Xmas is for Family [ Jesus - Hyacinthe - Ulysse - Nate ]

Quoi ? Hein ? Mais… Oh non… Hyacinthe réalisa qu’effectivement, il devait passer pour un gros pervers. Jesus avait entendu ce qu’il voulait. Il avait juste omis d’entendre qu’il voulait pas voir tout ça. Et maintenant, c’était lui qui passait pour un obsédé ! Mais c’était vraiment le monde à l’envers !

“Je… Je mate p...p...pas !” bafouilla-t-il blessé.

Il ne voulait pas voir tout ça, et vraiment il s’en serait vraiment passé de voir tout cette débauche. Il fallait qu’on arrête de croire que ça lui plaisait de voir toutes ces… berk. Vraiment c’était pas sa faute ! Et tout ça pour qu’il voie finalement Loïs se faire massacrer par son père. Franchement, merci mais non merci ! Il voulait juste oublier toute cette affaire, les mains baladeuses de Loïs Valentine y compris.

“Je… Je… Je choisis pas, bon sang !”

Et puis il les matait même pas pendant, il les matait avant même que ça n’arrive ! C’était encore pire. Il avait même vu des trucs qui s’étaient pas produits à cause de lui ! Entendre Jesus défendre Loïs, pourquoi ça le blessait ? Pourquoi ça le blessait autant qu’on le croit pas ? Il s’adossa au mur contre son lit, attrapant son coussin pour le serrer contre lui. Il en avait vraiment marre de ce don à la con.

Génial. Et Jesus était amoureux de l’homme qu’il venait de traiter d’obsédé. Génial. Il eut un soupir. Loïs était vraiment un emmerdeur. Il n’en serait jamais débarrassé de lui, hein.

“ça...ça...ça se sau...saurait si on pouvait… Choi… Choi… Choisir…” marmonna le blond.

Il se mordilla la lèvre. C’était vraiment une situation dont il se serait passé. De parler de son don, de Loïs aussi. C’était pas des sujets pour la nuit de Noël quoi. Il baissa le nez. Jesus allait avoir une piètre opinion de lui maintenant.

“Je… Je suis dé… Désolé…” murmura-t-il sincère. “Je… J’essaie de… de toujours… de toujours faire abstraction… de… des visions que j’ai… Quand… Quand je connais les gens… Et… Et que c’est… Per… Personnel… Mais… Enfin… Je choisis pas… Ce que je vois… C’est… C’est pas comme si je pouvais zapper ou quoi… Et… Mon don… Il a vraiment voulu me montrer tout ce qui… qui se passait dans sa vie… A Loïs… Et… J’ai… J’ai vu quelque chose de grave… Il y a… quelques mois… Et… Quand j’ai voulu le… le prévenir… Il… Il s’est comporté… comme… un con… Et… Juste… ça… ça m’a rappelé que ce don… était… Complètement… nul… A part pour me faire voir… Ce… Ce que j’ai pas à voir… Et… Je…”

Il eut un soupir. Il aurait vraiment voulu ne pas avoir cette conversation.

“Je te… Je te juge pas… C’est… C’est sans doute… Pas… Pas un si gros con… Il a juste… une vie… pas… pas si simple que… Que ce qu’on croit… Et… Sans doute… Une légère addiction… au sexe… Mais… T’as bon goût… C’est… C’est moi qui… qui suis rancunier…”

Il essaya de capter le regard de Jesus, et lui fit un demi sourire.

“Tu… Tu sais… T’es de loin le plus beau que j’ai été forcé de voir…” avoua-t-il pour détendre l’atmosphère. “T’as pas… à avoir honte… Et puis… C’est assez flou… Quand on a une vision.. C’est diffus… Et puis… On aurait fini par en parler ?”

Pourquoi fallait-il qu'au milieu de tout ça, il trouve encore le moyen de blesser Hyacinthe ? Etait-ce de sa faute si son don sonnait comme un vieux truc de pervers ? N'avait-il même pas le droit d'être énervé et outré qu'on l'aie vu en train de se faire Loïs ? Non mais comment aurait-il réagi, lui ? Il ne lui retourna pas la question, vu ce que Hyacinthe lui avait avoué un peu plus tôt. Pas la peine de remuer le couteau dans la plaie, il ne savait pas souvent prendre des pincettes mais là, le moment lui semblait opportun pour le faire.

