Retrouvailles ‖ Killian

“Les retrouvailles consolident les amitiés.”

Quelle bien belle journée ! L'automne mordait fermement les paysages, alors que Drew regardait les arbres depuis son siège dans un train moldu. Ses parents et lui étaient arrivés en Europe dans les jours qui précédaient, et après avoir fait emménager sa petite famille aux Pays-Bas, Drew avait prit le train pour un long voyage jusqu'à Londres. Il aurait pu prendre un avion, et rejoindre la ville de sa destination bien plus rapidement. Mais les boites métalliques volantes et tout ce qu'il avait entendu dessus ne l'enchantaient guère. Et comme il n'avait pas encore de réelle attache à Londres, il préférait utiliser les moyens moldus pour voyager. En plus de ça, les  paysages étaient superbes, dans leurs habits orangés. Le train entra en gare en France, et Drew fit son changement pour sa correspondance. Le train sous la Manche l'angoissait un peu, mais toujours moins que les avions. Surtout pas les avions.

Le train s'arrêta en gare et Drew se dépêcha de descendre. Il voyageait léger, une simple valise contenait tout ce dont il avait besoin. Fort heureusement pour lui, les sorts qui avaient permis de rapetisser ses meubles avaient tenu, sans quoi... Un piano et de quoi meubler une chambre sommairement, dans une valise... C'aurait été un beau désastre au milieu des moldus. Mais il aurait tellement rit! Un grand sourire étira ses lèvres à l'idée, et il se précipita dans les rues de la ville. Il avait eu des informations sur le chemin de traverse par des amis sorciers voyageurs, et avait longtemps fouiné pour trouver l'adresse de son meilleur ami Killian, pour ne pas lui demander et lui faire la surprise de sa venue. Et quelle surprise! Il avait réfléchit tout le trajet à comment lui demander de faire une collocation avec lui. Après toutes ces années séparés par un océan, il espérait bien que la surprise serait de taille. L'idée de déranger ne lui avait même pas traversé l'esprit. Après tout, comment SON meilleur ami pourrait lui dire non?

Drew arriva avec sa valise devant l'appartement de Killian alors que le soir commençait à tomber. Il avait si hâte! Son arrière train le remerciait d'ailleurs d'avoir marché, car les longues heures assis dans les trains avaient fait leur travail. Il avait littéralement mal partout. Le jeune homme attendit quelques minutes en trépignant, le temps de reprendre un peu son souffle et de remettre sa casquette sur sa tête. Il était habillé comme un moldu lambda, haut et jean noir, veste en jean gris foncé avec une capuche, casquette noire. Il aimait beaucoup cette tenue, passe partout, bien loin de ses nombreux costumes tous plus voyants les uns que les autres. Mais que voulez-vous! Performeur dans l'âme, il aimait être vu dans certaines situations! Il était temps pour lui de sonner. Il toqua à la porte de Killian, trois coups distincts et forts. Vite vite vite! Ouvre! Il enfila son plus beau sourire, radieux.

“Les retrouvailles consolident les amitiés.”

Il avait rejoué cette scène des millions de fois dans son esprit. Il l'avait imaginée dans tous les sens, sous toutes les coutures. Tout, sauf la possibilité que Killian refuse de faire une collocation avec lui. C'était une idée qui ne pouvait tout simplement pas traverser l'esprit de Drew. Après tout, Killian était son meilleur ami. Depuis pas moins de douze ans! Douze ans d'amitié, douze ans de relation presque fusionnelle malgré des caractères aux antipodes. Douze ans qu'ils se connaissaient, et quatre ans qu'ils ne s'étaient pas vus. Depuis que Killian avait déménagé en Europe, depuis qu'il avait entreprit ses études pour devenir Auror. Quatre ans avec un océan entre eux, mais Drew était certain que rien n'aurait changé. Ils avaient tout fait ensemble, tout vécu, ils étaient deux âmes inséparables et deux coeurs liés, c'était indéniable. Même loin des yeux, Drew pensait toujours à son ami. A comment le sortir de son sérieux, comment faire le pitre pour animer la journée du plus sérieux. Ils avaient passé un an à voyager, un an à deux, deux frères de coeur qui pouvaient parfois presque communiquer sans parler. C'était une relation d'une force démesurée, et Drew y croyait dur comme fer. Il n'était pas question de douter de Killian. Il avait sa vie entre les mains sans aucune relfexion. Et Drew se mettrait en travers n'importe quel sortilège impardonnable pour sauver Killian.

Le dernier coup sur la porte mourut dans l'air, raisonnant faiblement dans l'esprit survolté d'un Drew surexcité. L'impatience était à son comble : revoir son meilleur ami le mettait dans une bonne humeur solaire. Quiconque passait par là pouvait se rendre compte de l'entrain du jeune homme. Il ne pouvait le cacher, ni le réfréner. Il le vivait à 100% et tout se lisait sur son visage. Des pas feutrés se firent faiblement entendre alors qu'ils s'approchaient de la porte, et le sourire du Poufsouffle s'agrandit sur son visage, le barrant de part et d'autre. Il était sincèrement et profondément heureux. Aucune demie-mesure possible, juste de la joie pure et la hâte de retrouver une partie intégrante de lui, de sa vie. Killian.

La poignée s'abaissa presque trop lentement pour l'impatience dont Drew faisait preuve, et la porte s'ouvrit. Killian apparût derrière, toujours aussi grand, toujours aussi lui. Il semblait avoir prit du muscle, et peut être un ou deux centimètres, depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Il avait toujours la même moue sérieuse sur le visage, floquée de surprise car bien sûr, il ne s'attendait à aucune visite. Qui le visiterait? Drew savait que son ami s'imaginait bien moins intéressant qu'il ne l'était réellement. Mais le regard qui grimpa le long de la silhouette de Drew changea quand il accrocha le sourire rayonnant. Un prénom prononcé, quatre lettres, et un visage trahissant toute l'étendue de sa surprise. C'était bien lui! Son meilleur ami! Il se retenait de lui sauter dans les bras. Mais l'envie était vraiment vraiment forte.

