That is what it means to be family

❝ I don't care about whose DNA has recombined with whose. When everything goes to hell, the people who stand by you without flinching--they are your family. ❞

Le mois de mars est conforme à sa réputation. Les giboulées sont de sortie. Abritée à l'infirmerie, Ellie regarde la pluie tombée par la fenêtre. Des jours comme celui-ci, Sainte Mangouste lui manque un peu. En dehors des jours de match ou d'entraînements, la jeune femme ne voit pas passer beaucoup de patients. D'une certaine façon c'est évidemment une bonne chose, seulement l'inactivité n'est pas son occupation favorite. Elle a déjà préparé puis rangé ses potions, le temps en cette matinée semble s'étirer longuement. Même Kalyo n'arrive pas à la distraire et elle a déjà fini de lire son précepte sur les plantes rares utilisées en magie noire. Ce n'est pas aujourd'hui d'ailleurs qu'elle percera la clef du secret des Deathwings et de leur poison anti-magie. Autour d'elle de minuscules oiseaux battent des ailes sous l’œil impassible du jobarbille. Il a compris depuis-longtemps que les illusions du sortilège Avis n'étaient pas réelles aussi il s'en désintéresse désormais. La brune se plonge dans ses souvenirs, l'époque où elle-même arpentait ces couloirs pour rejoindre des cours dont certains professeurs sont partis à la retraite depuis. De nouvelles têtes les ont remplacé. Miss Faraday ne les connaît pas encore tous. Parfois les étudiants se confient à elle évoquant untel qui est sympathique ou tel autre réputé pour saquer ceux inscrits dans sa classe. D'ailleurs il est plutôt amusant d'avoir l'occasion de découvrir la personne derrière l'enseignant. On montre tous un visage plus ou moins différent quand on est au travail ou bien à la maison.

Le bruit de la porte battante en bois la tire de sa rêverie. La soigneuse se tourne vers l'entrée et se relève pour accueillir celui qui vient de la franchir. Difficile de passer à côté de cette chevelure dorée. Rufus n'a pas tant changé en deux années, sa cousine le reconnaît immédiatement. Une seconde la gêne se pose là. L'un comme l'autre ne s'attendait probablement pas à cette situation. Bien vite toutefois Ellie dépasse cette sensation pour faire son travail. Il faut juste espérer que l'étudiant se montrerait plus aimable qu'à leur première et dernière rencontre. De son côté, la brune décide de faire comme si rien ne s'était passé.

« Bonjour Rufus, je t'en prie installe-toi et dis-moi ce qui t'amène. A l'observer elle en a déjà une petite idée, il est tout de même préférable d'entendre de la bouche du concerné ce qui s'est passé. On ne soigne pas un sortilège de la même façon que les effets d'une potion. Elle se garde de commenter ou juger la maladresse du jeune homme. Depuis qu'elle est ici, elle en a déjà vu passé de sacrés phénomènes, certains dans des positions plus rocambolesques que les autres. Il y a aussi eu cet épisode du couple coincé en plein coït, elle n'aurait pas aimé être à leur place les jours suivants. Ne t'en fais pas, ce sont des choses qui arrivent. On va rapidement t'arranger cela.

Elle hésite un instant, se demandant si cela vaut la peine de tenter un nouveau rapprochement. Avec l'infirmière tout vaut toujours la peine ou presque. Et puis en dehors de son père elle n'a aucune famille. L'étendre à un membre de plus ce serait un sacré progrès !

- Comment se passent tes études ? D'ailleurs tu as choisi quelle orientation ? Je salue ton courage en tout cas, cela en demande beaucoup pour reprendre des études après ce que tu as connu.

C'est sincère, un séjour à Azkaban doit être une sacrée épreuve. Rufus était bien jeune quand il y a été incarcéré. Ellie espère pour lui qu'il a réussi à surmonter cela et à trouver sa propre voie. Sa tentative pour nouer contact était dans ce but à sa libération. Elle ne lui en veut pas de ne pas avoir accepté la main tendue. Après tout, ils sont deux inconnus bien qu'ils partagent le même sang et le même nom.

(c) sweet.lips

Depuis la nuit de la Saint-Valentin et les terribles attaques des Deathwings, beaucoup de choses avaient changé pour Rufus. Jamais autant il n'avait ressenti l'envie de maîtriser la magie, qu'il haïssait toujours autant par ailleurs. Pour la première fois, il s'était senti en danger, à ne rien maîtriser. Pour lui comme pour les autres, Silène en particulier. Dire qu'à cette soirée, ils avaient enfin failli pouvoir se rapprocher d'avantage, comme Rufus en rêvait... Silène avait été en danger. Et lui aussi. Et ... la magie n'avait certes pas suffi mais elle aurait pu les aider. Et peut-être empêcher son ami de finir empoisonné. Alors il s'en voulait. D'avoir toujours tout rejeté en bloc, d'être incapable de lancer un sort qu'un gamin de quatorze ans devrait maîtriser.

