Sujet: Échappatoire alcoolisée | Wezen Mer 2 Oct - 22:55
échappatoire alcoolisée
feat Wezen A. Leryot
La journée se terminait enfin. Le soleil avait entamé sa descente pour se coucher sur l'horizon, après avoir brillé ardemment toute la journée sur les paysages urbains. Il était temps pour lui de disparaître sur la ligne courbe au loin, irradiant par la même occasion la Terre de ses rayons enflammés. Jude avait fermé la clinique un peu plus tôt cette journée là. Aucun rendez-vous ne restait, et les clients ne semblaient pas décidés à venir depuis plusieurs heures déjà. Il s'était donc occupé des quelques protégés qui avaient été obligés de rester en convalescence avec lui, puis avait fermé boutique. Il avait décidé de prendre un peu de temps pour lui, loin du travail, sortir un peu prendre du bon temps, il en ressentait un cruel besoin. Il n'avait pas encore recontacté Bartholomew depuis qu'ils s'étaient croisés par un heureux hasard, et cela faisait plusieurs jours aussi qu'il n'avait pas profité de sa soirée depuis qu'il était sorti et avait rencontré Loïs. Un sourire amusé habilla ses lèvres à cette pensée alors qu'il montait les escaliers qui séparaient la clinique de son lieu de vie. Malgré les intentions clairement charnelles, il avait profité du bar et du restaurant. Il retenait d'ailleurs que l'autre homme devait lui faire découvrir des endroits de la ville.
Mais là n'était pas le sujet. Jude avait décidé de tenter un autre endroit pour cette fois. Il aimait les ambiances musicales et les bars où les gens s'abandonnaient, mais le calme lui manquait cruellement. Aussi décida-t-il de retourner au Chaudron Baveur, lieu qu'il n'avait pas côtoyé depuis qu'il était revenu du Canada. Il en gardait des souvenirs flous d'un adolescent qui y passait de temps en temps. Rien de bien concluant, en somme. Sa mémoire était bien plus habitée par le Canada, et les neufs dernières années qu'il y avait passées. Mais il était à Londres maintenant. Et il s'y était installé pour rester, au moins quelques années. Sinon tout ceci aurait été fait en vain, et il n'était pas question de baisser les bras face à des souvenirs futiles d'enfant malmené.
Son regard dans la glace s'accrocha lui-même et il se détailla. Les grandes lunettes de soleil fumées posées sur son nez habillaient son visage anguleux. Son cou plongeait dans un pull noir au motif flamant rose, orange et bleu. Un pantalon en cuir noir complétait la tenue, accompagné de sa veste jumelle. Il était fin prêt, et cette tenue lui rappelait avec nostalgie son groupe d'amis de l'autre coté de l'océan. Il lui faudrait prendre des vacances à un moment, retourner les voir, essayer de ne pas se faire oublier.
Il descendit les marches et fila dans les rues londoniennes d'une démarche légère et guillerette. Sa bonne humeur se voyait, sa marche rapide et décidée. Il commençait à reconnaître les rues, retrouver son chemin avec plus de facilité. Tout se mettait en place, peu à peu. Comme s'il n'était jamais vraiment parti, comme s'il appartenait à ce lieu. Présence fantomatique qui n'est jamais vraiment là, jamais vraiment partie. La mémoire était une chose étrange. Il entra dans le Chaudron Baveur après avoir jeté un coup d'oeil à l'enseigne, poussant la lourde porte avec un sourire, troquant ses lunettes de soleil pour ses lunettes de vue. Les rayons oranges et rouges du soleil s'engouffrèrent avec lui dans le lieu, et s'amenuisèrent alors que la porte se fermait. Tout paraissait relativement calme par rapport aux autres bars qu'il avait côtoyés récemment. Pas de musique tapant dans les esprits. Le vétérinaire se glissa sur un tabouret à une extrémité du comptoir, levant son regard bleu-gris vers le barman, un sourire aux lèvres.
