Party in Dungeon n°14 | NC18

Elles vont devenir folles, elle en est persuadée.
Pourtant, Isleen ne se préoccupe pas vraiment de l'avis de ses colocataires, assise en tailleur, à poil, sur son lit. Elle a sorti l'intégralité de sa garde-robe, et l'a étalée devant elle, sur le sol, sur le lit, un peu partout.
Elle a rencard ce soir.
Si on peut appeler ça un rencard, d'ailleurs. Mais ne jouons pas sur les mots.
Elle a rencard ce soir, donc. Elle a envoyé un hibou à celui qui l'avait suffisamment marquée pour qu'elle ait envie de le revoir rapidement, et a été ravie de constater, à la rapidité de la réponse, qu'elle n'avait pas quitté son esprit non plus.
C'est toujours flatteur.
Et en plus, il avait fait part de son désir de la voir rapidement – dès le lendemain – ce qui n'était pas pour lui déplaire.
Alors du coup, elle veut être à la hauteur. Ils s'étaient rencontrés lors de la soirée de la St Valentin, ce qui implique une certaine magie de l'évènement. Les festivités et l'alcool aidant… Elle ne voudrait pas le décevoir en ne se montrant pas à la hauteur de ses souvenirs.
Et elle espère bien que lui sera à la hauteur des siens.
D'autant plus qu'elle s'était fait la malle comme une malpropre, la dernière fois. Elle n'avait pas réussi à s'enfuir comme si de rien n'était, comme à l'accoutumée, de façon propre et nette ; elle n'était pas non plus restée pour le petit déjeuner ou pour s'envoyer en l'air une dernière fois.
Maintenant qu'elle y songeait, il lui semblait bien être partie en le laissant attaché, d'ailleurs.
Il ne lui en avait visiblement pas tenu rigueur. À moins qu'il ait dans l'idée de se venger et de l'attacher en retour, façon Jessie?
Brr.
Ce serait tordu. Il lui semblait bien qu'il était Serpentard, mais quand même…
“Hiiiiii ! LEEN !” La concernée lève la tête vers sa colocataire qui vient d'entrer et de découvrir le chantier. “Couldn't you at least put some clothes on ?!”¹
Et la jeune femme d'avancer avec pudeur, main sur les yeux, dans la pièce. Isleen se contente de ricaner grassement mais ne fait aucun geste pour se rhabiller. Il va falloir que sa bonne soeur de colocataire accepte d'attendre qu'elle daigne se vêtir, et surtout qu'elle trouve la tenue idéale.
“'Tis date night, tonight…
- Date night ? 'Cause you have a boyfriend now ?”²
Isleen pousse un soupir face à l'idiotie de l'étudiante. Qui avait eu dans l'idée de lui coller une petite de licence ? Elle avait la maturité d'un lapin de six semaines.
“Contrary to other people, I have a thrilling social life.” Comprendre : non, je n'ai pas de copains, j'en ai une dizaine.
“Why don't you go to your date naked then ?”³ répond alors agressivement la jeune fille, piquée au vif.
Sans se douter une seule seconde que l'idée, saugrenue, fait son petit bonhomme de chemin dans l'esprit de l'Irlandaise.

Elle se fait désirer. Allongée sur son lit, elle laisse les minutes s'égrainer lentement, indifférente aux commentaires outrés de celle qui se prépare longuement à aller sortir. Isleen se permet juste, de temps à autre, une remarque cinglante sur le fait qu'on ne peut pas toutes être naturellement aussi belle qu'elle, ou avoir sa classe naturelle, ou avoir son sens inné de la mode.
Que voulez-vous, on ne change pas une équipe qui gagne.
Finalement, quand elle estime avoir un retard assez long sans l'être trop, elle bondit hors de son lit et attrape le petit coffret qu'elle avait préparé plus tôt dans la journée. Elle ne salue même pas sa colocataire, vérifie son reflet.
La cascade de cheveux blonds, aux boucles naturelles.
Le rouge à lèvres carmin, pour souligner la volupté de ses lèvres.
Les sous-vêtements de dentelle noire, soulignant parfaitement ses formes.
Et rien d'autre.
La jeune femme enfile des talons hauts, attrape sa baguette…
Et transplane.
Pop.

Elle réapparaît au beau milieu du salon de son amant, assise sur le canapé dont elle avait déjà eu le loisir de tester la fermeté. Coffret sur les genoux, elle pose sa baguette sur la table basse et sourit de toutes ses dents en apercevant le jeune homme, qu'elle espère bien avoir surpris.
“Good evening, Gunnar,” sussure-t-elle tranquillement. “So your door stays wide open for me, doesn't it ?”⁴
Elle fait référence à la réponse à sa lettre, reçu la veille, d'un ton taquin.
Elle aime se savoir désirée.
Indispensable.
“The thing is… I don't quite like doors.”⁵
Une façon comme une autre de transplaner directement chez lui.
Comprenez, elle ne pouvait décemment pas se promener sur tout le campus dans cette tenue. Non pas qu'elle en soit incapable, mais on ne la laisserait pas aller à son gré.
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¹ Tu pourrais pas te mettre quelque chose sur le dos ?
² C'est rencard, ce soir…
- Rencard ? Parce que t'as un copain maintenant ?
³ Contrairement à d'autres, j'ai une vie sociale palpitante.
