Voir la mort en face (Arthur & Hyacinthe)

Lundi 6 avril 2020.

Les événements récents prouvaient une chose à Hyacinthe, il n’y avait plus moyen de savoir qui disait vrai ou qui disait faux au sein du Ministère. Ils ne pouvaient compter que sur eux-même pour sauver leurs proches. Pour les soigner aussi. C’était une situation vraiment compliquée. Le blondinet doutait de plus en plus d’obtenir la composition de la potion qu’on avait fait ingérer à son frère. Pas faute d’avoir envoyé pas mal de lettres au Ministère, sans réponse. Il n’était même pas sûr que quelqu’un lise ses lettres…

Et puis, il avait enfin eu une réponse. Inutile de vous dire sa joie. L’employé du Ministère lui disait qu’il pouvait lui fournir un échantillon, mais qu’il faisait ça en dehors de la juridiction du Ministère pour l’aider, lui donnant rendez-vous tard le soir dans un quartier moldu pour faire discrètement don de ce graal. En d’autres circonstances, Hyacinthe se serait montré plus méfiant, mais là, il s’agissait d’une piste pour soigner Nate. Une opportunité d’accéder à un échantillon de la potion. C’était trop beau pour qu’il rate cette chance. En plus, il n’avait pas le temps de trop réfléchir, le rendez-vous était le soir même. Il s’occupa de se faire remplacer à la bibliothèque, prétextant qu’il ne se sentait pas en état de travailler suite à une mauvaise chute dans les escaliers. Un prétexte bidon, mais comme Hyacinthe était un employé modèle, on ne lui fit pas trop de soucis.

Le blondinet se retrouva donc aux alentours de 23 heures sur les docks de Londres. Pas vraiment un endroit où il aurait voulu être à cette heure-là, mais il faisait ça pour Nate. Il n’avait pas le droit de baisser les bras. Il devait garder l’espoir d’un soir réussir à le guérir. Il avançait pas bien rassuré, la main dans la poche de son manteau, agrippée à sa baguette. Pitié que tout se passe bien. Pourtant, au lieu du rendez-vous, il n’y a personne. L’endroit est glauque, un bout de ponton où il n’y a guère que des conteneurs et des rats.

“Je vous avais bien dit que ce sang de bourbe était assez stupide pour venir..”

Hyacinthe comprit à ces mots qu’il avait clairement manqué de méfiance. Il s’était même fait avoir comme un imbécile. Ils étaient cinq, les visages couverts, impossible de les reconnaître. Mais ils connaissaient son statut de sang. Alors c’était des sorciers. Le blond eut un regard autour d’eux. Il ne voyait aucun moldu. Il sortit sa baguette. L’attaque serait pour lui la meilleure des défenses là… Le sortilège silencieux frappa un des gars, le prenant au dépourvu, le figeant. Il en restait quand même quatre autres. Et avec le stress et la peur, impossible de transplaner sans risque. Et puis, il devait savoir qui ils étaient, non ? Hyacinthe réussit à se protéger d’un sort, mais un autre le percuta de plein fouet, le faisant tomber au sol sous la douleur. Un second doloris suivit, lui arrachant un râle bestial plus qu’un cri. Un des gars s’approcha -quel courage-, et frappa d’un coup de pied sa main, alors que les autres ne cessaient de le rouer de sorts. La douleur était insoutenable. Il n’arriva pas à retenir sa baguette quand l’homme la lui prit de la main.

“Montre voir… C’est une belle baguette pour un parasite dans son genre…”

Le meneur avait sa baguette dans les mains, et d’un geste sec, il la rompit dans un craquement sinistre. Un cri de désespoir passa les lèvres de Hyacinthe. Il allait mourir ici. Il ne voyait que cette issue-là...

La douleur était si dense, si violente qu’il avait du mal à garder les yeux ouverts. Il peinait à voir ce qui se passait. Il ferma les yeux. Alors qu’il entendit une voix qui détonnait. Quoi ? Un autre né-moldu ? Son cerveau mit quelques secondes à reconnecter avec la réalité. Quelqu’un était en train de l’aider. Un autre sorcier. Quelle chance y avait-il pour qu’un tel sauveur apparaisse ? Au moins, son “sauveur” attire à lui l’attention de ses agresseurs, la douleur est persistante, mais il n’y en a pas qui s’ajoute.

