Heureux de te revoir... ► ft Hyacinthe McDougall

Heureux de te revoir...

i don't care if it hurts, i wanna have control. i want a perfect body, i want a perfect soul. i want you to notice when i'm not around.

hyacinthe & nathaniel

Nathaniel n’avait pas mangé. Il avait dû rattraper les cours qu’il avait raté lors de son transfert entre Ilvermorny et la MUL, toujours dans le but de devenir le meilleur de l’école. Et puis il avait dû prendre RDV avec Isleen pour le cours particulier. Et puis il avait dû refreiner l’envie de tuer l’une des centaines de personnes qui le regardaient de travers au quotidien. Tout ça pour dire qu’il n’avait pas eu le temps de venir à la cafétéria pendant les heures de repas. Il allait donc devoir se contenter de ce qu’il pouvait y avoir dans les distributeurs automatiques, comme des chips ou des petits gâteaux. Ce serait mieux que rien. Et puis, depuis peu venir à la cafétaria était devenu une corvée. Avoir tous les regards sur lui, avec un silence suivi de petites voix croyant détenir la vérité absolue… C’était devenu difficile à supporter. Certes, au début l’indifférence prônait. Puis, ce fût de la tristesse. Désormais, c’était de la colère qui l’animait à chaque fois que cette situation se présentait. Et il avait de plus en plus de mal à la contenir, cette fameuse colère.

Quoiqu’il en soit, il entra dans la cafétaria. Comme espéré, il n’y avait quasiment personne. Quelques solitaires, chacun éloigné de plusieurs mètres afin d’éviter toute interaction. Il ne pu s’empêcher d’apprécier la situation et le peu de personne qu’il pouvait rencontrer. Pour une fois, il n’aurait pas à se soucier de ce qu’on pouvait bien dire de lui. Il alla directement vers un distributeur, il inséra ses pièces et fit son choix. Il prit des madeleines. Pourquoi ? Allez savoir. Il se tourna, cherchant une table du regard. Et là, il le vit. Un sourire se dessina sur son visage d’ordinaire si fermé. Sans atteindre, il le rejoignit. Il s’assit alors juste à côté de lui, le sortant de ses pensées par ces simples mots :

« Toi, à la Cafétéria ? Tu sais que tu n’as pas le droit de partir de la bibliothèque. Qui va m’aider si tu n’y es pas et que j’ai besoin d’un livre précis ? »

Il afficha un léger sourire, qu’on pouvait difficilement traduire comme étant amical ou inquiétant.

b l a c k f i s h

Date de naissance : 14/02/1999

Reprendre une vie normale n’avait rien de simple. Chaque personne qu’il croisait dans les couloirs semblait être une menace nouvelle. Chaque bruit un peu trop fort le faisait sursauter. Une bousculade le faisait fondre en larmes d’une façon absolument disproportionnée. Lui-même s’en rendait compte mais… Il ne pouvait pas passer la fin de l’année terré dans sa chambre. Il ne pouvait pas râter son année. Il ne pouvait pas juste donner raison aux connards qui lui avaient fait ça. Mais c’était un réel combat que de remonter la pente. Assister aux cours était un premier pas. Il peinait à rester concentré, à ne pas se laisser submerger par les souvenirs douloureux. Le procès concernant son affaire approchant n’arrangeait rien. C’était rempli d’angoisses qu’il traînait sa carcasse dans le campus. Il n’y avait guère qu’à la bibliothèque qu’il se sentait un peu en sécurité. Et encore… Il ne lâchait presque plus sa nouvelle baguette. Ses doigts crispés dessus. Prêt à se défendre.

Il avait réussi à aller à la caféteria. Elle n’était pas bondée. En réalité le service était fini. Il n’aurait pas la chance de croiser Jesus. Il aurait sans doute aimé le voir. Juste le voir. Mais pas aujourd’hui. Tant pis. Il se contentera d’un paquet de chips et un chocolat chaud en guise de repas. Il préférait ça plutôt que d’affronter l’endroit noir de monde. Non, il n’était définitivement pas prêt pour ça. Pas encore. Il finirait bien par y arriver. Quand… Il n’était pas sûr de le savoir, ni même de pouvoir l’estimer vaguement. Il eut un soupir. Son regard se perdit dans le vague. Il n’avait toujours pas parlé à son frère. Il n’osait toujours pas. De peur de l’inquiéter. De peur que Nathanaël se sente démuni. Il ne savait plus vraiment pourquoi. Juste… Il n’arrivait pas à aller voir son frère. Il n’arrivait pas à lui parler. Du coup, il ne répondait que évasivement à ses sms, son frère devait sûrement se douter qu’il y avait quelque chose qui clochait avec lui… Plus les jours passaient, plus le poids de ce non-dit pesait sur le coeur de Hyacinthe. Tout autant que la culpabilité. C’était sa faute à lui s’il avait agressé. Il avait été assez idiot pour croire à une lettre anonyme. Assez idiot pour aller à un rendez-vous de nuit sur les docks. C’était sa faute. Il était trop stupide. Il sentait les larmes lui monter aux yeux.

Il sursauta en entendant la chaise à côté de lui bouger. Dans son sursaut, il pointa sa baguette vers le garçon, méfiant. Et… Il resta figé. Il ne s’attendait pas à voir ce garçon-là. Et… C’était probablement la dernière personne qu’il souhaitait voir, là, maintenant. Il finit par baisser sa baguette, mais il restait crispé, sa main tremblant légèrement. Quelque chose chez ce garçon le mettait si mal à l’aise. Plus encore à présent, son instinct lui criait qu’il y avait quelque chose qui clochait. Il eut un rire nerveux en première réponse. Il était sérieux ? C’était… Beaucoup trop bizarre comme façon de l’aborder. Même à lui ça paraissait bizarre. Et pourtant, il n’était pas très doué avec les relations sociales. Il détourna le regard, évitant soigneusement celui de ce garçon.

“T...T...T...Tu….Tu sais… mes...mes...mes collègues sa...savent le… le… le faire aussi…”

Il essaya d’esquisser un sourire. Juste… Pour ne pas montrer son malaise. Il attrapa son chocolat chaud, la main tremblante pour en boire une gorgée.

“J...J...J’a… J’avais besoin...d...d...d...de manger… Au...aussi…” expliqua-t-il en montrant son paquet de chips.

Et puis…

“D...D...D...Dé...Désolé… P....p...p...pour… la...la...la baguette… J...J..Je….suis… un...un..un peu…. N...n...n...nerveux… en...en...en...C...C...Ce...mo...mo...mo...moment…”

Et ce garçon le rendait encore plus nerveux. Il avait toujours sa main gauche sur sa baguette, dans sa poche. Pourquoi diable était-il venu lui parler ? Est-ce… est-ce qu’il voulait lui aussi lui faire du mal ? C’était ça ? Il jetait des regards nerveux et craintifs au garçon. Sa proximité ne le mettait vraiment pas à l’aise… Et cette fois, il peinait à maintenir une façade de fausse sympathie.

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Nathaniel n’eut aucun mouvement de recul face à la baguette de Hyacinthe. Peut-être parce qu’il avait été mainte et mainte fois menacé et que ça n’avait jamais abouti à une véritable attaque ? Ou peut-être parce qu’il n’avait pas réellement peur du jeune homme à ses côtés. Quoi qu’il en soit, Hyacinthe baissa sa baguette au bout de quelques secondes. L’effet de surprise devait y être pour quelque chose, mais Nathaniel perdu quelque peu son sourire de façade. Surtout quand il entendit Hyacinthe lui répondre. C’était de la peur qu’il entendait. Alors finalement, il était comme tous les autres de l’école : il craignait Nathaniel. Ce dernier l’écouta sans sourciller. C’était ce qu’on lui reprochait la plupart du temps, il ne jugeait pas nécessaire de réagir à chaque occasion. Beaucoup auraient pris un air compatissant, arborant un joli sourire. Beaucoup auraient immédiatement consolé le garçon face à une détresse apparente. Nate, lui, ne s’embarrassait pas de ce genre de minauderie.

Il ouvrit son paquet de madeleine pour en porter une à ses lèvres. Il avait faim, mais il aurait clairement dû prendre des chips.

« Je vois ça. »

Il faisait référence à la dernière phrase de Hyacinthe, sur sa récente nervosité. Il n’avait même pas besoin de le dire, ça se remarquait aisément. Mais Nate était désormais assis juste à côté, et il trouvait ça ridicule de se lever désormais pour aller s’asseoir trois chaises plus loin. Il avait fait une erreur de jugement, il allait devoir l’assumer et restait avec Hyacinthe pour manger ses quatre madeleines sans goût.