- Pourquoi tu vas pas à poil à ton rencard alors ?
⁴ Bonsoir, Gunnar. Alors comme ça, ta porte reste grande ouverte pour moi ?
⁵ Le truc c'est… Que j'aime pas vraiment les portes.

Quel plaisir !
Quel plaisir de le voir surpris, et de venir le déranger dans sa petite vie proprette et bien rangée !
Quel plaisir de déranger !
Heureusement qu'il n'est pas écrit sur le visage du jeune homme qu'il avait oublié la possibilité de sa venue, elle l'aurait mal pris et serait repartie comme elle était venue. Hmpf !
Elle glisse une jambe pour la croiser avec l'autre, dans un mouvement d'une langueur infinie. Elle est perchée sur de longues pattes, et elle sait l'effet que cela peut avoir sur les hommes… D'autant plus quand, comme elle, on a pris la peine de garder ses talons aiguilles.
Pour le côté sexy, vous comprenez.
Isleen lance une oeillade brûlante au jeune homme, indifférente à la fuite de son chat… Ainsi qu'à la fenêtre ouverte. Qu'on les entende ? Qu'on les voit ? Elle s'en contrefiche. Les bonnes gens choqués ne seront que des jaloux, enviant leur capacité à se libérer de toute pudeur pour mieux se complaire dans le péché.
Si en plus il voulait jouer à faire celui qui ne la connaissait pas, deux inconnus qui s'aiment le temps d'une nuit…
Mais n'est-il pas un peu tôt dans leur relation, pour avoir de tels jeux ? Ils ont à peine commencé à se découvrir, il n'est pas encore question de renouveler le désir d'un couple tombé dans la routine !
Ils ne sont même pas en couple !
Je m'égare.
“Indeed,” répond-elle dans un grand sourire. “Luckily for you, I had nothing planned tonight.”¹
Une façon comme une autre de lui souligner qu'elle lui faisait une faveur en venant ici, qu'elle avait une vie sociale trépidante, et j'en passe.
Hey, elle est venue sans contester. Elle a eu la délicatesse de ne pas se faire désirer, de ne pas le faire poireauter. Ce qu'on ne dit pas, c'est qu'elle garde cette carte bien au chaud dans le bonnet de son soutien-gorge ; elle s'amusera à lui écrire des lettres d'une plume si chaude qu'elle ferait rougir les prostituées les plus expérimentées, à lui poser un lapin ou deux avec pour seule excuse un sous-vêtement perdu, le chauffer pour mieux le laisser sur sa faim…
Bref, elle chasse, elle complote, elle s'assure de pouvoir lui laisser une place parmi ses friends with benefits. Et ce type d'amitié, ça s'entretient, si on veut garder l'amant.
Et un comme celui-ci, qui s'accorde aussi bien à elle, elle n'est pas prête de le laisser filer.
“And I brought a few things…” Elle tapote le petit coffret avant de le poser sur la table, se penchant juste assez pour souligner la ligne de son décolleté très peu couvrant. “But it wouldn't be proper to open your guest's gift right away.”²
Visiblement, elle n'est pas gênée par le fait que le jeune homme ne vienne pas immédiatement ramper à ses pieds.
Que voulez-vous, elle aime aussi qu'on lui résiste.
Ils étaient faits pour se trouver, les deux là.
“Aren't you offering me anything to drink or to snack on ? What a terrible host you make…”³
Dis donc, Isleen, tu te ficherais pas un peu de la gueule du monde là ? Tu arrives chez les gens, tu t'installes, à moitié nue, tu taquines, et tu oses réclamer à boire et à manger ?
Ou bien serait-ce une provocation de plus ?
Non, elle n'oserait quand même pas pousser la métaphore aussi loin…
Ou peut-être bien que si.
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¹ En effet. Par chance pour toi, je n'avais rien de prévu ce soir.
² Et j'ai ramené deux trois choses. Mais ça ne serait pas très correct d'ouvrir directement le présent de ton invitée.
³ Tu ne m'offres rien à boire ou à grignoter ? Tu fais un hôte bien piètre…

En voilà un qui sait parler aux femmes.
Il a très bien cerné l'Irlandaise, on dirait. Cette dernière ne cache pas son plaisir à ce qu'on lui parle ainsi, et laisse ses lèvres s'étirer en un véritable sourire – peut-être le premier qui soit entièrement naturel et qui n'ait aucune arrière-pensée séductrice.
Mais bon, n'était-ce pas le jeu, ma pauvre Lucette ? Venir de façon semi-improvisée, sans vraiment laisser le temps à son hôte de se préparer, c'était aussi accepter de devoir dévaliser les fonds de placard après une activité physique soutenue.
Elle l'observe, attentivement, alors qu'il vient écraser son mégot – beurk – et s'asseoir à ses côtés. Elle se tourne alors vers lui, ramène ses longues jambes près d'elle – veillant, toutefois, à ne pas accrocher ses talons au tissu du canapé. Elle pose une main délicate sur le haut de la cuisse du garçon alors qu'il lui propose de passer commande.
De quoi aurait-elle envie ?
Jusqu'à où pouvait-il aller ?
La jeune fille réfléchit alors très sérieusement à ce qu'elle aimerait mettre dans le fond de son estomac. Il faut réussir à marier efficacement envies et impératifs. Elle ne peut décemment pas manger un Irish Stew avant de s'envoyer en l'air. Il faut que ce soit léger, fractionné, et idéalement qu'ils puissent jouer avec.