Il en profita pour se relever. La colère l’aidant à puiser dans ses dernières forces. Il réussit à se mettre debout. Il attrapa la baguette d’un des gars qui traînait par terre, figé. Mais c’est son poing qui arriva dans la gueule du second debout. Murphy serait tellement fier de cette droite. Il déploya un sort de protection pour se protéger d’une contre attaque. C’était si étrange de ne pas utiliser sa baguette. La magie lui semblait si instable, en pleine incompatibilité. Son sortilège de pétrification lui parut si vacillant. Et pourtant, il fonctionna. Le laissant debout, entouré des différents agresseurs au sol. Le souffle court. La douleur irradiant toujours dans son corps. Il ne saignait presque pas. Il avait quelques blessures mais ce n’était pas le plus douloureux. Non. C’était en dedans qu’ils l’avaient meurtri.

Il se laissa tomber. En fait, il s’effondra. Les jambes tremblantes. Il se traîna à quatre pattes, vers les restes de sa baguette. Il serra entre ses mains le bois brisé. N’entendant pas même ce qu’on lui disait. Non. Il ne pouvait plus entendre. Ses oreilles sifflaient de douleur, de rage. Il avait l’impression d’être tellement loin de la réalité.

Il se redressa, sans complètement se mettre debout. Il alla vers le chef de leur groupe. Il lui arracha le fouloir qui masquait son visage. Son visage ne lui était pas inconnu sans qu’il sache vraiment mettre un nom dessus. C’était sans doute un étudiant qu’il croisait de temps en temps. Pourquoi il lui avait fait ça ? Il ne lui avait rien fait ! Pourquoi ?

Et sans même qu’il sache pourquoi, il commença à le frapper. Ses poings arrivant sur le visage de ce type, implacables. Il avait besoin de décharger sa rage. Sa douleur. Il allait souffrir comme il venait de le faire souffrir. Quelque chose avait vrillé dans l’esprit de Hyacinthe. Il n’avait plus de commune mesure. Sans doute l’effet des doloris qui avait à court terme déclenché cette folie violente, cette colère, cette rage. Il ignorait l’homme qui l’avait aidé. Il avait presque oublié sa présence. Trop aveuglé par sa douleur. Voir le sang sur le visage de l’autre garçon ne calmait pas sa rage. Il aurait pu le tuer à mains nues. Ils lui avaient tout volé. Son espoir. Sa magie. Ils méritaient de crever tous.

Le bruit sourd et mat de la chair contre ses phalanges a quelque chose de salvateur. Toute cette violence qui explose. Son frère le verrait ainsi, il serait triste. Mais quelque part, le blond ne peut le nier. Il a besoin de cette violence, en cet instant. Parce qu’on ne peut pas soigner ce monde. Ce monde est pourri. Ce monde n’aime pas les gens comme eux. Ce monde n’aime pas la différence. Ce connard qu’il défigure de ses poings le mérite. Parce qu’il y a peut-être eu des personnes moins chanceuses avant lui. Parce qu’il ne veut pas qu’il y ait une autre victime après lui. Pourtant, il aurait pu viser sa gorge. Murphy lui a expliqué. Les endroits létaux. Non. Il ne tape pas là où ça pourrait le tuer. Il en est incapable. Il est tout aussi incapable d’arrêter.

Et quand l’homme le ceinture, il a le réflexe stupide de se débattre, d’appliquer avec un zèle déconcertant tous les cours que Murphy a pu lui donner. En d’autres circonstances, sans doute que son professeur aurait été fier de lui, mais là, ce n’était vraiment pas sûr.

Le coup de poing qu’il prend en visage le ramena à la réalité. Il recula un peu sonné par la douleur. Quoiqu’elle fut moindre comparée à celle subie quelques minutes plus tôt. Il porta une main à son nez, sentant le sang en goûter. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Son regard tombe sur le type qu’il venait de taper. Non. De massacrer. Il regarde ses mains, et il n’y a pas dessus que les gouttes de sang qui viennent de son nez. Son regard bleuté se repporte sur l’homme qui l’a aidé. Il a le visage en sang lui aussi. A cause de lui… Merde. C’est pas comme ça qu’on doit accueillir le mec qui vient de sauver sa vie…

“D...D...D...D...Dé…”

La voix bloque. Non. Pas maintenant.

Il devait se ressaisir. Il devait réussir à parler. Il essaie de contrôler sa respiration qui va si vite. Son coeur bat si fort à ses tempes. Il veut bien essayer de répondre oui, il hoche la tête en ce sens. Pourtant quand l’homme parle de contacter un proche, une lueur de panique nouvelle passe dans son regard. Pas son frère. Nate ne devait jamais savoir. Jamais. Il réfléchit à tout allure. Pour trouver un nom. Ulysse ? Non, Nathanaël avait trop de chance d’être à côté de lui… Finn ? Il ne sait pas pourquoi c’est le premier nom qui lui vient. Peut-être parce qu’il est futur Auror. Ou peut-être parce que c’est un ami à qui il fait confiance.