Et puis Nathanael l'avait fait réfléchir aussi. Son ancien tuteur de stage, qui avait perdu sa magie, l'avait presque convaincu de s'y mettre avec plus d'énergie encore. Pour lui qui ne pouvait plus. Et pour les autres.

Alors il n'avait jamais autant travaillé qu'en ce moment. Tout y passait. Sortilèges, potions, cours de métamorphose qu'il détestait plus que tout, les cernes sous ses yeux trahissaient l'assiduité avec laquelle il tentait de se mettre à la tâche. Le tout en maudissant les sorciers et leur manie d'inventer des sorts plus tordus les uns que les autres. Il maudissait sa baguette aussi, qui n'en faisait qu'à sa tête. Et les livres de potions dans lesquels les recettes n'étaient jamais claires. En substance, il maudissait le monde entier. Seuls quelques rares amis trouvaient grâce à ses yeux. Et Nathanael, qui avait accepté de l'aider quelques fois lorsqu'il était revenu lui poser des questions sur ses mixtures.

Mais celle qu'il préparait là, il l'avait faite tout seul, avec un peu trop d'espoir et d'attente, sans doute. Le chaudron avait manqué de lui tomber dessus. Puis sa manche avait carrément pris feu ! Il douillait sévère et évidemment, ça n'étaient pas ses maigres connaissances en sortilèges qui allaient soigner sa brûlure ! Mais qu'importe. Il finirait sa potion, coûte que coûte. Les larmes de douleur aux yeux, il s'était acharné. Et avait fini par obtenir la petite fiole. Une potion de chance rapide. Il avait trouvé la recette dans un vieux livre. Moins efficace que la Felix Felicis, elle semblait plus rapide à faire et plus simple. Semblait...

Peut-être avait-il été trop optimiste, pour une rare fois dans sa vie. C'est le premier truc qui lui passa par l'esprit, lorsqu'il sentit la potion lui brûler littéralement tout l'oesophage et continuer sa route dans l'estomac. C'est son voisin de chambre qui l'amena à l'infirmerie, alors qu'il hurlait de douleur.

Et.. oh. Son regard croisa celui de l'infirmière. Il ne l'avait croisée qu'une fois dans sa vie mais.. il n'aurait pas pu oublier son visage. Son nom en revanche.. Quelque chose Faraday. Elle portait le même nom que son père. Et était tombée du ciel au pire moment de son existence. Il se crispa en la voyant. Comme s'il n'était pas déjà suffisamment tendu à tenter de retenir les larmes et cris de douleur. Il desserra un peu les dents.

"Ca ne se voit pas ? J'suis tombé d'un balai..."

Ca commençait mal. Il était agressif, absolument sans raison aucune. Un mélange de douleur et de ressentiment envers sa famille, probablement. Il savait qu'elle n'y était pour rien. N'empêche, il ne pouvait pas s'empêcher d'être désagréable, c'était plus fort que lui. Comment faisait-elle pour être aussi douce et patiente ? En soupirant, il reprit, à peine plus posément.

"J'ai raté une potion. Et... je l'ai bue. Elle m'a cramé de l'intérieur. Et de l'extérieur, aussi..."

Lâcha-t-il, clairement honteux et plus grognon qu'à l'accoutumée. Sa courte envie de se remettre sérieusement à la magie voyait sans doute sa fin arriver. A nouveau, il sentait une puissante haine l'envahir. Il les détestait tellement, tous, à réussir tous leurs sorts. Et malheureusement pour elle, c'était l'infirmière qui faisait les frais. De sa colère comme de ses potions malheureuses. Enfin. Il faillit hurler lorsqu'elle lui demanda presque innocemment quelles étaient ses études ? Mais... Bordel ! Il brûlait de l'intérieur, elle se foutait de lui ? D'accord, c'était pour qu'il pense à autre chose pendant qu'elle le soignait mais... rha ! Pourquoi un truc qui attisait encore le feu qui lui déchirait déjà tout l'intérieur ?

"Mouais. On m'a pas trop laissé le choix hein... Si on me l'avait proposé, je me serais barré de Poudlard et je ne serais jamais revenu. Mais non. Paraît qu'il est obligatoire de faire toute la scolarité... C'est pas du courage hein !"