Le sexe est la seule exception à la règle qui dit qu'on ne doit pas jouer avec la nourriture.
“Surprise me,”¹ finit-elle par trancher dans un sourire.
À quoi penserait-il ?
Seraient-ils, cette fois encore, sur la même longueur d'onde ?
Ce mec n'a pas juste un cul parfait. Il est parfait.
Car voici qu'arrivent, les uns derrière les autres, de petits fours de diverses formes, de divers goûts. L'abondance qui apparaît alors, telle la Corne enviée par les Grecs, fait saliver la jeune femme.
Ce type est l'homme idéal.
Sans se poser la question d'où pouvait bien venir toute cette nourriture – car elle sait bien, comme tous les sorciers, qu'il est impossible de créer des aliments par magie – elle attrape un premier petit four et le glisse entre ses lèvres délicatement maquillées.
Omnomnom.
“Well played,”² concède-t-elle.
À boire ne serait pas de refus, en revanche… Mais il a pensé à tout, voyez-vous ! Deux verres sont déjà sur la table, et elle voit un liquide d'une belle robe rouge foncé se glisser à l'intérieur. Elle ne se fait alors pas prier pour attraper le pied d'un verre et faire rouler le vin à l'intérieur. Elle y passe le nez, apprécie les arômes qui s'en dégagent.
Ne vous y trompez pas : Isleen n'y connaît rien. Mais elle a un palais particulièrement développé – c'est une surprise, hein ? - et sait apprécier les saveurs d'un bon vin.
Elle lève alors son verre, pour trinquer avec le jeune homme.
“To another pleasant night. Slaínte !”³
A-t-on jamais Isleen parler aussi peu ?
Peut-être est-ce parce qu'elle trouve une certaine quiétude dans la présence du suédois, et qu'elle n'éprouve ainsi pas le besoin d'emplir l'espace avec de vaines paroles.
Les verres se rencontrent dans un tintement agréable, et à la nourriture succède le bon vin.
Je sais pas vous, mais j'ai l'impression que cette soirée prend un tournant inattendu. Ça ressemble de plus en plus à un rencard plutôt qu'à un rendez-vous de convenance pour simplement prendre du bon temps.
Isleen, pourtant, reste Isleen, et elle ne tarde pas à attraper la petite boite qu'elle a apportée avec elle et la pose sur le canapé, entre eux. Elle l'ouvre et laisse donc une partie soigneusement choisie de ses trésors s'exposer aux yeux de l'étudiant.
La première chose qui saute aux yeux, c'est l'abondance de couleurs dans la boîte.
Isleen a été sage, pour une initiation : on y trouve petits canards, rabbits, un oeuf par ci, un plug par là, rien de bien extrême – mais non moins plaisant, par ailleurs. Si on fouille bien, on remarquera l'huile de massage comestible – création O'Toole ! Qui change de parfum selon ce qui plaît le plus à celui qui s'en sert – et les menottes, sous la foule d'objets lubriques.
“So, tell me, Cutie Pie,” souffle-t-elle en laissant un doigt glisser le long de certains objets. “Which one shall I initiate you with first ?”⁴
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¹ Surprends moi.
² Bien joué.
³ A une autre nuit de plaisirs ! Slainte !
⁴ Alors, dis moi mon lapin… Avec lequel devrions-nous commencer ?

Vacker dam ?
Il faut savoir qu'Isleen n'a aucun talent pour les langues. Elle parle anglais, bien sûr, et, comme tous les petits Irlandais, a appris le gaélique sur les bancs de l'école moldue. Son père parlant couramment la langue, ça n'a pas été une difficulté. Mais alors pour le reste, c'est une patate totale. Elle n'a absolument pas l'oreille pour les sonorités linguistiques, ni pour les accents, ni… Elle n'arriverait même pas à trouver quelle langue Gunnar venait de parler.
Gunnar… N'était-ce pas un nom d'origine germanique ? Était-ce de l'allemand ?
Elle serait curieuse de le lui demander, un jour.
Mais pas ce soir.
Ce soir, elle allait le faire mourir de plaisir, exiger de lui qu'il dise son nom pour lui permettre enfin d'atteindre les plaisirs du septième siècle. Elle serait son initiatrice et lui son élève le temps d'une soirée au cours de laquelle elle acceptera également d'être son esclave, et lui son maître.
Il est rare de trouver quelqu'un avec qui l'entente est d'une telle évidence. Car elle ne doute pas une minute qu'ils sauront tous les deux trouver leur compte, ce soir.
Comme la dernière fois… et les fois suivantes.
Sourire en coin sur les lèvres, elle le laisse examiner les objets et hausse un sourcil amusé quand il lui renvoie la balle. Elle comprend alors qu'elle avait vu juste : il avait peu d'expérience en la matière.
Bichette.
Elle préfère ne pas relever la pique quant au fait qu'elle l'a abandonné attaché au lit, se promet de le laisser l'attacher avec les menottes au cours de la nuit.
“You're pure blood, aren't you ?” souffle-t-elle d'un ton mutin. “I'll have you known that muggles can be very ingenious when it comes to having sex. It's fabulous what they manage to do without magic…”¹
Elle sort, parmi tant d'autres, deux petits objets : l'un avec une forme oblongue, l'autre étant une petite télécommande. Elle les pose devant Gunnar, un grand sourire aux lèvres.
