Made of glass [Ft.Drew]

“Le cadeau, dira-t-on, n'a rien de somptueux. Mais venant d'un ami, tout nous est précieux.”

Noël approchait à grands pas. L'école s'était terminée pour quelques semaines, laissant le temps aux élèves et étudiants de faire les bagages s'il décidaient de rentrer dans leurs familles. Drew était de ceux-la. Killian était déjà parti retrouver sa famille depuis quelques jours, et Drew avait l'appartement pour lui tout seul le temps de faire ses valises. Il avait décidé qu'il partirait le 22 au soir, et rentrerait dans la journée du 28. Quelques jours passés en compagnie de sa famille lui feraient du bien, et il aimait tout particulièrement Noël. Passer ce jour avec ses proches lui permettrait de se ressourcer, et revenir pour fêter le nouvel an avec ses amis, avant de reprendre les études. La moitié de celles-ci était faite, et il avait hate de pouvoir fermer ses livres pour de bon et expérimenter sans personne pour lui dire quoi faire. Il ne se sentait pas toujours à sa place, au milieu de tous ces gens plus jeunes que lui, qui souvent ne pensaient qu'à passer la nuit en bonne compagnie. Il n'aspirait pas aux mêmes réussites, et son groupe ne décollait pas beaucoup non plus. Alors il se contentait de jouer encore et encore, de profiter et d'apprécier la musique comme ce qu'elle était: sa passion première.

Il terminait d'empaqueter sa valise, ayant rétrécit tous les cadeaux qu'il voulait emmener. Ceci terminé, Drew décida de changer de haut, troquant son t-shirt noir pour une chemise de la même couleur. C'était à cet instant qu'on toqua à la porte. Il n'attendait personne, ou du moins, pas qu'il sache. Mais la voix qui s'éleva, timide, de l'autre coté de la porte, accrocha un immense sourire aux lèvres du jeune homme. C'était Alcyone, son amie. Elle semblait s'être remise de ses mésaventures, et ils se croisaient parfois sur le campus, passant aussi quelques moments à sortir dans des bars ou discuter tous les deux. Drew s'empressa donc d'aller ouvrir à son amie, chemise noire enfilée mais pas boutonnée. La porte s'ouvrit donc sur son sourire.

― Alcyone! Quelle bonne surprise. Entre donc, bienvenue. il s'effaça pour la laisser entrer, et ferma derrière elle. Que me vaut l'honneur de ta visite? demanda-t-il, curieux, en voyant qu'elle transportait quelque chose qui s'apparentait à des vêtements. Il commença d'ailleurs à boutonner sa chemise, concentré. Un bouton récalcitrant avait décidé de ne pas coopérer. Tu veux quelque chose à boire? proposa-t-il, se battant avec son bouton.

“Le cadeau, dira-t-on, n'a rien de somptueux. Mais venant d'un ami, tout nous est précieux.”

Le rose mordit les joues de son amie sans que le jeune homme ne sache trop pourquoi. Certes il était en train d'enfiler une chemise et peinait à la fermer, mais de là à provoquer une telle réaction... Drew n'était pas de ces dieux grecs qui faisaient vriller les esprits avec ses muscles dessinés. Il était loin d'être laid, c'était certain, mais niveau musculature dessinée, Killian se défendait bien bien mieux. Enfin, il ne chercha pas beaucoup plus loin. Si son amie rougissait c'était son problème. Après tout, il n'était pas de ceux qui aimait réfléchir beaucoup, souvent trop. Surtout pour des choses pareilles! Il ne se doutait pas qu'il faisait un effet inattendu à celle qu'il comptait parmi ses plus proches amis. Drew n'avait d'ailleurs pas remarquer le regard qui le détaillait, il avait été trop concentré sur la surprise créée par l'arrivée inattendue de son amie. Il était loin d'imaginer ce qu'il se passait dans l'esprit de la jeune femme. Elle annonça la couleur : elle avait terminé la tenue dont ils avaient parlé lorsqu'ils s'étaient rencontrés. Le regard de Drew pétilla de hâte et de bonheur alors qu'il la laissait entrer, se battant avec ses boutons pour un petit moment.

― Tu l'as terminée! Oh Alcyone j'ai si hâte. Je suis certain qu'elle sera parfaite! il abandonna le combat contre sa chemise alors que son amie lui répondait sur le contenu d'un verre que Drew allait chercher. Il s'éloigna vers la cuisine en soufflant un compliment, comme à son habitude. Parfaite comme toi. s'amusa-t-il, taquin. Sous le coup de la joie, il attrapa son verre préféré, qu'il remplit du jus de fruit entamé qui était au frigo. En revenant vers Alcyone, le jeune homme lui tendit le verre en regardant le paquet qui contenait le vêtement qu'il avait déjà bien trop hâte d'essayer. Alcyone fit un compliment sur les tableaux de Killian, et le musicien lui sourit. Oui, Killian les a bien choisi. Il a bon goût en matière de décoration.