Il serra les dents à nouveau. Bon, ils venaient ces sorts de guérison ou quoi ? C'était pas supposé être instantané et... magique, ces trucs-là ? Qu'au moins pour une fois, ça serve à quelque chose...
Il était tellement énervé contre lui-même et contre le monde entier qu'il se rendait à peine compte à quel point il était ignoble envers l'infirmière qui essayait de faire de son mieux. Faut dire, les circonstances n'aidaient vraiment pas...

"Visiblement, tu as choisi de venir ici toi. Ca doit pas être de tout repos ici. Je suis peut-être le seul étudiant assez stupide pour rater une simple potion mais des accidents de quiddich et d'autres trucs improbables, t'as dû en voir passer..."

On était loin des excuses. Très loin. Mais dans son état d'énervement, c'était déjà un effort énorme que d'essayer de s'intéresser à elle et d'arrêter deux minutes de râler. Enfin.. de râler différemment, en tout cas.

Spoiler:

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Si Ellie a eu l'espoir insensé que les choses se passent mieux que la première fois avec son cousin, elle l'a vite abandonné. Ils ne sont pas censés être plus mûrs les étudiants de la MUL que des élèves de Poudlard ? Force est de constater que non. Des fois, l'infirmière a bien envie de sortir les griffes en retour et de leur montrer ce que cela fait quand elle s'énerve. Son côté réfléchi l'en dissuade, si cela passerait ses nerfs tout comme Rufus qui est en train de se défouler sur elle, cela n'a rien de bien constructif. Elle a trouvé d'autres moyens d'extérioriser sa frustration ou sa colère. Alors, une fois n'est pas coutume, elle ravale sa fierté pour faire son travail correctement. Et la brune ne va certainement pas lui dire à nouveau qu'il n'est pas le seul à buter sur la concoction d'une potion. Du moins, pas tant qu'il continuera à être désagréable. Au moins il finit par lui dire la cause de sa venue. A l'aide d'un sortilège d'attraction, Miss Faraday fait venir à elle la bouteille de remède adéquat puis une cuillère à soupe.

- Prends en deux. Je te préviens le goût n'est pas terrible. Elle les lui confie histoire qu'il se serve comme un grand. Pendant ce temps elle attrape un verre vide posé sur le chevet. Aguamenti. Une fois rempli d'eau et assurée qu'il a pris le médicament, elle lui tend le verre. Bois ça ensuite. Tu aimes les chocogrenouilles ou les baguettes de réglisse ?

Bon, c'est un peu tendre le bâton pour se faire battre. Il va sûrement rétorquer qu'il n'est pas un gamin qu'on récompense d'une sucrerie quand il prend bien ses médicaments. Tant pis pour lui, il gardera l'amertume dans la bouche s'il veut jouer les durs. En tout cas, Ellie pense avoir bien besoin d'une petite douceur face à la rudesse du blondinet. Aussi un petit sort d'attraction plus tard, elle saisit le bocal de bonbons qui lévite jusqu'à elle et pioche dedans. L'infirmière le laisse à portée de main, au cas où le blessé en souhaite un. Elle affiche un air détendu, tout l'inverse de son cousin remonté comme un coucou.

- Cela va mettre quelques minutes avant de faire effet. Tu as parlé de blessures externes aussi. Tu me montres ?

Cela pourrait se soigner avec une petite formule contrairement à l'effet interne. Le patient parvient tout de même à la surprendre en lui rendant la politesse. Peut-être que tout espoir n'est pas vain finalement ? La brune passablement désenchantée ou du moins refroidie va tout de même rester sur ses gardes. Ce qui ne l'empêche pas de lui sourire et de répondre gentiment.

- Cela arrive plus souvent que tu ne le penses les accidents de potion, tu sais ? Il y en a peu qui soient assez faciles pour être maîtrisées dès le premier essai. J'en sais quelque chose. Qu'est ce que tu voulais préparer ? Je peux peut-être t'aider, figure-toi que c'était une de mes matières favorites.

Va-t-il mordre une nouvelle fois la main tendue dans sa direction ? Le suspense reste entier. La sorcière est assez persévérante et patiente pour continuer à essayer. Par contre elle ne tendra pas l'autre joue s'il assène un coup de plus. Comme quoi Ellie évolue avec le temps. Peut-on dire qu'elle se bonifie ?

- Et toi tu joues au Quidditch ?