“This…” Elle désigne le petit objet en forme d'oeuf. “… goes here.” Elle sussure plus qu'elle ne parle, comme si elle comptait sur ces explications pour titiller l'imagination du garçon et faire monter son excitation. Car il y a d'autres façons que le contact pour éveiller les sens. Elle avait déjà commencé à le travailler sur le visuel, avec une tenue bien plus travaillée qu'il n'y paraît, et jouait maintenant sur l'ouïe.
Alors, tout en sussurant ses explications, elle prend la main du jeune homme et l'amène contre la dentelle de son bas-ventre, pour lui signaler où allait le petit oeuf.
“And this…” Elle lâche la grande main pour y mettre la petite télécommande. “… Commands it. You can make it vibrate slightly, or a lot, depending on your will.”²
Elle insiste sur le dernier mot, pour bien faire comprendre au jeune homme que si le plaisir serait le sien, lui serait en contrôle plus sûrement que si elle était attachée sur son lit.
“It is particularly pleasing when you use it outside…” Voyez comme elle continue de tirer sur la corde de l'imagination, ravie qu'elle serait de voir celle de Gunnar s'emballer au fil de ses mots. “… Because you can actually activate it any time.”³
Bon, ça fonctionnait à une certaine distance, pour qu'ils soient les deux présents à ce moment là. Mais n'était-ce pas là le plaisir de la chose ? Voir tout l'effet qu'on a sur l'autre, le regarder tenter de rester impassible, de résister…
Quel jeu délicieux…
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¹ Tu es de sang pur, n'est-ce pas ? Je te ferais savoir que les moldus peuvent se montrer très ingénieux quand il s'agit de s'envoyer en l'air. C'est extraordinaire la façon dont ils arrivent à s'en sortir sans magie…
² Ceci… Va ici. Et ça… Le commande. Tu peux le faire vibrer à peine, ou beaucoup, selon ton bon vouloir.
³ C'est particulièrement plaisant à l'extérieur… Parce que tu peux l'activer quand tu le désires.

Et le piège, lentement, se referme sur la proie.
Tout en laissant les illusions de contrôle au jeune homme, c'est bel et bien la jolie Irlandaise qui mène la danse. Elle est celle qui sait, celle qui a choisi les objets à faire venir, et celle qui donne le rythme de l'échange. Celle, également, qui désignera le moment où elle laissera les rênes au jeune homme pour s'abandonner à ses sulfureux talents.
Et elle adore ça.
Il faut dire que Gunnar lit en elle avec une facilité déconcertante, et c'est d'autant plus appréciable. Elle ne se fait pas prier pour ouvrir les lèvres et attraper le petit four qu'il lui tend. Elle saisit même le bout de son doigt en passant, et s'amuse à le faire glisser, mine de rien, dans une rapide imitation d'un acte qui n'a rien d'innocent.
Isleen aime faire monter la pression.
Lentement.
Lorsque la soupape cèdera, ça n'en sera que plus agréable.
Elle fait mine de ne pas entendre la proposition du Serpentard, glisse à nouveau ses mains dans sa boîte magique et en extrait un objet aux allures un peu plus barbares, aux faux airs de poignée de porte. Une petite ressemblance avec l'as de pique n'est pas pour rassurer non plus.
Pourtant, Isleen ne doute pas qu'elle tient dans les mains l'un des objets qui intéresseront le plus le jeune homme. Elle passe une langue sur ses lèvres, dans un geste d'une sensualité calculée.
Elle se lançait là dans un quitte ou double. Soit les expériences de la fois dernière, quand elle avait laissé ses doigts fouiner dans des contrées sombres, n'était que le prémisce des découvertes, soit le garçon n'avait pas assez d'ouverture d'esprit et ce serait la déception.
Elle préférait le savoir rapidement. Ça lui éviterait de gâcher de l'énergie à initier quelqu'un d'inintéressant.
Etrangement, elle ne doute pas qu'il sera tout à fait enclin à essayer ce jouet.
“This, Duckie, goes…” Elle se penche, glisse une main sur la cuisse du garçon pour remonter jusqu'à sa hanche et effleurer le côté de son arrière-train. “… There. It would help me…” Elle approche son visage, sa voix ne devient qu'un murmure. Elle est assez proche pour voir les nuances de couleur de les iris du suédois. “… Arouse your prostate.”¹
Le sourire sur ses lèvres s'élargit alors que son souffle vient caresser les lèvres du jeune homme. Elle fait mine de s'approcher pour lui voler un baiser, vient tout près, le frôle presque… Et se recule pour se remettre à l'aise à la place qu'elle occupe depuis qu'elle est arrivée.
Elle a l'air fière de son coup, et elle l'est, croyez-moi. Elle aime faire durer le plaisir, provoquer le désir, voir les pupilles de sa proie se dilater d'envie.
Combien de temps tiendra-t-il avant de la renverser sur le canapé pour la prendre sauvagement ?
Car c'est bien ce qu'elle attend de lui. Qu'il craque et prenne ses droits sur son corps frêle – tousse – en guise de préliminaires.
Ils auront tout le temps de s'amuser après.
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¹ Et ça, mon canard, va… Ici. Ca m'aiderait à… Exciter ta prostate.

Ah tiens ?
