Date Night [ Noah & Nathanael ]

Sujet: Date Night [ Noah & Nathanael ] Jeu 11 Juil - 18:44

A voir son air toujours perdu et comme s'il ne savait pas ce qu'il faisait ici, la plupart des londonniens prenaient Nathanael pour un touriste dans les métros de Londres. Autant dire que depuis qu'il avait perdu sa magie, ça avait été l'une des plus rudes épreuves à traverser. Et ça ne l'avait pas aidé à sortir de chez lui, s'il lui fallait encore une excuse. Surprenant, donc, qu'un samedi en fin de journée après avoir fermé la pâtisserie, l'homme ait choisi -comme s'il avait un autre choix vu la distance- de ne pas se réfugier dans son salon à l'étage et prendre le chemin de la première bouche de métro côté Moldu la plus proche. Il s'était fait violence, mais pas que pour ça. Au final, il n'avait pas eu à retomber trop bas lorsqu'au Ministère on lui avait fait comprendre, en le laissant essayer malgré tout, que cet antidote avait très peu de chance de fonctionner sur lui. Il le savait, au fond. Même lorsqu'il avait participé à cette mascarade. Mais il se devait d'essayer, non ? Même sans y croire.

La bonne chose, c'était qu'à ne pas trop espérer, il n'avait mis qu'une dizaine de jours à répondre à l'américain. Il avait prit sa lettre plusieurs fois dans les mains, se disant comme il le faisait souvent qu'il ne perdrait pas grand chose à être dispensé de la compagnie d'un pâtissier dépressif. Et puis une petite voix, sans doute celle de Hyacinthe qui l'avait trop souvent supplié d'avoir une vie sans lui, lui avait dit de lui répondre. L'autre homme était bien trop gentil d'avoir bien pris son départ l'autre fois, il n'allait pas lui faire subir un nouveau refus tout de même. Même si Nathanael, en changeant pour sa correspondance, avait encore tourné la chose dans sa tête en se demandant vraiment ce qu'il faisait là. Mais bon. Pas de magie, pas de moyen de prévenir qu'il ne venait pas, et planter quelqu'un comme ça était hors de question.

Il était très en avance, n'ayant aucune idée du temps qu'il mettrait pour arriver, et observait depuis les escaliers devant la statue de Piccadily Circus la foule de gens qui tournait autour de lui. Des gens qui menaient une vie sans ce qu'il avait perdu, et qui s'en sortaient parfaitement bien. Pour la plupart. Peut être que le problème, c'était qu'il vivait au milieu de gens qui lui rappelaient quotidiennement ce qu'il avait été. C'est avec logique et non un nuage au dessus de sa tête que ces pensées le traversaient. Et puis il aperçu la carrure du professeur s'approcher. Et il lui avait sourit.

« It's good to see you. How are you ? »

Il passerait sur le fait qu'il n'était pas particulièrement à l'aise dans un lieu aussi vivant, si Noah lui demandait la même chose. Il ne parlerait pas non plus de la chasse au trésor, pas pour le moment. Il voulait juste essayer de passer -et profiter avec Noah- une bonne soirée.

***
Ca faisait longtemps. Comment ça va ?

Date de naissance : 21/11/1978

Date Night

Nathanael & Noah

Saturday, June 29th

Bien, bien, bien…
Il est nerveux.
Ce qui est complètement con. Ce n'est qu'un rendez-vous. Galant, certes, mais que pouvait-il arriver ? Au pire, il se mangerait un bon gros râteau, et puis voilà tout ! Pas de quoi en faire toute une montagne ! Ce n'était pas non plus comme s'il n'avait jamais pris de vent de sa vie, hein. Surtout avec ce type en particulier qui lui avait semblé hermétique à toute approche.
Alors pourquoi insister ? Visiblement, c'était un homme qui n'avait pas tellement envie de se laisser approcher.
Moui, mais non. Peut-être était-ce la détresse de cet homme qui lui donnait envie de le faire sourire. Peut-être était-ce la beauté de ses traits. Peut-être était-ce la douceur de son regard face à ses deux petites filles.
Peut-être tout ça à la fois. Quelque chose l'attire chez ce pâtissier, et il doit bien avouer qu'il a été particulièrement heureux de recevoir son premier courrier, avec le gâteau – et les gamines aussi. Bon, il n'est pas sûr que ça soit bon pour sa ligne – ni pour ses papilles gustatives, tant les deux enfants ont décidé de s'entraîner pour lui faire le meilleur fraisier du monde – mais en tout cas, ça lui donnait envie de sourire, de danser, de vivre.
Il se sent incroyablement léger en ce moment. Non pas que ça change tellement de l'habitude, Noah étant d'un naturel jovial. Mais il y a quelque chose qui a changé.
Le retour de sa vie sentimentale. L'excitation de l'inattendu, l'expectative, l'espoir… Maintenant qu'il est contraint d'être sédentaire, il n'y a que par ce biais qu'il peut espérer atteindre ces sommets d'adrénaline. Enfin, peut-être pas non plus, mais l'impatience et l'excitation qu'il tire de la situation suffit, pour le moment, à le contenter.
Bien, bien, bien…
Un petit coup d'oeil dans le miroir, et Noah tire sur sa chemise blanche d'un geste un peu maladroit. Les chemises, c'est pas tellement son truc. Il en porte pendant les colloques, parce que bon, il faut bien, mais il est plutôt homme à tee-shirts. Question pratique. Il joue des épaules, mais finit par quitter son appartement, non sans un regard derrière lui.
Non, définitivement, il n'allait pas lui offrir des fleurs. Au ciné, c'était pas pratique, et puis un pot de dictame pourrait le vexer au lieu d'avoir l'effet escompté.

Après avoir transplané, le voilà non loin de Piccadily Circus, où il a donné rendez-vous à son date. Le cinéma des environs projette le film qu'il a prévu de l'emmener voir : un film tout public, facile de compréhension, même pour un sorcier. Bon, un film pour enfants, d'accord.
Les filles ne devaient, d'ailleurs, absolument pas savoir qu'il était allé le voir sans elles ! Elles le bouderaient à coup sûr !
Il aperçoit, de loin, la haute silhouette du pâtissier et s'approche de lui en se faufilant aisément dans la foule. Fidèle à lui-même, il lui adresse un immense sourire, ravi de le voir.
Bien trop ravi.
“I'm good, and you, how you doing ?”¹ interroge-t-il à son tour, par habitude.
Nathanael a dit qu'il était content de le voir aussi. Et ça lui fait plaisir de savoir que ça lui fait plaisir de le voir.
Tout à fait.
“The theater is quite close, follow me,” indique-t-il ensuite. “I like the neighborhood, I thought we could have dinner or something after the movie.”²
C'est le sourire aux lèvres que Noah déroule ses intentions, sans réelle retenue.
“Soooo what have you been up to lately ?”³
___________________________
¹ Je vais bien, et vous, ça va ?
² Le cinéma est pas loin, suivez moi. J'aime beaucoup ce quartier, je pensais qu'on pourrait manger un morceau ou quelque chose dans ce goût là après le film.
³ Aloooors… Quoi de neuf ces derniers temps ?

Codage par Emi Burton

Date de naissance : 15/04/1982

Les soirées sont douces, à Londres, malgré les voitures et les écrans qui réchauffaient la ville autant que ses habitants, Nathanael n'avait pas plus qu'un T shirt blanc fendu au cou et ne ressentait pas particulièrement le vent qui soufflait parfois. Retrouver son camarade de soirée y faisait aussi, par rapport à lorsqu'il était assis seul à se demander ce qu'il faisait là. Et pas parce que -il ne pouvait pas ne pas le remarquer- la chemise de Noah se tendait particulièrement bien sur sa carrure. Non, une partie inconsciente du pâtissier l'avait bien noté, mais c'était plus son sourire et sa gentillesse qui l'avait un peu réchauffé. Il se dit qu'il n'aurait pas dû être surpris d'entendre que c'était un endroit qu'il aimait particulièrement, contrairement à lui. L'autre homme était un être social, qui avait l'air d'aimer l'agitation, en dehors de ses plantes.

Il avait commencé à le suivre quand il se tourna vers lui, surpris.

« Movie ? »

Et le temps de le prononcer, il avait compris sa méprise.

« Oh, right. Yes, I'd like that. »

Et c'était sincère. Sans vraiment avoir la moindre idée de ce à quoi il disait oui, en réalité. L'idée qu'il puisse s'agir d'un rendez vous galant flottait à des kilomètres au dessus de la tête du pâtissier. C'était aussi le genre de personne à ne jamais voir qu'on lui faisait du gringue alors... Bonne chance Noah. Quoi qu'il en soit, maintenant qu'il avait réussi à s'extirper de sa tanière, il était plutôt content d'être en sa compagnie et ne voulait pas particulièrement se presser de rentrer. Il n'était pas certain de comment répondre à la question suivante. Il était le genre de personne à toujours dire qu'il allait bien et que rien de spécial ne se passait dans sa vie. A ne pas parler de lui à moins que ça puisse apporter à l'autre personne. Mais il était difficile de mentir à Noah avec ce sourire si franc...

« Not much, really. »

Arf, finalement on ne parlait pas, donc.

« ...I've been asked to bake a cake for a wedding, it's been ages since I haven't done one and even then I had... Well, it's going to be a real challenge. »

Oh ! Nathou parle ! Et il avait l'air surpris lui même. C'était bien sûr assez inquiétant, mais il avait un nouvel assistant qui l'aidait parfois. Aussi compliquée que soit la communication parfois, Jesus l'avait aidé lors des essais et Nathanael n'était pas trop mécontent du résultat, si on considérait qu'il avait tenu à le faire sans magie.

