Une oreille attentive feat. Louise Wilson

Pas de nouvelles. Eryn était, encore une fois, allée enquiquiner des Aurors mais la même réponse revenait sans cesse. Elle n'avait pas réussi à croiser Aaron, le seul qui l'écoutait vraiment et qui avait, aussi, rouvert l'enquête. Même si de toute manière, il y avait peu de chance pour qu'il lui donne de bonnes nouvelles. En fait, c'était presque idiot de venir les voir : si Aaron avait des nouveautés sur l'enquête, il contacterait immédiatement Eryn. Mais elle ne pouvait pas attendre sans rien faire. Elle se devait de faire bouger les choses. Le Ministère semblait en avoir complètement rien à foutre. Des Aurors, y en avaient tous les jours qui disparaissaient ou mourraient, qu'on lui répondait sans cesse. Et avec le temps, la jeune femme restait toujours aussi choquée. Depuis quand des vies pouvaient être sacrifiées comme cela, juste parce que c'était normal ? En quoi était-ce normal, d'ailleurs ? Alors oui, peut-être qu'Eryn avait désormais la réputation d'être une emmerdeuse de première, que les gens se moquaient de sa famille à cause de ses nombreuses bavures avec le Ministère malgré son jeune âge. Mais ça, elle s'en fichait pas mal. Son frère et sa sœur valaient mieux que ça, et si personne ne voulait les retrouver, alors elle le ferait d'elle-même. Seule. Sans personne pour lui donner des ordres.

À son retour à Poudlard, les choses n'allaient pas forcément mieux. Alors qu'elle suivait un cours de Potion, un élève a cru bon de piéger sa potion pour se venger de sa camarde avec qui elle travaillait. Fine énervée et sur les nerfs, Eryn lui avait alors lancé un sort sans plus attendre. Ce n'était pas quelque chose de bien violent, mais l'élève avait aussitôt répondu à son attaque et toutes les potions avaient été gâchées. Et avec ça, un petit détour dans le bureau de leur Directeur  ou Directrice de Maison. Bref, ce n'était vraiment pas sa semaine et elle avait besoin d'en parler avec quelqu'un. Bizarrement, ce n'était pas avec quelqu'un de sa maison, bien au contraire. La personne en qui elle se confiait, c'était la Directrice des Serpentard. Certains pourraient trouver cela étrange, mais Louise Wilson, c'était bel et bien le genre de personne qui en plus de donner de bons conseils, était de bonne écoute. Avec elle, Eryn ne se sentait pas juger. Elle n’approuvait pas toujours ce que son élève faisait, mais la rouquine avait confiance en elle. Il faut dire que tout avait commencé par l'admiration que portait la jeune Serdaigle pour sa professeure. Entre cette classe naturelle et la matière qu'elle enseignait, la Métamorphose, tout était là pour plaire à Eryn qui se retrouvait toujours bouche-bée devant ces femmes puissantes.

« Madame ? » demanda-t-elle en toquant à la porte du bureau de celle-ci, ne sachant pas si elle était là ou si elle l'avait entendu. Normalement elle devrait être présente, mais quelque chose aurait pu arriver quelque part. En effet, même si les professeurs avaient des heures de bureau, ce n'était jamais une sûreté. Ici, tout pouvait arriver. Ou même ne serait-ce qu'une envie d'aller se dégourdir les jambes, en fait. Eryn était tout de même venue dans le bureau que Louise utilisait le plus. En effet, celle-ci en possédait deux : celui qu'elle a hérité de l'ancien Directeur des Serpentard mais aussi celui de l'ancien Professeur de Métamorphose, qu'elle avait complètement refait. Et elle semblait préférer passer son temps dans celui-ci que dans l'autre, alors il valait mieux tenter dans ce bureau là. Elle retoqua une nouvelle fois, prête à partir si elle n'avait pas de réponse ensuite.