Il repousse ses objets ?
Mais comment ose-t-il ! Ses trésors, qu'elle amenait jusque chez lui, qu'elle partageait de bon coeur !
À moins que…
Elle le laisse écarter l'une de ses jambes et le regarde approcher, sans vraiment être surprise.
Si c'est pour la bonne cause…
En revanche, c'est la rapidité avec laquelle il réagit à ses attentions qu'il la surprend. Elle n'avait encore jamais trouvé une personne avec qui le courant passait aussi bien, qui lisait aussi bien en elle et s'accordait parfaitement avec elle. Décidément, ils se sont bien trouvés, tous les deux.
Alors, quand il vient lui arracher un baiser, elle ne tarde pas à s'accrocher à lui pour qu'ils basculent tous les deux – des fois que le jeune homme n'ait pas l'intention de le faire de lui-même – et s'allonge donc complètement sur le dos. Et c'est avec beaucoup d'envie qu'elle lui rend son baiser, sans, pour une fois, chercher à le mordre.
Peut-être est-ce parce qu'elle vient de manger, hé.
On ne grignote pas entre les repas.
En attendant, Gunnar est pris au piège de son propre canapé, des bras avides de la jeune femme qui est tout de même assez surprise de constater qu'elle est bien plus excitée par la situation qu''elle l'aurait pensé. Ou bien est-ce lui qui lui fait tant d'effet ? Elle se souvenait bien que lors de la St Valentin, ils n'avaient pas eu de mal à se faire de l'effet. Elle lui avait même clairement ordonné de la prendre, sur ce bureau là-bas, si elle ne se trompait pas.
Moui.
Elle n'était pas contre l'idée de recommencer, en fait.
Carrément même.
“I want you,”¹ souffle-t-elle après s'être détachée de ses lèvres.
Et si elle en croyait ce qu'elle sentait entre ses cuisses, c'était réciproque. Alors elle enroule une jambe autour de sa taille, des fois que ses mots ne soient pas assez clairs, pour lui faire comprendre que refuser n'était pas une option.
Enfin si, mais ce serait quand même fort malvenu.
Les regards se croisent.
Isleen, à nouveau, revient embrasser le jeune homme avec cette fougue caractéristique, ses boucles blondes roulant à moitié sur le côté du canapé. Elle se fait pressante, insistante même. Une façon comme une autre de l'inciter à se faire désirer davantage.
Elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Après tout, elle savait mieux que quiconque l'importance de l'attente, de la patience, pour mieux céder au plaisir d'une union.
Par contre, elle ne compte pas lui rendre la tâche facile. Car la voici déjà en train de venir chercher le contact avec la peau du jeune homme sous sa chemise, s'amuser de la fermeté de ses abdos, taquiner la solidité de ses lombaires. Elle veille à ne pas aller chercher les quelques points sensibles qu'elle avait déjà identifié la dernière fois, tente d'en trouver de nouveaux sans trop aller les titiller.
Il ne veut pas céder ?
Alors elle le fera crever de désir.
Qu'il la supplie de le laisser la faire sienne.
Elle se fera alors une joie de le libérer et de le rendre fou de plaisir.
Jusqu'à lui en faire perdre la tête.
Pour la seule satisfaction de l'entendre crier son nom.
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¹ J'ai envie de toi.

Tout cela devient confus.
Dans les têtes, dans les coeurs.
Isleen se retrouve coincée sous le jeune homme avant d'avoir eu le temps de comprendre comment ils en étaient venus là, le corps soumis à son bon vouloir. Elle le sent effleurer sa chair sans jamais la toucher, le regarde éveiller plus encore le désir sans jamais y céder. Elle le sent écarter une mèche de cheveux, entend sa voix parvenir à elle.
Un long frisson parcourt alors son corps en réaction à l'aveu, ses mains blanches viennent s'accrocher à lui dans une supplique silencieuse.
Elle veut le sentir contre elle.
Tout contre elle.
En elle.
La bretelle du soutien-gorge est écartée. Les baisers qu'on lui donne l'enflamment chaque fois un peu plus, et elle ne tarde pas à répliquer. D'un mouvement, elle vient l'embrasser plus chaudement que jusqu'à lors, lui murmurant dans une langue bien à eux tout ce qu'il pouvait éveiller en elle. Elle le retient, puis le repousse, l'embrasse, puis le mord, le caresse, puis le griffe.
Ils se cherchent. S'amusent à amener l'autre au point de rupture, savoir lequel va craquer en premier pour attraper l'autre et le supplier de céder. Isleen s'amuse grandement. Elle l'effleure, tourne autour de ses zones sensibles, l'embrasse avec toujours plus de passion, appuie son bassin contre le sien, joue même avec son ouïe en laissant des couinements plus ou moins spontanés s'échapper.
Elle se donne les moyens de le faire craquer.
Et lui n'est pas en reste.
Alors au bout d'un moment, l'attente devient insupportable. La voix d'Isleen rompt le semi-silence installé, d'une voix quelque part entre l'ordre et le supplice :
“Stop playing and do me.”¹
Il ne faut pas longtemps, à partir de là, pour que les choses basculent. Et que le calme ambiant soit remplacé par quelque chose de bruyant, plus brutal… Plus indécent.
Sans qu'aucun des deux n'ait d'égard pour ceux qui, de l'extérieur, peuvent assister à leurs ébats en les écoutant, sous la fenêtre ouverte.