Alcyone s'installa sur le canapé de cuir alors que Drew défaisait l'emballage de son cadeau de Noël. Il était comme un enfant à qui on offrait le cadeau de ses rêves. Son sourire était immense, il barrait son visage d'une oreille à l'autre, et faisait pétiller son regard de bonheur. Avec hâte mais délicatesse, il sortit le vêtement de ce qui le cachait à sa vue. En le voyant pour la première fois, il ne pu retenir un "Wow" admiratif, alors qu'il dépliait le veston et le regardait sous toutes les coutures. Le tissu que son amie avait choisi étai magnifique. Doré avec de légers motifs tons sur tons, et une coupe qui lui plaisait déjà rien qu'à la regarder. Le col qui se repliait de part et d'autre était noir, complétant le vêtement à la perfection. Drew ne résista pas plus longtemps et finit par réussir à fermer tous les boutons de sa chemise, avant d'enfiler le veston. Il tourna sur lui même en se regardant, bouche-bée et on-ne-peut-plus heureux.

― C'est magnifique Alcyone. Tu as tellement de talent... Il me va comme un gant! Et ce tissus... Cette coupe! il ne contenait pas du tout sa joie, et se regardait sous toutes les coutures. Il fila devant l'écran éteint de la télévision pour se regarder, ravit. Après un tour sur lui-même, il fila dans sa chambre ouverte pour se regarder dans un miroir avant de revenir en entendant Alcyone poser une question. C'est une télévision. On peut regarder des choses qui se passent partout dans le monde grâce à ça. répondit-il en s'approchant. Il fit un grand sourire à son amie, vraiment heureux. Merci mille fois! Je l'aime vraiment beaucoup, elle est parfaite! Je la porterai à Noël, tout le monde sera jaloux j'en suis certain. continua-t-il à babiller, ravit.

“Le cadeau, dira-t-on, n'a rien de somptueux. Mais venant d'un ami, tout nous est précieux.”

Drew était ravit. Comblé par le cadeau, il ne s'attendait pas à en recevoir un en pareille journée. Un peu stressé par la route qui s'annonçait pour rejoindre sa famille moldue, ce petit entracte était bienvenu. La surprise de la visite était passée, ne restait plus que le bonheur de voir une amie en cette période festive. Et surtout, voir quelqu'un qu'on appréciait sans avoir rien planifié, ça donnait toujours un coup de boost au moral. Se sentir important pour quelqu'un, c'était agréable au fond. Le musicien était aussi ravit par son cadeau, qui était d'autant plus important pour lui car il provenait d'une amie. Il était fait main, il avait été dessiné, conçu par quelqu'un qu'il appréciait et qui l'appréciait. Le vêtement renfermait donc une valeur sentimentale forte maintenant, et Drew ne pourrait s'empêcher d'en parler et/ou de le montrer à qui voudrait le voir. Il était comme un enfant sur ce point là, son enthousiasme était difficile à réfréner, et son bonheur se lisait facilement sur son visage.

Alcyone posa son verre alors que Drew observait de près les coutures du vêtement, hypnotisé. La remarque de la jeune femme le surprit, et il redressa la tête pour la regarder en riant, amusé.

― Non il n'y a rien de vivant à l'intérieur. C'est de la technologie! Des projections lumineuses. C'est comme les photographies dans le journal, tu sais celles qui bougent. Mais dans cette boite noire, et avec du son en plus! essaya-t-il d'expliquer. Il ne saurait pas dire grand chose de plus, il avait toujours été habitué à la technologie moldue, ayant grandit dedans.

Il se serait bien lancé dans des histoires idiotes pour continuer à expliquer la télévision à Alcyone, mais quelque chose dans le regard de la jeune femme l'intrigua. Pourquoi semblait-elle si... différente, tout à coup? Depuis quand le regard de son ami s'était-il teinté de pareille façon? Pourquoi avait-il l'impression qu'elle serait capable de le dévorer sur le champs? Le regard noisette du poufsouffle était accroché à celui de la jeune femme, magnétisé par ce qu'il lisait dans les iris. Il ne savait pas ce qu'il y voyait, mais il n'était pas certain de ce qu'il se passait. Ses sourcils s'étaient un peu froncés sous l'incompréhension, et lorsqu'Alcyone franchit les quelques pas qui les séparaient, Drew s'attendit à un câlin. Par automatisme, il entoura les épaules de son amie de ses bras, voulant commencer une phrase. "C'était un câlin que tu voulais?" Aucun mot ne pu sortir de ses lèvres, rendu muet par celles d'Alcyone qui s'en emparaient. La surprise le figea, quel déroulement inattendu. Il ne recula pas, trop surpris, et la laissa cueillir son baiser en essayant de remettre ses idées en place. Au bout de quelques secondes de bug, il relâcha les épaules de la jeune femme et recula très légèrement. Pourquoi? Comment? Que?