A dire vrai, la sang-mêlée n'a jamais bien saisi l'intérêt des masses pour ce sport. Il lui est arrivé de regarder quelques matchs pour ne pas mourir idiote. Elle a même étudié les règles et l'histoire de cette discipline magique. Cela ne l'a pas vraiment éclairé. Certes les joueurs sont assez doués sur un balai, ou pour manier la batte. De là à y voir un amusement... En parler permettrait peut-être à son patient de ne plus penser au mal le temps que la potion agisse.

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C'était stupide de s'en prendre à Ellie. Il en avait conscience. C'était surtout contre lui-même que Rufus était énervé. Et ... le reste du monde, aussi, surtout du monde sorcier. Mais essentiellement, contre lui-même et son incompétence. Ca n'avait jamais rien de plaisant de devoir se retrouver à l'infirmerie. Mais lorsque ça allait de paire avec son incapacité à faire la moindre potion, qu'il lui fallait avouer, c'était pire. Alors forcément, il était un peu renfrogné. Pour autant, il n'était pas complètement con. Il était venu ici pour se faire soigner, quand même. Et son aversion envers la médecine sorcière n'allait pas jusqu'à refuser tous les remèdes qu'on lui proposait. Surtout pour soigner une cause elle-même liée à la magie. Alors, un peu boudeur, il attrapa la bouteille et la cuillère et se versa une première dose, qu'il engloutit, avant de faire une vilaine grimace. Il se sentait vraiment comme un gamin que ses parents forçaient à prendre un médicament.

"Boeaaaaaargh"

Lâcha-t-il en guise de constatation que ouais, pas terrible était un bel euphémisme. Il y alla encore plus à reculons pour la seconde dose, et dû retenir un haut le cœur avant même de l'avoir portée à sa bouche. Il se précipita sur le verre d'eau aussitôt la dose avalée. Se demandant pourquoi, avec tous les miracles qu'ils parvenaient à faire, les sorciers n'arrivaient toujours pas à donner un goût potable à leurs potions. A croire que rajouter un peu de sucre et d'arôme, c'était au-delà des compétences des plus grands mages. Enfin.. Faute de ça..

"Je... veux bien un chocogrenouille !"

Dit-il avec une voix presque timide. Il se sentait un peu vexé, sans la moindre raison. En fait, c'était probablement envers lui-même, ça aussi. Il tenta tout de même de sourire, lorsqu'elle lui tendit le bocal dans lequel il plongea la main. Le goût immonde restait au fond de sa gorge mais ça le fit un petit peu passer. C'était déjà ça. Et... il espérait que les brûlures ne tarderaient pas à s'estomper. Les remèdes magiques avaient au moins pour eux d'être à effet assez immédiat, en général. Fallait leur reconnaître ça.

Le blondinet fronça à nouveau les sourcils, lorsqu'elle lui demanda de montrer ses brûlures. Avouer ses conneries, ça n'était déjà pas bien facile. Surtout quand il se tordait de douleur en même temps. Mais les montrer... il sentit son égo se prendre un autre coup dans la tronche. Bizarrement, que ça soit sa cousine, lointaine, qu'il avait envoyée paître une première fois, ça n'aidait pas beaucoup. Il aurait sans doute préféré devoir avouer ses conneries à une inconnue. Mais...

En faisant une petite moue, il souleva une manche, puis l'autre. Son bras gauche avait pris le plus cher et les brûlures s'étendaient sur une partie de l'avant bras. Sur le droit, il n'y avait que quelques petites cloques dûes aux éclaboussures.

"C'est pas beau à voir, je sais .."

Il leva un peu le visage vers Ellie. Daignant enfin la regarder. Il se demandait si c'était pour lui faire plaisir, qu'elle disait ça. Pour le rassurer. Ca ne marchait pas tellement. Elle ignorait sans doute à quel point il était le niveau zéro absolu de la magie. Au point qu'il n'osa pas lui avouer quelle potion il préparait. Parce que ça devait être d'une facilité déconcertante, pour n'importe qui d'autre...

"Un truc trouvé dans un vieux livre qu'on m'a trouvé. La recette était peut-être pourrie...Enfin j'ai jamais aimé les potions, c'est pas mon truc.. Ca, ni tout le reste, d'ailleurs."

Et.. pas non plus le Quiddich. Rufus leva un sourcil. Se demandant si elle demandait ça pour le divertir, le temps que les médicaments fassent effet, ou parce que... pour son histoire de chute de balai ? Non, quand même pas...

"Ca a jamais été mon truc non, désolé. J'ai jamais supporté l'engouement qu'il y a pour ce truc. Ni pour les autres sports sorciers. En même temps, j'ai jamais été vraiment fan de sports moldus non plus. Le football, j'ai toujours trouvé ça chiant. Le volleyball aussi. J'aimais bien voir le patin à glace, à la rigueur, parce que ça changeait un peu. Mais ça restait un peu chiant. T'en fais, toi ?"