"Non mais t'as raison hein. C'est un gros con. C'est juste mon cerveau ou.. mon cœur ou j'sais pas quoi qui s'obstine à penser à lui mais il en vaut pas l'coup, j'le sais bien."

Mais là dessus, il n'arrivait pas à avoir le moindre contrôle et croyez-moi, ça l'énervait au plus haut point. Sauf que pour une fois, enrager et taper sur des trucs, ça ne faisait pas tellement passer son ressenti. Encore que... il n'avait pas essayé de taper sur Loïs, peut-être qu'il faudrait y songer.

"Qu'est-ce qu'il va lui arriver, à Loïs ? Ou lui... est arrivé ? Qu'est-ce qu'il t'as fait ?"

Il demanda, un peu plus inquiet pour l'animagus, sans trop s'inquiéter du fait qu'il se soit comporté comme un con. Quoi, c'était habituel avec celui-là, de toute façon. Dès qu'on tentait d'être gentil avec, visiblement, il prenait la mouche. Et dire qu'on lui avait fait croire qu'il fallait être gentil et qu'on vous le rendrait bien. La bonne blague. La prochaine fois, vraiment, il ne s'emmerderait pas à élaborer des recettes hein. Il pouffa à la remarque de Hyacinthe.

"J'suis pas sûr de vouloir savoir combien t'en as vu. Bien sûr que j'ai honte ! T'aurais pas honte à ma place ? Mais c'est pas la peine de me consoler ou quoi t'sais, ça va passer, j'sais même pas ce que j'fous à penser encore à lui."

Surtout vu le nombre de conquêtes que Loïs devait l'avoir... Depuis le temps, il ne devait même plus se souvenir de son nom. Pfff. Il était pathétique. Il serra la couette contre lui.

"Ça doit pas être simple, d'avoir un don comme ça qui viole l'intimité des autres et de rien contrôler. J't'en veux pas hein. J'ai bien compris que c'était pas ta faute, ça doit être chiant. Surto..."

Il s'interrompit en pleine phrase, sursautant en sentant quelque chose bouger sous lui. Et en un rien de temps, il se retrouvait collé contre Hyacinthe, le lit ayant manifestement décidé qu'il était temps d'en finir avec le sortilège. Allez minuit passé, le carrosse, les chevaux, ça dégage, rentre chez toi Cendrillon. Il s'écarta un peu de Hyacinthe et poussa un gros soupir. Pourquoi tout avait décidé de le faire chier ? La soirée n'avait pourtant pas si mal commencé.

"Rha ! Chier ! Putain de m..."

Son poing frappa dans son oreiller. Il aurait mieux fait de rentrer chez lui. Ca lui aurait évité de foirer un sortilège à la con et d'avoir envie de chialer juste pour ça. C'était quoi qui tournait pas rond dans sa tête ? Il sentit des larmes couler le long de ses joues. La goutte qui faisait déborder la fiole de potion. Ah non. Non, non, non. C'était déjà suffisamment humiliant de reconnaître qu'il avait des sentiments pour ce crétin de Loïs, fallait maintenant qu'il chiale en plus du reste ? Hyacinthe allait le prendre pour un espèce de niais désespéré ? Il essuya une joue et enfouit sa tête dans le coussin, espérant que l'autre n'y verrait que du feu.

Marcher sur des oeufs était probablement plus simple que gérer la situation ici présente. Hyacinthe en était convaincu. Il avait l’impression qu’à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, il sortait une nouvelle bêtise. Critiquer Loïs, c’était une bêtise, mais en dire du bien, ça avait pas l’air d’aider plus que ça Jesus. C’était un vrai casse-tête diplomatique. Surtout pour quelqu’un qui ne sait pas gérer les relations humaines comme lui. Vraiment. ça devait être le niveau marcher sur des clous rouillés en terme de difficulté.