C'est un beau bordel, dans cet appartement étudiant.
Alors qu'il venait d'être rangé et nettoyé, les deux jeunes gens n'avaient eu aucun scrupule à terrasser les efforts de ménage faits plus tôt.
Oon trouve des sous-vêtements de dentelle près du canapé, un boxer sur un plan de travail, un pantalon sous la table basse, une première chaussure à talons dans l'évier, la seconde au pied du lit. Le tas de petits fours a assez peu diminué ; les quelques uns manquant ont sans doute disparu au cours d'un jeu sexuel quelconque. Un oeil attentif remarquera également un préservatif pendant mollement sur le côté d'une poubelle, jeté nonchalemment, là où les autres ont trouvé leur chemin.
Sur le sol, c'est assez disparate. Sous la fenêtre, un canard continue de vibrer de toute la force qui reste dans ses piles. Un objet en forme d'as de pique a roulé sous le bureau. Un autre d'une forme bien plus suggestive trône sur la table de chevet, à côté d'une paire de menottes.
Visiblement, il en est deux qui se sont bien amusés ce soir. Ce qui est le plus surprenant, c'est qu'après avoir de toute évidence circulé dans tout l'appartement, ils sont revenus à leur point de départ. Les voilà donc enlacés sur le canapé, non sans une certaine tendresse.
La tête posée sur le torse du garçon, Isleen laisse ses doigts courir paresseusement sur son torse. Elle est à bout de souffle. Combien de fois ont-ils remis le couvert ? Elle a perdu le compte. Parfois ensemble, parfois unilatéralement, parfois avec des objets, parfois avec la langue, parfois de façon plus traditionnelle… Tout mis bout à bout, c'était pas mal. Après, avaient-ils accédé de nombreuses fois au plaisir le plus pur ? Sans doute pas tant que ça.
En tout cas, ils avaient terminé les festivités d'une façon plus tendre que les amusements précédents. Peut-être pour se sentir plus près l'un de l'autre, ou pour achever ça en beauté.
La jeune fille ne pouvait nier que cette conclusion avait été particulièrement plaisante. Elle en oubliait même de râler pour l'odeur du tabac qui s'élève alors que le jeune homme cède à ses mauvaises habitudes.
Elle en serait presque rêveuse.
Un sourire un peu absent aux lèvres, elle tend la main vers un autre petit four et l'enfourne tout entier entre ses lèvres. Elle ne bouge pourtant pas d'un poil de sa position.
Elle est bien là.
Pas forcément prête à repartir pour un tour, mais juste bien. À l'aise d'être dans les bras d'une personne qui est sur la même longueur d'onde qu'elle. C'est quand même pas si commun.
Même Antarès, avec lequel elle avait pu s'amuser à plusieurs reprises, elle n'avait jamais connu une telle connexion. C'était… Différent.
Il n'y avait pas cette évidence. Ce sentiment qu'ils avaient les mêmes limites, les mêmes envies.
Elle ferme les yeux une seconde, sent son souffle s'apaiser. Attrape un autre petit four, l'avale aussi rapidement que le premier.
Elle n'a plus aucune trace de maquillage sur le visage. Ce n'est pas le cas de Gunnar, sur lequel elle a plus ou moins littéralement essuyé son rouge à lèvres.
Son regard est alors attiré par les photos sur le mur, qu'elle observe sans un mot. Elle les avait déjà remarquées, plus tôt, sans vraiment y prêter attention. Mais difficile maintenant de faire comme si elles n'étaient pas là : la petite fille, dessus, leur adressait de grands sourires et gestes de la main.
Il y avait quelqu'un avec elle, sur certaines.
Était-ce… Gunnar ?
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¹ Arrête de jouer et prends moi.

La nuit est tombée depuis longtemps maintenant. L'atmosphère torride s'échappe par la fenêtre, au rythme du courant d'air qui vient caresser les peaux nues. Pour le moment, Isleen n'a pas froid, le sang circulant à toute vitesse dans ses veines, pompé par un coeur battant à toute allure. Le vent hivernal s'engouffre, glisse sur la fine pellicule de sueur qui s'est étalée tout le long de son corps.
Un long frisson la saisit alors, sans qu'elle sache si c'est l'effet d'Eole ou celui d'un suédois la cajolant. Elle se serre alors plus contre lui, à la fois pour aller quérir sa chaleur et ses caresses.
Et si elle passait la nuit ici ?
Elle l'avait bien fait la fois précédente. Bon, ils s'étaient endormis de concert, tombant de fatigue… Ca n'avait pas tout à fait les mêmes implications que rester ici de façon pleinement consciente. Voulait-elle vraiment rester dans ses bras ? Oui. Était-elle prête à faire face à ce que cela signifiait ? Non.
En attendant, elle avait posé les yeux sur les photos affichées au mur, et essayait d'identifier les personnes dessus. Maintenant qu'elle y pensait, c'était un peu, voire carrément gênant de se rendre compte qu'il y avait eu des spectateurs à leurs ébats débridés. Surtout des enfants. La jeune femme essaie d'identifier les sujets de la photo, et il lui semble, sur certaines, reconnaître Gunnar.
Mais en beaucoup plus jeune. Et avec un sourire d'un franc bonheur qu'elle ne lui connaissait pas – il faut dire qu'elle ne connaissait pas grand chose de lui, à bien y réfléchir. Et accompagné par une enfant de son âge, à peu de choses près.