― Alcyone...? Pourquoi...? Rien d'autre ne lui venait à l'esprit, il ne comprenait simplement pas ce qu'il se passait. Il n'arrivait déjà pas à réfléchir en temps normal, mais là il se retrouvait penaud, perdu, surpris, et un goût un peu sucré sur les lèvres. Ca n'avait pas été désagréable c'était certain, mais de la part de quelqu'un comme Alcyone qui n'était pas du genre à sauter sur le premier venu, Drew s'inquiétait un peu des tenants et des aboutissants. Pourquoi avait-elle fait ça?

“Le cadeau, dira-t-on, n'a rien de somptueux. Mais venant d'un ami, tout nous est précieux.”

Tout semblait s'être arrêté. son coeur avait raté un battement sous l'incompréhension, et il avait finit par retenir son souffle. Qu'est-ce qu'il se passait? Tout allait si bien jusqu'à présent, et du jour au lendemain, tout semblait basculer. Avait-il raté quelque chose? Il était mauvais pour se rendre compte de ce qu'il pouvait se passer chez les autres, dans leur tête, dans leur coeur, mais de là à rater une information aussi importante que celle-ci... Il n'avait rien fait de spécial pourtant? Il traitait Alcyone comme tous ses amis. Il était là pour elle comme pour tous les autres, il ne faisait absolument rien de spécial, alors pourquoi? Avait-il dit quelque chose qui lui avait fait croire à quelque chose? Il s'en voulait déjà. Il aurait dû être un peu plus prudent. Il aurait dû penser à ces éventualités, tout le monde ne prenait pas autant de temps que lui pour s'attacher à ce point. C'était sa faute, n'est-ce pas? Il avait encore fait n'importe quoi côté coeur. Quel bordel dans sa vie sentimentale.

Elle recula enfin, et Drew se remit à respirer en posant sa question, le regard perdu, ancré dans celui de la jeune femme. Il y cherchait des réponses, des indications sur ce qu'il avait encore fait de mal. Pourquoi ça ne pouvait pas être simple? Bien sûr qu'elle était belle, qu'elle était gentille, qu'il l'appréciait beaucoup. Mais c'était tôt. Rapide. Fulgurant. Presque douloureux dans la manière dont Alcyone avait assumé les sentiments de Drew. Il n'en dirait rien. Il souffrait en silence comme toujours, et pour l'heure, il allait jouer au méchant. Il savait déjà que leur amitié ne serait plus jamais la même. Allait-il la perdre? Certainement. Mais c'était sa faute. N'est-ce pas? Ce n'était pas possible autrement.

La réponse d'Alcyone fût pire que ce que Drew n'aurait jamais pu imaginer. Ils s'aimaient? À quel moment avait-il était si déconnecté de sa propre personne? Ou assumait-elle ces sentiments, pour se rassurer elle-même? Non, ils ne s'aimaient pas. Elle l'aimait, ou elle croyait l'aimer, mais elle forçait ses sentiments sur Drew, et le jeune homme se sentit extrêmement mal. Il allait lui briser le coeur, c'était certain. Il ne mentirait pas. Il ne jouerait pas. Il ne le voulait pas. Son absence de réponse mena Alcyone à s'inquiéter. Elle rajouta des mots, des interrogations. Ils s'aimaient, n'était-ce pas? Encore une douleur dans la poitrine de Drew. Ça lui apprendra, n'est-ce pas?

― Alcyone je... Je t'apprécie, je t'adore, tu m'es importante, oui. Mais je ne t'aime pas, je n'en suis pas là, moi... il chercha ses mots, mal à l'aise, la regardant prendre son verre et finir son contenu. Ce sont des choses qui se décident à deux... Non on ne s'aime pas... On est pas ensemble. Je suis désolé. il déglutit. Pourquoi s'excusait-il? Il n'en savait rien.

“Le cadeau, dira-t-on, n'a rien de somptueux. Mais venant d'un ami, tout nous est précieux.”