« J’aurais dû prendre des chips. Ces madeleines ne sont vraiment pas bonnes. Tu peux en prendre, si tu aimes. Je suis pas sûr de les finir, mais il faudrait pas les gaspiller. »

Il lança un regard à Hyacinthe qui se gardait bien de le regarder. Et dire qu’il pensait pouvoir déjeuner tranquillement, à l’abri de tout jugement. Il se retrouvait à devoir subir ce sentiment de rejet une nouvelle fois, mais cette fois d’une manière beaucoup plus brutale. Il avait juste eu l’impression, lors de leur première rencontre à la bibliothèque, que Hyacinthe était différent. Il faisait probablement juste son travail, avec le recul. Ceci étant dit, pourquoi être aussi nerveux ? Il l’avait dit lui-même, alors Nate n’inventait rien. Il était nerveux en ce moment, à tel point qu’il était prêt à envoyer on ne sait quel sort au premier venu. C’était clairement bizarre, et ça cachait quelque chose. Allez savoir pourquoi, ça avait piqué la curiosité de Nathaniel qui voulait découvrir le petit Hyacinthe. C’était la moindre des choses, il venait quand même de le menacer.

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Date de naissance : 14/02/1999

Le goût du chocolat chaud n’était même plus réconfortant. C’était sucré, mais il n’arrivait pas à l’apprécier. Comme s’il n’y était plus si sensible. Ou alors, c’était la présence de ce garçon qui l’empêchait d’apprécier ça ? Non… Cela faisait un mois qu’il n’arrivait plus à rien apprécier. Alors… Sur ce point, Nathaniel était innocent. Il reposa sa tasse, et eut un regard désolé vers l’autre garçon. Il était désolé d’avoir réagi comme ça. De l’avoir menacé. Même s’il le mettait mal à l’aise… Il ne méritait pas d’être menacé comme ça. Il était probablement… injuste ? Et en même temps, devait-il quoi que ce soit à Nathaniel ? Oui… Au moins du respect. Comment pouvait-il douter de ça ? Avait-il été élevé par des sauvages ? Non. Bien sûr que non. Bon sang, il était complètement en train de dérailler.

Il regarda l’autre Serdaigle alors qu’il constatait que ses madeleines n’étaient pas bonnes. Hm. Celles du distributeurs étaient effectivement assez insipides. Il laissa son regard courir sur le visage de son voisin. Il ne comprenait pas bien pourquoi il était là. S’il voulait lui faire du mal, il y avait d’autres moyens bien plus efficace que lui proposer des madeleines sans goût. Est-ce qu’il essayait vraiment de sympathiser ? Hyacinthe ne savait plus trop dire où était le vrai du faux et où son instinct se trompait, et où il avait raison. Il poussa d’une main le paquet de chips, pour le mettre au milieu.

“E...E...Elles s...s...s….Sont trop… trop salées… M...M...M...Mais on… On peut les partager…”

Il croisa son regard. Il essayait désespérément de savoir. De lire ce qu’il y avait derrière ces yeux bleus hypnotisants et terrifiants à la fois. Pourquoi ce malaise ? Il resta comme ça de longues secondes avant de détourner le regard. Peut-être plus gêné cette fois qu’apeuré. C’était peut-être mieux. En le fixant, comme ça, il l’avait trouvé beau. Étrangement beau, mais beau quand même. Et ce n’était pas des pensées qu’il voulait avoir en ce moment. Froncement de sourcils.

“E...E...Et le cho...cho...chocolat… Tr...tr….trop sucré… A… alors… On de...devrait essayer de mixer a...a...avec les...les ma...ma...ma...madeleines…”

Et puis… C’était une façon de s’excuser pour son impolitesse. Mais bon, il ne comprenait quand même pas… Pourquoi il venait le voir ici. Pourquoi il lui parlait… Il se mordit un peu la lèvre, et prenant son courage à deux mains.

“Pou...Pou...Pou...Pourquoi… t...t...t...Tu… Tu viens me… me parler ?.... Je… Je com...com...comprends pas… T...T...T… Tu pou...pou...pou...pourrais a...a...a...avoir des… des in...in...interlo...locuteurs… moins...moins… bè...bè...bè...bègues…”

En fait, à peu près tous les élèves de la MUL. Donc vraiment, pourquoi lui ? Pourquoi lui parler ? Et pourquoi lui avait peur ?

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De toute façon, Nathaniel ne savait même plus quoi penser de sa propre situation. Les jeunes de Poudlard ne pouvaient s’empêcher de raconter n’importe quoi, à colporter des ragots insensés à son propos. Quant à la MUL, ils étaient encore tous sous le choc des événements de l’été, et certains osaient affirmer que Nathaniel était l’un des Deathwings sans n’avoir aucune preuve en ce sens. Et les deux écoles étaient mélangées, alors imaginez seulement à quel point les oreilles de Nate pouvaient siffler. C’est vrai, il avait bien assez à faire avec son propre cas. Alors pourquoi s’embêter à essayer de comprendre les secrets d’un garçon déjà bien assez perturbé comme ça. En fait, en y pensant, il avait juste un besoin égoïste. Il n’avait plus ressenti ça depuis longtemps : cette excitation. Chaque jour était comme le précédent. Même le fait de devenir le meilleur de sa classe ne représentait plus un challenge en soi. Il avait besoin d’un but, d’une raison de se lever le matin et avoir le courage d’affronter ces idiots d’étudiants incultes. Et si c’était Hyacinthe ? C’était tout simplement ridicule. Son secret n’était peut-être même pas intéressant. Et puis encore une fois, c’était purement égoïste. Il ne voulait pas être dérangé. Nate devrait partir. Il allait partir. Il jeta un œil à la porte de la cafétéria. Il pourrait l’atteindre avant même de ressentir ce sentiment de malaise.

Oui, il allait le faire. Mais Hyacinthe poussa le paquet de chips en sa direction, avant de proposer de partager. C’était tellement inattendu que Nathaniel le regarda comme pour savoir ce que ça pouvait vouloir dire. Et finalement, il croisa son regard. Il paraissait… brisé. Abimé. Oh bien sûr, la plupart des gens sont blessés de nos jours. Mais là, c’était captivant, d’une façon très étrange. C’est Hyacinthe qui détourna le regard, et Nathaniel se concentra sur le paquet de chips. Le premier poursuivi en proposant de mixer le chocolat trop sucré avec les madeleines sans goût. Nate acquiesça d’un signe de tête, comme pour le remercier en même temps. Il plongea sa main dans le paquet de chips pour en prendre quelques-unes qu’il porta directement à sa bouche. Puis vient la question. Finalement, il avait osé la poser. Il avait voulu éviter de dire à Nathaniel qu’il ne voulait pas forcément de sa compagnie en détournant le problème. Mais en fait, ça voulait dire la même chose. La question était toujours : pourquoi ? Nate avala ce qu’il avait en bouche avant de poser son regard sur Hyacinthe.

« As-tu vraiment l’impression que je pourrais parler à n’importe qui dans cette école ? On m’évite comme la peste. Peu parviennent seulement à croiser mon regard, alors engager une conversation… »

Le problème était abordé. Hyacinthe ne pouvait l’ignorer, sauf s’il n’était pas de cette école. Au sein même des Serdaigle, on parlait de Nathaniel. Alors autant crever l’abcès. Le jeune homme baissa les yeux, se contentant de regarder les fichues madeleines.

« Ça ne veut pas dire que je te parle à défaut d’avoir mieux. À la bibliothèque, j’ai eu l’impression que tu n’avais pas d’idées préconçues sur moi. Ça m’a fait croire, pendant un court instant, que j’avais l’occasion de connaître quelqu’un ici. Mais je réalise que je me suis trompé. Visiblement, tu fais partie de ceux qui sont mal à l’aise quand je suis dans les parages. »

La bombe était jetée. Il ne cherchait pas à créer un quelconque malaise. Ni même à attirer la pitié. Mais Hyacinthe lui avait posé une question, qui en cacher tellement d’autres. Alors autant jouer franc-jeu et être totalement sincère. Il avait fait une erreur de jugement qui avait amené à cette situation. Mais non, il ne pouvait pas avoir d’autres interlocuteurs ici. Ça, c’était faux.

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Date de naissance : 14/02/1999

Au moins, quelqu’un mangerait ces chips. Hyacinthe n’arrivait pas à avoir envie de manger. Et pas juste à cause de la présence de Nathaniel. Il n’avait pas d’appétit avant son arrivée. C’était juste un peu perturbant de l’avoir à côté de lui. Si près. Hyacinthe n’avait jamais été très à l’aise avec la proximité physique. Encore moins avec quelqu’un qu’il connaît à peine, voire finalement pas. Que savait-il vraiment de Nathaniel ? Son nom et son prénom parce qu’il les lui avait donné pour emprunter un livre mais il ne savait pas grand chose de plus. Il avait entendu quelques rumeurs mais… Ce n’était que des rumeurs, non ? Il l'espérait du moins, parce que certaines faisaient vraiment froid dans le dos.