« - Bonsoir. Servez moi un verre de votre meilleur breuvage, s'il vous plait. »
Sujet: Re: Échappatoire alcoolisée | Wezen Jeu 3 Oct - 20:22
But I'm only human after all so don't put your blame on me
"But the Lord said go to the Devil."Tu avais posé un pied. Un seul, en dehors de ton lit. Et voilà que tu étais déjà de très mauvaise humeur. C'était rare quand cela arrivait, mais il fallait bien des jours où cela n'allait pas. Sans raison en plus de ça. Tu as pourtant bien dormi, une nuit complète. Il ne fait pas totalement mauvais dehors. Non, tout semble être normal, redondant, habituel, rien d'inhabituel. Non, tout était pareil. Tes pas lourds sur le sol, ton chemin presque radical vers ta cuisine, ou ta machine à café, plus en détail. Un léger soupire, une main passée sur ton visage, puis tu appuies sur ce bouton pour faire couler le liquide chaud et réconfortant, dans une tasse vierge,blanche, enneigée. Toujours la même routine, les même gestes redondants et mécaniques. Comme des machines, comme une machine, voilà comment tu fonctionnes. Un mécanisme s'active quand tu te lèves, s'éteint quand tu dors. Voilà pourquoi tu aimais tant quand tu dormais. C'était bien plus calme, agréable, tranquille. Paisible. Morbide.
Étrangement, tu allais bien plus vite quand il s'agissait de te préparer pour aller au boulot. Sûrement pas par motivation hein. Juste parce que tu es obligé, d'aller vite. Si tu veux que le bar soit assez présentable pour la clientèle. Bien que pour le coup, si les clients osent se plaindre de quoi que ce soit, tu iras gentiment les mener à la porte. Pour leur claquer cette dernière au nez. De manière gentille et polie, bien sûr. Comme à ton habitude hein. Tu n'es absolument pas quelqu'un qui jure uniquement par la violence. Bien au contraire. Généralement, si tu réponds par les poings, c'est soit parce que l'on a touché à Eltanin, ou Vincent, ou alors juste parce que tu es de très mauvaise humeur. Comme actuellement, malheureusement. Mais tu allais devoir faire avec. Ils vont devoir faire avec. Ils n'ont pas d'autres choix de toute manière hein, il ne faut pas se voiler la face.
La journée était avancée dans sa durée. Les clients grouillaient bien moins. Tant mieux. De toute manière, tu hais les insectes, donc si des humains commencent à se comporter comme tel, autant vite s'en débarrasser. Tu ne veux pas de ça près de toi. C'est vraiment... Ew. Soit. La voix d'un client t'avait sorti la tête de tes pensées. Tu soupirais, espérant te montrer de bonne foi, de bonne humeur, bien que ce n'était absolument pas le cas dans l'immédiat. Tu hochais la tête, calmement, avant de te tourner vers les bouteilles. Préparant le « meilleur cocktail présenté sur la carte », car tu n'avais vraiment pas envie te triturer l'esprit pour créer une boisson là tout de suite.
« Eh... Voilà pour vous. Ce sera tout j'présume ? »
Sujet: Re: Échappatoire alcoolisée | Wezen Jeu 3 Oct - 21:20
échappatoire alcoolisée
feat Wezen A. Leryot
Son esprit avait terminé par s'apaiser depuis qu'il était sorti au bar et avait rencontré Loïs. Il avait cessé de chercher des mots à mettre sur des choses qu'il ne comprenait pas, qu'il n'était même pas certain de ressentir. Pourquoi chercher la petite bête, remuer ciel et terre, quitte à s'abîmer, pour des choses aussi futiles qu'illusoires? Peut être que dans un mois, il aura simplement oublié tout ceci, et tout ce mal qu'il s'infligeait, un peu malgré lui, aura été fait en vain. Il pensait trop, réfléchissait trop, ne prenait que rarement des pauses. C'était pour ça que son métier le passionnait tant : avec les animaux, il avait l'esprit ailleurs. Il devait réfléchir pour eux, il avait des responsabilités, et ne pouvait se permettre de s'abîmer lui-même. Pour quelques heures, il oubliait tout, et le temps passait si vite qu'il lui semblait ne jamais vraiment voir les secondes défiler.
