Luce V. Clifford | Natalie Dormer

C’est le 14 avril 1986 que la petite a poussé son premier cri, dans une chambre lumineuse et empreinte d’un amour vif qui vous enrobait de joie de vivre. Elle n’avait pas encore ouvert les yeux qu’on la déposait dans les bras réconfortants et protecteurs d’une mère aimante. Une cracmol du nom d’Aurora. Une belle jeune femme aux yeux d’émeraude et à la peau douce et dorée.

Luce était la deuxième enfant que sa mère avait porté fièrement pour l’homme qu’elle avait épousé. Un moldu qui, s’il n’avait que peu de charme physique, avait une grande bonté d’âme et un amour sans borne pour elle.
Il ne lui fallut d’ailleurs pas longtemps pour pénétrer dans la chambre tandis que le médecin lui faisait savoir qu’il pouvait entrer.

« C’est une fille… »

Aurora poussa un long soupir épuisé en se laissant retomber sur le lit après lui avoir donné leur petite fille.
Son mari portait leur première fille sur le dos mais ne se fit pas prier une seconde pour prendre la seconde contre son cœur. Son sourire satisfait en disait long sur son amour pour elle et les projets d’avenir qu’il imaginait. Un avenir d’or et de grandeur. Bien sûr, il aurait sans doute préféré avoir enfin un fils, mais il aimait tellement sa femme et son aînée qu’il ne pouvait pas être réellement déçu.

« Lucinda Victoria Clifford, notre second petit ange… Elle est aussi belle que sa maman et sa grande soeur… »

Tandis que la médecin finissait les soins et la rafraichissait, Aurora se redressa contre l’oreiller de plume de son lit. Son mari venait de prononcer les mots qu’elle portait au fond de son cœur et la fierté l’envahit telle une marée montante.

« Mon amour, donne la moi, laisse moi voir notre petite princesse… »

Monsieur Clifford s’approcha de sa femme et déposa le nouveau né dans ses bras. Même après le travail de plus de trois heures, le regard émeraude de cette femme restait aussi fort. Il l’embrassa tendrement et déposa la petite première sur le lit, à côté de sa mère et de sa petite sœur. Son épouse semblait particulièrement émue, au milieu de ses deux filles, rayonnant d’un amour inconditionnel pour ses petites.

Les années qui suivirent la naissance de leur seconde fille, furent belles et heureuses. Son père, elle devait l’apprendre avec le temps, était un moldu respecté et respectable. Il menait son entreprise avec un esprit pondéré et généreux. Cependant, s’il savait le faire, c’était probablement parce qu’il savait exactement de quels hommes il devait s’entourer, et surtout qui étaient les brebis galeuses dans le troupeau…

Grâce à sa bonne réputation et à l’argent de son père, elle reçu la meilleure instruction dès son plus jeune âge. Les maîtres les plus instruits demeuraient chez eux dans le seul but de satisfaire la curiosité des filles Clifford et nourrir leur esprit de toutes les connaissances possibles… Aucune matière ne fut exclue afin de leur permettre de garder un esprit vif et ouvert sur le monde. Du moins… lorsqu’ils parvenaient à retenir l’attention de la petite dernière au tempérament de feu car déjà à l’époque, elle n’en faisait qu’à sa tête.

Les années passèrent, Lucinda grandissait tant en caractère qu’en intelligence. Elle s’intéressait à tout, mais plus particulièrement aux plantes et aux potions. Rosina sa grand-mère maternelle, botaniste de métier, en était réjouie, ne manquant pas de passer tous ses savoirs à sa petite-fille. Elle lui apprit la puissance des plantes et leur langage, les poisons et leurs antidotes, quelques bases de décoction pour les soins,… Car après tout, même si sa première petite fille n’avait démontré aucun talent pour la magie, il lui semblait détecter une puissance encore endormie chez la seconde… C’est pourquoi, elle veillait à lui faire découvrir le monde sorcier, et ce, même si son père était peu convaincu du bien fondé...

Pourtant, Rosina avait raison et petit à petit les évènements laissèrent entendre que la petite avait hérité de gênes sorcier de la famille Hohenwald. Autant dire que cela ravissait la grand-mère qui dés lors entreprit d’apprendre à sa petite fille tous les us et coutumes du monde sorcier.