Il se redressa, après avoir regardé ses bras. Ca brûlait un peu moins, à l'intérieur. C'était pas dommage. Il repensa à ce qu'elle venait de proposer, concernant les potions.

"Tu as dû entendre parler de ce qu'il s'est passé à la Saint-Valentin ? Est-ce que tu as dû soigner certains élèves ?

Commença-t-il, soudainement bien plus intéressé par sa cousine qu'auparavant.

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Les sucreries, y a rien de mieux pour amadouer quelqu'un. En tout cas sur Ellie cela fonctionne bien. Rufus demande une chocogrenouille, l'infirmière pousse le bocal vers lui histoire qu'il prenne ce qui lui fait envie. Elle savoure la réglisse tout en examinant les plaies de l'étudiant. Il ne s'est pas raté, même si la jeune femme estime que le sortilège suffira. Il ne devrait pas y avoir besoin d'essence de dictame pour effacer d'éventuelles cicatrices. Elle aviserait une fois le sort lancé au cas où elle se trompe. Elle termine sa bouchée, gardant sa baguette réglisse dans sa main droite et la vraie baguette dans la gauche, prête à incanter.

- Ce sera vite soigné, plus vite que ce que tu as avalé. Elle sourit de nouveau, de son air doux et rassurant. Episkey !

Avec le bon mouvement de baguette qui l'accompagne, la première plaie disparaît. La brune renouvelle l'opération pour la suivante avant de vérifier qu'il ne reste aucune trace de la maladresse de son cousin sur sa peau. Satisfaite, elle relève le nez vers lui. Il affirme n'avoir aucun goût pour les potions ni visiblement pour d'autres matières. Sa parente au contraire a toujours adoré reproduire les recettes des livres de potions. Certaines s'avèrent tellement utiles, et d'autres évidemment sont dangereuses. Elle s'étonne qu'il n'y ait rien qui plaise au garçon, les matières enseignées à la MUL sont bien plus diversifiées qu'à Poudlard.

- Il n'y vraiment aucun domaine qui te plaise ou t'intéresse ?

Elle demande plus par curiosité que pour laisser entendre qu'il est difficile. Ellie ne porterait pas un tel jugement de valeur, surtout qu'elle suppose que son peu d'engouement pour les études vient sûrement du fait qu'on les lui a imposé. Il est bien plus facile d'apprécier quelque chose qu'on a choisi de faire qu'une activité exercée sous la contrainte. De son côté la sang-mêlé était moins douée en arithmancie par exemple, un domaine qui ne l'a jamais captivé. Par contre elle découvre un point commun avec son cousin : le désintérêt pour le sport.

- Ne sois pas désolé, j'aime autant cela que toi. Je devais être une des rares à fuir les gradins lors des matchs. Cela ne m'a jamais plu de voir d'autres s'amuser sur un balai. Je ne connais pas bien mieux les sports moldus. Ma grand tante qui était cracmol adorait les feuilletons et émissions télévisuelles sur les voyages ou les animaux. Parfois je tombais sur les publicités annonçant la diffusion de matchs ou rencontres sportives. Mais je n'en ai jamais regardé.

Miss Faraday évoque Dotty comme si Rufus était censé savoir qu'elle l'a élevé. Ce n'est peut-être pas le cas, elle ignore ce que son père lui a confié à son propos, si tant est qu'il ait parlé d'elle. Après tout Ellie n'a connaissance de sa famille Faraday que depuis sept ou huit ans. Elle n'a pas rencontré grande monde hormis Rufus. Les fêtes de famille, ce n'est pas quelque chose qu'elle connaît. Parfois cela lui a manqué, d'être ainsi entourée, d'avoir ce genre de liens. Il lui est même arrivé de rêver d'avoir une fratrie nombreuse à l'image d'Owen ou de certains camarades. Avant de reporter le bâton de réglisse à ses lèvres, elle demande :

- Tu as déjà pensé à ce que tu aimerais faire quand tu quitteras l'université ?

C'est mieux de se préoccuper des autres que de son propre sort, c'est plus facile que d'affronter ses manques ou ses peurs. A son tour, le blondinet l'interroge sur un sujet qu'elle n'avait pas vu venir. Pourtant ce sujet a été sur presque toutes les lèvres depuis un mois. Elle secoue la tête de gauche à droite et délaisse sa sucrerie le temps de répondre.