Qu'avait-il fait pour en arriver là? Il avait toujours été comme d'habitude. Il n'avait rien changé, rien du tout. Il était simplement lui-même, sans artifices, sans mensonges. Il avait simplement été Drew, une petite boule d'énergie positive, qui fait attention aux autres. Apparemment, c'en était trop. En tout cas, pour le coeur d'Alcyone. Elle était tombée amoureuse, bien trop vite pour Drew, bien trop fort. Il était presque effaré de ce qu'elle lui disait, de ces impressions qu'elle avait, ces films qu'elle s'était fait dans sa tête. Des choses si réalistes pour elle, que le rêve et la fiction s'étaient mélangés. Drew se sentait mal, aussi mal qu'il pouvait l'être. Il détestait ça, cette sensation de n'être rien d'autre qu'un ramassis d'ondes négatives. Et il ne pouvait même pas se plaindre. Lui aussi souffrait de tout ça. Mais c'était lui, le méchant de l'histoire. Un déguisement, un rôle qui ne lui allait pas. Il le détestait, ce rôle. Mais c'était celui de la vérité. Et alors qu'il prononçait des mots qu'il essayait de tourner de manière douce, cherchant comment blesser le moins possible son amie, se dépêtrant dans des phrases aux allures de pièges épineux. Mais rien, rien n'y fit. Il pouvait prendre toutes les précautions du monde, y aller aussi doucement qu'il le voulait, le résultat en serait le même. Alcyone aurait le coeur brisé, et cela fendait celui de Drew.

Mais s'il s'attendait à de telles paroles de son amie, il aurait peut-être été plus brutal. Quelqu'un d'autre? Dans sa vie? Ce n'était pas le cas. Et quant bien même? Il ne lui devait rien, ils n'étaient pas en couple, justement. Son regard se fit douloureux, et ses sourcils se froncèrent. Comment pouvait-elle dire de telles choses, comme s'il lui appartenait?

― Il n'y a personne dans ma vie, non. J'ai besoin de temps, pour m'attacher de cette manière. Et même s'il y avait quelqu'un ça n'a rien à voir avec cette histoire. répondit-il, sur la défensive.

La suite se retrouva être bien pire que tout ce qu'il aurait pu imaginer à ce moment là. Pas assez belle? Ce n'était pas le cas, elle était magnifique. Mais la haine dans le regard de la jeune femme termina de découper le coeur de Drew, lacérant son esprit avec autant de violence que les mots qu'elle utilisait. Pourquoi parlait-elle des gens qui venaient le voir en concert? C'était le but de sa vie, faire de la musique que les gens aimeraient. C'était son rêve à lui, son objectif. Et qu'elle parle ainsi, il ne la reconnaissait pas. Elle lui faisait presque peur, tant elle était agressive. Bien sûr qu'il y avait des fans prêtes à tout pour une nuit avec lui, mais il n'était pas de ceux là. Comment pouvait-elle seulement imaginer que c'était le cas? Ne le connaissait-elle pas assez bien?

― Ca n'a absolument rien à voir Alcyone! Et je ne te permets pas d'insulter des personnes qui n'ont rien fait. Je pensais que tu me connaissais? Je pensais que tu savais que je ne suis pas comme ça. Que je chéris les relations amoureuses que je développe. Je ne suis pas de ceux qui ont des coups d'un soir, et même si c'était le cas, qu'est-ce que ça a voir avec toi?! Tu es mon amie! Et si tu m'avais donné le temps, peut être que j'aurais pu tomber amoureux. Mais non, te voilà maintenant pleine de haine, parce que je suis juste moi, parce que j'ai juste le malheur d'être quelqu'un de gentil, tolérant, qui tient à toi. il serrait les poings, aussi en colère que blessé. Il n'avait qu'une envie : fondre en larmes et jouer de la musique jusqu'à oublier toute cette souffrance. Il n'écouta pas la suite de ce que disait Alcyone, son regard rivé sur le sang qui perlait de sa main alors qu'elle détruisait son verre préféré. Un cadeau d'une amie disparue, qu'il avait toujours chérit. Son visage devint livide, et il se mordit les lèvres jusqu'à en saigner. Le goût sucré qui restait dans sa bouche lui donnait la nausée. Tout ça pour un foutu baiser. Il n'arrivait même plus à s'inquiéter pour la blessure de son amie, et il mit quelques secondes à réagir, le temps que la colère passe. Il se reprit et la raison prima sur l'émotion. Aussi fâché qu'il était, il ne pouvait la laisser dans cet état.

― Viens, allons soigner tes blessures. il lui attrapa le poignet sans grande douceur et la tira vers la salle de bain. Il la fit asseoir sur les toilettes et la lâcha le temps de sortir des compresses et du désinfectant. Qu'est-ce qu'il t'a prit de faire ça.