Il soutint le regard de Nathaniel. En fait, il commençait à douter. Avait-il ne serait-ce qu’une raison valable de vouloir l’éviter ? Ce malaise, d’où venait-il ? Ce n’était pas les rumeurs qui le poussaient à ça, si ? Il doutait de ses propres convictions maintenant que Nathaniel le mettait devant l’absurdité collective dont il semblait victime. Hyacinthe se mordit la lèvre, désolé, et réalisant qu’il faisait subir à quelqu’un ce que lui-même avait vécu plus jeune. L’isolement, les rumeurs, probablement les moqueries ? Quoique, Nathaniel semblait inspirer la crainte. Et pas qu’à lui… C’était quand même étrange… Cette façon que tout le monde avait de l’éviter… Lui encore… Il n’avait rien de quelqu’un de sociable, ni même courageux… C’était souvent que les gens l’intimidaient… Il baissa la tête vers son gobelet. Tout était assez bizarre quand ça concernait ce garçon visiblement… Ou c’était lui qui ne savait plus faire preuve d’aucune rationalité… Il ne savait pas trop…

Il releva la tête quand l’autre mit le doigt sur son malaise. Et… Il se sentit idiot, et envahi par la culpabilité. Il était si idiot de l’avoir fui. Il n’avait pas réalisé à quel point ils se ressemblaient. Il eut un regard désolé pour Nathaniel. Sincèrement désolé. Il ne pouvait pas nier ce qu’il disait.

“D...D...D...Désolé… J...J...Je voulais pas… t..t...te blesser… Je...Je… Je suis… Je suis pas habitué… à...à... à attirer l’attention de...de...de qui que ce soit… Et….Et… oui… Tu….Tu m’intimides… J...J...je sais pas pourquoi… Peu… Peut-être parce que… t...t...tu as l’air… beau...beaucoup plus intelligent que… que moi…”

Plus intelligent, plus beau, plus sûr de lui, et pourtant encore plus seul que lui. Hyacinthe ne comprenait pas. Il se mordilla à nouveau les lèvres. Quitte à jouer franc-jeu.

“E...Et… Si… Si tu as… quel...quelque chose...Con...contre les nés-moluds… A...alors… Il vaut mieux que… que tu restes pas a...a...avec moi… J’ai...J’ai entendu… des...Des choses… Et… Même si… si c’est sans doute...faux…”

Il préférait que ce soit faux. Il espérait clairement ne pas être à côté d’une recrue des Death Wings. Vraiment. Il n’était vraiment pas très doué pour expliquer ces doutes et ses craintes.

“J...J….J’ai… J’ai ri… Rien con...contre toi… Na… Nathaniel…”

Il riva son regard craintif vers lui. Il avait fini par lâcher sa baguette. Sa main s’étant posée sur la table. Un bruit de verre qui se brise brisa le calme relatif de la salle, juste une bouteille qui venait de tomber. Mais le blondinet se leva à demi de sa chaise par réflexe. Avant de réaliser qu’il ne craignait rien. Il s’excusa d’un regard et se rassit, un peu plus nerveux. Au moins, Nate pouvait voir que ce n’était pas que lui qui le plongeait dans cet état de stress. Pas uniquement lui.

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Il n’en souffrait pas. Ou du moins, il n’avouait pas en souffrir. Cette distance et cette solitude qu’on lui imposait, c’était parfois un peu difficile à accepter. Oh bien sûr, passer pour le méchant de service, ça lui importait peu. Il voulait vraiment devenir le meilleur sorcier de l’école et pour ça, il n’avait pas besoin d’être gentil ou méchant. Mais même un méchant a une bande autour de lui. Des acolytes. Des complices. Là, il n’avait juste personne. Et pour autant, il ne se considérait même pas comme le méchant de l’histoire. Il n’était que l’élève qui était arrivé au pire moment. Peu importe. Il venait de réaliser que Hyacinthe était comme tous ces élèves. Ce dernier s’excusa, en avouant être quelque peu intimidé par Nathaniel. Evidemment, le blondinet voulu lui répondre mais ce dernier poursuivit peu après en demandant s’il avait quelque chose contre les né-moldus, indiquant qu’il avait entendu des choses. Des choses ? Ces rumeurs. Alors lui aussi pensait qu’il était avec les Deathwings. Il indiqua par ailleurs n’avoir rien contre Nate. Il aurait dû se lever et partir. Mais il ne put s’empêcher de sourire, avant de rire nerveusement. Non, il n’avait vraiment rien contre les né-moldus.

Il voulut à nouveau lui répondre, mais le bruit d’un bris de verre se fit entendre. Un élève, probablement pas le plus rusé, venait de faire tomber sa bouteille vide au sol. Ce n’était rien, mais Hyacinthe se leva presque face à ça. Il était tendu, presque apeuré. Nathaniel fit disparaitre son fichu sourire de son visage pour regarder son interlocuteur d’un air inquiet. Il aurait dû être rassuré : après tout, il n’avait pas uniquement peur de lui mais aussi des bouteilles. Mais cela cachait quelque chose, et ce n’était vraiment pas quelque chose de gentillet. Il y avait un traumatisme.

« Si ça peut te rassurer, être contre les né-moldus équivaudrait à être contre ma propre personne. Ce serait stupide. Et comme tu l’as dit, je ne suis pas quelqu’un de stupide. » dit-il, avant de poursuivre. « Alors, je suis vraiment ravi de savoir que tu n’as rien contre moi. Mais je crois que tu as surtout besoin d’entendre que moi, je n’ai rien contre toi. »

Il se retrouvait à rassurer Hyacinthe, alors que c’était lui qui était en train de subir ce même rejet habituel. Il fit un petit sourire à celui qui n’avait été son ami que l’espace d’un très court instant. Cela devenait de plus en plus ridicule. Il n’avait rien à faire ici, c’était plutôt clair. Il plongea à nouveau son regard dans celui de Hyacinthe. C’était comme une façon pour lui de parler en toute sincérité, même s’il doutait de l’efficacité de sa méthode.

« Mon but n’était pas de t’effrayer ou de t’intimider. Je me suis trompé, c’était une erreur. Je vais te laisser tranquille. Mais avant ça, une dernière chose… » À la fin de cette phrase, il se leva pour se préparer à partir. « Évite de prêter trop d’attention à ces rumeurs. La plupart sont fausses. Quoi qu’il en soit, merci pour les chips. »

Il afficha à nouveau un petit sourire poli. Il n’avait pas envie de sourire. Combien de personnes avaient refusé de lui adresser la parole à cause de ces rumeurs ? Combien d’amis n’avait-il pas eus à cause de ces rumeurs ? Combien de moment comme celui-ci allait être gâché à cause de ces rumeurs ? Il subissait le poids de ces rumeurs comme si ces dernières étaient avérées. À tel point qu’il en venait à se demander si ça ne valait pas plutôt le coup d’être fidèle à sa réputation, et ainsi donner un vrai spectacle à tous ces amateurs de drame. Il en voulait un peu à Hyacinthe d’y croire. Mais il savait qu’il ne devait pas lui en vouloir. Il faisait parti de la majorité. Ce n’était donc pas lui, le problème.

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Date de naissance : 14/02/1999

Il n’avait rien contre les nés moldus ? Il en était un ? Oh. Ces réponses ne cadraient pas avec un bon nombre de rumeurs qui couraient sur lui. Et quelque part, cela soulagea Hyacinthe de l’apprendre. Au moins, il ne l’agresserait pas pour cette raison. En fait, il n’avait pas l’air de lui vouloir du mal. C’était un peu étrange d’en avoir eu autant peur, et finalement se rendre compte qu’on avait probablement fait fausse route. Il baissa les yeux, un peu coupable. Oui, il avait besoin d’être rassuré. Plus encore qu’avant. Mais au moins, il était sûr maintenant que Nathaniel ne lui voulait pas de mal. Pas comme les autres connards. Comme quoi, on se méfie rarement des bonnes personnes.

Il se sentait vraiment stupide d’avoir cru à ces rumeurs. Il ne voulait cause de peine à personne. Il n’avait jamais voulu le blesser. Il avait juste eu… stupidement peur de ce qu’il avait de différent. C’était vraiment stupide. Surtout venant de lui. C’était l’hôpital qui tirait sur l'ambulance, vraiment. Il était si idiot. Il n’arriva même pas à retenir le garçon. En fait, il comprenait qu’il ne veuille pas rester avec quelqu’un comme lui, bourré de préjugés stupides. C’était sa faute une nouvelle fois. Il essaya de l’appeler pour lui dire de rester, mais sa voix ne sortit pas de sa gorge. Il resta juste assis, la bouche entrouverte, triste d’avoir blessé. Il ne termina ni les chips, ni les madeleines, ni le chocolat…. Quel gâchis. Et pas seulement de nourriture.