- J'ai su ce qui s'était passé oui. Je travaille très rarement de nuit alors je n'étais pas de garde ce soir-là. Quand je suis venue travailler le lendemain matin on m'a raconté. La plupart des personnes... des victimes ont été envoyées à Sainte Mangouste peu après les faits. Ici on a eu que les cas les moins graves, quelques élèves choqués. Tu y étais toi ?

Ce n'est sans doute pas anodin qu'il lui pose la question. Cet événement a été très traumatisant pour tous ceux qui l'ont vécu, voir même pour des gens extérieurs. S'imaginer ainsi que la menace est partout, que nul n'est à l'abri a de quoi effrayer n'importe qui. Et puis l'idée d'être un jour privé de sa magie... Ellie ne sait pas comment elle vivrait une telle chose, ce qu'elle ferait si cela lui tombait dessus.

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Le goût infâme restait en boucle malgré la chocogrenouille. Ces petites sucreries ne venaient pas si facilement à bout de tous les soucis. En revanche, pour le reste, il devait reconnaître que l'infirmière se révélait efficace, tout comme ses remèdes magiques. Il sentait encore son œsophage le lancer un petit peu mais rien de comparable avec l'impression qu'il avait eue, plus tôt, de brûler de l'intérieur.
Et il regarda, assez impressionné, il fallait le dire, ses cicatrices disparaître. S'il avait su, il serait peut-être venu plus tôt pour toutes les autres qu'il n'avait jamais osé faire soigner, de peur de passer pour un nul en magie... ce qu'il était, en somme. Aujourd'hui, elles s'étaient heureusement estompées, pour la plupart. Et elles ne le gênaient plus tant que ça, elles faisaient partie de lui. Mais s'il pouvait éviter d'en avoir des nouvelles et de recouvrir le reste de sa peau de cicatrices, il n'était pas contre l'idée.

"Whoa.... c'est puissant parfois, quand ça marche quand même !"

Ne put-il s'empêcher de constater, voyant sa deuxième cicatrice disparaître. Ce qu'il aurait aimé savoir faire ça d'un coup de baguette magique... Lui qui était à peine capable de déplacer un objet ou de le faire léviter, autant dire qu'il en était loin.
Il haussa les épaules. Non, il n'y avait pas vraiment de domaine qui l'intéresse. Enfin.. pas dans les matières enseignées, en tout cas. Il y en avait des pires que d'autres, la métamorphose pour ne pas la citer, par exemple. Mais de là à trouver des domaines de prédilection...
Enfin ça le fit sourire de savoir qu'elle détestait les sports -sorciers ou moldus- autant que lui. Ça leur faisait au moins un rare point commun. Même si lui, il avait apprécié quelques émissions moldues, du temps où il pouvait les regarder tranquillement sans se soucier de l'existence d'un monde parallèle. Enfin.. C'était surtout des dessins animés.

"Je veux travailler au ministère de la magie. C'est la seule raison pour laquelle je n'ai pas encore abandonné tout ça, en vrai. Les études, la magie.. ça m'intéresse vraiment pas, sinon."

Commença-t-il. Allait-il lui sortir tout son laïus sur ses idéaux politiques ? Peut-être pas. Ça prenait rarement, avec les sorciers. Et puis avec Ellie... il n'était pas certain que ça soit une bonne idée. Pour autant, il y avait certaines choses qu'il ne pouvait s'empêcher de mentionner.

"J'aimerais qu'on trouve des ententes. Avec le monde des sorciers. Les moldus ont le droit de savoir et je déteste toute cette séparation qu'on en fait. Mais.. les uns me trouvent trop utopiste, les autres trop extrémiste. Mais j'suis sûr qu'un autre mode de fonctionnement est possible. Celui qu'on a ... c'est vraiment trop stupide."

Il continua tout de même, incapable de ne rien dire lorsqu'il commençait. Et puis le sujet dériva sur la Saint Valentin. Il hocha la tête. Il y était.

"J'y étais oui. Avec un... ami."

Mais.. ça n'était pas le plus terrible, même s'il restait profondément marqué par ce qu'il s'était passé. Il en avait fait des cauchemars, plus d'une nuit. Mais son inquiétude toute entière allait vers Silène, plutôt. Il commença à se ronger les ongles, sans y prêter vraiment attention.

"Moi j'ai pas trop été touché mais lui... il l'a reçu de plein fouet, leur horrible poison là. Et il n'a pas eu d'antidote.. Et.. enfin c'est un peu plus qu'un ami, en fait. Enfin je crois. Je suis inquiet pour lui.. qu'il perde sa magie.. ça serait horrible."