“C’est… C’est pas ta faute… C’est… C’est ce qu’on fait tous… Enfin… Je crois…”

Combien de temps il avait encore pensé à Finn ? Combien de temps allait-il encore penser à Murphy ? Franchement, ça avait l’air d’être normal de ne pas pouvoir faire le deuil facilement. Mais c’était effectivement agaçant. Enfin… Au moins, Jesus avait déjà pu consommer certains aspects d’une relation amoureuse…

“Loïs ? Oh… Je… Je suis pas sûr… Que ce soit… Une bonne chose que tu le saches… Enfin… Je… Juste… Juste j’ai vu… qu’il avait… des...des soucis… de… De famille… Et… Il m’a fait… com… comprendre que… que je n’avais pas… pas à me mêler de ça… Il m’a… Il m’a pas fait de mal ou quoi… Enfin… Pas physiquement… C’était… Juste… Verbal… Mais… Mais c’était un peu violent… Et j’étais pas… En très bon état à cause de mon don… Enfin… Il a rien fait de grave mais… Enfin bref…”

C’était mieux de rester un peu allusif. Parce que même si Loïs s’était comporté comme un Valentine, il avait droit de garder ses secrets et ce n’était en aucun cas à lui d’expliquer à Jesus les violences que son père semblait lui faire subir. Probablement qu’il en parlerait jamais à qui que ce soit de ce que Hyacinthe avait vu. C’était l’omerta des Sangs-Purs visiblement. Il préféra rigoler avec Jesus du nombre de fesses qu’il avait vu.

“Je… J’suis pas sûr d’avoir… d’avoir compté, tu sais !” plaisanta-t-il à son tour.

Il se souvenait juste que c’était rudement varié, et envahissant toutes ces fesses ! Hyacinthe se laissa retomber allongé sur le lit, la tension s’étant visiblement évaporée. Il eut une petit moue aux réflexions de Jesus. Il avait plutôt bien cerné le soucis avec son don. Mais le blond n’eut pas vraiment le temps de répondre. Il se retrouva soudainement très près du visage de Jesus. Rectification de tout le corps de Jesus. Wow. Il avait jamais observé son visage de si près. Il devait même être en train de loucher en rougissant. Hyacinthe ne se recula lui-même que lorsque Jesus fut un peu plus loin. Son cerveau avait mis un moment à se dire que c’était la chose à faire.

Il ne comprenait par contre pas bien pourquoi Jesus s’énervait à ce point. C’était juste un sort… Et un compliqué en plus, pas très étonnant qu’il s’estompe. Valait mieux maintenant que quand ils dormiraient non ? Il resta interdit. Il devait faire quoi, là ? Il ne s’attendait pas à voir briller des larmes sur les joues du brun. Panique intérieure. Il devait faire quoi. Aaaah. Fais un truc Hyacinthe. Ok. Réfléchis, consoler quelqu’un qui pleure. On a fait quoi pour toi ? Il se revit gamin, avec Nate pour le serrer dans ses bras. Lui caresser les cheveux. Lui embrasser le front en lui disant que tout allait s’arranger. ça avait pas l’air si dur à faire…

Il s’approcha maladroitement de Jesus et il fit passer un de ses bras autour des épaules de Jesus. En fait… C’était étrange pour Hyacinthe de s’apercevoir qu’ils faisaient en réalité presque le même gabarit, et que ce n’était pas très dur à faire. Il frotta doucement son épaule.

“C’est… C’est rien… Tout va… tout va bien se passer… Les… Les choses vont s’arranger, Jesus…” murmura-t-il alors qu’il caressait de son autre main ses dreads.

C’était moins facile à caresser que ses cheveux à lui sans doute, mais… C’était le fait d’être présent qui rassurait non ? Par contre, le bisou, même sur le front, c’était au delà de ses forces. Il avait trop peur de vexer Jesus. Ou de se faire insulter parce que c’était inapproprié.

“Je suis là…” souffla-t-il comme Nate l’aurait fait pour le calmer de ses chagrins d’enfant.

Ce n'était peut-être pas de sa faute mais ça n'allait pas l'empêcher de s'en agacer. Il était loin d'être un sentimental pourtant, il le savait, ça n'avait jamais été son truc les niaiseries en tout genre. Alors pourquoi ça lui prenait la tête comme ça ? Pourquoi est-ce que ça l'énervait à ce point, ça le rendait triste, déprimé ? Et voilà qu'il devenait inquiet, en plus du reste, en entendant Hyacinthe. Est-ce que l'animagus avait des ennuis ? Etait-ce pour ça qu'il l'avait repoussé de la sorte ? Non, il fallait qu'il cesse de lui trouver des excuses et de s'en trouver. Et juste qu'il tourne la page. Pourquoi les ennuis de famille de ce connard de première le préoccuperaient-ils, hein ? Il avait suffisamment à faire avec les siens et ceux des personnes qui tenaient à lui pour ne pas commencer à s'intéresser à ceux des autres.