L'endroit était comme dans ses souvenirs. Une odeur de bois vernis, un peu d'alcool qui flottait dans l'air, des paroles étouffées et des rires heureux. Il lui semblait avoir découvert ces murs il y a si peu de temps, et en même temps une éternité était passée. Tout avait l'air à la fois si identique et si différent, et Jude ne savait pas différencier ce dont il pensait se souvenir, et ce dont il se souvenait réellement. Tout était si flou, si vaporeux, si vague. Il aimait cet état un peu apathique, dans lequel il ne pouvait de toute façon rien faire. Se débattre, tenter de se souvenir des détails, était une cause perdue. Alors il s'abandonnait à cette simili nostalgie, ces airs de ressemblance, ces sentiments à la fois doux et amères qui l'habitaient. Le tenant du bar soupira presque imperceptiblement, et Jude répondit d'un sourire, le poing fermé contre son cou, le coude sur le comptoir. Tout le monde ne passait visiblement pas une excellente journée, et il pouvait parfaitement le comprendre. Les métiers dans le service, comme celui de barman, devaient demander beaucoup de contrôle de soi et d'efforts pour paraître accueillant même lorsque ça n'allait pas. L'autre homme, plus âgé que lui, se retourna vers les nombreuses bouteilles qui décoraient le mur derrière le comptoir pour préparer la commande du vétérinaire. Ce dernier l'observa avec curiosité, et un air impressionné et naïf proprement enfantin. Il était parfaitement incapable d'associer les saveurs, surtout en alcools, alors voir un barman au travail avait toujours quelque chose d'émerveillant.
« - Merci beaucoup. Pour le moment oui, merci. »
Répondit-il en se redressant lorsque son verre se retrouva posé devant lui. Il remonta ses lunettes sur son nez et détailla le breuvage, jouant avec son verre, intéressé. Qu'avait-il bien pu mettre là dedans? Il prit une gorgée et fit un sourire satisfait en en reprenant une autre. Ses sens étaient flous, déconcertés, et il ne savait dire quelle saveur il était en train de goûter.
« - C'est excellent! Qu'y a-t-il dedans? »
Demanda-t-il, relevant les yeux vers l'autre homme. Un autre client était passé par là et reparti avec une grande choppe de bière qu'il déposa sur une table en bois avec plusieurs de ses amis, poussant de grands rires bourrus de gens âgés qui prenaient du bon temps. Jude prit son verre entre ses deux mains et croisa ses doigts, intéressé par la réponse. Une ombre pressée passa derrière lui et le bouscula un peu, le faisant sursauter et son verre presque plein déborda sur ses doigts. Il grimaça et chercha une serviette des yeux, un peu embêté.
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"But the Lord said go to the Devil."C'est dingue à quel point tu peux être d'humeur massacrante au travail parfois. Tu ne le fais pourtant pas exprès. C'est juste comme ça, sans raison en plus. Des fois, tu peux être calme et détendu comme un ange, d'autres fois, tu aimerais juste taper la première personne que tu peux croiser en sortant de ton immeuble. Qu'importe la personne. Sauf sûrement ton meilleur ami. Sur lequel tu ne pourrais jamais lever la main. Sauf pour lui ébouriffer les cheveux à la rigueur, mais c'est tout. Enfin bon. Tu allais quand même éviter de faire un meurtre là tout de suite. Ce ne serait pas bon pour ta réputation, bien que par moment, tu en avais très envie, et que tu étais à deux doigts d'y mettre un terme, à ces envies de meurtres. Mais soit. Tu souries, respires calmement, fait mine d'être de bonne humeur devant les clients. Pas. De. Meurtres.
« D'acc'. »
Bizarrement, aucun mot, aucune parole ne sonnait agréable. Serais-ce volontaire ? Sûrement. Tu soupirais, légèrement. Pas de manière agressive, mais plutôt de manière dédaigneuse. Tu as plutôt hâte que cette journée se termine. Que tu puisses aller te coucher. Ce serait bien oui. Mais pour l'instant, tu devais juste supporter les rires trop forts, les commandes chiantes et longs, les mal de tête qui s’enchaînent. Un cercle vicieux que tu supportais peu, mais tu n'as pas le choix. Encore. Donc fermer ta gueule oui.
« ... De la menthe et de la vodka. »
Rien de plus. Sauf que tu avais très bien vu là, il avait renversé son verre sur ses doigts. Tu avais tapé frénétiquement de tes doigts sur le comptoir avant de lui tendre un chiffon. Tu n'allais certainement pas nettoyer pour lui. Et puis quoi encore.