« And you ? How is your stomach doing, with your girls baking... how many pies now ? »

Et puis, ils étaient arrivés au cinéma dans une rue non loin de la. Un samedi en début de soirée, il y avait de nombreux londonniens qui les avaient imités et si le film n'était pas le blockbuster, la salle allouée était quand même spacieuse. Ils choisirent un bon spot pour les grandes jambes de Nathanael, qui tendit les popcorns qu'il avait insisté pour acheter a Noah. Toujours aussi aveugle aux préoccupations de ce dernier. Peut être qu'une fois en tête à tête a table il comprendrait.

Date de naissance : 21/11/1978

Date Night

Nathanael & Noah

“Oh wooow ! That must be quite a challenge indeed ! Any idea of the fruits you're gonna put into it ?”
L'été, c'est vraiment la meilleure des saisons pour les mariages, tant il y a de possibilités de fruits à cuisiner : cerises, myrtilles, framboises, melon, pêches, nectarines, abricots… C'est l'une des saisons préférées de Noah – avec le printemps, l'automne, et l'hiver – il faut dire. Le moment où la nature est à son apogée, où elle donne tout ce qu'elle a dans le seul but de se reproduire et de perpétrer le cycle infini de son évolution… Un moment plein d'une magie que la majorité des gens peinent à saisir.
“I'm sure you'll bake a brillant cake. The one you sent us was absolutely delicious.”¹
Il se répète un peu, puisqu'il l'a déjà fait savoir à son interlocuteur par courrier interposé, mais hey ! La base de la drague, c'est de pouvoir glisser un compliment dès que l'occasion vous est donnée. Et s'il n'est pas le plus doué ni le plus subtil dans le domaine, l'américain sait pertinemment qu'il faut passer par là.
“I stopped counting !” répond-il dans un éclat de rire lorsqu'on lui demande combien de gâteaux ses filles ont tenté de lui faire avaler. “The whole building has been tasting their pies. We're gonna run out of strawberries at this rate !”²
Mais Amaryllis commence à gérer sa crème pâtissière. Il faut dire qu'elle a demandé à la maman d'une copine, à Paris, de lui apprendre. Noah veille toujours au grain, excessivement méfiant quand il s'agit de voir la prunelle de ses yeux jouer avec le feu pour faire à manger, mais les laisse faire.
C'est en tombant qu'on apprend à marcher, paraît-il.
Ils arrivent enfin au cinéma du quartier, et le botaniste ne laisse pas le choix à Nathanael, règlant leurs deux places avec une poignée de livres sterling traînant dans la poche de son jean. Il se laisse toutefois offrir les pop-corn, beau joueur, et se dit que, finalement, cette soirée se déroule à la perfection.
Il semblerait même qu'ils soient sur la même longueur d'onde, se dit-il. Après tout, entre le cinéma, le pop-corn, et le projet d'un restaurant à la fin, ça ressemble au rencard idéal, non ? Il suffirait que ce dernier se termine sur un baiser et…
Ne nous emballons pas.
Enfin installé dans un fauteuil, l'américain attrape les pop-corn et en avale une poignée avec un plaisir non dissimulé. Ça fait partie des petites choses inconnues du monde sorcier qui lui manquent parfois. Un petit bout de son amérique natale, il faut bien le rappeler, aussi. Il faut dire qu'il s'est écoulé de longues années depuis la dernière fois qu'il a mis les pieds en Alaska. Il faudra qu'il pense à y faire un tour prochainement, ça ne lui ferait pas de mal.
Aux filles non plus.
Fidèle à lui-même, Noah papote un peu en attendant le début du film, s'enquiert du buisson de dictame de Nathanael, de sa pâtisserie, de ce fameux gâteau qu'il projette de réaliser pour le mariage qu'il évoquait plus tôt. Il se laisse facilement ramener au sujet de ses deux petites filles, dont il ne parle jamais assez à son goût.
Et puis, quand le film commence, il devient muet comme une carpe et se laisse haper par l'histoire de ces jouets animés. Oh, il orchestre bien quelques approches timides et infructueuses, comme cette fois où il a fait mine de toucher par inadvertence la grande main du pâtissier. Ce dernier ne lui envoyant pas vraiment de signaux encourageants, Noah finit par se demander s'ils sont vraiment venus avec la même idée en tête.
Et puis, son optimisme prenant le dessus, il se dit qu'il est simplement pris dans le film, voilà tout !

“That was a good movie. Thank you for sharing this moment with me !”³
A la sortie du cinéma, le botaniste est tout sourire. Il a passé un excellent moment, et n'hésite pas à évoquer les scènes du film qui l'ont ravi, attristé, surpris peut-être. Il est toujours plaisant d'aller voir ce genre de film dits pour enfants et pourtant trouvant un tel écho chez les adultes.
N'est-ce pas ?
___________________________
¹ Oh wow ! Ca doit être un sacré défi, en effet ! Une idée des fruits que vous allez pouvoir y mettre ? Je suis sûre que ce sera un merveilleux gâteau. Celui que vous nous aviez envoyé était absolument délicieux.
² J'ai arrêté de compter ! Tout le bâtiment a pu goûter à leurs tartes. On va finir par manquer de fraises à ce rythme !
³ C'était un super film ! Merci d'avoir partagé ce moment avec moi !

Codage par Emi Burton

Date de naissance : 15/04/1982

Si ce n'était pas communicatif au point de faire oublier tous ses soucis au Pâtissier, la bonne humeur et la conversation facile du botaniste l'aidait au moins a se sentir un peu plus à l'aise. Il n'était pas terriblement éloquent, comme a son habitude, mais tout de même attentif et il encourageait Noah a continuer. Il lui donna quelques détails sur son gâteau -plutot base chocolat mais avec quelques fruits de saison- et son nouvel apprenti, il sentait pointer non loin de là les sujets bien plus sombres mais s'empressa de les balayer sous le tapis, aidé par les changements de sujets.

Le film durant il ne fit pas tellement attention aux mouvements qui se tramaient a côté. Ni aux intentions. Il avait essayé de comprendre ce qui avait motivé l'autre adulte a l'emmener voir un film d'animation. Nate était un peu replongé dans sa nostalgie, du temps où Hyacinthe était plus jeune et qu'il l'y avait enmené. La première fois après que leurs parents aient disparu. Il s'était rendu compte du fait qu'il avait été un piètre grand frère sur leurs dernières années, à l'époque. Et d'à quel point il ne connaissait pas son cadet. Ils avaient répété l'expérience pluSieurs fois, jusqu'à ce qu'il se dise trop vieux comme excuse pour le fait qu'il ne voulait juste pas sortir. Hyacinthe arrivait toujours a l'extirper. Un peu comme Noah avait réussi ce soir.

« Your pick was good. »

Il dit en souriant doucement. Il acquescait a ce que lui disait Noah, peut être moins expansif, mais certaines scènes l'avaient touché aussi. Leurs pas les menaient au nord, dans les ruelles animées de Soho où il faisait bon vivre. Nate savait que son frère aimait ce coin, et aux vues de quelques drapeaux arc en ciel qui flottaient par endroit, il finit par comprendre pourquoi.

« My brother... I used to go to the cinema with him. When he was younger. He always picked the movie. I think he'd like this one. »

Nate ne savait pas ce que Noah ferait de l'information, mais il avait envie de la lui partager. Parce qu'il était reconnaissant, sans doute. Ils avaient parlé un peu a nouveau, Nate était intéressé par ce que Noah lui racontait sur les fruits de saison et leurs provenances. Même s'il avait un bon fournisseur, il cherchait toujours comment les assortir parfois, entre culture moldue et sorcière. Lorsque le choix lui était laissé, il prenait toujours l'option de la rue adjacente, plus calme que les pubs et restaurants bondés. Non loin de Kingly Court ILS trouvèrent leur bonheur, qui servaient des plats simples mais faits maison -il avait lu mashed potatoes and pies, et ça l'avait intrigué. Et puis parfois il ne savait plus quoi dire. Contrairement a Noah, Nate n'était pas franchement versé dans le small talk en dehors de ce qu'il faisait a la pâtisserie. Et les sujets sérieux le concernant étaient déprimants.

« I don't know if you read the news... I was at that treasure hunt, the other day ? The one involving finding a cure for Valentine's Night. »

Oh oh. Tu es sur, Nathou ? Il ne regardait pas tout a fait Noah et touchait a peine a sa nourriture a présent. La bière ne coulait pas encore a flot, non plus.

« It so happens that mine is a different kind... But it's still a good thing, though. So many people got to get cured. I just... »

Wish I could be cured too ? Il était bien incapable de prononcer quelque chose d'aussi égoïste a voix haute, quand bien même une infime partie de lui le pensait.

« I wish it was that simple. But I'm afraid it's not all over yet. And... Merlin, I don't know why I am saying all this... I'm sorry Noah. »

Il sembla vouloir se reprendre. Noah n'était pas Arthur. L'Auror a qui il aurait été plus intelligent de dire ça. Qui était venu, ce soir là, et qui n'avait pas pu faire grand chose de plus. Son ami ? Noah n'avait rien a voir avec tout ça et voilà que Nate lui balançait tout en pleine figure... Il avait honte. C'était exactement ce genre de chose qu'il voulait éviter, en restant chez lui. Déverser sa dépression sur un homme qui n'avait rien demandé.

« I'm so bad at all this. »

Il essaya d'expliquer. Mais pour que Noah comprenne, il devrait lui dire d'avantage et c'était précisément ce qu'il voulait éviter.