Il repensa à Nathanael, aussi, qui avait réellement perdu sa magie. Il se sentait si triste et coupable pour le pâtissier mais il savait qu'il n'y avait rien qu'il puisse faire pour lui rendre sa magie.

"Tu t'y connais en antidotes ? Tu saurais pas en faire une, pour lui ?"

Demanda-t-il finalement. Il se doutait bien de la réponse mais.. il ne pouvait s'empêcher d'espérer. Ellie semblait douée dans ce qu'elle faisait, peut-être qu'en faisant jouer de ses relations...

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Travailler au ministère de la magie ? Voilà qui sonne assez ambitieux. Il est clair que son cousin va devoir récolter de bonnes notes pour atteindre cet objectif. Ellie suppose qu'on lui en a déjà fait la remarque et comme cet échange semble assez positif, elle ne compte pas tout gâcher en se lançant sur ce sujet. La sorcière trouve dommage qu'il ne voit pas d'attrait aux enseignements reçus. Elle aurait bien du mal pour sa part à se passer de ses connaissances en sortilèges et en potions. Pour le reste, certaines matières ne trouvent pas grande utilité dans la vie quotidienne. Sa curiosité fait que l'apprentissage l'intéresse dans une grande variété de domaines. La suite de la conversation offre une nouvelle surprise agréable à Miss Faraday. On dirait que son cousin et elle partagent un autre point commun dans leur vision de la cohabitation des moldus et des sorciers.

- Je vais peut-être t'étonner, comme toi je regrette qu'on doive garder notre existence secrète. Je suis convaincue que les moldus et nous avons beaucoup de choses à nous apporter mutuellement. J'espère que la situation finira par évoluer dans le bon sens. Bien que j'ignore encore comment on pourrait amener la nouvelle sans que cela ne cause une onde de choc trop grande chez nos frères non magiques.

Est-ce si surprenant en vérité que la brune partage son point de vue ? Du sang moldu coule dans ses veines en plus de sang sorcier. Elle est un savant mélange des deux cultures et ne s'est jamais détournée de ses origines. Sa vie s'harmonise entre ces deux univers, elle n'aimerait pas avoir à choisir entre l'un et l'autre. A ce propos, un sujet plus épineux est amené par Rufus. Ces derniers jours, Ellie a pensé quelques fois à cette histoire de poison capable de couper votre lien avec la magie. L'infirmière ne tique absolument pas sur le « un peu plus qu'un ami », elle est loin de ce genre de préjugés. Son empathie se réveille. Et quand son cousin demande si elle saurait confectionner un antidote capable d'aider, la sang-mêlé à une petite mine désolée.

- Je suis sincèrement navrée pour ton ami. Il n'a donc pas perdu sa magie ? Ce serait intrigant, de ce qu'on lui a appris le poison prive bien sa cible de pouvoirs. S'il n'a pas été efficace sur l'ami de son cousin, cela peut valoir le coup de chercher pourquoi. Peut-être que cela aiderait les autres, ceux qui n'ont pas eu la même chance. De ce que je sais les recherches d'antidotes n'ont rien donné pour le moment. J'ai suggéré de voir du côté des larmes de phœnix, je ne peux pas m'en procurer moi-même car c'est un ingrédient relativement rare. J'espère qu'on trouvera vite la clé pour soigner ceux qui comme ton ami ont été touché. Est-ce que tu accepterais de m'en dire un peu plus sur lui ? Sur l'effet que le poison a eu ? Je ne demande pas cela pour remuer un souvenir douloureux, cela pourrait m'aider à comprendre son fonctionnement.

Ellie n'a pas vraiment l'espoir d'être celle qui résoudra ce problème, des cerveaux plus brillants se penchent sur la même question. Qui sait, parfois même une simple idée peut faire la différence. Elle a envie de croire déjà que les larmes de l'oiseau mythique pourraient amener la guérison. Cependant, les concernant la jeune femme n'est pas très critique. Elle voue une certaine adoration à cette créature. Cela n'enlève en rien au fait que l'oiseau de feu est doté de caractéristiques étonnantes, parmi les plus puissantes surtout en matière de guérison.

- Pour en revenir aux études, je n'étais pas trop mauvaise surtout en potions et sortilèges. Alors comme je te l'ai dit plus tôt, n'hésites pas si je peux t'aider à progresser. Pareil, si tu as besoin d'autre chose ma porte est ouverte. Je suis là tous les jours de la semaine normalement. Entre cousins on devrait pouvoir se soutenir non ? Bon, je t'avoue que je n'y connais pas grands choses en famille. Comme tu le sais sûrement, j'ai été plutôt coupée de tous à ce niveau.