"Ouais, c'est définitivement un gros con. On devrait pas s'en préoccuper."

Plus simple à dire qu'à faire, bien sûr. Il ne leurrait pas grand monde et ce soir, il n'avait même pas cherché à le faire. Et le voilà, quelques minutes plus tard, à s'effondrer pour des conneries bien trop futiles. S'il lui fallait encore une preuve qu'il ne ménageait pas suffisamment ses nerfs ces derniers temps, la voilà. Il n'avait encore jamais versé une larme pour un sort foiré. Ça arrivait à tout le monde, ce n'était pas bien grave, d'autant qu'il ne s'agissait pas d'un des plus basiques, même s'il n'était pas extrêmement compliqué. Toutes les métamorphoses avaient une durée limitée, il le savait. Pas de quoi fondre en larmes. Alors quoi ? Il eût un léger sursaut, lorsqu'il sentit Hyacinthe poser un bras autour de ses épaules. Se crispa un instant. Ah bah lui qui avait espéré être discret, c'était raté. Il passait pour quoi, là ?

Et loin d'arrêter les quelques gouttes qui mouillaient ses joues, ce simple geste les transforma en torrents et sanglots à mesure qu'il constatait à quel point il faisait pitié. Chialer dans les bras du petit frère de son tuteur, pour une histoire stupide avec un connard comme Loïs, pouvait-on faire plus pathétique ? Il ne pleurait pas, lui. C'était pour les faibles et les sentimentaux, merde ! Il était bien plus fort que ça. Il cogna un autre coup dans l'oreiller. Et s'efforça de calmer sa respiration et de bloquer ses tressaillements. C'était déjà humiliant de pleurer mais alors de sangloter dans tous les sens en plus ? Il avait juste envie de transplaner pour se barrer loin et qu'on ne le voie plus. Il préféra rester silencieux, en sentant que sa voix allait partir en hoquètements s'il essayait d'articuler quoi que ce soit. Franchement, avait-il besoin d'être consolé ? C'était rien de grave, bordel, il avait connu bien pire dans sa vie et n'en avait même pas versé une larme. C'était quoi qui tournait pas rond dans sa tête ?

De longues minutes s'écoulèrent, Jesus tentant en vain de se calmer. Mais maintenant que les vannes avaient lâché, il n'avait plus aucune emprise. Ne restait plus qu'à attendre que ça se calme. Au bout d'un temps interminable, sa respiration commença à revenir à la normale. Il essuya ses joues et ses yeux dans son oreiller.

"Pfff, maintenant c'est moi qui ai l'air d'un gros con hein ? Désolé, j'sais pas pourquoi... j'chiale pas d'habitude."

Lâcha-t-il en essayant de dédramatiser, la voix encore un peu tressaillante. Il sécha les dernières larmes du revers de sa main. Essayant très fort de ne pas penser à quel point il devait avoir l'air ridicule, pour ne pas provoquer une autre crise de larmes. Doucement, il se décala pour se défaire des bras de Hyacinthe, dans lesquels il se sentait un peu trop infantilisé.

"J'devrais pas t'infliger ça. T'étais pas obligé... enfin... c'est gentil hein... mais j'suis plus un gamin, t'sais..."

Ou peut-être que si. Quoi, les hommes, ça ne pleurait pas, il n'y avait que les gamins et les femmes pour ça, non ? Il avait beau commencer tout doucement à assumer ses préférences et sa sexualité, il était encore loin de se défaire de tout un tas de préjugés toxiques. Et autant dire qu'ils ne lui rendaient pas service.