Date de naissance : 21/11/1978

Date Night

Nathanael & Noah

Les rues de Soho sont particulièrement animées ce soir. L'été bat son plein, les touristes flânent et se font racolés par des restaurateurs sans scrupules, les mêmes qui tentent d'appâter les deux hommes en criant d'alléchantes propositions de menus. Noah, bien que sachant pertinemment qu'il s'agit d'attrape-touristes, ne peut pas s'empêcher de guetter les pancartes colorées, de lire une ligne, de saliver d'avance en se souvenant du dernier naan qu'il a mangé en Inde.
Parfaitement à son aise dans les rues animées, il ne proteste toutefois pas quand Nathanael l'entraîne vers des ruelles plus calmes… Et certainement bien plus authentiques. Ils finissent d'ailleurs par se trouver un petit coin de paradis, où l'Américain s'installe volontiers. Il avise d'un oeil critique les fleurs coupées décorant l'établissement ça et là, mais n'en dit rien, préférant se concentrer sur son date.
Ce dernier, après s'être prêté au jeu de la conversation sur le film tout juste visionné, fait prendre une autre tournure à la conversation. Bien différente, moins amusante, et que beaucoup trouveraient pour le moins déplacée pour un premier rencard – c'est que ce genre de sujet et de confidences pourraient en faire fuir plus d'un.
Mais pas Noah. L'homme reste calme et rayonnant, étonnamment attentif même. Silencieux, il comprend vite que le sujet abordé n'est pas facile à affronter pour son interlocuteur, et décide de l'aider à libérer ce qu'il a sur le coeur par son manque de paroles. Il hoche la tête lorsqu'il parle de la battue organisée quelques jours plus tôt pour trouver des fioles laissées par un Deathwings repenti. Oui, il lit les journaux et a eu vent de cette affaire. Il ignorait, toutefois, que cela avait concerné Nathanael, ou en tout cas qu'il s'y était rendu.
Les nouvelles qu'il lui donne alors ne sont pas très réjouissantes. Le botaniste comprend rapidement le noeud du problème, les inquiétudes de Nathanael ainsi que la déception, la crise qu'il doit traverser. Se voir privé de ses pouvoirs magiques après tant d'années à les utiliser devait être une véritable épreuve, même pour quelqu'un qui, comme lui, aurait grandi dans le monde moldu. Ce devait être un déchirement.
Il est évidemment incapable de le comprendre pleinement, mais imagine très bien la détresse dans laquelle il se trouve. D'autant plus qu'elle est évidente alors que le pâtissier s'excuse de cette confidence et se retrouve bien embarrassé par tout cela. Un immense sourire, plein de gentillesse, vient alors fleurir sur le visage du botaniste, alors qu'il vient très spontanément poser la main sur celle de celui qu'il essaie de courtiser.
Un geste naturel, qu'il avait tenté à maintes reprises sans y parvenir. Un geste qu'il n'a pas prémédité, et dont il ne voit pas la portée tant la situation lui semble loin de ce qu'il avait imaginé.
“It's okay,” dit-il simplement, balayant ainsi toute réticence que pourrait avoir son interlocuteur à se confier. “I don't mind at all. Sometimes, things just need out.”¹
Facile à dire pour quelqu'un d'aussi extraverti que lui. Son sourire s'efface au profit d'un air plus sérieux.
“Whenever I face a problem, small ones or life-changing ones, I try to remember that I ain't alone. Maybe people around me, even my friends, can't get what I'm going through, but that's alright, because they are here. Always.” Il serre sa main sur celle qu'il tient, et son éternel sourire revient, petit soleil qui veut réchauffer les coeurs et les âmes. “However difficult the moment is, time will soothe it. You'll get used to your new life, and you'll probably find out later, even if it takes years, that it wasn't such a bad thing that happened to you, because it brought you a whole lot of other things that wouldn't have happened to you otherwise.”²
C'est qu'il essaie de philosopher, l'américain ! Il n'en est pas moins sincère. Il sait pertinemment que cela ne sert à rien de dire à quelqu'un que tout finit toujours par s'arranger. Alors il essaie d'autres manières, tente de lui faire voir les bons côtés.
“I'm sure some of those things have happened to you already. Good things, new people you bonded with that you wouldn't have met without this happening to you.”
Enhardi par sa démonstration, il tente même, dans un sourire timide : “I'm kinda glad it happened to you, because I would probably never have met you without it.”³
____________________
¹Ce n'est rien. Ça ne m'embête pas. Des fois, on a juste besoin de dire les choses.
²Quand je fais face à un problème, qu'il soit minime ou qu'il change ma vie, j'essaie de me souvenir que je ne suis pas seul. Peut-être que mon entourage, même mes amis, ne peuvent pas comprendre ce que je traverse, mais c'est pas grave, parce qu'ils sont là. Toujours. Peu importe combien le moment est difficile, le temps le rendra plus supportable. Tu t'habitueras à ta nouvelle vie, et tu découvriras probablement, plus tard, même si ça prend des années, que ce qui t'es arrivé n'était si grave, parce que ça t'aura apporté beaucoup de choses qui ne se seraient pas produites sans ça.
³Je suis sûr que ça s'est déjà produit. De bonnes choses, de nouvelles rencontres que tu n'aurais pas faites si ça ne t'était pas arrivé. Je suis même un peu content que ça te soit arrivé, parce que sans ça, je ne t'aurais jamais rencontré.

Codage par Emi Burton

Date de naissance : 15/04/1982

Le moment était gâché. Pourtant, le film lui avait plu, le dîner, la présence de Noah, bien qu'encore nouvelle, l'aidait aussi à passer une bonne soirée alors pourquoi fallait-il qu'il reparte en arrière comme ça ? Son cerveau avait l'air de lui dire qu'il n'avait pas le droit de profiter d'un break, de quelque chose de normal, qu'il devait toujours en revenir à ses inquiétudes. Il était sincèrement en train de s'excuser auprès de Noah, une main sur son visage, se forçant à revenir au moment présent. Et pour ça, quoi de mieux que de sentir une main se poser sur la sienne au moment le plus inattendu ?

Pour le coup, le cerveau de Nate était passé en sous marrin, et ne produisait plus rien pour le distraire. Et il l'écoutait. Bien sûr, que les choses avaient besoin de sortir. Noah n'imaginait pas depuis combien d'années Nathanael gardait tout pour lui. Même quand il était gamin, il ne s'exprimait quasi jamais. Quand ses parents les avaient laissés lui et Hyacinthe, il s'était encore plus renfermé. C'était pour lui une façon d'être fort pour son petit frère. Et en même temps, il avait l'impression que s'il laissait passer la moindre chose, tout exploserait. Un peu comme maintenant.

Il avait gagné en positivisme, il ne fallait pas croire. Ce que Noah lui disait, il y avait pensé. Il allait de l'avant, il lisait, sortait parfois, il avait rencontré Arthur... Aussi dur que ç'eut été de lui dire au revoir, il ne regrettait pas, non. Mais ses angoisses venaient de plus profond que ça.

« I... Thank you.. Noah. »

Cette main était toujours sur la sienne et il ne savait pas quoi en faire. Noah était un homme particulièrement expansif, il l'avait démontré plusieurs fois. Ca ne voulait rien dire. Et si ça avait voulu dire quelque chose ? Nate n'en savait rien.

« I am, too... It's not that I'm not or that I can't... I can deal with a lot, I can move on. »

Can you ? Il était encore en train de chercher à réapprendre la médicomagie, même si juste la théorie. Il avait toujours une boutique en plein Londres sorcier. Certes, il avait adapté ses recettes et il avait commencé à se faire à ses limitations mieux qu'on aurait pu s'y attendre, mais... vraiment ? Il avait repris sa main. Pour prendre son visage dedans et le frotter, serrer ses cheveux courts en arrière, pour se reprendre.

« I'm just scared because I'm so... helpless. It wouldn't matter that I lost my magic if there wasn't so much I need to protect. »

Il le regardait, plus présent que jamais face à Noah. Il n'essayait pas de fuir la vérité, pour une fois. Ou cacher ce qu'il pensait vraiment. Il aurait pu, il avait l'habitude, il suffisait juste de se taire. Même à Arthur, il n'avait rien dit de tout ça. Parce que le dire à voix haute donnait du pouvoir à cette peur. S'il perdait Hyacinthe à cause de son sacrifice... il ne se le pardonnerait jamais.

« If anything happens again, there is nothing I can do. Nothing. I cannot help, I cannot protect my family or anyone. In my position... Wouldn't you be scared to death for your girl ? I was a Mediwizard Noah all I did was helping people and now... »

S'il se retrouvait dans une situation où il aurait pu sauver quelqu'un et il ne pouvait rien faire il ne se le pardonnerait pas non plus. C'était un cercle vicieux dont il était difficile de sortir. Ils ne mangeaient même plus, tous les deux. C'était tout sauf le genre de conversation qu'on avait lors d'un premier date effectivement... Mais Nathanael n'avait toujours pas compris que c'était ce que c'était, comment lui en vouloir ? Il n'en avait pas eu depuis des années, en dehors de cette promenade dans les bois et sur la plage. Mais ce soir il parlait à coeur ouvert comme bien trop rarement, sans trop savoir pourquoi, c'était tombé sur Noah.

***
Je... Merci, Noah.
Moi aussi ... Ce n'est pas que je ne suis pas ou que je ne peux pas ... Je peux gérer beaucoup de choses, je peux passer à autre chose.
J'ai juste peur parce que je suis tellement ... impuissant. Ca n'aurait pas d'importance que j'ai perdu ma magie s'il n'y avait pas tant de choses à protéger.
Si arrive quelque chose à nouveau, je ne peux rien faire. Rien. Je ne peux pas aider, je ne peux pas protéger ma famille ni qui que ce soit. Dans ma position ... Tu n'aurais pas peur pour tes filles ? J'étais Medicomage, tout ce que je faisais, c'était d'aider les gens et maintenant ...