Ce qui explique peut-être qu'elle n'ait pas su s'y prendre avec Rufus après tout, il a dû la voir comme une inconnue plutôt qu'une fille partageant son sang. Ils se découvrent des points communs alors qu'ils n'ont pas reçu la même éducation. Au final elle ne sait pas grand chose de l'étudiant ni du reste de leur famille. Son père ne semblait pas trop aimer aborder la question malgré les tentatives d'Ellie d'en apprendre davantage. Parfois cela l'attriste de se sentir presque seule au monde, une chance que le reste du temps elle compose bien avec sa solitude.

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Tiens donc, il ne s'attendait pas à ce que la brune ait le même avis que lui sur la question. Ce n'était pas si populaire, parmi les sorciers. Mais particulièrement parmi les sang-pur, il le savait d'expérience. Les autres se montraient parfois plus ouverts. C'était une bonne nouvelle de savoir qu'elle était dans ce camp-là. Ça ne le rendait pas beaucoup plus proche de sa cousine, ne poussons pas mais ça restait une bonne nouvelle.

"Il y a des solutions. Les moldus savent encaisser bien des choses, la révélation de la magie ne serait pas la plus grande. Il y a même des ouvrages sur la question... Mais la plupart ont été bannis, évidemment. Mais... Je sais que ça pourrait bien se passer. J'ai suffisamment eu le temps d'y réfléchir..."

Ah ça, derrière les barreaux, il en avait eu, du temps. On l'avait relégué là bas pour qu'il réfléchisse à ses actes et qu'il change d'opinion mais ça n'avait fait que le conforter. Oh, il s'était calmé. Adouci. Un séjour lui avait suffi. Il n'avait pas tellement envie de renouveler l'expérience. Azkaban, c'était loin d'être le club med.

Mais il y avait pire. Il y avait eu le 14 février et la poison qui avait frappé ses semblables. Son cœur se serra lorsqu'il pensa à Silène. Il ne savait pas quel danger ce dernier pouvait courir, personne ne le savait à part peut-être les Deathwings et c'était le plus angoissant.

"Il n'a pas perdu sa magie mais... elle est instable, je crois, il a été touché et ..."

Il ne savait pas comment ces choses là fonctionnaient. Silène avait essayé d'être rassurant mais il savait qu'il était perdu, lui aussi. Il soupira, comprenant qu'Ellie ne saurait pas plus que les autres comment confectionner un elixir magique. Elle l'avait parfaitement soigné et les marques de brûlure, les plus récentes, disparaissaient déjà de ses bras. Mais ce poison, il semblait au dessus des compétences de tout le monde et c'était effrayant. Il avait toujours pensé les sorciers au dessus de tout, avec leurs airs suffisants... Il fallait croire que la magie n'avait pas réponse à tout.

"Il ne parle pas beaucoup de ses symptômes... Je ne sais pas exactement.. Je sais juste que parfois il ne parvient pas à faire les sorts qu'il aimerait et c'est difficile. Pour lui. Mais on ne peut pas échanger, malheureusement."

Sinon, il l'aurait fait volontiers, que ça soit pour sacrifier sa magie et la donner à Nathanael ou pour échanger avec Silène. De toute façon, vu sa maîtrise, il n'aurait même pas remarqué la différence si sa magie était devenue instable.

"Je ne les connais pas non plus.. ça nous fait peut-être un point commun..."

Et l'éloignement avait été difficile. A présent, il ne se rapprocherait d'eux pour rien au monde, ou presque. Et de toute façon, son père ne voudrait plus. Alors forcément, la famille, il se montrait méfiant...
Il remit ses manches à leur place et se releva du lit de l'infirmerie.

"Mais... je retiens.. C'est gentil à toi. Je pourrai peut-être te payer un café.. un de ces jours... pour faire connaissance, tout ça. Tu me raconteras comment tu as été coupée de tous..."

Il récupéra sa baguette magique et le reste de ses affaires. Il avait le cœur un peu plus léger, même s'il était angoissé de savoir que personne n'avait de remède pour Silène. Lui, en tout cas, avait été guéri avec une facilité déconcertante. Il remercia chaleureusement Ellie -bien plus chaleureusement qu'il ne l'avait saluée au départ, admirons le progrès- avant de quitter l'infirmerie. Pas sûr qu'il referait des potions de sitôt, malgré l'aide qu'elle lui avait proposé. Ça l'avait vacciné pour un petit moment.

Sujet: Re: That is what it means to be family