There's nothing you can do [ Dorian & Nathanael ]

La douleur d'avoir perdu une partie aussi importante de soi, c'est une chose. Nathanael avait appris à vivre avec la douleur plus que quiconque et ce depuis bien trop jeune. Chacun avait son lot d'expérience, qui le rendait meilleur ou qui le faisait plonger, il espérait parfois qu'il y avait plus du premier que du second dans ce qu'il était devenu. Il mettait beaucoup sur le compte de son petit frère, sans qui il serait devenu une personne bien différente. C'était ce qui l'avait poussé à ce geste désespéré lors de la soirée de St Valentin, probablement. Il n'était pas encore prêt à le laisser faire des choix aussi inconsidérés. Alors qu'il s'était juré de le laissé faire ses erreurs et de vivre sa vie... D'avoir confiance...

Il avait reçu une lettre, ce matin là, le lendemain de la soirée d'horreur. Il avait demandé à Hyacinthe s'il se sentait en état pour qu'il sorte sans lui mais ce dernier avait reçu la même d'un autre hibou, dans la seconde qui suivait. De toute façon, une convocation du Ministère ne se refusait pas vraiment... mais pour lui, il l'aurait fait. Il savait que c'était un moment qui allait être très déplaisant, et s'il avait pu, il aurait été dans la pièce avec son cadet, mais ça n'allait probablement pas se passer comme ça, vu la façon dont le Ministère opérait dans ses souvenirs. Il ne parvint à rien avaler ce matin là, pas même un café. Il ne s'était pas éloigné de Hyacinthe de la nuit, et ce matin il avait du mal à lui laisser de l'air. Il se forçait. Il ne voulait pas l'étouffer... Mais il voulait rester présent et le rassurer. C'était tellement compliqué et à la fois instinctif, tout ça.

Le voyage avait du se faire par voie non magique, et ça avait été long, et pesant. Il avait essayé de trouver des sujets de conversation mais déjà qu'en temps normal il n'était pas bavard, là, c'était le summum de la difficulté. Ils finirent leur périple devant la cabine téléphonique qui menait les visiteurs à l'intérieur du Ministère et il dit d'une voix claire la raison de leur présence.

« Hyacinthe et Nathanael McDougall. Département des Accidents et Catastrophes magiques, nous avons une convocation. »

Puis vint le moment difficile du contrôle des baguettes. Il ne croisa pas tout de suite le regard de son frère, mais il savait que ce dernier scrutait sans doute son aîné. Il remis la sienne en Bois de cèdre et plume d'Hypogriffe, précieusement, et après inspection bien trop longue à son gout de la sienne et celle de son cadet, ils passèrent. Ils avaient chacun rendez vous dans un bureau différent. C'était dur de ne pas être présent...

« J'ai rendez vous à Sainte Mangouste après et je risque de rentrer tard... alors peut être que tu peux rester à l'université pour aujourd'hui ? Tu peux préparer tes affaires. Pour ce weekend, tu sais. »

Il demanda, plus qu'il ne lui imposa. Il savait Hyacinthe encore secoué et il n'aimait pas le savoir seul, il avait accepté qu'il rentre à la maison mais pas sans lui présent. Il aimait encore le savoir avec un colocataire, même s'il allait subir un interrogatoire, que seul. Il le prit contre lui un peu brusquement, et le serra avant de le laisser rejoindre le bureau où on l'attendait. Il entra dans le sien. On l'avait fait patienté un bon moment avant qu'il puisse être interrogé. Et comme il se doutait, ça ne fut pas plaisant. Les Aurors qui avaient été mis sur son cas avaient passé sa vie au peigne fin et ils avaient dégoté et retourné beaucoup de choses qu'il n'aimait pas. Des sous entendus sur ses connaissances qui avaient mal tournées. Des sous entendus sur ses propres raisons d'avoir quitté le métier, ce qu'il pouvait bien faire de son temps libre, son frère... beaucoup trop de choses qui le mirent en colère. C'était assez rare mais en ces quelques occasions, impressionnant. Une table avait volé, les papiers dessus avec. Mais qu'est-ce que c'était, pour des mages entrainés qui avaient l'habitude de bien pire -comme il le savait pertinemment pour avoir été de leur côté. Son impuissance n'aurait pas pu être plus claire, après des heures d'interrogatoire alors qu'il n'y avait aucun retour de leur côté.

Il ressorti vidé, tremblant de colère et en même temps abattu, bien trop tard pour son rendez vous à l'hôpital magique. Adossé à un mur du couloir, Nathanael essayait de faire le vide et de calmer sa frustration. Ils n'avaient rien sur les DeathWings, et même s'ils avaient quoi que ce soit, un cracmol ex Médicomage de terrain reconverti en pâtissier serait bien la dernière personne à qui ils allaient en parler. C'était un peu le couperet final. Il n'appartenait plus à ce Monde, et en plus, il n'aurait probablement jamais de réponses quand à ce qui leur était arrivé.

Il vit une silhouette s'approcher, malgré l'heure tardive, et se reprit. Malgré le fait que sa colère et tout le reste était justifié, il ne voulait pas qu'on le voit comme ça.