Date de naissance : 21/11/1978

Date Night

Nathanael & Noah

“I'm always scared for them. That's what being a father means.”¹
Il aurait pu faire cette remarque d'un ton accusateur, tel un professeur rappelant à son étudiant qu'il n'a pas la science infuse. Il n'en est rien, pourtant. Il le dit d'un ton presque badin, informateur, sans que sa voix n'évoque un jugement quelconque. Le chercheur en lui se contente d'établir un fait, et il est bien trop conscient de la vérité qu'il énonce.
Il est toujours inquiet pour ses filles, dès lors qu'elles sortent de son champ de vision – et parfois même alors qu'elles y sont. Il pourrait leur arriver tellement de choses ! Et puis, avec une cadette comme Hazel, qui a hérité du sang aventureux de son baroudeur de père, ce n'est clairement pas de tout repos.
Mais en même temps, il a appris à lâcher prise. À se dire qu'il ne pouvait pas y faire grand chose, et que sa petite contribution ne saurait pas les garder à l'abri de tout. Et puis, le voulait-il vraiment ? Après tout, il risquerait après de ne rien leur arriver… Et ça rendrait leur existence fade et sans saveur.
Lui même n'aurait pas vécu des aventures aussi extraordinaires dans son tour du monde s'il n'avait pas été face au danger.
“If you allow me to be brutally honest with you,” prévient-il avant de se lancer, “I think you forgot what life itself is all about.”²
Attention, nous entrons dans une zone de réflexion philosophique. Pour un peu, Noah se revoit face à sa mère, plus de vingt ans plus tôt, à essayer de lui expliquer qu'elle ne pourra pas le retenir, quelles que soient ses craintes, et que quoi qu'elle dise, il quittait le nid pour aller vivre une existence palpitante… Même si cela devait signifier vivre moins longtemps.
Une existence plus courte, mais ô combien plus exaltante que la petite vie tranquille que ses parents menaient au fin fond de l'Alaska.
“Living is risky. You never know what's gonna happen. I might as well have a heart attack in a minute and drop dead on the floor, or get hit by a car on the way out for all I know.” Il ricane. “Which would be quite ironic knowing all I've been through in my life.”³
Il a un regard pour la main qui lui a échappée et qu'il aurait bien aimé garder dans la sienne. Ce genre de conversations à coeur ouvert lui sont plus simples lorsqu'il parvient à établir un contact physique. Il sent bien que ce n'est pas non plus un exercice courant pour le pâtissier non plus, alors il veut être à la hauteur de cette ouverture.
L'aider à aller mieux, puisque visiblement il est dans une impasse.
“Magic can't be the answer to everything. I know it is a particularly difficult concept to grab when you're Muggle-Born, which I am myself, because you realize more than any other wizard how much it can change your life. But has it really ? We're still human beings : we are born, we live, and we die. That's what we do and there's nothing you can do about it.”⁴
Ca pourrait avoir l'air fataliste, mais de la part du botaniste, ça a plutôt l'air d'être un fait scientifique. C'est dans l'ordre des choses. Le cycle de la vie.
“It is something you have to accept to be able to live fully.”⁵ Loin de ses sourires habituels, Noah retrouve un air pour le moins sérieux dans ses explications. Il se veut clair, et sans jugement de valeur. Il comprend parfaitement ce que Nathanael tente de lui expliquer, ce qu'il traverse. Mais il sait aussi que s'il en est là, c'est sans doute parce que personne d'autre n'a su lui dire que vivre, c'était aussi mourir. Et que si on ne parvient pas à l'accepter, on ne vit pas pleinement.
“You won't find peace with yourself until you learn to let it go. I know it's easier said than done, but… Believe me : with or without magic, it won't make any difference.”⁶
Bien sûr, rien n'empêche de faire au mieux et d'agir pour que les choses aillent dans un certain sens. Mais on ne peut pas contrôler les autres, on ne peut pas empêcher les drames.
C'est ainsi que le monde tourne.
____________________
¹ J'ai toujours peur pour elle. C'est ce qu'être un père signifie.
² Si tu me permets d'être d'une honnêteté brutale avec toi, je pense que tu as oublié ce que signifie être vivant.
³ Vivre n'est pas sans risque. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Je peux très bien mourir d'une crise cardiaque dans une minute, ou bien me faire renverser par une voiture en sortant d'ici, d'autant que je sache. Ce qui serait plutôt ironique quand on sait tout ce que j'ai traversé dans ma vie.
⁴ La magie ne peut pas être la réponse à tout. Je sais que c'est un concept particulièrement difficile à saisir pour un né moldu, comme moi, parce qu'on sait plus que n'importe quel autre sorcier à quel point ça change une vie. Mais est-ce que ça la change vraiment ? On reste des êtres humains : on naît, on vit, et on meurt. C'est ce qu'on fait et il n'y a rien à faire pour le changer.
⁵ C'est quelque chose qu'il faut accepter pour pouvoir vivre pleinement.
⁶ On ne peut être en paix avec soi-même qu'en lâchant prise. Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire mais… Crois moi : la magie ne change rien à l'affaire.

Codage par Emi Burton

Date de naissance : 15/04/1982

C'était bizarrement plus facile de dire tout ça a Noah qu'à des gens que Nathanael connaissait depuis longtemps. Même Alexander, même ceux qui savaient ce que Hyacinthe signifiait pour le pâtissier. Peut être justement parce qu'il avait l'impression qu'ils jugeaient. Ce n'était pas la première fois que Nate réalisait quel point il tenait a son frère, et surtout a quel point ce lien n'était pas sain. C'était entre autre ce qui les avait déchirés, après la saint Valentin. Nathanael qui avait protégé le plus jeune de sa décision insensée et suicidaire. Ce dernier qui lui avait reproché de faire la même chose en l'en empêchant et en se sacrifiant. Nate ne pensait pas avoir fait le mauvais choix, sur le coup. Mais il était devenu évident, depuis longtemps, qu'il ne vivait qu'à travers son frère.

Il était heureux quand ce dernier l'était, il était son roc, son repère. Mais petit a petit Hyacinthe était aussi devenu son excuse. Il devait s'occuper de lui. Nate n'avait pas le temps pour lui même. C'était lâche, de s'être caché comme ça. De s'être noyé dans son éducation et la pâtisserie, derrière des murs bien sûrs et connus. Le grand brun se cachait aussi derrière ses échecs sentimentaux pour se dire que ça ne valait plus le coup d'essayer. Mais ces relations étaient vouées à l'échec, vu qu'il faisait toujours passer son frère et le reste avant. Noah avait raison. Il avait peur de vivre. Pour plein de très bonnes raisons.

« You're right. I know you are, it's just... »

Même ses derniers retorts ne tenaient pas la route. Sa peur n'était pas injustifiée, bien sûr. Mais ça ne légitimait pas le reste pour autant. Sa voix avait un peu craqué, a ces mots. Et elle était plus rauque encore ensuite. Presque étouffée.

« He's my baby brother... You know ? »

Noah ne savait peut être pas a quel point Hyacinthe l'avait d'avantage sauvé lors de la mort de leurs parents que l'inverse. Tous ces gens qui le plaignaient d'avoir dû abandonner la Médicomagie pour s'occuper d'un petit frère, qui encensaient sa dévotion, ils n'avaient pas idée. Nate n'avais vraiment réalisé que récemment qu'il l'emprisonnait plus qu'il ne l'aidait, au final. Ils s'empechaient mutuellement de vivre. Sa question n'attendait pas forcément de réponse. Il avait du mal a croiser le regard franc et sincère de Noah, d'autant plus maintenant qu'ils s'embuaient. Le pâtissier frotta ces derniers, inspirant et soupirant cette boule qui avait du mal a passer, et puis il reposa ses mains de chaque côté de son assiette. Il eut un petit rire un peu pitoyable.

« I told you I was a mess. »

Il dit, croisant enfin furtivement son regard. Et puis, a son rythme, il s'était remis a boire, puis à manger. Ça allait être dur pour lui de ne pas avoir honte de lui. Mais contrairement a la fois précédente, il était encore là, pas vrai ? Il resta silencieux pendant quelques bouchées avant de relancer la conversation.

« This movie was very insightful, on the subject. And you are very insightful... for someone who don't think before swapping a magic ant off someone. »

Concentré sur sa purée maison et sa tarte a la viande, Nathanael avait légèrement sourit, en réminiscence. Et a son audace aussi.

Date de naissance : 21/11/1978

Date Night

Nathanael & Noah

En bon papa organisé, Noah a réussi à sortir un paquet de mouchoirs de nulle part et l'a tout naturellement tendu à Nathanael en entendant sa voix se briser. Toujours sans jugement aucun. C'est que bon, quand on s'expose ainsi et qu'on se confie, il y a toujours un risque qu'on se retrouve à verser un petite larme. Il ne s'en offusque pas. Il est même plutôt flatté que le pâtissier ose s'ouvrir ainsi à lui.
Après tout, ce n'est pas un exercice facile. Dans cette histoire, même s'il sait qu'il peut être un peu brutal dans sa façon d'exprimer les choses, il a le beau rôle.
“I know. And now the baby's grown up and you need to let him go. You won't be alright until you do.”¹
L'oiseau doit quitter le nid et voler de ses propres ailes. C'est un déchirement bien sûr, mais c'est dans l'ordre des choses. Et c'est ainsi que l'homme assis en face de lui réussira à lâcher prise… Petit à petit.
Il esquisse un sourire en l'entendant rappeler qu'il l'avait prévenu être au fond du trou, et hausse les épaules. Visiblement, ce n'est pas un problème pour lui. Il aimerait ajouter quelque chose, une parole gentille, ou un conseil avisé. Ce dernier lui brûle les lèvres : il devrait consulter quelqu'un, un médecin, un spécialiste de ce genre de choses. Quelqu'un qui pourrait l'aiguiller, l'aider à démêler et à résoudre ses problèmes.
Et puis, il se ravise. Noah est bien trop conscient de l'image que les Européens ont du psy. Si c'est une démarche commune dans son pays d'origine – où on trouvera davantage étrange le fait de ne pas voir un psy – il sait que c'est quelque chose de bien plus délicat sur le vieux continent.
De stigmatisant, presque.
Il se dit qu'ils ne sont peut-être pas assez intimes encore pour qu'il puisse se permettre un tel conseil. Et puis l'échange qu'ils viennent d'avoir est déjà assez profond pour ne pas en rajouter. C'est qu'il ne voudrait pas le mettre trop mal à l'aise.
Suivant l'exemple de son compagnon, le botaniste reprend le cours de son repas, et mange avec appétit. Le silence qui prend place ne le gêne pas vraiment, et il redresse la tête en entendant la remarque de l'autre homme… Et éclate de rire avec une spontanéité dérangeante.
Oui, c'est vrai que leur premier contact n'a pas été très heureux. Et qu'en plus il a été particulièrement maladroit. Il a dû passer pour un idiot complet ce jour-là, à bien y repenser… Si le destin – ahem – ne les avait pas remis sur le chemin l'un de l'autre, le pâtissier serait sans doute resté sur un a priori très négatif le concernant. Alors qu'il avait juste voulu faire une bonne action !
“And that's what I get from being too helpful with others !” fait-il dans une plainte largement exagérée, alors qu'il semble à deux doigts de se mettre le dos de la main sur le front. Il continue sur le même ton tragique : “That'll teach me to be too kind !”²
Il rit à nouveau, de sa propre blague cette fois – c'est qu'il est bon public – et reprend le cours de son repas, sirote une longue gorgée de bière.
“It's just that… I've been there,” confie-t-il, un peu plus sérieux cette fois. “Obivously not on the same path as the one you're currently walking on, but still.”³
Se découvrir homosexuel n'avait pas été une mince affaire, on s'en doute. Surtout quand on est marié et qu'on a deux enfants. Alors l'acceptation, le lâcher prise, tout cela était venu s'ajouter au package de baroudeur décidé à vivre sa vie pleinement.
Et ça a fait des Chocapics.
____________________
¹ Je sais. Et maintenant, le bébé a grandi et il faut le laisser voler de ses propres ailes. Ça n'ira pas mieux tant que tu ne l'auras pas laissé partir.
² Et c'est ce que j'obtiens en aidant mon prochain ! Ça m'apprendra à être trop gentil !
³ C'est juste que… Je suis passé par là. Evidemment pas par le même chemin que celui que tu empruntes, mais quand même.