Bon ses gestes n’avaient pas tout à fait l’effet désiré. Vraiment, il ne s’attendait pas à ce que Jesus pleure plus fort encore. Mince. Mais Hyacinthe n’avait pas bougé, il avait continué de caresser doucement son dos. Il ne savait pas bien ce qu’il pouvait faire d’autre. Il n’aurait pas imaginé Jesus dans cet état. C’était sans doute un tort de sa part, Jesus paraissait toujours si sûr de lui, si courageux, et aussi si râleur qu’on ne l’imagine pas dans cet état de fragilité. Ce n’était pas un problème pour Hyacinthe, c’était juste totalement inattendu. Et puis… Il n’était pas bien habitué à ce genre de situation. En fait… Il n’était pas sûr d’avoir déjà consolé qui que ce soit. Il avait déjà essayé de remonter le moral de Nate, mais il ne l’avait pas vu souvent pleurer. Autant, lui, il pleurait facilement, mais pas les gens de son entourage alors… Oui, c’était étrange. D’être à cette place là. Surtout que ça avait été sa place il n’y a pas si longtemps et pour les même raisons. C’était beaucoup trop bizarre et absolument pas comme ça qu’il avait pensé passer la nuit de Noël. Et non, il n’avait pensé à rien de coquin, on vous voit arriver.

Il laissa le métis se dégager de ses bras quand il le voulut. Il se recula lui même un peu, pour ne pas rendre la situation gênante, ou plus gênante qu’elle ne l’était déjà. Mais il ne pouvait pas laisser Jesus se dévaloriser comme ça. ça non.

“Bien… Bien sûr que non !” commença-t-il doucement, mais avec conviction. “Tu n’as… Tu n’as pas à t’excuser… C’est normal de pleurer quand on est triste… Et des fois… Des fois on s’explique même pas pourquoi on pleure… Y’a… Y’a aucune honte à avoir… A moins que tu sois un robot… Dans ce cas, c’est bizarre… Tu m’as caché que t’étais un robot tueur ?”

Il essayait de dédramatiser un peu. Mais la drôlerie n’était pas forcément sa spécialité, et puis, avec toutes les références moldues qu’il avait ses blagues tombaient souvent à l’eau dans le monde sorcier. Seulement, là, il ne se voyait pas rester sans tenter quoi que ce soit pour redonner un peu le sourire à Jesus. Il était tellement plus mignon quand il souriait. Voire juste quand il ralait. Quand il avait cette petite ride mignonne entre les sourcils et son ton bougon. Mais Hyacinthe, tu t’égares. Focus sur le sujet.

“Tu… Tu m’infliges rien du tout, Jesus… T’as pas à avoir honte de ressentir des choses, c’est pas une mauvaise chose d’avoir des émotions… Même quand on est un grand mec costaud comme toi… Tu sais, c’est pas ça qui te rendra moins intéressant ou ridicule… T’es pas ridicule, Jesus… Enfin.. Moi je te trouve pas ridicule… Et je serai un bien piètre ami si j’étais pas là pour… Pour te soutenir ?”

Il marqua une pause.

“Enfin… Je… Je suis pas sûr que tu me considères vraiment comme un ami, mais… Enfin… Pour moi, c’est important d’être là pour toi… Et… Et je te préfère humain qu’en robot sans émotion…”

On ne lui ôterait pas de la tête que non, ce n'était pas normal. Et que c'était ridicule de s'effondrer comme ça sans raison. C'était un truc de loser. Et lui, il n'en était pas un, hé ! Enfin il ne voulait pas en être un. Là, à se faire réconforter par un garçon plus jeune que lui après avoir pleuré dans ses bras... il se sentait un peu comme tel, justement. Et il dû se concentrer et serrer les abdominaux pour ne pas rechuter. C'était déjà suffisamment humiliant une fois, on ne l'y reprendrait pas. Il s'efforça à sourire, remarquant bien que Hyacinthe essayait de le mettre à l'aise. Il appréciait l'effort, c'était gentil. Mais il était loin d'être convaincu de ses mots.

"Non, j'crois pas..."

Mais il voyait un entre deux entre le tueur de sang froid et le type qui ne contrôlait rien et se laissait dépasser par ses émotions. Il ne demandait pas la lune, quoi... Jesus essaya de se redresser et essuya ses joues encore, se débarrassant de toute trace du crime.

"J'suis pas vraiment un grand mec costaud..."

De tout ce que Hyacinthe lui disait de gentil et constructif, il fallait vraiment qu'il s'arrête là dessus ? Oui, il n'en fallait pas beaucoup pour le faire tiquer, surtout là. Mais il avait l'impression d'entendre de la famille lointaine essayer de le flatter de manière maladroite. Il se sentait vraiment loin du grand mec costaud et viril. Déjà, il avait dû faire une croix sur le cliché quand il avait vraiment accepté qu'il était gay. Et maintenant, il semblait que chaque jour, il devait faire une croix sur autre chose. Ce qui ne l'empêchait pas de s'agripper aux préjugés restants avec force. Comme celui-là.