Quelques jours s’étaient écoulés, laissant Hyacinthe toujours aussi déboussolé dans sa propre vie. Et puis, il avait entendu ces élèves cracher leur venin à propos de Nathaniel. Il n’était jamais vraiment nommé, mais il aurait fallu être idiot pour ne pas comprendre de quel Serdaigle ils parlaient. Des horreurs étaient dites. Il les entendait de son bureau d’assistant bibliothécaire. Il finit par se lever.

“De...De...Dehors.” intima-t-il d’une voix sans appel. “A...A...Allez dé...Débiter vos mensonges ailleurs !”

Il les aida même en faisant léviter leurs sacs jusqu’à la sortie, les faisant se poser sans ménagement dans le couloir. Cela lui vaudrait peut-être des remontrances mais… Il aurait été bien incapable d’entendre ça plus longtemps. Sans doute parce que ça le renvoyait à sa propre crédulité, à sa propre méfiance idiote. Il avait eu du mal à finir sa journée calmement. Et puis, il était passé voir Jesus. Pour lui demander s’il pouvait lui préparer un gâteau pour deux personnes. Un beau et bon gâteau à partager. Jesus ne goba sans doute pas ses excuses sur pourquoi il avait besoin d’un tel gâteau et pourquoi il ne le demandait pas à son frère, mais qu’importait. Les pensées de Hyacinthe étaient occupé par Nathaniel, et pas d’une bonne façon. Il ne voulait plus ressentir cette culpabilité.

Quand Jesus lui avait remis sa commande, il s’était mis à la recherche de celui avec qui il voulait partager ce gâteau. Il avait mis un moment avant de le trouver. Heureusement qu’il avait mis les gâteau dans un sac glacière, parce que sinon, la crème aurait eu le temps de fondre. Mais à force de persévérance, il le trouva dans un recoin du parc. Il alla s’asseoir à côté de lui, le sourire aux lèvres. Assez naturellement. Il eut un sourire pour Nathaniel.

“Bon...bon...Bonjour…” souffla-t-il doucement.

Il ouvrit son sac, et tendit vers Nate le gâteau.

“Je...Je me suis dit… que...que ce serait meilleur… que...que les madeleines…”

Il était sincère. Il avait beaucoup trop réfléchi à son comportement, et il regrettait tellement. Vraiment, il voulait juste apprendre à le connaître vraiment. Il ne voulait pas se laisser influencer par un flot de mensonges qui semblait sans cesse renouvelé. Injustement. Cela aurait très bien pu tomber sur lui ces rumeurs, et d’ailleurs, il y en avait déjà eu sur lui alors…

“Si...Si tu veux… veux bien… qu’on le par...partage ?”

Alors oui, il n'était pas très à l'aise, mais c'était plutôt le fait d'aller vers quelqu'un, quel qu'il soit qui causait cette gêne chez lui.

Heureux de te revoir...

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Après ses remerciements, il avait simplement décidé de quitter la cafétéria. Encore une fois, il ne pouvait pas en vouloir à Hyacinthe d’être comme la plupart des élèves de l’école. S’il devait trouver un responsable à tout ça, c’était bel et bien lui-même. Il avait cru en toute naïveté que quelqu’un pouvait être différent dans cet endroit. Il découvrait amèrement que ce n’était pas le cas. Il préférait oublier tout ça. Il allait juste faire comme si cette situation n’était jamais arrivée, et ne plus jamais adresser la parole à Hyacinthe. Ce dernier n’aurait plus à se sentir mal à l’aise de sa faute. Et inversement à vrai dire. Il allait juste revenir à sa vie d’étudiant solitaire. C’est ainsi que les choses devaient se passer.

Plusieurs jours s’étaient donc écoulés. Et chaque jour était semblable au précédent. Seule petite spécificité : il faisait très beau présentement. Un soleil de plomb. De quoi donner une excuse à Nathaniel pour ne plus étudier à la bibliothèque et ainsi croiser Hyacinthe par inadvertance. Il préférait aller au parc. En général, il se posait sous un arbre avec une pile de livres de cours. En général, on le laissait tranquille. En général. Oh bien sûr, il eut l’impression que quelqu’un s’approchait de lui mais il ne releva pas la tête. Ça devait être un de ces curieux, se pensant assez intelligent pour approcher Nathaniel au plus proche et ainsi s’en vanter auprès des autres élèves. Sans doute un jeune de Poudlard. Il n’avait pas le temps pour ces idioties. Mais, ce n’était pas ça. La personne s’assit à ses côtés, forçant ainsi Nathaniel à s’interroger sur l’identité de cette personne. Et pour le coup, il fût relativement surpris. C’était Hyacinthe. Nathaniel fronça les sourcils. En fait, il ne comprenait pas trop ce que ça voulait dire. Le jeune homme le salua, avant d’ouvrir le sac qu’il avait avec lui et de lui tendre un gâteau. Ça avait encore moins de sens. Finalement, il lui proposa de partager ce gâteau. Et là, Nathaniel fût complétement perdu. Quel était l’intérêt de faire ça alors que justement, il avait tenté de ne plus l’approcher. Il avait essayé d’oublier cette histoire afin que personne ne soit vraiment mal à l’aise à l’avenir. Ainsi, Hyacinthe pourrait continuer à entendre ces rumeurs et à y croire, tandis que Nathaniel pourrait continuer à être la cible et feindre de ne pas s’en préoccuper. Un monde normal. Là, ça n’avait rien de normal.

« Écoute, tu n’es pas obligé de faire ça. Je veux dire, venir ici et me parler et me proposer du gâteau. Soyons juste d’accord sur le fait qu’on ne s’est jamais parlé. Ce sera mieux pour tout le monde comme ça. »

Le ton n’était pas forcément froid. Il était surtout monotone, comme s’il répétait un texte en se forçant à n’y mettre aucune émotion. Était-ce une façon de se venger ? Rejeter après avoir été rejeté ? Il posa son regard sur le visage de Hyacinthe. Il paraissait sincère, mais Nathaniel était fatigué. Ce sentiment de rejet constant le rendait peut-être un peu exécrable. Et le souvenir de la cafétéria lui laissait un goût amer.

« Je suis désolé. Je ne veux pas paraître dur. C’est juste que… pourquoi ? Pourquoi tu es là, Hyacinthe ? »

Tourner autour du pot, ce n’était pas son truc. On avait pu le découvrir à la cafétéria, il était du genre à être franc-jeu. Il ne comprenait pas pourquoi ce gâteau, pourquoi venir à sa rencontre après l’avoir gentiment rejeté. Alors il voulait en connaître la raison.

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Date de naissance : 14/02/1999

Hyacinthe se doutait que ça n’allait pas être simple. Après tout, il avait été impoli, irrespectueux, blessant. Oui, c’était normal qu’on ne prenne pas son cadeau avec le sourire comme si de rien n’était mais… Mais c’était pas parce qu’il s’y était préparé que c’était plus facile à gérer. C’était un juste retour des choses, ça lui faisait comprendre comme il avait été blessant. Il ne pouvait pas blâmer Nathaniel pour ses mots. Il se mordilla les lèvres. Il ne savait pas quel mot dire. Lequel serait le plus simple à dire. C’était toujours compliqué de trouver la phrase idéale quand tout se bouscule dans sa tête.

“J...J…J’ai… J’ai ré...réfléchi… à… à mon comportement… et...et… C’é...c’était stupide… D...D..De te… re...repousser… J...Je… Je voulais… Ju...juste… re...repartir de zéro ?”

Il marqua une pause, cherchant le regard déroutant de ce garçon. Pour s’y accrocher. Essayer de voir s’il avait encore une maigre chance de se faire pardonner. Une chance de construire quelque chose de plus juste. Il n’était pas sûr de mériter cette chance là. Est-ce qu’il se serait donné à lui-même une chance ? Pas sûr. Il était conscient d’en demander beaucoup.

“M...m...mais… Je...je comprendrai… q...q...Que tu veuilles pas… J… j’ai… j’ai été trop idiot… a...a..alors… alors que… que… J’ai… enfin… Quand j’étais à...à Pou...Poudlard… On… on disait… Au...aussi des… des choses ho...horribles sur moi… A..Alors… J’au… j’aurai pas dû y… y croire…”

Il aurait dû prendre sa défense au lieu de douter. De ne même pas lui laisser une chance. Il s’en voulait vraiment d’avoir autant manqué d’ouverture d’esprit. Son frère n’aurait vraiment pas été fier. Il n’avait pas été élevé comme ça. C’était même à l’inverse de l’éducation qu’il avait eu. Il eut un soupir. Il se sentait si nul. Et en même temps, les regards qu’on leur lançait lui rappelait aussi pourquoi c’était si dur d’être différent. Il ramena ses jambes contre son torse, son dos s’appuyant contre l’arbre.