Avec chance et bonheur, Madame Wilson était bel et bien dans son bureau. Elle devait être occupée et c'est pour cela qu'elle n'avait pas répondu plus tôt. Eryn était rassurée. Elle aurait quelqu'un qui l'écouterait, même si c'était pour lui remonter les bretelles. Elle savait très bien qu'être aussi persistante ne servait à rien, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'y retourner, encor et encore. C'était dans sa nature, de ne pas abandonner. Et quand cela concernait sa famille... Encore moins. Quand on la laissa rentrer, Eryn prit place, s'asseyant délicatement sur une des chaises devant le bureau de sa professeure. « Oui, je veux bien. Merci. » sourit-elle alors. Beaucoup trouvait que la femme qui leur servait de professeure de Métamorphose était froide et inapprochable. Souvent, on regardait Eryn bizarrement quand elle disait l'apprécier énormément car elle était à l'écoute de ses élèves. Les autres ne cherchaient même à connaître leurs aînés avant de les critiquer, et c'est bien pour cela que la rouquine avait du mal à se faire des amis. À moins qu'un professeur ne soit réellement méchant pour aucunes raisons, elle avait toujours tendance à les soutenir contre les élèves. En général, elle se mettait surtout à leur place. Avec les générations qui arrivaient et qui se trouvaient être de plus en plus insolentes, elle comprenait très bien comment certains pouvaient perdre les pédales. Un peu de calme, c'est tout ce qu'ils demandant en général. Mais quand trois élèves discutent derrière, deux se lancent des papiers avec des messages à l'intérieur et que les autres n'écoutent pas, ce n'est pas facile.

« Je suis vraiment désolée de vous déranger. Vous deviez être occupée avant mon arrivée, j'espère que je ne vous empêche pas de travailler. » Même si elle avait plus que hâte de parler. En fait, rien que d'être venue ici, elle se sentait déjà un peu mieux. Être accueillie comme si elle ne gênait pas, c'était toujours quelque chose de positif. « Vous allez bien ? » lui demanda ensuite Eryn, prenant d'abords de ses nouvelles avant de parler de sa propre petite personne. Parce que oui, elle se préoccupait de Madame Wilson. En plus de ça, c'était quand même la moindre des politesses que de demander ce genre de chose : elle était gentiment accueillie ici. « Je sais que vous êtes pas mal occupée en ce moment, mais j'avais besoin de parler à quelqu'un. Et vous êtes toujours de bons conseils, qu'ils me plaisent ou non, d'ailleurs. » dit-elle en riant doucement, se remémorant quelques souvenirs. Bien entendu, elle ne s'était jamais engueulée avec sa professeure, mais elles avaient eu des désaccords parfois. Heureusement que les deux savaient écouter l'une et l'autre. Le problème, c'est qu'Eryn était largement plus sensible sur le sujet de son frère et de sa sœur que le reste... Mais bon, elle était venue pour ça, elle n'allait pas reculer maintenant. Ce n'était pas son genre. Jamais. C'était un trait de caractère assez fort chez elle, au plus grand malheur de beaucoup de ses proches. Enfin, surtout de ses parents. Ses amis, ça les faisaient rire en général, ou s'ils étaient gênés, elle s'en fichait complètement. Sa famille, c'était totalement différent, forcément. Elle les aimait tellement. Pas que ses amis ne soient pas importants, bien au contraire. Ils ne comprenaient juste pas ce qu'elle ressentait, c'est tout.

« Je suis retournée voir les Aurors. Un des leurs a rouvert une enquête plus poussée, et je pensais, je sais pas, peut-être qu'ils trouveraient quelque chose. Mais d'après ce qu'on m'a dit, peu sont intéressés par leurs recherches. Mon frère et ma sœur sont apparemment déjà morts et enterrés sans qu'on est retrouvés leurs corps. » expliqua Eryn sans sourciller, le regard fixé sur le bureau de Madame Wilson. « On m'a dit d'abandonner. D'oublier. De passer à autre chose. Mais je n'y arrive pas. Mes parents non plus, d'ailleurs. Ça nous hante et je ne sais pas comment faire pour réussir à vivre de nouveau. » Il fallait l'avouer, Eryn ne s'en sortait pas. Cela faisait déjà quelques temps qu'ils étaient portés disparu, et pourtant son cœur se serrait toujours autant quand elle entendait leurs noms ou quand quelqu'un parlait d'eux. Ses parents étaient exactement pareil et leur disparition avait quelque peu brisé le couple et la famille. Même s'ils restaient soudés, plus rien n'était comme avant. Les sourires étaient forcés, les moments passés ensemble douloureux. Le fait que personne n'est jamais retrouvé leurs corps n'aidait pas du tout. Le doute planait toujours et des rumeurs avaient circulé sur la possible trahison ou fuite des deux, blessant la famille qui ne comprenait pas pourquoi ils auraient fait ça.