Quand enfin Lucinda atteint l’âge de ses 11 ans, elle ne tenait plus en place. Ça faisait déjà des années que sa grand-mère lui parlait de Beauxbâtons, qu’elle l’écoutait décrire les paysages français, les créatures peuplant le château,…
Et là, enfin ! Elle avait enfin atteint l’âge et attendait impatiemment sa lettre. Après tout, elle savait qu’elle était une sorcière. Elle avait baigné dans cet univers, grâce à sa grand-mère, depuis sa tendre enfance.  Il était donc grand temps qu’elle reçoive LA lettre.
Heureusement pour la famille Clifford, elle finit par arriver et l’enfant pu arrêter de les rendre fous à ne plus parler que de ça. Oui, elle irait comme Rosina avant elle, dans la prestigieuse école de sorcellerie française…

Pour ses parents qui espéraient encore que leur seconde fille soit une simple humaine, ce simple bout de parchemin fut un choc. Ils aimaient assez leur enfant pour lui permettre de vivre son rêve, néanmoins, ils sentaient que la véritable nature de Lucinda serait un jour un obstacle à leur famille. Sa grande sœur était déjà si jalouse de l’intérêt que Rosina portait à la cadette…
Pour autant, il ne leur revenait pas d’empêcher leur fille de vivre sa destinée. Aussi prirent-ils la décision, sur les bons conseils de Miss Rosina Hohenwald, de partir pour la France et plus particulièrement Paris. Monsieur Clifford saurait y implanter son nom et l’aînée de la famille pourrait suivre son rêve en s’inscrivant dans l’une des meilleures écoles de stylisme.
Quant à la petite dernière… Elle était loin de se poser autant de question que le reste de sa famille. Sur son petit nuage depuis qu’elle se savait inscrite à beauxbâtons, elle ne se rendait même pas compte du fossé qui s’était creusé entre sa sœur et elle.

La répartition pour une nouvelle vie :

Lucinda écoutait déjà à moitié les consignes du professeur. Ce n’était pas tellement que ça ne l’intéressait pas, au contraire, mais elle avait déjà demandé à sa grand-mère de lui expliquer quelles étaient les particularités des différentes maisons. Elle savait qu’il n’était ni patiente, ni particulièrement travailleuse et encore moins sage ou réfléchie. Elle se savait loyale, courageuse et débrouillarde. Du coup, comment savoir laquelle des maisons lui conviendraient ?
Son aînée ne cessait de la taquiner en lui disant qu’aucune ne lui conviendrait et que pour les filles dans son cas, on la ferait travailler dans les cuisines…

« Mademoiselle Clifford. Le sondeur va vous recevoir. »

Contrairement à ce que la sorcière avait imaginé, le sondeur n’avait pas hésité une seconde. Elle qui voyait cette maison d’un regard tronqué, elle n’avait pas un instant cru y trouver sa place. Pourtant, elle se souvenait encore parfaitement des mots que lui avait susurré le sondeur : « Lucinda… Tu es quelqu'un de motivé, je te perçois très bienveillante, plutôt impulsive, peut-être même un leader naturel… Rapide pour prendre des décisions, même si ce ne sont pas toujours les bonnes… Je sens que tu es audacieuse et aventureuse, quelqu'un qui tente sa chance et  aime tout essayer… Et c’est dans cette maison que les femmes comme toi s’épanouissent ! »

Les années à Beauxbâtons avaient été les plus belles de sa vie. Entre ses amis, ses histoires sans grand avenir et les cours, elle n’avait tout simplement pas vus le temps passer.  Rien que de repenser à son premier jour, il avait la boule au ventre, ça lui manquait.  Les professeurs, les bêtises dans la bibliothèque, les beuglantes de sa famille à l’occasion mais aussi l’ambiance de sa maison, ses amis, les professeurs…
Elle n’avait jamais été une élève hors du commun, elle travaillait pour obtenir de bons résultats mais préférait de loin son poste de batteuse à celui qu’elle occupait à la bibliothèque.  Pourtant, il y avait bien un domaine dans lequel elle excellait, celui des potions et par association celui de la botanique. Si bien qu’au fil des ans, ses professeurs de potion s’étaient fait passer le mot. La petite Clifford viendrait au cours de l’année pour en apprendre toujours plus. À tel point que lorsque vint l’heure du diplôme, il fut évident aux yeux de ses anciens professeurs qu’elle devait continuer à se former, en apprendre plus pour devenir un maître dans le domaine.