Codage par Emi Burton

Date de naissance : 15/04/1982

Il ne s'agissait pas de fierté mal placée, mais le geste galant de Noah passa inaperçu pour Nate qui ne voulait pas plus craquer. Il n'avait pas l'habitude de pleurer en public, voire se laisser aller tout court. Et surtout il en avait fait assez pour ce soir. Le changement de conversation avait ramené un sourire sur son visage, sans vraiment oser y croire. Et l'humour de Noah finit par l'aider a se détendre un peu plus et a continuer le repas un peu plus léger.

« It takes one to know one I guess... »

Il dit simplement, souriant a part lui. Un peu plus tard dans la soirée, il essaiera de rendre la pareille a Noah, pas par curiosité ou par égalité mais parce que finalement, c'était ce que Nathanael faisait le mieux en temps normal, écouter. Noah n'avait pas de mal a parler, mais rien d'aussi cœur ouvert que ce que Nate avait laissé exploser au début du dîner. Mais ça n'avait pas d'importance. C'était juste... Déroutant, pour le pâtissier. Que les rôles soient inversés. Ils avaient prolongé d'une bière ou deux -peut être partagé un dessert si Noah voulait- Nate avait remarqué ses coups d'oeil aux plantes et l'avait lancé sur le sujet qui avait l'air de lui coûter. C'était amusant, voire un peu rafraîchissant d'entendre Noah s'emporter en expliquant le fond de sa pensée. Il avait l'air vraiment passionné.

Et puis l'esprit plus léger, surtout du côté du pâtissier, ils étaient sortis dans les rues toujours animées de Londres où les bars débordaient de clients et les boîtes aussi, et Nathanael avait proposé qu'ils s'éloignent un peu pour prendre l'air -sans avoir trop l'air de fuir la foule enivrée, c'était quand même ce qu'il cherchait a faire. Une chance que Noah connaisse Hyde Park comme sa poche et les horaires aussi. Ça leur laissait jusqu'à minuit. Ce qui rassurait Nate, quelque part. D'avoir un horaire de couvre feu pour s'excuser et rentrer. Le botaniste ne s'en rendait peut être pas compte, mais le pâtissier avait beaucoup lutté contre sa nature d'ours pour sortir, et ne pas fuir à la première occasion dès qu'il avait l'impression de trop s'éloigner du sentier battu qu'il connaissait. Bizarre pour un ours, oui. Depuis quand avait il peur de tout comme ça ? De vivre, comme Noah le disait si bien ? La vérité c'était qu'à ne jamais essayer, on n'echouait jamais. Comme avec Alexander. Avec Arthur il était parti perdant des le début, ça n'était pas beaucoup mieux. Mais pourquoi ces rapprochements de la part de la joueuse, Nate et Noah se promenaient gentiment dans un parc la nuit en tant qu'amis, pas vrai ?

« So... When will you have your girls again ? I must admit I'm quite curious about the cakes they are working on. »

Il lança, parce qu'il trouvait ça beaucoup trop mignon rien que d'y penser. Il devrait se montrer moins dur qu'avec le jeune Jésus Perales quand il avait présenté sa tarte a moitié travaillée. Est-ce qu'il saurait faire des critiques a deux adorables petites filles tout en restant objectif ? Parce qu'elles étaient vraiment trop adorables.

« I was wondering, you told me they were growing their own strawberries ? But I thought you lived in London ? »

***
Donc... Quand est-ce que je reverrai les filles ? Je dois avouer que je suis plutôt curieux des tartes sur lesquelles elles travaillent si dur.
Je me demandais, elles font pousser leurs propres fraises, c'est bien ça ? Mais je pensais que vous viviez dans Londres ?

Date de naissance : 21/11/1978

Date Night

Nathanael & Noah

Il ne faut pas lancer Noah sur un sujet comme la botanique. Il devient très vite intarrissable sur la question, et peut vous développer une thèse en l'espace d'une soirée sur un sujet donné – si, si, je vous assure. Bien sûr, il reste attentif à son interlocuteur, et veille à ne pas l'inonder de toutes ces choses qu'il brûle de faire remarquer, mais quand même : il n'hésite pas à parler de telle fleur en détail, à râler contre ces anglais qui achète des plantes tropicales à mettre dans leur jardin sans se soucier de savoir si le climat leur convient, et j'en passe et des meilleures.
Bref, il fait la conversation sans difficulté. Du coup, il ne se laisse pas vraiment emmener sur des sentiers sinueux et ne se livre pas comme l'autre l'a fait plus tôt. Ce n'était pas le bon moment, d'une part, et ensuite il ne ressent pas le besoin d'en parler.
Tout cela est derrière lui. La vie continue, et se vit au présent.
Cela étant, c'est tout naturellement qu'ils prennent la direction d'Hyde Park à la demande de Nathanael, qui visiblement préfère un environnement plus calme que les rues agitées du coeur de Londres. Il ne leur faut pas si longtemps, surtout en papotant en si bonne compagnie, pour rejoindre l'écrin de verdure de cette cité européenne. Sans réfléchir, à peine les grilles passées, le botaniste prend la direction d'une partie plus isolée du parc, la partie réservée aux sorciers, avec ses plantes spécifiques et son ambiance si particulière. Ils traversent donc diverses allées, et, s'ils sont attentifs, peuvent apercevoir dans les fourrées un de ces renards londonniens occupé à faire les poubelles – à moins que ça ne soit un raton-laveur ?
“They're coming every other weekend, so next week. And then, they'll be with me for the last two weeks of July and August.” Soit la moitié des vacances. Non pas que ça lui convienne, mais c'était ce que le divorce prévoyait. Il n'a pas trop le choix. “They have been working hard, you know. I think you'll have your cake before the end of the month. They're starting to be quite good at making the cream you put onto strawberry pies.”¹
Elles lui avaient donné le nom de la crème pâtissière, mais le mot leur étant venu en français, Noah était bien incapable de le comprendre – et de le retenir. Qu'importe, ce n'était pas si important. Et puis, comme il l'avait rappelé aux jeunes filles : leurs fraises étant parfaites, leur tarte ne pouvait qu'être à la hauteur.
Si on oubliait qu'il faudrait aussi manger ce qu'il y avait autour des fraises.
“I do live in London, near the Botanical Kew Gardens,” acquiesce-t-il, sans vraiment voir en quoi ce détail peut bien perturber la culture de fraises. “They're growing all kinds of berries, to be honest : strawberries, raspberries, black berries, blueberries, red berries and black current.”² En de petits buissons dans un coin des chambres, qui sont immenses, vous imaginez bien. Mais la magie permet tant de choses. “I bought this appartment when I settled down in London and… Well, it's kinda amazing what magic allows you to do, to be honest.” Comprendre : il l'a considérablement agrandi d'un coup de baguette. “We grow all sorts of things in there. Or at least I do. In the appartment, but also in a greenhouse and on the terrace.”³
Un immense sourire fait alors son apparition sur le visage de l'américain : “You should come over sometime. I'm sure you'll find very interesting medicinal plants you could use as well.”
Lui qui n'osait pas lui prendre la main pour donner un caractère plus romantique à leur promenade, alors qu'ils approchaient de la partie sorcière, se trouve assez audacieux de lui proposer ainsi de venir chez lui.
“We could have a nice dinner,”⁴ s'enhardit-il à proposer.
Un petit dîner, et puis peut-être qu'il pourrait rester pour la nuit.
Dans son lit suspendu entre les arbres.
____________________
¹ Elles viennent un week-end sur deux, donc la semaine prochaine. Et ensuite, elles seront avec moi les deux dernières semaines de juillet et d'août. Elles ont travaillé dur, tu sais. Je pense que tu auras ton gâteau d'ici la fin du mois. Elles commencent à être plutôt douées pour faire cette crème qu'on met dans la tarte aux fraises.
² Je vis à Londres, en effet, près des Jardins Botaniques de Kew. Elles font pousser tout un assortiment de fruits rouges : fraises, framboises, mûres, myrtilles, groseilles et cassis.
³ J'ai acheté cet appartement quand je me suis installé à Londres et… Eh bien, c'est assez dingue ce que la magie permet de faire, pour être honnête. Nous faisons pousser tout un tas de choses, là bas, ou du moins je fais pousser toutes ces choses. Dans l'appartement, mais aussi dans une serre et sur la terrasse.
⁴ Tu devrais passer un jour. Je suis sûr que tu pourrais y trouver des plantes médicinales très intéressantes qui te seraient utiles. Et on pourrait dîner ensemble.