“Au...Au...Au moins… Goû...goûte le gâteau… Je...je… je suis sûr qu’il… qu’il est b...b...bon… c’est...C’est un… un...un très très bon cui...cuisinier… qui...qui l’a fait… Ce...Ce serait… do...Dommage de...De gâ...gâcher…”

Il tenta un petit sourire vers Nathaniel. Il avait l’impression d’être un équilibriste sur une corde raide et glissante tout à la fois. C’était compliqué pour lui. De ne pas céder à la panique à l’intérieur de lui, à la honte aussi. Il aurait voulu s’enterrer dans la terre et disparaître. D’avoir été si injuste. Si mesquin. Si crédule. Si stupide en somme. Mais faute avouée, à moitié pardonnée ? Il espérait vraiment.

“E...E...Et… Je...je...je cr...cr...Crois… que...que...que j’ai… j’ai… ju… ju...juste en...envie de… de te connaître… Toi… Pas...pas les men...mensonges…”

Heureux de te revoir...

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Il ne voulait pas être trop dur avec Hyacinthe. C’était juste plus fort que lui. Ils avaient l’occasion de passer à autre chose, l’un comme l’autre. Alors pourquoi relancer la machine ? Ça n’avait aucun sens. Pire, ça allait peut-être encore se terminer avec l’un des deux étant blessé. Voir les deux. Hyacinthe prit cependant la parole à nouveau pour répondre à Nathaniel. Il avoua vouloir repartir à zéro. Il poursuivit en racontant qu’à Poudlard, il avait été également victime de rumeurs de ce style. Nathaniel ne put s’empêcher de froncer une nouvelle fois les sourcils : pourquoi avoir suivi et avoir cru en ces rumeurs en connaissant le pouvoir destructeur que ces dernières peuvent avoir sur une personne ? Nate baissa le regard. Hyacinthe paraissait tellement fragile, comme prêt à craquer à tout instant. Et il ne savait toujours rien de ce qui avait bien pu le traumatiser de cette façon. Il ne pouvait pas se permettre de le juger, ça équivaudrait à être comme ces gens. S’il avait cru en ces rumeurs, c’est qu’il avait ses raisons. Aussi dur que ça ait été de le constater. Il avait eu peur de Nathaniel, d’une certaine façon. Et il devait y avoir une raison à ça.

En pleine réflexion, il n’avait pas su comment répondre au jeune homme à ses côtés. Ce dernier reprit la parole, lui demandant de goûter le gâteau malgré tout. Nate releva le regard pour croiser celui de Hyacinthe. Ce dernier affichait un léger sourire, et c’était peut-être la première fois que Nate le voyait sourire. Il avait l’air sincère, mais vraiment. Il reprit une nouvelle fois la parole pour dire qu’il voulait apprendre à le connaître. Il en venait presque à supplier Nathaniel désormais, ce qui était tellement inattendu pour le jeune homme. Après l’avoir presque accusé d’en avoir après lui, de vouloir le blesser voilà qu’il voulait devenir… quoi au juste ? Son ami ? Le premier de Nate dans cet établissement ? C’était surréaliste. Nate le savait, personne ne voulait être son ami. Et quand il l’avait espéré, quand il y avait cru alors ça avait tourné au vinaigre. Est-ce une manière de l’humilier davantage ? D’autres élèves étaient peut-être cachés non loin de là en train d’admirer la scène, attendant le bon moment pour sortir et le pointer du doigt en rigolant. Il en devenait parano, et il doutait de la sincérité des gens. C’était bizarre. Il avait attendu qu’on vienne le voir pour justement apprendre à le connaitre, mais face au mur… il doutait de la sincérité de Hyacinthe. Et ce, malgré qu’il eût envie d’y croire. C’était tellement contradictoire tout ça.

« Je révise depuis un petit moment déjà. J’imagine que je ne risque rien à prendre une petite pause pour goûter ton gâteau. » dit-il finalement, tout en regardant Hyacinthe. Il posa son livre sur le sol, à côté d’autres bouquins du même genre.

Il attendit sagement que ce dernier lui passe un morceau du gâteau, qu’il porta directement à ses lèvres. C’était un très bon gâteau. Il ne put s’empêcher de sourire. Et dire que la plupart des élèves ont droit à ce genre de moment. Simple, mais tellement agréable. Il aurait dû mettre son cerveau sur pause, le temps de ce court instant. Mais il n’y parvenait pas. Il restait sur ses gardes.

« Tu sais, c’est drôle finalement. Tu avais peur de moi à cause de ce qu’on peut raconter à mon sujet. Mais moi, je n’avais pas peur à la cafétéria, parce que justement je pensais que tu n’adhérais pas à ces idées. Et maintenant, je me dis que je devrais peut-être me méfier de toi, alors que tu dis ne plus vouloir y croire. Du coup, je te pose la question : est-ce que je devrais me méfier de toi ? »

Comme pour inciter Hyacinthe à dire la vérité quant à sa réponse, il plongea son regard bleu perçant dans celui de son correspondant. Encore une fois, il n’allait pas garder pour lui ce sentiment et rester sur une incertitude qui ferait que la suite de l’entretien paraîtrait tout sauf naturel. Il laissa son regard plongé dans celui de Hyacinthe, attendant la réponse de ce dernier.

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Date de naissance : 14/02/1999

Le paradoxe de la situation n'échappe pas à Hyacinthe. C’était improbable. On aurait cru à jeu du chat et de la souris. A se méfier de l’un puis de l’autre. Ils devaient avoir l’air malins. Tout ça, à cause de ses idioties. Vraiment, il n’en avait pas fini de s’en vouloir pour ce qu’il avait fait subir à Nate. Probablement que le flot d’insultes qu’il s’envoyait mentalement depuis des jours était pire que ce que l’autre blond pouvait penser de lui. Alors quand Nathaniel accepta au moins de goûter avec lui, un sourire de soulagement apparut timidement sur ses lèvres. C’était un bon début. Sans doute. Et au moins, Jesus n’aurait pas cuisiné pour rien… Enfin… Il avait été payé pour le gâteau, mais, ça aurait été pour rien s’il avait fini dans une poubelle ou si Hyacinthe avait fini par le manger en pleurant dans sa chambre d’avoir encore raté une occasion de bien se comporter. Il s’empressa de couper une belle part pour Nathaniel.

“C...C...C’est… s...sûr… ça...ça...ça fait tou...toujours du… du bien un...un… gâ...gâ...gâ...gâ...teau…”

Même si là, Hyacinthe n’arrivait pas complètement à apprécier la création de Jesus. Alors que c’était presque aussi bon que ceux de son frère. Non, il était encore tracassé. Parce qu’accepter de partager ce morceau de gâteau, ce n’était qu’une maigre victoire. Il regarda Nate quand il reprit la parole. Oui. Il avait raison, c’était drôle, ou ridicule, ou improbable. Selon le point de vue.

Il termina sa bouchée. Il avait la gorge nouée. En réalité, quelles preuves avait-il réellement ? Il n’en savait rien. Nathaniel aurait eu toutes les raisons de se méfier en réalité. Il ne voyait rien de tangible comme preuve. Il n’avait que sa bonne foi. Et c’est un peu compliqué à prouver…

“N...N...Non… Je…” Il marqua une pause. Et il reprit avec un petit sourire. “S...Si… Si je...Je voulais… te...te faire du… du mal… J’au… j’aurai… empoi...empoisonné le gâteau…”

Il n’avait pas trouvé mieux que cette plaisanterie. Olala. C’était pire que tout. Il regretta ses mots instantanément. Se frottant nerveusement le nez, le front, la joue. Mince.

“Pa...par… pardon… c’é...c’était… nul… Je…”

Il s’embrouillait encore. Il inspira un grand coup, expira.

“Je… Je… Je veux… vrai… vraiment plus… te… te faire de mal… J’ai… j’ai… j’ai pas… de… de preuves… S...sauf… si...si tu… tu sais li… lire dans… dans les pensées… Et… et puis… Je… Je ga...gagnerai… quoi à… à te faire… du… du mal ? A… Alors qu’ils… qu’ils m’aiment… pas… pas plus que… que toi… Je… Je sais… ju… juste… dis… disparaître mieux…M...M..moi... Ils... Ils m'ou...m'ou...m'oublient... ”

Il avait désigné les autres étudiants d’un petit geste de têtes. Ils étaient peu à réellement l’apprécier. Beaucoup à se moquer. Et d’autres à le trouver bizarre. Alors… Ils étaient pas si différents sans doute…

Heureux de te revoir...

