Addictions [ Ulysse & Nate ]

Un Noël et un nouvel an comme il n'en avait pas passé depuis longtemps, le pâtissier entamait la nouvelle année avec un peu plus d'espoir qu'il ne l'avait finie. Certes, la date fatidique des un an approchait, et aucune solution n'était prête à lui tomber dessus comme par magie (haha) il n'y avait pas vraiment de quoi être optimiste. Mais... Hyacinthe allait bien, lui avait Ulysse et Jesus qui lui donnaient un coup de main et l'aidaient à remonter la pente. Il commençait à avoir assez d'énergie pour, à son tour, aider un ami.

La prise de décision n'avait pas été simple. Ils avaient décidé tous les deux de laisser respirer Ulysse pendant les fêtes de fin d'année, mais ça voulait dire que le reste venait après. Accompagner ce dernier à Ste Mangouste n'avait pas été une partie de plaisir. Ils avaient marché, plutôt que transplané, pour se donner du temps. Nate avait été silencieux mais présent, même s'il était plus sur la réserve au niveau de ses gestes depuis qu'il avait été mis en évidence qu'Ulysse nourrissait toujours des sentiments à son égard. Il craignait toujours de le blesser par inadvertance. Et en même temps, il se devait d'être là. Il lui avait promis qu'il se débrouillerait à la pâtisserie en son absence, qu'il n'avait pas à s'en faire pour ça. Et puis il l'avait pris contre lui malgré tout, pour lui donner de la force dans cette épreuve qu'il ne pourrait pas affronter avec lui.



Le retour à la maison n'avait pas été de tout repos. Il avait demandé à Hyacinthe de les laisser, et il était retourné le chercher un samedi soir, prévoyant de fermer le dimanche et le lundi. Il avait été à l'écoute, présent mais en retrait, lui préparant à manger et restant avec lui le temps que la nuit tombe. Il se doutait que des nuits pires étaient derrière lui, mais Ulysse n'était malgré tout pas en très bon état. Nate savait qu'il en était capable, et il serait là au cas où il aurait besoin de lui, mais il savait aussi qu'il était impuissant face à une addiction pareille. Il avait passé deux  nuits à tenter d'occuper son esprit, et faire acte de présence. Deux nuits difficiles, mais encourageantes. Lundi matin, il s'était glissé discrètement hors de là pour aller promener Cosmo à la faveur du matin encore frais. Il était passé par ses cuisines pour prendre les restes à réchauffer (magiquement, ça irait tellement plus vite !) pour le petit déjeuner et puis il remonta vers l'appartement pour préparer un petit déjeuner digne de ce nom après une douche rapide. Cosmo s'était installé sagement dans son (grand) panier et attendait le second maître de la maison. Il s'était habitué à la présence d'Ulysse, comme s'il reconnaissait en lui un congénère animal. On va dire que c'est ça, oui. Et puis il entendit les escaliers grincer.

« Tu veux du café ? »

Il demanda, posant le choix sur la table remplie. C'était tout ce qu'il était capable de faire, alors autant se donner à fond.

Les premiers jours avaient été difficiles, oui. Même si les médicomages et les soignants de Sainte Mangouste faisaient tout pour aider, le sevrage avait été difficile. Heureusement, ils avaient des potions efficaces pour lutter contre les effets du manque. Mais il savait que le pire restait à venir. Le plus difficile, ce n'était pas le début. C'était de continuer.

Sa chance, dans tout ça, c'est qu'il n'était plus à la rue. Et c'était un sacré confort d'avoir au moins cette stabilité là. Il en était vraiment reconnaissant à Nate, même s'il savait que ça n'était pas une situation pérenne. Pour l'instant, il lui était d'un grand secours. Et c'était un peu pour lui, aussi, qu'il avait accepté d'essayer. Seul, jamais il n'aurait envisagé un tel sevrage.

Plus difficiles encore que les journées étaient les nuits. Habituellement, c'était l'alcool qui l'aidait à trouver le sommeil. A présent, il était seul face à ses terreurs nocturnes et son anxiété. On lui avait donné des potions, pour ça aussi. Mais la première nuit, ça l'avait plongé dans des cauchemars agités. Au point qu'il n'ose plus y retoucher. Et la fatigue accumulée rendait tout d'autant plus difficile.

