[+18] Changement de programme [Leo & Silje]

Le 22 décembre. Une date qui sonnait presque Noël. Une fête loin d’être un bon moment pour lui pour tout dire. Oh mais il n’était pas de ceux qui allait le laisser paraître ouvertement. Cette fameuse date, qui lui faisait affreusement réaliser que sa famille était bien loin, et sa solitude bien près. Mais, il se réjouissait toujours, à trouver son compte, en sachant qu’il n’était pas seul dans cette situation, et prenant toujours cette occasion pour faire de nouvelles rencontres, ou tout simplement rendre ce moment pénible, en un bon moment partagé avec des individus qui eux aussi avait besoin d’un petit remontant. Ils pourraient se partir une petite clique pourquoi pas, qui dans les grandes fêtes se réunissaient pour être ensemble plutôt que seul à se demander si leur vie n’était pas au final merdique et qu’ils avaient peut-être bien la tête dans le sable à se bercer d’illusion et que tout allait bien. Bref, on voyait le genre.

Il avait passé la journée en chasse, parce qu’il s’emmerdait, parce que c’était ce qu’il faisait de mieux. Se promener sous sa peau de renard, tout aussi bien, pour passer le temps, une autre chose qu’il faisait très bien. Et comment résister à un adorable renard des sables n’est-ce pas? Mais qui était très loin d’être dans son élément avec toute cette neige. Les heures avaient passé, la journée tout aussi bien, avant de finalement se trouver un petit rancart avec qui passer la soirée.

Thématique comme toujours, si fier de son corps, il avait fini dans la chambre à l’heure prévue en sous-vêtements typiquement Noël avec la belle tuque typique, qui s’harmonisait avec ce rouge et blanc. Ne vous en faites pas, il était venu en renard, pas con tout de même, avant de prendre sa belle forme humaine, et attendre comme un con. Y’avais bien un truc vivant qui était venu, mais c’était une petite lettre pour annuler, faute d’avoir trouvé une fête avec des copains. Un petit désolé au moins à la fin, mais qui le faisait au final plus chier qu’autre chose pour être franc. Il ne s’attarda pas plus, le retour du renard pour se rendre à sa chambre, et assumer sa solitude. Il ne pouvait pas toujours l’éviter après tout.

Ou pas, à sa surprise, une demoiselle magnifique l’attendait dans sa chambre. Bon okay, c’était sa colocataire, mais il pouvait bien se permettre de se dire ce qu’il voulait, dans sa tête. Qu’on puisse lire ou non, il n’en avait pas grand-chose à faire. Elle avait véritablement de quoi plaire, toute jolie, dans son ensemble, et il semblait comprendre qu’on lui avait causé un lapin, à elle aussi peut-être bien. Il avait pris le temps de l’observer avec ses petits yeux noirs sous sa fourrure, avant de reprendre sa forme humaine. Sans la moindre honte. Surprise. Eh oui je suis en sous-vêtements thématique avec une tuque de Papa Noël sur la tête. Pire, il avait son air tout charmeur comme à son habitude. « Bonsoir vous. Qui est l’idiot qui t’as laissé en plan? Il faudrait être fou pour le faire. » Certes, il était connu pour être un grand charmeur, mais pas un menteur. Tout ce qui sortait de sa bouche, il le pensait toujours. Honnête. « Un peu moins dans mon cas. Je suis pas très habillé pour la peine. Mais c’était pas le but de ma soirée. Elle m’a envoyé un hiboux faute d’avoir trouvé mieux t’imagines? » Bien entendu que son orgueil le prenait mal. Très mal même. Mais il restait respectueux, sans aller dans le dénigrement de l’autre personne, un vrai gentilhomme. « Je m’habilles ou ma quasi-nudité ne t’importe pas? » Si polis. Il se forçait dans son langage oui, pour se faire comprendre.

On aurait peut-être apprécié qu’il soit aveugle, parfois ça serait bien pour ses chevilles, je dis ça comme ça. Mais ce regard ne lui avait certainement pas échappé, et lui avait fait sortir ce petit sourire bien amusé au coin de ses lèvres, alors qu’elle lui raconte son lapin à elle. « Oh t’as un jumeau? » Le détail le plus important selon lui, apparemment. Pas très étonnant venant de sa part hein, avec des petits plans imaginaires et surtout éphémères qui se créaient dans sa tête. « Enfin j’aurais dit c’est dommage, mais ça serait un mensonge.» Comment bien répondre à ce regard qui le dégustait tranquillement mais surement. Le compliment retourné lui avait fait sortir un beau petit rire tout charmé. Puis un plus franc au fameux ça doit être dur pour toi. « Pour le coup, c’est plutôt mou je dirais. »

Mais quel homme hilarant celui-là. « Pardon, elle était beaucoup trop facile, comment résister ?» Et surtout pour tourner à la blague ce sur quoi elle avait mit le doigt. Effectivement, c’était un coup dur pour son orgueil de mâle, mais aussi de grand séducteur. Une fois qu’il avait le oui, il prenait mal les changements de plans en général. C’était un bon moyen d’éviter de parler de sa blessure d’égo, tout de même. Comme le déni, un moyen de se défendre mentalement.