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Il attendait toujours sa réponse, en tentant d’en obtenir une des plus sincères. Et il ne fut pas déçu. Il ne s’y attendait pas, mais Hyacinthe savait apparemment faire preuve d’humour. À moins que ça n’en était pas. Il y avait bien pensé, à ce que le gâteau soit empoisonné. Ou qu’il contienne un sort quelconque. Cependant Hyacinthe était un garçon intelligent, il ne l’aurait pas avoué de cette façon. Il n’aurait probablement pas été si frontal dans sa manière d’affronter Nathaniel. Il s’agissait là uniquement d’une blague. Si Nate avait été prit de court par cette plaisanterie, il put cependant voir le jeune garçon se confondre en excuses avec un air tellement honteux sur le visage. En vérité, c’est sa réaction qui fit apparaître un sourire amusé sur le visage de Nate. Il n’était toujours pas très sûr de ce qu’il pouvait espérer de la part de Hyacinthe. Il doutait toujours de sa sincérité. Mais il devait avouer qu’il avait un côté franchement attachant dans sa manière d’être.

« Et bien, s’il était effectivement empoisonné ce gâteau, j’aurais au moins eu l’occasion de voir ton visage virer au rouge avant de mourir. Au passage, c’est un très bon gâteau, malgré le poison. »

Il conserva son sourire amusé. Il se moquait gentiment de Hyacinthe, mais le voir si mal à l’aise à quelque chose qu’il avait lui-même dit c’était… rafraichissant, dans un sens. Il avait l’habitude d’entendre des choses pas toujours gentilles à son propos, mais personne ne se sentait si mal après. Et là, de voir Hyacinthe dire ce genre de chose avant de revenir directement sur ses paroles avec un visage de la couleur d’une tomate, ça avait quelque chose de vraiment comique en plus d’être nouveau. Le sourire du jeune blond disparu lorsque Hyacinthe redevint un peu plus sérieux. Effectivement, il ne pouvait pas prouver ne vouloir aucun mal à Nathaniel. Il n’avait que sa parole. Mais d’après lui, les élèves n’étaient guères ses amis à lui non plus. Pire, ils avaient apparemment tendance à se moquer de lui. Nate jeta un rapide coup d’œil vers un groupe de jeunes élèves non loin. Les regards étaient sur leur duo, ça ne faisait aucun doute.

« J’aimerais que l’on m’oublie un peu, moi aussi. En tout cas, si tu n’as aucune preuve de ta bonne foi alors… j’imagine que je vais devoir te faire confiance. Je n'ai plus grand-chose à perdre de toute façon. »

Ça pouvait donner l’impression qu’il y avait la volonté de blesser Hyacinthe dans ces paroles, mais pas du tout. En vérité, il ne faisait que se ramener lui-même à sa propre condition de reclus. N’ayant déjà pas grand-chose pour lui, le fait de se voir moquer par un élève ne lui ferait pas perdre le peu d’importance qu’il accordait déjà à tout ce cirque.

« Pour ce que ça vaut, je ne trouve pas que tu sois facilement oubliable. Preuve en est, je ne t’ai parlé qu’une seule fois à la bibliothèque et je t’ai immédiatement reconnu à la cafétéria. Ce n’est pas toi qui es oubliable, insignifiant ou immémorable. Ce sont ces élèves qui ne savent pas reconnaître une orchidée au milieu de mauvaises herbes. C’est eux, le problème. » Conclut-il, le regard sur ce même petit groupe non loin. Il détourna les yeux pour poser son regard bleu sur Hyacinthe à ses côtés. Il ne voulait pas le mettre mal à l’aise. Il voulait le rassurer, et ne pas l’entendre dire des choses fausses qui le dévalorisaient. Après tout, c’était pour ça que les deux en étaient arrivés là. À cause de choses fausses.

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Le désavantage quand on a une peau très blanche, c’est que quand on rougit, ça tranche pas mal avec la couleur de départ. Et puis, là, Hyacinthe était vraiment d’un rouge cramoisi. Et les mots de Nathaniel ne l’aidait pas à se remettre de la gêne. Cela ajouta peut-être même au rouge de ses joues. ça sonnait comme un compliment ? Au moins, Jesus avait bien réussi son gâteau. Il était vraiment délicieux. Et nul doute que cela aidait en la situation.

“J...J...Je…. Je le dirai au...au...pa...pa...pâti….ssier !”

Et le rouge resta, puis s’estompa un peu. Laissant ses joues encore rosées. Le sourire de Nathaniel l’avait un peu rassuré. Il n’avait pas mal pris cette blague. Mais bon, cela ne faisait pas tout. Il fallait le convaincre, et Hyacinte n’était pas sûr de ses mots. Pas sûr d’être très convaincant. Alors, il attendait avec une certaine appréhension les mots de Nate. Pas grand chose à perdre ? Hm. Définitivement, ça ne devait pas être simple d’être dans sa peau. Et peut-être qu’il n’avait pas tant que ça à gagner à lui faire confiance. Il n’était pas grand chose dans cette école. peut-être même qu’il allait lui amener de nouveaux problèmes ? Des ennemis plus virulents ? Il n’en savait rien. Mais il était heureux que Nathaniel ne le repousse pas. A deux, sa situation serait sans doute plus facile à supporter, non ? Ils pourront faire front commun ? Il acquiesça donc à ses mots. Pas blessé. En fait, il était juste un peu triste pour lui. Il était si seul.

Hyacinthe croqua un nouveau morceau du gâteau. Oh diantre, cette crème fouettée était délicieuse. Mais il manqua d’avaler de travers en entendant la comparaison que l’autre garçon faisait. Une orchidée ? Vrai… vraiment ? Waw. C’était beau une orchidée. Beaucoup plus beau et élégant que lui. La comparaison était vraiment flatteuse. Le rouge était de retour sur ses joues. Il ne s’attendait pas à entendre Nathaniel lui dire ça. C’était déstabilisant. Pour un mec qui lui faisait peur, il était quand même rudement gentil. Et aussi rudement amer face aux autres. C’était assez catégorique.

“I...Il y… Il y a aussi...des… des… des gens bien… C’est… C’est juste… Qu’il… qu’il faut les trou...trou...trouver…” nuança-t-il un peu. “Mais… Mer...Merci…”

Il sourit à Nathaniel. Et eut un petit rire.

“C’est… C’est… dr...dr...drôle… par...parce que… D’Ha...D’habitude c’est… C’est mon frè...frè...frère qui… qui me dit… ce...Ce...ce genre de...de...de chose… Et...Et à...à...une...une lettre près… vous...Vous a...a..avez le...le...mê...même prénom… Nathan… Nathaniel… Na...Nathanaël… Je… Je suis… bien… bien entouré…”

C’était quand même une drôle de coïncidence. Mais de penser à son frère figea un peu son sourire. Il fallait vraiment qu’il arrête de fuir son frère. Qu’il lui dise la vérité sur… sur tout ce qui n’allait pas. Il mangea encore un peu, mais le coeur n’y était plus vraiment. Ses humeurs étaient tellement changeantes. Il posa sa tête sur ses genoux, se recroquevillant un peu.

Heureux de te revoir...

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Hyacinthe paraissait moins catégorique sur le fait que les élèves étaient foncièrement mauvais. Selon lui, certains étaient même bons. Comment Nathaniel pouvait le savoir ? Après tout, il n’avait jamais vraiment remarqué de regard compatissant à son égard. Il en était venu à croire au début d’une amitié avec Hyacinthe alors que ce dernier ne faisait que son travail à la bibliothèque. S’il y avait eu une once de bienveillance à son égard de la part d’un autre élève, il l’aurait probablement remarqué. Enfin… Hyacinthe était là depuis plus de temps, il avait sans doute eu l’occasion de rencontrer quelques personnes sympathiques au détour d’un chemin. Nate, de son côté, restait persuadé jusqu’à preuve du contraire que ces élèves n’étaient pas ses alliés. Ils avaient plutôt des allures d’ennemis, présentement.
Quoi qu’il en soit, il n’allait pas débattre avec Hyacinthe à ce sujet. Il avait son avis sur la question, et on ne lui avait pas souvent prouvé qu’il pouvait avoir tort. Donc, il allait se contente de hausser les épaules en réponse, tout en mangeant à nouveau du gâteau. Hyacinthe poursuivit rapidement avec une comparaison avec son propre frère. Apparemment, Nathaniel et Nathanaël se ressemblaient. C’était effectivement assez drôle de constater qu’il avait presque le même prénom que son frère, et qu’il venait de dire quelque chose que son propre frère aurait pu lui dire. Nate afficha un petit sourire et tourna le visage vers Hyacinthe juste à temps pour le voir totalement changer d’expression. Il venait de perdre son sourire. Il se recroquevilla sur lui-même, comme pour se protéger.