La question lui brûle les lèvres. Sa curiosité la prend aux tripes et veut qu'elle la pose. Pourtant, sa présence d'esprit l'en empêche, consciente qu'elle ait que demander qui était sur ces photos serait franchir une ligne qu'elle n'est pas forcément prête à passer.
Un bon plan cul est un plan cul dont on ne sait rien. La seule exception à cette règle était Antarès, qui avait été un de ses proches amis avant d'être mis dans son lit. Ils étaient très clairs là dessus : friends with benefits et rien d'autre. Quant aux autres… Rares sont ceux qui ont le privilège de réitérer l'expérience d'une nuit avec la belle Irlandaise. Il y en a eu, qui ont eu cette chance à plus ou moins nombreuses reprises. Et à chaque fois, elle s'en était tenue à cette règle d'or : ne rien savoir d'eux.
Il y en avait même eu un dont elle n'avait jamais sur le nom.
“I was thinking… No, nothing.”¹
Peut-être qu'elle lui demanderait un jour. Ou pas. Isleen préfère se redresser sur un coude en prenant appui sur le torse – que j'espère solide – de Gunnar, le dévisage d'un regard indéchiffrable et finit par attraper encore un petit four qu'elle vient glisser entre les lèvres du jeune homme.
Elle l'a vu se débarrasser de sa cigarette, et ne supporte toujours pas son odeur. Elle n'a pas vraiment l'air de se soucier qu'il puisse faire attention à sa ligne – il faut dire que le concept échappe totalement à la blondinette. Un sourire aux lèvres, elle cherche son regard et finit par venir l'embrasser une fois encore, sans tellement se montrer libidineuse.
Apparemment, elle a atteint ses limites pour ce soir. Ou en tout cas, elle est sexuellement repue.
Ca n'arrive pas si souvent.
Elle se détache de lui, le regarde à nouveau avec cet air indéchiffrable et enfin se soustrait à cette étreinte bien trop agréable pour se relever.
“Do you mind if I have a shower ?”² interroge-t-elle simplement… Pour la forme. Parce qu'elle lui lance une oeillade mutine avant de se détourner et d'aller vers la salle de bain de cette démarche féline qu'elle a tant travaillée qu'elle est devenue presque naturelle.
Et laisse la porte ouverte derrière elle avant de se glisser sous l'eau chaud.
Peut-être pas si repue que ça, finalement.
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¹ J'me disais… Non, rien.
² Ca te dérange pas que je prenne une douche ?

L'eau est très chaude. Il faut bien ça pour la réchauffer et lui permettre de détendre ses muscles endoloris par l'effort. Le front contre le carrelage, elle la laisse ruisseler le long de son corps, caresser ses cheveux, courir le long de sa clavicule, glisser entre la courbe douce de ses seins, couler sur son ventre rond, s'enrouler autour d'une cuisse avant de finir sa course sur le sol.
La vapeur ne met pas longtemps à envahir la pièce. Elle donne aux lieux une atmosphère brumeuse, un petit côté mystérieux qui ne permet que de deviner les contours sans vraiment les voir.
D'un geste de la main, elle remet ses cheveux en arrière, lissés par le poids de l'eau. Elle ferme les yeux, essaie de laisser la douche laver ses pensées confuses plutôt que son corps.
Gunnar est dans la pièce adjaçante et pourtant, il est présent dans son esprit. Comme une image obsédante qui ne veut pas s'en aller. Elle sentirait presque son souffle contre sa peau, les mains sur son corps…
Ah mais !
Il est venu la rejoindre, on dirait. Les longs bras sont venus enlacer son corps, ses lèvres rencontrent l'épaule à la chair claire. Tout naturellement, Isleen se laisse aller dans ses bras, la tête se renversant contre son épaule. Elle ferme à nouveau les yeux, prête à s'abandonner aux caresses ou à quoi que le jeune homme ait en tête. Il avait su la surprendre jusqu'ici, elle ne doutait pas que cela continue.
Et en effet, il sait se montrer déconcertant. Une sensation étrange la saisit lorsqu'elle entend les mots qu'il souffle à son attention. La jeune femme rouvre les yeux et se détache juste assez pour se tourner et lui faire ainsi face. Elle passe alors une main sur son visage, caresse sa joue, fait glisser ses doigts jusqu'à ce que seulement leur extrémité soit encore sur l'os de sa mâchoire. Elle semble réfléchir, l'espace d'une fraction de seconde, les yeux plongés dans les siens. Puis elle se redresse pour venir lier ses lèvres aux siennes dans un long baiser langoureux.
Elle ne veut pas penser.
Elle ne veut pas s'inquiéter de l'attirance continuelle qu'il y avait entre eux, cette alchimie qui les jetait immanquablement dans les bras l'un de l'autre. Combien de soirées, de nuits comme celle-ci allaient avoir encore lieu ? Un bon nombre, sans doute.
Régulièrement.
Sous couvert de l'amusement, et de la quête du plaisir, sera-ce autre chose qu'une recherche constante de la présence de l'autre ?
Elle ne parvient plus à se détacher de ses lèvres et l'attire plus près d'elle, recule contre le mur, se coince d'elle-même entre lui et le carrelage froid. Ses mains délaissent le visage du garçon, attrapent ses hanches pour l'amener tout contre elle.