Sujet: Re: Échappatoire alcoolisée | Wezen Mar 8 Oct - 19:32
échappatoire alcoolisée
feat Wezen A. Leryot
L'humeur était quelque chose qui allait et qui venait, parfois sans grande raison apparente ou sans explications possibles. Le moral pouvait être au plus haut, et chuter d'un coup, montagne russe d'un état psychique qui aimait faire des farces lorsque tout a l'air d'aller, mais surtout pas dans le bon sens. Jude se souvenait des nombreuses fois où tout semblait aller bien, et que du jour au lendemain le moral ne tenait plus le cap. La tristesse, le manque de confiance, tout revenait au galop sans que rien ne semble l'avoir déclenché dans les jours qui avaient précédé. Comme si le propre de l'humain était de toujours se remettre en question, lui et le prétendu bonheur qu'il course jour après jour. On décortique qui l'on est, ce que l'on fait, ce qui nous entoure, encore et encore, dans l'espoir un peu vain, bien illusoire, de toujours trouver quelque chose à redire. On trouve toujours, des choses qui ne vont pas. Des choses qui blessent ou qui égratignent. On trouve toujours. C'était peut être le cas du barman que le vétérinaire regardait de temps en temps, entre deux coups d'oeil à son verre.
Le plus âgé lui répondit, sans grand entrain, le moins de mots possible. Jude comprenait, il comprenait qu'on ne pouvait pas toujours passer à autre chose, enfiler une veste et devenir quelqu'un d'autre. L'humeur est ce qu'elle est : on fait les plus grands efforts possibles mais rien n'y fait. Il y a toujours ce petit quelque chose qui nous chiffonne, et qui continuera quoi qu'il en coûte. Aussi, le brun à lunettes ne réagit pas au soupire qui traversa les lèvres de l'autre à sa question curieuse. Il n'essaya pas d'analyser, de comprendre quel sentiment pouvait se cacher derrière. Agressivité, fatigue, dédain, dégoût, peu importait. Il ne voulait pas tant savoir, après tout. Il n'était rien ni personne, et si ses tentatives de dérider l'autre homme ne portaient pas ses fruits, il n'allait pas se forcer à parler des milles et des cents alors qu'il était d'une nature renfermée. Aussi sourit-il simplement en réponse pour le remercier, avant de se faire bousculer.
Le barman tapa des doigts sur le comptoir, visiblement agacé, peut être même énervé. Jude retint un soupir las et remercia le plus âgé lorsqu'il lui tendit une serviette. Il nettoya les dégâts, essuya son verre et le dessous, avant de plier la serviette et la rendre à son propriétaire avec un merci murmuré. Il observa ses doigts collants et essaya de se remémorer s'il connaissait une formule pour ceci. Mais il n'avait pas une mémoire excellente, ni maintes utilités de pratiquer ce genre de choses. Aussi préféra-t-il s'éclipser aux toilettes pour se laver les mains, rapide et efficace, avant de reprendre place sur le tabouret au comptoir.
Sa soirée était déjà un peu moins brillante, même s'il continuait d'espérer se changer les idées. Son regard bleu-gris gambada sur la salle, détailla et accrocha les gens qui passaient, buvaient, parlaient. Quelques groupes d'amis s'étaient formés, quelques buveurs et buveuses solitaires peuplaient les recoins. Ce ne devait pas toujours être évident de travailler dans ce genre d'endroit. Au moins pour le moment, il semblait que personne ne veuille faire de trouble. Jude appuya son dos contre le bar et ferma les yeux quelques instants, son verre en main. C'était calme, mais le serait-ce encore longtemps?
« - Vous avez souvent des soirs comme celui-ci, où tout a l'air plutôt calme? »
Se décide-t-il à demander, histoire d'essayer une dernière fois d'avoir un contact social avec le barman.
But I'm only human after all so don't put your blame on me
"But the Lord said go to the Devil."Tu es fatigué. Épuisé. Exténué de devoir te casser la tête à sociabiliser pendant les jours où tu ne le veux clairement pas. Tu es obligé avec ton métier oui. Tu n'as clairement pas le choix, et tu es tout de même obligé de faire des efforts, malgré que tu ne le veuilles absolument pas. En même temps, si tu pourrais faire ce que tu voudrais, cela se saurait. Tu le saurais ça c'est sûr. Mais ce n'est pas du tout le cas. Donc tu vas cesser de faire ta forte tête, fermer ta gueule et paraître poli et agréable aux clients. Bien qu'il y en avait certains que tu avais déjà envie de défenestrer. Mais calme. Tu sais que tu es bien moins contrôlable niveau colère, sans personne à qui tu tiens dans les environs. Donc tu allais déjà prendre une grande inspiration. Souffler. Fermer les yeux, et juste observer le binoclard en face de toi. Non pas qu'il t'insupportait. Ce serait un euphémisme. Car il te saoule. Pourquoi certains clients ne sont pas habilles de leurs mains. Pourquoi ne sont-ils pas habilles tout court. Voir possiblement juste utile. Car niveau utilité de la présence du client en face de ton pif, on était proche du zéro absolu. Enfin, il te sert juste à remplir ton chiffre d'affaire. Eeet encore. C'était peut-être encore un euphémisme. Tu as euphémisé l'euphémisme. Bravo.