Et pour ce faire… Quoi de mieux que de poursuivre ses études à la MUL ? La décision ne se fit pas attendre et la jeune blonde prit la décision de suivre un cursus d’étude de Médecine. Ce serait l’occasion de mettre ses connaissances aux services des autres, de quoi associer sa passion à son besoin d’aider ses contemporains. Après tout, deux ans au par avant, lorsque sa grand-mère s’était éteinte, elle s’était promis de ne plus jamais se sentir aussi impuissante face à la maladie et la mort…

Une nouvelle fois, les études devaient bien se dérouler. Sur ce plan, la jeune fille n’avait pas à se plaindre. Elle vivait sur le campus après avoir déménagé pour Londres et par chance, certains amis de beauxbâtons l’avaient suivie dans cette aventure.
Malheureusement, c’était au cœur de sa vie de famille que les tensions s’étaient formées. En vieillissant, ses parents s’étaient de plus en plus fermés au monde magique. Et ce n’était pas sa grande sœur qui allait les pousser dans le sens contraire. Au contraire, depuis qu’elle s’était mariée et qu’elle était tombée enceinte, elle veillait à garder une distance encore plus grande avec ce monde qui lui faisait peur. Sans doute par crainte de contagion pour son enfant ?

Cinq ans s’écoulèrent dans cette tension froide. À Londres, la jeune femme venait de terminer sa formation de guérisseuse et envisageait de se réorienter pour devenir médicomage. Elle était épanouie dans son choix de carrière et auprès de ses amis.
Mais lorsque Lucinda revenait dans la famille, elle devait jouer les moldus modèles pour être acceptée. Prétendre au reste des personnes présentes qu’elle suivait un cursus d’archéologue et surtout ne rien faire d’étrange sous les yeux de son neveux…

Et puis un jour, Lucinda apprit que le petit était malade. Bien sûr sa famille avait envisagé toutes les possibilités offertes par la médecine moldue, mais rien n’y avait fait. L’enfant dépérissait de jour en jour, ce qui les avait menés à elle. Et à la magie. D’après les médecins, il s’agissait d’une maladie de Charcot. Une maladie incurable, mortelle et dont le stade était déjà très avancé…
Lucinda fit tout ce qu’elle pouvait, passant des mois entiers à parcourir le monde à la recherche d’une potion qui sauverait le petit. Elle partit à la rencontre des meilleurs médicomages, des maîtres de potion et de botanique à travers le monde. Poussant ses connaissances au maximum et ses expériences au-delà des limites humaines, elle se perdit dans ses efforts… Jusqu’au jour où l’enfant mourut.

La famille se retourna contre elle, l’accusant de l’avoir tué avec toutes ses expériences, d’être un monstre sans cœur, une créature démoniaque ayant précipité l’enfant au plus profond de l’enfer... Bannie et haïe, elle ne trouva pas un seul soutient sous le toit de cette demeure qui n’avait, au final, jamais vraiment été sienne.

Détruite par son échec, la jeune femme quitta ses études et se terra dans une petite boutique de potion du chemin de traverse. Se faisant appeler Luce, elle semblait avoir tiré une croix sur son passé pour ne plus exister que dans le moment présent sans plus aucune perspective d’avenir…
Jusqu’au jour où elle fit la rencontre de Miss Brown. Cette jeune femme sembla vouloir parier sur elle et lui offrit, à l’essai, un poste de professeur de potion à Poudlard. Si elle parvenait à transmettre sa passion aux élèves et si elle se montrait digne de confiance, elle pourrait trouver sa place dans ce qui pourrait devenir sa nouvelle famille.

Depuis ce jour, la jeune femme a su prouver qu’elle est un bon professeur, à tel point qu’elle a été nommée directrice de la maison de Poufsouffle. Un honneur dont elle tire une grande fierté et qui se traduit par la grande attention qu’elle porte à ses élèves. Même si cela n’apaise pas la culpabilité qu’elle garde au fond de son cœur, elle a au moins la sensation d’agir pour faire le bien…