"J'préférerais le deuxième moi. P'tet pas le robot mais les émotions, ça apporte que d'la merde t'sais."

Genre, quand est-ce que c'était la dernière fois que ça lui avait été utile ? Ses émotions étaient tout juste bonnes à foutre le bordel dans sa tête et l'embrouiller, lui faire faire n'importe quoi.
Est-ce qu'il noircissait un peu le tableau ? Oh, là, le tableau avait carrément été plongé dans un bassin d'encre de chine.
Avec un peu plus de recul, il apprécierait les mots et la gentillesse de Hyacinthe, qui faisait vraiment de son mieux pour l'aider. Mais il était bien trop occupé à s'en vouloir et remarquer tout ce qui allait de travers chez lui pour le remarquer dans l'immédiat.

"J't'aime bien aussi. J'veux dire... j'te connais pas tant que ça mais... j'dors pas dans le lit de n'importe qui t'vois ..."

Il tenta de lui faire un petit sourire. Sans même penser à quel point cette phrase pourrait être interprétée de travers. Surtout après ce qu'il avait appris que Hyacinthe avait vu, sur Loïs et lui. Il ne s'en rendit compte qu'après, lorsque ses mots résonnèrent dans ses oreilles. Hyacinthe n'interpréterait pas ça mal... si ?
Il se remit sur le dos, inspira et expira un grand coup en calant sa tête sur l'oreiller.

"Enfin... tu comprends quoi..."

Hm... Quelque chose d'autre pour passer ce moment gênant ?

"On devrait peut-être dormir ? Ca t'embête si on laisse le lit comme ça ? Ou tu préfères qu'on le sépare ?"

Lui, pour tout dire, il s'en fichait pas mal. C'était plus par bienséance et pour ne pas les mettre mal à l'aise, Nate et Hyacinthe, qu'il les avait séparés. Mais il n'était pas certain de réussir le sortilège à nouveau, dans l'immédiat. Malgré l'heure avancée, il n'était pas sûr non plus de trouver le sommeil rapidement, dans son état. Mais qu'il soit seul dans son lit ou avec Hyacinthe n'y changerait plus grand chose. Surtout après avoir pleuré dans ses bras... Ah ça, il ne s'en remettrait pas de sitôt.
Avec un peu de chance toutefois, les paroles du McDougall se fraieraient un chemin dans son esprit pendant la nuit et lui permettraient de voir tout ça sous un nouveau jour.

Décidément, Jesus ne retenait que le moins intéressant dans ses paroles. Roh. C’était vraiment pas possible d’être buté comme ça, si ? Hyacinthe ne savait pas comment faire pour lui faire entendre un brin de raison. Il ne pouvait pas lui bourrer le crâne. Pourtant, il aurait aimé. Jesus avait l’air de vraiment souffrir. Des injonctions à la virilité. Mais aussi de cette histoire avec Loïs. Il ne pouvait que comprendre sa douleur. Mais Jesus se faisait aussi beaucoup de mal tout seul en n’acceptant pas ses sentiments et émotions.

“T’es quand même pas mal musclé…” murmura le blond.

Buté comme Jesus l’était, de toutes façons, ça ne changerait rien de continuer à lui parler. Il était face à un mur. Voire le mur d’un bunker à ce niveau. Alors, il arrêta d’essayer, se contentant de rester silencieux allongé à côté de Jesus. Il ne prit pas mal sa phrase. En fait, il ne vit même pas le double sens. Pas avant que Jesus s’emmêle.

“Oh… Oui… Oui… Bien sûr… Je pensais… pas… T’inquiète…”

Mais maintenant que l’autre le disait, ça lui mettait le rose aux joues à Hyacinthe. Vraiment il n’avait pas pensé à ça. Il préféra se mettre sur le dos et fixer le plafond pour que le moment ne soit pas trop gênant.

“Oui… Oui… On … On peut dormir comme ça… ça… ça me dérange pas…”

Il mit ses bras sur son torse. pourvu qu’il ne fasse pas comme avec son frère à se coller contre Jesus et le prendre pour un gros ours en peluche. C’était encore ce qui arrivait quand ils dormaient dans le même lit alors… Il se mordilla les lèvres.