“Le cadeau, dira-t-on, n'a rien de somptueux. Mais venant d'un ami, tout nous est précieux.”

Chaque mot, chaque son qu'il entend est un crève-coeur. Il aurait préféré ne jamais la rencontrer, malgré tout le bonheur qu'elle lui avait amené par le passé. C'était injuste. Douloureux. Méchant. Rien de ce qu'elle disait n'était vrai. Elle aurait dû le savoir. Elle aurait dû le connaître. Si elle l'aimait tant, comment pouvait-elle se tromper à ce point sur sa personne? C'en était blessant, une torture à base de mots, d'idées fausses. Des choses si loin de la réalité qu'elles étaient pitoyables. Comme s'il l'avait fait culpabiliser sur ses sentiments. Comme s'il était comme tous ces gens qui avaient fait du mal à Alcyone. Comme s'il se jouait d'elle. Voilà où ça le menait. Voilà où la transparence, l'amitié, la gentillesse menaient. Ô non, il ne changerait pas. Il ne changerait pour rien au monde. Il s'aimait ainsi, et c'était bien là l'essentiel: s'apprécier soi-même avant de plaire aux autres. Il ne changerait pas. Pas pour elle. Pour personne. Il était bien comme il était, et au diable les mécontents.

― Personne n'est tout blanc. Mais c'est hypocrite de ta part de dire que je te fais des reproches. Tu n'es pas coupable, et je ne te blâme pas. Ca te fait plaisir de raconter tous ces mensonges sur moi? Tu vas t'amuser à dire n'importe quoi à tout le monde c'est ça? ses ongles percèrent la peau de ses paumes, ses poings serrés rendaient ses jointures blanches. Je pensais qu'on se connaissait. Je me suis bien trompé. elle continue, à dire des atrocités, des mensonges douloureux. Oui. Tu es mon amie. Mais si pour toi je ne suis rien, très bien. il était exténué. Ce combat verbal pour la vérité lui faisait du mal. Qu'elle pense bien ce qu'elle veut, de toute façon elle était partie pour faire de lui le pire être humain qu'il soit. Mais qu'elle ose dire qu'il avait parié quoi que ce soit... Les larmes roulèrent sur ses joues sans qu'il ne contrôle plus rien. Tu es perfide. C'est injuste. Tout ce que tu dis est si faux, et tu le sais au fond de toi. il déglutit, essuyant rageusement ses larmes. La solitude? L'impression d'être de trop? bien sûr qu'il l'avait connu. Sorcier parmi les moldus, moldu parmi les sorciers. Aujourd'hui encore, il se bat pour trouver sa place. Je connais ça. Mais ça te trouerait le cul de penser un peu à quelqu'un d'autre qu'à toi hein, de penser que moi aussi j'peux souffrir? Que derrière tous ces sourires, y'a aussi des souffrances? Mais nan, tu veux juste me diaboliser. Bah vas y. Fais toi plaisir. Au point où j'en suis j'peux tout entendre. Aïe. La tolérance menait à la mort? Un rire fatigué et nerveux traverse ses lèvres. Quoi, tu vas me tuer maintenant? Me découper en morceaux? Vas y. Tu m'as déjà déchiré.

Malgré tout, il l'emmena pour la soigner. Il ne pensait plus à rien, il était automatisé. Il faisait tout comme un robot, épuisé. Que ça finisse, pitié que ça finisse. C'était si injuste, si douloureux. Il serait prêt à tout pour oublier cet épisode. Son coeur en lambeaux est douloureux de battre, et alors qu'il se retourne pour la soigner, d'autres paroles empoisonnées.

― Oui oui je suis le grand méchant de l'histoire. J'ai compris que tu croiras pas en ma bonne volonté. Change de disque. il tendit la main pour la soigner mais se retrouva repoussé encore. Vas chier Alcyone. Vas te faire foutre. il jeta les pansements dans l'évier et la regarda partir. Tout ça parce que t'as assumé des sentiments que j'avais pas, tout ça parce que tu t'es fait des films dans ta tête. il la suit dans l'appartement, épuisé. Bonne continuation. Je te souhaite de trouver quelqu'un capable de supporter tes sauts d'humeur. Puis le bonheur, parce que je crois que tu le mérites, malgré tout. termina-t-il alors qu'elle passait la porte. Il la claqua et la verrouilla, passant le reste de sa journée à nettoyer ses plaies, les fragments de souvenirs brisés avec le verre, et à jouer de la musique pour oublier. Mais son coeur meurtris prendrait du temps, lui, à se soigner.

- Fin