“F...F...Finn… Finn Pa...Pa...Parker…” réussit-il à dire.

Il se déteste de ne pas réussir à parler mieux. Il gratte sa gorge, mécaniquement, compulsivement. Comme dans l’espoir de libérer les mots captifs à l’intérieur. Mais à part se blesser un peu plus, ça n’aide pas vraiment.

“Hy...Hy...Hya...Hyacin….” Sa respiration est si rapide. “Hya… Hyacinthe… Ma...Ma...Mac….Mac… MacDou… MacDougall…”

La deuxième question… Est-ce qu’il les connait ? Oui… Probablement. Le visage de celui qui menait le groupe lui semblait familier. Sans qu’ils aient jamais vraiment parlé… Il hocha la tête… Oui… Il n’arrivait pas à en dire plus. Il se sentait tellement mal… D’avoir frappé ce type jusqu’à ce point-là. Est-ce qu’il était comme eux ? Est-ce qu’il ne valait pas mieux qu’eux ? Les larmes roulaient sur ses joues. Il voulait juste… Partir loin. Fuir tout ça. Ce monde ne voulait pas de lui.

Oui, Parker. Hyacinthe hocha la tête. Il avait tant de mal à se faire comprendre que ça ? Il s’en voulait d’avoir autant de difficultés. Et en même temps, sans élément perturbateur, c’était déjà une chose compliquée que d’établir Alors, là… C’était une mission bien trop difficile. Au dessus de ses moyens. Il ne pouvait juste pas parler correctement.

Il regarda l’homme interloqué quand il évoqua son frère. Comment le connaissait-il ? Il hésita à hocher la tête. Il ne pouvait quand même pas dire qu’ils n’étaient pas de la même famille. Mais… Il ne voulait pas que Nathanaël sache. Il ne voulait pas que son frère sache qu’on l’avait piégé en l’utilisant comme piège. Il ne voulait pas que Nate sache.

“N….N...Ne…. Ne… Ne…. Ne… L...L...Lui… Lui… Di...Di...Dis… Pas…”

C’était une supplication. Ne pas prévenir son frère. Cela devait paraître bizarre, mais il s’en fichait. Il ne voulait pas mêler Nate à tout ça. Et il ne voulait pas que son frère le voie comme ça sans pouvoir le soigner. Il ne voulait pas blesser d’avantage son frère. Finn au moins… Ils étaient moins proches, et Finn était un futur auror, il saurait faire la part des choses. Et puis… Il n’était qu’une lointain ami pour Finn, rien de plus. Ce sera bien plus simple.

L’homme faisait de son mieux pour l’aider. Oh, il y avait une chaise derrière lui. Il se laissa tomber dessus. Il était effectivement submergé, mais si l’homme pensait que c’était ça qui l’empêchait de parler, il se trompait. Il posa une main sous son nez pour empêcher le sang de goutter n’importe où. On autre main avait récupéré dans sa poche les débris de sa baguette, et les serrait si fort entre ses doigts.

Le blond a un sursaut au claquement. Comme un animal craintif qui aurait peur du moindre bruit. Il observe le nouvel arrivant avec suspicion, resserrant sa baguette cassée contre lui, comme un enfant serre contre lui une peluche pour se rassurer. Il écouta le résumé. Sans même réaliser que c’était vraiment ce qui s’était passé. On l’avait tabassé. Torturé. Juste parce qu’il était lui. Sans autre motif que ses origines. Parce que ce monde ne peut plus être le sien. Parce que les gens comme lui seront bientôt pointés du doigt à nouveau à ce rythme.

Il essaya de parler. Mais rien ne sortit. Il lâcha sa baguette, mimant avec ses mains de quoi écrire. Il avait les mains tremblantes, mais ce serait toujours mieux que sa voix. On lui donna un calepin et une plume. Son écriture tremblait, et était à peine lisible, les lettres irrégulières.

Diffindo. Endoloris. Plusieurs.

Il rendit le carnet les mains tremblantes. Conscient qu’il venait de dénoncer ces jeunes hommes pour un crime grave. Une part de lui avait peur qu’on ne le croit pas.

