Alors… Comment te le faire comprendre ?

Je savais que Karim n’allait pas bien d’un seul coup d’oeil. Ce n’était pas dur en même temps. On se connaissait assez pour que son état me saute aux yeux sans panneau lumineux marque “ je ne vais pas bien” au-dessus de la tête. Je me donnais comme mission de lui chasser ses angoisses aujourd’hui. Pas question de laisser MON, en toute amitiée, Karim dans cet état. Et puis quoi encore ? J’allais repartir, Jacob allait trouver un homme regonflé ! Et pas de pensées ou de double sens dans cette phrase ! Je lui fis un large sourire

“ Ca va ! Je suis avec toi donc forcément j’ai la pêche.”

Si on pouvait oublier une période où c’était lui qui m’avait secoué. C’était donc à moi de le secouer cette fois ! Enfin, tout aussi gentiment qu’il l’avait fait avec moi ! Je déballais ce que j’avais trouvé pour lui avec un grand sourire avant de rire à sa remarque;

“ J’ai un salaire de médecin ! Faut bien que j’en fasse profiter les personnes les plus importantes de ma vie ! J’ai trouvé un magasin de thé, il faut absolument que je t’y emmène quand tu voudras ! Tu as un thé “Sakura 2000” ou le “ Thé des poètes disparu” un truc de malade ! Puis ils font des canelés ! C’est trop trop bon !”

Je lui fis un clin d’oeil en le laissant nous préparer un thé. Il y en avait un peu trop, j’avais tout prévu pour qu’il passe une bonne journée et qu’il se rassure ! Je fis un grand sourire en attrapant une cuillère pour attaquer mon gâteau. Je lui caressais tendrement la joue avec un sourire taquin.

“Alors, j’ai une petite nouvelle qui va te plaire. Mais je vais te faire deviner ! Je te dirais une lettre au hasard dans le mot toute les… Demie-heure ! Et tu vas devoir deviner. Et non, je ne suis pas enceinte ! Même si je suis sûre que tu adorerais être le parrain d’une mini Nyx… Mais le monde n’est pas prêt à avoir une mini-moi. Bon, tu veux commencer par quoi ? Un massage ? Une discussion autour du thé ? Dis moi tout ! On est là rien que pour toi et te faire te sentir mieux !”

Respirer c’est bien aussi. J’ai l’impression d’avoir les joues tout rouge. Je dois une gorgée de thé. Il est délicieux, mais en même temps, c’est mon Karim qui l’a fait ! Je poussais un petit soupir de satisfaction en observant la pièce.

Fallait pas être aveugle pour savoir que Karim n’allait pas bien. Je le connaissais aussi bien qu’il me connaissait. D’un regard je pouvais savoir qu’il n’allait pas bien. Et si je devais faire la pitre pour le faire rire et lui faire reprendre goût à la vie...Je le ferais ! Quitte à être totalement ridicule. Je souris quand il passe sa main dans mes cheveux, en réponse je lui caressais doucement la joue avec un sourire.

« Je pense tout les jours un peu à toi tu sais ? J’aime te voir sourire. »

Heureusement que j’étais fiancée et lui presque avec un garçon sinon Charly aurait put se poser des questions. Mais Karim et moi…. C’était une histoire d’amitiée, d’une vraie histoire, qu’on ne pouvait pas arrêter juste parce qu’il me le demandait. J’aurais envoyé promener la moindre personne qui aurait tenté d’arrêter cette amitié. Je l’observais avec attention et secouais doucement la tête. Allez, j’allais lui ressortir une phrase qu’il m’avait dite il y a quelques temps déjà. Je lui caressais à nouveau la joue.

« Il me semble que tu m’as dis un jour “ Laisser la peur nous gagner et nous paralyser c’est les laisser gagner.” Je ne suis pas enceinte, mais même sans ça, si je voulais faire un enfant, maintenant, je ne les laisserais pas me terroriser. Je répondrais toujours à leur haine par l’amour. Et si je dois protéger un enfant, un ami, un frère, un fiancé, ou qui que ce soit, je ne le ferais pas par haine, mais par amour. D’accord ? Ils veulent ma haine et ma peur ? Je les emmerdes en leur répondant par des rires et mon amour. Je ne laisserais personne voler mon bonheur ou celui des gens que j’aime. Une fois. Pas deux. J’ai succombé une fois à la peur, plus jamais ça. »

Le côté lionne protectrice qui ressortait. Je caressais doucement la main de Karim avant de répondre à son sourire et me lever pour poser mon assiette. Je plongeais ma main dans le pochon en tissus pour en sortir l’une des plaquettes de massages de chez Lush.

« Je vais te faire mariner un peu ! Allez, c’est le moment d’un petit massage ! L’une des lettres du mot est un A. Attention c’est pas dans l’ordre. Ah ! j’allais oublier. »

Nyx le papillon le retour… Je sortis quelques bougies parfumées avec des huiles essentielles pour diminuer le stress et les installai avant de les allumer d’un coup de baguette. Je tendis le pain de massage à Karim

« Lui ? Sinon j’en ai prit d’autres si tu veux un autre parfum. »

Une affection sans borne. S’il n’avait pas été gay, si je n’avais pas eu Charly, c’est lui que j’aurais choisis pour ma vie. C’est avec lui que j’aurais aimé me réveiller chaque matin, je ne regrettais pas ma vie, j’étais plus qu’heureuse, j’avais Charly, il avec son Aiden, pourquoi changer ou avoir des regrets sur une vie qui n’aurait jamais lieu. Nous étions juste amis, mais quelle amitié. C’était au-delà de bien des mots, un sentiment au creux du ventre de savoir que quelque part, si le monde s’écroulait, il serait là. Il serait toujours là. Comme une ancre me retenant de la dérive. Je rougis un peu à son compliment sur mon sourire et lui fis un clin d’oeil.

« C’est pas qu’une impression. On peut tout faire tous les deux ! »

Je serrais doucement sa main dans la mienne avant de lui caresser doucement la joue du bout des doigts. Je lui souris doucement en serrant sa main plus fort pour lui montrer que j’étais là et qu’il pouvait compter sur moi. Je ne dis rien, mon regard parlait pour moi, transmettant tout l’amour que j’avais pour lui. Je continuais d’être énergique pour le sortir de sa torpeur et le fixais. Mariage. Deux A pour deux âmes.

« Deux A ! »

Je m’approchai de lui et lui fait signe de se mettre torse nu. Je m’installais derrière lui pour passer l pain de massage sur sa peau avant de poser mes doigts et commencer à masser doucement son dos. Je m’arrêtais une seconde avant de réfléchir et de secouer la tête. Eliam. C’est joli, j’y penserais si j’avais un fils.

« Non, pas vraiment. J’ai toujours pensé que j’aurais une fille en premier. Y a quoi comme prénom que tu aime bien toi ? »

Qui sait ? Peut-être que si j’aimais bien… Quand j’aurais des enfants l’un portera l’un des noms de Karim ? Je continuais de le masser tranquillement en prenant tout mon temps pour dénouer chacun de ses muscles et le détendre.