Codage par Emi Burton

Date de naissance : 15/04/1982

Nate avait l'impression que son interlocuteur n'avait pas particulièrement envie de se confier comme lui l'avait fait un peu plus tôt. Il avait laissé plusieurs ouvertures et Noah n'en avait pas saisie une seule. Ça n'avait pas beaucoup d'importance. Il ne tenait pas de compte. Mais le pâtissier avait quand même une impression de déséquilibre, a cause de tout ce sur quoi il s'était épanché. Il avait l'impression que Noah parlait beaucoup, volontiers, et sur beaucoup de sujets mais... Qu'il restait en superficie. Il avait du mal a aborder les choses en profondeur et c'était quelque chose de déstabilisant, pour lui. Il se sentait plus vulnérable. Alors oui, il était ravi de lui donner le nom de la crème pâtissière utilisée pour les tartes, ou la gelée qu'on repensait souvent dessus. De ses filles, de plantes médicinales mais... C'était autre chose qui le laissait un peu sur le carreau.

Pour parler, ça, Noah aimait parler. Nate ponctuait la discussions d'intejections, parfois, ou posait des questions mais il le laissait faire la plupart du temps. L'autre homme était vraiment passionné. Parfois, le pâtissier était un peu largué, si introverti qu'il était, mais Noah trouvait toujours un moyen de lui lancer une bouée, au bout d'un moment.

« Your place sounds... Magical. Literally. »

Il supposa, essayant d'imaginer une jungle tout juste aménagée. Il n'était pas le plus zen des hommes, ils avaient beaucoup de livres et de souvenirs a la maison, mais un endroit envahit a ce point par les plantes ? Il essayait de se dire que ce n'était sans doute pas aussi terrible que dans sa tête, mais c'était difficile a juger.

« I... Yes, I suppose it would be nice. »

Il avait accepté, sans comprendre encore une fois. C'était amusant comme le McDougall acceptait ce qui venait de Noah sans vraiment comprendre ce a quoi il disait oui. Peut être que c'était mieux. Déjà qu'il arrivait a peine a faire taire cette petite voix qui lui disait de fuir, de retourner chez lui, là où il se sentait bien, rassuré par ce qu'il connaissait. Mais il était sincère, en acceptant. Il se sentait progressivement a l'aise avec sa compagnie.

« I should probably head home soon... Cosmo needs his walk before I go to bed. »

Il attendrait sans problème que Noah lui montre les plantes dans le Hyde Park sorcier, comme il lui avait proposé. Mais Nathanael ne pouvait pas s'empêcher de poser des limites pour se rassurer. Il dit ça avec un sourire. Vraiment, Nate était a des lieues de s'imaginer ce que l'autre homme avait en tête. Après tout, Noah n'avait vraiment rien dévoilé de lui même. De son histoire, de ses baggages, de quoi que ce soit en fait. C'était un peu la seule façon de faire que le pâtissier connaissait. Rien n'avait été aussi simple qu'une dîner et une promenade avec un presque Inconnu, pour lui, dans sa vie.

***
Votre appartement a l'air... Magique. Littéralement.
Je... Oui, je suppose, j'aimerais beaucoup.
Je ne devrai pas trop tarder... Je dois sortir Cosmo avant de me coucher

Date de naissance : 21/11/1978

Date Night

Nathanael & Noah

Une jungle tout juste aménagée.
Oui, c'est une description qui convient parfaitement à l'appartement du botaniste. Bon, il y a des espaces plus épurés, comme les chambres de ses deux filles, mais globalement, c'est l'idée. Des plantes partout, en pot ou en pleine terre, plantées suivant une logique qui échappe au commun des mortels. Avec des fleurs de toutes les couleurs, des arbres délimitant les espaces… Il n'y a guère que les commodités et les chambres des deux gamines qui sont séparées du reste par de réels murs, il faut dire.
Un environnement à l'image de Noah : un peu fou, mais plein de vie.
Un appartement qui serait ravi d'accueillir le pâtissier, quand bien même ce dernier, de toute évidence, loupait toutes les allusions faites par l'américain. Au point que le doute assaille le chercheur : et si Nathanael n'était pas disponible – que ce soit littéralement ou émotionnellement – ou bien s'il n'était pas… De ce bord là ? Quand même, il lui semblait avoir été tout sauf subtil : l'invitation à boire un verre, puis l'échange de lettres, le cinéma, le petit restaurant, la promenade nocturne, l'invitation à dîner… Ils suivaient le chemin traditionnel d'un rencard qui n'avait rien d'original.
Du coup, la déception se lit largement sur son visage quand il lui fait remarquer qu'il ne pourra plus rester très longtemps, Noah n'étant pas homme à masquer ses émotions.
“I understand.”¹
Est-ce une façon détournée de lui coller un râteau ? Ou bien est-ce une remarque d'une candeur touchante de la part d'un homme qui est loin de se douter des intentions de l'autre ?
Il n'y a pas trente-six façons d'en avoir le coeur net, n'est-ce pas ?
Il ouvre donc la marche aux côtés de son grand compagnon, entrant dans la partie sorcière du parc en traversant une barrière invisible. Le monde autour d'eux se trouble un instant avant de dévoiler ses secrets : ici, les plantes ordinaires côtoient leurs cousines enchantées et enchanteresses dans un ballet végétal d'une beauté rare. On n'est pas à la hauteur du Jardin des Plantes de Paris et de ses serres florissantes, mais il n'y a pas à rougir. Remarquant au loin une plante à laquelle il est particulièrement attaché, Noah en prend la direction en continuant leur conversation – ou en la relançant, en tout cas.
“I love this place. I find it very soothing,” explique-t-il en sortant les mains de ses poches pour désigner les lieux d'un large geste. Son mouvement s'affine pour ensuite pointer un arbre en particulier. “See that Flutterby bush over there ? It hasn't been bloossoming for at least ninety years, so it may blossom anytime soon now.” Tu n'oublierais pas que tout le monde ne sait pas qu'une telle plante ne fleurit qu'une fois par siècle, là, mon lapin ? “The flowers will then adapt their scent to attract the unwary. It is said their smell is then close to the one you can get from Amortentia potions.”² Il s'approche de la plante encore inoffensive, glisse un doigt prudent sous une des feuilles, l'examine attentivement sans qu'on sache s'il le fait par acquis de conscience – on s'occupe très bien des végétaux ici – ou pour éviter de regarder Nathanael alors qu'il parle. “I feel very attached to that particular plant species since I…” Il marque une hésitation, non pas pour l'effet dramatique ou parce qu'il ne veut pas en parler, mais plus pour choisir les mots exacts qui sauront traduire sa pensée. “The first time I kissed a man, it was nearby a Flutterby bush. This was a real turning point in my life, since at that moment I started questionning… Well, everything I had taken for granted.”³
Il avait redressé la tête pendant cette courte confidence, jusqu'à planter un regard décidé dans celui du pâtissier.
Bien, si avec ça Nathanael ne comprenait pas, il ne voyait pas comment faire. Sauf peut-être en lui volant un long baiser au clair de lune.
____________________
¹ Je comprends.
² J'adore cet endroit. Je le trouve très apaisant. Tu vois cet arbre à Pipaillon, là bas ? Il n'a pas fleuri depuis au moins quatre-vingt-dix ans, ce qui implique qu'il peut fleurir à tout moment maintenant. Les fleurs adapteront leur parfum pour attirer les imprudents. On dit que leur parfum est proche de celui qu'on peut sentir dans une potion d'Amortentia.
³ Je suis très attaché à cette espèce de plante en particulier, puisque je… Mon premier baiser avec un homme, c'était derrière une plante à Pipaillon. Ça a été un véritable tournant dans ma vie, puisqu'à ce moment j'ai commencé à remettre en question… A peu près tout ce que j'avais pris pour acquis.

Codage par Emi Burton

Date de naissance : 15/04/1982

Le pâtissier n'avait pas manqué de noter la déception de Noah quand il avait annoncé qu'il n'allait sans doute pas tarder. Il n'allait pas couper court a la visite qu'il lui avait réservée, mais... ils avaient déjà passé une bonne partie de la journée ensemble, non ? Le cinéma, puis le diner... Est ce que l'autre homme se sentait seul, peut être ? C'était l'explication la plus rationnelle. Oui. Et en même temps, il ne pouvait qu'imaginer combien ça devait être dur d'avoir ses filles a la maison si peu souvent. Lui, il s'était fait a l'absence de Hyacinthe a present... Meme si son frère était revenu s'installer depuis la st Valentin, il découchait toujours pour rester a la fac. Nate était souvent seul, comme a l'époque où son frère allait a Poudlard, mais il s'en accommodait. C'était peut être différent pour Noah.

Il l'avait suivi a travers la barrière magique. Parfois le silence revenait entre eux, mais soit l'un soit l'autre relançait celle ci, par exemple là pour dire a Noah qu'il n'était pas venu depuis longtemps, faute de temps. Ce dernier avait quelque chose a lui montrer et c'est avec déférence que le pâtissier le suivit, attentif. Tout comme lorsqu'il l'avait surpris dans les serres de l'Université, Nathanael avait l'impression de surprendre quelque chose de presque intime quand l'autre homme parlait de sa passion. Il acquescait, mais n'avait pas envie de rompre le charme. Parfois, il avait l'impression qu'il n'y avait pas de fin a ce que le professionnel des plantes pouvait raconter. Et pas seulement. Mais quand il commençait comme là, c'était le moment où toute son attention était captée, parce qu'il sentait que c'était important.