L'appel est clair.
Quel que soit son choix, la brutalité ou la tendresse, cela lui conviendra.
Tant qu'il accepte de la posséder.

Elle était venue ici pour se laver et se détendre.
Autant dire qu'elle ne remplit pas du tout ses objectifs.
Lèvres collées à celles du suédois, elle se réfugie derrière sa libido excessive pour évacuer sa gêne, pour dissimuler quelque chose qu'elle ne comprend pas et qu'elle ne veut surtout pas comprendre. Ils s'accordent si bien l'un à l'autre qu'elle ne doute pas qu'un nouveau round saurait dissiper ce malaise soudain en le faisant passer pour une demande de plaisir supplémentaire.
Il saisit parfaitement le message, quand bien même la façon qu'il a d'y répondre est bien différente de celle à laquelle elle s'attendait. Elle aurait cru le sentir la soulever, ou encore la retourner pour la plaquer contre le carrelage pour la posséder une fois de plus, avec cette brutalité qu'elle appréciait tant chez lui.
Rien de tout cela cependant. Ce n'est pas sans surprise qu'elle le sent se détacher, le voit couler le long de son corps en une ligne de baisers avant de s'approcher du fruit défendu pour le déguster avec un savoir-faire qu'il lui avait caché jusqu'à lors.
Et Isleen de l'accompagner dans sa tâche avec des gémissements, des couinements qui deviennent cris au fur et à mesure que les jeux de langue lui confèrent un plaisir de plus en plus brûlant.

Le mur la retient plus qu'elle ne se retient à lui. Le souffle court, les yeux encore palpitant de plaisir, elle croise le regard du jeune homme, lui rend un sourire au moins aussi sincère que le sien.
Il a un sourire magnifique.
Elle aurait voulu l'embrasser une dernière fois, cueillir le sourire directement sur ses lèvres, mais le voici qui déjà se détache et sort de la douche, sort de la salle de bain.
Une moue déchire alors le visage de la jeune femme. Elle est déçue. Elle aurait préféré qu'il reste encore un peu, que la séparation soit moins brutale.
C'est un dur retour à la réalité que voilà. Le fait qu'il n'y ait pas d'attaches entre eux, rien de significatif.
Isleen se laisse glisser le long du mur, et finit assise dans la douche, l'eau continuant de ruisseler sur elle. Elle s'était laissée emporter par l'instant, voilà tout. Était-elle en manque de tendresse, pour se chercher un ersatz d'affection de la sorte ?
Elle passe une main dans ses cheveux, les lissant en arrière.
Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu sa famille. Ou bu un café avec Niamh. Peut-être était-ce cela. Les amitiés, si fortes soient-elles, ne suffisent pas toujours à compenser certaines choses. Ou bien…
La jeune femme se redresse un peu maladroitement, alors que les douleurs dues aux divers ébats commencent à s'éveiller. Elle se masse l'intérieur des cuisses et se décide, enfin, à se laver. Elle attrape le pain de savon, bénit les sorciers de ne pas avoir de gel douche – elle aime l'odeur de Gunnar, mais n'aurait aucune chance de retourner dans ses bras si elle sentait le mec – et entreprend d'être propre comme un sou neuf.
Quand elle sort et se sèche, plus aucun artifice n'a survécu. Plus de maquillage – depuis longtemps, cela dit – plus de parfum, plus de sous-vêtements… Plus rien. D'une main, elle essuie un peu de buée sur le miroir, observe ses cheveux humides, son visage au naturel.
Elle est belle. Elle le sait, et elle veille à ce que ça reste ainsi – vous la sentez, la taille de son ego ? Critique, elle observe son reflet en plissant les yeux. Un oeil averti – comme le sien, évidemment – verrait les rides qui commencent à se former au coin de ses yeux, de ses lèvres, sur son front. Fantôme de ses émotions.
Il n'y a jamais qu'elle pour les voir. À son âge, on n'a pas vraiment de rides.
L'absence d'artifice la perturbe.
C'est aussi pour ça qu'elle ne reste jamais chez ses conquêtes. Tomber les masques était toujours un peu délicat.
Isleen pousse un soupir et s'enroule dans l'une des serviettes dont elle s'est servie – comme à la maison. Elle pousse enfin la porte de la salle de bain et revient dans la pièce principale, pieds nus, silencieuse.
Ses yeux se posent sur la table basse et les petits fours avec une indifférence inhabituelle. Elle n'a pas faim.
Rendez-vous compte : Isleen n'a pas faim.
Elle cherche plutôt le jeune homme du regard, silencieuse.
Non seulement il a réussi le tour de force de lui couper l'appétit, mais aussi de la rendre muette.
Gunnar a des super pouvoirs.
Elle reste ainsi immobile de longues secondes, l'observant de ce même regard indéchiffrable que plus tôt. Elle semble être sur le point de dire quelque chose à plusieurs reprises, mais se ravise enfin. Elle va plutôt partir en quête de ses affaires, réparties un peu partout dans l'appartement.
On remarquera qu'Isleen était venue sans sa baguette, et sans son éternel chaîne au bout de laquelle pendait sa fiole de Felix Felicis. Il lui faut donc tout ramasser… à la main.
Sans un mot.
Avec l'espoir qu'il l'invite à rester pour la nuit.