Tu le regardais d'un air dédaigneux partir, où, tu espères vers la porte de sortie. Cela t'arrangerait fortement. Car comme ça, tu prendrais ta pause sans avoir de regrets. Bien que tu en as jamais, des regrets, surtout pour ça. Tu avais haussé les sourcils quand il avait repris la parole. Qui a dit que tu voulais avoir une conversation. A la rigueur, parler à un cadavre que tu aurais toi-même tué serait bien plus agréable que parler au binoclard en face, encore. Tu roulais des yeux, regardant les clients quelques secondes.
« Non. Très souvent, tout le monde se tape dessus, et ça met de l'ambiance. Je n'attends que ça d'ailleurs. »
Il y avait des jours comme ça, des jours sans, des jours où malgré toute la bonne volonté du monde, il valait mieux rester chez soi. Rester seul, ne pas forcer les contacts sociaux. Peut être que ça aurait dû être un de ces jours là. Une soirée calme, avec de la musique et seul chez lui, voici la solution pour laquelle Jude aurait dû opter. Mais non. Il avait décidé de donner une chance à sa soirée, sortir, retrouver les endroits où il avait passé les premières années de sa scolarité. Il s'était dit qu'il allait raviver les souvenirs, peut être enterrer ceux qui le freinaient encore. Changer d'idées sur certaines choses, évoluer. S'ouvrir. Il commençait à regretter. L'anxiété pointait le bout de son nez, et son regard bleu-gris se perdait dans son verre encore presque plein. Il n'avait presque plus envie de le boire, maintenant. Le milieu de son dos le faisait légèrement souffrir, là où le coude perdu l'avait touché pour le bousculer dans la précipitation. Mais que l'accident soit sa faute ou pas, ne semblait pas avoir de valeur aux yeux du barman agacé. Les tentatives infructueuses du vétérinaire pour engager la conversation s'avérèrent inutiles, et il était peut être temps de se raviser.
Le brun à lunettes soupira presque imperceptiblement en regardant son verre. Il le fit basculer légèrement entre ses doigts, étudiant son contenu comme s'il n'en n'avait plus du tout envie. Après quelques secondes à observer le liquide tournoyer dans son habitacle transparent, Jude porta le verre à ses lèvres et en avala une gorgée. Accoudé au bar, son regard glissa sur les personnes présentes alors qu'il écoutait la réponse du barman. Ce dernier n'avait vraiment, vraiment pas envie de socialiser. Le dédain se lisait clairement sur le visage de l'employé, et Jude se leva en soupirant, laissant le change de ce qu'il devait sur le comptoir. Message reçu, il ne le dérangerait pas plus.
« - Eh bien j'espère pour vous que ça arrivera. Bonne soirée. »
Jette-t-il en se retournant, son verre en main. Le vétérinaire s'adossa dans un coin, quelque part où il pourrait rester seul et regarder ce qu'il se passait dans le bar, échappant peut être aux yeux acérés de celui qui se tenait derrière le bar. Avec un peu de chance, quelque chose se passerait, et l'attention des deux hommes serait déviée.
Ce qui devait arriver arriva, un groupe d'hommes qui buvait de la bière et jouaient à ce qui ressemblait à une partie de cartes commença à s'échauffer. L'un d'eux hurla à la triche, l'autre se défendant, et tous les esprits embrumés par l'alcool s'échauffèrent. La dispute gagna bientôt tout le groupe et tous se crièrent dessus à grand renfort d'insultes et d'alcool renversé. C'en fût trop pour Jude qui termina son verre d'une traite et sortit de l'établissement après l'avoir reposé. Quelle soirée... Il rentra chez lui en fumant, bien content de prendre l'air pour se changer les idées.
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