« Oh... Really ? »

Il se souvenait parfaitement de quand il avait découvert cette potion, et l'odeur distincte de bois un peu musqué, une odeur de nature trempée par la pluie, avec une note sucrée comme de l'orange amer... Cette odeur lui avait évoqué un certain DiScipio pendant longtemps, très longtemps. Trop longtemps, même. S'en rappeler était toujours entre doux et amer. Quelque chose qu'il gardait pour lui depuis longtemps. Aussi, quand Noah se confia, Nate eut du mal a comprendre que c'était de lui même dont il parlait. Il se retrouva face a des yeux noisettes d'une intensité qu'il n'attendait pas. En fait, dans ces quelques mots il y avait beaucoup de choses auxquelles il ne s'était pas attendu.

« And... What was... the kind of things you took for granted before ? »

Il n'avait pas bougé d'un poil. N'avait ni avancé, ni reculé, ni osé quitter des yeux l'autre homme. Le pâtissier devait avoir l'air plus surpris et décontenancé que jamais. Au moins, son front était moins froncé que d'habitude. Il dégluti. Qu'est-ce que ce genre de confidence voulait dire ? Pourquoi en parler maintenant, devant ce même bosquet ? Est-ce que Noah essayait de lui confier quelque chose d'important pour lui, comme pour lui rendre la pareille, parce que lui s'était confié ? Ou... Quoi qu'il en soit, il ne comptait pas le laisser en suspend.

***
Oh vraiment ?
Et... Qu'est-ce que c'etait... Ce que tu prenais pour acquis avant ?

Date de naissance : 21/11/1978

Date Night

Nathanael & Noah

Noah s'était attendu à beaucoup de réactions. Que ce soit la surprise, le rejet, le dégoût peut-être, ou plus positivement un sourire, la découverte agréable qu'ils soient sur la même longueur d'ondes… Beaucoup de choses, mais pas la réaction qu'a Nathanael à cet instant.
Pas à cet air décontenancé, ni à ce qu'il le pousse un peu plus dans la confidence, comme s'il ne comprenait toujours pas ce que le botaniste cherchait à lui faire entendre. N'était-il pas assez clair ? Ou bien était-ce une façon de lui dire qu'il n'était pas vraiment intéressé par ces choses-là ?
Cette fois, l'américain ne sait plus très bien sur quel pied danser, comme s'il avait abattu sa dernière carte et qu'il n'avait plus rien en stock cette fois.
Ou bien est-ce une forme d'indifférence ?
Car si Noah essaie de nouer le lien dans une perspective romantique, il n'est pas fermé à d'autres types de relations. Nathanael lui plaît, cela va sans dire, et il aimerait bien tenter quelque chose avec lui, sans forcément déjà penser à une relation solide et pérenne. Mais si ce dernier n'est pas intéressé, il ne le prendra pas mal.
Ils sont encore assez inconnus l'un pour l'autre pour que ces dernières prises de contact leur permettent de construire une relation amicale.
Sauf qu'il n'arrive pas à savoir ce que le pâtissier cherche. Ce dernier reste insondable, imperméable à toutes les tentatives de Noah pour se rapprocher, pour lui faire comprendre que ce n'était pas un rendez-vous innocent qu'il lui avait proposé en l'invitant au cinéma.
“My marriage… My family… My sexuality too…”¹ s'entend-il répondre d'un ton moins enjoué, plus factuel. Visiblement, pour lui, la magie du moment s'était brisée.
Il est clairement déçu. Non pas de ne pas obtenir ce qu'il avait espéré, mais plutôt de voir la tournure que prend la soirée.
Il s'est emballé trop vite, il semblerait. Peut-être ce défaut dans leur communication venait-il de là : lui, trop enthousiaste, trop vivant, et Nate trop indisponible, trop effrayé par l'abeille qui veut lui montrer la beauté du soleil.
Alors un soupir passe ses lèvres, alors que le botaniste hausse les épaules, se détournant finalement de son interlocuteur.
“Nevermind.”²
Il laisse glisser sa main le long de la feuille dans une longue caresse, un geste qui n'est pas dénué de sensualité, et l'enfonce finalement dans sa poche.
Tant pis. Il ne va pas se laisser démoraliser pour si peu. Il lui faut juste quelques secondes, le temps de reprendre, pour se redresser complètement – il se rend compte seulement à cet instant qu'il s'était légèrement courbé, sans doute suite à ce court échange – et faire à nouveau face à l'autre homme.
“Alright then… Shall I see you home, maybe ? You'll get there quicker than with the Tube,”³ propose-t-il alors du même ton badin de d'ordinaire, un demi-sourire sur les lèvres.
Déçu, oui.
Mais fidèle à lui-même.
____________________
¹ Mon mariage… Ma famille… Ma sexualité, aussi…
² Enfin, c'est sans importance.
³ Bien… Je te ramène chez toi, peut-être ? Tu y seras plus rapidement qu'avec le métro.

Codage par Emi Burton

Date de naissance : 15/04/1982

Tel une biche en plein phares. Voilà l'expression qu'arborait le pâtissier en cet instant. Comment pouvait-il être aussi bon juge de caractère, aussi a l'écoute, empathique, et ne jamais rien voir le concernant ? Certes, ces derniers mois il s'était pris en pleine tête plus que depuis dix ans au moins. Il ne s'était pas retrouvé au milieu de la tourmente a ce point que depuis sa première relation. Et le décès de ses parents. N'existait il pas un juste milieu, dans la vie, autre que la tempête ou le calme plat ? Bien sûr que maintenant, il réalisait qu'il y avait un problème. Mais il n'arrivait pas a croire a sa propre déduction. Peut être parce qu'il ne se voyait pas digne de recevoir cette attention. Il n'avait déjà pas osé le croire avec Arthur. Il était parti perdant et avait poussé sa chance. Il avait savouré le peu qu'Arthur lui avait offert comme s'il n'aurait jamais pu mériter mieux. Comment voulez-vous qu'il se soit imaginé que Noah... Est-ce qu'il s'imaginait ? Non...

« I... I'm - »

Le sorry s'était perdu dans le "Nevermind" de Noah. Nate l'avait blessé. S'il y avait bien une chose pour culpabiliser le pâtissier, c'était bien de voir l'autre homme soupirer et lui tourner le dos comme il le faisait. Il avait envie de le retourner et s'excuser. Et lui demander de ne pas s'arrêter là. Il voulait apprendre a le connaître, pas qu'il s'arrête a cause de lui. Mais il ne parvint pas a trouver ses mots, quand on lui fit face a nouveau comme si rien ne s'était passé. La boule au find de sa gorge avait grossi. Et il avait baissé les yeux, honteux presque.

« Yes... thanks. »

Il dit, prenant bien moins sur lui qu'à son habitude, pour le coup. Il s'était totalement refermé. Il n'avait pas envie de partir, mais il ne savait pas comment réparer ce qu'il venait de briser.

Il finit par lui prendre le bras, pour qu'il puisse l'amener au pied de chez lui. Noah ne connaissait pas l'entrée des artistes sur la ruelle, il les avait amenés devant, dans la rue pavée vidée de son public journalier. Ce n'était pas une sensation agréable pour Nathanael. Les derniers au revoir d'avec Arthur restaient gravés dans sa mémoire, aussi courte qu'avait été leur relation. Quand il l'avait laissé dans la ruelle. Quand il était venu lui dire pour Constance. Mais il y avait aussi le jour où Noah avait débarqué, apeuré pour sa fille. Et puis lorsqu'ils s'étaient heurtés un peu plus haut. Tandis que ces souvenirs le traversaient, il se rendait compte qu'il ne disait rien. Mais qu'il ne lâchait pas la main de l'autre. Sans pour autant réussir à parler. C'était pas faute d'essayer, mais il avait l'impression que quoi qu'il puisse dire, le mal était déjà fait.

« Would you... Do you want to walk Cosmo with me ? »

Gosh Nate, tu pouvais faire plus pathétique ? Tu n'as pas importuné ce pauvre homme assez longtemps, peut être ?

« I really want to know more... About... »