Une fois que le carnet quitta ses mains, Hyacinthe laissa son regard retomber sur ses mains. Rouges de sang. Du sien. De ceux des autres. Cette vision le révulsait. Ce qu’il avait fait été répugnant. Cette rage. Il voyait de loin l’état du jeune homme. Il baissa les yeux en entendant la remarque de l’Auror. N’osant pas avouer que c’était lui qui avait fait ça. L’homme ne sembla pas corriger. C’était appréciable de sa part. Il avait du mal à contenir ses larmes. Elles continuaient. Elles finiraient par s’arrêter. Il n’avait juste pas la force de les retenir. Il n’avait la force de rien en réalité. L’adrénaline le quittait et le laissait vide. Epuisé. Démoli. Ses mains tremblaient. En fait non, c’était tout son corps qui tremblait. Il avait froid aussi.

Il releva un regard vide vers Arthur, puisque c’était son nom, l’écoutant, ayant du mal à suivre les mots. Mais il comprit qu’ils allaient appeler Finn. Il hocha la tête. Il n’était pas en état de prendre des décisions. Il faisait confiance à cet homme pour les prendre pour lui. S’il connaissait Nate, c’était quelqu’un de bien. Il triturait nerveusement ce qui restait de sa baguette. Il se souvenait du regard de fierté de son frère quand elle l’avait choisie. Il se souvenait de sa propre joie. D’appartenir au même monde que son frère. Et maintenant, que leur restait-il de ce monde ? De cette utopie ? Ste Mangouste. Il avait l’habitude d’y aller, mais pas de ce côté-ci de la barrière. Au fond, cela n’avait pas vraiment d’importance. Il voulait juste… Fermer les yeux, et dormir.

Il n’entendit que vaguement les instructions faites. Et quand l’homme lui demanda sa baguette, il eut une réaction de recul, resserrant ses doigts sur ce qu’il restait d’elle. Est-ce que c’était vraiment nécessaire ? Elle ne servait plus à rien… Elle n’avait de l’importance que pour lui… Il essaya de dire quelque chose, sans y arriver. Il eut un sanglot. Il revoyait le sourire de Nate. Mais l’homme n’a pas l’air de vouloir lui laisser le choix. ça ne sert à rien de lutter. Il finit par lui donner les deux morceaux de sa baguette.

Ils arrivèrent à Ste Mangouste. Mais tout était un peu flou pour Hyacinthe. Il entendait bien les questions, les voix. Certaines lui étaient familières. Et en même temps il avait passé pas mal de temps en stage ici, il avait fini par sympathiser avec certain.e.s collègues. ça s’affairait autour de lui. Il ferma les yeux une fois allongé. Il n’était pas apaisé. La douleur était encore présente. Et le visage de son agresseur fixé sur ses paupières.

“Les salopards…” qu’il entendit quand une médicomage l’examina, lui faisant rouvrir les yeux. “T’en fais pas, gamin, ils s’en sortiront pas comme ça… On va te soigner… Laisse-moi juste t’observer… On doit rien oublier…”

Cela ne le rassurait pas vraiment. Mais au moins, tout n’était pas pourri dans ce monde. Ensuite, elle soigna au plus urgent. Les plaies étaient superficielles. Elle savait comme lui que le mal était en dedans. A part quelques potions pour l’apaiser un peu, il n’y avait rien de miraculeux.

“Je vais appeler vos proches… Appelez nous si vous avez besoin…” lui souffla doucement l’infirmier qui était resté après le départ de la médicomage.

Quelle heure était il quand une lueur bleutée s'était glissée dans sa chambre ? Aucune idée. Il faisait nuit, pour sur, et si Finn ne dormait pas (probablement sur Animal Crossing !) il fut quand même sacrément surpris. La main sur sa baguette, ce n'est que quand il reconnut le sanglier ronchon qu'il comprit qu'il ne risquait rien. Par contre, il ne s'attendait pas à sa requête. Quoi ? Sainte Mangouste ? En plein milieu de la nuit ? Vous remarquerez, alors qu'il enfile ses chaussettes à l'envers et un jean en vitesse, qu'il ne se pose pas la question du pourquoi ou du comment. Il descendit rapidement et, hésitant sur la nécessité de son action, finit par quand même sortir un bout de papier pour écrire dessus "je suis sorti pour le travail, ne t'inquiète pas ! -Finn" au cas où son oncle se lève avant qu'il ne revienne.  Il donna une grattouille à Debussy qui le rejoignait, et puis sa veste enfilée il sorti sur le palier pour Apparaître.

Son "pop" n'était pas encore des plus discrets, bien qu'il se soit beaucoup entraîné ! Comment veux tu surprendre l'ennemi si tu n'es pas capable d'être plus discret, Finn, lui avait dit son entraîneur. Un peu ahuri, ses yeux se dirigèrent automatiquement vers Arthur, qui pour une fois n'avait pas les sourcils froncés en l'apercevant ! Wow. Ca devait être grave... C'était lui où il avait une sale gueule, quand même ? Son nez était tout bizarre non ? C'est seulement une fois que ce dernier lui indique la raison de son appel qu'il remarqua Hyacinthe, allongé et avec des soignants tout autour de lui.