Sa seconde porte de secours, c'était son don d'animagus. Quand ça n'allait pas, il avait tendance à passer beaucoup de temps sous cette forme. Même si le don demandait de l'énergie, c'était parfois plus facile de gérer et d'oublier le manque, qu'il ressentait bien moins lorsqu'il devenait un raton laveur. Ce soir-là, c'est donc un raton qui s'était endormi aux côtés de Nate, roulé en boule. Ca n'avait pas rendu la nuit paisible pour autant, d'autant que sa forme humaine était revenue plusieurs fois mais ça l'avait au moins aidé à dormir quelques courtes heures. Et il était toujours poilu et ébouriffé lorsqu'il se réveilla ce matin là. Le lit était vide. Nate avait déjà dû partir. Il s'étira de tout son long et descendit les escaliers, sans prendre la peine de changer de forme. Et sursauta lorsqu'il entendit Nate, qu'il ne s'attendait pas à voir ici. Il descendit les dernières marches, sur ses quatre pattes et attendit d'être en bas pour reprendre forme humaine et bailler à nouveau. Son masque noir se changea en cernes bien marquées sur son visage.

"Je veux bien oui..."

Il remit en place son pyjama, étiré de tous côtés à force de transformations et alla saluer Cosmo, qui se leva pour l'accueillir joyeusement. Quelques gratouilles et il prit place aux côtés de Nate. Sa tête cognait un peu, sans qu'il sache s'il s'agissait encore d'effets secondaires du manque d'alcool, de sommeil ou encore autre chose. Il fit craquer ses doigts et attrapa la tasse de café.

"Merci pour le petit déjeuner. Désolé pour cette nuit, si je t'ai réveillé, j'avais du mal à ..."

A dormir. Comme il avait du mal à terminer ses phrase, mais ça le manque d'alcool n'y était pour rien. A plusieurs reprises, Nate avait du sentir une boule de poils tourner et retourner sur et sous la couette. Il se força à se servir, même s'il n'avait pas vraiment faim. Peut-être plus pour faire plaisir au pâtissier et le remercier de ses attentions que pour son estomac.

"Tu veux aller faire un tour, tout à l'heure ? Ou tu as du travail qui t'attends ici ?"

De son côté, il avait du mal à tenir en place. Déjà en temps normal. Mais à présent, le besoin se faisait d'autant plus ressentir...

Pour avancer tout ce qu'il pouvait faire c'était penser à demain. Penser à ce qu'il pouvait faire et pas ce qui était impossible. Nathanaël avait bien été obligé de penser comme ça pour tenir. Se concentrer sur l'avenir et non sur le passé lui avait permis de se trouver là où il était aujourd'hui. Et là c'était la même chose. Il ne devait pas ressasser tout ce qui est est incapable de faire pour son ami. Le voir si mal tous les jours lui fendait le cœur. Les nuits courtes qu'il passait, il les passait avec lui. Et puis, il était tiraillé entre son envie de le consoler il a peur de lui faire du mal. Même s'ils n'en avaient pas reparlé depuis, leur conversation flottait dans l'air. Avec tout ce qui n'avait pas été résolu.

Les nuits courtes ne le dérangeaient pas tant que ça, si ce n'était qu'il s'inquiétait pour son ami. Ça a toujours été matinal comme métier, pâtissier. Il fait surpris de voir descendre un raton laveur au lieu de Ulysse. C'est vrai qui semblait être plus à l'aise sous cette forme récemment... mais sur le long terme cette solution ne suffisait pas. Enfin, il préférait l'accueillir avec un sourire qu'avec des questions.

« T'en fais pas, je n'ai pas besoin de beaucoup de sommeil. Sers-toi.»

Il lui répondit gentiment. De son côté c'était tartine et café. Il est un regard pour Cosmo qui se réinstallait dans son panier. l'amitié entre ce dernier et Ulysse lui faisait chaud au cœur.

« Et j'ai toute la journée libre pour toi. Tu as une envie en particulier ? »

En réalité une idée lui trottait dans la tête. Il n'avait pas voulu évoquer ça à sa sortie de Ste Mangouste, mais garder son secret lui pesait déjà beaucoup. Ne pas dire à Ulysse qu'il avait revu son frère, c'était... Mal. Et en même temps il ne voulait pas l'accabler. Mais c'était peut-être une bonne chose, pour lui ? Nate ne savais pas exactement en quels termes ils s'étaient séparés. Oh, il en avait discuté précédemment, du mal qu'Hector avait pu faire.Mets Ulysse avait semblé prendre sa défense ? Après tout c'était son grand frère. Il attendit un peu avant de lancer le sujet.

« Ulysse... L'autre jour, je suis allé du côté Moldu... Je cherchais une librairie, et... »

Comment aborder ça. Nathanaël était clairement mal à l'aise, la main sur la nuque et les yeux baissés.

« Je suis tombé sur Hector. C'était le propriétaire de la boutique où je je suis retrouvé.»

Il leva les yeux vers Ulysse. Il cherchait un indice dans son regard, qui lui indiquerai s'il devait continuer ou non. Mais à part le choc il ne lisait pas grand-chose.

« Il avait l'air... Changé.»