“Si… Si je te colle… t’as… t’as… le droit de me pousser… C’est… Enfin… je faisais ça quand… quand j’étais petit avec Nate… J’ai pas… pas envie de te mettre mal à l’aise… Avec mes mauvaises habitudes… Bo… Bonne nuit Jesus !”

Il essaya de tourner le dos à Jesus. Histoire d’éviter au maximum de le coller dans la nuit. Il resta tendu, tourné vers le mur. La fatigue l’emporta face à sa nervosité. Il finit par s’endormir. Et doucement, il se tourna, pour finir par aller se blottir contre Jesus en marmonnant des choses incompréhensibles par moment.

Quand Hyacinthe ouvrit les yeux, Jesus n’était plus là. Pourtant il avait été présent dans ses rêves. Il devait lui parler. Et.... Mince. Il devait être tard. Il devait déjà aider Nate en bas. mince, mince, mince. Il s’habilla rapidement, faisant un passage éclair par la salle de bain. Il n’était finalement pas si tard. Ils devaient tout juste ouvrir en bas. Il arriva encore un peu échevelé, il salua son frère d’un bisou et Jesus et Ulysse d’un signe de mains. Mais quand il put parler à Jesus à part, il lui dit à voix basse.

“Je… Je… je vous ai vu cette nui… Avec mon dont… Loïs… Et toi… Vous...Vous allez vous reparlez… Je sais pas… comment ça finira mais… Je… Je croise les doigts… Pour que ça se passe bien…”

Il lui sourit, avant d’aller servir une cliente habituée qui ne résistait jamais à la tentation de lui étirer les joues au fil des années.

A son tour, il souhaita une bonne nuit à Hyacinthe, tout en espérant qu'il n'aurait pas à le repousser dans la nuit. A bien y penser, c'était la première fois depuis des années qu'il dormait dans le même lit de quelqu'un d'autre, hormis ses amants d'un soir ou plus. Quand il était gamin, ça lui arrivait souvent de dormir dans le même lit que des amis, lorsqu'ils s'invitaient mutuellement à dormir l'un chez l'autre. Depuis, il ne l'avait pas trop fait. Il espérait que Hyacinthe ne le collerait pas. La nuit allait être courte et il avait besoin d'être en forme le lendemain !

Évidemment, il ne l'avait pas poussé. Jesus avait tenté de se blottir contre le bout du lit lorsque Hyacinthe s'était rapproché. Mais l'autre ne s'était que rapproché d'avantage. Urh. Comment voulez vous qu'il dorme ? Déjà qu'il n'était pas dans son lit, que ses émotions foutaient un boxon monstre dans sa tête, maintenant ça ? Aucune pitié pour ce pauvre personnage, décidément...

Il n'était pas très en forme, lorsque sa baguette magique s'illumina pour le réveiller. Jesus s'extirpa du lit aussi délicatement que possible, pour laisser le jeune McDougall dormir. Il avait fini par s'endormir, malgré sa présence un peu... prononcée. En même temps, il n'allait pas tellement lui reprocher de prendre de la place dans son propre lit, hein ! Et puis c'était gentil de la part des deux frères de lui avoir proposé de rester dormir. Il savait juste qu'il y songerait à deux fois si ça devait se reproduire et qu'il lui fallait se réveiller le lendemain matin. Il s'habilla et descendit, salua Nathanael qui était déjà à la tâche. Comme à son habitude, il fit ce qu'il avait à faire avant l'ouverture, rejoint par Ulysse puis par Hyacinthe un peu plus tard.

Il ne s'attendait pas à ce que le jeune McDougall revienne sur ce qu'ils s'étaient dit la veille. Les joues de Jesus prirent une jolie teinte cramoisie.

"Heu... d'accord..."

De .. Quoi ? Minute. Hyacinthe avait vu quoi exactement ? Lui et Loïs ? Alors qu'il était collé contre lui, là, tout à l'heure ? C'était ... vraiment perturbant et chelou, ce don.

"J'préfère pas trop en parler t'sais. Mais euh... merci."

Ouais, il aurait vraiment préféré que Hyacinthe oublie totalement. Il regrettait déjà un peu d'en avoir parlé. En même temps, le plus jeune était déjà au courant à cause de son don alors... Pfff. C'était juste la merde, quoi.