« Tu as l’air d’avoir un super frère alors. Déjà parce que je trouve qu’il a un très beau prénom, à une lettre près. Et s’il t’encourage alors c’est parfait. On a tous besoin d’un peu de soutien. »

Il tenta de rebondir sur la dernière phrase du jeune homme, mais sentit réellement un changement de comportement chez ce dernier. Il était passé d’un rire spontané à un silence pesant. Il venait de se renfermer comme une huître, et Nate ignorait réellement ce qui avait pu se passer dans l’esprit de Hyacinthe. C’était le fait de parler de son frère, mais pourquoi ? Il avait l’air de dire que c’était une de ces bonnes personnes dont le monde manque cruellement. Encore une fois, il ne pouvait rester sur un non-dit.

« Ça n’a pas l’air d’aller… Ai-je dit ou fais quelque chose de mal ? »

Oh, bien sûr, il se doutait que ce n’était probablement pas le cas. Il n’avait rien dit qui justifierait un tel changement d’humeur. Mais Hyacinthe, dans son envie de rassurer Nate quant à ses incertitudes, se sentirait probablement obligé d’avouer la vérité. Ça pouvait sembler mesquin mais aux grands maux les grands remèdes. Et si Hyacinthe devait devenir un ami aux yeux de Nathaniel, alors il devait être sincère avec lui. Et aussi, s’habituer à se voir soutenu en permanence. Le blondinet pouvait être le meilleur ami de la terre. À l’inverse, il pouvait être également le pire ennemi. Il n’était pas fan du gris. Pour lui, c’était souvent tout blanc ou tout noir.

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Oui, Nathanaël était le meilleur grand frère qui soit. Il avait tellement sacrifié pour lui. Depuis tant d’années. Hyacinthe se demandait s’il méritait vraiment tous ces sacrifices. Il n’arrivait qu’à causer plus de soucis à Nate. Il n’arrivait pas à l’aider. Il n’était qu’un poids mort dans la vie de son frère. Parfois, il se disait que Nate serait plus heureux sans lui. Il aurait pu rester médicomage de terrain. Il aurait probablement bâti une famille. Il n’aurait pas perdu sa magie. Il serait heureux. Alors… Oui, Hyacinthe doutait un peu d’être lui le frère idéal. Pas fichu d’être sincère avec lui en plus. Et en même temps, rajouter un flot de soucis supplémentaires, était-ce mieux ? Sans doute que non. En fait, il était dans une impasse. Tout ça, à cause de sa crédulité stupide ce soir-là.

Hyacinthe s’était perdu dans ces tristes pensées. Dans ce dilemme cornélien. Tout le monde voulait qu’il parle à son frère. Comme s’ils savaient tous mieux que lui ce qu’il devait faire. lui, il n’était pas sûr de savoir parler à son frère de cette bêtise. De ce qui s’était passé. De ce qu’il avait subi. En réalité, il n’en avait pas parlé en détails depuis que c’était arrivé. Il essayait d’enfouir ça. De ne plus ressentir la douleur. D’oublier, si tant est qu’on le puisse.

Il tourna la tête vers Nathaniel en l’entendant à nouveau, sortant un peu abruptement de ses pensées. Oh. Cela se voyait tant que ça ? Oh. Il en était désolé. Il ne voulait pas gâcher ce moment avec ses coups de déprime. Il se mordit la lèvre. Elle était abîmée par ce tic, saignant un peu. Mince. Il s’arrêta en sentant le goût du sang dans sa bouche.

“N...N...n… non… c’...C’est...C’est pas toi…” murmura-t-il un peu confus.

Il ne pouvait pas lui expliquer tout ce qui le tracassait. Et… Et en même temps… Qu’avait-il à perdre à lui en parler ? Nathaniel n’allait probablement pas en parler à qui que ce soit. Si on pensait avec rationalité, c’était probablement le meilleur des confidents. Même si c’était assez triste de ce point de vue.

Mais qu’est-ce qu’il pouvait dire ? Serait-il au moins capable de dire quoi que ce soit ? C’était si douloureux. Il ne savait pas comment lui expliquer. Quoi lui expliquer. Quel élément était essentiel. Lequel était optionnel ? Tout était si inextricablement lié. Des évènements qui s’étaient enchaînés si vite. Et qui l’avaient mené là. Sans qu’il puisse rien empêcher. Sans que son don de voyance ne serve à quoi que ce soit. Sans qu’il puisse protéger son frère du Destin.

“J...J...Je… Je m...m...me disais ju...juste… que… que… que pour… un… un voyant… j’é...j’étais… vrai...vraiment pas clai...Clai...Clairvoyant… Je… Je me fais… tou...tou...toujours avoir… et… je… je cause que...que… des… des sou… soucis… à...à… mon… frère…”

Il regarda ailleurs. Un peu perdu.

“Tu… tu… tu as… dé...déjà é...été à un… un procès toi ? Je… Je d… d...dois té...témoigner… Bien...bientôt… Et… Co...Comment je… je pou...pou...pourrai faire ça ? A...A...Alors que… que j’a… j’arrive pas à… à faire… u...u...u...une phra...phrase… sim...simple…”

Heureux de te revoir...

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Hyacinthe était véritablement perdu dans ses pensées, alors que Nathaniel avait son regard posé sur lui. Quelque chose perturbait ce garçon, il en était certain. Mais il ignorait encore quoi. Hyacinthe sorti de ses pensées pour lui indiquer que ce n’était pas sa faute, qu’il n’avait rien dit de mal. La stratégie de Nate semblait fonctionner : afin de pouvoir le rassurer sur sa culpabilité, il allait expliquer la raison de son mal-être. Qui devait être conséquent, puisqu’il en venait à se mordre la lèvre si fort que cette dernière en était abîmée. On pouvait y voir un peu de sang. Nate ne put s’empêcher de froncer les sourcils face à cette scène. Il se faisait du mal, peut-être inconsciemment, il devait se sentir coupable également. Il voulait comprendre ce que tout cela voulait dire. Hyacinthe reprit alors la parole, avouant qu’il s’était fait avoir et qu’il avait apporté des soucis à son frère. Il poursuivit en parlant d’un procès à venir où il devrait témoigner, demandant par la même occasion si Nate avait déjà eu à le faire. Ce dernier était quelque peu perdu face à ce discours. Ça pouvait vouloir dire tellement de choses, mais ça en disait si peu véritablement.

« Je sais que ce n’est pas forcément simple de se confier. Qui plus est à quelqu’un que tu ne connais finalement pas du tout. Mais je serais ravi de te prêter une oreille attentive. Et je peux être de bon conseil également. Alors n’hésite pas. Ça pourrait même éviter de faire souffrir cette jolie lèvre. »

Un moyen de lui indiquer qu’il avait remarqué sa petite manie de se mordre la lèvre, plus ou moins fort par moments. Il comprenait sa réticence à ne pas lui dire totalement la vérité. Et à dire vrai, ça donnait envie à Nate d’en savoir encore plus sur lui, à chercher à le découvrir davantage. Le souci étant qu’il craignait finalement de découvrir la vérité. Entre la culpabilité et le mal-être que ça procurait chez Hyacinthe, Nathaniel ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire. Mais il avait malgré tout pu apprendre quelque chose sur son nouvel ami : ce dernier possédait le don de voyance, apparemment. Ce qui était intéressant.

« Pour te répondre, non je n’ai jamais été à un procès. Mais entre nous, je te trouve assez doué pour faire des phrases simples. Et personnellement, je pourrais t’écouter formuler des phrases simples toute la journée. Tu ne devrais donc pas t’inquiéter pour ça. Si c’est bien la chose qui t’inquiète… ? »

Nathaniel n’en était pas sûr. Il devait être inquiet en partie pour ça, mais ce n’était sûrement pas la seule chose. Il avait terminé le gâteau de la réconciliation, les livres de cours étaient toujours sur l’herbe à côté d’eux. Le groupe d’élèves avait décidé de partir, laissant les deux garçons seuls dans ce coin du parc. Nathaniel appréciait avoir de la compagnie. Il réalisait maintenant à quel point ça pouvait lui manquer. En arrivant à la MUL, il avait tiré un trait sur son ancienne école et sur sa vie en Amérique. Mais tout était tellement différent. Il était dans une espèce de misère affective qu’il s’efforçait de mettre de côté. Il ne voulait pas y penser, ça serait comme penser à du gâteau au chocolat en pleine famine. Ce n’était pas un choix de sa part, il n’avait juste personne autour de lui. Alors pourquoi pleurer sur quelque chose sur laquelle il n’avait aucun contrôle ? Il préférait oublier ces émotions. Le soleil était toujours présent, l’arbre donnait l’ombre suffisante pour éviter une insolation. Nathaniel tourna la tête vers Hyacinthe, tout en repliant ses jambes vers lui. La position était inconfortable, et le sol était dur. Lui en avait l’habitude. Mais maintenant que les deux avaient fait la paix, peut-être devaient-ils aller dans un meilleur endroit pour poursuivre cette conversation ?