« Hyacinthe ?! »

S'il s'était attendu à ça... Il était dans un sale état. Finn ne voit pas le blessures les plus graves, bien sûr, et voyant qu'on emportait un autre garçon encore en sang dans une autre chambre pour le soigner, encore plus mal en point, il ne fait pas le rapprochement. Sauf quand Arthur lui parle d'agression. Ca ne fait pas de sens. Pourquoi est-ce qu'on agresserait le jeune McDougall ? C'était le mec le plus inoffensif qu'il connaissait il lui répondit outré. Mais tout aussi outré qu'il était, il ne vit pas la manoeuvre de l'adulte qui le refilait aux médics pour filer à l'anglaise. Un petit "hey but !" plus tard et l'Auror avait déjà fichu le camps. Bien bien bien.

Finn discuta donc avec la Medicomage, apprenant plus de détails sur la façon dont le blond s'était défendu et avait mis KO l'autre jeune homme. Enfin, ce qu'ils avaient bien voulu dire. Le jeune griffon était choqué. Il dût cependant attendre que les premiers soins se terminent avant de le rejoindre dans la chambre. En temps normal, les visites étaient réservées à la journée, mais vu les circonstances ils n'allaient pas le laisser seul tout de suite, même s'il lui faudrait dormir. Il aurait droit à une potion pour un sommeil sans rêve, pour sûr. Finn s'approcha lentement du lit de son cadet. Il se demandait encore pourquoi Hyacinthe avait demandé à le voir lui. Il avait un grand frère, non ? Une vraie famille qui l'aimait et se souvenait de lui. Ils n'étaient toujours pas si proches... pourquoi alors ?

« Hey there... How're you feelin' ? »

Il attira magiquement un tabouret à lui pour se poser à son chevet. Il faisait peine à voir... Finn savait remonter le moral des gens, mais pas quand c'était aussi grave.


***
Hey... Comment tu te sens?

Voir Finn. Cela lui fit tellement de bien. Il n’arriva pas à sourire, mais… Il était si heureux de voir un visage connu et amical. Après ce qui venait d’arriver. Il ne réalisait plus vraiment. C’était en train de devenir un peu flou. La fatigue ne l’aidait pas à mettre ses idées au clair. La fatigue et la douleur persistante des sorts qu’on ne peut apaiser. Il ne pouvait même pas décrire ce qu’il avait ressenti quand les Endoloris l’avait frappé. C’était indescriptible. Il ne souhaitait à personne de vivre ça. Sauf peut-être aux salopards qui les lui avaient lancé. Un juste retour des choses. Parce que ses poings n’avaient pas fait aussi mal.

Il se redressa un peu sur le lit quand Finn s’approcha, et se pencha pour l’enserrer de ses bras. Sans même essayer de répondre à sa question. Il savait que les mots étaient bloqués. Il n’arriverait pas à répondre. Et il avait tellement besoin de sentir son odeur. De sentir sa chaleur contre lui. De sentir qu’il était encore vivant. Que Finn était là. Que lui aussi était là. Il était vivant. Il n’était pas mort ce soir. Pourtant, il avait comme senti le souffle de la Faucheuse dans sa nuque. Il aurait pu mourir ce soir. Cette pensée le glaçait. Ses larmes devaient mouiller le cou de Finn. Il s’en fichait. Il avait besoin de rester là. Contre lui. Avec lui.

Il aurait voulu aussi se blottir contre son frère mais… Il ne voulait pas qu’il sache les risques qu’il avait pris, encore moins parce qu’il courait après une chimère pour l’aider. Vraiment, Nate ne devait jamais savoir ce qui s’était passé ce soir. Mais… Avec sa baguette cassée… Il se rendrait forcément compte un jour ? Le blond ne pouvait s’empêcher de pleurer. De penser qu’il avait été beaucoup trop stupide. Que ce qui était arrivé était de sa faute. Il avait mérité ça, il aurait été moins naïf, il n’aurait jamais été là-bas. Il n’aurait pas été blessé… C’était sa faute. Il resta à pleurer contre Finn, tombant à demi de son lit. Il finit par s’assoupir à demi contre le brun. Les infirmiers le détachèrent, lui faisant boire une potion pour qu’il dorme la nuit entière. Une nuit sans rêve. De toutes façons, après cela, il n’aurait pu faire que des cauchemars.