***
Oui... merci.
Tu voudrais... Tu veux promener Cosmo avec moi ?
J'aurais vraiment aimé en apprendre plus... Sur...

Date de naissance : 21/11/1978

Date Night

Nathanael & Noah

Dès que le contact entre les deux hommes est assez solide, Noah transplane hors du plus grand parc de Londres pour réapparaître juste devant la pâtisserie de son compagnon de soirée, au milieu du Chemin de Traverse. Il veut le lâcher à ce moment là, s'écarter pour pouvoir le saluer et retourner à sa vie habituelle.
Sans tenter de se rapprocher davantage. La soirée est terminée. Ils ont passé un bon moment et il se dit qu'il fera de son mieux pour ne garder que les meilleurs souvenirs de ce temps passé ensemble. Car il ne sert à rien de ressasser le passé et de regretter.
Tant pis.
Sauf que le pâtissier ne le lâche pas, et qu'il n'en est pas non plus au point de s'arracher à lui. Il doit alors attendre qu'on le libère, sans comprendre ce qui lui vaut cette attente. A-t-il vu quelque chose ? S'est-il souvenu d'un élément important ? Impossible de le savoir, et finalement, Noah ne veut pas le savoir.
Là, il a envie que ce désastre se finisse rapidement pour qu'il puisse rentrer chez lui. Arroser ses plantes, leur parler de ce qu'il venait de vivre, se libérer de cela pour reprendre sa vie là où l'avait laissée. Mais visiblement, ce n'est pas ce que l'autre homme a en tête, ce qui est, en soi, assez surprenant.
Pourquoi vouloir prolonger la soirée ? Ça ne collait pas avec les réactions qu'il avait eues jusqu'ici. Alors quoi ? Quelle mouche l'avait piqué ? Avait-il enfin compris ce que le botaniste lui voulait vraiment ?
…
Etait-ce de la pitié ?
Une grimace, la première sans doute en la compagnie de Nathanael, déchire le visage habituellement souriant de l'américain. Fort heureusement, l'obscurité la rend difficile à voir.
“About what ?”¹
Ses sourcils se froncent. Le ton cassant qu'il vient d'employer ne lui plaît pas. Ce n'est pas lui. Ce n'est pas l'image qu'il a envie de renvoyer à son interlocuteur. Dégageant son bras en douceur, il se passe une main sur le visage, et continue d'un ton plus badin.
“The disaster my marriage turned out to be ? How it took me years to finally understand who I really was and how I could live fully ?” Un faible sourire lui revient, alors qu'un rire sans joie l'agite brièvement. “Those have no importance. They belong to the past.”² Progressivement, la vexation qui a suivi la déception s'efface, et le caractère premier de Noah refait surface. Il lève la tête et guette la lumière émise par les étoiles, aidées d'une lune drapée dans un voile nuageux.
“There is no point dwelling on the past. It isn't as if we could change it. I'm interested in what I can actually have an impact for. I live in the present tense.”³
Et c'est là qu'il comprend.
“It might be your problem, now that I think about it. Maybe you should stop conjugating your life into the past tense.”⁴
Il prend une profonde inspiration, les mains toujours enfoncées dans les poches. On remarquera qu'il n'a pas répondu à l'invitation de Nathanael, comme s'il était encore indécis et qu'il ne se fermait pas la possibilité d'accepter ou de décliner.
“I'm interested in the man you are today, not in the man you used to be. And I'd like you to do the same, even if…” Il soupire à nouveau. “Even if I can't force you to.”⁵
____________________
¹Sur quoi ?
²Le désastre qu'a été mon mariage ? Comment ça m'a pris des années pour comprendre qui j'étais vraiment et comment vivre ma vie pleinement ? Ce sont des choses qui n'ont pas d'importance. Elles appartiennent au passé.
³Ca n'a pas d'intérêt de ressasser le passé. Ce n'est pas comme si on y pouvait quelque chose. Je m'intéresse à ce sur quoi je peux avoir une influence. Je vis au présent.
⁴C'est peut-être ton problème, maintenant que j'y pense. Peut-être que tu devrais arrêter de conjuguer ta vie au passé.
⁵Je m'intéresse à l'homme que tu es aujourd'hui, pas à celui que tu as été. Et j'aimerais que tu fasses de même, même si… Même si je ne peux pas t'y forcer.

Codage par Emi Burton

Date de naissance : 15/04/1982

Le Nathanael d'avant n'aurait probablement pas pris la main de l'homme, ou même essayé de le retenir après un tel fiasco de sa part. Il serait resté silencieux, l'aurait remercié et aurait disparu de sa vie. Parce que c'était la chose la plus logique et la plus simple à faire. Aussi la meilleure idée, pour épargner à Noah ce qu'il ne semblait pas vouloir s'épargner lui même. Noah n'avait pas besoin de ça. Il n'avait pas besoin de lui. C'était le problème, pas vrai ? Nate cherchait chez les gens un vide à combler, quelque chose à réparer, parce que c'était tout ce dont il se sentait capable, en réalité. Et non, vraiment, Noah n'avait pas besoin de ça.

C'était plus ou moins ce qu'il disait au pâtissier, en répondant à sa question comme il le faisait. Et le pâtissier ne pouvait pas avoir plus honte de lui en cet instant. Bien sûr, il voulait savoir tout ça, mais ce n'était pas comme ça qu'il aurait aimé apprendre plus sur lui et sur sa vie. Il avait l'impression de tout faire de travers. Et bien sur qu'il comprenait ce que Noah disait, comment l'autre homme aurait pu vivre autrement, c'était tellement... lui. Mais il se trompait sur Nate. Il ne vivait pas dans le passé. Ni dans le présent, vraiment. Il ne vivait pas, tout court. Est-ce que ça n'était pas ce qu'ils avaient admis, un peu plus tôt ?

Bien heureusement, il n'était pas rancunier, même quand on lui donnait des leçons de vie à côté de la plauqe. Et en même temps, est-ce que c'était si grave, qu'on se trompe sur lui ? Il était à parier que personne n'avait réellement connu la personne derrière les barrières qu'il avait levées depuis bien longtemps. Il avait fait sans jusqu'ici. C'était peut être mieux. Pourquoi changer une recette qui marche ? Spoiler alert : elle ne marchait pas du tout.

« It's not. »

Il parvint à dire, après avoir encaissé sa culpabilité et s'être forcé à ne pas juste dire au revoir et partir, ce qui aurait été bien mieux -pour Noah, toujours- selon lui.

« What I do. It's not... That. Although I don't think people should forget everything they went through either. It makes you appreciate what you've got even more. »

Il avait finalement regardé Noah dans les yeux, plus sûr de lui. Nate n'étais plus un enfant, pour peut qu'il ait eu le temps de l'être. Il refusait juste de rendre quelqu'un malheureux à cause de son incapacité à s'ouvrir. Et ça n'avait plus grand chose à voir avec son passé. Peut être que c'était difficile à comprendre pour quelqu'un d'aussi confiant que Noah.

« I really was asking to get to know you better. I'm sorry I... I just... don't see it. Why you would want to know someone like me when I'm just so... »

Il s'essuya le visage, bien trop épuisé par tout ça. Il se doutait que ce serait sans doute la même chose pour l'autre homme. Bien sûr qu'il allait rentrer.

« For what it's worth... I think you're a wonderful man. And a terrific father. »

Mais quand il le regardait, il avait l'impression de regarder le soleil en face et de se brûler les yeux. C'était sa propre faute, bien sûr. Il ne pouvait pas hiberner pour toujours, mais il n'avait pas eu l'occasion de sortir de sa grotte depuis trop longtemps. Noah était peut être juste trop brillant pour lui.

***
Ca n'est pas ça.
Ce que je fais, ça n'est pas... ça. Bien que je pense pas qu'on doive juste oublier tout ce qu'on a traversé non plus. Ca permet d'apprécier plus encore ce qu'on a.
Je demandais vraiment pour apprendre à te connaître mieux. Je suis désolé j'ai... Je ne vois juste pas. Pourquoi tu voudrais quelqu'un comme moi alors que je suis juste tellement...
Pour ce que ça vaut... Je pense que tu es un homme formidable. Et un père extraordinaire.

Date de naissance : 21/11/1978

Date Night

Nathanael & Noah

Il y aurait tant à répondre, surtout pour un homme comme Noah. Il pourrait lui dire qu'en effet, le passé les avait amenés au présent, et que c'était les épreuves traversées qui les avaient forgés. Que le fait de vivre le jour présent ne signifiait pas qu'il oubliait pour autant ce qu'il avait vécu, les bons moments comme les mauvais – même s'il préférait ne garder que les bons. Ou encore qu'il aimerait pouvoir classer cette soirée dans les souvenirs à garder, plutôt que dans ceux sur lesquels il ne s'attarderait plus.
Il reste pourtant incroyablement silencieux. Non pas qu'il ne soit pas impliqué dans leur échange, bien sûr, mais il n'occupe pas l'espace comme il le fait d'ordinaire. Il a l'air plongé dans une réelle réflexion, comme s'il cherchait à comprendre la situation.
Comprendre où la communication a foiré. Comment ils en sont venus à ça, lui à se vexer et l'autre à tenter de réparer ce qu'il pensait avoir cassé.
Et puis, finalement, après un court instant de silence après les déclarations de Nathanael, il laisse un ricanement désabusé s'emparer de lui. Il secoue la tête, sourire sur les lèvres, passe une main maladroite dans ses cheveux alors qu'il se redresse.
“Look at us !” s'exclame-t-il alors, ricanant encore. “Having our first couple fight !”¹
Oui, il trouve ça drôle. Il faut dire que réussir à se disputer, même si ce n'était pas quelque chose de violent avec des assiettes brisées et des bouderies interminables, dès le premier rencard, il fallait le faire. Ils avaient déjà réussi à ne pas se comprendre, puis à prendre la mouche, à s'expliquer, et enfin à se réconcilier – même si cette dernière étape était encore en cours de construction. Si quelqu'un d'autre y verrait sans doute un mauvais présage, ce n'est pas le cas du botaniste, qui trouve qu'il est sain dans toute relation de pouvoir passer par cette étape.
Et puis ça leur permettait d'apprendre à se connaître, non ? Y voir plus clair dans la façon que l'autre a de fonctionner, par exemple. De son côté, il a appris que Nathanael était absolument incapable de voir des signaux pourtant clairs – du point de vue de l'américain – lui indiquant que la personne en face était très intéressée par lui, et le pâtissier avait sans doute pu constater depuis un moment que Noah n'est absolument pas rancunier et que même s'il prend la mouche, il n'en tient pas rigueur bien longtemps.
“And what do couples usually do after a fight ?” Oh, non, Noah, tu es sûr que tu veux faire ça ? Là ? Maintenant ? Tourne sept fois la langue dans ta bouche avant de… “They have makeup sex of course !”² … Noaaah, for fuck's sake !
Visiblement très fier de sa bêtise – il faut bien, après un coup pareil – il ricane, et garde son sourire ravi sur les lèvres alors qu'il fait face à son interlocuteur.
“I'm obviously not gonna expect that, of course. But I could settle for a kiss.”³ Il arbore alors une mine indéchiffrable, sans qu'on soit capable de savoir s'il plaisante toujours, ou s'il est parfaitement sérieux.
Et il est parfaitement sérieux. Mais après son échec cuisant, il n'ose pas tellement y aller sans se cacher derrière cet humour pour le moins grossier. Et si cette proposition est loin d'être la plus romantique du monde, elle lui permettrait d'obtenir ce qu'il cherche depuis de longues minutes tout en ayant le consentement de la deuxième partie.
“Whatcha sayin' ? Can I ?”⁴
____________________
¹Regarde nous ! A avoir notre première dispute !
²Et que font les couples après une dispute ? Ils se réconcilient sur l'oreiller !
³Je ne m'attends pas à tant, bien sûr. Mais je saurais me contenter d'un baiser.
⁴T'en dis quoi ? Je peux ?

Codage par Emi Burton

Sujet: Re: Date Night [ Noah & Nathanael ]