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Sa lèvre ? Oh oui. Il l’avait déjà oubliée. Cela arrivait tellement souvent. Se faire mal, c’était comme un réflexe. Il le faisait depuis si longtemps. A chaque fois que des mots étaient trop durs à dire. A chaque fois qu’il était coupable. Quand il était nerveux aussi. En fait, il n’y prêtait plus vraiment attention à ce geste. Cela ne faisait même plus vraiment mal. C’était plus comme un moyen de garder le contrôle sur son propre corps. Il fouilla dans sa poche, et posa un mouchoir en papier sur sa lèvre. Pour en absorber le sang. Pour s’empêcher de recommencer peut-être aussi. Maintenant que quelqu’un y faisait attention, il se sentait comme un gamin qu’on surprend à faire une bêtise. Ce n’était probablement pas bien de se faire ça…

Et Nathaniel avait raison. Ce n’était pas simple de se confier. S’était-il déjà vraiment confié ? Il avait bien essayé de parler un peu de ses problèmes avec Finn, mais… ça n’avait pas vraiment aidé. L’autre garçon avait l’air tellement mal à l’aise que la confession avait tourné court en quelque sorte. Et depuis l’agression… Il n’avait pas vraiment réussi à dire ce qui le tourmentait. Même si certains avaient essayé, il n’y arrivait pas. C’était bloqué. Il restait vague, élusif. Cela allait inquiéter s’il disait réellement tout ce qu’il avait sur le coeur. Peut-être que ça lui faisait peur aussi de tout dire, de tout avouer. Parce que ça deviendrait aussi plus réel s’il en parlait de toutes les choses bizarres qui lui passaient en tête.

“Je...Je sais… Je…. Je sais… Je sais juste… p...p...pas quoi dire…”

Il y avait tellement de choses. Et à la fois si peu. C’était trop compliqué de mettre au clair ses pensées pour les dire. Il eut un soupir. Et puis, à quoi bon ? En parler ne changera pas le passé. Ne changera pas les conséquences. Cela lui semble si inutile. Tout est si vain.

Il regarda Nate. Il était trop gentil. Non, il n’avait aucun talent pour parler. Ils se comptaient sur les doigts de la main ceux qui pensaient comme lui. Quand on est bègue, on s’habitue aux gens qui vous coupent la parole. A ceux qui essaient de finir les phrases comme si c’était un jeu. Mais ceux qui écoutent, ils ne sont pas bien nombreux.

“Je…. En… f...f...f...Fait… J….J...J...Je… je suis pa...pa...pas… té...té….témoin...C...C...C’est… C’est… C’est… m...m...m...moi...la… la...la… vi...vi...vi...vic….victime…”

C’était un début d’explication. Mais rien que d’avouer ça, il en avait la voix tremblante et les larmes aux yeux. Victime. Victime, ce mot était d’une telle violence pour lui. C’était avouer qu’on avait subi quelque chose de violent, quelque chose qui n’aurait jamais dû arriver.

“J… J… J’ai… J’ai… J’ai peur… q… qu’on… qu’on… qu’on m’é… m’écoute pas…. qu’ils… qu’ils… qu’ils soient… i… i… i… i… inno...innocentés…”

Heureux de te revoir...

i don't care if it hurts, i wanna have control. i want a perfect body, i want a perfect soul. i want you to notice when i'm not around.

hyacinthe & nathaniel

Au moins, Hyacinthe savait désormais qu’il avait quelqu’un sur qui compter en la personne de Nathaniel. Certes, il ne le connaissait pas encore, mais il allait finir par savoir que son nouvel ami était plus que loyal en amitié et que cette dernière s’accompagnait aussi d’une dévotion sans pareille. En outre la curiosité malsaine dont il faisait preuve, il avait réellement envie d’aider Hyacinthe à aller mieux. Si cela était seulement possible. Ce dernier reprit cependant la parole, avouant qu’il n’était pas juste un témoin mais également la victime. Nate tourna la tête vers lui. Il comprenait désormais, en partie, la réaction qu’il avait pu avoir à la cafétéria. Et ça confirmait aussi ses craintes : Hyacinthe avait vécu un événement qui l’avait traumatisé. Ce dernier poursuivit en évoquant la peur qu’on ne le croit pas lors du procès, et qu’ainsi les accusés s’en sortent. Nathaniel ne pouvait s’empêcher d’imagine des choses. Il se demandait ce que Hyacinthe avait pu vivre de si affreux. Il ne méritait pas ça. Bien sûr, quasiment personne ne méritait ça. Mais lui avait l’air si innocent. Il ne comprenait pas. Mais là, il n’était plus seulement question de curiosité. Il devait être là pour Hyacinthe, lui apporter un certain soutien.

« C’est normal d’avoir peur. Mais ces gens t’ont fait du mal. Et ça ne reste jamais impuni. Ce jour-là, dis ce que tu as à dire, et tout ira bien. »

Bien sûr, il ne pouvait pas en être persuadé. Et sans connaître l’histoire dans son ensemble, il ne pouvait dire mieux. Mais il voulait que Hyacinthe cesse de se sentir coupable, d’une quelconque façon. Il avait été victime, et il n’avait aucune responsabilité à avoir.

« Allez viens, on va marcher un peu. On va finir par prendre racine comme ce vieil arbre sinon. »

Il faisait référence à l’arbre sur lequel ils étaient adossés depuis un certain temps maintenant. Il tendit sa main à Hyacinthe dans l’espoir que ce dernier l’attrape pour se relever. Il voulait que ça lui service de métaphore. Oui, il était là pour le relever en cas de chute. Car c’est normal, parfois, de tomber. Et il est normal de ne pas toujours avoir la force de se relever. Hyacinthe, sans y être obligé, lui avait montré qu’il n’était pas seul et qu’il n’avait pas à l’être. C’était à lui, désormais, de lui apporter un semblant de réconfort quant à sa situation.

b l a c k f i s h

Date de naissance : 14/02/1999

Hyacinthe faillit se mordiller à nouveau la lèvre, mais il se souvint qu’il était un peu observé et qu’on ne le laisserait pas la maltraiter ainsi alors il bougea plutôt nerveusement ses doigts, tapotant un rythme irrégulier sur son jean. Il espérait vraiment trouver la force de parler ce jour-là. De tout dire. Il acquiesça avec un soupir. Tout allait bien se passer. Le Ministère n’était pas truffé de suprématistes. Et les juges étaient là pour défendre tout le monde. Il devait avoir un peu confiance. Il se frotta l’arrête du nez. Il espérait tenir le coup en revoyant ses agresseurs. Et il espérait aussi qu’on ne lui reproche pas d’avoir démoli à coups de poings le nez de leur chef… Ou alors M. Thorn avait pris ça sur sa responsabilité ? En tous cas, il espérait vraiment que ça ne jouerait pas en sa défaveur.

Il regarda Nathaniel se lever, et il n’hésita pas à prendre sa main. En fait, ça lui faisait du bien de parler un peu de tout ça. A quelqu’un d’autre que le professeur Slaviskova. Cela faisait aussi du bien de parler à quelqu’un qui lui ressemblait plus que ce qu’il aurait pu le penser encore quelques jours plus tôt. Hyacinthe lui sourit avant de lâcher sa main. ça faisait du bien d’être avec lui. Heureusement qu’il n’avait pas écouté son instinct finalement. Il attrapa son sac qu’il passa sur une épaule. Il aida Nate à ranger ses livres. Il avait l’air vraiment studieux. Hyacinthe ne savait pas vraiment en quelle section il était ni même en quelle année.

“Tu...tu...Tu révisais ? T...T...Tu… tu...étu...dies qu...qu..quoi ici ?” demanda-t-il curieux. “J...J...Je… Je… di… dirai… ma...magie a...avancée...Vu… Vu tes...tes livres… Mais… Si on… on re...regardait ce… ce que je lis… on...on pou...pourrait...pas...pas for...forcément trou… trouver une… une réponse…”

En fait, il était curieux de lui. De démêler le vrai du faux. Mais ce n’était pas un intérêt malsain. Il voulait juste connaître celui avec qui il allait probablement passer un nombre incalculable d’heures. Parce qu’il ne voulait pas laisser passer la chance que Nathaniel lui offrait. Et… A dire vrai, ils n’avaient pas tant de gens avec qui passer ce temps l’un comme l’autre, non ? Hyacinthe savait bien que ceux qu’il considérait comme ses amis n'appliquent pas la réciproque avec la même intensité. Il suffisait de voir Finn ou Jesus. Il avait toujours un peu l’impression de les déranger. Alors que là, non. Il avait l’impression d’être juste au bon endroit avec la bonne personne. Aussi étrange soit-elle.

“Je… Je… Je suis… c...c...con...content… Que… que tu… tu me laisses… Une… une chance… Merci…” souffla-t-il ensuite, avec un sourire sincère.