― Killian! C'est moi! Ton meilleur ami! s'exclame-t-il, au bord de craquer pour lui sauter dessus. Il avait toujours été extrêmement démonstratif. Il paraît que mes parents ont déménagé en Europe, et par le plus grand des hasards il se trouve que je me suis inscrit dans un cursus à la MUL. Tu te rends compte? On dirait presque que je l'ai fait exprès pour retrouver quelqu'un. Je me demande qui.

Son regard est taquin, rieur, malicieux. Il est extrêmement fier de lui, fier de ses conneries, et surtout de la surprise qu'il lisait dans le regard de son meilleur ami. Il l'adorait de tout son coeur, et leurs moments à deux lui avaient cruellement manqué. Il fallait rattraper tout ça.

― Il paraît aussi que t'as une chambre de libre. Et il se trouve que par le plus grand des hasards, j'ai tous mes meubles et mes affaires sur moi. commence-t-il, ravi. J'ai le droit d'emménager? Dis ouiiiiii! Je cuisinerai et je ferai le ménage! son regard pétille, aussi joyeux que suppliant. Il ne lui dirait pas non, si?

“Les retrouvailles consolident les amitiés.”

Tout avait été scrupuleusement planifié. Tout avait été pensé, réfléchi, encore et encore, jusqu'à ce que tout soit parfait. Le jour et l'heure d'arrivée, les mots employés, tout jusqu'au sourire et à l'air de chien battu... Non. En réalité, Drew était bien plus impulsif que réfléchi. D'ailleurs, s'il y avait pensé un peu plus, il aurait prévenu son meilleur ami, et lui aurait demandé son avis, plutôt que de débarquer à l'improviste, chez quelqu'un qui avait du mal à laisser les gens entrer chez lui. Mais Drew n'aimait pas prendre le temps d'attendre, se poser, penser un peu trop à trop de choses qui, très souvent, l'ennuyaient. Et il ne planifiait que très peu, surtout des retrouvailles pareilles. Comment aurait-il pu se préparer lui-même, à revoir son meilleur ami de longue date? Ils avaient passé presque la moitié de leur vie à se connaître, s'apprécier. Et Drew était bien incapable d'échafauder de tels plans, où tout était calculé. Si bien que chacun de ses sourires, chacun de ses mots, et toute l'étendue de son bonheur, tout était réel. Tout était vrai, à 100%. Aucune once de mensonge, rien d'exagéré exprès. Il était purement, et simplement, de la meilleure des humeurs possibles, car il retrouvait la moitié de son être.

La surprise de Killian se lut si facilement sur son visage, alors qu'il était de ceux sérieux et le plus neutre possible, que cela surpris un peu Drew. Décontenancé une fraction de seconde, le plus petit chercha le refus dans les yeux de son meilleur ami. Et s'il lui disait non? Même s'ils s'adoraient, peut-être que depuis qu'il était parti, Killian avait changé? Peut-être qu'il ne voulait plus tant de Drew dans sa vie, encore moins chez lui. Et Drew n'avait vraiment, vraiment pas pensé à ça. Mais le sourire en coin qui naquit sur les lèvres du plus grand, termina d'ôter le moindre doute à Drew. Les paroles un peu bafouillées, le temps que Killian se reprenne et analyse la situation dans laquelle il se retrouvait, finirent par poser une question très simple. Killian était-il capable de refuser quelque chose à Drew? Le musicien n'avait jamais réfléchit à ceci, et la question pouvait d'ailleurs se retourner contre Drew. Drew pourrait-il refuser quelque chose à Killian? Dans les deux cas, la réponse semblait d'une facilité déconcertante. Non. Non, Killian ne pouvait pas, la preuve, il invitait son meilleur ami à entrer dans son havre de paix, et à s'étaler dans son antre, alors qu'il savait que Drew n'était pas le moins... envahissant des colocataires. Et non, Drew ne pourrait certainement pas refuser quoi que ce soit à son meilleur ami, il l'adorait, et il tenait trop à lui pour le blesser sans une bonne, très bonne raison. Y avait-il seulement une assez bonne raison dans cet univers, pour le faire? Il n'en n'était pas si sûr.

― Tu sais que je pourrais pas te refuser grand chose non plus, hm? son sourire se trouvait être radieux, taquin, plein de sa joie de retrouver son meilleur ami.

Le musicien se glissa entre Killian et la porte, tirant sa valise à l'intérieur pour que son meilleur ami puisse enfin fermer son appartement, et que la suite de leurs retrouvailles se fassent dans une sphère plus privée, qui conviendrait bien mieux à Killian. Le regard de Drew se promena avec curiosité sur l'appartement rangé, et décoré avec goût. Il s'émerveilla de certaines toiles, avant de délaisser sa valise, chaussures et veste dans l'entrée, pour se laisser tomber dans le canapé, poussant un rire ravit. Un long soupir plus tard, et il se redressait pour s'asseoir en tailleur sur le sofa de cuir, son regard noisette se plongeant dans celui de son meilleur ami, bien plus grand.

― C'est super beau chez toi! Ca te plait, la MUL? Les cours sont pas trop durs? Tu t'es fait des amis depuis le temps? commença-t-il à demander, des centaines d'autres questions encore en tête. Il se mit à rire et retira sa casquette le temps de passer une main dans ses cheveux, avant de la remettre. J'ai l'impression qu'on s'est vus hier, et pourtant ça fait une éternité. J'ai tellement de trucs à te raconter!