Au moins, sa colocataire n’était pas dans le genre madame sainte ni touche coincée, il lui accordait largement à la réponse à sa question. Après l’avoir vu aller avec son petit regard, le choix entre garder sa tuque ou non, s’habiller ou non était évident. En enlever plus. Bien entendu. Il avait rangé gentiment prenant le temps de replacer ses cheveux pour qu’ils soient impeccable selon ses goûts personnels. Car pour d’autres, la coupe matinale était la perfection pour eux. Il n’allait pas mourir de froid de toute manière, les appartements étaient toujours aussi bien isolés et tenu à une bonne température. Dans le pire des cas ils seraient 6 pairs de yeux à papoter au lieu de quatre. Parce que oui, il comptait bien rester avec cette jolie demoiselle plutôt que de se trouver un plan b. On ne sait jamais aussi, sa chasse pourrait mal terminer et faire encore plus mal à son orgueil. Ça ne serait certainement pas le cas, d’autant plus que du Pur Feu l’attendait au retour de Silje. «Oh mais quelle merveilleuse idée. » Un petit coup contre le verre de sa compagne pour la soirée et le voilà prenant une première gorgée. « Vous devez pas être dans le genre inséparable j’imagine? Toi et ta doublure, puisqu’il t’a laissé en plan. »

Ils n’avaient jamais vraiment pu discuter tous les deux sans plus qu’en surface, en quelque sorte. Leurs vies personnelles, un peu inconnues encore.

Que l’on veuille bien y croire ou non, il faut avouer que parfois, le destin fait bien les choses. Un malheur contre un bonheur, du moins en quelque sorte. Après tout, ils ne se détestaient pas tous les deux, et devaient bien s’entendre en quelque part pour qu’après encore quelques mois, la collocation fonctionne toujours aussi bien. C’était peut-être bien ce fameux destin qui avait fait en sorte de ruiner leur idée première de soirée, pour les forcer, un peu, de cette manière à enfin apprendre à se connaître. Maintenant qu’il y pensait Léonard trouvait complètement idiot la superficialité de leur relation. On lui demanderait un truc sur elle, il ne serait peut-être pas en mesure de répondre. Au moins il en prenait conscience et comptait bien y remédier en cette soirée.

Déjà, pour un début de soirée, elle partait plutôt bien selon lui. Avec les petites répliques tout à fait charmantes et invitantes de mademoiselle. Elle ne réagissait pas très mal à ses petites blagues, ses petits sous-entendus et ça lui plaisait totalement. Son jumeau par contre, lui, il lui plaisait un peu moins du coup, à comprendre un peu plus le lien qu’ils partageaient. Pas grand-chose pour tout dire, encore moins positif. Il ne savait pas ce que cela pouvait être de vivre dans l’ombre d’un autre, enfant unique, et aimé de ses parents. Mais il n’était pas pour autant un con qui se bloquait l’esprit à la tentative de comprendre ou jugeait les gens pour ce qu’ils avaient vécu, et leurs manières de le vivre. Et puis contrairement à certain elle avait appris à vivre avec ce qui semblait être une réalité que l’on ne peu changer. « Alors que d’autres en pleureraient encore, toi, t’as grandis. Je peux pas faire semblant de comprendre, ça serait te mentir, mais je peux au moins te reconnaître ça. J’ai ni frère ni sœur donc… Le seul truc qui peut me faire de l’ombre se sont les gens qui se trouvent dans mon chemin. » Et bien entendu, il parlait au sens littéral et non figuré. « Et puis un mal contre un bien, tu n’es pas seule dans cette situation, t’es plus proche du plus jeune pour le coup. » Fallait reconnaître à ce cher Léonard, qu’il avait la capacité de bien parler et de se montrer un brin philosophique et sérieux, la petite touche qu’il fallait en cet instant malgré que le sujet ne fut que balayé et vite clos.

« Mes parents sont originaires du Québec, ma famille se trouve donc, plutôt loin d’ici. Mais pas si loin en transplanant évidemment. Par contre les trouver c’est une autre histoire. Mes parents sont des grands voyageurs, des nomades si tu préfères. Du coup moi aussi un peu, mais je dois bien apprendre à me poser et me faire une vie de mon côté pour éviter de devenir une âme sans buts précis prisonnière d’un corps qui vieillis. » On voyait aussi à travers ses paroles que malgré son langage parfois très coloré lorsqu’il s’y mettait avec son québécois, il n’était pas si idiot, avec de l’éducation assez pousser pour si bien parler, parfois. En même temps, il était charmeur poète, comment pourrait-il en faire craquer autant sans cette arme qu’il avait. Lui, il n’avait pas besoin de payer pour obtenir ce qu’il voulait. Lui suffisait parfois que d’ouvrir la bouche. Ce n’était pas toujours concluant, mais en majorité, si.

Les voilà qui soudainement en apprenait un peu plus sur l’un et sur l’autre. Mais il faut avouer que la demoiselle qu’il avait devant lui, avait le don de rendre le tout beaucoup plus intéressant sous cette forme de jeu. Pourquoi pas, bien entendu qu’il allait dire oui, fallait voir son air tout à fait amusé. En prime de la voir lui faire, cette forme de petite invitation silencieuse qui avait le don de lui plaire. « Oh mais bien entendu que je suis pour. Pourquoi pas s’amuser au lieu de simplement discuter. Par contre si l’action est d’enlever un vêtement, je serais très vite grillé. » Eut-il dit en se regardant le sous-vêtements avec un rire franc. « Les dames d’abord, bien entendu.  » Oh mais qu’il était charmant, avec cette petit révérence d’un signe de tête. Dans une autre époque il aurait fait des ravages ce type.