dans une école. »
Elle hoche la tête à son frère. Elle est déterminé à faire de son mieux pour sa famille, les rendre fiers. Elle soupire une énième fois, heureuse de connaître à nouveau le goût d'être en communauté, entre élèves. Ignare du monde qui lui ouvrait ses portes, elle avait passé la nuit à lire les livres qu'elle avait acheté le jour avant, un peu avant de s'endormir la baguette en main. Cette nouvelle vie l'avait attiré, attisant le feu ardant de la connaissance.
Lorsque fut venu son tour de passer sous le Choixpeau, toutes ses connaissances s'étaient enfuis, la plongeant dans la panique bleue. Certes, cette école fonctionnait avec un système de maisons et donc cela menait à vivre sept jours sur sept avec des élèves de différentes années. Si tout se passait mal ? Non, voyons. Pourquoi être négatif ? Amalia inspira un bon coup avant d'entendre un « SERDAIGLE » très distinct.
Elle soupirait avant de bouger et se rendre à la table des bleus et bronze.
Son évolution fut perçue comme positive, alors qu'elle enchaînait les bonnes notes. Amalia travaillait dur, ne voyait rien d'autre que les livres s'entasser autour d'elle. Jusqu'à cet été, quatre ans après ses premiers pas dans la grande école de magie d'Écosse. Ce devait être un arrangement, un contrat entre deux grandes familles. Mais Amalia et Gregory avaient développés de vrais sentiments amoureux. Elle était heureuse, tout était parfait. Elle se devait de préserver son secret au risque de devoir tout annuler et ne plus jamais être aimée. Tous les étés, pendant quatre années, les deux tourtereaux vécurent un rêve. Mais la blonde tombait bien vite de son nuage, alors qu'elle le pensait infaillible, il avait décidé de rompre leur promesse.
Alors qu'elle était sortie avec ses frères et fêter son anniversaire, elle l'avait croisé en rue avec une jeune femme à son bras. Et dire qu'il avait prétexté être malade. Et prétexté qu'il l'aimait. Était-ce un jeu ? Elle se souvient avoir pleuré. Beaucoup.
Ce qui lui importait par la suite fut ses études. Réussir était dans son optique et rien n'aurait pu la détourner. Elle se spécialisait dans la vétomagie, ayant toujours aimé les animaux. Elle ne se serait pas vu dans une autre branche. Elle est toujours amoureuse, amoureuse du monde magique et tout ce qui en fait son charme. Et cela ne changera jamais.